CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1 Les élections européennes, fédérales, régionales et communautaires qui se sont tenues en Belgique le 26 mai 2019 ont donné lieu au renouvellement de chacune des assemblées parlementaires du pays, ainsi que de la représentation belge au Parlement européen  [1]. Dans la foulée, la composition de chacun des exécutifs des entités fédérées a été revue, tant en termes de couleur politique des coalitions que de personnes siégeant en leur sein. À ce jour, en revanche, un nouveau gouvernement fédéral de plein exercice n’a pas pu être formé.

2 Le présent Courrier hebdomadaire retrace les processus de formation des exécutifs régionaux et communautaires qui ont eu cours au lendemain du scrutin du 26 mai 2019  [2] : le gouvernement de la Communauté germanophone, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale (et les collèges des Commissions communautaires), le gouvernement wallon, le gouvernement de la Communauté française et le gouvernement flamand  [3]. Formellement, ces processus ont débuté le 27 mai, avec les consultations entamées par les partis politiques dans les différentes entités fédérées, et ont pris fin avec la prestation de serment des membres des exécutifs ainsi formés, à savoir le 17 juin pour la Communauté germanophone (gouvernement Paasch II, ProDG/SP/PFF), le 18 juillet pour la Région bruxelloise (gouvernement Vervoort III, PS/Écolo/Défi/Groen/Open VLD/one.brussels-sp.a), le 13 septembre pour la Région wallonne (gouvernement Di Rupo III, PS/MR/ Écolo), le 17 septembre pour la Communauté française (gouvernement Jeholet, PS/MR/ Écolo) et le 2 octobre pour la Communauté – et Région – flamande (gouvernement Jambon, N-VA/CD&V/Open VLD). Pour sa part, le processus de formation du gouvernement fédéral fera l’objet d’une publication distincte le moment venu.

3 Retracer le processus de formation de chacun des gouvernements du pays met en évidence à la fois l’imbrication des négociations et la stratégie des différents acteurs impliqués, y compris en termes de tempo et de priorité accordée à l’un ou à l’autre des niveaux de pouvoir. Cependant, chaque processus de formation suit également sa propre logique. Pour cette raison, et par souci de clarté de l’exposé, ce Courrier hebdomadaire est présenté en quatre chapitres, consacrés chacun à la formation du pouvoir exécutif d’une des entités fédérées ; seules la constitution du gouvernement wallon et celle du gouvernement de la Communauté française font l’objet d’un chapitre commun. Les chapitres sont présentés dans l’ordre de conclusion des accords, tel que présenté ci-dessus.

4 En annexe, figure la composition initiale de tous les exécutifs régionaux et communautaires mis en place à la suite des élections du 26 mai 2019.

1. La formation du gouvernement de la Communauté germanophone

5 La Communauté germanophone a été, de loin, la première entité fédérée à se doter d’un nouveau gouvernement après les élections du 26 mai 2019, ainsi que cela avait déjà été à chaque fois le cas par le passé. Les négociations se sont ouvertes le lundi en début d’après-midi et ont porté leurs fruits dès le mardi soir. Elles ont abouti à une reconduction de la coalition tripartite sortante (formée de ProDG, du SP et du PFF), bien que celle-ci avait enregistré un recul global dans les urnes. Afin d’assurer une meilleure base parlementaire à la majorité (désormais réduite à 13 sièges sur 25), la piste d’un élargissement de la coalition a d’ailleurs été brièvement évoquée, avant d’être rejetée par le quatrième parti partenaire pressenti (à savoir Ecolo). Meurtri par le verdict des urnes, qui a consisté en la perte d’un quart de son électorat de 2014, le PFF s’est en outre interrogé un temps sur la décision à prendre. L’accord de gouvernement a été présenté à la presse le 29 mai, et le gouvernement Paasch II (ProDG/SP/PFF) est entré en fonction le 17 juin 2019.

1.1. Les résultats des élections du 26 mai 2019

6 En Communauté germanophone, le résultat des élections du 26 mai 2019 offre une configuration doublement inédite  [4]. D’une part, le Christlich Soziale Partei (CSP, branche germanophone du CDH) perd la place de 1er parti qu’il détenait sans discontinuer depuis 1974, c’est-à-dire depuis que les membres du Parlement de la Communauté germanophone  [5] sont élus au suffrage universel direct. D’autre part, cette place échoit pour la première fois à une formation spécifiquement germanophone : Pro Deutschsprachige Gemeinschaft (ProDG).

7 S’il ravit – de justesse  [6] – la première marche du podium au CSP, ProDG n’enregistre qu’une croissance assez modeste dans les urnes : + 1,1 % (passant de 22,2 % des votes valables en 2014 à 23,3 % en 2019). Il n’empêche que jamais, depuis 1986, une formation spécifiquement germanophone n’avait atteint un tel niveau  [7]. Pour sa part, le CSP perd – 1,7 % des voix (de 24,9 % à 23,1 %, soit son plus bas score historique). La 3e position est conservée par le Sozialistische Partei (SP, aile germanophone du PS), en dépit d’un recul de – 1,2 % (de 16,1 % à 14,9 %). Continuant son ascension et talonnant désormais le parti socialiste  [8], Vivant monte à la 4e position en bénéficiant de la plus importante progression du scrutin : + 4,2 % (de 10,6 % à 14,8 %). Montant d’une place, Ecolo (branche germanophone d’Écolo) arrive désormais au 5e rang grâce à une hausse de + 3,0 % (de 9,5 % à 12,5 %). Enfin, le Partei für Freiheit und Fortschritt (PFF, composante germanophone du MR) est rétrogradé à la 6e et dernière place en connaissant la principale régression du scrutin : – 4,2 % (de 15,6 % à 11,4 %).

8 Les six partis obtiennent une représentation au Parlement de la Communauté germanophone. Cette assemblée se compose comme suit : 6 députés ProDG (statu quo), 6 CSP (– 1), 4 SP (statu quo), 3 Vivant (+ 1), 3 Ecolo (+ 1) et 3 PFF (– 1).

9 Avant les élections, les trois partis membres du gouvernement Paasch I (ProDG/SP/PFF) avaient fait savoir à plusieurs reprises que leur intention était de reconduire la coalition sortante à l’issue des élections si les résultats le leur permettaient (comme ils l’avaient déjà fait en 2009 et en 2014, cf. infra). Au soir du 26 mai 2019, le verdict est en demi-teinte. Certes, une coalition alliant ProDG, le SP et le PFF conserve une majorité au Parlement de la Communauté germanophone (13 sièges sur 25). Mais cette majorité est moindre que celle ayant prévalu au cours de la législature 2014-2019 (– 1) et ne tient plus qu’à un seul siège. Surtout, elle ne totalise plus que 49,5 % des suffrages valablement exprimés (contre 53,8 % cinq ans plus tôt)  [9]. Enfin, si ProDG a certes progressé quelque peu, au point même d’être devenu la principale formation politique de la Communauté germanophone, le SP et le PFF ont tous deux enregistré un recul.

10 Dans la soirée du 26 mai  [10], le ministre-président du gouvernement sortant, Oliver Paasch – qui a tiré la liste ProDG et qui est le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix de préférence – se prononce en faveur de la « continuation de la coalition »  [11]. Un peu avant lui, Harald Mollers (ProDG), ministre germanophone de l’Éducation et de la Recherche scientifique, s’est prononcé dans le même sens  [12]. En revanche, le PFF se dit « choqué » par son résultat ; il indique rester favorable à la coalition sortante, puisque celle-ci conserve une majorité en sièges bien que réduite, mais estime que la défaite électorale qui vient d’être essuyée « devra être analysée dans les prochains jours »  [13]. Quant au SP, par la voix d’Edmund Stoffels, il estime que le verdict des urnes peut justifier un maintien de l’équipe en place mais que cela n’est pas automatique  [14]. Dès le dimanche soir, O. Paasch n’en annonce pas moins que, conformément aux engagements pris pendant la campagne électorale, il entamera des négociations le lendemain en vue de « reconduire l’actuelle majorité »  [15].

1.2. Les négociations des 27 et 28 mai 2019

11 Au cours des discussions qui se tiennent durant les deux jours suivants, est évoquée l’hypothèse d’une ouverture de la majorité à un quatrième partenaire, à savoir Ecolo. En effet, une telle formule permettrait de renforcer et de stabiliser la majorité, sans cela fort courte et donc potentiellement fragile  [16]. Mais la formation écologiste, par la voix de Freddy Mockel, décline la proposition : Ecolo est contre l’idée d’une coalition formée de quatre partis (dans laquelle, en outre, il ne serait pas numériquement nécessaire) et estime être contacté trop tardivement  [17] dans le processus de formation  [18]. Dans la proposition qui lui est soumise de se joindre aux trois partis déjà engagés dans les négociations, Ecolo ne voit qu’une volonté de lui faire endosser un rôle de légitimateur, voire d’« alibi », pour la coalition ProDG/SP/PFF sortie affaiblie du scrutin, et refuse de cautionner une telle démarche  [19]. Il renonce donc à une participation gouvernementale  [20], pour laquelle lui était proposé l’un des quatre postes ministériels à pourvoir  [21].

12 En revanche, l’option d’une coalition élargie au CSP ou à Vivant est d’emblée rejetée par les négociateurs. Concernant le premier, O. Paasch expliquera : « Durant toute la législature, le CSP a mené une opposition très dure avec parfois des fake news. La campagne électorale a aussi été très rude. Il était donc impossible pour nous de s’allier et de travailler ensemble »  [22]. Au sujet du second, il argumentera : « On ne pouvait pas travailler avec un parti qui critique autant l’Europe alors que notre région frontalière en bénéficie au quotidien. Nos visions ne sont pas compatibles non plus au niveau de l’autonomie de la Communauté germanophone »  [23]. Pourtant, le CSP fait savoir dès le lundi, par voie de communiqué, qu’il est « prêt à endosser des responsabilités » et qu’il souhaite que soit « entamé un dialogue en vue de la constitution d’une majorité alternative forte et stable qui représenterait une majorité d’électeurs »  [24]. Mais pour la cinquième fois consécutive, ce parti échoue à être associé aux négociations visant à former un nouveau gouvernement.

13 Après avoir, semble-t-il, hésité un moment quant à la marche qu’il lui convenait de suivre  [25], le PFF décide de maintenir le cap tracé avant les élections. « Depuis 2009, on travaille avec notre schéma de développement régional pour la Communauté germanophone, qui nous a permis d’avoir de bons résultats en termes de taux d’emploi, de taux de garde de la petite enfance (au-dessus de 40 %) ou de taux de chômage qui est le plus bas en Belgique », justifie Isabelle Weyckmans (PFF), vice-ministre-présidente et ministre de la Culture, de l’Emploi et du Tourisme dans le gouvernement sortant  [26].

14 Débutées le lundi en milieu de journée, et en dépit de premiers moments qui seront qualifiés de « difficiles » par O. Paasch  [27], les négociations aboutissent dès le lendemain. Le soir du 28 mai, les organes respectifs des trois partis partenaires donnent leur accord pour une poursuite de leur collaboration. Un court texte de deux pages, intitulé « Koalitionsabkommen » (« accord de coalition »), est alors signé par Lydia Klinkenberg (co-présidente de ProDG), Matthias Zimmermann (président du SP) et Kattrin Jadin (présidente du PFF).

15 Le gouvernement Paasch II sera donc le quatrième exécutif consécutif de la Communauté germanophone à associer ProDG (ou, avant lui, le cartel PJU–PDB), le SP et le PFF, après les gouvernements Lambertz II en 2004-2009, Lambertz III en 2009-2014 et Paasch I en 2014-2019.

1.3. L’accord de coalition

16 Dans la matinée du 29 mai 2019, l’accord de gouvernement est présenté à l’occasion d’une conférence de presse tenue à Eupen. Une fois de plus, la Communauté germanophone est ainsi la première des composantes de l’État fédéral à clore le processus de formation de son gouvernement.

17 L’accord comporte sept points, qui sont les suivants.

18 Primo, le programme du futur gouvernement de la Communauté germanophone sera basé sur la troisième phase de mise en œuvre du « concept de développement régional » (« Regionales Entwicklungskonzept », REK) – phase dite REK III, couvrant la période 2019-2024  [28] – et tiendra compte des Objectifs de développement durable (ODD) établis par l’ONU ; les observations émises par la société civile organisée au sujet des 29 projets du REK III seront prises en considération, au besoin par le moyen d’ajustements apportés auxdits projets. Le REK consiste en un « plan stratégique à long terme » (à savoir, dans la perspective de 2025) que le gouvernement de la Communauté germanophone a développé en 2008-2009 et qu’il met en œuvre depuis lors autour des trois thèmes transversaux que sont l’innovation, la coopération et le développement durable  [29].

19 Secundo, les recommandations issues du « Permanenter Bürgerdialog » (« dialogue citoyen permanent ») instauré par le décret du 25 février 2019  [30] seront rapidement intégrées dans les travaux du gouvernement et du Parlement.

20 Tertio, le processus de réforme du mode de fonctionnement du Parlement sera poursuivi.

21 Quarto, le gouvernement veillera à une mise en œuvre de trois résolutions récemment adoptées par le Parlement : la première concernant une garantie de représentation de la population de la région de langue allemande dans tous les parlements compétents dans cette région linguistique (en ce compris donc la Chambre des représentants et le Parlement wallon)  [31], la deuxième concernant la place de la langue allemande en Belgique (en particulier en ce qui concerne l’emploi des langues en matière administrative)  [32], et la troisième concernant un accroissement de l’autonomie de la Communauté germanophone au sein de l’État fédéral belge  [33]. Précisons que, par cette dernière résolution, il est demandé que, en cas de septième réforme de l’État, la Communauté germanophone soit traitée sur un pied d’égalité avec les autres entités fédérées, devienne compétente pour l’ensemble des matières qui seraient défédéralisées et dispose des moyens financiers nécessaires ou des possibilités de financement adéquates ; il y est également rappelé que la Communauté germanophone souhaite exercer l’ensemble des compétences provinciales, ainsi que des compétences régionales supplémentaires (dans la droite ligne de sa volonté – déjà exprimée maintes fois au cours des dernières années et portée en particulier par ProDG et le SP – d’accroître son autonomie et de devenir une « Communauté-Région »).

22 Quinto, seront déterminées « les questions clés qui seront traitées sous la direction de chaque ministre et auxquelles le Parlement devrait participer activement », dont la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, la préparation au choix professionnel, la numérisation, la lutte contre le changement climatique d’origine anthropique, la protection de la diversité et les évolutions démographiques.

23 Sexto, outre la répartition des portefeuilles ministériels présentée ci-après, le poste de président du Parlement de la Communauté germanophone est attribué à Karl-Heinz Lambertz (SP) ; le siège de sénateur de Communauté échoit à Alexander Miesen (PFF), président sortant du Parlement de la Communauté germanophone, durant la première partie de la législature puis reviendra à Gregor Freches (PFF également) à partir du mois de mars 2022  [34] ; le représentant de la Communauté germanophone au Comité des régions (Union européenne)  [35] et au Congrès des pouvoirs locaux et régionaux (Conseil de l’Europe) est K.-H. Lambertz  [36]. Il est à noter que le socialiste E. Stoffels avait été pressenti pour occuper la présidence du Parlement de la Communauté germanophone, mais il a opté pour un poste de chargé de mission ministériel visant à préparer la Communauté germanophone à accueillir les diverses compétences (notamment en matière d’aménagement du territoire) dont l’exercice lui sera transféré par la Région wallonne à la date du 1er janvier 2020  [37].

24 Septimo, les présidents des conseils d’administration de la Dienststelle für selbstbestimmtes Leben (DSL, office pour la vie autodéterminée), du Belgisches Rundfunk- und Fernsehzentrum der Deutschsprachigen Gemeinschaft (BRF, service public de radio-télévision pour la Communauté germanophone) et de l’Arbeitsamt der Deutschsprachigen Gemeinschaft (ADG, office de l’emploi de la Communauté germanophone) seront nommés sur proposition respectivement du SP pour le premier et du PFF pour les deux autres.

25 Pour le reste, le document renvoie à la déclaration de politique générale prévue pour le 16 septembre (cf. infra). Surtout, il peut être considéré que le véritable programme de gouvernement est le REK, cet élément majeur de la politique menée en Communauté germanophone qui, initié en 2008 par le gouvernement Lambertz II, a été poursuivi par tous les exécutifs qui se sont succédé depuis lors à la tête de cette entité fédérée (Lambertz III, Paasch I et, désormais donc, Paasch II). Cet élément de continuité explique tout à la fois la rapidité du processus de formation du gouvernement Paasch II, le peu d’insistance à s’adjoindre un partenaire supplémentaire de la part des trois partis membres de la coalition sortante, et la brièveté de l’accord de coalition conclu le 28 mai 2019.

26 Exprimées dans la foulée de la conférence de presse, les critiques de l’opposition sont vives. Notamment, Ecolo estime que le processus de formation du gouvernement a été trop rapide, et le CSP dénonce la reconduction d’une coalition dont les membres ont globalement reculé dans les urnes au point de ne plus avoir convaincu qu’un peu moins d’un électeur sur deux  [38]. Dès le soir du 26 mai, le CSP avait déclaré que l’équipe gouvernementale sortante n’avait pas reçu de « mandat électoral » pour être renouvelée et avait appelé à la constitution d’un gouvernement basé sur un axe ProDG – CSP  [39].

1.4. La composition du gouvernement Paasch II

27 Le gouvernement Paasch II entre en fonction le 17 juin 2019 (soit le jour de l’installation du Parlement de la Communauté germanophone tel que renouvelé). Cet exécutif est composé des quatre mêmes personnes que celui qui l’a précédé (2 ProDG, 1 SP et 1 PFF – dont trois hommes et une femme), mais la répartition des compétences entre elles a été quelque peu remaniée  [40] :

  • Oliver Paasch (ProDG) est ministre-président et ministre des Pouvoirs locaux et des Finances ;
  • Antonios Antoniadis (SP) est vice-ministre-président et ministre de la Santé et des Affaires sociales, de l’Aménagement du territoire et du Logement ;
  • Isabelle Weykmans (PFF) est ministre de la Culture et du Sport, de l’Emploi et des Médias ;
  • Harald Mollers (ProDG) est ministre de l’Éducation et de la Recherche scientifique  [41].

29 Le lendemain après-midi, le ministre-président O. Paasch prête serment devant le roi Philippe, au palais royal.

30 Le 16 septembre 2019, le gouvernement présente sa déclaration de politique générale  [42]. Un mois plus tard, le 14 octobre, le ministre-président expose aux députés les grandes lignes du budget 2020 (qui sera débattu au Parlement les 9, 10 et 12 décembre suivants), en insistant sur le fait que la Communauté germanophone est la seule entité fédérée du pays à présenter un budget en équilibre pour 2020.

2. La formation du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale

31 En Région de Bruxelles-Capitale comme dans les autres Régions et Communautés, la tradition veut que ce soit le parti arrivé en tête des élections qui prenne l’initiative des premiers contacts et de la formation du gouvernement. Au lendemain du scrutin régional bruxellois du 26 mai 2019, c’est le PS qui est dès lors à la manœuvre du côté francophone, et Groen du côté néerlandophone.

32 En effet, le PS a obtenu 17 sièges au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale (– 4 sièges par rapport à 2014)  [43]. Il devance ainsi les autres formations représentées dans le groupe linguistique français de cette assemblée, à savoir dans l’ordre : Écolo 15 sièges (+ 7), le MR 13 sièges (– 5), Défi 10 sièges (– 2 par rapport aux FDF en 2014), le PTB 10 sièges (+ 6 par rapport à la liste PTB*PVDA-GO! en 2014), le CDH 6 sièges (– 3) et DierAnimal 1 siège (cette formation obtenant son premier représentant à cette occasion). Dans le groupe linguistique néerlandais de l’assemblée, Groen est arrivé en tête avec 4 députés (+ 1), devant la N-VA 3 sièges (statu quo), l’Open VLD 3 sièges (– 2), one.brussels-sp.a 3 sièges (statu quo par rapport au SP.A en 2014), le Vlaams Belang 1 siège (statu quo), le CD&V 1 siège (– 1), et Agora et le PVDA chacun 1 siège (ces deux dernières formations faisant ainsi leur entrée au Parlement bruxellois)  [44].

33 Du côté francophone, les partis qui étaient associés dans la coalition sortante sont en retrait par rapport au scrutin régional du 25 mai 2014 : PS, Défi et CDH sont tous trois en recul. Ils ne totalisent ensemble que 33 sièges et ne détiennent dès lors plus la majorité au sein du groupe linguistique français du Parlement (celle-ci étant de 37 élus sur 72 députés). La reconduction de l’alliance entre ces trois partis n’est donc pas possible. Du côté néerlandophone, les partis de la coalition sortante connaissent des fortunes diverses : l’Open VLD et le CD&V sont en recul, tandis que le SP.A (qui s’est présenté sous le nom one.brussels-sp.a en 2019) obtient le même nombre de sièges qu’en 2014. Ensemble, ces trois partis ne sont plus majoritaires au sein du groupe linguistique néerlandais du Parlement (7 sièges sur 17, alors que la majorité se situe à 9 sièges).

2.1. Le temps de l’information

34 La spécificité de la coalition régionale bruxelloise est qu’elle doit recueillir une majorité non seulement au sein de l’ensemble du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, mais également dans chacun des deux groupes linguistiques de celui-ci. En outre, à côté du gouvernement régional, sont constitués les exécutifs (collèges) des commissions communautaires : le collège réuni de la Commission communautaire commune (COCOM) est formé des cinq ministres régionaux, le collège de la Commission communautaire française (COCOF) est composé des trois ministres francophones du gouvernement bruxellois ainsi que des deux secrétaires d’État francophones, et le collège de la Commission communautaire flamande (Vlaamse Gemeenschapscommissie, VGC) est constitué des ministres néerlandophones du gouvernement bruxellois ainsi que du (de la) secrétaire d’État néerlandophone.

35 La tradition veut que les deux groupes linguistiques forment d’abord chacun séparément une majorité, et qu’ils négocient ensuite l’accord de gouvernement ensemble.

2.1.1. Du côté des partis néerlandophones

36 Premier parti néerlandophone en Région bruxelloise, Groen prend la main. Après que Elke Van den Brandt (députée flamande sortante et tête de liste à l’élection du Parlement bruxellois) a rencontré tous les partis néerlandophones – à l’exclusion du Vlaams Belang –, Groen, l’Open VLD et one.brussels-sp.a décident, le vendredi 31 mai, soit cinq jours seulement après le scrutin, d’entamer des négociations en vue de la formation de l’aile néerlandophone du gouvernement bruxellois, une majorité qualifiée d’arc-en-ciel  [45]. À eux trois, ces partis disposent de 10 sièges sur les 17 que compte le groupe linguistique néerlandais du Parlement bruxellois. Les principaux interlocuteurs sont E. Van den Brandt pour Groen, Guy Vanhengel (ministre bruxellois sortant chargé des Finances, du Budget, des Relations extérieures et de la Coopération au développement, et tête de liste à l’élection du Parlement bruxellois) et Sven Gatz (ministre de la Culture, des Médias, de la Jeunesse et des Affaires bruxelloises au sein du gouvernement flamand sortant, et dernier sur la liste pour l’élection régionale bruxelloise) pour l’Open VLD, et Pascal Smet (ministre bruxellois sortant chargé de la Mobilité et des Travaux publics, et tête de liste à l’élection du Parlement bruxellois) pour one.brussels-sp.a  [46]. L’hypothèse d’une participation de la N-VA (3 sièges, comme l’Open VLD et one.brussels-sp.a) a été évoquée mais aussitôt rejetée en raison de difficultés entre ce parti et les formations francophones, d’une part, et avec Groen, d’autre part. Par ailleurs, le CD&V, qui a participé sans discontinuer à l’exécutif bruxellois depuis la création des institutions bruxelloises en 1989, est d’emblée exclu des discussions en raison de la faiblesse de son résultat (le parti chrétien-démocrate flamand ne compte plus qu’un siège).

37 Les deux partis écologistes ayant lié leurs destins, Groen souhaite participer avec Écolo au gouvernement bruxellois. La question s’est posée de savoir ce que Groen ferait si, du côté francophone, Écolo n’était pas repris dans la coalition. Mais cette hypothèse a vite été considérée comme prématurée. Très rapidement aussi, des noms de « ministrables » sont cités du côté néerlandophone : E. Van den Brandt deviendrait ministre pour Groen, G. Vanhengel serait ministre Open VLD et passerait à terme le relais à S. Gatz, et P. Smet serait secrétaire d’État pour one.brussels-sp.a. Tout le monde n’apprécie pas ce scénario au sein du parti libéral. Notamment, Els Ampe (députée bruxelloise sortante et tête de liste à l’élection du Parlement flamand dans la circonscription de Bruxelles), qui a obtenu 3 851 voix de préférence, soit nettement plus que S. Gatz, et qui a annoncé son intention de jouer un rôle dans le futur gouvernement bruxellois.

38 Les trois partis néerlandophones s’accordent sur l’idée que Bruxelles doit être une Région où chacun peut se déplacer rapidement et en toute sécurité, où la santé des citoyens est au centre des préoccupations et où l’environnement est sain. E. Van den Brandt précise : « Nous aimons Bruxelles. Avec conviction et avec passion. Groen, l’Open VLD et one.brussels-sp.a se donnent aujourd’hui la main pour construire une ville saine, ambitieuse et inclusive. Cette coalition veut être un partenaire néerlandophone fort qui construit des ponts. Nous veillerons à ce que chacun puisse développer ses talents. Bruxelles doit être une ville équitable qui ne laisse personne sur le côté. Une ville qui offre des opportunités, qui investit ».

39 Fin mai donc, les consultations entre les partis néerlandophones sont achevées. Les négociations entre Groen, l’Open VLD et one.brussels-sp.a peuvent commencer. Toutefois, le lundi 3 juin, le bureau fédéral de l’Open VLD donne mission aux négociateurs du parti engagés dans la formation du gouvernement bruxellois, G. Vanhengel et S. Gatz, de freiner les discussions en vue de la constitution d’une majorité côté néerlandophone à ce niveau. Ainsi, ils pourraient peser en faveur de l’éventuelle arrivée du MR dans la coalition bruxelloise du côté francophone. Il se dit que la volonté de la présidente du parti, Gwendolyn Rutten, est de reprendre en main le positionnement de son parti en Région bruxelloise. En effet, l’état des relations entre l’Open VLD et le MR souffre d’une situation dans laquelle le premier est partie à la coalition régionale bruxelloise sans discontinuer depuis 20 ans alors que le second est dans l’opposition depuis 15 ans, ainsi que de tensions personnelles  [47].

2.1.2. Du côté des partis francophones

40 Du côté francophone, les consultations menées par le PS se tiennent à partir du mercredi 29 mai. Elles débutent par une rencontre avec les représentants d’Écolo, deuxième force politique dans la Région à l’issue du scrutin régional  [48]. La délégation du PS est composée de la présidente de la fédération bruxelloise du PS, Laurette Onkelinx (députée fédérale sortante qui ne s’est présentée à aucun scrutin le 26 mai 2019), et du ministre-président du gouvernement bruxellois sortant, Rudi Vervoort  [49], ainsi que du chef de cabinet de celui-ci, Raphaël Jehotte, et du secrétaire général de la fédération du PS, Yonnec Polet. Pour Écolo, les participants sont la co-présidente du parti, Zakia Khattabi (par ailleurs tête de liste à l’élection de la Chambre des représentants dans la circonscription de Bruxelles-Capitale), Alain Maron (député bruxellois sortant et tête de liste à l’élection du Parlement bruxellois) et Joël Solé (directeur à Bruxelles-Environnement et ancien chef de cabinet de Christos Doulkeridis lorsque celui-ci était secrétaire d’État régional). Les deux partis reconnaissent qu’il existe des convergences entre eux. Toutefois, R. Vervoort précise que les accents sont parfois différents. Il réfute aussi l’existence d’un pré-accord entre les trois formations qui dirigent la Ville de Bruxelles depuis la mise en place du nouveau collège consécutivement aux élections locales du 14 octobre 2018, à savoir le PS, Écolo et Défi. Mais il reconnaît prôner des majorités progressistes, et cela depuis avant le scrutin. Certains observateurs pensent qu’une majorité miroir de celle qui se met en place côté néerlandophone – et qui donc serait composée du PS, d’Écolo et du MR – semble la plus naturelle et la plus probable, tout en concédant que, en termes de proximité et d’affinité entre les partis, une coalition associant le PS, Écolo, Défi a plus de chance d’aboutir.

41 La méthode de travail mise au point par les informateurs socialistes consiste à entendre dans un premier temps les priorités des principales formations francophones représentées au Parlement bruxellois  [50] sur six thématiques : mobilité, logement, emploi, climat, gouvernance et cohésion sociale. Ensuite, il est demandé à chacun de ces partis de remettre une note détaillant davantage ses priorités à propos de ces six domaines pour le vendredi 7 juin. Les deux informateurs rédigeront ensuite une note qui servira de base pour des négociations.

42 L’après-midi du 29 mai, les représentants du PS rencontrent ceux du MR. Font partie de la délégation libérale : le président du parti et Premier ministre sortant, Charles Michel, la secrétaire générale du parti, Valentine Delwart, le président de la régionale bruxelloise, Didier Reynders (par ailleurs vice-Premier ministre sortant et tête de liste à l’élection de la Chambre des représentants dans la circonscription de Bruxelles-Capitale), et un des collaborateurs de celui-ci, Damien Van Eyll. Au terme de la rencontre, qualifiée de constructive et ouverte par les protagonistes, C. Michel déclare que les deux partis ont évoqué les points de rapprochement et constaté les différences, et rappelle qu’« il est déjà arrivé que le MR et le PS concluent des accords de majorité ». Mais les libéraux ne semblent pas avoir convaincu leurs interlocuteurs socialistes d’abandonner le projet d’alliance progressiste qui a leur faveur depuis un certain temps. La question se pose alors de savoir si le MR liera sa participation à la coalition en Région wallonne et en Communauté française à une présence au sein du gouvernement bruxellois. L’avenir montrera qu’il n’en est rien.

43 Le lundi 3 juin, c’est au tour de Défi de rencontrer la délégation du PS. Le président du parti et député fédéral sortant, Olivier Maingain, et Bernard Clerfayt (bourgmestre de Schaerbeek, député bruxellois sortant et tête de liste du parti à la Région) participent à la réunion. O. Maingain insiste d’emblée sur la volonté de son parti de poursuivre dans la ligne des résultats probants qu’il a obtenus au sein des exécutifs bruxellois sortants, notamment en matière d’emploi et de formation  [51] ; B. Clerfayt déclare que son parti souhaite œuvrer à ce que Bruxelles fonctionne mieux. À l’issue de la réunion, L. Onkelinx indique qu’elle a perçu des différences entre les attentes de Défi et celles de son parti, mais qu’elle n’a pas ressenti d’incompatibilité. Tout en assurant que tout est toujours possible, R. Vervoort rappelle son plaidoyer de la campagne et sa préférence pour une majorité la plus progressiste possible.

44 Le lendemain, 4 juin, les informateurs bruxellois rencontrent les représentants du PTB : David Pestieau, vice-président du parti, Dirk De Block, conseiller communal (néerlandophone) à Molenbeek-Saint-Jean, et Françoise De Smedt, députée bruxelloise sortante et tête de liste lors des élections régionales. Reprenant une des interventions en radio du porte-parole national du parti, Raoul Hedebouw, la presse du 3 juin a rapporté que celui-ci se montre partisan d’un axe PS-Écolo-PTB, estimant que « le PS nous a pris tellement de choses dans notre programme que des convergences doivent être possibles ». Toutefois, la rencontre du 4 juin est présentée comme s’étant déroulée dans un climat de méfiance. Après avoir indiqué qu’il avait l’envie d’aller avec ceux qui sont prêts à avancer vers l’objectif d’une Région plus solidaire, R. Vervoort précise également que le PTB n’est pas un partenaire comme les autres et qu’il convient de clarifier ses intentions. Pour leur part, les représentants du parti de gauche radicale arguent du fait qu’ils ont reçu un mandat fort de l’électeur partout en Belgique, et en particulier en Région bruxelloise. Mais il leur paraît compliqué de travailler avec le MR et ils insistent sur le fait que le PTB ne forme qu’un seul parti, bilingue, et qu’il n’est pas question d’être dans la majorité du côté francophone et dans l’opposition du côté néerlandophone  [52]. Des points de divergence sont apparus entre les deux formations même si les contacts entre elles sont jugés francs et constructifs, notamment sur la question du logement. Néanmoins, les représentants du PS gardent encore en mémoire l’échec, en octobre 2018, de la constitution d’une majorité avec le PTB dans la commune de Molenbeek-Saint-Jean et s’inquiètent de voir le même scénario se reproduire au niveau régional.

