CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Amie des livres, la Revue critique l’est de longue date. Par les citations, parfois érudites, sur lesquelles s’appuient les études qu’elle publie. C’est là le lot commun de toute revue scientifique digne de son rang. Mais aussi par les comptes rendus qu’elle s’efforce de diffuser auprès de ses lecteurs, leur faisant bénéficier ainsi de l’accès à une littérature dont ils n’auraient pas eu nécessairement connaissance, ou qui aurait pu leur échapper tant est vaste la production éditoriale contemporaine. Le genre a connu son heure de gloire avec Francescakis, au point de conduire à la publication en un ouvrage propre de ses comptes rendus bibliographiques [1].

2 S’il demeure toujours essentiel aujourd’hui, de nouveaux impératifs sont apparus sur la scène académique internationale dont la Revue critique s’efforce de se faire l’écho en France et en direction de la francophonie. Car ailleurs – dans d’autres pays, et au sein d’autres disciplines – le savoir juridique est de plus en plus relié à d’autres champs de production des connaissances et tend (souvent depuis longtemps) à quitter la dogmatique pour intégrer des approches venues des autres sciences sociales, des humanités, voire des disciplines scientifiques. Il en est d’autant plus ainsi en droit international – privé comme public – où le droit rencontre ses propres confins, s’interroge sur sa nature ou sa culture (en s’aventurant parfois par-delà [2] !) et s’astreint à la comparaison. La Revue critique en offre de très beaux exemples, que ce soit dans les études qu’elle publie [3] ou, précisément, à travers des recensions d’ouvrages.

3 Cet éditorial est ainsi l’occasion de rendre hommage au travail effectué depuis quatre ans par Antonio (Toni) Marzal à la direction de la rubrique bibliographique. Celle-ci s’est agrandie et enrichie, renforçant l’internationalité et l’interdisciplinarité tant des ouvrages étudiés que des auteurs choisis. Aujourd’hui, ses charges à l’Université de Glasgow, qui a su, en lui conférant un poste très convoité de professeur à la faculté de droit, repérer en lui un brillant internationaliste et théoricien du droit, l’empêchent de continuer à piloter cette rubrique. Nous le comprenons bien, et espérons surtout que la Revue continuera de bénéficier à la fois de sa science et du sens critique qui le caractérise !

4 Nous accueillons à la place de Toni deux jeunes chercheurs qui se partageront la désormais très lourde tâche de gestion des recensions d’ouvrages. Ils ont tout pour réussir dans la voie tracée par leur prédécesseur. Bienvenue à Sandrine Brachotte et Elie Lenglart, dont les styles intellectuels, les champs de recherches et les compétences linguistiques sont parfaitement complémentaires. Au-delà de la technique juridique, l’une travaille sur les conflits de cultures et d’épistémologies et couvre dans ses recherches les questions de pluralisme juridique, de sécularisme, de cosmologies indigènes ; l’autre s’intéresse à l’histoire et à la philosophie du droit. Nous sommes confiants que la rubrique bibliographique sera le reflet de ces questions passionnantes !

5 Saluons par ailleurs, une nouvelle fois et par la même occasion, le travail accompli par Amélie Benoistel dans l’établissement des sommaires de jurisprudence, de plus en plus volumineuses, et accueillons aussi Yann Legrand, qui s’occupera de la liste bibliographique comparative, qui inclut désormais de plus en plus de contributions venant du monde entier. Maeva Hartmann complète notre équipe en nous aidant pour les traductions nécessaires à la lisibilité de notre Revue non francophone.

6 Dans un tout autre registre, la Revue critique a la peine d’annoncer à ses lecteurs la disparition de Pierre Gothot, dont chacun a – au moins – en mémoire l’exceptionnelle contribution qu’il apporta dès 1971 au « renouveau de la tendance unilatéraliste en droit international privé ». Au-delà de l’hommage particulier qui lui est rendu dès ce numéro sous la plume de Paul Lagarde, sera prochainement publiée une contribution de Didier Boden sur l’œuvre scientifique de Pierre Gothot.

Notes

  • [1]
    P. Francescakis, La pensée des autres en droit international privé, Thessalonique, 1985.
  • [2]
    P. Descola, Par-delà de nature et culture, Gallimard, 2015.
  • [3]
    Par ex., dans des éditions récentes, les contributions de G. Teubner ou de P. Kjaer.
Français
  • GENERALITES
  • Éditorial
Horatia Muir Watt
Dominique Bureau
Sabine Corneloup
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 06/04/2022
https://doi.org/10.3917/rcdip.221.0005
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