45 Le même jour, L. Onkelinx et R. Vervoort reçoivent le président du CDH, Maxime Prévot, et Céline Fremault (ministre bruxelloise sortante en charge du Logement, de la Qualité de vie, de l’Environnement et de l’Énergie, et tête de liste à l’élection régionale). Le CDH étant sorti très affaibli du scrutin (6 sièges), une seule formule de majorité à trois partis incluant le CDH est possible mais elle est fort étroite (38 sièges sur 72) : PS-Écolo-CDH. Lors de la rencontre, le PS tente de garder le CDH dans le jeu et ouvre la porte à une présence du parti démocrate humaniste dans la majorité bruxelloise (ainsi qu’à un poste ministériel pour ce parti à la Communauté française). De son côté, M. Prévot déclare que « rien n’a été arrêté définitivement. (…) Il faut (…) entendre le signal de l’électeur ». En fait, dès la fin de la semaine précédente, il est apparu fort probable que le CDH fasse le choix de l’opposition à tous les niveaux de pouvoir, comme l’a laissé entendre la députée fédérale réélue Catherine Fonck. Cette option sera définitivement arrêtée par le bureau politique du parti (qui parlera de « décision unanime ») et annoncée par le président le mercredi 5 juin, soit le lendemain de son entrevue avec L. Onkelinx et R. Vervoort. M. Prévot déclarera que cette décision est prise « pour entendre le signal de l’électeur », que le CDH « n’aur[ait] pas eu la défaite digne si nous avions choisi le pouvoir » et que le poids du parti ne lui « permettra plus de peser sur les décisions des gouvernements ». Le président annoncera par la même occasion qu’un processus de renouvellement du parti sera entrepris, pouvant aller jusqu’à en changer la dénomination.

2.1.3. La consultation de la société civile

46 Après avoir rencontré chacun des partis politiques séparément au sein de chaque groupe linguistique, et avant d’entamer de réelles négociations, les trois informateurs bruxellois – L. Onkelinx et R. Vervoort pour le PS, et E. Van den Brandt pour Groen – rencontrent des acteurs du monde associatif, les interlocuteurs sociaux ainsi que des opérateurs publics. Le jeudi 6 juin, ils reçoivent les responsables régionaux des syndicats et des organisations patronales, avec lesquels ils s’entretiennent de l’économie et de l’emploi. Le lendemain matin, c’est au tour des représentants du secteur du logement d’être reçus. L’après-midi du même jour, sont entendus les acteurs publics (STIB, SNCB, Infrabel) et associatifs (associations de cyclistes, entre autres) du secteur de la mobilité. Le mercredi 12 juin, les informateurs s’entretiennent avec diverses associations (comme le Forum de lutte contre les inégalités et la Plateforme de lutte contre la pauvreté) à propos de la lutte contre les inégalités et la pauvreté. Le même jour, des représentants de la campagne TAM TAM et de l’association Hart boven Hard (HBH) présentent leurs six priorités issues d’une enquête qu’elles ont menée en mars 2019 et qui sont formulées comme suit : « Relever les minimas sociaux au-dessus du seuil de pauvreté », « 4 milliards de plus dans le train, le tram et le bus », « Une migration digne », « Égalité de rémunération et de pension entre les hommes et les femmes », « Stop à la grande évasion fiscale ! » et « Une régulation publique et démocratique des prix des médicaments ». Pour sa part, Unia (centre interfédéral pour l’égalité des chances) plaide en faveur d’initiatives en matière de lutte contre les discriminations et pour la mise en place d’un plan interfédéral de lutte contre le racisme.

47 Par ailleurs, pendant près de deux ans, des échanges ont eu lieu au sein d’une coordination composée d’une trentaine de personnes issues de la société civile (LaCoordination.org). Ces discussions ont abouti à la rédaction d’un texte qui, approuvé le 11 juin 2019, a pour intitulé « Déclaration non gouvernementale (DNG) » et est adressé aux négociateurs des futurs gouvernements wallon, bruxellois et de la Communauté française  [53]. Les initiateurs de cette DNG sont des responsables d’associations (CNCD-11.11.11, Conseil de la jeunesse catholique, Fédération des maisons médicales, Greenpeace, Inter-Environnement Wallonie  [54], Ligue des familles, Mouvement ouvrier chrétien, Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, etc.), de syndicats (CNE, CSC, FGTB Bruxelles et FGTB wallonne) et de mutualités (mutualités chrétiennes et mutualités socialistes). Le texte de 27 pages part du constat « qu’il y a, partout dans le pays, une immense volonté de changement et un manque de clarté sur les termes de ce changement ». Et de donner la direction à suivre : « Nous proposons un changement vers une société décarbonée, inclusive, ouverte et solidaire. (…) La DNG est une proposition transversale et immédiate de changement construite en conjuguant dans une vision commune les revendications sectorielles portées par une grande diversité d’acteurs de la société civile ». La DNG décline les dix priorités de ses signataires pour les niveaux de pouvoir régional et communautaire. Celles-ci portent sur dix thèmes : la transition énergétique, la mobilité durable, la qualité de l’air, le logement, l’enseignement, la pauvreté infantile et des familles, la prospérité économique, l’intégration, les accords commerciaux et d’investissement, et la démocratie.

2.2. Le temps de la négociation

48 À l’issue du premier tour de consultations, il ressort des conversations entre partis francophones qu’une coalition semble se dégager, qui associerait le PS, Écolo et Défi  [55]. Elle a déjà été évoquée à diverses reprises et tend à se confirmer dix jours à peine après le scrutin. L’objectif visé est celui d’une prestation de serment au plus tard le 21 juillet.

49 Le vendredi 14 juin, les informateurs francophones communiquent à propos de leur mission d’information. Les partenaires pressentis par le PS sont Écolo et Défi. Ceux-ci sont favorables à cette formule, mais Écolo doit, le soir même, faire avaliser sa participation aux négociations par l’assemblée générale (bruxelloise) et par le conseil de fédération (« parlement » interne du parti, composé des délégués des 15 régionales wallonnes et bruxelloise) ; en l’occurrence, les deux instances approuvent à l’unanimité la participation d’Écolo aux négociations.

2.2.1. Les sujets sensibles

50 Un sujet de tension potentielle entre le PS et Écolo apparaît assez tôt dans le processus de formation du nouveau gouvernement bruxellois. Au cours de la semaine qui suit les élections, A. Maron, chef de file Écolo, montre de la colère lorsqu’il apprend qu’un permis d’urbanisme a été octroyé pour la future station Toots Thielemans de la ligne de métro 3 à Bruxelles. L’administration régionale a signé la demande de permis à l’avant-veille des élections du 26 mai 2019, tandis que le conseil d’administration de la STIB a voté l’octroi du marché de travaux au constructeur Besix. Or Écolo est clairement opposé au projet du gouvernement régional précédent et se sent floué. A. Maron parle d’un geste fébrile et violent, qui montre que le gouvernement sortant appréhendait les résultats des élections. Écolo, qui défend l’objectif de renforcer l’offre de transport de surface, n’avait toutefois pas la volonté d’entamer les négociations en poursuivant l’idée d’abandonner le projet de métro. Mais A. Maron craint que l’objectif de son parti soit retardé en raison des investissements nécessaires au développement de la ligne de métro 3.

51 Écolo et Défi ne partagent pas non plus les mêmes vues à propos du métro. Écolo est opposé à son développement, tandis que Défi préconise la création de quatre nouvelles lignes. Par contre, les deux partis se rejoignent sur l’instauration d’un péage urbain visant à décongestionner Bruxelles et à apporter de nouveaux moyens financiers. Le PS ne partage pas cette opinion.

52 Les marges de manœuvre budgétaires sont fort étroites en raison principalement des investissements dans deux projets : le métro (ligne 3 entre la station Albert à Forest et la gare de Bordet à la limite entre Evere et la ville de Bruxelles) et la rénovation du tunnel Léopold II. C’est ce que relève le Centre de recherche en économie régionale et politique économique (CERPE) de l’Université de Namur (UNamur), qui en déduit que le retour à l’équilibre n’aura pas lieu avant la fin de la législature  [56]. Les projets portés par Écolo, comme l’élaboration d’un vaste plan d’isolation ou le renforcement du réseau de transport public de surface, risquent de se voir compromis faute de moyens financiers. Sauf si le nouveau gouvernement régional se met d’accord sur de nouvelles recettes.

53 Dans le domaine du logement, les positions divergent également. Le PS et Défi ne défendent pas le même point de vue en ce qui concerne la grille des loyers, Défi s’opposant à toute politique d’encadrement des loyers. En ce qui concerne le logement social (quelque 40 000 personnes sont en attente), PS et Écolo veulent augmenter le rythme de construction de logements, alors que Défi privilégie l’aide aux personnes précarisées pour accéder au parc locatif privé (via un élargissement de l’allocation-loyer, par exemple).

54 Parmi les sujets éventuellement problématiques figure aussi la question de la 5G (Internet mobile ultra rapide), au sujet de laquelle une ordonnance était prête avant les élections mais n’a volontairement pas été votée de crainte d’indisposer une partie de l’électorat sensible à cette question.

55 Par contre, les trois formations francophones veulent avancer sur la problématique de la gouvernance. Avant les élections, elles ont toutes trois cosigné une proposition d’ordonnance visant à instaurer une incompatibilité entre la fonction de bourgmestre ou d’échevin et celle de membre d’une assemblée parlementaire. Cela pourrait impliquer une revalorisation pécuniaire du mandat d’échevin.

2.2.2. Le déroulement de la négociation

56 Peu avant le lancement de la négociation, le vendredi 14 juin, l’Open VLD demande à nouveau aux négociateurs francophones, par les voix de G. Rutten, G. Vanhengel et S. Gatz, de ne pas se hâter, de prendre le temps de la réflexion, et réitère l’appel à impliquer le MR dans la composition du gouvernement afin d’éviter l’asymétrie des majorités au sein du gouvernement bruxellois et avec les autres niveaux de pouvoir. Le même jour, par un communiqué, le MR reproche au PS d’agir avec précipitation et de ne pas prendre en considération les processus en cours aux autres niveaux de pouvoir. De son côté, Françoise Schepmans (députée fédérale sortante et tête de liste MR pour l’élection du Parlement bruxellois) critique la coalition annoncée, considérant que celle-ci ne sera pas une majorité du changement et du progrès, et que la dégradation des conditions de vie des Bruxellois risque de se poursuivre. Au sein du MR bruxellois, certains estiment n’être pas aidés par les autres instances du parti, en particulier par les Wallons qui ne font pas de la participation du MR à la coalition bruxelloise une condition pour entrer en négociation en Région wallonne et en Communauté française. Mais au-delà de cette impression de désinvestissement du parti en Région bruxelloise, se pose la question du leadership au sein de la régionale bruxelloise du parti, dans un contexte marqué notamment par les ambitions affichées par D. Reynders, président de la fédération bruxelloise du MR, de décrocher un poste international.

57 Avant le réel coup d’envoi des négociations, la semaine du 17 juin est mise à profit pour permettre à Écolo et à Groen, qui étaient dans l’opposition lors de la législature précédente, de se « mettre à niveau » et d’obtenir les informations utiles sur l’état de la Région, notamment sur le plan budgétaire.

58 Les négociations ont pour point de départ une lettre d’intention qui réunit les priorités des partenaires retenus. Parmi les dossiers prioritaires figurent la production et la rénovation de logements, l’extension du réseau de transports en commun, et la lutte contre le chômage et la fracture sociale. Une autre thématique s’ajoute suite à des accidents de la route et à la mobilisation citoyenne qu’ils suscitent : la sécurité routière. Un mémorandum a été remis aux négociateurs par le mouvement Brussels for Zero (qui compte plusieurs cellules locales), qui invite le futur gouvernement bruxellois à faire de la sécurité routière une priorité absolue. Si ce point n’était pas présent en tant que tel dans la note d’intention, R. Vervoort confirme qu’il s’agit là d’une priorité pour les trois partis francophones associés à la négociation et qu’elle s’instille partout dans le plan Good Move destiné à apaiser le trafic dans les quartiers.

59 Le lundi 24 juin doivent débuter les rencontres entre les six formations qui se sont entendues pour participer au futur gouvernement bruxellois et dont les instances ont approuvé le scénario : PS, Écolo et Défi du côté francophone, et Groen, Open VLD et one.brussels-sp.a du côté néerlandophone. Les principaux négociateurs sont respectivement L. Onkelinx, Z. Khattabi et A. Maron, O. Maingain et B. Clerfayt, G. Vanhengel et S. Gatz, et P. Smet, tandis que R. Vervoort et E. Van den Brandt deviennent formateurs du gouvernement. L’ordre du jour est consacré à un exposé budgétaire.

60 Toutefois, ce jour-là, l’Open VLD pratique la politique de la chaise vide suite à la réunion du bureau du parti tenue le matin même et avec l’objectif de temporiser la formation d’une coalition régionale bruxelloise. La crainte exprimée est qu’en verrouillant la majorité en Région bruxelloise, on ne complexifie les choses en Flandre et au niveau fédéral. L’Open VLD plaide pour des majorités symétriques aux différents niveaux de pouvoir ; il veut aussi faire une nouvelle fois pression pour amener le MR dans la négociation bruxelloise.

61 Si les deux négociateurs de l’Open VLD ne participent pas à cette première réunion, le chef de cabinet de G. Vanhengel est toutefois présent, ce qui permet de ne pas empêcher le processus de formation de commencer. Le lendemain, R. Vervoort et E. Van den Brandt rencontrent G. Vanhengel et S. Gatz. Les deux formateurs rappellent à leurs interlocuteurs la singularité du contexte bruxellois : une double majorité qui se construit indépendamment des autres exécutifs (fédéral et fédérés). Ils insistent sur la nécessité de mettre en place rapidement une majorité qui permette à la Région bruxelloise d’être un partenaire solide et constructif, vecteur de stabilité pour le pays. Ils affirment que la Région bruxelloise entend continuer à jouer un rôle moteur du fédéralisme de coopération. À l’issue de cette rencontre, les deux formateurs font état d’une rencontre qui s’est déroulée dans un climat serein et respectueux. Ils indiquent qu’ils espèrent avoir répondu aux interrogations émises par l’Open VLD et qu’ils escomptent une issue favorable afin d’entrer rapidement dans le vif du sujet.

62 Après la première réunion, des groupes de travail techniques se tiennent dans le courant de la semaine, auxquels des experts de l’Open VLD participent. Les négociations débuteront la semaine suivante, soit le 1er juillet.

63 Différents thèmes, sources de discorde entre les partis, apparaissent. Ainsi, la question des signes convictionnels dans l’administration publique refait surface. L’agence régionale Bruxelles-Propreté est présentée comme « une bombe politique à retardement » (déficit budgétaire, flou structurel sur les comptes pointés par la Cour des comptes, dysfonctionnements dans la gestion, etc.). La mobilité voit s’opposer les écologistes (Écolo et Groen) et des partenaires du gouvernement sortant (PS, Défi et Open VLD).

64 La note de travail qui doit servir de base pour les discussions est rédigée par le PS. Elle contient trois axes principaux : le social, l’environnemental, et la gouvernance et l’identité bruxelloise. Mais elle est jugée irréaliste et trop peu équilibrée sur le plan budgétaire par Écolo et Défi. Écolo obtient une rencontre bilatérale avec le PS le vendredi 28 juin afin d’amender le texte et d’aplanir une situation potentiellement conflictuelle avant la première réunion plénière qui doit se tenir au début de la semaine suivante. La note du PS n’est pas modifiée avant cette réunion, mais Écolo reçoit l’assurance que certains chapitres seront revus.

65 Le lundi 1er juillet, à l’issue du bureau du parti, l’Open VLD marque son accord pour que les négociateurs libéraux bruxellois prennent à nouveau part aux discussions. La première réunion rassemblant l’ensemble des négociateurs bruxellois est consacrée à la méthode de travail et à la fixation d’un agenda, l’objectif étant toujours d’aboutir à la constitution d’un gouvernement avant la fête nationale du 21 juillet. Les négociateurs entament l’examen sur le fond des différents sujets le mardi 2 juillet.

66 Parmi les dossiers épineux, celui de la mobilité fait, ce jour-là, l’objet d’une négociation entre Écolo et Groen, d’une part, et les partis qui, sous le gouvernement précédent, avaient soutenu le projet de la ligne de métro 3 (transformation du pré-métro en métro de la station Albert à la gare du Nord, et prolongation du métro vers le nord en direction de la gare de Bordet), d’autre part. Il est finalement admis que le projet de métro ne sera pas abandonné, mais qu’il sera réalisé par phases, tandis que de nouvelles lignes de tram en surface, qui correspondent davantage à la conception des écologistes, seront créées dans les cinq années de la législature. Le plan Good Move, qui avait été adopté avant les élections par la majorité précédente et qui vise à réduire la place de la voiture au profit des transports publics et des modes de déplacement doux, n’est pas remis en question. Ce plan prévoit notamment la limitation de la vitesse autorisée à 30 kilomètres par heure comme norme de base. Par ailleurs, la question du péage automobile urbain est abordée. En l’absence d’accord entre les différentes composantes du pays, la Région bruxelloise pourrait envisager de l’instaurer dans une zone limitée (par exemple, le Pentagone, c’est-à-dire le centre de Bruxelles). Mais S. Gatz s’y oppose. Une réunion entre les experts des différents partis a lieu le lendemain, avant de pouvoir parler d’accord sur le volet relatif à la mobilité.

67 Au même moment, l’Itinera Institute publie un livre intitulé La gestion publique de Bruxelles[57], dont la présentation commence par ces mots : « Bruxelles ressemble à une cocotte-minute : la pression monte. La gestion publique est-elle à la hauteur des défis ? » Les auteurs préconisent le lancement, notamment suite à des entretiens approfondis avec les acteurs de terrain, d’« un plan d’action pour Bruxelles qui s’articule autour de l’intégration des systèmes d’information et le développement d’une culture du service public centrée sur le citoyen ». Ils envisagent en outre des mesures plus concrètes concernant « la généralisation des contrats de performance, le renforcement de l’autonomie et de l’évaluation, la réduction du nombre d’acteurs, l’expérimentation et l’échange de bonnes pratiques, le renforcement de la formation et l’assouplissement de l’encadrement des travailleurs ».

68 Le mercredi 3 juillet, les négociateurs planchent sur le chapitre « Économie, emploi et formation » de l’accord de gouvernement qu’ils sont occupés à rédiger. L’enjeu est d’accentuer l’amélioration antérieure en termes de mise à l’emploi et de création d’activités économiques, tout en intégrant les paramètres de l’environnement et du développement durable. Sont principalement abordés dans ce cadre les points suivants : l’extension de la garantie emploi jeunes  [58], des propositions en matière d’économie circulaire et d’emplois liés à l’environnement, l’encouragement de la production urbaine et l’instauration d’un label « made in Brussel », la diversité et la mixité commerciale, la création de « territoires zéro chômage », la lutte contre la discrimination à l’embauche.

69 Au terme de cette journée de négociation, les négociateurs bruxellois font savoir qu’ils ne s’exprimeront plus, jusqu’à nouvel ordre, sur le contenu des discussions. Des pans sensibles doivent alors encore être traités, comme le « bicommunautaire » (c’est-à-dire les matières traitées par la COCOM), les matières personnalisables gérées au sein de la COCOF – qui seront examinées le 11 juillet –, l’urbanisme, le développement territorial, l’environnement et la gouvernance. En outre, l’arbitrage relatif à ce que les négociateurs appellent les points « between brackets » (« entre crochets »), c’est-à-dire des points qui constituent des désaccords entre eux, est reporté à la fin de la négociation.

70 Dans la presse, les suppositions se font jour sur les noms des possibles membres de la future équipe gouvernementale bruxelloise, avec toutes les incertitudes qui entourent ce genre d’exercice et des hypothèses qui s’avéreront être erronées quand la composition définitive du gouvernement Vervoort III sera connue. Ainsi, pour le PS, les noms de Fadila Laanan, de Delphine Chabbert et de Caroline Désir sont cités par la presse, mais aucune de ces trois personnes ne figurera dans la composition finale de l’exécutif.

71 Le 11 juillet, après l’échec de la tentative de mettre sur pied une coalition « coquelicot » (cf. infra), les négociations pour la formation des gouvernements wallon et de la Communauté française sont élargies au MR en vue de constituer des coalitions arc-en-ciel (PS/MR/Écolo) à ces deux niveaux. Parmi les exigences que les représentants du MR (C. Michel et le ministre-président wallon sortant Willy Borsus) posent pour associer leur parti à ces discussions, figurent le retour du MR dans les discussions menées en Région bruxelloise, afin d’assurer une cohérence entre les différentes majorités, et l’obtention d’un poste ministériel dans le gouvernement bruxellois. Ces revendications sont relayées par Pierre-Yves Jeholet (vice-président du gouvernement wallon sortant) et par D. Reynders  [59].

72 Cet événement se produit à un moment où l’accord du futur gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale est quasiment bouclé. Les négociateurs bruxellois s’opposent à cette éventualité. Ainsi, L. Onkelinx déclare : « Je suis vraiment choquée de ce qui se passe. Bruxelles est une Région à part entière. Commencer à faire des déclarations comme si Bruxelles était une monnaie d’échange pour d’autres niveaux de pouvoir, comme si elle était un distributeur automatique de postes, c’est quoi ça ? » A. Maron va dans le même sens : « La demande du MR nous inspire un “non” ». La co-présidente d’Écolo, Z. Khattabi, ne dit pas autre chose.

73 Le vendredi 12 juillet, les négociateurs bruxellois annoncent qu’ils sont arrivés à un accord en première lecture si l’on excepte des questions de fiscalité et quelques désaccords mineurs. Parmi les grands thèmes de l’accord, figurent les points suivants : faire de Bruxelles une région zéro carbone à l’horizon 2050, généraliser la zone 30 (à l’exception des voiries structurantes), interdire toutes les voitures diesel en 2030 et les véhicules à essence et LPG (gaz de pétrole liquéfié) pour 2035, réaliser la ligne de métro 3 en deux phases, prolonger et créer de nouvelles lignes de tram, réduire de moitié les listes d’attente pour un logement social, étendre la garantie emploi jeunes à tous les demandeurs d’emploi qui s’inscrivent chez Actiris. Sur le plan budgétaire, une précaution est prise : « Le contexte budgétaire déterminera l’ampleur de toutes les politiques promises » et la Région demandera à la Commission européenne de pouvoir comptabiliser des investissements en dehors du périmètre budgétaire SEC (il en irait ainsi des dépenses pour le métro, pour la rénovation des tunnels et pour la transition écologique, en particulier l’isolation des bâtiments)  [60].

74 Quelques sujets sont encore source de friction, comme le dossier des écoles bilingues ou multilingues, qui est une revendication ancienne de la composante bruxelloise de l’Open VLD  [61] : s’il y a consensus sur le principe, se pose par contre la question de l’organisation concrète de ces établissements scolaires (quel sera leur pouvoir organisateur ?), Défi craignant que l’on s’engage sur la voie d’une régionalisation de l’enseignement. Le principe sera inscrit dans l’accord de majorité sans toutefois que soient fixés les moyens pour parvenir à l’objectif.

75 La fiscalité constitue une autre pierre d’achoppement. Tel est notamment le cas des mesures visant à enrayer l’exode urbain en incitant les classes moyennes à rester en Région bruxelloise (par l’abattement sur les droits d’enregistrement à l’achat d’un premier bien destiné à l’habitation propre et une éventuelle obligation d’effectuer des travaux d’isolation). Dans le même registre, les débats concernent également la taxe kilométrique ou le péage urbain. Le PS, l’Open VLD (moyennant certaines conditions) et one.brussels-SP.A sont favorables à la taxe kilométrique, et Défi, Écolo et Groen à des formes de péage urbain. Finalement, l’idée retenue est d’ouvrir des négociations avec les deux autres Régions en vue d’instaurer une taxe kilométrique.

76 Dans le domaine de la gouvernance, la question du décumul intégral des mandats en Région bruxelloise oppose principalement Écolo, qui y est favorable, à l’Open VLD, qui y est hostile. Mais le parti libéral flamand n’est pas dans une position de force pour bloquer le dossier. Le décumul intégral entre un mandat de député régional et un mandat d’échevin ou de bourgmestre serait néanmoins reporté à 2024.

77 Le week-end est mis à profit pour organiser des contacts bilatéraux. L’accord final est censé être conclu par les différentes parties le lundi 15 juillet lors d’une réunion plénière puis être présenté à la presse le lendemain. C’est toutefois sans compter sur un ultime coup de frein de l’Open VLD. C. Michel et D. Reynders mettent en effet une pression maximale sur l’Open VLD pour que le MR soit intégré dans le gouvernement bruxellois  [62], allant même jusqu’à évoquer l’idée de faire adopter par le Parlement bruxellois une ordonnance spéciale permettant l’ajout d’un ministre francophone supplémentaire (ainsi que d’un ministre néerlandophone supplémentaire) à l’exécutif régional. Les trois formations francophones – et en particulier Écolo, semble-t-il – s’opposent à nouveau à la demande du MR. Un communiqué est diffusé, qui dit en substance : « Les six partis ont poursuivi leurs travaux en vue d’un accord de majorité ambitieux pour Bruxelles. La volonté des négociateurs est d’installer le gouvernement bruxellois avant le 21 juillet ».

78 Le blocage des négociations par l’Open VLD retarde de 24 heures la finalisation et la présentation de l’accord. Par ailleurs, cet épisode met une fois de plus en lumière le fossé qui existe entre l’état-major de l’Open VLD et la régionale bruxelloise de ce parti. Le mardi 16 juillet, la présidente de l’Open VLD vient soudain plaider elle-même la cause du MR et s’entretenir longuement avec les deux négociateurs bruxellois de son parti, au point de retarder de près de six heures le début de la réunion prévue ce jour-là. Les partis francophones campent sur leurs positions et le président de Défi, O. Maingain, renchérit : « Le MR cherche à s’introduire presque par effraction dans cette négociation, au point qu’il est prêt à accepter quasi telle quelle la note qui est débattue. Derrière cela, je vois l’ombre de la N-VA ». Les discussions ne reprennent que vers 18 heures en présence des négociateurs libéraux néerlandophones, lesquels sont présentés comme ayant gagné la bataille contre leur présidente de parti. Au MR, cet épilogue est mal vécu. Ainsi, F. Schepmans s’indigne : « C’est vraiment du mépris de la part des négociateurs. C’est aussi un manque de cohérence. On exclut le MR à Bruxelles mais on maintient néanmoins des rencontres en Wallonie. J’attends de voir comment les socialistes vont expliquer que les libéraux ne sont pas fréquentables à Bruxelles mais qu’ils le seraient en Fédération Wallonie-Bruxelles ». Elle déclare encore : « L’éjection du Mouvement réformateur est une déception. C’est d’abord une déception pour tous les Bruxellois. Des milliers de Bruxellois ont voté pour le MR pour apporter de l’innovation, des projets et de la prospérité à Bruxelles ». Selon elle, les partis de la nouvelle majorité, et plus particulièrement Défi, « ont été inélégants, et ont même manifesté de l’arrogance et du mépris ».

79 L’accord sur le texte est finalisé dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 juillet, vers 3 heures et demie du matin. Trois axes principaux sont mis en avant par les protagonistes lors de la présentation à la presse : l’urgence sociale, la transition écologique et la gouvernance. À ce moment-là, l’accord sur la répartition des compétences n’a pas encore été conclu.

2.2.3. L’accord du gouvernement bruxellois et du collège réuni de la COCOM

80 L’accord de gouvernement est présenté à la presse dans les locaux du Parlement bruxellois le 17 juillet après-midi. Plus précisément, l’accord est double puisqu’il concerne aussi bien la Région de Bruxelles-Capitale que la COCOM. Le lendemain, l’accord politique sera d’ailleurs traduit en une « Déclaration de politique régionale commune au gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et au collège réuni de la Commission communautaire commune ». L’accord vise la réalisation d’une transition sociale et écologique par l’adoption de mesures solidaires et de changements radicaux dans tous les secteurs et dans chaque domaine de compétence régionale. Le fascicule de 127 pages dans sa version française est structuré en trois axes  [63] : « Une Région qui garantit à chacun les conditions d’une vie conforme à la dignité humaine », « Une Région qui inscrit son développement économique et social dans une transition environnementale de référence à l’horizon 2050 » et « Une Région à l’identité forte, ouverte au monde, qui renforce ses services aux citoyens dans une logique de lisibilité et de proximité de ses institutions ».

81 Certains points de l’accord donnent lieu à des différences de lecture. Ainsi en va-t-il de la 5G. L’accord de gouvernement expose que « les nouveaux déploiements technologiques en matière de transmission des données (5G et autres) se feront dans le respect du principe de précaution et après évaluation sur le plan environnemental, de la santé, de l’efficacité économique, de la sécurité des données et de respect de la vie privée ». L’Open VLD estime que, dans le cadre du développement de Bruxelles en tant que « smart city », la Région collaborera de manière constructive au déploiement de la 5G dans la capitale. Tandis que, pour sa part, Écolo considère qu’il faut d’abord procéder à une évaluation, comme cela est prévu dans l’accord.

82 Du côté de l’opposition, l’ancienne ministre C. Fremault (CDH) considère que l’accord de gouvernement contient de nombreuses mesures qui sont la concrétisation d’intentions du gouvernement précédent et qu’il manque de pistes de financement.

2.2.4. Les accords des collèges de la COCOF et de la VGC

83 Deux autres accords ont été négociés concomitamment : celui de la COCOF et celui de la VGC.

84 Le premier est intitulé « Un projet ouvert, solidaire et émancipateur pour et par les Bruxelloises et les Bruxellois ». Les 41 pages du texte sont structurées en 17 chapitres, qui concernent chacun un secteur couvert par l’entité soit dans sa mission originaire de pouvoir organisateur (comme l’enseignement), soit dans sa fonction de pouvoir décrétal hérité du transfert de l’exercice de compétences de la Communauté française au milieu des années 1990. Les différents chapitres traitent notamment du secteur social et de la santé, des discriminations et des violences faites aux femmes, de la formation professionnelle, de la cohésion sociale, de l’enseignement, de la gouvernance et de la simplification administrative. Dès l’introduction, le texte fait état d’une préoccupation : « Assurer la soutenabilité à long terme du budget ». L’accent est également mis sur deux orientations transversales aux différentes matières. D’une part, « assurer la meilleure coordination possible entre les politiques menées par les différents niveaux de pouvoir compétents » agissant sur le territoire de la Région bruxelloise. D’autre part, renforcer les partenariats de la COCOF avec la COCOM (sur les politiques du social, de la santé, des personnes handicapées et de l’accueil des primo-arrivants) et avec la Région de Bruxelles-Capitale (en ce qui concerne les politiques ciblées de formation professionnelle). L’objectif est de participer à l’avènement d’une société plus ouverte, plus inclusive, plus solidaire, plus dynamique et plus résiliente.

85 La VGC – qui, pour rappel et contrairement à la COCOF, n’a pas de pouvoir décrétal mais remplit un rôle de pouvoir organisateur – a intitulé son accord « Brussel is wat we delen » (« Bruxelles est ce que nous partageons »). Le document de 41 pages est organisé en 13 chapitres. En introduction, l’accent est mis sur la coopération et la participation. L’éducation est épinglée comme étant le levier le plus important de la VGC pour changer Bruxelles. La lutte contre la pauvreté traverse tout l’accord : aide sociale, garde des enfants, santé, jeunesse, culture, infrastructures. Il est indiqué que les objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations unies (ONU) constituent la référence.

2.3. Le temps de l’installation

86 Les instances de tous les partis concernés se réunissent le 17 juillet 2019 en soirée. Le conseil général de Défi marque son approbation avec le texte et B. Clerfayt est proposé pour occuper le poste ministériel dévolu au parti. Réunis en congrès de participation, les militants de la fédération bruxelloise du PS votent à l’unanimité en faveur de l’accord. L’unanimité est également atteinte à l’Open VLD ainsi qu’à one.brussels-sp.a. L’assemblée générale d’Écolo marque son accord à l’unanimité moins 4 abstentions ; un deuxième vote aura lieu plus tard sur le casting (cf. infra). Chez Groen, l’unanimité est atteinte moins 1 abstention et E. Van den Brandt est désignée comme représentante du parti au sein de la coalition.

2.3.1. Les castings des partis

87 Bien qu’elle ait décidé de se retirer de la vie politique, L. Onkelinx joue encore un rôle dans la répartition des mandats qui reviennent au PS au sein du gouvernement bruxellois, en sa qualité de présidente de la fédération bruxelloise du parti. En effet, contrairement à Écolo où le choix des ministres et secrétaires d’État revient à l’assemblée générale, au PS, c’est une prérogative de la présidence.

88 R. Vervoort est à nouveau le ministre PS du gouvernement (gouvernement qu’il préside pour la troisième fois, et ce sans discontinuer depuis mai 2013)  [64]. Pour le poste de secrétaire d’État, F. Laanan n’a pas été retenue parce qu’elle est fragilisée par les problèmes de gestion au sein de l’agence Bruxelles-Propreté et par un résultat en diminution aux élections. Il se dit que son éviction pourrait également être liée au débat interne à la fédération bruxelloise du PS consécutif à la crise du Samusocial. Contrairement à ce qui avait été évoqué précédemment dans la presse, ni C. Désir  [65], ni D. Chabbert ne font partie non plus de l’équipe gouvernementale. L. Onkelinx préfère désigner comme secrétaire d’État Nawal Ben Hamou, qui a été députée fédérale lors de la législature précédente mais n’a pas été réélue le 26 mai 2019. Il était prévu qu’elle intègre le collège de la Ville de Bruxelles en 2021. Quant à Rachid Madrane, ministre du gouvernement de la Communauté française sortant, il devient président du Parlement bruxellois (et, donc, également de l’Assemblée réunie de la COCOM)  [66].

89 La question s’est posée de savoir quel sera le choix de Z. Khattabi entre un poste ministériel ou la co-présidence d’Écolo. Finalement, elle choisit de ne pas faire partie du gouvernement bruxellois et renoncera un peu plus tard à la co-présidence du parti (décision qu’elle aurait prise six mois auparavant). Elle demeurera députée fédérale en attendant peut-être un poste au sein du futur gouvernement fédéral  [67]. A. Maron, qui a participé à la négociation de l’accord de gouvernement avec elle, devient ministre. Au terme d’une longue séance de l’assemblée générale du parti, Barbara Trachte est pour sa part désignée secrétaire d’État. Magalie Plovie est désignée présidente de l’Assemblée de la COCOF.

90 Près de 7 heures ont été nécessaires pour aboutir à la désignation de la secrétaire d’État Écolo. La nouvelle députée bruxelloise Isabelle Pauthier, ancienne directrice de l’Atelier de recherche et d’action urbaine (ARAU), était la candidate soutenue par la co-présidence du parti pour occuper cette fonction, mais elle n’a obtenu la majorité requise ni lors du vote indicatif au sein du groupe parlementaire bruxellois, ni devant l’assemblée générale d’Écolo. Sa candidature suscitait de fortes réticences chez certains militants tant en raison de sa vision de la ville (jugée clivante et peu favorable au développement de Bruxelles) que par le fait qu’elle semblait prendre la place d’une autre parlementaire dont la légitimité en interne était plus forte. La candidature de B. Trachte a alors été présentée par la co-présidence d’Écolo et elle a recueilli un soutien suffisant des militants.

91 Du côté de Défi, D. Gosuin, ministre bruxellois sortant et bourgmestre d’Auderghem, a fait le choix d’exercer son mandat mayoral, son parti imposant la règle du décumul, et de mettre un terme à sa carrière ministérielle. B. Clerfayt devient ministre. Il doit, pour la même raison de règle interne au parti, se mettre en congé de son poste de bourgmestre de Schaerbeek au profit de la secrétaire d’État bruxelloise sortante et conseillère communale (jusqu’alors échevine empêchée) Cécile Jodogne, qui devient bourgmestre faisant fonction le 18 juillet 2019 (soit le même jour que celui de la prestation de serment de B. Clerfayt comme ministre, cf. infra).

92 E. Van den Brandt devient ministre Groen et numéro deux du gouvernement bruxellois.

93 Assumant la défaite de son parti aux élections, G. Vanhengel cède sa place à S. Gatz, qui devient ministre régional (il était initialement prévu que cette transition se fasse en cours de mandat), tandis que G. Vanhengel est désigné premier vice-président du Parlement bruxellois. S. Gatz demeure ministre du gouvernement flamand tant que celui-ci est en affaires courantes, mais ses attributions font l’objet d’un changement (cf. infra).

94 Pour one.brussels-sp.a, le ministre bruxellois sortant P. Smet devient secrétaire d’État, son parti étant le troisième en ordre d’importance au sein de la coalition néerlandophone à l’issue des élections. Fouad Ahidar est désigné président de l’Assemblée de la VGC.

2.3.2. La composition du gouvernement

95 À l’instar du précédent, le gouvernement est présidé par R. Vervoort (PS), qui avait succédé à ce poste à Charles Picqué (PS), après la démission de ce dernier un an avant le scrutin régional du 25 mai 2014.

96 Outre le ministre-président, le gouvernement Vervoort III compte dans ses rangs, comme le prévoit la loi, deux ministres francophones et deux ministres néerlandophones ; en l’occurrence, il s’agit respectivement d’A. Maron (Écolo) et de B. Clerfayt (Défi), d’une part, et d’E. Van den Brandt (Groen) et de S. Gatz (Open VLD), d’autre part. Les trois secrétaires d’État sont N. Ben Hamou (PS), P. Smet (one.brussels-sp.a) et B. Trachte (Écolo). B. Clerfayt, S. Gatz et P. Smet ont par le passé été membres d’un autre gouvernement (à savoir que le premier a été secrétaire d’État fédéral et que les deux autres ont été ministres flamands).

97 Le gouvernement bruxellois Vervoort III compte six nouvelles personnes parmi ses huit membres  [68]. Les deux seuls membres ayant fait partie d’une coalition bruxelloise précédente sont R. Vervoort, ministre-président depuis le 7 mai 2013  [69], et P. Smet, secrétaire d’État puis ministre bruxellois (de 2003 à 2019, sauf de 2009 à 2014 où il était ministre au sein du gouvernement flamand)  [70].

98 En 2014, pour la première fois dans l’histoire de la Région de Bruxelles-Capitale, le gouvernement avait compté autant de femmes que d’hommes, alors que la loi n’impose pas la parité mais seulement la mixité au sein de chacun des trois collèges de Commission communautaire (concrètement, la mixité s’impose donc au niveau des ministres, qui forment ensemble le collège réuni de la COCOM, et dans chacune des deux ailes linguistiques du gouvernement, secrétaires d’État inclus, celles-ci formant les collèges de la COCOF et de la VGC). En 2019 par contre, le gouvernement n’est pas paritaire : il compte 3 femmes (dont une seule est ministre) pour 5 hommes (dont un seul est secrétaire d’État).

99 Le gouvernement Vervoort III réunit des élus venant de Bruxelles-Ville (N. Ben Hamou et P. Smet), d’Evere (R. Vervoort), de Ganshoren (E. Van den Brandt), de Jette (S. Gatz), de Saint-Gilles (A. Maron) et de Schaerbeek (B. Clerfayt et B. Trachte). Les communes d’Anderlecht, d’Auderghem et d’Uccle étaient représentées dans le gouvernement précédent mais ne le sont plus dans le nouvel exécutif bruxellois. Celles de Forest, d’Ixelles, de Watermael-Boitsfort, de Woluwe-Saint-Lambert et de Woluwe-Saint-Pierre ne le sont pas davantage, de sorte que les deux tiers sud de la Région ne sont pas représentés au sein du gouvernement Vervoort III.

Carte 1

Provenance des membres du gouvernement Vervoort II

Provenance des membres du gouvernement Vervoort II

Provenance des membres du gouvernement Vervoort II

Carte 2

Provenance des membres du gouvernement Vervoort III

Provenance des membres du gouvernement Vervoort III

Provenance des membres du gouvernement Vervoort III

100 Le 18 juillet, les membres du nouveau gouvernement bruxellois sont élus par le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et prêtent serment devant cette assemblée (les ministres le matin et les secrétaires d’État en début d’après-midi). Le même jour à 13h30, le ministre-président prête serment devant le Roi. La veille, 17 juillet, conformément à la tradition qui prévaut dans cette entité fédérée, le précédent gouvernement régional bruxellois a présenté sa démission.

101 Le gouvernement bruxellois Vervoort III obtient la confiance du parlement régional la veille de la fête nationale, le samedi 20 juillet  [71]. Lors de cette séance, 86 députés sur 89 sont présents : 50 votent oui (PS, Écolo, Défi, Groen, Open VLD, one.brussels-sp.a et DierAnimal), 35 votent non (MR, PTB, CDH, N-VA, Vlaams Belang, CD&V et PVDA) et un s’abstient (Agora). On remarquera le vote positif de l’élue de la liste francophone DierAnimal, Victoria Austraet  [72], et l’abstention de l’élu de la liste néerlandophone Agora, Pepijn Kennis  [73] ; tous deux siègent pourtant dans l’opposition.

102 Le collège réuni de la COCOM a également R. Vervoort pour président. Quant aux deux collèges communautaires, composés chacun des membres – francophones ou néerlandophones, selon le cas – du gouvernement régional, ils sont présidés par deux femmes, respectivement B. Trachte (Écolo) et E. Van den Brandt (Groen). Ces collèges obtiennent la confiance de leur assemblée parlementaire respective le 20 juillet pour celui de la COCOF et le 18 septembre pour celui de la VGC. À l’Assemblée de la COCOF, 69 membres sur 72 sont présents au moment du vote : 40 votent oui (PS, Écolo, Défi et DierAnimal) et 29 non (MR, PTB et CDH). Les 17 membres de l’Assemblée de la VGC (Raad van de Vlaamse Gemeenschapscommissie) sont tous présents lors du vote de confiance : 10 votent oui (Groen, Open VLD et one.brussels-SP.A), 6 non (N-VA, Vlaams Belang, CD&V et PVDA) et un s’abstient (Agora).

103 Au moment de la formation du gouvernement bruxellois Vervoort III, la majorité détient 41 sièges sur 72 dans le groupe linguistique français du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et 10 sur 17 dans le groupe linguistique néerlandais, soit 51 sur 89 pour l’ensemble. Du côté francophone, la majorité est toutefois diminuée d’un siège au moment de l’installation du gouvernement : cela est dû au fait que la députée régionale bruxelloise Nadia El Yousfi a quitté le groupe PS peu avant la prestation de serment du gouvernement devant le Parlement bruxellois, le 18 juillet, et a décidé de siéger désormais comme indépendante. En conséquence, le groupe PS a été ramené à 16 sièges, soit un de plus seulement que le groupe Écolo. Toutefois, N. El Yousfi rejoindra son groupe à la mi-septembre (cf. infra)  [74].

2.3.3. Les attributions des membres du gouvernement régional et des Commissions communautaires

104 En même temps qu’est composé le gouvernement bruxellois, sont constitués les collèges des Commissions communautaires commune (COCOM), française (COCOF) et flamande (VGC). Seuls les ministres régionaux font partie du collège de la COCOM, tandis que les ministres et les secrétaires d’État de chaque groupe linguistique participent au collège de la COCOF ou de la VGC. La répartition des compétences au sein des trois exécutifs est communiquée le 18 juillet.

105 Dans le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale :

  • Rudi Vervoort (PS) est ministre-président, chargé du Développement territorial et de la Rénovation urbaine, du Tourisme, de la Promotion de l’image de Bruxelles et du Biculturel d’intérêt régional ;
  • Elke Van den Brandt (Groen) est ministre, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière ;
  • Alain Maron (Écolo) est ministre, chargé de la Transition climatique, de l’Environnement, de l’Énergie et de la Démocratie participative ;
  • Sven Gatz (Open VLD) est ministre, chargé des Finances, du Budget, de la Fonction publique, de la Promotion du multilinguisme et de l’image de Bruxelles ;
  • Bernard Clerfayt (Défi) est ministre, chargé de l’Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique et des Pouvoirs locaux ;
  • Nawal Ben Hamou (PS) est secrétaire d’État, chargée du Logement et de l’Égalité des chances ;
  • Pascal Smet (one.brussels-sp.a) est secrétaire d’État, chargé de l’Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l’incendie et l’Aide médicale urgente ;
  • Barbara Trachte (Écolo) est secrétaire d’État, chargée de la Transition économique et de la Recherche scientifique.

107 Au sein du collège réuni de la COCOM :

  • Rudi Vervoort (PS) est président, en charge de la coordination de la politique du collège réuni ;
  • Alain Maron (Écolo) est membre, en charge de l’Action sociale et de la Santé ;
  • Elke Van den Brandt (Groen) est membre, en charge de l’Action sociale et de la Santé ;
  • Bernard Clerfayt (Défi) est membre, en charge des Prestations familiales, du Budget, de la Fonction publique et des Relations extérieures ;
  • Sven Gatz (Open VLD) est membre, en charge des Prestations familiales, du Budget, de la Fonction publique et des Relations extérieures.

109 Dans le collège de la COCOF :

  • Barbara Trachte (Écolo) est ministre-présidente, chargée du Budget, de la Fonction publique et des Familles ;
  • Rudi Vervoort (PS) est ministre, chargé de la politique de l’Enseignement, des Crèches, de la Culture, du Handicap, des Affaires étudiantes, du Tourisme et du Transport scolaire ;
  • Alain Maron (Écolo) est ministre, chargé de l’Action sociale et de la Santé ;
  • Nawal Ben Hamou (PS) est ministre, chargée de la Cohésion sociale et du Sport ;
  • Bernard Clerfayt (Défi) est ministre, chargé de la Formation professionnelle et des Relations internationales.

112 Au sein du collège de la VGC :

  • Elke Van den Brandt (Groen) est présidente, compétente pour le Budget, le Bien-être, la Santé, la Famille et la Politique de la ville ;
  • Sven Gatz (Open VLD) est membre, compétent pour l’Enseignement et la Construction d’écoles ;
  • Pascal Smet (one.brussels-sp.a) est membre, compétent pour la Culture, la Jeunesse, les Sports et les Centres communautaires.

114 Début août, la presse fait état du fait que, lors des négociations en vue de la formation du gouvernement bruxellois, le président de Défi, O. Maingain, a obtenu un accord de principe concernant la création d’un nouveau poste visant à renforcer les relations entre la Région wallonne, la Région bruxelloise et la Communauté française. Les contours de la fonction doivent encore être fixés. Pour le président de Défi, qui se verrait bien occuper le poste, « il faudrait avoir une vision commune sur le plan économique et social. Avec la fin des mécanismes de solidarité entre les Régions, il faudra assumer l’autonomie économique des francophones »  [75]. En reconnaissant qu’il y a un accord sur le principe, R. Vervoort précise qu’il s’agira d’un poste de liaison entre Communauté et Régions. Ce poste devrait s’exercer à titre gratuit, mais il nécessiterait que des collaborateurs (le nombre de quatre ou cinq est évoqué) y soient affectés, sans que les modalités de leur financement soient définies.

115 Le projet de création de ce poste ne fait pas l’unanimité, y compris dans les rangs de la majorité. Du côté néerlandophone, le CD&V et le Vlaams Belang considèrent que la Flandre est mise de côté, aucune fonction supplémentaire pour renforcer les liens avec la Flandre n’étant envisagée, tandis que la députée bruxelloise réélue Cieltje Van Achter (N-VA) indique que l’idée de renforcer les liens entre la Région bruxelloise et les différentes Communautés est une bonne idée mais estime que cela peut se faire de gouvernement à gouvernement. Côté francophone, le MR parle de mascarade et d’une fonction inutile, chère et anti-démocratique, et le CDH, par la voix de C. Fremault, juge hallucinant ce nouveau « brol » institutionnel aux contours imprécis, au financement et aux procédures de sélection de l’agent de liaison non déterminés. Selon W. Borsus, négociateur du MR pour la formation des gouvernements en Région wallonne et en Communauté française, il a été convenu avec les négociateurs du PS et d’Écolo (ce que les intéressés ne confirment ni n’infirment) de ne pas coopérer du tout avec l’agent de liaison ; les accords de majorité conclus dans ces deux entités fédérées ne feront d’ailleurs pas mention de coopération avec ses services.

116 Le 18 septembre, le sujet fait l’objet de trois interpellations à l’Assemblée de la COCOF. La nouvelle ministre-présidente de la COCOF, B. Trachte, y répond en précisant que les relations avec les autres entités fédérées et les nécessaires coordinations sont du ressort de la ministre-présidence de la COCOF. En d’autres mots, c’est à elle que revient le rôle d’agent de liaison francophone. Elle indique que le poste d’agent de liaison francophone ne verra pas le jour, parce que les déclarations de politique générale de la Région wallonne et de la Communauté française ne font pas mention de cette fonction et que le vice-président du nouveau gouvernement wallon, W. Borsus, a exclu la création d’une telle fonction. Cela fait dire au député Gaëtan Van Goidsenhoven (MR) que l’on vient « d’assister à un enterrement institutionnel ». Le lendemain, O. Maingain réagit dans la presse, en s’étonnant de la réaction de B. Trachte qui, selon lui, n’a peut-être pas été correctement informée : « Je peux vous dire que la fonction d’agent de liaison francophone sera bien exercée. Cela fait partie d’un accord politique, il sera respecté ». Il indique que l’agent de liaison va réaliser un travail prospectif sur la manière dont les matières qui dépendent des différentes entités peuvent être mieux articulées sur le terrain (recherche scientifique, culture, mobilité, etc.).

117 Le 20 septembre, les responsables bruxellois du PS, d’Écolo et de Défi confirment la création d’un Délégué aux solidarités Bruxelles-Wallonie. Le même jour, le nouveau ministre-président de la Communauté française, P.-Y. Jeholet (MR) affirme dans la presse qu’il ne compte pas voir « une demi-fois » l’agent de liaison. Le 4 octobre, B. Trachte – à qui diverses questions sur ce sujet ont été adressées par G. Van Goidsenhoven au Parlement francophone bruxellois – déclare qu’il y a un accord sur la création d’un poste (dont cependant ni l’intitulé exact ni les contours précis ne sont encore totalement définis), ajoutant que la coordination et le renforcement de la coopération entre la COCOF, la Région wallonne et la Communauté française demeurent sa prérogative. Le 25 octobre, elle répond qu’elle n’a pas encore reçu la lettre de mission du principal intéressé. Le 22 novembre, elle dit n’avoir rien reçu d’O. Maingain (alors que celui-ci a fait part dans la presse de son intention de déposer son projet de lettre de mission).

118 Malgré les oppositions, O. Maingain répète le 29 novembre sur la chaîne de télévision régionale bruxelloise BX1 qu’il sera l’agent de liaison entre les différents niveaux de pouvoir francophones et qu’il va envoyer un projet de lettre de mission au collège de la COCOF. Suite à cette déclaration, et en réponse à des questions d’actualité émanant de G. Van Goidsenhoven, la ministre-présidente de la COCOF indique, le 6 décembre 2019, qu’O. Maingain ne lui a encore rien communiqué puis, le 17 janvier 2020, qu’elle a reçu un courrier de la part de « l’agent pressenti » et que ce courrier nécessitait l’apport d’un certain nombre de précisions. Elle refuse, à ce stade, de se prononcer sur le sujet, qui sera mis à l’ordre du jour d’une prochaine réunion du collège de la COCOF. Les contours et le contenu de l’exercice de la mission demeurent dès lors toujours incertains à ce stade. Par ailleurs, il n’y a pas de ligne budgétaire pour financer cette mission dans le budget 2020  [76].

2.3.4. Les répercussions sur l’assemblée

119 Lorsque le Parlement bruxellois issu des élections du 26 mai 2019 est installé, le 11 juin, le gouvernement Vervoort II continue à expédier les affaires courantes. Eu égard à l’incompatibilité entre la fonction de ministre ou de secrétaire d’État et celle de député  [77], les membres du gouvernement démissionnaire doivent être remplacés dans l’assemblée régionale par leurs suppléants, au moins jusqu’à la mise en place du nouvel exécutif. Les personnes suivantes sont ainsi appelées à remplacer les ministres et secrétaires d’État régionaux : Véronique Jamoulle en remplacement de R. Vervoort, Khadija Zamouri en remplacement de G. Vanhengel, Hilde Sabbe en remplacement de P. Smet, Rachid Azaoum en remplacement de C. Fremault  [78], Cécile Vainsel en remplacement de F. Laanan, Joris Poschet en remplacement de B. Debaets et, ultérieurement (le 18 juillet 2019), en raison de l’absence de la secrétaire d’État à la séance du 11 juin « pour raisons personnelles », Sadik Köksal en remplacement de C. Jodogne  [79]. En outre, toujours sur les bancs du Parlement bruxellois, Simone Susskind remplace R. Madrane, ministre du gouvernement démissionnaire de la Communauté française  [80]. Le 17 juillet 2019, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et les secrétaires d’État démissionnent (cf. supra), à la suite de quoi R. Vervoort, G. Vanhengel, P. Smet, C. Fremault, F. Laanan et B. Debaets reprennent leur mandat de membre du Parlement.

120 Les ministres du nouveau gouvernement ayant prêté serment, ils sont remplacés au sein de l’assemblée le 18 juillet : R. Vervoort par V. Jamoulle, E. Van den Brandt par Soetkin Hoessen, A. Maron par Ingrid Parmentier, et S. Gatz par K. Zamouri. Pour sa part, B. Clerfayt, qui avait décidé de ne pas siéger comme député régional, a été remplacé par Nicole Nketo Bomele dès le mois de juin. Le même 18 juillet a lieu le remplacement des secrétaires d’État régionaux : P. Smet par H. Sabbe et B. Trachte par Pierre-Yves Lux. N. Ben Hamou n’étant pas députée bruxelloise, elle ne doit pas être remplacée au sein du Parlement.

121 Outre B. Clerfayt, d’autres personnes élues au Parlement bruxellois le 26 mai 2019 ont renoncé à siéger avant l’installation de cette assemblée : Philippe Close (PS, bourgmestre de Bruxelles-Ville : remplacé par Martin Casier), Boris Dilliès (MR, bourgmestre d’Uccle : remplacé par Latifa Aït Baala) et Ahmad Haagiloee (PTB : remplacé par Luc Vancauwenberghe)  [81], ainsi que Paul Delva et Brigitte Grouwels (élus premier et deuxième suppléants sur la liste CD&V).

122 Par ailleurs, Rajae Maouane (Écolo), devenue co-présidente du parti la veille, démissionnera du Parlement bruxellois le 16 septembre 2019. Elle y sera remplacée le jour même par I. Parmentier, qui siégeait jusqu’alors en remplacement d’A. Maron et qui deviendra alors membre effective, tandis que Margaux de Ré deviendra la suppléante siégeant en remplacement du ministre.

2.4. Un processus rapide mais pas exempt de tensions

123 Si la Région bruxelloise est la première Région à se doter d’un gouvernement (et la deuxième entité fédérée, après la Communauté germanophone), et cela moins de deux mois après le scrutin du 26 mai 2019, le processus, pour rapide qu’il ait été  [82], n’a pas été exempt de tensions. Des tensions entre le MR et l’Open VLD bruxellois, le premier reprochant au second de ne pas avoir tout fait pour le faire monter dans le gouvernement. Des tensions au sein des partis : Open VLD, Écolo et PS ont connu des dissensions internes, le premier à différents moments au cours du déroulement des négociations, les deux suivants au moment d’attribuer les postes au sein du gouvernement.

124 Jusqu’au bout, et à cinq reprises, le MR a tenté de forcer les portes du gouvernement bruxellois par l’entremise de l’état-major de l’Open VLD, qui s’est finalement heurté à l’autonomie de sa section bruxelloise. Dès le 19 juillet 2019, en conséquence de la constitution du gouvernement bruxellois et à titre de représailles de la présidente de l’Open VLD à l’encontre de G. Vanhengel et de S. Gatz pour n’avoir pas fait en sorte que le MR participe au gouvernement bruxellois, un changement de compétences est survenu au sein du gouvernement flamand Homans (N-VA/CD&V/Open VLD) en affaires courantes : S. Gatz a été déchargé de presque toutes ses attributions pour ne garder que celle de ministre flamand des Affaires bruxelloises, Lydia Peeters devenant vice-ministre-présidente à sa place et reprenant ses autres compétences (Culture, Médias et Jeunesse) tout en conservant celles qu’elle détenait déjà (Budget, Finances et Énergie)  [83]. La négociation de l’accord de gouvernement a fait apparaître clairement des tensions entre les instances nationales de l’Open VLD et la composante bruxelloise du parti, de manière plus évidente encore qu’en 2014. Et la présidente du parti, G. Rutten, sort désavouée de ses tentatives d’imposer le MR aux négociateurs bruxellois. Mais il se dit aussi que l’attitude de la présidente de l’Open VLD est tout autant un signal en direction de la N-VA  [84].

125 L’assemblée générale d’Écolo au cours de laquelle l’accord de gouvernement a été avalisé et où les postes ont été attribués a donné lieu à ce que d’aucuns ont appelé un « psychodrame », le désaveu de la personne que la co-présidence avait présentée comme candidate au poste de secrétaire d’État étant perçu comme un échec personnel de la co-présidente Z. Khattabi, qui a quitté la réunion avant sa fin.

126 Pour sa part, la désignation de l’autre secrétaire d’État francophone a mis en lumière des tensions au sein du PS : l’éviction de F. Laanan au profit de N. Ben Hamou a été critiquée au sein de la fédération bruxelloise du parti. Aux dires de certains, L. Onkelinx aurait voulu se venger vis-à-vis des socialistes qui s’étaient montrés critiques envers les dérives au sein du Samusocial lorsque ce scandale a éclaté. Mais il est vrai, comme indiqué supra, que la position de F. Laanan était fragilisée par des problèmes à l’agence Bruxelles-Propreté et par son résultat électoral en baisse. Début septembre, la presse relatera que le chef de groupe PS à la Chambre des représentants, Ahmed Laaouej, qui remplacera L. Onkelinx à la tête de la fédération bruxelloise du PS le 19 octobre 2019 (ce qui n’était pas connu en juillet), aurait tenté de s’opposer à la nomination de N. Ben Hamou. Mais A. Laaouej démentira cette information.

127 Au même moment, une défection de courte durée a été enregistrée par le PS. Le 18 juillet 2019, N. El Yousfi a indiqué au président du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale qu’elle siégerait désormais en qualité de députée indépendante. Ce sont des désaccords avec la direction de la fédération bruxelloise du PS et en particulier sa présidente, L. Onkelinx, qui ont été à l’origine de sa décision. N. El Yousfi a pointé principalement une opacité croissante dans la prise de décision, des carences au niveau de la démocratie interne et l’absence de débats entre élus et militants. Elle a reconnu avoir été demandeuse d’une place dans le bureau de la COCOF, qui ne lui a pas été attribuée. Mais elle a réfuté l’idée qu’elle aurait souhaité avoir le poste de secrétaire d’État, tout en indiquant ne pas comprendre le choix qui a été fait (qualifiant cette désignation de dysfonctionnement). Pour autant, elle n’a pas démissionné de son parti, en attendant de voir comment se comportera la nouvelle équipe dirigeante du PS bruxellois qui devra être élue en octobre. Le 10 septembre 2019, soit moins de deux mois après sa démission du groupe PS, elle annoncera au président du Parlement bruxellois sa réintégration dans le groupe PS de cette assemblée (qui retrouvera ainsi son nombre de départ : 17 membres)  [85]. En effet, elle dira alors estimer avoir reçu des garanties suffisantes quant au fonctionnement de son parti, notamment de la part du chef du groupe PS au Parlement bruxellois, Ridouane Chahid. Ainsi, ce n’est que temporairement la majorité bruxelloise aura été réduite d’une unité  [86]. Toutefois, la défection d’E. Özkara, le 18 janvier 2020, ramènera à nouveau le groupe PS du Parlement bruxellois à 16 membres.

2.5. Un processus au déroulement et au résultat inédits

128 La composition du nouveau gouvernement bruxellois (PS, Écolo, Défi, Groen, Open VLD, one.brussels-spa) est inédite, tant du côté francophone que du côté néerlandophone.

129 Si le PS a été de tous les gouvernements depuis la création des institutions bruxelloises en 1989, Écolo et Défi (ou le FDF) n’avaient jamais participé à une même coalition bruxelloise. De même, Groen (ou Agalev) n’avait jamais gouverné avec le SP.A (ou le SP) précédemment. Et c’est la première fois que le CD&V (ou le CVP) ne fait pas partie de la coalition au pouvoir.

130 En outre, pour la première fois, la formation du gouvernement bruxellois ne s’est pas déroulée au même rythme qu’en Région wallonne ou qu’en Communauté française. Les contacts entre les négociateurs bruxellois et leurs homologues wallons semblent même avoir été assez restreints.

3. La formation du gouvernement wallon et du gouvernement de la Communauté française

131 Lors du scrutin régional du 26 mai 2019, le PS confirme son statut de premier parti de Wallonie ainsi que de la Région bruxelloise, et ce malgré un recul électoral significatif (– 4,7 % en Wallonie et – 4,6 % en Région bruxelloise)  [87]. En conséquence, il forme cette fois encore le groupe le plus important au sein du Parlement wallon  [88] ainsi qu’au Parlement de la Communauté française  [89]. Dès lors, le président du PS, Elio Di Rupo, ainsi que le porte-parole du parti, Paul Magnette, prennent l’initiative de la formation du gouvernement wallon et, simultanément, de celui de la Communauté française. Comme souvent par le passé, la formation de ces deux exécutifs est menée de front, sans toujours qu’une distinction nette ne soit établie. Par ailleurs, cette fois tout particulièrement, ces tractations sont conduites en laissant le plus souvent de côté le processus de formation du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale mené en parallèle.

132 La hiérarchie des partis est similaire au Parlement wallon et au Parlement de la Communauté française. Le PS dispose de 23 sièges (– 7) dans le premier et de 28 (– 8) dans le second. Bien qu’il enregistre aussi un recul électoral, le MR confirme sa deuxième position, avec 20 sièges (– 5) en Wallonie et 23 (– 7) en Communauté française. Avec 12 sièges (+ 8) en Wallonie et 16 (+ 10) en Communauté française, Écolo redevient la troisième force dans chacune des deux assemblées. Il est suivi par le PTB, qui dispose de 10 élus (+ 8) au sein du Parlement wallon et de 13 (+ 11) au sein du Parlement de la Communauté française et occupe ainsi, pour la première fois de son histoire, le quatrième rang. Le CDH connaît un nouveau revers électoral et est relégué à la cinquième position, avec 10 sièges (– 3) en Wallonie et 11 (– 5) en Communauté française. Défi n’obtient quant à lui aucun siège en Wallonie, mais 3 de ses députés bruxellois sont également membres du Parlement de la Communauté française, comme lors de la législature précédente.

133 Dans chacune de ces deux assemblées, une seule bipartite pourrait être formée : celle associant le PS et le MR. En dehors de cette option, toute coalition doit, pour être majoritaire, regrouper au minimum trois partis.

3.1. Premières consultations et premiers retraits

134 Le mercredi 29 mai 2019, E. Di Rupo et P. Magnette initient un premier tour de consultations, en commençant par la formation ayant obtenu le meilleur résultat après le PS. Ils reçoivent ainsi Charles Michel, président du MR et Premier ministre  [90], et Willy Borsus, ministre-président wallon sortant. Le même jour, ils reçoivent deux représentants d’Écolo : Jean-Marc Nollet, co-président du parti tout juste réélu député fédéral, et Stéphane Hazée, député wallon et de la Communauté française. À l’issue de cette rencontre, J.-M. Nollet déclare : « On est forts du poids donné par les électeurs et notre responsabilité est de la traduire au mieux dans un accord de gouvernement »  [91].

135 Après le long week-end de l’Ascension, E. Di Rupo et P. Magnette reçoivent, le lundi 3 juin, Maxime Prévot, président du CDH, Jean-Paul Bastin, vice-président de ce parti, et Alda Greoli, vice-présidente sortante du gouvernement wallon et de celui de la Communauté française. Alors que le CDH vient de réaliser le plus mauvais score de son histoire, tant en Wallonie (avec 11,0 % des suffrages) qu’à Bruxelles (avec 7,6 % des suffrages dans le groupe linguistique français), M. Prévot indique qu’une réflexion est en cours au sein de son parti afin de déterminer si le CDH doit opter pour une « cure d’opposition » ou s’il souhaite contribuer activement à la formation d’une coalition. Cette réflexion suscite des réactions contrastées au sein du parti puisque certains mandataires défendent fermement l’idée que le CDH doit rejoindre les bancs de l’opposition, comme Catherine Fonck, chef du groupe CDH à la Chambre des représentants, ou le ministre wallon sortant Carlo Di Antonio, alors que d’autres rejettent catégoriquement cette idée, comme le député fédéral Josy Arens.

136 Le 3 juin, E. Di Rupo et P. Magnette rencontrent également trois représentants du PTB : son président, Peter Mertens, son porte-parole national, Raoul Hedebouw, et son porte-parole francophone, Germain Mugemangango . Après cette rencontre, R. Hedebouw déclare : « La vocation d’un parti politique est de monter dans une majorité, mais il faut une rupture : nous sommes prêts à faire des compromis, mais pas des compromissions ». Le même jour, invité sur La Première (RTBF radio), le secrétaire général de la FGTB wallonne, Thierry Bodson, réitère l’appel qu’il a publiquement exprimé dès septembre 2017 à l’intention du PS, d’Écolo et du PTB, leur demandant de former une tripartite clairement marquée à gauche afin de rompre avec les politiques menées en Wallonie et au niveau fédéral par des gouvernements incluant le MR.

137 Le 4 juin, la rencontre prévue par E. Di Rupo et P. Magnette avec le président de Défi, Olivier Maingain, doit être annulée par celui-ci pour des raisons personnelles. En revanche, les deux leaders socialistes reçoivent les représentants des trois syndicats : FGTB, CSC et CGSLB. La presse relate que les différents interlocuteurs n’ont pas discuté de la composition éventuelle des futures coalitions mais que les représentants syndicaux ont fait part de leurs priorités et de leur attachement au « modèle mosan » de concertation sociale, mis à mal selon eux depuis l’été 2017 par le gouvernement Borsus (MR/CDH).

138 Le lendemain, c’est au tour des organisations patronales d’être reçues par les deux hommes. Ceux-ci rencontrent des représentants du secteur non marchand, de la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA), du Syndicat neutre pour indépendants (SNI), de l’Union des classes moyennes (UCM) et de l’Union wallonne des entreprises (UWE). La presse relate que, selon la demande des deux formateurs, « moins que d’évoquer leurs priorités », les représentants reçus « ont (…) surtout mis l’accent sur les solutions que chacun entrevoit aux problématiques budgétaires, à la fin progressive des transferts nord-sud, aux questions de formation, aux défis environnementaux »  [92]. Le 5 juin toujours, les deux socialistes reçoivent des représentants de la plateforme d’associations environnementalistes Inter-Environnement Wallonie (IEW), emmenés par la secrétaire générale de l’organisation, Céline Tellier.

139 Le même jour, M. Prévot annonce que le CDH opte officiellement pour l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. Cette décision, qui a été adoptée par le bureau politique du parti le jour même, n’est pas sans provoquer des désaccords en interne, exprimés par l’ancien député wallon et communautaire Benoît Drèze le 22 juin et par J. Arens le 25 juin.

140 À l’issue du premier tour de consultations, le nombre de coalitions envisageables se trouve restreint en conséquence du choix du CDH de rejoindre l’opposition, d’autant qu’une alliance entre le MR et le PTB est politiquement exclue. Ne restent dès lors à première vue que trois options : une bipartite PS/MR, une tripartite associant ceux-ci à Écolo, soit les trois principaux partis de Wallonie, ou une tripartite plus marquée à gauche, alliant PS, Écolo et PTB. Le 6 juin, commentant une étude réalisée par le consortium universitaire RepResent (Universiteit Antwerpen - UAntwerpen, Katholieke Universiteit Leuven - KU Leuven, Université catholique de Louvain - UCLouvain, Université libre de Bruxelles - ULB et Vrije Universiteit Brussel - VUB), La Libre Belgique relève que le PS, Écolo et le PTB ont un positionnement politique particulièrement proche, tant sur un axe socio-économique que sur un axe socio-culturel. Une alliance entre ces trois formations, à laquelle une partie des militants du PS semble attachée, est au contraire crainte voire vilipendée par une autre fraction de ce parti. Elle est également pourfendue par le MR, dont des cadres estiment que l’inclusion du PTB dans le gouvernement wallon représenterait « un choix “suicidaire d’appauvrissement de la Wallonie” et un “signal particulièrement désastreux” envoyé à la Flandre », au moment même où les discussions entre la N-VA et le VB suscitent l’émoi dans l’opinion francophone  [93]. Par ailleurs, la question même de la volonté ou non du PTB de participer à une coalition se trouve posée, ce parti n’étant pas parvenu ou, selon les versions, n’ayant pas réellement cherché à intégrer des majorités communales en Wallonie ou en Région bruxelloise après le scrutin local du 14 octobre 2018, et ce bien qu’il ait été associé à des négociations dans plusieurs entités, en particulier à Molenbeek-Saint-Jean, à Charleroi et à Herstal.

141 Un deuxième tour de consultations est lancé par E. Di Rupo et P. Magnette, auquel le CDH n’est pas convié vu le choix exprimé par les instances dirigeantes de ce parti de siéger dans l’opposition. Le vendredi 7 juin, ce sont à nouveau d’abord C. Michel et W. Borsus qui sont reçus par le duo socialiste. Durant deux heures, les propositions des uns et des autres sont débattues afin de tenter de dégager des points de convergence. Le même jour, une rencontre entre E. Di Rupo, P. Magnette et des représentants de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) est également organisée.

142 Après le week-end de la Pentecôte, le mardi 11 juin, des dirigeants de structures militantes et des citoyens engagés (syndicalistes, chercheurs, artistes et membres de diverses associations), issus de différents courants de gauche, publient dans le quotidien Le Soir une carte blanche appelant à la formation d’une coalition PS/Écolo/PTB. Leur enjoignant de « prendre leurs responsabilités », les signataires invitent ces trois partis à dépasser leurs divergences, estimant que « la conclusion d’un accord de gouvernement mêlant les différentes nuances de la gauche, qui mettrait en œuvre des politiques fiscales, sociales et climatiques audacieuses en rupture franche avec l’austérité, représenterait un formidable rayon d’espérance » et serait susceptible d’« opposer un contre-discours positif à la pensée unique néolibérale ». Conscient des difficultés, ce collectif indique qu’« une telle alliance pourrait (…) prendre la forme d’un accord selon le modèle “portugais”  [94], le PTB apportant son appui externe à un programme de gouvernement progressiste constitué du binôme PS–Écolo ». À défaut d’entente à gauche, les signataires redoutent « le retour en force du MR » en Région wallonne et en Communauté française. Parmi les signataires du texte, figurent notamment T. Bodson, Jean-Pascal Labille, secrétaire général des mutualités socialistes et ancien ministre fédéral PS, ou encore Josy Dubié, ancien parlementaire Écolo qui avait soutenu en 2014 l’initiative rassemblant différentes formations de gauche radicale PTB-GO! (Parti du travail de Belgique-Gauche d’ouverture!)  [95].

143 Le même jour, les deux négociateurs socialistes revoient les trois représentants du PTB. À la sortie de cette rencontre, R. Hedebouw déclare : « Cela ne sert plus à rien de revoir le PS (…). Nous voulons une rupture franche avec le passé. C’est mal parti ». Le PS maintient toutefois son invitation pour une nouvelle réunion avec le PTB le 13 juin. Mais la veille du jour dit, le PTB décide officiellement de mettre un terme aux discussions avec le PS. G. Mugemangango déclare : « Le PS ne veut pas remettre en question la politique menée ces 20-30 dernières années. Nous ne pouvons pas faire confiance à un parti qui ne sait pas se remettre en question, qui est incapable de faire un auto-examen »  [96]. Il précise : « Nous proposons un plan de relance qui dépasse la logique d’austérité de la Commission européenne. Or le PS n’est pas prêt à dépasser cette logique ». Le PTB estime aussi que le PS n’a pas réellement eu l’intention de gouverner avec lui mais que les rencontres entre les représentants des deux formations étaient destinées à faire porter le chapeau de la rupture au PTB pour mieux faire accepter par la base socialiste le choix de gouverner avec le MR et Écolo. Par ailleurs, le PTB refuse de soutenir de l’extérieur un gouvernement composé du PS et d’Écolo, estimant la formule « portugaise », avancée notamment par P. Magnette quelques jours plus tôt, « illisible sur le plan politique. Soit on est dedans et on assume les décisions prises par la majorité, soit on est dehors ».

144 La tension entre le PS et le PTB est alors à son paroxysme. Le 13 juin, contestant l’analyse du parti de gauche radicale et dénonçant le « Hedebouw show », E. Di Rupo réplique : « On se croirait à l’époque de Staline, ce n’est pas possible »  [97]. Indiquant ne fermer la porte « à aucun parti démocratique », le président du PS indique que seul Écolo a déposé des propositions concrètes. Il rappelle ses critiques à l’égard des politiques, qu’il estime socialement déséquilibrées, ayant été menées par le MR au cours des deux dernières années. Alors que le PS maintient son invitation à l’égard du PTB, ce dernier ne s’y rend pas. Le 16 juin, le PTB rejette une nouvelle invitation du PS en vue d’une autre rencontre.

145 Pour les partisans d’une tripartite de gauche, la déception face à cet échec des discussions est à la hauteur des espoirs qui étaient nés du résultat des urnes. Deux mois plus tard encore, T. Bodson se dira fâché de l’attitude du CDH et du PTB, qui ont privilégié selon lui des « calculs politiciens » et « ont pensé à eux d’abord, et pas aux gens d’abord »  [98], allusion à un slogan du PTB.

3.2. Vers un coquelicot ?

146 Un autre processus connaît un tournant important au même moment. Pendant près de deux ans, des échanges ont eu lieu au sein d’une coordination composée d’une trentaine de personnes issues de la société civile (LaCoordination.org). Ces discussions ont abouti à la rédaction d’un texte qui, approuvé le 11 juin 2019, a pour intitulé « Déclaration non gouvernementale (DNG) » et est adressé aux négociateurs des futurs gouvernements wallon, bruxellois et de la Communauté française  [99]. Les initiateurs de cette DNG sont des responsables d’associations (CNCD-11.11.11, Conseil de la jeunesse catholique, Fédération des maisons médicales, Greenpeace, IEW, Ligue des familles, Mouvement ouvrier chrétien, Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, etc.), de syndicats (CNE, CSC, FGTB Bruxelles et FGTB wallonne) et de mutualités (mutualités chrétiennes et mutualités socialistes). Le texte de 27 pages part du constat « qu’il y a, partout dans le pays, une immense volonté de changement et un manque de clarté sur les termes de ce changement ». Et de donner la direction à suivre : « Nous proposons un changement vers une société décarbonée, inclusive, ouverte et solidaire. (…) La DNG est une proposition transversale et immédiate de changement construite en conjuguant dans une vision commune les revendications sectorielles portées par une grande diversité d’acteurs de la société civile ». La DNG décline les dix priorités de ses signataires pour les niveaux de pouvoir régional et communautaire. Celles-ci portent sur dix thèmes : la transition énergétique, la mobilité durable, la qualité de l’air, le logement, l’enseignement, la pauvreté infantile et des familles, la prospérité économique, l’intégration, les accords commerciaux et d’investissement, et la démocratie.

147 À la mi-juin, à l’issue du deuxième tour des consultations opérées par E. Di Rupo et P. Magnette, seuls le MR et Écolo sont donc en mesure de former une majorité avec le PS. Arithmétiquement, deux coalitions semblent se profiler : une coalition violette (PS/MR), qui rassemblerait 43 députés sur 75 au Parlement wallon et 51 députés sur 94 au Parlement de la Communauté française, ou une coalition arc-en-ciel (PS/MR/Écolo), qui rassemblerait 55 députés au Parlement wallon et 67 députés au Parlement de la Communauté française.

3.2.1. Proposition écologiste et premières réactions

148 Pourtant, le dimanche 16 juin sur lesoir.be et le lundi 17 juin dans Le Soir et sur La Première (RTBF radio), J.-M. Nollet propose une autre formule. Sans faire allusion à la « déclaration non gouvernementale », il appelle à la formation de deux gouvernements « coquelicot », qui rassembleraient le PS et Écolo (35 sièges au Parlement wallon, où la majorité est à 38, et 44 sièges au Parlement de la Communauté française, où la majorité est à 48), qui seraient appuyés par des députés de l’opposition et qui seraient ouverts à la société civile, tant par la présence en leur sein de ministres issus de celle-ci que par l’association des citoyens aux travaux parlementaires via des panels, des commissions mixtes et des consultations populaires. Cette formule, qui impliquerait la mise sur pied d’un gouvernement minoritaire, répondrait selon le co-président d’Écolo à trois signaux de l’électeur : le désaveu de la coalition wallonne MR/CDH sortante, l’aspiration à un changement de cap en faveur de plus de solidarité et plus d’écologie, et le constat d’un « décrochage démocratique ». L’appellation coquelicot renvoie aux couleurs rouge et verte de la fleur, qui pousse en abondance en Wallonie depuis que l’usage des herbicides y a été régulé, et que l’on trouve dans des champs qui « accueillent généralement beaucoup d’autres fleurs plus solitaires, plus sauvages »  [100].

149 Rapidement, cette proposition suscite diverses réactions. Le CDH annonce d’emblée qu’il rejette la formule proposée par Écolo car elle ne garantit pas, selon lui, la stabilité des gouvernements wallon et francophone pour les années à venir. Ce parti « n’envisage pas de structurellement apporter son soutien à un gouvernement minoritaire, quel qu’il soit », refusant d’accorder « un chèque en blanc »  [101]. Du côté du MR, qui se trouve mis sur la touche par une telle formule, on appelle à faire preuve de plus de sérieux, à respecter la deuxième formation wallonne et à éviter « l’aventure » d’un gouvernement minoritaire. W. Borsus privilégie la formation d’une coalition arc-en-ciel : « Nous souhaitons inclure les résultats des élections, et la famille écologiste a bien progressé en Wallonie. De plus, les deux plus grandes familles politiques sont les socialistes et les libéraux »  [102]. L’UWE réagit également de manière négative, plaidant pour « un gouvernement stable » qui puisse s’appuyer sur « une majorité suffisante » pour mener les réformes économiques que l’organisation patronale souhaite  [103]. Quelques jours plus tard, c’est au tour de Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, de critiquer durement l’idée émise par J.-M. Nollet, craignant une instrumentalisation de la société civile  [104].

150 En revanche, dans un communiqué publié le 17 juin, LaCoordination.org prend, avec prudence, la proposition au sérieux et propose de prendre la « déclaration non gouvernementale » comme base de négociation puisque « ce texte a été préparé pendant plusieurs mois et s’appuie sur les mémorandums d’une centaine d’organisations. Il y a là un outil réel, disponible et bénéficiant déjà d’un certain appui ». Au-delà d’une simple consultation, les organisations souhaitent « construire une véritable alliance dans la durée » et résument : « OK pour se mettre autour de la table, mais pour entamer ensemble un tournant majeur, démocratique, juste et durable ».

3.2.2. Un processus de consultation large

151 Le mercredi 19 juin, une troisième rencontre est organisée entre le duo socialiste et le duo écologiste. La présidente de la fédération bruxelloise du PS, Laurette Onkelinx, impliquée dans les négociations en cours à Bruxelles pour former le gouvernement de cette Région (cf. supra), ainsi que la députée bruxelloise et communautaire Écolo Barbara Trachte se joignent aux discussions relatives à la Communauté française. Selon E. Di Rupo, l’objectif est de « travailler, ensemble, à un cœur de programme »  [105]. Si le président du PS ne retient pas à proprement parler la formule du coquelicot, il tient alors manifestement le MR à l’écart des négociations pour se concentrer sur des discussions avec les seuls écologistes. Il est question de « réformes basculantes » (notamment vers une économie circulaire), de bonne gouvernance, de l’établissement d’une « garantie que toutes les décisions du futur gouvernement wallon cadrent avec les objectifs climat » et de la création d’« emplois verts en visant 100 % d’isolation et 100 % d’énergies renouvelables »  [106]. Les négociateurs Écolo font toutefois de l’association de la société civile aux négociations un préalable à tout accord de coalition. Le vendredi 21 juin, le bureau du PS puis le conseil de fédération d’Écolo donnent mandat à leurs négociateurs respectifs de rencontrer ceux de l’autre formation afin de rédiger deux notes – une pour chacun des deux gouvernements à former – à soumettre à la société civile pour discussion avant présentation d’accords de gouvernement aux parlementaires, dans l’espoir de rallier un nombre suffisant de députés dans chaque assemblée.

152 À ce stade, la presse se demande si la piste, inédite mais fragile, du coquelicot peut réellement déboucher sur la formation de gouvernements, qui plus est stables. Elle s’interroge sur le but de la manœuvre : s’agit-il vraiment d’expérimenter quelque chose de neuf ? La société civile jouera-t-elle un rôle actif et conservera-t-elle sa liberté ? Ne s’agit-il pas simplement de pousser le CDH à quitter sa posture d’opposition pour le rallier à un gouvernement de type olivier (soit le nom donné à la coalition PS/Écolo/CDH qui avait dirigé la Région wallonne et la Communauté française entre 2009 et 2014) ? Ou bien ne s’agit-il pas pour les deux partis en négociation, en cas d’échec, de pouvoir montrer à leur base qu’ils ont tout fait pour éviter de devoir gouverner avec le MR ?

153 Le mardi 25 juin, le PS et Écolo bouclent deux textes qui constituent des embryons de projet gouvernemental pour la Région wallonne et pour la Communauté française. Comportant chacun une dizaine de pages, ces textes sont rendus publics le lendemain.

154 Le premier associe préservation de l’environnement, justice sociale et participation des citoyens. Il met l’accent sur la réduction de 55 % des gaz à effet de serre (par rapport à 1990) à l’horizon 2030 afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Cette transition « nécessaire et souhaitable » doit « permettre à chaque Wallonne et chaque Wallon de vivre dans une société apaisée, heureuse, en réduisant au maximum les inégalités et les discriminations et en permettant à chaque individu de s’épanouir dans sa vie professionnelle et personnelle »  [107]. Cette « transition sociale et écologique » doit faire l’objet d’un « pilotage innovant » associant évaluation de l’impact des mesures prises « sur la santé, sur la réduction des inégalités et la lutte contre la pauvreté [et] sur la protection de la biodiversité », valorisation du « modèle mosan » de concertation sociale, et densification de « l’interaction avec la société civile »  [108]. Le futur gouvernement wallon visera la transition économique « vers l’économie circulaire et le développement de secteurs économiques d’avenir tels que le digital, les biotechnologies, la silver economy (dont la domotique et l’intelligence artificielle) ». Le texte évoque aussi « une mobilisation massive pour l’isolation et la rénovation des bâtiments », « davantage de logements accessibles à tous », une mobilité « douce et partagée », le développement des énergies renouvelables ou encore la restauration de la biodiversité  [109]. Le gouvernement promouvra de « nouveaux modes d’organisation du travail, démocratiques (comme les coopératives), respectueux des travailleurs, des droits des consommateurs et de la planète »  [110]. Le plein emploi est visé pour 2030, notamment par un investissement important dans la formation et la refonte de l’action du FOREM, l’organisme wallon de formation, de placement et de contrôle des demandeurs d’emploi. Le texte affirme que les aides à la promotion de l’emploi (APE) verront leurs moyens maintenus et que leur réforme se fera en concertation avec les acteurs concernés  [111] ; PS et Écolo prennent ainsi le contrepied du gouvernement Borsus, dont le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Jeholet (MR), avait entrepris en 2018 une vaste réforme de ce dispositif qui avait fortement mobilisé le secteur  [112]. Différentes mesures sont envisagées en matière d’éthique politique, telle la généralisation du décumul entre les fonctions de député wallon et de membre d’un collège communal  [113]. Le dernier axe concerne la politique européenne et internationale. PS et Écolo promeuvent « la création d’une banque du climat à même de financer les investissements nécessaires à la transition », ainsi qu’« une rupture avec les normes budgétaires actuelles pour permettre de comptabiliser ces investissements hors des soldes budgétaires »  [114]. Ils entendent aussi conditionner la ratification des accords de commerce et d’investissement à une série de critères, faisant clairement écho aux tractations qui, en 2016, avaient vu le Parlement et le gouvernement wallons refuser de signer tel quel le projet d’Accord économique et commercial global entre l’Union européenne et le Canada (CETA)  [115].

155 De manière similaire, le texte relatif à la Communauté française  [116] met l’accent sur les générations futures, sur l’émancipation de tous à travers l’enseignement, la culture et le sport, sur l’accessibilité de l’enseignement supérieur et de l’enseignement de promotion sociale, sur l’égalité des droits (notamment entre hommes et femmes) et la lutte contre les discriminations, sur la participation des citoyens aux processus de décision, ou encore sur l’engagement en faveur de la réduction des gaz à effet de serre avec les mêmes objectifs qu’en Région wallonne. Aucun des deux textes ne présente de perspective budgétaire, ce que ne manque pas de relever la presse.

156 Les jeudi 27 et vendredi 28 juin, ces deux textes sont mis en discussion. Le premier jour, les négociateurs socialistes et écologistes rencontrent une série d’acteurs au Parlement de la Communauté française, à Bruxelles, pour aborder les compétences de cette institution. Sept sessions ont lieu : enseignement ; enseignement supérieur et recherche ; culture ; médias ; enfance et jeunesse ; démocratie et citoyenneté ; santé et action sociale. Le second jour, les consultations ont lieu au Parlement wallon, à Namur, sur un mode plus transversal. Cinq sessions s’enchaînent, associant à chaque fois neuf à douze acteurs, sous les intitulés suivants : vision régionale ; LaCoordination.org (déclaration non gouvernementale) ; climat, biodiversité et environnement ; habitat, développement économique. En fait, les acteurs rencontrés dépassent de loin le cadre de la société civile stricto sensu [117]. Si figurent parmi ceux-ci des représentants de Nature et progrès, de Greenpeace Belgique, de la Fédération des étudiant·e·s francophones (FEF), des mutualités, des syndicats ou des organisations patronales, on trouve aussi parmi les invités la RTBF, RTL, le Fonds de la recherche scientifique (F.R.S.-FNRS), le FOREM ou encore la Fédération wallonne des CPAS. Au total, plus d’une centaine d’associations ou d’institutions sont ainsi convoquées par les négociateurs. Invités à faire part de leurs remarques complémentaires par écrit au plus tard le dimanche 30 juin après-midi, ces acteurs remettent au final quelque 110 contributions aux deux partis politiques en réaction aux textes rédigés par ceux-ci, auxquels s’ajoutent environ 40 mémorandums. Si certains acteurs se montrent heureux du processus et d’avoir pu y porter leur message, d’autres, telle l’ Association belge des syndicats médicaux (ABSYM), font savoir leur mécontentement de ne pas avoir été conviés à ces rencontres. Certains s’émeuvent des sujets mis sur la table : ainsi, la FEF refuse d’envisager des tests d’orientation obligatoires en début d’études supérieures  [118].

3.2.3. Des textes enrichis soumis aux parlementaires

157 Le début du mois de juillet est mis à profit par le PS et Écolo pour analyser le contenu des discussions et des contributions écrites, et pour intégrer aux deux notes les remarques et suggestions qu’ils jugent intéressantes. Le vendredi 5 juillet, les négociateurs bouclent deux textes, significativement plus étoffés puisqu’ils comptent une quarantaine de pages pour celui relatif à la Région wallonne  [119] et une trentaine pour celui concernant la Communauté française  [120]. Après avoir soumis ces deux documents à leurs instances respectives, les deux partis les transmettent le jour même aux députés wallons et de la Communauté française, toujours dans l’espoir, toutefois mince, de rallier le soutien des quelques députés nécessaire à la mise sur pied de gouvernements minoritaires PS/Écolo. Les parlementaires ont jusqu’au mardi 9 juillet pour se prononcer.

158 La deuxième mouture de la note relative aux compétences régionales voit l’apparition de quelques nouveaux axes – qui passent de 20 à 25 au total. L’un d’eux, intitulé « Un soutien marqué au développement des PME et à l’emploi indépendant », concentre diverses mesures de soutien aux acteurs économiques et à l’entrepreneuriat, notamment dans le secteur digital, qui ne figuraient guère dans la première version du texte. D’autres points d’attention des fédérations patronales peuvent être décelés, à l’égard des métiers considérés en pénurie ou de la formation en alternance, par exemple. Mais l’accent de la note demeure mis sur l’écologie, la cohésion sociale et la solidarité, qui « sont intimement liées », et l’approche du gouvernement entend s’inscrire « dans un modèle social égalitaire »  [121], notamment entre hommes et femmes. La conciliation des activités économiques et de la préservation de l’environnement ou de la santé publique est parfois mise à l’épreuve : un passage important est ainsi consacré à l’encadrement strict du développement des deux grands aéroports wallons (Charleroi et Liège). Les axes consacrés à l’environnement ou à la santé font l’objet de développements et de propositions significativement plus abondants que dans le premier texte, manifestement nourris par les organismes et acteurs associatifs consultés. Un axe est consacré aux services publics, qui prévoit de soutenir les pouvoirs locaux, notamment les grandes villes, et qui entend revaloriser la fonction publique, entre autres en privilégiant le régime du statut pour les agents. Un nouvel axe, placé en dernière position, est relatif à la fiscalité régionale et au budget ; il reflète ces priorités sociales et environnementales des négociateurs. Le texte prévoit que le gouvernement wallon « portera à l’échelle européenne une rupture avec les normes budgétaires actuelles pour permettre de comptabiliser les investissements du plan de transition hors des soldes budgétaires ». Il concède toutefois que « la réalisation des mesures sera programmée en fonction des moyens disponibles et des possibilités de réorientation budgétaire »  [122].

159 Le texte relatif à la Communauté française comporte désormais 18 axes, contre 14 précédemment. L’accent mis sur la volonté de tendre vers plus d’égalité, marqueur classique d’une politique de gauche  [123], transparaît par exemple de la dénomination de l’axe 2, « Un enseignement garant de l’émancipation de tous », complétée dans la nouvelle version de la note des mots « et visant à réduire les inégalités ». Le titre de l’axe 3 se trouve lui aussi complété de manière politiquement significative, devenant : « Un enseignement supérieur accessible, inclusif et justement financé et au service d’une société en transition écologique et sociale »  [124]. Font leur apparition des sections relatives à l’écoute et à l’implication des jeunes, à l’aide à la jeunesse, ainsi qu’au « développement d’une justice communautaire », tandis que la mention « et le soutien aux familles » vient compléter le titre « L’accès de chaque enfant aux besoins fondamentaux », cet axe s’enrichissant de propositions supplémentaires relatives à l’accueil pré- et parascolaire des enfants, à la santé et à l’aide aux détenus. Certains ajustements peuvent aussi être constatés entre les deux notes. Par exemple, alors que la première version de la note entend « maintenir le certificat d’études de base (CEB), mais supprimer l’épreuve externe certificative visant à le délivrer »  [125], la seconde propose de « maintenir des évaluations externes non certificatives, dont le certificat d’études de base, ayant pour objet de détecter les difficultés des élèves et de mettre en place un accompagnement adapté tout au long du premier degré du secondaire »  [126].

160 Dans la presse du 6 juillet, E. Di Rupo et J.-M. Nollet reviennent sur la méthode suivie et sur les ambitions de leurs textes : « Nous pensons que la démocratie doit évoluer avec une articulation entre la démocratie représentative et une démocratie plus directe, plus contributive. L’objectif est de fournir une réponse à l’urgence climatique et à l’urgence sociale » (E. Di Rupo)  [127]. Ils demandent « à chacun des élus de lire attentivement ces lignes directrices par respect pour les centaines de personnes et d’organismes qui ont nourri notre travail. Nous pensons que beaucoup pourront se retrouver autour de ces lignes stratégiques » (J.-M. Nollet)  [128]. Pressés de se positionner pour la suite du processus, ils indiquent espérer pouvoir convaincre le PTB ou le CDH de prendre part à des négociations sur la base de ces notes, ou rallier des députés « progressistes » à leur programme, refusant toutefois de parler de « débauchage » d’élus. Quant à leurs relations à l’avenir, le président du PS explique clairement : « Quel que soit le partenaire, c’est la base de travail, nous restons liés, PS-Écolo. Mais ce n’est pas à prendre ou à laisser ». Son homologue écologiste prévient cependant : « Ce document me semble très bon, parce qu’il y a une vision, une cohérence. Les portes restent ouvertes. Mais si on dit “déchirons ce document” alors pour nous il y aura un problème »  [129].

3.2.4. Une coalition coquelicot ne verra pas le jour

161 Dès le dimanche 7 juillet, le PTB critique les textes remaniés par le PS et Écolo, estimant dans un communiqué que la note coquelicot « est taillée sur mesure pour convaincre le CDH de participer à un gouvernement ». Concernant les orientations politiques, le parti de gauche radicale dénonce « le maintien d’une politique économique fondamentalement libérale et au service des grandes entreprises ». Selon lui, « la politique qui s’annonce est celle de la continuité et du statu quo. Aucun budget ni aucun chiffre n’accompagne le document soumis, et ceci afin de cacher les conséquences pratiques de la non-remise en cause du cadre austéritaire imposé par l’Union européenne et le niveau fédéral ».

162 Pour des motifs évidemment fort différents sur le plan politique, et se sachant indispensable au PS et à Écolo pour former une coalition majoritaire, vu les retraits du PTB et du CDH, le MR s’oppose également à cette note le 8 juillet. Le chef du groupe MR au Parlement wallon, Jean-Paul Wahl, expose clairement : « Pour l’instant, au MR, on est au balcon. En première lecture, je ne dis pas que tout est à jeter dans la note. Mais la négociation avec le MR, elle commencera le jour où on sera assis à la table des négociations. Ils viendront avec leur note et nous viendrons avec nos demandes. Je considère cette note comme une proposition formulée en commun par le PS et Écolo. Rien de plus ». Et d’avertir : « Si on nous dit “c’est à prendre ou à laisser”, la situation va devenir compliquée »  [130]. Quelques jours auparavant déjà, le ministre libéral wallon en affaires courantes Jean-Luc Crucke avait annoncé la couleur, déclarant que son parti ne viendrait pas « manger les os » à la fin du repas organisé par le PS et Écolo et qu’il faudrait « remettre le couvert »  [131].

163 Alors que les deux partis en négociation misaient vraisemblablement sur un changement d’attitude du CDH, estimant celui-ci proche d’une partie de la société civile et espérant sans doute pouvoir le convaincre de renouer avec une coalition olivier telle que celle qui avait gouverné la Région wallonne et la Communauté française de 2009 à 2014, ils doivent constater le 9 juillet que ce parti maintient sa décision de passer dans l’opposition. Dès la veille, le chef du groupe CDH au Parlement wallon, François Desquesnes, a pointé « “une chose étonnante” : “Il n’y a que des lettres, pas de chiffres”. Rien, ou presque, sur le budget et le financement des mesures annoncées »  [132].

164 Il faut relever que, si le PS et Écolo ont invité chaque parlementaire à examiner les deux notes et à faire part de sa décision personnelle (la question accompagnant l’envoi des notes était ainsi libellée : « Seriez-vous disposé(e) à soutenir un gouvernement qui se formerait sur cette base ? »), ce sont bien, dans chacun des trois cas (CDH, MR et PTB), les partis qui répondent au nom de tous leurs élus, soulignant au passage le caractère collectif de l’engagement politique et jugeant « curieuse », « étrange »  [133] voire « hypocrite »  [134] la méthode suivie jusqu’alors.

165 Seul Défi, pour ce qui concerne la Communauté française, se montre ouvert à la note coquelicot. Selon un communiqué, « si le parti amarante ne peut adhérer à toutes les mesures de cette note politique, celles-ci pourraient néanmoins constituer une base de négociation en vue d’une participation à un gouvernement ». Précisons qu’avec 47 sièges, une coalition PS/Écolo/Défi ne recueillerait toutefois pas une majorité dans cette assemblée, qui compte 94 membres.

166 Face à cette impossibilité de former des gouvernements minoritaires qui seraient soutenus de l’extérieur selon la formule coquelicot, et puisque le CDH et le PTB campent sur leur choix de ne pas participer à des gouvernements avec le PS et Écolo, ceux-ci se tournent vers le MR. Le Soir résume la situation ironiquement, évoquant « une tripartite wallonne négociée à deux » : « D’un côté le couple PS-Écolo fort d’un long travail préparatoire qui a débouché sur un projet politique commun et de l’autre, le MR, certes nécessaire à une majorité, mais isolé face à un duo soudé. La tripartite à deux, on aura décidément tout vu »  [135].

3.3. Négociation tripartite

167 Concrètement, le mercredi 10 juillet, le PS invite le MR et Écolo pour une première rencontre exploratoire à tenir le lendemain, basée sur les notes du 5 juillet. Les socialistes jugent que l’attitude des libéraux permet d’envisager un travail commun, comme le relève La Libre Belgique : « Le MR considérait, en effet, lundi dans un communiqué que “s’il devait participer à des négociations, ce document serait une des bases dans des discussions” et qu’il prenait “acte de la contribution de la société civile”, en se voulant “constructif” »  [136]. Le quotidien souligne que c’est la première fois depuis 1999 que les socialistes convient les libéraux à négocier ensemble une majorité gouvernementale en Wallonie. Le MR et Écolo acceptent tous deux l’invitation. Défi est également invité à prendre part à la rencontre exploratoire pour ce qui concerne la Communauté française, rapporte alors la presse ; on ne trouve toutefois pas trace d’une présence de la formation amarante dans la relation qui sera faite par la suite de l’évolution des rencontres et discussions.

168 Le même jour, Le Soir publie une carte blanche signée par quatre personnalités engagées dans la lutte contre les changements climatiques : Adélaïde Charlier (représentante de Youth for Climate et l’une des figures de proue des manifestations hebdomadaires de jeunes menées avant le scrutin en faveur de mesures visant à contrer les changements climatiques d’origine anthropique), ainsi que C. Tellier (IEW), Nicolas Van Nuffel (président de la Coalition Climat) et Arnaud Zacharie (secrétaire général du CNCD-11.11.11), qui avaient tous trois souscrit à la « déclaration non gouvernementale ». Sous le titre « Partenaires wallons, bonifiez la note PS/Écolo, ne la détricotez pas », ils insistent sur la nécessité de conclure des accords de gouvernement préservant l’acquis des consultations menées par les deux partis « de manière à définir un chemin pour assurer à notre région une transition vers la société de demain. Un chemin ambitieux, juste, cohérent et responsable »  [137].

169 La presse néerlandophone relève que l’arrivée du MR dans la négociation au sud du pays pourrait débloquer la formation d’un gouvernement fédéral, alors explorée par les informateurs royaux Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (SP.A), ouvrant la voie à un axe PS-MR susceptible de s’associer à des partis néerlandophones pour dégager une majorité. Elle s’interroge en revanche sur l’attitude que les écologistes adopteront, en particulier à l’égard de la N-VA  [138].

170 À ce stade, il faut relever que la presse se demande si Écolo acceptera de participer à des gouvernements, wallon et de la Communauté française, où sa présence n’est pas arithmétiquement indispensable. Et de souligner que le PS semble avoir davantage besoin des verts, pour peser au maximum face aux libéraux et pour justifier les choix adoptés auprès de la base socialiste, qu’inversement  [139]. C’est d’ailleurs dans cet esprit que, le 15 juillet, afin de leur expliquer leur démarche d’ouverture des négociations au MR, E. Di Rupo et P. Magnette envoient un courrier aux militants du PS dans lequel ils pointent : « Les refus du PTB et du CDH signifient qu’un gouvernement progressiste minoritaire PS-Écolo ne pourra pas se former car il n’atteindra pas les 38 votes nécessaires au Parlement wallon pour être mis en place (...). La seule et unique solution pour obtenir une majorité était dès lors d’inviter le MR à s’associer à nos travaux ».

3.3.1. Des discussions qui démarrent lentement

171 Le jeudi 11 juillet, au siège du gouvernement de la Communauté française à Bruxelles, C. Michel et W. Borsus font part aux négociateurs socialistes et écologistes de leurs revendications : la baisse de la fiscalité, la révision de l’allongement du tronc commun et du décret « inscriptions » en ce qui concerne l’enseignement, le développement des aéroports et des infrastructures routières ou le pouvoir d’achat. L’Écho relève que les deux hommes ne se montrent pas « trop gourmands pour une première rencontre », mais qu’ils mettent cependant sur la table « une exigence de taille : le retour des libéraux dans les discussions en Région bruxelloise. “Le MR a plaidé pendant la réunion pour la convergence entre les politiques et entre les actions menées à Bruxelles et en Wallonie. En matière de mobilité par exemple, il faut que les actions menées tant à Bruxelles qu’en Wallonie soient concertées”, confie un libéral »  [140]. Cette attitude permet notamment aux négociateurs wallons du MR de montrer à leurs coreligionnaires bruxellois qu’ils les soutiennent dans leurs tentatives d’embarquer dans la coalition régionale. Et elle permet vraisemblablement à l’informateur royal D. Reynders d’envisager avec plus de sérénité la présence de son parti dans la future coalition fédérale. Toutefois, cette nouvelle tentative des libéraux se heurte à une nouvelle fin de non-recevoir de la part des négociateurs bruxellois du PS et d’Écolo qui sont alors occupés à finaliser les négociations dans la région-capitale avec Défi et trois formations néerlandophones. Les ultimes tentatives de C. Michel et de D. Reynders ainsi que de l’Open VLD n’auront pas plus de succès (cf. supra).

172 Cet épisode pèse toutefois sur le démarrage des négociations en vue de la formation de gouvernements arc-en-ciel en Région wallonne et en Communauté française. Les rencontres tenues le 11 (entre E. Di Rupo et P. Magnette pour le PS, C. Michel et W. Borsus pour le MR, et J.-M. Nollet et S. Hazée pour Écolo) puis le 12 juillet ne mènent ni à la rédaction de documents de travail ni même à la mise sur pied de groupes de travail. Seules des rencontres informelles semblent avoir lieu, dans la discrétion, au cours des jours suivants. Le Soir note : « Les équilibres sont fragiles : la campagne électorale mais aussi l’épisode du “coquelicot” ont laissé des traces et incitent à la prudence ». Et la tentative des libéraux de revenir dans les négociations régionales bruxelloises aurait pour répercussion un ralentissement du tempo par les deux autres partis, comme le quotidien l’apprend d’une source anonyme : « PS et Écolo font tout pour démontrer qu’un accord avec le MR est contraint et forcé. Ils laissent désormais atterrir le gouvernement bruxellois sans le MR pour prouver à leurs militants que ce parti reste en rade là-bas et que c’est bien leur dernier choix côté wallon »  [141].

173 Cette mise à l’écart, définitive en Région bruxelloise, prolongée en Région wallonne et en Communauté française durant la séquence coquelicot, n’enchante pas non plus les libéraux. Toutefois, il apparaît à la mi-juillet que ceux-ci ne refusent pas pour autant de négocier leur participation aux deux gouvernements à former. Et il semble que le MR ne cherchera pas à évincer Écolo de ces exécutifs. Une nouvelle rencontre réunit des représentants des trois partis le jeudi 18 juillet. Il paraît alors exclu de conclure des accords de gouvernement avant la fin de l’été  [142], ce qui fera de cette formation la plus longue qu’auront jamais connue les deux entités fédérées concernées  [143]. Néanmoins, des « échanges de vues » ont lieu les jours suivants entre négociateurs, et trois groupes de travail sont mis en place entre techniciens pour traiter du climat, du budget et de l’emploi  [144]. Cette phase, qualifiée d’« exploratoire » dans la presse, se poursuit jusqu’à la fin du mois de juillet. Elle est marquée par une grande discrétion des partis en discussion. Les jeudi 25 et vendredi 26 juillet, les discussions s’interrompent pour permettre des entretiens avec les informateurs au niveau fédéral. Au début de la semaine suivante, on apprend que d’autres groupes de travail ont été créés pour aborder les questions du logement, de l’aménagement du territoire ou encore des infrastructures  [145]. Au vu des maigres éléments qui filtrent dans la presse, les thématiques abordées semblent plutôt relever des compétences régionales que des matières communautaires. Les éléments discutés dans les groupes de travail sont ensuite analysés au sein d’un groupe central en vue de préparer un accord de gouvernement (document qui est évoqué sous le nom de « déclaration de politique régionale (DPR) », bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’une déclaration mais d’un pacte entre les trois partis en discussion).

174 Une pause intervient durant la première quinzaine d’août pour permettre aux collaborateurs des principaux négociateurs de prendre quelques jours de vacances. Pendant ce temps, il est prévu qu’E. Di Rupo tente de synthétiser les différents documents en circulation, et qu’il analyse en particulier le cadre budgétaire et les options envisageables pour faire face au déficit qui, en Région wallonne, dépasserait 200 millions d’euros  [146]. L’implication assidue du président du PS dans la formation du futur gouvernement wallon alimente les rumeurs qui le verraient endosser, pour la troisième fois, le costume de ministre-président wallon  [147].

175 Le vendredi 9 août, Le Soir révèle qu’Écolo a remis aux négociateurs du PS et du MR une note d’une quinzaine de pages contenant des revendications qui, selon le quotidien, sont « vouées essentiellement à la transition écologique, aux réformes de l’administration et de la gouvernance. En substance, les verts renchérissent. Ils vont plus loin et plus fort que le document coquelicot ». La presse indique que l’on s’interroge alors du côté socialiste et libéral : les négociateurs écologistes prépareraient-ils un retrait éventuel des négociations ? Par ailleurs, les militants d’Écolo accepteront-ils in fine que le parti vert monte dans des coalitions où il n’est pas arithmétiquement indispensable ? Même s’il s’avère que la note des écologistes date en fait de la mi-juillet  [148], cette question restera posée jusqu’au bout du processus de formation des deux gouvernements, d’autant qu’Écolo procédera le 15 septembre à l’élection de ses co-présidents et que J.-M. Nollet, candidat au renouvellement de son mandat, pourrait se montrer peu enclin à faire des concessions importantes aux négociateurs des deux autres partis.

3.3.2. Dans le vif du sujet

176 Au lendemain du 15 août, la reprise des discussions se fait attendre. Une note de synthèse préparée par E. Di Rupo est attendue pour chacun des deux niveaux de pouvoir par les deux autres partis, afin d’agréger les réflexions « coquelicot », les demandes du MR et celles de la note écologiste remise à la mi-juillet. Mais ces textes semblent tarder à parvenir aux libéraux et aux écologistes. Or c’est manifestement le président du PS qui mène la négociation et contrôle le rythme de la négociation. Des discussions bilatérales reprennent discrètement le vendredi 16 août, tandis que la reprise des « discussions exploratoires » est attendue pour le lundi 19 août  [149]. Mais ce jour-là, MR et Écolo ne disposent toujours pas des notes attendues du président du PS ou, à tout le moins, pas de textes intégraux, et E. Di Rupo préfère visiblement ne pas précipiter la reprise des discussions  [150].

177 Dans l’expectative, la presse identifie les sujets susceptibles de voir s’affronter les trois partis en négociation. La discussion sur les accords commerciaux internationaux devrait faire s’opposer le MR au duo PS-Écolo, au vu du positionnement adopté en 2016 par chacun de ces trois partis lors de la signature du CETA par le gouvernement wallon (cf. supra). Le développement des deux grands aéroports régionaux devrait par contre voir Écolo faire face au tandem PS-MR. Sans doute en ira-t-il de même pour la question de l’octroi des licences d’exportation d’armes, en particulier celles sollicitées par la Fabrique nationale (FN Herstal) pour honorer les commandes passées par l’Arabie saoudite. Le 20 août, une dizaine d’organisations non gouvernementales (ONG) dont la Coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie (CNAPD)  [151] publient une carte blanche dans La Libre Belgique, rappelant l’appel lancé le 21 juin précédent aux « négociateurs wallons à inscrire dans la future déclaration gouvernementale un engagement à l’arrêt immédiat des ventes et des exportations d’armes vers les pays qui commettent de graves violations des droits humains », au premier rang desquels figurent l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, impliqués dans le conflit en cours au Yémen. Ces ONG soulignent les engagements pris par le PS et Écolo suite à la consultation de la société civile menée en juin, et indiquent qu’« il ne faudrait pas que la réouverture des négociations conduise à un affaiblissement de cette position et permette aux exportations d’armes wallonnes à destination d’États coupables de crimes de guerre de se poursuivre ». Une quinzaine de jours plus tard, certaines de ces organisations lancent sur le site Internet d’Amnesty International Belgique un « observatoire des armes wallonnes »  [152]. Citant Amnesty International Belgique, La Libre Belgique présente ainsi l’objet de cet observatoire : « Collectant, analysant et diffusant des données publiques, ce projet inédit en Wallonie vise à rassembler de façon transparente des informations ayant trait aux politiques en matière de commerce des armes, aux rapports existants, notamment celui, annuel, destiné au Parlement wallon, à la situation des exportations et aux violations alléguées du droit »  [153]. Parallèlement, une forte délégation de représentants des métallurgistes de la FGTB de Liège-Huy-Waremme rencontre, le 4 septembre, des représentants du PS, du MR et d’Écolo. C’est surtout sur ce dernier parti que leur pression se concentre, afin que celui-ci prenne en considération l’enjeu économique et en nombre d’emplois que la production d’armes représente pour la Wallonie. À l’issue de la journée, Écolo publie un communiqué dans lequel le parti vert se dit soucieux des intérêts économiques en jeu, mais souligne qu’il est important de trouver un équilibre entre « la situation actuelle et la nécessaire transition », qui s’accompagne du « développement de nouvelles activités »  [154]. Ce dossier donne donc lieu, comme par le passé, à un bras de fer non seulement dans la sphère politique mais aussi au sein de la société civile.

178 Le mercredi 21 août, les discussions tripartites redémarrent, en commençant par aborder des compétences de la Communauté française, en particulier l’enseignement et la recherche  [155]. À partir de ce moment, la discrétion devient le maître-mot et la presse n’est plus guère en mesure de faire état de l’avancement des discussions. La stratégie d’E. Di Rupo est manifestement de ne pas multiplier les discussions en groupes de travail afin de « limiter au maximum les risques de fuites dans la presse et, donc, les crispations entre les partenaires qui sont toujours au nombre de trois »  [156].

3.3.3. La fin des négociations approche

179 Début septembre 2019, certains médias annoncent que les négociations ont bien avancé et que l’on entrerait « dans la dernière ligne droite »  [157]. Ils s’appuient en particulier sur les déclarations faites par J.-M. Nollet le samedi 31 août, en marge des rencontres écologiques d’été, indiquant qu’un premier tour complet d’examen des sujets en négociation a été achevé et « que cela se passe de manière très respectueuse »  [158]. Et d’ajouter que les négociations entraient dans la phase délicate des arbitrages, tout en soulignant que, chez Écolo, ce sont les militants qui décideront in fine de la participation ou non aux gouvernements.

180 Deux éléments du calendrier laissent également entrevoir un aboutissement prochain des négociations. Les fêtes de Wallonie se dérouleront du 12 au 16 septembre à Namur. Symboliquement, la mise sur pied d’un nouveau gouvernement régional pour cette échéance paraît importante, tous les exécutifs wallons installés à la suite d’une élection directe étant entrés en fonction en juin (en 1995) ou en juillet (en 1999, en 2004, en 2009 et en 2014), soit bien avant ces festivités, et ces dernières ne s’étant jamais déroulées en l’absence de gouvernement régional de plein exercice. Par ailleurs, l’élection à la co-présidence d’Écolo est prévue le dimanche 15 septembre. Le duo formé par Rajae Maouane et J.-M. Nollet est seul en course, mais les commentateurs soulignent que ce dernier aura à cœur de pouvoir se présenter devant les militants de son parti, lors des rencontres précédant le scrutin et à l’occasion de celui-ci même, en mettant en avant les acquis des verts dans la négociation ayant conduit aux accords de gouvernement wallon et de la Communauté française.

181 La perspective d’un aboutissement proche, d’une part, et l’absence de fuites de la part des négociateurs, d’autre part, amènent la presse à se focaliser sur les traditionnels pronostics concernant le casting ministériel. L’hypothèse d’un retour d’E. Di Rupo à la tête de la Région wallonne est évoquée avec une insistance croissante, d’autant que la formation du gouvernement fédéral semble au point mort et que les chances du président du PS de pouvoir retrouver la fonction de Premier ministre  [159] apparaissent de toute façon minces. La possibilité est cependant évoquée qu’une autre personnalité socialiste, vraisemblablement P. Magnette, qui a déjà occupé la fonction de juillet 2014 à juillet 2017 et est lui aussi au cœur des négociations, devienne ministre-président wallon durant quelques mois, laissant ainsi à E. Di Rupo le soin de négocier la formation du gouvernement fédéral et d’organiser sa succession à la tête du PS (des élections internes étant prévues prochainement au sein de ce parti). Parmi les potentiels ministres PS, sont cités Rudy Demotte, Jean-Claude Marcourt et Pierre-Yves Dermagne, qui ont déjà occupé des fonctions ministérielles (voire, dans le cas de R. Demotte, celles de ministre-président), le député-bourgmestre de Herstal, Frédéric Daerden, celui de Farciennes, Hugues Bayet, ainsi que les parlementaires Christie Morreale (ancienne échevine d’Esneux), Joëlle Kapompole (ancienne échevine de Mons), Gwenaëlle Grovonius (ancienne conseillère communale à Namur) et Caroline Désir (députée bruxelloise, ancienne députée de la Communauté française et ancienne échevine à Ixelles). Au MR, le départ prochain de C. Michel pour la présidence du Conseil européen, décidé le 2 juillet par les chefs d’État et de gouvernement européens et prévu pour le 1er décembre, ouvre le jeu puisque le Premier ministre est aussi le président du parti. Le ministre-président wallon sortant, W. Borsus, est pressenti pour diriger le MR. S’il n’était pas candidat, les ministres wallons sortants J.-L. Crucke et P.-Y. Jeholet sont également évoqués. Tous trois pourraient aussi rester membres du gouvernement wallon, tout comme Valérie De Bue. À moins que W. Borsus ne dirige le gouvernement de la Communauté française, si du moins le PS n’hérite pas de la présidence des deux gouvernements. Circulent aussi les noms des anciennes ministres fédérales Sabine Laruelle et Jacqueline Galant, ainsi que ceux du député wallon et communautaire Nicolas Tzanetatos et du sénateur coopté Georges-Louis Bouchez. Chez Écolo, la réélection de J.-M. Nollet étant assurée, le nom du chef du groupe au Parlement wallon et négociateur S. Hazée est fréquemment cité. Ceux des parlementaires écologistes Manu Disabato et Bénédicte Linard sont également avancés, tout comme celui de l’ancien ministre wallon Philippe Henry, voire celui de l’ancien co-président du parti, par ailleurs bourgmestre d’Amay, Jean-Michel Javaux. La toute nouvelle secrétaire d’État bruxelloise B. Trachte est aussi évoquée pour recevoir une seconde casquette en tant que ministre de la Communauté française. Enfin, circule l’hypothèse qu’Écolo confie un des portefeuilles lui revenant à une personnalité de la société civile, comme il en était question dans la formule coquelicot, auquel cas l’ancienne députée fédérale Juliette Boulet, porte-parole de Greenpeace Belgique, pourrait être choisie  [160]. Plusieurs journaux rappellent que, en vertu d’un décret spécial adopté à la toute fin de la législature  [161], le futur gouvernement wallon devra compter au minimum un tiers d’hommes et au minimum un tiers de femmes, ce qui pèsera sur la répartition des portefeuilles ministériels.

3.4. Fin des négociations et composition des gouvernements

182 Le lundi 9 septembre, E. Di Rupo, W. Borsus et J.-M. Nollet tiennent une conférence de presse à Namur et présentent les pré-accords de gouvernement pour la Région wallonne et pour la Communauté française. Tandis qu’E. Di Rupo détaille longuement l’ensemble des mesures décidées dans ces pré-accords, en commençant par l’enjeu environnemental, W. Borsus puis J.-M. Nollet se concentrent surtout sur les mesures qui constituent des acquis pour leur formation politique respective. Dans la foulée de cette conférence de presse, les bureaux politiques du PS, du MR et d’Écolo sont convoqués.

183 Après approbation par ceux-ci, c’est ensuite aux militants des trois partis de se prononcer sur ces pré-accords et sur la participation de leur formation aux deux futurs gouvernements, lors de congrès de participation pour le PS et le MR, et lors d’une assemblée générale pour Écolo, tous trois réunis le jeudi 12 septembre à Namur. Alors qu’aucune surprise n’est attendue du côté du PS et du MR, les regards se portent sur Écolo. Ce parti n’a pas été unanime lorsqu’il a fallu engager des discussions avec le MR après l’échec de la tentative de gouvernements coquelicot. En outre, par le passé, la participation au pouvoir d’Écolo s’est systématiquement traduite par un ressac considérable pour le parti lors de l’échéance électorale suivante  [162] : une nouvelle participation au pouvoir fait donc craindre un recul électoral ultérieur. Enfin, le refus d’un pré-accord de gouvernement par la base d’Écolo est une chose qui s’est déjà produite (en l’occurrence, en Région de Bruxelles-Capitale en 1999) ; l’expérience montre donc que l’acceptation n’est pas automatique chez les écologistes. Toutefois, dans la soirée, les pré-accords de gouvernement, tant pour la Région wallonne que pour la Communauté française, sont validés par les militants du PS (à l’unanimité, sauf dans les fédérations du Centre, de Liège et de Huy-Waremme, où les pré-accords ont néanmoins été validés à une très large majorité), du MR (à l’unanimité) et enfin d’Écolo (à 90,4 % – et 5 % d’abstentions – pour la Région wallonne et à 91,1 % – et 4 % d’abstentions – pour la Communauté française).

184 À l’occasion du congrès tenu par sa formation, E. Di Rupo dénonce à l’adresse des militants du PS l’attitude que le PTB a selon lui adoptée dans les négociations : « Le PTB a fui ses responsabilités, il préfère le confort du verbiage et leur cible c’est le PS. Mais le PTB a dupé les dizaines de milliers de Wallons et de Bruxellois qui ont voté pour lui. Le PTB, c’est clair : c’est l’irresponsabilité et l’indignité et ça le restera pour les cinq ans à venir. Ils ont démontré que le vrai progrès social se fait sans les communistes. Le vrai progrès social, c’est le PS qui le porte »  [163]. Quelques jours auparavant, le porte-parole du PTB, R. Hedebouw, a passablement critiqué les contours de la négociation en cours en Wallonie, l’action passée du gouvernement régional et, en particulier, celle du président du PS  [164].

185 Par ailleurs, et à la différence de ce qui se passe dans les autres formations politiques (où le président répartit, généralement seul, les portefeuilles ministériels qui reviennent à son parti), après validation de la participation de leur parti aux coalitions gouvernementales, les militants écologistes désignent les personnes qui y défendront leurs couleurs. Or, en Région bruxelloise, la base militante vient de rappeler qu’elle peut exprimer son désaccord avec des candidats présentés par la direction du parti (cf. supra). En marge de la rencontre du 12 septembre, les groupes parlementaires wallon et de la Communauté française d’Écolo se réunissent afin d’émettre un avis sur la proposition de membres des exécutifs déposée par les co-présidents du parti. Ensuite, c’est le conseil de fédération (qui agit comme le « parlement du parti » et qui rassemble des délégués des sections régionales d’Écolo) qui remet un avis sur chacun des ministres proposés. Enfin, ce sont les assemblées générales des membres wallons et des membres de la Communauté française d’Écolo qui prennent la décision de valider ou non les membres de l’exécutif proposés par le parti. Devant les militants, S. Hazée, largement pressenti pour devenir ministre régional (en tant qu’il est chef du groupe Écolo au Parlement wallon et qu’il a participé à toutes les négociations en compagnie de J.-M. Nollet), crée la surprise en expliquant qu’il n’est pas candidat à une fonction ministérielle. Il explique se sentir épuisé par une législature où les quatre députés régionaux écologistes ont dû compenser leur faible nombre par une activité accrue, ainsi que par une commission d’enquête parlementaire sur le groupe Publifin  [165] qui lui a demandé beaucoup d’énergie. Par ailleurs, il souhaite pouvoir consacrer du temps à sa famille alors qu’un mandat ministériel requiert un investissement « à 200 % ». Peu après 2 heures du matin, le 13 septembre, l’assemblée générale choisit B. Linard pour occuper l’unique portefeuille Écolo au sein du gouvernement de la Communauté française, préfère P. Henry à M. Disabato, dans un vote serré, comme chef de file au sein du gouvernement wallon, et approuve la proposition des co-présidents de présenter la secrétaire générale d’IEW, C. Tellier, comme seconde ministre régionale. Les noms des personnes choisies par les présidents du PS et du MR pour devenir ministres sont dévoilés en début de matinée.

186 Le vendredi 13 septembre, peu avant 10 heures, J.-C. Marcourt, vice-président PS du gouvernement de la Communauté française depuis 2009 et ancien ministre wallon (2004-2017, en tant que vice-président à partir de 2009), est élu à la présidence du Parlement wallon. Il confesse lui-même être surpris d’accéder au perchoir de l’assemblée wallonne, laissant poindre sa déception de ne plus être ministre  [166]. Dans la foulée, les huit membres du gouvernement wallon (3 PS, 3 MR et 2 Écolo) sont élus par l’assemblée puis prêtent serment. Avec trois femmes et cinq hommes, cet exécutif respecte la nouvelle disposition décrétale visant à ce que le gouvernement wallon compte au moins un tiers de membres de chaque sexe. Il est en outre le premier de l’histoire de la Région à compter une telle proportion de femmes (37,5 %)  [167].

187 L’exécutif est présidé par Elio Di Rupo, qui prête en outre serment devant le roi Philippe un peu plus tard dans la journée. Les deux autres ministres PS sont Christie Morreale, vice-présidente et ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, et Pierre-Yves Dermagne, ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville.

188 Les trois ministres MR faisaient déjà partie de l’exécutif wallon précédent, quoiqu’avec des attributions différentes. Willy Borsus, qui était ministre-président depuis juillet 2017, devient numéro deux du gouvernement ; il porte le titre de vice-président et ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME  [168] et des Centres de compétences. Jean-Luc Crucke devient ministre du Budget et des Finances, des Aéroports (trois compétences qu’il détenait déjà depuis deux ans) et des Infrastructures sportives (compétence exercée jusque-là par une autre ministre libérale, V. De Bue) ; l’Énergie et le Climat, qui étaient dans son portefeuille précédent, glissent sans surprise dans l’escarcelle d’Écolo. Valérie De Bue reste également membre du gouvernement wallon mais elle change complètement de compétences, devenant ministre de la Fonction publique, de l’Informatique, de la Simplification administrative, en charge des Allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière.

189 Le vice-président Écolo du gouvernement wallon est Philippe Henry, dont les compétences sont le Climat, l’Énergie et la Mobilité. Seule ministre issue directement de la « société civile » et qui n’a jamais été candidate à une élection, Céline Tellier est chargée de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal.

190 Parmi les ministres wallons, on compte désormais deux bourgmestres empêchés : P.-Y. Dermagne, à Rochefort, et J.-L. Crucke (qui l’était depuis le 28 juillet 2017 mais qui quitte toutefois le conseil communal de Frasnes-lez-Anvaing peu après avoir été reconduit comme ministre régional).

191 Le Parlement de la Communauté française se réunit le mardi 17 septembre. Toutefois, la distribution des postes à responsabilités est connue depuis le 13 et elle a réservé plusieurs surprises. Rudy Demotte (PS), ministre-président sortant, est élu à la présidence de l’assemblée. En dépit de l’arithmétique électorale  [169], c’est au MR qu’échoit le poste de ministre-président, attribué au ministre wallon sortant Pierre-Yves Jeholet. La presse souligne le paradoxe de son élection  [170] : celui qui prend la tête du gouvernement de la Communauté française est en effet connu pour ses positions régionalistes (en 2015, il a notamment publié une carte blanche appelant à une refonte des institutions belges et à la suppression des Communautés)  [171]. L’exécutif dirigé par P.-Y. Jeholet compte 2 ministres MR, 2 PS et 1 Écolo, élus par le Parlement le 17 septembre  [172]. L’autre portefeuille, conséquent, revenant aux libéraux est attribué à une personnalité jusque-là peu connue du grand public, élue première suppléante sur la liste européenne du MR en mai 2019 : Valérie Glatigny, qui devient ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de Promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de Justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles (elle est domiciliée en Région bruxelloise). Les portefeuilles revenant au PS sont confiés à Frédéric Daerden, qui devient vice-président et ministre du Budget, de la Fonction publique, de l’Égalité des chances, et de la Tutelle sur Wallonie-Bruxelles Enseignement, et à Caroline Désir, qui devient ministre de l’Éducation (cette dernière est également domiciliée en Région bruxelloise). Enfin, l’unique ministre Écolo, Bénédicte Linard, reçoit le titre de vice-présidente et de ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes. Ce gouvernement compte trois femmes et deux hommes. Auparavant, seul le gouvernement Arena (PS/CDH, 2004-2008) avait comporté davantage de femmes que d’hommes (quatre femmes, dont la ministre-présidente et une des deux vice-présidents, et deux hommes). Au sein de ce gouvernement, le seul bourgmestre empêché est F. Daerden (à Herstal).

192 Il est à noter qu’aucun des ministres précités n’est membre des deux gouvernements, alors que la présence d’un ou plusieurs ministres « à double casquette » était devenue une pratique courante depuis 1995  [173] – sauf sous la précédente période arc-en-ciel, de 1999 à 2004, lors de laquelle le nombre de ministres wallons avait été porté de sept à neuf et celui de la Communauté française de quatre à huit afin de pouvoir disposer d’un nombre suffisant de portefeuilles à distribuer aux socialistes, aux libéraux et aux écologistes  [174].

193 L’analyse géographique de la répartition des postes fait apparaître que le gouvernement wallon compte deux Hainuyers (E. Di Rupo et J.-L. Crucke), deux Liégeois (P. Henry et C. Morreale), deux Brabançons (V. De Bue et C. Tellier), un Luxembourgeois (W. Borsus) et un Namurois (P.-Y. Dermagne) ; le Parlement est présidé par un Liégeois (J.-C. Marcourt). Pour sa part, le parlement communautaire est présidé par un Hainuyer (R. Demotte), tandis que le gouvernement est composé de deux Bruxelloises (V. Glatigny et C. Désir), de deux Liégeois (P.-Y. Jeholet et F. Daerden) et d’une Hainuyère (B. Linard) ; on ne compte pas dans ses rangs de membres issus des provinces de Brabant wallon, de Luxembourg ni de Namur.

194 En conséquence de la formation des deux gouvernements, certains ministres qui siégeaient comme parlementaires doivent être remplacés par un suppléant. Parmi les ministres socialistes, tel est le cas de C. Morreale, remplacée au Parlement wallon et dans celui de la Communauté française par Laurent Léonard, jusqu’alors échevin à Flémalle, et de P.-Y. Dermagne, remplacé dans ces assemblées par Eddy Fontaine, ancien échevin à Couvin ; élus à la Chambre des représentants, E. Di Rupo, F. Daerden et C. Désir sont remplacés dans cette assemblée par, respectivement, Philippe Tison, bourgmestre d’Anderlues, Hervé Rigot, échevin à Waremme, et Khalil Aouasti, échevin à Koekelberg. Le groupe PS au Parlement wallon ne compte dès lors plus que 6 femmes parmi ses 23 membres (soit 26,1 %) ; il est présidé par André Frédéric, en remplacement de P.-Y. Dermagne. Le groupe PS au Parlement de la Communauté française compte 9 femmes sur 28 (soit 32,1 %) ; il est présidé par Laurent Devin.

195 En ce qui concerne le MR, la reconduction dans des fonctions ministérielles de trois des quatre ministres wallons sortants de ce parti entraîne le remplacement dans les deux assemblées de W. Borsus par Yves Evrard, alors conseiller communal à Neufchâteau, de J.-L. Crucke par Hervé Cornillie, jusqu’alors échevin à Leuze-en-Hainaut, et de V. De Bue par Nicolas Janssen, jusqu’alors échevin à La Hulpe  [175]. Le remplacement de P.-Y. Jeholet est un peu plus complexe. Depuis le 18 juin 2019, Charles Gardier siégeait déjà comme député de la Communauté française en remplacement de Christine Mauel, députée wallonne élue dans la circonscription de Verviers et ayant prêté serment d’abord en allemand. La désignation du ministre-président permet à C. Gardier de devenir en outre député wallon, tandis que Stéphanie Cortisse devient à son tour membre du seul Parlement de la Communauté française. J.-P. Wahl reste chef du groupe MR au Parlement wallon, groupe qui compte autant de femmes que d’hommes (10). Françoise Schepmans préside le groupe libéral au Parlement de la Communauté française, qui compte 12 femmes et 11 hommes (soit 52,2 % de femmes).

196 Pour Écolo, seule B. Linard est remplacée dans les deux parlements, en l’occurrence par Laurent Agache, conseiller communal à Tournai. Pour leur part, P. Henry n’avait pu être réélu au Parlement wallon et C. Tellier n’était pas candidate au scrutin. Le groupe Écolo au Parlement wallon reste présidé par S. Hazée ; il compte 4 femmes et 8 hommes (soit 33,3 % de femmes). Le groupe de ce parti au Parlement de la Communauté française est présidé par Matteo Segers ; il compte 4 femmes et 12 hommes (soit 25,0 % de femmes).

197 Les groupes PTB et CDH voient leur composition inchangée. En date du 18 septembre 2019, le groupe wallon du PTB compte 4 femmes et 6 hommes (soit 40,0 % de femmes) et est présidé par G. Mugemangango, tandis que le groupe de ce parti au Parlement de la Communauté française compte 5 femmes et 8 hommes (soit 38,5 % de femmes) et est présidé par Alice Bernard. Le groupe du CDH au Parlement wallon est présidé par François Desquesnes et compte 4 femmes et 6 hommes (soit 40,0 % de femmes) ; le groupe de ce parti au Parlement de la Communauté française est présidé par A. Greoli et compte 4 femmes et 7 hommes (soit 36,4 % de femmes). Le Parlement de la Communauté française compte en outre 3 députés Défi, dont 1 femme (soit 33,3 %).

3.5. De l’influence du coquelicot et des partis dans la négociation des accords de gouvernement

198 Fruits de compromis, les accords de gouvernement recèlent généralement des propositions émanant des différents partis qui composent la coalition. Dans le cas du gouvernement wallon et du gouvernement de la Communauté française mis sur pied à la mi-septembre 2019, l’analyse des accords – qualifiés par les acteurs de « déclaration de politique régionale » (DPR)  [176] et de « déclaration de politique communautaire » (DPC)  [177] bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler des déclarations lues dans les Parlements par les ministres-présidents après l’élection des gouvernements, mais des textes, plus développés, qui en sont la base – peut se faire d’une double manière : à la fois pour déceler l’influence de chacun des trois partis sur leurs programmes communs de gouvernement et pour saisir les inflexions survenues suite à l’ouverture des négociations au MR après l’épisode du coquelicot.

199 Le caractère tripartite de l’accord wallon est affirmé d’emblée avec force. Alors que les deux textes rédigés par le PS et Écolo pour la Région wallonne s’ouvraient sur l’évocation de « défis multiples », l’introduction de l’accord de gouvernement pose un triptyque dans lequel chaque membre de la coalition peut retrouver l’adjectif qui lui correspond le mieux : « La Wallonie nourrit une triple ambition : une ambition sociale, une ambition écologique et une ambition économique. L’ambition sociale vise à réduire drastiquement la pauvreté et à garantir aux citoyens une vie décente. L’ambition écologique témoigne de notre volonté de Wallonnes et de Wallons d’être exemplaires en matière de lutte contre le réchauffement climatique et de préservation de l’environnement. L’ambition économique doit permettre à la Wallonie de se hisser parmi les régions de tradition industrielle les plus performantes d’Europe »  [178]. Ces trois axes sont perceptibles tout au long de l’accord de gouvernement wallon. S’ils étaient globalement déjà présents, y compris celui portant sur le redressement économique, dans les deux textes rédigés pour la Région par le PS et Écolo, ils se trouvent mis sur pied d’égalité dans l’accord de gouvernement.

200 Dans l’introduction de celui-ci, on retrouve un objectif identique à celui qui avait été exprimé dans les textes précédents : « Faire de la Wallonie une terre de transition écologique, sociale, économique et démocratique ». Mais là où les textes élaborés par le PS et Écolo évoquaient une transition « juste et solidaire »  [179] devant permettre « d’aboutir à un nouveau modèle de société dans lequel les Wallonnes et les Wallons vivent mieux et plus heureux »  [180], les trois premiers termes ont disparu dans la version approuvée par la tripartite. Le premier des 29 chapitres est consacré à la transition, mais l’intitulé retenu par le PS et Écolo (« Une transition sociale et écologique conduite par un pilotage innovant ») est remplacé par un autre, plus neutre (« La Wallonie, une région en transition »). Pour le PS et Écolo, cette transition devait être placée sous le contrôle d’une Inspection « Climat et développement durable », chargée de veiller au respect par le gouvernement wallon « des objectifs contraignants en ligne avec la réduction de 55 % des gaz à effet de serre d’ici 2030 et la limitation de la hausse de la température à 1,5°C et de la trajectoire qui en découle ». Celle-ci aurait procédé, « à l’instar de l’Inspection des finances par rapport au respect du budget, à l’analyse préalable des mesures proposées au gouvernement. Il s’agira de vérifier que ces mesures permettent à la Wallonie de rester dans le cap annuel fixé dans la trajectoire qui doit mener à une réduction de 55 % des [gaz à effet de serre] d’ici 2030 tout en poursuivant la redynamisation de l’économie de la Wallonie et la réduction des inégalités »  [181]. La création d’un tel organe n’a pas été retenue dans la négociation tripartite et l’accord de gouvernement prévoit, de manière moins contraignante, la mise en place d’un « haut conseil stratégique (HCS), interdisciplinaire et composé d’experts scientifiques indépendants (…), afin d’accompagner le gouvernement dans la réalisation de ses objectifs fondamentaux : la réduction de 55 % des [gaz à effet de serre] à l’horizon 2030 par rapport à 1990 ; l’amélioration du taux d’emploi de 5 % à l’horizon 2025 ; la réduction du taux de pauvreté »  [182].

201 Le passage du texte élaboré après la consultation coquelicot à celui de l’accord de gouvernement s’est accompagné de l’introduction d’un objectif chiffré de relèvement du taux d’emploi. Le projet de créer, dans des territoires volontaires, des expériences pilotes de territoires « zéro chômeur de longue durée » figure par contre dans les deux documents, de manière cependant un peu plus facultative dans l’accord de gouvernement, la précision « la mise en place d’une expérience pilote dans chaque bassin d’emploi »  [183] étant devenue « la mise en place d’expériences pilotes dans certains bassins d’emploi »  [184]. En matière d’emploi toujours, l’arrivée du MR dans la négociation n’a pas remis en question les orientations adoptées par les deux autres partis quant au maintien du volume de l’emploi et des moyens financiers alloués aux APE, ni non plus la nécessité de mener la réforme de ces aides en concertation avec les acteurs concernés (cf. supra). Par contre, outre la simplification et la sectorialisation (sic) de l’aide, qui étaient déjà présentes dans les lignes directrices résultant des consultations coquelicot, « l’efficacité, l’équité, la transparence, la maîtrise budgétaire »  [185] ont rejoint les objectifs de la réforme de ce dispositif.

202 En matière de mobilité, plusieurs mesures figurent identiquement dans le document coquelicot et dans l’accord de gouvernement, telles que l’introduction progressive de « la gratuité des transports en commun pour les jeunes jusqu’à 25 ans, pour les 65 ans et plus et pour les publics précarisés »  [186] et l’engagement d’investir l’équivalent de 20 euros par an et par habitant en faveur du vélo. À certains égards, le second document est plus développé que le premier.

203 Sur certains sujets sensibles, l’accord de gouvernement laisse aussi percevoir un déplacement du point d’équilibre vers une attention davantage accordée au développement économique et à l’emploi, ainsi que des engagements moins contraignants que ce que prévoyait le document coquelicot.

204 La question des aéroports illustre bien ce constat. Le document de juillet cadrait ainsi le sujet : « Afin de concilier le développement aéroportuaire avec les objectifs de protection de l’environnement, de la santé publique et de la qualité de vie des habitants, le gouvernement wallon veillera à encadrer le déploiement des activités des aéroports régionaux et des zones économiques connexes en fonction des critères suivants : le strict respect des normes de bruit (…) ; l’extension des nouveaux zonings d’activités économiques autour des aéroports sera soumise à des normes d’emploi à l’hectare et d’utilisation des espaces actuellement disponibles. Toutes les conditions du permis d’environnement seront strictement respectées et contrôlées »  [187]. L’approche retenue dans l’accord de gouvernement est différente : « Les aéroports wallons constituent des viviers d’emploi importants et des pôles de développement majeurs dans la dynamique d’amplification de l’économie wallonne que le gouvernement entend soutenir. [Celui-ci] agira de manière à concilier développement économique et création de nombreux emplois dans et autour des aéroports avec les objectifs de protection de l’environnement, de la santé publique et de la qualité de vie des habitants »  [188]. À propos des zones économiques connexes, ce texte pose : « Afin de valoriser au mieux ces terrains à haute valeur ajoutée, l’extension des nouveaux zonings d’activités économiques autour des aéroports sera soumise à des normes d’emploi à l’hectare et d’utilisation des espaces actuellement disponibles. Le gouvernement privilégiera des activités directement liées à l’aéroport. Les investissements qui ont fait l’objet d’une décision du gouvernement seront poursuivis. Les conditions du permis d’environnement seront entièrement respectées et contrôlées »  [189]. Des engagements sont également pris pour défendre, « à l’échelle internationale et notamment européenne, le principe d’une réduction forte des émissions de gaz à effet de serre liées à l’aviation » et à encourager « les aéroports wallons à se doter, dans la mesure du possible, d’objectifs ambitieux quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à leurs vols »  [190].

205 Tandis que le document coquelicot se voulait ferme quant aux plages horaires (« Le gouvernement entend strictement limiter l’exploitation de l’aéroport de Charleroi sur la plage actuelle de 6h30 à 23h »  [191]), l’accord de gouvernement se veut plus tempéré (« Le gouvernement assurera le respect des normes de bruit. (…) En concertation avec les organes de gestion de l’aéroport de Charleroi, il prendra progressivement les mesures nécessaires pour que l’exploitation de l’aéroport s’opère de manière effective sur la plage horaire de 6h30 à 23h »  [192]).

206 En ce qui concerne l’industrie de l’armement, le texte coquelicot mettait plutôt l’accent sur la diversification : « Afin de leur garantir une meilleure stabilité, la Wallonie poursuivra et renforcera le processus d’accompagnement des entreprises du secteur de l’armement en vue de diversifier leurs productions et leur clientèle »  [193]. Cette portion de phrase se retrouve telle quelle dans l’accord de gouvernement  [194]. On trouve cependant aussi dans cet accord le passage suivant, sans équivalent dans le document coquelicot : « Le gouvernement veillera à protéger l’emploi et assurer une activité économique pérenne dans le chef des groupes industriels wallons concernés »  [195].

207 Dans ces deux exemples, on peut supposer que l’arrivée du MR autour de la table a infléchi les orientations prises dans le cadre des discussions coquelicot. Il est toutefois probable qu’une partie du PS (notamment son aile liégeoise, vu les intérêts en jeu pour cette région dans les deux domaines d’activité concernés et les pressions exercées par les métallurgistes de la FGTB) ait aussi contribué à peser dans ce sens.

208 Entre les deux textes, certains sujets ont également fait leur apparition. On relèvera en particulier la cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile (5G), à laquelle le document coquelicot ne faisait aucune allusion, tandis que l’accord de gouvernement lui consacre une section spécifique d’une demi-page au sein du chapitre portant sur la politique industrielle et de recherche, de développement et de l’innovation, ainsi qu’un passage spécifique dans la section consacrée au développement territorial au sein du chapitre (nouvellement créé) sur le numérique. L’approche est résolument favorable au déploiement de cette technologie  [196], mais « après évaluation sur le plan environnemental (…), de la santé publique (…), de l’efficacité économique, de la sécurité des données et d[u] respect de la vie privée »  [197].

209 À l’inverse, des mesures qui apparaissaient dans la note coquelicot ne figurent pas dans l’accord de gouvernement wallon. Il en va ainsi du décumul intégral entre un mandat de député wallon et une fonction exécutive locale (bourgmestre, échevin ou président du conseil de l’action sociale), de la demande à adresser aux autorités fédérales de procéder à une modification de la Constitution pour permettre le référendum d’initiative citoyenne  [198] ou de la volonté de déployer et de pérenniser le droit d’initiative législative des citoyens  [199]. Ces points constituent pourtant des mesures phares pour les écologistes depuis plusieurs décennies  [200].

210 Sans pouvoir effectuer une comparaison sur tous les sujets, on relèvera enfin que, en matière budgétaire et fiscale, certaines différences sont également perceptibles entre la note coquelicot et l’accord de gouvernement finalement conclu. La première défendait une vision sociale et environnementaliste, remettant quelque peu en question l’austérité : « [La politique fiscale] poursuivra comme objectif d’assurer l’équité entre tous les contribuables, de prendre appui sur la capacité contributive de chacun, de privilégier les comportements favorisant le développement durable, les économies d’énergie et la moindre empreinte environnementale. (…) Le gouvernement mènera une politique budgétaire ambitieuse afin de répondre notamment aux enjeux sociaux et environnementaux de la Wallonie, tout en veillant à maîtriser son budget, ses finances et l’évolution de sa dette. Le gouvernement mettra en œuvre des programmes d’investissement essentiels (…). Afin de disposer de davantage de marges de manœuvre, le gouvernement agira pour infléchir les règles budgétaires européennes en faveur des investissements, en les excluant du calcul des soldes budgétaires. [Il] veillera également à assurer une plus grande efficience dans la gestion budgétaire et fiscale »  [201]. Pour sa part, l’accord tripartite est plus court sur les questions fiscales et budgétaires, et diffère nettement du document de juillet, comme le montre sa reproduction in extenso : « Le gouvernement entend soutenir le pouvoir d’achat des Wallonnes et des Wallons. Le gouvernement n’imposera aucune taxe nouvelle. Par ailleurs, le gouvernement mettra en œuvre les mesures suivantes : afin de soutenir les propriétaires occupants, il introduira une réduction fiscale forfaitaire sur le précompte immobilier pour l’habitation ; afin de favoriser l’accès au logement et le dynamisme du marché du logement privé, il augmentera également l’abattement fiscal sur les droits d’enregistrement pour l’habitation propre et unique. La trajectoire budgétaire de la législature conduira à l’équilibre en 2024, tout en préservant une importante capacité d’investissement en lien avec l’Union européenne »  [202].

211 Il est toutefois à noter que les engagements à tenter d’infléchir la politique européenne notamment en faveur de la création d’une banque du climat, du développement d’une fiscalité environnementale, de la neutralisation budgétaire des investissements en faveur de la transition, de la lutte contre le dumping fiscal, de l’intégration des objectifs de développement durable dans les programmes ou projets internationaux, ou encore de la lutte contre la pauvreté figurent de manière assez semblable dans les deux documents  [203].

212 Numériquement, une bipartite associant le PS et le MR aurait été suffisante pour former les deux exécutifs. Néanmoins, il ressort de l’analyse comparée de la note coquelicot et de l’accord de gouvernement wallon que l’influence du premier document, établi par les socialistes et les écologistes, ne peut être négligée. Il en va par exemple ainsi, outre les éléments déjà mentionnés relatifs à la volonté de réduire les gaz à effet de serre ou de limiter la hausse de la température, de l’introduction ou du renforcement de mécanismes de démocratie participative, à deux exceptions près (cf. supra). L’influence des écologistes va également au-delà. Certains éléments contenus dans la note déposée par Écolo, seul, durant l’été se retrouvent dans l’accord de gouvernement wallon alors qu’ils étaient absents de la note coquelicot. Parmi ceux-ci, mentionnons l’adoption d’une stratégie de sortie de la production du plastique à l’horizon 2030  [204], le développement de la production d’électricité d’origine renouvelable  [205] ou la volonté de rassembler, au sein du Service public de Wallonie (SPW), des compétences incluant toute la chaîne alimentaire de l’agriculture et de l’alimentation  [206]. La comparaison effectuée supra permet néanmoins de voir que le MR a aussi pu marquer cet accord de gouvernement de son empreinte et n’a pas dû se contenter de se rallier au projet coquelicot.

213 Par ailleurs, on relèvera que, pendant la campagne électorale, le CDH avait indiqué que la mise en œuvre d’une assurance autonomie pour les personnes dépendantes était une condition sine qua non à sa participation éventuelle à une nouvelle majorité wallonne  [207]. Ce dossier avait engendré des tensions entre le PS et le CDH au sein du gouvernement Magnette (2014-2017), non sur le principe mais plutôt sur les modalités de son financement  [208]. Le principe de créer une assurance autonomie avait par contre été approuvé par le gouvernement Borsus (MR/CDH), qui l’avait remplacé ; toutefois, cette décision n’avait pu être confirmée par le Parlement wallon en raison de la défection d’une députée MR qui avait fait vaciller la majorité en fin de législature. Si cette assurance autonomie n’est pas reprise dans l’accord de gouvernement wallon 2019-2024, elle apparaissait pourtant bien dans la note coquelicot  [209]. Cela signifie dès lors que soit le principe ou les modalités de financement d’une telle assurance ont constitué un point de blocage entre les futurs partenaires socialistes, libéraux et écologistes, soit que les socialistes et les écologistes espéraient obtenir le soutien du CDH à la formation d’un gouvernement coquelicot, notamment en lui accordant la réalisation de cette revendication, et que le refus du CDH a conduit le PS et Écolo, voire aussi le MR, à vouloir clairement marquer la perte d’influence du parti centriste sur la politique régionale.

214 Un constat peut être fait à la simple lecture du sommaire de l’accord de gouvernement de la Communauté française (entité dénommée Fédération Wallonie-Bruxelles dans les textes) – constat qui vaut d’ailleurs également pour l’accord wallon. Les titres des chapitres correspondent à des compétences : « Enseignement » ; « Enseignement supérieur » ; « Enseignement de promotion sociale » ; « Démocratie et citoyenneté » ; etc. Dans la note coquelicot, les intitulés exprimaient davantage un engagement politique : « Un enseignement garant de l’émancipation de tous et visant à réduire les inégalités » ; « Un enseignement supérieur accessible, inclusif et justement financé et au service d’une société en transition écologique et sociale » ; « Un enseignement de promotion sociale inclusif, accessible et valorisé » ; « Une Fédération participative qui donne plus de pouvoir aux citoyens » ; etc.

215 Tant parmi les premières lignes de la note coquelicot que dans l’introduction de l’accord de gouvernement, revient cet engagement du gouvernement communautaire : « Chaque mesure devra permettre l’émancipation de tous, contribuer à la réduction des inégalités et encourager la participation des enfants, des jeunes et des familles, avec une attention particulière pour les plus précarisés »  [210]. De même, ce passage de l’accord porte la marque du PS et d’Écolo et est très similaire (voire identique pour certaines phrases) à ce que l’on trouvait dans la note coquelicot : « La Fédération Wallonie-Bruxelles contribuera à rendre chacun conscient de l’urgence climatique et de la nécessité d’une transition écologique. (…) La Fédération, partie prenante à l’Accord de Paris [sur le climat, adopté le 12 décembre 2015 et entré en vigueur le 4 novembre 2016], doit intégrer l’urgence climatique au cœur de son action. Dans ce but, un plan transversal sera élaboré en associant largement l’ensemble des secteurs, les acteurs de la société civile, les corps intermédiaires (tels que les pouvoirs organisateurs, les syndicats, les associations de parents), les citoyennes et citoyens et le Parlement. Ce plan déclinera les actions à mettre en œuvre dans toutes les compétences de la Fédération pour viser la neutralité carbone au plus tard en 2050, et de 55 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. En particulier, il visera à intégrer cet enjeu au cœur des contenus de toutes les missions de la Fédération (éducation, enseignement supérieur, culture, etc.), de même qu’à le concrétiser au sein de la gestion propre de la Fédération, de ses outils et des institutions qu’elle subventionne (bâtiments, plans de déplacement, fonds financiers, marchés publics, etc.) »  [211].

216 L’accord de gouvernement reflète cependant l’arrivée du MR dans la négociation en Communauté française. Ainsi, au « bien-être des enfants, des jeunes [et] des générations futures » qui figurait dans la note coquelicot, le texte tripartite ajoute la nécessité, pour la Communauté française, d’aider ces catégories de citoyens « à développer leur sens de l’innovation et de l’initiative. Elle doit les encourager à devenir autonomes et responsables, à accomplir des efforts et à prendre part pleinement à la société »  [212], autant d’éléments que l’on retrouve classiquement dans les programmes et discours du parti libéral. De même, la vision libérale de l’enseignement a manifestement trouvé à s’exprimer dans ce passage de l’accord : « La Fédération, à travers un enseignement d’excellence et la culture démocratisée, fera tout pour (…) émanciper [les jeunes] et les préparer au monde de demain. Elle a un rôle clé à jouer dans le redéploiement économique de la Wallonie et de la Région de Bruxelles-Capitale. La poursuite du redéploiement économique des deux Régions passe nécessairement par un enseignement de qualité, ce qui nécessite entre autres une confiance accrue aux acteurs de terrain et des formations en lien avec le monde du travail. Elle veillera spécifiquement à l’adéquation entre la formation et les métiers, notamment les métiers en pénurie »  [213].

217 Cependant, le PS et Écolo ont réussi à préserver certaines mesures dont on pouvait penser qu’elles représenteraient des points de blocage avec leur partenaire libéral. Ainsi, le MR avait fait de la lutte contre l’allongement du tronc commun jusqu’en fin de la 3e année de l’enseignement secondaire un de ses chevaux de bataille  [214]. Ce tronc commun est néanmoins confirmé dans l’accord de gouvernement, même s’il devient « modalisé »  [215], c’est-à-dire que les établissements scolaires pourront organiser des activités permettant aux élèves de s’orienter durant cette année. Par ailleurs, la volonté de se diriger vers un enseignement totalement gratuit à terme est confirmée  [216], tout comme la volonté de renforcer les mesures de limitation de la publicité sur les ondes de la chaîne publique de radio-télévision RTBF  [217].

218 La presse a relevé que le principal trophée remporté par le MR durant la négociation concernait, pour la Communauté française, l’abrogation du décret « inscriptions »  [218]. La note coquelicot avait déjà entrouvert la porte à une réforme : « Le gouvernement souhaite évaluer et améliorer le décret inscriptions afin notamment de renforcer sa compréhension par les parents, la transparence du processus, la prise en compte des réalités de chaque bassin scolaire et la mixité dans les écoles »  [219]. L’accord de gouvernement va plus loin puisqu’il prévoit effectivement l’abrogation du décret controversé et son remplacement. Les termes employés montrent cependant que cette mesure a dû faire l’objet d’âpres débats entre les négociateurs des trois partis. Ce passage est aussi l’occasion pour chacun de réaffirmer ses priorités : « En vue de concilier les principes de libre choix des parents, d’adhésion au projet pédagogique et de mixité sociale au sein des écoles, dans le décret “missions” du 24 juillet 1997, les dispositions relatives aux inscriptions dans l’enseignement secondaire seront abrogées et simultanément remplacées par de nouvelles dispositions décrétales. Cette actualisation du décret “inscription” devra permettre de renforcer la transparence et l’équité du processus d’inscription, sa compréhension par les parents et la transparence administrative, et à mieux tenir compte de la réalité des bassins scolaires. Seront maintenus les critères prioritaires d’inscription dans un établissement : l’inscription d’un membre supplémentaire d’une fratrie et l’inscription d’un élève dont un des parents est membre du personnel prestant dans l’établissement. Seront également maintenus le formulaire unique d’inscription, la période d’inscription et un mécanisme d’inclusion d’au moins 20 % de publics précarisés. Le critère des partenariats pédagogiques entre établissements sera maintenu et clarifié. À cet effet, le gouvernement chargera une équipe d’experts de lui transmettre des propositions concrètes »  [220].

219 Enfin, relevons que l’accord de gouvernement, pas plus que la note coquelicot, ne comporte de chapitre relatif au budget de la Communauté française ou au financement des politiques prévues. Tout au plus trouve-t-on dans le document tripartite une mention relevant l’importance de l’enseignement et affirmant : « Même dans un contexte budgétaire défavorable, l’ambition doit être de mise »  [221].

3.6. Premières réactions

220 Une fois les deux accords de gouvernement rendus publics, de premières réactions se manifestent. Le Soir du 11 septembre 2019 met en évidence « quatre questions délicates ». Il pointe le report de l’équilibre budgétaire à 2024 alors que, rappelle-t-il, le gouvernement wallon Borsus avait annoncé que le budget 2019 serait déjà dans cette situation. Il salue, avec Amnesty International Belgique et la Ligue des droits humains (LDH), l’engagement pris par la tripartite de respecter la législation wallonne de 2012 sur les ventes d’armes, tout en se demandant si cela pourra impliquer l’annulation de ventes déjà prévues à l’Arabie saoudite. Le quotidien souligne que des avancées symboliques en matière de bonne gouvernance, en particulier celles concernant le décumul, sont passées à la trappe alors qu’elles figuraient dans la note coquelicot. Enfin, il relaie l’incompréhension de l’ancienne ministre CDH A. Greoli quant à l’absence de l’assurance autonomie dans le projet de la nouvelle majorité.

221 Le lendemain, La Libre Belgique répercute à son tour les critiques d’autres acteurs. La Commission wallonne pour l’énergie (CWAPE), régulateur wallon de l’énergie, fait savoir qu’elle s’oppose au report de cinq ans de l’introduction de la redevance photovoltaïque (ou tarif prosumer) décidé par les négociateurs et souligne que c’est à elle et non au gouvernement régional qu’il revient de fixer les tarifs. Elle envisage de saisir la Cour constitutionnelle. La Fédération Horeca Wallonie réagit pour sa part à la volonté du futur gouvernement wallon de rendre l’eau du robinet gratuitement disponible dans les restaurants et lieux publics, ce que cette organisation juge intenable sur le plan de la rentabilité du secteur et nuisible pour les grandes entreprises wallonnes d’eau minérale embouteillée. Enfin, le quotidien fait écho à un courrier du 10 septembre 2019 adressé par plusieurs hautes écoles au monde politique qui témoigne de leur vive inquiétude face au report d’un an de l’allongement de la formation initiale des enseignants et de la volonté du futur gouvernement de la Communauté française de mesurer sur une période de vingt ans l’impact budgétaire de cette réforme. Ces acteurs indiquent qu’ils préparent cette réforme depuis plus de dix ans et que les récentes décisions politiques, motivées selon eux uniquement par des soucis budgétaires, semblent réduire à néant tout leur investissement et les bienfaits que produirait une telle réforme pour l’enseignement francophone.

222 Enfin, parmi les réactions des interlocuteurs sociaux, tant l’UWE que l’aile wallonne de la FGTB pointent des accords de gouvernement qui sont le fruit de compromis et paraissent un peu timorés par rapport à la direction que ces deux organisations – certes dans des sens divergents voire opposés – auraient aimé voir mise en œuvre. Pour l’UWE, Olivier de Wasseige salue « la volonté d’augmenter le taux d’emploi de 5 % (de 63,7 % à 68,7 %). Nous avons nous-mêmes évoqué la possibilité d’arriver au plein emploi en 2030. La différence, c’est que nous fixions dix conditions pour y arriver : l’accent mis sur l’enseignement en alternance, des solutions pour les métiers en pénurie, une réforme du FOREM, l’accompagnement des chômeurs... Que va-t-on faire concrètement ? »  [222] Secrétaire général de la FGTB wallonne, T. Bodson reste amer quant au retrait du PTB et estime que « ce programme de gouvernement ne traduit pas le résultat des élections qui montrait une Wallonie très à gauche ». Selon lui, « il est clair que le bic bleu est passé sur le coquelicot ». Il concède toutefois que l’accord régional « n’est pas réellement scandaleux tant il est flou et édulcoré. Les marges d’interprétation sont énormes ». Mais il ironise : « La perspective d’un retour à l’équilibre en 2024 est digne de Merlin l’Enchanteur ». Et déplore : « Sur les politiques qui nous intéressent, on ne peut absolument pas parler de changement de cap »  [223].

3.7. Conclusion

223 Il faut remonter à 1999 pour voir une coalition dite arc-en-ciel, rassemblant le PS, le MR et Écolo, se mettre en place. Depuis 2004, plus aucun gouvernement en Région wallonne ou en Communauté française n’avait associé le PS et le MR  [224]. Par ailleurs, depuis 2004, jamais le CDH n’avait été relégué dans l’opposition à ces deux niveaux de pouvoir. En ce sens, une double rupture marque la mise sur pied des deux gouvernements formés à la mi-septembre 2019. En revanche, chacun des trois partis associés au sein des deux nouveaux exécutifs a déjà exercé le pouvoir, parfois de longue date (le PS participe au gouvernement de la Communauté française sans discontinuer depuis le 2 février 1988).

224 Un autre élément marquant est le fait que le processus de formation de ces deux gouvernements a connu en 2019 une durée sans précédent. Le résultat des scrutins régionaux du 26 mai 2019, marqué par le recul des trois partis traditionnels, a rendu impossible la reconduction des coalitions qui gouvernaient la Région wallonne (MR/CDH) et la Communauté française (PS/CDH), scénario qui aurait pu simplifier et accélérer la mise sur pied de nouveaux exécutifs. À l’inverse, le retrait du CDH puis du PTB (couplé à l’insuffisance numérique d’une coalition associant le PS, Écolo et Défi au Parlement de la Communauté française) a très rapidement clarifié l’arithmétique : la seule formule permettant au PS et à Écolo ensemble de mettre sur pied deux gouvernements majoritaires était une tripartite arc-en-ciel. Néanmoins, la volonté du PS et d’Écolo de tenter au préalable d’explorer une voie originale et inattendue, afin soit d’obtenir le soutien extérieur de députés d’autres partis à des gouvernements minoritaires, soit de faire revenir le CDH ou le PTB sur leur décision de se cantonner à un rôle d’opposition, explique assez largement l’allongement des négociations. Moins de deux mois séparent le début de la négociation tripartite et la conclusion des accords de gouvernement ; une telle durée aurait été similaire à celle observée cinq ans auparavant si elle n’avait été précédée d’un mois et demi de consultations et de négociations menées par le PS puis par celui-ci et Écolo.

225 Il est cependant à noter que la négociation initiale entre le PS et Écolo puis la consultation de nombreux acteurs que ces deux partis ont menée en vue de la rédaction de notes coquelicot n’ont pas été vaines puisque ces textes ont très largement servi de base aux accords de gouvernement. Cet exercice, en raison notamment du fait qu’ils ont consulté beaucoup d’acteurs et qu’ils ont rendu public le résultat du processus conduit jusqu’alors, a permis au PS et à Écolo de définir des axes politiques sur lesquels il a été plus difficile de revenir lors du passage à la phase tripartite de la formation des gouvernements. Néanmoins, cela n’a pas empêché le MR d’imposer certains points ou thématiques ou d’en évacuer d’autres, ce qui, dans certains cas, pouvait sans doute satisfaire le PS ou, à tout le moins, certains de ses mandataires. C’est donc un subtil jeu d’équilibre entre les trois acteurs, séparément ou en association à deux face au troisième, qui s’est noué au cours de ces mois.

226 Au final, les équipes mises en place à la mi-septembre traduisent des équilibres relativement classiques vu les rapports de force entre les trois partis qui forment les coalitions. On peut toutefois remarquer que, en dépit de la supériorité numérique du PS dans les deux assemblées parlementaires concernées, le MR a pu décrocher l’un des deux postes de ministre-président à pourvoir et que ce même parti a obtenu des portefeuilles particulièrement bien garnis pour W. Borsus en Région wallonne et pour V. Glatigny en Communauté française. Par ailleurs, si le gouvernement wallon Di Rupo III intègre une personne issue de la société civile (C. Tellier, jusqu’alors secrétaire générale d’IEW), seule une autre de ses membres n’avait jamais exercé de responsabilités ministérielles auparavant (C. Morreale). À l’inverse, à l’exception notable de son ministre-président, le gouvernement de la Communauté française Jeholet est exclusivement composé de personnes qui, sans être des novices en politique, n’avaient jusqu’alors jamais exercé de responsabilités ministérielles.

4. La formation du gouvernement flamand

227 Lors de l’élection du Parlement flamand du 26 mai 2019  [225], la tendance déjà observée lors du scrutin communal et provincial de l’année précédente se confirme : la N-VA, qui avait été le grand vainqueur de l’élection du 25 mai 2014, subit une nette défaite, tandis que le Vlaams Belang, qui avait été relégué en 2014 au rang de sixième parti flamand, obtient l’un des meilleurs résultats de son histoire. Les partis de la coalition flamande sortante (N-VA, CD&V et Open VLD) sont tous trois en recul. La N-VA reste certes la première formation politique flamande, mais elle passe de 31,9 % des votes valables à 24,8 %, soit une perte de près de 300 000 voix. Le CD&V recule d’une place dans la hiérarchie des partis flamands : en cédant plus de 200 000 électeurs (de 20,5 % à 15,4 %), il passe au troisième rang. L’Open VLD limite les dégâts, passant de 14,2 % à 13,1 % (soit une perte d’un peu moins de 40 000 votants). Les partis de l’opposition flamande ne sont cependant pas tous en progrès. C’est le cas du Vlaams Belang (de 5,9 % à 18,5 %, une progression spectaculaire qui est le résultat d’un gain de près de 550 000 électeurs) et de Groen (de 8,7 % à 10,1 %, soit un gain d’environ 60 000 suffrages). Par contre, le SP.A poursuit sur la pente descendante, perdant quelque 150 000 électeurs (de 14,0 % à 10,3 %) et l’Union des francophones perd son unique député au Parlement flamand (en passant de 0,8 % à 0,7 %). Enfin, le PTB (en néerlandais, PVDA) fait son entrée dans l’assemblée en gagnant près de 120 000 votants et en doublant largement son score de 2014 (de 2,5 % à 5,3 %). In fine, le Parlement flamand issu de ces élections se compose de 35 députés N-VA (– 8), 23 Vlaams Belang (+ 17), 19 CD&V (– 8), 16 Open VLD (– 3), 14 Groen (+ 4), 13 SP.A (– 5) et 4 PVDA (+ 4).

228 Une nouvelle fois, et conformément à une pratique bien installée, c’est le président du parti arrivé en tête qui prend l’initiative des négociations pour la formation du gouvernement flamand. Comme en 2014, il s’agit donc de Bart De Wever, le président de la N-VA. Son rôle n’est pas de former un gouvernement mais, à l’image – d’une certaine façon – du roi dans le cadre fédéral, de consulter puis de désigner, le cas échéant, un formateur.

4.1. Rupture du « cordon sanitaire » ?

229 Le bon résultat enregistré par le Vlaams Belang (le second plus élevé qu’il ait jamais obtenu pour un scrutin flamand, après son résultat historique de 24,2 % le 13 juin 2004) soulève d’emblée la question du « cordon sanitaire ».

230 Le cordon sanitaire a été mis en place en 1989 à l’initiative de Jos Geysels, alors secrétaire national du parti écologiste néerlandophone Agalev. Le Vlaams Blok (actuel Vlaams Belang) avait réalisé une première percée électorale lors des élections communales du 9 octobre 1988 à Anvers, décrochant 10 sièges au conseil communal avec 17,7 % des voix. Au terme d’un débat clôturant le congrès annuel des Jongsocialisten le 4 février 1989, J. Geysels avait dès lors lancé l’idée d’exclure le parti d’extrême droite de toute participation au pouvoir, idée qui avait aussitôt reçu l’assentiment des représentants des autres partis présents au congrès. Un protocole avait été conclu en ce sens en mai 1989 entre les cinq grands partis flamands : le CVP (actuel CD&V), le PVV (actuel Open VLD), le SP (actuel SP.A), la Volksunie (VU, ancêtre de l’actuelle N-VA) et Agalev (actuel Groen). Cependant, cette première tentative avait fait long feu : sept semaines plus tard, le protocole avait été dénoncé par le président de la VU, Jaak Gabriëls, suivi par les dirigeants du CVP et du PVV.

231 Mais au lendemain du « dimanche noir » du 24 novembre 1991 – jour d’élections législatives à l’occasion desquelles le score du Vlaams Blok est de 10,3 % des voix à l’échelle de l’ensemble des cantons flamands (et même de 20,7 % dans l’arrondissement électoral d’Anvers) –, l’attitude à adopter face au Vlaams Blok revient au centre des discussions politiques. Après la publication par ce parti d’un programme controversé en 70 points sur l’immigration, toutes les autres formations politiques représentées au Conseil flamand (actuel Parlement flamand) votent, le 19 novembre 1992, en faveur d’une résolution condamnant ce programme estimé contraire à la Déclaration européenne des droits de l’homme  [226]. Cette condamnation unanime fournit un argument majeur à ceux qui entendent isoler un parti jugé d’autant plus dangereux qu’il progresse dans les urnes.

232 Les élections du 24 novembre 1991 et l’essor spectaculaire du Vlaams Blok entraînent par ailleurs la naissance d’un mouvement de défense contre les progrès de l’extrême droite en Flandre et en Europe, appelé Charta 91. L’adoption de la résolution du 19 novembre 1992 est l’occasion pour Charta 91 de lancer une campagne visant à ce que le Vlaams Blok soit écarté de toute participation au pouvoir, à quelque niveau que ce soit. Le mouvement demande aux hommes et aux femmes politiques de s’y engager, ce que font nombre d’entre eux. Les partis ne restent pas insensibles à cette campagne ; plusieurs d’entre eux (le SP et le CVP, en particulier) font adopter par leurs congrès pré-électoraux (les élections communales et provinciales du 9 octobre 1994 approchent) des directives interdisant à leurs mandataires de former des coalitions avec des formations politiques dont les objectifs seraient contraires à la Déclaration universelle des droits de l’homme.

233 Un autre mouvement, Hand in Hand tegen Racisme, réussit en mai 2000 – soit quelques mois avant les élections communales et provinciales du 8 octobre de la même année – à faire signer par les présidents des cinq partis cités précédemment une charte pour la démocratie (Charter voor democratie), qui dispose notamment, en son point 7, « que notre parti maintient sans réserve le cordon sanitaire autour du Vlaams Blok, ce qui veut dire que nous ne nous engagerons dans aucune forme de collaboration politique et que nous ne conclurons ni accords ni coalitions, à aucun niveau ». Ce texte est signé par Geert Bourgeois pour la VU, par Stefaan De Clerck pour le CVP, par Karel De Gucht pour le VLD (nouveau nom du PVV), par Jos Geysels pour Agalev et par Patrick Janssens pour le SP. Il précise explicitement que « les élus ou les sections de notre parti qui ne s’en tiennent pas aux règles fondamentales de la présente Charte se placent automatiquement en dehors du parti ».

234 Ce cordon sanitaire  [227] tient effectivement bon jusqu’en 2019, même si son utilité et sa pertinence sont régulièrement remises en cause dans les rangs de certains des partis qui y ont souscrit. À quelques reprises, il a aussi été menacé par les bons résultats électoraux du Vlaams Blok puis Vlaams Belang au niveau local, voire par des contextes locaux particuliers. Il a parfois été nécessaire de former des alliances délicates pour s’y tenir, de même qu’il est arrivé que des décisions soient prises grâce aux voix d’élus du parti d’extrême droite. Mais celui-ci n’est jamais entré dans une coalition en Flandre, et n’a pas davantage été invité à y négocier son entrée.

235 À la fin du mois de mai 2019, B. De Wever annonce d’emblée son intention de rencontrer les représentants de tous les partis représentés au Parlement flamand, en ce compris donc le Vlaams Belang.

236 À vrai dire, ce n’est pas là un fait inédit. Trois précédents sont à mentionner dans le cadre de rencontres post-électorales visant à former un gouvernement flamand. En juin 2004, Yves Leterme (CD&V) avait convié (à une seule reprise) des représentants du parti d’extrême droite, « par respect pour l’électeur du Vlaams Blok », avait-il alors tenu à préciser, et pour demander des « clarifications sur certaines positions » de ce parti  [228]. Mais Y. Leterme avait d’avance exclu toute négociation avec le Vlaams Blok sur un accord de coalition. Le 10 juin 2009, Kris Peeters (CD&V) avait reçu le président du Vlaams Belang, Bruno Valkeniers. Mais dès le lendemain, il s’était mué en formateur et avait annoncé que son parti allait entamer des négociations avec les seuls SP.A, Open VLD et N-VA. Le 27 mai 2014, B. De Wever s’était entretenu avec Gerolf Annemans, alors président du Vlaams Belang. Mais dès le 6 juin, il avait indiqué que le CD&V et la N-VA formeraient le nouveau gouvernement flamand (négociation élargie par la suite à l’Open VLD)  [229].

237 Il n’y a donc rien d’exceptionnel dans la démarche qu’entreprend B. De Wever en mai 2019. Ce qui l’est davantage, ce sont ses déclarations au soir et au lendemain du scrutin. Reconnaissant la défaite de son parti – l’ornant à son habitude d’un adage latin, en l’occurrence « Amicus certus in re incerta cernitur »  [230] –, il s’empresse de déclarer que l’électeur « a toujours raison » en démocratie et qu’il « est plus manifeste que jamais [que] le Flamand vote à droite et nationaliste flamand ». Il ajoute : « Nous avons été élus pour défendre notre identité flamande et notre prospérité flamande (…). Nous n’atteignons pas les 30 % que nous souhaitions ; les gens sont furieux et mécontents, ils l’ont fait savoir dans les urnes. La Flandre a choisi une direction, il faut la respecter ». Interrogé sur la rupture du cordon, il se montre plutôt évasif : « La N-VA n’a jamais souscrit au cordon, mais nous ne sommes pas d’accord avec certaines positions et avec le ton utilisé. Je suis curieux de savoir comment [Tom] Van Grieken [président du Vlaams Belang depuis octobre 2014] voit l’avenir de son parti »  [231].

238 Au moment où la chaîne de télévision privée Vlaamse Televisie Maatschappij (VTM) donne les premiers résultats relatifs à la circonscription du Brabant flamand, Theo Francken, ancien secrétaire fédéral d’État à l’Asile et aux Migrations dans le gouvernement fédéral Michel I, est filmé réagissant à une remarque de son président de parti qui souligne les progrès du Vlaams Belang : « Ensemble une majorité » (« Samen een meerderheid »), se réjouit-il. La phrase ne manque pas d’interpeller. Elle rejoint les déclarations de plusieurs participants à la soirée électorale organisée par la N-VA au Claridge, à Bruxelles : « Il y a une poussée vers la droite et une poussée flamande. Ce signal doit se traduire dans les politiques à venir », indique ainsi Ben Weyts, ministre flamand sortant de la Mobilité, des Travaux publics, de la Périphérie flamande de Bruxelles, du Tourisme et du Bien-être des animaux.

239 Plusieurs mandataires et ex-mandataires de la N-VA s’expriment dans le même sens que B. De Wever au cours de la semaine qui suit les élections. Ainsi, Zuhal Demir, députée flamande et ancienne secrétaire d’État dans le gouvernement fédéral Michel I (N-VA/MR/CD&V/Open VLD)  [232], déclare : « Je ne vais pas me cacher derrière un cordon sanitaire mis en place il y a 28 ans, qui ne nous a absolument pas rapprochés de solutions. Je n’y crois plus »  [233]. Par la suite, elle précisera (dans la ligne tracée par son président) : « Il serait très curieux d’exclure, aujourd’hui, totalement le Vlaams Belang. (...) Mais le Vlaams Belang a toujours été un parti tribunitien (zweeppartij) et la question cruciale est de savoir s’il veut vraiment participer au pouvoir »  [234]. Z. Demir s’interroge d’ailleurs sur la sincérité de T. Van Grieken : « Quid de la ligne de Filip Dewinter [ancienne figure de proue du parti d’extrême droite] ? (...) Nous n’aurions jamais mis quelqu’un comme Dries Van Langenhove  [235] sur la liste. Ceux qui ont regardé le reportage de Pano savent quelles choses horribles ce jeune homme peut proférer. C’était xénophobe, raciste et fasciste. Et Van Grieken le laisse tirer la liste en Brabant flamand. Pour nous, ce genre de personne est inacceptable ». De manière similaire, Siegfried Bracke, ancien président de la Chambre des représentants, non réélu le 26 mai, plaide ouvertement « pour la formation d’un gouvernement minoritaire en Flandre, qui aurait le soutien du Vlaams Belang ». Il indique avoir « toujours été hostile [au cordon sanitaire]. Je considère que c’est contre-productif, en plus d’être injuste politiquement car, à mon sens, les parlementaires du Vlaams Belang – un parti qui, je le précise, est très éloigné de mes convictions politiques, et pour lequel je n’ai pas de sympathie – sont des élus comme les autres, il n’existe pas de parlementaires de seconde zone »  [236]. De même, Herman De Bode, président du conseil d’administration d’Infrabel et ancien chef de cabinet de Jan Jambon (entre 2014 et 2016) lorsque celui-ci était vice-Premier ministre et ministre fédéral de la Sécurité et de l’Intérieur (chargé des Grandes villes et de la Régie des bâtiments), indique qu’il ne voit « aucune objection de principe ou éthique » à associer le Vlaams Belang au pouvoir  [237]. On notera au passage que, ensemble, la N-VA et le Vlaams Belang ne disposeraient pas d’une majorité au Parlement flamand (ils totalisent 58 sièges sur 124), mais bien dans les commissions de cette assemblée (composées de 15 membres, à savoir 5 N-VA, 3 Vlaams Belang, 2 CD&V, 2 Open VLD, 2 Groen et 1 SP.A).

240 À vrai dire, la N-VA se trouve, malgré son recul électoral, dans une position confortable. Certes, elle ne franchit plus la barre des 30 % que dans la seule circonscription d’Anvers et elle est même dépassée par le Vlaams Belang dans celle de Flandre occidentale (circonscription où, il est vrai, elle a toujours connu des résultats moindres). Mais elle a la main pour former le gouvernement flamand et, de plus, elle est « incontournable » dans la mesure où, si le cordon sanitaire n’est pas rompu, seule une coalition rassemblant tous les autres partis représentés au Parlement flamand excepté le Vlaams Belang pourrait l’écarter du pouvoir en Flandre ; or cette coalition réunissant CD&V, Open VLD, Groen, SP.A et PVDA (76 sièges sur 124) semble beaucoup trop hétéroclite. En outre, au niveau fédéral, le passage de la N-VA à l’opposition priverait toute coalition à venir d’une majorité dans le groupe linguistique néerlandais, sauf à constituer un rassemblement improbable de partis aux idées totalement divergentes ou à intégrer le Vlaams Belang.

4.2. Premières consultations

241 Dès le soir des élections, tant le CD&V que l’Open VLD affirment, par la voix de leurs présidents respectifs, qu’il est hors de question pour eux de gouverner en Flandre avec le Vlaams Belang.

242 Dès lors, plusieurs options sont possibles mais certaines sont peu réalistes ou sont fragiles. Ainsi, une coalition regroupant les partis qui forment la nouvelle majorité à Anvers, soit la N-VA, l’Open VLD et le SP.A, est assez étroite en termes de sièges (61 sièges sur 118 pour les matières régionales, 64 sièges sur 124 pour les matières communautaires). L’hypothèse la plus vraisemblable paraît donc être la reconduction de la coalition sortante, rassemblant la N-VA, le CD&V et l’Open VLD. Elle ne disposerait cette fois que de 70 sièges (contre 89 entre 2014 et 2019), mais le rapport de force entre les trois partis de cette coalition – dite suédoise, en référence au drapeau bleu traversé d’une croix jaune de ce pays – serait sensiblement le même que sous la législature précédente. L’inconvénient est qu’il s’agirait d’une coalition de perdants, puisque les trois membres qui la composeraient ont dû céder, au total, près de 20 sièges dans l’assemblée.

243 Cela étant, et comme d’ailleurs en 2014 déjà, les formations des gouvernements régionaux et communautaires (à l’exception notable de la Communauté germanophone, voire de la Région de Bruxelles-Capitale) s’opèrent en gardant un œil sur ce qui se passe, ou pourrait se passer, à l’étage fédéral. Le président de la N-VA en particulier, dont le parti n’est pas seulement le premier en Flandre mais forme aussi le plus grand groupe à la Chambre des représentants, ne peut ignorer les évolutions du processus de constitution de la future coalition fédérale. Il signale d’ailleurs d’emblée que, de son point de vue, un gouvernement fédéral doit s’appuyer sur une majorité dans chacun des deux groupes linguistiques (ce qui rend de facto la N-VA incontournable à ce niveau, cf. supra). À l’issue du bureau de la N-VA qui se tient le 27 mai 2019, au lendemain des élections, B. De Wever ajoute que la seule manière de sortir de l’impasse fédérale (étant entendu que toute coalition excluant la N-VA ou le PS ne semble pas viable) est de « passer au confédéralisme »  [238].

244 Le 28 mai, B. De Wever entame ses consultations. Il ne reçoit pas – en tout cas, la presse n’en fait pas état – de représentants de la société civile, du patronat ou des syndicats comme il l’avait fait en 2014. Il reçoit d’abord des représentants du PVDA, de Groen et du SP.A ; il a décidé d’inviter les partis représentés au Parlement flamand par ordre inverse d’importance. Il répète qu’il n’entend pas exclure le Vlaams Belang, sans répondre clairement à la question de savoir s’il envisage d’impliquer les représentants de ce parti dans un gouvernement : « Cela dépend d’eux. Ils ont reçu un mandat, la question est de savoir ce qu’ils vont en faire »  [239]. Il ajoute : « Des problèmes subsistent entre nos deux partis, le hooliganisme politique, les fréquentations douteuses (foutevrienden). Tout cela n’a pas disparu. Et sur le fond, certaines de leurs propositions ne sont pas acceptables ni réalisables »  [240].

245 De son côté, le président du Vlaams Belang, T. Van Grieken, s’efforce de présenter son parti comme un partenaire possible. Après avoir annoncé qu’il rendrait publique une liste de « points de rupture » (breekpunten) – les points sur lesquels, donc, le parti n’accepterait pas de concessions – le Vlaams Belang fait machine arrière et ne pose plus d’exclusive. Le 27 mai, le bureau du parti se contente de donner mandat à T. Van Grieken et aux deux chefs de groupe parlementaire, Chris Janssens (Parlement flamand) et Barbara Pas (Chambre des représentants), pour négocier et donner toutes ses chances à cette négociation. T. Van Grieken se montre du reste d’une courtoisie exemplaire à l’égard de la N-VA, contrairement à certains de ses prédécesseurs. Mais l’éditorialiste du journal De Tijd, Bart Haeck, se montre circonspect : « Deux jours de politesse n’effacent pas les péchés », écrit-il  [241]. C’est d’autant plus vrai que, au cours de la campagne électorale, le Vlaams Belang n’a cessé de reprocher à la N-VA d’être devenue un parti de gouvernement (sous-entendu : comme les autres), se présentant lui-même comme l’underdog, c’est-à-dire comme le porte-parole des laissés pour compte.

246 Le président du PVDA, Peter Mertens, indique, après son entretien avec B. De Wever, que son parti n’entrera pas dans un gouvernement avec la N-VA qui, selon lui, a tort de vouloir coupler la formation flamande et la formation fédérale. Le président du SP.A, John Crombez, annonce dans la même veine que les socialistes se refusent à participer à la future coalition flamande.

247 Le 29 mai, c’est au tour des quatre autres partis de rencontrer l’informateur flamand. D’abord la présidente de l’Open VLD, Gwendolyn Rutten. Puis le président du CD&V, Wouter Beke. Ensuite, T. Van Grieken pour le Vlaams Belang. Et enfin, pour la N-VA, les deux vice-présidents du parti : Lorin Parys et Cieltje Van Achter (par ailleurs belle-fille de G. Bourgeois).

248 Fidèle à la nouvelle stratégie que suit son parti, T. Van Grieken formule à l’occasion de cet entretien ce que le quotidien De Tijd appelle un « openingszet » (un « gambit », terme d’échecs désignant le sacrifice volontaire d’un pion à l’ouverture de la partie pour obtenir un avantage stratégique). Il suggère de restreindre l’accès des immigrés à la sécurité sociale : pour pouvoir bénéficier des prestations sociales, il faudrait habiter dans le pays d’accueil depuis un certain temps (huit ans) et avoir cotisé pendant trois années au moins. Contrairement aux apparences, cette proposition est en retrait par rapport au programme du Vlaams Belang, favorable à un arrêt total de l’immigration. Par ailleurs, semblable décision relèverait, le cas échéant, de la compétence fédérale ; mais en matière d’immigration, comme le note C. Janssens (l’un des trois négociateurs du Vlaams Belang) à l’intention des journalistes, certaines choses peuvent être faites au niveau flamand, par exemple pour « faire baisser l’attractivité de notre sécurité sociale » en « limitant l’accès à un certain nombre de prestations sociales, ainsi en matière de logements sociaux ou d’allocations familiales ». Le Vlaams Belang sait que cette idée a déjà été évoquée, avant les élections, tant par la N-VA que par l’Open VLD : pour bénéficier de prestations sociales, il faut d’abord avoir cotisé  [242]. De même, le Vlaams Belang demande qu’il soit vérifié, avant que des aides ne leur soient accordées en Belgique, si les immigrés ne possèdent pas des biens à l’étranger ; or le CPAS de la ville d’Anvers, que préside un élu de la N-VA, a déjà pris une mesure en ce sens (certes abrogée par l’autorité de tutelle, en raison du recours, pour ce faire, à des bureaux de détectives privés et de la violation du secret professionnel)  [243]. Le Vlaams Belang ne cache pas sa source d’inspiration : le modèle danois, également mis en exergue par la N-VA  [244]. Bref, le parti d’extrême droite sacrifie les points les plus radicaux de son programme pour se placer en bonne position dans la négociation.

249 L’interview que donne le président du Vlaams Belang au Tijd au début du mois de juin confirme ce positionnement : soucieux de normaliser son parti, il ne plaide plus pour l’arrêt de l’immigration mais pour le « modèle danois » et définit « notre peuple » (onze mensen) comme suit : « Quiconque veut devenir Flamand parmi les Flamands et lier son avenir au nôtre », ce qui est fort loin du programme en 70 points de 1992  [245]. T. Van Grieken est d’ailleurs on ne peut plus explicite quant à sa stratégie : « L’ancien Vlaams Belang avait mis sur la table un certain nombre de points de rupture, ce qui aurait permis à De Wever de fermer aussitôt la porte. Pour la première fois depuis 40 ans, nous avons l’occasion de participer au pouvoir. Si ça ne marche pas, tant pis. Mais je ne veux pas être celui qui a tout fait foirer ».

4.3. Gagner du temps ?

250 B. De Wever n’est-il pas occupé à gagner du temps ? D’ordinaire, les formations qui vont faire partie de la future coalition flamande sont très vite connues : précédemment, il avait fallu attendre douze jours au maximum (même si, en 2014, la N-VA et le CD&V ont dû ensuite intégrer l’Open VLD aux négociations, eu égard aux évolutions de la formation du gouvernement fédéral). Cette fois, l’informateur flamand ne dit rien sur ses intentions. Certains commentateurs avancent qu’il entend « utiliser la formation flamande, où il est incontournable, pour peser sur la formation fédérale : tant que la coalition flamande n’est pas constituée, il pourra mettre la pression sur les autres partis flamands impliqués dans les discussions fédérales ». C’est ce qu’indique le politologue Bart Maddens, professeur à la KU Leuven, qui ajoute à propos du cordon sanitaire : « Je pense que B. De Wever dira qu’il veut bien travailler avec le Vlaams Belang, mais comme les autres partis ont exclu cette hypothèse, il pourra s’en laver les mains »  [246]. On ajoutera que B. De Wever n’est objectivement pas pressé par le temps, puisque le gouvernement flamand sortant (toujours dirigé, à ce moment, par le ministre-président sortant Geert Bourgeois) est le seul exécutif en affaires courantes disposant d’une majorité parlementaire  [247].

251 Le 4 juin, B. De Wever entame un deuxième tour de consultations qui doit, selon ses dires, permettre à chaque parti d’indiquer quels points de rupture l’empêcheraient de faire partie du futur gouvernement flamand. Y sont conviés tous les partis représentés au Parlement flamand, sauf le PVDA. Cette fois, le Vlaams Belang est le premier parti à être invité. À la sortie de l’entretien, C. Janssens parle d’un « échange d’idées » mais note que « la confiance subsiste de part et d’autre ». On n’en saura guère plus.

252 Après ce deuxième tour de consultations, un certain agacement se fait jour chez les partenaires de la N-VA au sein de la coalition sortante. Toujours hostiles, par principe, à la rupture du cordon sanitaire, le CD&V et l’Open VLD s’irritent des déclarations de certains mandataires de la N-VA qui vont jusqu’à envisager un gouvernement minoritaire soutenu de l’extérieur par le Vlaams Belang. Le député fédéral (et ancien secrétaire d’État fédéral) T. Francken lance un ballon d’essai en ce sens dans l’hebdomadaire De Zondag. Il précise toutefois que ce soutien n’est possible qu’« avec le cap que suit [Tom] Van Grieken ; Filip Dewinter, lui, est un gros problème »  [248].

253 Le 15 juin, B. De Wever s’engage dans un troisième tour de consultations. Cette fois, l’objectif est de débattre de trois thèmes « concrets » : l’intégration, l’enseignement et le bien-être  [249]. À nouveau, c’est le Vlaams Belang qui est invité en premier lieu. À cette occasion, les représentants du parti d’extrême droite répètent leur volonté de coopérer avec la N-VA : « Nous sommes disposés à faire un bond quantitatif par petits pas. La N-VA est, dans ce cadre, notre partenaire privilégié »  [250]. L’excellent résultat obtenu par la liste qu’il a présentée aux élections communales de Bilzen du 16 juin 2019 – les élections du 14 octobre 2018 avaient été annulées dans cette commune – renforce la confiance du Vlaams Belang : alors que la N-VA a perdu la moitié des sièges qu’elle détenait au conseil de la commune limbourgeoise, le Vlaams Belang a doublé les siens et dépasse désormais son concurrent nationaliste.

4.4. Les dérapages du Vlaams Belang... et de ses électeurs

254 Les discussions sont cependant troublées, un moment, par les déclarations que tient une nouvelle élue du Vlaams Belang dans un journal régional flamand (De Krant van West-Vlaanderen) : la députée fédérale Dominiek Sneppe  [251] affirme que « les LGBT qui se marient et ont des enfants, ça va trop loin » (« een brug te ver »). Un des deux vice-présidents de la N-VA, L. Parys – lui-même homosexuel et père de famille –, monte aussitôt au créneau, jugeant cette déclaration « problématique »  [252]. De son côté, T. Van Grieken parle d’une « déclaration malheureuse d’une néophyte en politique », contraire aux positions du Vlaams Belang pour qui les droits des LGBT sont « acquis ». Ce dont L. Parys se satisfait : ce qui compte, ce sont les négociations en cours et une déclaration, aussi désolante soit-elle, ne doit pas conduire à l’exclusion. Mais il ajoute : « En même temps, si jamais le Vlaams Belang mettait sur la table, pendant les consultations en cours ou après, des propositions remettant en cause les droits des gays qui sont acquis depuis longtemps, ce sera sans nous »  [253]. T. Van Grieken réagit avec la même souplesse à des déclarations d’un autre membre de son parti, le député fédéral F. Dewinter, accusant les partis traditionnels de « collaborer avec l’islam » parce qu’ils ont souhaité une bonne fête de l’Aïd el-Fitr (mettant fin au mois de jeûne et de prière du ramadan) aux musulmans : « Participer à l’iftar [repas pris chaque soir par les musulmans au coucher du soleil pendant le ramadan], je ne trouve pas ça très intelligent. Mais ce n’est pas un point de rupture »  [254].

255 De même, alors que T. Van Grieken ne cesse d’évoquer un « Vlaams Belang nouveau », un juge d’instruction gantois décide, le 17 juin, d’inculper D. Van Langenhove, élu le 26 mai sur une liste du Vlaams Belang (cf. supra), du chef d’infractions à la loi contre le racisme et la xénophobie, à la loi réprimant le négationnisme et à la législation sur les armes. À cette date, D. Van Langenhove n’a pas encore prêté le serment constitutionnel et ne semble donc pas bénéficier de l’immunité parlementaire (encore que des juristes soient, apparemment, d’un avis contraire)  [255]. Quoi qu’il en soit, cette inculpation tombe fort mal pour le Vlaams Belang, qui voit d’ailleurs dans le calendrier de la justice une manœuvre tendant à le discréditer. Quant à elle, la N-VA ne paraît pas s’en émouvoir, soulignant que D. Van Langenhove ne participe pas aux consultations.

256 De fait, même si certains dirigeants de la N-VA sont très réservés à propos soit du style, soit même des propositions du Vlaams Belang, B. De Wever et son parti estiment avoir objectivement intérêt à poursuivre aussi longtemps que possible les discussions avec ce parti. Interrogé par la chaîne de télévision publique Vlaamse Radio- en Televisieomroeporganisatie (VRT) dans l’émission Terzake le 12 juin 2019, J. Jambon met ainsi en cause la crédibilité du programme du Vlaams Belang, indiquant qu’il ne pense pas que les formules préconisées par ce parti fonctionneront. Mais il ajoute : « Ce serait trop facile de les renvoyer dans l’opposition, ils pourront alors continuer d’essayer d’attirer les électeurs avec des formules magiques irréalistes »  [256].

257 En associant le Vlaams Belang à ses consultations, B. De Wever envoie un signal non seulement aux électeurs de ce parti, mais aussi à ses propres militants : les deux formations politiques sont concurrentes, pêchent dans le même vivier et le risque est grand de voir davantage encore de votants quitter la N-VA (parti qui a, pendant plus de quatre années, accepté un statu quo institutionnel au niveau fédéral) si elle fait mine d’ignorer le résultat des élections. De plus, cette façon d’agir permet à B. De Wever de faire pression sur de possibles alliés flamands pour la formation du gouvernement fédéral. Inversement, cerise sur le gâteau, elle donne à ses adversaires francophones, et singulièrement au PS, un bon argument pour refuser toute coalition fédérale avec son parti ; or, en exacerbant les difficultés inhérentes à la formation du gouvernement fédéral, le président de la N-VA ne peut que faire avancer la cause qui lui est chère, celle du confédéralisme (quel que soit par ailleurs le sens donné à ce mot). S. Bracke ne dit rien d’autre : « Vous voyez bien que tout est complètement bloqué, que la N-VA et le PS, les deux formations qui arrivent en tête au Nord et au Sud, sont aux antipodes idéologiquement, qu’elles ne peuvent pas gouverner ensemble (...). La solution, c’est le confédéralisme »  [257]. Enfin, en allant au plus loin avec le Vlaams Belang, la N-VA montre qu’elle n’est pas un parti comme les autres et renforce – alors qu’elle est un parti de gouvernement depuis nombre d’années – une image de parti rebelle, anti-establishment qu’elle aime à cultiver et qui lui attire sans doute des électeurs.

258 On est donc bien à la fois dans une gestion du temps et dans une gestion de la communication. Chacun sait, ou se doute, que la N-VA ne formera pas une coalition minoritaire avec le Vlaams Belang. Mais le risque réel est que, en rendant ainsi fréquentable ce parti, la N-VA ne le renforce encore et perde un avantage concurrentiel sur le plan électoral : en 2010 puis en 2014, la N-VA avait réussi à attirer des électeurs lassés de voir le Vlaams Belang tenu à l’écart du pouvoir et qui avaient vu en elle un parti susceptible de devenir un facteur de changement efficace.

259 La lenteur des consultations et ce qui est ressenti comme une ambiguïté de la N-VA vis-à-vis du Vlaams Belang finissent par forcer le CD&V et l’Open VLD à monter au créneau. Lorsque le chef du groupe N-VA à la Chambre des représentants, Peter De Roover, évoque la possibilité d’un gouvernement flamand minoritaire soutenu par un troisième parti, la présidente de l’Open VLD, G. Rutten, publie un communiqué qui demande à l’informateur flamand de clarifier les choses : « Un parti dont la vision de l’homme et de la société est opposée à la nôtre, qui plaide pour le séparatisme, remet en question la coopération européenne et recèle des hommes politiques qui dépassent régulièrement les limites de la décence humaine et politique, ne pourra jamais être partenaire. Ni à l’intérieur ni depuis l’extérieur d’un gouvernement ». « Cette préformation », ajoute-t-elle à l’intention de B. De Wever, « ce n’est pas un confessionnal qui n’engage à rien, elle doit (...) mener à la formation d’une majorité stable »  [258]. Le communiqué que la présidente du parti libéral flamand poste sur Twitter s’ouvre, clin d’œil à une pratique courante de son homologue de la N-VA, sur une phrase latine : « Quousque tandem, @Bart_DeWever, abutere patientia nostra? »  [259]

260 De son côté, le SP.A s’en tient à la volonté exprimée aussitôt après les élections de ne pas entrer dans un gouvernement flamand, au vu de la défaite historique qu’il vient de subir. Des voix dissidentes se font pourtant entendre au sein de ce parti, ainsi celle de Tom Meeuws, échevin à Anvers, qui plaide pour la constitution d’une « bourguignonne », c’est-à-dire d’une coalition entre la N-VA, l’Open VLD et le SP.A (soit la même coalition que celle qui dirige la ville d’Anvers suite au scrutin local du 14 octobre 2018)  [260].

4.5. Accélération ou pause ?

261 À l’issue du bureau de la N-VA qui se tient le 24 juin, B. De Wever fait le constat que les négociations pour la formation du gouvernement fédéral sont dans l’impasse. Il annonce qu’il présentera une note destinée à servir de base à la formation du gouvernement flamand. Cette note, insiste-t-il, contiendra les lignes de force d’un accord, sur la base des consultations auxquelles il a procédé au cours des semaines précédentes. S’agit-il d’une façon d’accélérer les choses, comme l’interprètent certains, ou au contraire de faire une pause pour permettre aux alliés potentiels de réfléchir ? Les deux explications tiennent la route.

262 Quoi qu’il en soit, l’informateur fait savoir que, en sa qualité de bourgmestre d’Anvers, il entend se rendre en Colombie pour y participer au World Cities Summit, du 6 au 14 juillet. En toute hypothèse, il semble donc acquis qu’il n’y aura pas de gouvernement flamand avant la date de la fête nationale flamande, le 11 juillet. Et que le record de la plus longue formation flamande sera battu : il date de 2014, où il avait fallu 48 jours pour composer le gouvernement Bourgeois (N-VA/CD&V/Open VLD). Auparavant, les choses avaient même été encore plus rapides, puisque les ministres des gouvernements Van den Brande IV (1995) et Dewael (1999) avaient prêté serment 30 jours après les élections, et ceux du gouvernement Leterme (2004) et du gouvernement Peeters II (2009) 36 jours après le scrutin.

263 Entre-temps, et pour la première fois, le nom de l’ex-ministre fédéral J. Jambon est évoqué pour présider la future coalition flamande. Ce ne serait donc pas B. De Wever, comme il l’avait lui-même annoncé avant les élections du 26 mai 2019, qui prendrait la tête de l’équipe gouvernementale. L’objectif semble être d’assurer, avec ce poids lourd ayant été membre d’un gouvernement fédéral resté en place pendant plus de quatre années, une cohésion qui avait parfois fait défaut au gouvernement flamand sortant, la N-VA s’étant opposée à plusieurs reprises à ses partenaires sur des dossiers importants (l’enseignement ou le climat, par exemple).

264 Comme il l’avait annoncé, l’informateur flamand rédige une note susceptible de servir de base aux discussions sur la formation du gouvernement flamand. Au cours du week-end des 29 et 30 juin, il en discute avec trois partis : le SP.A le samedi 29 juin, et le CD&V et l’Open VLD le dimanche 30. Le Vlaams Belang et Groen ne sont pas invités. Le lendemain, le président de la N-VA fait rapport de ces discussions au bureau de son parti.

265 Dans un communiqué publié à cette occasion, B. De Wever déclare clairement que les discussions, en ce qui concerne la N-VA, peuvent provisoirement passer en mode pause : « À chaque conversation avec chaque parti, il devenait clair à quel point l’ombre de la situation fédérale pesait lourdement sur la formation flamande. Chaque parti souhaite avoir plus de certitude sur la manière dont la formation fédérale peut aller de l’avant en fonction de la confiance qui doit être placée dans une éventuelle coalition flamande. Cette clarté n’a cependant pas avancé ces dernières semaines et cela complique la tâche de l’informateur flamand. Nous avons appris que les informateurs fédéraux [Didier Reynders, MR, et Johan Vande Lanotte, SP.A] feront tout ce qui est en leur pouvoir pour progresser dans les prochaines semaines. Il est donc préférable de ne pas lancer de formation flamande au cours de cette période. L’informateur flamand poursuivra certainement son travail durant la période à venir afin de clarifier les points de convergence en termes de contenu ».

266 Réuni ce même 1er juillet, le bureau de la N-VA dénonce de son côté la simultanéité des élections fédérales, d’une part, et régionales et communautaires, d’autre part, cette configuration couplant de facto les formations gouvernementales aux niveaux fédéral et fédérés, et rendant ainsi « plus complexe encore l’addition difficile qu’est déjà la Belgique ». Il s’en prend également à « différents partis flamands » qui ont déclaré « à plusieurs reprises » que, à leurs yeux, il était parfaitement imaginable de former un gouvernement fédéral sans majorité du côté néerlandophone. Du reste, « aucun autre parti flamand ne veut engager une discussion sur le fond avec le grand vainqueur des élections en Flandre » et « la N-VA regrette que l’on manifeste, ce faisant, peu de respect envers l’opinion de l’électeur flamand »  [261].

267 Le texte de la note, soigneusement tenu secret, ne sera rendu public qu’au mois d’août (cf. infra).

268 Le lien opéré par B. De Wever entre formation du gouvernement flamand et formation du gouvernement fédéral fait l’objet de larges commentaires dans les journaux néerlandophones. La plupart y voient un coup de poker destiné à assurer une place à la N-VA dans la future coalition fédérale, seule façon pour ce parti de pouvoir poursuivre ses objectifs institutionnels. Ils notent d’ailleurs que la N-VA, sur ce point, a changé son fusil d’épaule puisque, auparavant, elle insistait sur la nécessaire indépendance de la formation du gouvernement flamand. Certains y voient une façon de résoudre également des problèmes internes à la N-VA : le nombre de personnalités ministrables reste important, et les élus du Brabant flamand (B. Weyts et T. Francken) sont d’autant plus rivaux qu’ils ont occupé ou occupent des fonctions gouvernementales. Remplacer B. De Wever, candidat déclaré à ce poste, par J. Jambon à la ministre-présidence de l’exécutif flamand aide aussi à faciliter les choses ; en outre, cela permet du même coup au président de la N-VA de rester bourgmestre d’Anvers  [262]. Mais à l’inverse, d’aucuns s’interrogent sur le sens de cette stratégie : comment la N-VA espère-t-elle, se demande ainsi B. Maddens, réaliser une révision constitutionnelle sans disposer d’une majorité spéciale ?  [263] Et participer à un gouvernement fédéral avec le PS, n’est-ce pas renoncer à ce que l’on appelle parfois en Flandre la « uitrookstrategie » (littéralement : stratégie de l’enfumage), c’est-à-dire la marginalisation des socialistes ?  [264]

4.6. De nouvelles têtes au sommet des institutions flamandes, et un remaniement

269 Entre-temps, le ministre-président flamand démissionnaire, G. Bourgeois, a prêté serment en tant que député européen et doit donc renoncer à son poste à la tête du gouvernement flamand, ce qui se fait le 1er juillet 2019. Il est remplacé à la tête de l’exécutif par Liesbeth Homans (N-VA), qui était jusqu’alors vice-ministre-présidente du gouvernement flamand. Celle-ci conserve ses compétences ministérielles antérieures (Affaires intérieures, Intégration civique, Logement, Égalité des chances et Lutte contre la pauvreté), tandis que celles anciennement dévolues à G. Bourgeois (Politique extérieure et Patrimoine immobilier) échoient à B. Weyts. Le gouvernement Homans – qui est le premier exécutif flamand à avoir une femme à sa tête – compte dès lors huit ministres (contre neuf dans le gouvernement Bourgeois). L. Homans prête serment devant le roi le 2 juillet, sans autre formalité puisqu’il s’agit de la continuation d’un gouvernement en affaires courantes.

270 Lors de la première séance plénière suivant les élections du 26 mai, le Parlement flamand a par ailleurs élu un nouveau président, Kris Van Dijck (N-VA), bourgmestre de Dessel et militant de longue date du parti nationaliste (il a siégé pour la Volksunie sur les bancs du conseil communal). Conformément à la tradition, c’est lui qui tient, à l’hôtel de ville de Bruxelles, le discours habituel à l’occasion de la fête nationale flamande. Peu auparavant toutefois, on a appris que l’intéressé avait été contrôlé par la police à la suite d’un accident de roulage qu’il avait provoqué en état d’ivresse. Il est cependant resté en place, son parti s’étant contenté, comme il le dit lui-même, de « lui taper sur les doigts »  [265].

271 C’est la première fois que le 11 juillet est célébré sans que l’on n’ait ne fût-ce qu’une idée de ce que sera la coalition flamande. En outre, la célébration tourne au vaudeville. Pendant que K. Van Dijck prononce son discours, un magazine en ligne publie des documents révélant que le président du Parlement flamand aurait aidé une call-girl, dont il était apparemment l’un des clients, en intervenant auprès d’un ministre fédéral – en l’occurrence, Kris Peeters (CD&V), vice-Premier ministre et ministre de l’Emploi, de l’Économie et des Consommateurs (chargé du Commerce extérieur). À peine son discours terminé, K. Van Dijck quitte la cérémonie. Quelques heures plus tard, il démissionne avec effet immédiat de la présidence de l’assemblée flamande ; le cabinet du ministre K. Peeters publie ensuite l’échange de correspondance incriminé.

272 Le résultat inattendu de cette démission est que c’est le premier vice-président du Parlement flamand qui, dans l’attente de l’élection du remplaçant de K. Van Dijck, assure l’intérim. Il s’agit de F. Dewinter (Vlaams Belang). Ironie du sort, celui-ci aurait déjà dû présider la séance d’installation du Parlement flamand le 18 juin si le doyen d’âge, Herman De Croo (Open VLD), avait renoncé à son siège comme il l’avait annoncé avant les élections. Mais H. De Croo avait reporté sa démission de quelques jours pour ne pas laisser le perchoir à un élu du Vlaams Belang. L’intérim de F. Dewinter ne durera finalement pas longtemps : dès le 13 juillet, le Parlement flamand se choisit un nouveau président en la personne de Wilfried Vandaele (N-VA).

273 Le gouvernement flamand en affaires courantes, de son côté, connaît à son tour un changement inattendu. Cet avatar est le résultat, cette fois, de la formation d’un autre gouvernement régional.

274 En effet, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale est assez rapidement constitué. Ses ministres prêtent serment devant le Parlement bruxellois le 18 juillet. Il se compose, pour ce qui est de son aile néerlandophone, de trois partis : Groen, l’Open VLD et le SP.A (sous le nom de one.brussels-sp.a). Ce gouvernement est asymétrique : du côté francophone, les libéraux sont absents (ici, les partis qui forment la majorité sont le PS, Écolo et Défi). Mais en Région bruxelloise aussi, l’impact des négociations est susceptible d’avoir des effets à un autre niveau de pouvoir. L’Open VLD, par la bouche de sa présidente G. Rutten, a expressément souligné que, à ses yeux, il était hors de question de participer à la coalition bruxelloise si le MR n’en faisait pas partie  [266]. En juin, l’Open VLD a d’ailleurs quitté un moment la table des négociations pour ce motif. Mais les discussions entre les six partis ont repris début juillet. Jusqu’au dernier moment, G. Rutten a cherché à empêcher qu’un accord soit conclu, allant semble-t-il jusqu’à intervenir directement auprès des négociateurs des autres partis. En vain. Finalement, Sven Gatz a été choisi par la section bruxelloise de l’Open VLD pour siéger au gouvernement bruxellois, et le congrès de l’Open VLD de Bruxelles a approuvé l’accord de gouvernement le 17 juillet au soir (malgré l’opposition d’une partie de ses membres, conduits par la députée flamande Els Ampe)  [267].

275 S. Gatz peut-il devenir ministre bruxellois alors qu’il fait toujours partie du gouvernement flamand démissionnaire  [268] ? Rien, légalement, ne s’y oppose. Il existe d’ailleurs un précédent. Le 1er juillet 2002, Bert Anciaux (Spirit) avait démissionné de son poste de ministre flamand de la Culture, de la Jeunesse, des Sports, des Affaires bruxelloises et de la Coopération au développement (gouvernement Dewael : VLD/SP.A/Agalev/Spirit). Il avait alors été remplacé par Guy Vanhengel (VLD) – le gouvernement flamand devant, en effet, compter en son sein un Bruxellois –, devenu ministre flamand des Sports et des Affaires bruxelloises. Or G. Vanhengel était alors déjà ministre des Finances, du Budget, de la Fonction publique et des Relations extérieures dans l’exécutif de la Région de Bruxelles-Capitale (gouvernement de Donnea : MR/PS/CD&V/VLD/SP.A). Il avait cumulé les deux fonctions jusqu’au 10 juin 2003, lorsqu’il avait démissionné du gouvernement flamand.

276 Au lendemain de la prestation de serment de S. Gatz en tant que ministre bruxellois, le 19 juillet, la présidente de son parti lui retire toutes ses compétences au niveau flamand (hormis les Affaires bruxelloises, puisqu’il faut un Bruxellois dans le gouvernement flamand) ainsi que son titre de vice-ministre-président. Les portefeuilles de la Culture, des Médias et de la Jeunesse sont confiés à Lydia Peeters (Open VLD), déjà vice-ministre-présidente flamande et ministre du Budget, des Finances et de l’Énergie. L’intéressé, apparemment, ne s’en émeut guère.

277 L’épisode est intéressant en ce qu’il confirme l’existence d’une spécificité bruxelloise dans les partis flamands. L’éditorialiste du Standaard ne s’y trompe pas et indique que, sans doute, il y a là un effet de la scission de la circonscription électorale de Bruxelles–Hal–Vilvorde : « Du fait de la scission de BHV, les hommes politiques flamands de Bruxelles ne se sentent plus redevables envers la Flandre. Avant la scission, ils devaient également aller chercher leurs électeurs dans la périphérie bruxelloise ; aujourd’hui, ce n’est plus nécessaire. On ne peut reprocher aux hommes politiques flamands de Bruxelles de ne plus rouler que pour les intérêts bruxellois »  [269].

4.7. Avec ou sans le SP.A, Groen et le Vlaams Belang

278 De retour de Colombie, B. De Wever reprend ses entretiens (y compris avec le Vlaams Belang, qu’il reçoit le 1er août). Il est désormais plus ou moins acquis que la coalition flamande rassemblera, outre la N-VA, deux des trois partis avec lesquels il a discuté de sa note : le CD&V, l’Open VLD ou le SP.A. Trois combinaisons sont possibles dans ce cadre : la prorogation de la « suédoise » (N-VA/CD&V/Open VLD : 70 sièges sur 124), une « bourguignonne » (N-VA/Open VLD/SP.A : 64 sièges) voire une coalition N-VA/CD&V/SP.A (67 sièges), dont il se dit toutefois généralement que, aux yeux de B. De Wever, elle serait « trop à gauche »  [270].

279 Manifestement, l’informateur flamand prend à nouveau son temps, sans doute pour les raisons qui ont déjà été exposées. Peut-être aussi espère-t-il engager ses futurs partenaires dans une concurrence qui lui sera favorable.

280 C’est ainsi que l’on apprend, le 19 juillet, qu’un passage de la note (qui n’a toujours pas été rendue publique à ce moment) prévoit, contrairement à ce qui avait toujours été jusqu’alors la position de la N-VA, que le gouvernement flamand plaidera auprès du gouvernement fédéral pour faire baisser la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur l’électricité. Il se trouve que c’est là un des points du programme du SP.A. La N-VA y était hostile lorsqu’elle était membre du gouvernement fédéral, pour des raisons budgétaires. S’agit-il là d’un geste en direction du SP.A ?

281 En toute hypothèse, le président du SP.A, J. Crombez, réunit le 31 juillet les présidents et secrétaires de toutes les sections de son parti, ainsi que ses parlementaires (l’« uitgebreide partijraad » : le conseil de parti élargi). Une majorité se dégage pour lui donner mandat afin de discuter avec l’informateur, en tout cas sur le fond (pas de décision de principe, donc). Mais la plupart des dirigeants du parti socialiste flamand avertissent : le prix sera élevé. Le SP.A demande notamment des investissements dans les transports publics, dans le secteur des handicapés et des maisons de retraite, et l’élaboration d’un plan climat « ambitieux ». Il semble, une nouvelle fois, que le SP.A ne soit pas unanime. Pour plusieurs mandataires, dont le bourgmestre de Louvain Mohamed Ridouani, les députés flamands Kurt De Loor et Bruno Tobback (ce dernier étant lui-même ancien ministre et ancien président du parti), il est exclu que le SP.A fasse partie d’une « coalition de droite » avec la N-VA et l’Open VLD. Tel est également l’avis de Louis Tobback, prédécesseur de M. Ridouani au poste de bourgmestre de Louvain, ministre d’État, ancien ministre et lui aussi ancien président du parti : le SP.A ne peut s’engager aux côtés de la N-VA que s’il « réussit, au cours des négociations, à amener B. De Wever à renoncer aux trois quarts de ses positions »  [271]. D’autres personnalités du parti en revanche, à commencer par J. Crombez lui-même, mais aussi plusieurs mandataires anversois comme T. Meeuws, Yasmina Kherbache ou Jinnih Beels, n’excluent pas de participer au pouvoir. Plus étonnant : l’un des conseillers communaux socialistes anversois qui avait, à l’époque, voté contre la conclusion d’un accord de majorité dans la ville portuaire avec la N-VA, revoit sa position : Hicham El Mzairh considère désormais qu’il est possible, « malgré nos différences idéologiques, de bien collaborer »  [272]. Enfin, il se dit que Johan Vande Lanotte, l’un des deux informateurs royaux (et ministre d’État, ancien ministre, ancien président du parti et ancien bourgmestre d’Ostende), est lui aussi partisan de la participation du SP.A à une coalition flamande car cela pourrait faciliter une participation au niveau fédéral  [273].

282 Les deux autres partis que B. De Wever n’a pas exclus, en tout cas formellement, des consultations maintiennent quant à eux la pression. Le chef du groupe Groen au Parlement flamand, Björn Rzoska, souligne que son parti est « toujours disposé à parler » – position susceptible cependant de mettre le parti écologiste néerlandophone dans une position délicate vis-à-vis d’Écolo. Il ajoute qu’il « serait bon que le prochain gouvernement flamand compte dans ses rangs un des vainqueurs [des élections] »  [274]. Pour le Vlaams Belang, la cause semble entendue. Certes, B. De Wever rencontre une fois de plus T. Van Grieken au tout début du mois d’août. Mais à la télévision limbourgeoise (TV Limburg), Z. Demir ferme la porte, d’autant que, note-t-elle, le Vlaams Belang est retombé dans ses travers anciens : « Je vois qu’ils sont surtout occupés à menacer la N-VA, et moins à convaincre les autres partis qu’ils ont changé. S’ils sont éjectés, c’est eux qui en sont responsables ». Elle ajoute que les « avances » de Groen viennent bien tard  [275].

4.8. La note de B. De Wever

283 C’est finalement à l’issue du bureau de la N-VA qui se tient le 12 août que B. De Wever rend publique sa note de départ (« startnota »)  [276]. Il indique en même temps que J. Jambon est chargé de former le gouvernement flamand et d’engager à cet effet des négociations avec deux partis : le CD&V et l’Open VLD.

284 Le texte, d’une petite dizaine de pages, débute par un éloge appuyé des réalisations flamandes : « Les Flamands ont toujours été capables de faire de grandes choses ». Il se divise ensuite en grands chapitres qui contiennent chacun des considérations parfois assez générales, parfois plus détaillées, sur la politique à mener en Flandre. L’accent est notamment mis sur la qualité de l’enseignement : « La poursuite de l’excellence doit primer sur une recherche mal comprise d’égalité qui conduit au nivellement et à une baisse de niveau », dit la note qui plaide pour des « épreuves régulières, validées et trans-réseaux » et pour un renforcement de l’enseignement maternel et primaire. Il y est également question de créativité, source de progrès économique, et de lutte contre le chômage par le développement de formations, par la reconversion et l’accompagnement.

285 Mais le cœur de la note, introduit par des considérations sur le caractère social de la politique flamande, porte sur les devoirs de ceux qui bénéficient de cette solidarité. Le texte, assez soudainement d’ailleurs, devient extrêmement concret : « Ceux qui veulent avoir droit à la protection sociale flamande et à d’autres avantages sociaux doivent d’abord avoir résidé dans notre pays pendant cinq ans de façon ininterrompue, légale et réelle, et se reconnaître pleinement membres de notre communauté flamande, et s’y intégrer. Pour avoir droit, en tant que nouveau venu, aux allocations familiales, il faudra dorénavant respecter une période d’attente de six mois. Quand des enfants qui n’habitent pas en Belgique ont malgré tout droit aux allocations familiales, nous proposons de tenir compte, là où c’est possible, de la cherté de la vie dans le pays de résidence ». La note prévoit également le contrôle du patrimoine étranger de ceux qui souhaitent bénéficier de prestations sociales en Flandre.

286 Cela amène B. De Wever à une série de considérations sur l’identité flamande. Dans le droit fil des ouvrages qu’il a publiés sur ce sujet  [277], il affirme que celle-ci est inclusive, c’est-à-dire qu’elle est capable et désireuse d’« intégrer de nouveaux groupes à notre communauté flamande ». Mais ces groupes doivent respecter les règles de base de cette communauté, la Flandre n’étant pas disposée à accepter « des concessions à nos normes et valeurs fondamentales », en particulier la séparation de l’Église et de l’État, l’égalité et la liberté individuelle (en ce compris en matière d’orientation sexuelle), et la neutralité de l’autorité publique. D’où la nécessité de cours obligatoires d’intégration (« inburgeringscursus ») se concluant par un test et par la signature d’une « déclaration de participation flamande » (« Vlaamseparticipatieverklaring »).

287 Un autre chapitre de cette note est consacré à la culture flamande. Dans ce chapitre, qui enjoint notamment à la radio-télévision publique VRT de « renforcer l’identité flamande », on trouve également l’idée d’un « canon flamand » (« Vlaamse canon »), c’est-à-dire « une liste de points d’ancrage de la culture et de l’histoire flamandes qui caractérisent la Flandre en tant que nation européenne et que doivent connaître nos élèves à l’école, ainsi que les nouveaux venus inscrits aux cours d’intégration »  [278].

288 Le chapitre dédié aux institutions flamandes demande au Parlement flamand « d’utiliser l’autonomie constitutive  [279] afin de mener une réforme de l’État flamande interne » qui conduirait notamment à une réduction du nombre de députés flamands. Sur le plan européen, la note invite l’Union européenne à « se centrer sur les compétences où elle a véritablement une plus-value à offrir », soit la promotion du commerce extérieur, l’approfondissement du marché interne, la protection des frontières extérieures contre l’immigration illégale et la lutte contre le dumping social. La fiscalité et la politique sociale doivent rester la prérogative des États membres.

289 En ce qui concerne l’environnement et l’aménagement du territoire, la note se veut pragmatique (elle indique : « Plutôt que d’adopter des objectifs toujours plus ambitieux, réalisons nos engagements »), ce qui ne l’empêche pas de citer, en exergue du paragraphe consacré à l’urbanisation (où on lit : « Plutôt un shift dans la construction [« bouwshift »] qu’un arrêt du bétonnage [« betonstop »] »), les premières mesures d’une chanson d’Arthur Meulemans et Willem Gijssels sobrement intitulée Vlaanderen mais dont le contenu est d’un lyrisme échevelé : « Ce sont des prés tels des mers apaisantes » (« ’t Zijn weiden als wiegende zeeën »)  [280]. La note évoque également l’achèvement des grands travaux d’infrastructure en projet (il s’agit sans doute surtout du fameux projet Oosterweel à Anvers  [281]).

290 Afin de parvenir à un taux d’emploi de 80 %, but affiché de la note, il est notamment prévu de recentrer les missions du Vlaamse Dienst voor Arbeidsbemiddeling en Beroepsopleiding (VDAB, office flamand de l’emploi et de la formation professionnelle) : dans l’état actuel des choses, celui-ci s’occupe surtout de (re)mettre au travail les chômeurs mais il devrait, à l’avenir, « accompagner activement tant les demandeurs d’emploi que les nouveaux arrivants et les inactifs »  [282], c’est-à-dire un public cible beaucoup plus large.

291 En matière fiscale, la note envisage une réforme en profondeur, dont les points les plus concrets (outre un passage obligé, et vague, sur la lutte contre l’évasion fiscale) sont l’abaissement des droits d’enregistrement pour l’achat d’une habitation unique et une exonération des droits de succession pour les époux survivants. La note prévoit la suppression du bonus logement (« woonbonus ») : cette exonération fiscale des intérêts des emprunts consentis pour l’achat d’une habitation avait déjà été réduite, pour la Flandre, en 2015.

292 Enfin, la note prévoit la suppression des provinces et de leurs administrations à dater de 2024, leurs compétences étant transférées soit aux autorités locales, soit à l’Autorité flamande. La note « invite » les communes à fusionner pour renforcer leur efficacité. Ce même chapitre de la note décrète que « la justice devient une compétence flamande à part entière », par quoi elle vise essentiellement la politique en matière de poursuites, le droit de la jeunesse, le développement de « maisons de la justice » (« justitiehuizen ») et le contrôle électronique. La note entend aussi généraliser l’engagement de contractuels dans l’administration régionale.

293 Les deux partenaires envisagés par la N-VA donnent chacun leur accord à l’entame de négociations. Pour le CD&V, le bureau du parti désigne comme négociateurs W. Beke, président du parti et frais émoulu ministre fédéral de l’Emploi, de l’Économie et des Consommateurs (chargé du Commerce extérieur, de la Lutte contre la pauvreté, de l’Égalité des chances et des Personnes handicapées), et Hilde Crevits, vice-ministre-présidente du gouvernement flamand et ministre de l’Enseignement. Leur sont associés Benjamin Dalle, tête de liste en mai pour l’élection du Parlement flamand dans la circonscription de Bruxelles et directeur du Centrum voor Democratische Reflectie (CEDER, centre d’études du CD&V), et Raf Suys, chef de cabinet d’H. Crevits. Pour l’Open VLD, il s’agit de la présidente G. Rutten, accompagnée du bourgmestre de Malines Bart Somers (qui a également été, de 2003 à 2004, ministre-président flamand et qui, de 2004 à 2009, a été président du parti), de L. Peeters, vice-ministre-présidente flamande (cf. supra) et de Diederik Pauwelyn, chef de cabinet de G. Rutten. Enfin, la N-VA est représentée par trois personnes : B. Weyts, vice-ministre-président du gouvernement flamand ; L. Parys, député flamand et vice-président du parti ; Sven De Neef, ancien chef de cabinet de Johan Van Overtveldt lorsque celui-ci était ministre fédéral des Finances (chargé de la Lutte contre la fraude fiscale). B. De Wever est également associé, informellement, aux discussions. Quant à lui, le formateur flamand J. Jambon est accompagné de Jeroen Overmeer (ancien chef de cabinet de G. Bourgeois et chef de cabinet de L. Homans à la ministre-présidence flamande), ainsi que de deux collaborateurs du parti, Ruth Pieters et Charlotte Meulemeester  [283].

294 D’emblée, la note de B. De Wever suscite nombre de réactions et d’interrogations, soit sur sa faisabilité (ou sa légalité), soit sur certaines contradictions ou effets indésirables qu’elle risque d’entraîner.

295 Pour ce qui est des réactions, la plus attendue est celle du Vlaams Belang, dont l’influence, de l’avis de beaucoup d’observateurs  [284], est palpable dans le texte présenté par l’informateur flamand. En présentant sa note, le président de la N-VA a souligné qu’il « ne s’est pas avéré possible de trouver une majorité avec le Vlaams Belang. Ni maintenant, ni demain, mais pas davantage dans plusieurs mois », indiquant que le Vlaams Belang était certes « courtois » à la table des négociations et « sérieux » quant à ses propositions, mais fondamentalement « non fiable » : « Ils sont surtout restés une machine de propagande qui cherche avant tout à tirer un profit électoral maximal de la situation ». Ce qui n’empêche pas T. Van Grieken de déclarer qu’il se trouve en effet « de bonnes choses » dans la note, « par exemple en matière d’intégration », tout en critiquant ce qu’il appelle le « window-dressing » de la N-VA, qui n’aurait consulté son parti que pour la galerie  [285].

296 Plusieurs réactions négatives se font entendre, surtout de la part des milieux associatifs. Ainsi, le Minderhedenforum, la « coupole » des associations « ethno-culturelles » de Flandre et de Bruxelles, regrette les mesures que contient la note en matière d’intégration des immigrés : « Elles vont, au contraire, rendre l’intégration plus difficile », estime-t-il  [286]. Même réaction négative de la part de l’Agentschap Integratie en Inburgering  [287]. La startnota de B. De Wever est encore vivement critiquée par le Netwerk tegen Armoede, une fédération des associations de lutte contre la pauvreté : il considère que les mesures proposées vont encore renforcer la précarité des plus faibles et, par ailleurs, que l’accès au logement est insuffisamment encouragé. Même rejet de la part du Bond Beter Leefmilieu qui fédère, lui, les associations environnementalistes : il reproche un manque d’ambition et une formulation vague  [288]. La présidente de Groen, Meyrem Almaci, estime quant à elle que la note « tend le piège de la haine et de la peur » : selon elle, B. De Wever « divise la société en citoyens A et B »  [289].

297 Par contre, le Vlaams netwerk van ondernemingen (VOKA) accueille favorablement la note de l’informateur. Selon l’organisation patronale flamande, ce document témoigne de ce que les entreprises restent « le moteur de la prospérité, de l’innovation et des investissements porteurs d’avenir » ; elle ajoute qu’elle « souscrit à l’ambition d’un gouvernement d’investissement qui table sur l’innovation, la numérisation et les nouvelles technologies ». Le VOKA dit apprécier aussi « la hausse du taux d’emploi, la volonté d’excellence dans le domaine de l’enseignement et le réalisme des mesures politiques en matière de climat et d’énergie »  [290]. Agoria-Vlaanderen (la section flamande de l’organisation patronale fédérale du secteur des technologies) et l’Unie van Zelfstandige Ondernemers (UNIZO, association flamande des classes moyennes et indépendants) font également part de leur satisfaction  [291].

298 Quant aux interrogations, elles sont évidemment avant tout le fait des partis politiques engagés dans la négociation.

299 Par exemple, H. Crevits (CD&V) exprime d’emblée ses doutes quant à la possibilité de prévoir des délais d’attente pour les immigrés qui souhaitent bénéficier de certains mécanismes de protection sociale. Le principe de non-discrimination empêcherait d’appliquer cette mesure aux ressortissants européens  [292]. Par ailleurs, les seuils que veut créer la N-VA existeraient déjà en partie (par exemple, pour les logements sociaux), mais ils créeraient des problèmes très délicats en matière d’accès aux allocations familiales, pour lesquelles chaque enfant est censé recevoir un même montant. H. Crevits rappelle l’hostilité de son parti à la suppression des provinces, mais considère que la note de l’informateur ne constitue pas, par contre, un désaveu de la politique qu’elle a elle-même menée en tant que ministre flamande de l’Enseignement dans le gouvernement Bourgeois. Certes, la note envisage un remaniement du « M-decreet » (un texte décrétal relatif à l’intégration des élèves en situation de handicap dans l’enseignement ordinaire) mais H. Crevits note que ce point figurait également dans le programme électoral du CD&V.

300 Autre pierre d’achoppement : un des points de la note prévoit la suppression des subventions aux communes flamandes pour la construction de logements sociaux dès lors qu’elles ont atteint un taux déterminé de ces logements (9 %) ; l’objectif affiché est de mettre davantage l’accent sur la rénovation des logements existants. Les partenaires de la N-VA dans la coalition anversoise, et singulièrement le SP.A, s’empressent de noter que cette proposition va à l’encontre d’un des points de l’accord conclu entre la N-VA, le SP.A et l’Open VLD à Anvers, qui envisage la construction de 5 000 logements sociaux « à la condition que le régime flamand de subvention soit maintenu » (Anvers, comme d’autres villes flamandes, possédant un parc de logements sociaux qui excède le pourcentage indiqué dans la note de l’informateur, par ailleurs bourgmestre de la métropole)  [293]. Selon des chiffres officiels (ceux de l’Agentschap Wonen-Vlaanderen), 75 villes et communes flamandes ont d’ores et déjà dépassé le taux plafond et 43 autres le dépasseront si elles finalisent les projets en cours  [294].

301 Au CD&V, parti qui recueille ses meilleurs résultats dans les régions rurales de Flandre, on s’inquiète aussi de ce que l’on appelle les « flux financiers au profit des grandes agglomérations ». Il s’agit en l’occurrence du financement des pensions des agents communaux. La note prévoit que le gouvernement flamand œuvrera à « renforcer la marge de manœuvre financière des administrations locales en reprenant la moitié de la cotisation de responsabilisation pour la facture des pensions ». Ladite cotisation existe depuis 2012 : elle doit permettre aux communes de financer les déficits que creuse la mise à la retraite d’agents communaux souvent remplacés par des contractuels. Or la reprise d’une partie de cette cotisation – impliquant un transfert de quelque 90 millions d’euros – bénéficierait surtout aux métropoles  [295]. Le bourgmestre de Poperinge et président du Westhoekoverleg (qui rassemble dix-huit communes de Flandre occidentale), Christof Dejaegher (CD&V), s’en plaint amèrement : « On parle toujours des transferts en direction de la Belgique francophone, mais en Flandre même, ils sont gigantesques »  [296].

302 La question de la fiscalité automobile vient elle aussi perturber les discussions. La Fédération belge de l’industrie de l’automobile et du cycle (FEBIAC) publie en effet des calculs indiquant que la note de l’informateur ne peut que conduire à une augmentation de cette fiscalité. Cela amène B. De Wever à préciser (ce sera d’ailleurs la seule fois où il interviendra publiquement à propos de sa note) que la fiscalité automobile restera neutre, en dépit de la volonté affichée de la rendre plus « verte ». Le sujet est sensible : le ministre flamand sortant de la Mobilité, B. Weyts, a longtemps été partisan de la taxe kilométrique (« rekeningrijdeni » ou « kilometerheffing »), à la suite de son président B. De Wever qui avait, avant les élections communales d’octobre 2018, plaidé en ce sens lors d’un débat télévisé  [297]. B. Weyts avait pourtant dû renoncer publiquement en avril 2019 à proposer cette mesure en raison de son manque de soutien dans l’électorat (et, semble-t-il, d’une campagne du Vlaams Belang qualifiant la mesure de « Ben-taks »)  [298]. Les explications de B. De Wever apaisent (provisoirement, en tout cas) la fronde que s’apprêtait visiblement à lancer Jean-Marie Dedecker, bourgmestre de Middelkerke, ancien député fédéral pour le VLD d’abord et pour la Lijst Dedecker (LDD) ensuite, élu à la Chambre des représentants en mai 2019 comme indépendant sur la liste N-VA déposée dans la circonscription de Flandre occidentale  [299]. J.-M. Dedecker sera-t-il le caillou dans la chaussure du futur gouvernement flamand ? Certains le craignent, d’autant qu’il regrette par ailleurs que la N-VA ne se soit pas associée au Vlaams Belang (« En les obligeant à se mouiller, on en aurait été débarrassé pour toujours »)  [300].

4.9. Le processus de formation

303 Les négociateurs mettent en place des groupes de travail, quinze en tout, qui traitent chacun d’aspects différents du futur accord gouvernemental. Chacun d’entre eux base ses discussions sur une note distincte, élaborée par la N-VA et remise aux négociateurs juste avant la réunion afin d’éviter les fuites. Dans chaque groupe siègent, pour chacun des partis embarqués dans la négociation, des ministres et ex-ministres, des parlementaires et des collaborateurs spécialistes du sujet en débat. Les questions sensibles, qui ne font pas l’objet d’un consensus au sein d’un groupe de travail, sont renvoyées au « groupe central » que préside J. Jambon et où se retrouvent les principaux négociateurs. C’est aussi ce « groupe central » qui est chargé, dans la dernière phase des négociations, de trancher les nœuds budgétaires. En effet, il est manifeste, au vu des dépenses envisagées, que l’équilibre budgétaire sera extrêmement difficile à atteindre, en tout cas dans l’immédiat : une note de l’administration flamande, remise à l’informateur dans les jours suivant les élections du 26 mai  [301], chiffre le déficit du budget flamand, à ce moment, à quelque 600 millions d’euros.

304 La première réunion du groupe central se tient à l’hôtel Errera (résidence de fonction du ministre-président flamand, à Bruxelles), le mardi 13 août 2019. Elle a pour seul objectif de régler des accords pratiques : composition des groupes de travail, etc.

305 Dès le 14 août, les groupes de travail entament leurs activités. Ils travaillent dans la plus grande discrétion. Cependant, la note provisoire élaborée au sein du groupe de travail chargé de la politique d’intégration finit, le 23 août, par se retrouver aux mains de différentes associations actives dans ce secteur. Dans une lettre ouverte signée par 78 d’entre elles  [302], ces associations font part de leurs inquiétudes  [303]. Les signataires relèvent que la note envisage la suppression des aides publiques aux « initiatives parallèles » en matière d’inclusion fondées sur l’origine ethnique ou les convictions philosophiques de leurs acteurs. Or, affirment les associations, ce serait « briser » la politique d’intégration que de ne plus soutenir ces initiatives.

306 De même, la presse fait état de ce que le groupe de travail chargé du bien-être, que préside le vice-président de la N-VA L. Parys, a été saisi d’une proposition du parti nationaliste flamand demandant à ce que les tâches assurées jusqu’ici par les mutualités soient désormais reprises par les services publics. La méfiance de la N-VA envers les piliers et leurs articulations est connue. Néanmoins, dans un communiqué publié le 23 août 2019, la N-VA nie avoir mis ce sujet sur la table  [304].

307 Une controverse se fait également jour en matière d’enseignement. Indépendamment de ce qui ne se retrouve pas dans les documents que la N-VA soumet à la discussion (par exemple, l’idée d’une « facture maximale » dans l’enseignement secondaire, c’est-à-dire d’un plafond que ne pourraient dépasser les frais scolaires)  [305], c’est la question de l’autonomie des réseaux qui entraîne quelques tensions. C’est que la N-VA, mais aussi l’Open VLD, veut investir davantage dans l’école elle-même, et moins dans les structures intermédiaires que sont par exemple les organes des réseaux. Pour ce qui est de la N-VA, cette volonté s’inscrit en particulier dans un cadre général, celui de l’affaiblissement programmé des piliers et du « middenveld » (la société civile). Dans sa note, l’informateur évoquait du reste l’idée d’une épreuve (de certification) centralisée, façon sans doute pour les pouvoirs publics de renforcer leur emprise sur le secteur. C’est la coupole catholique qui s’en inquiète surtout, d’autant que la N-VA a déjà, par le passé, indiqué qu’elle souhaitait obtenir le portefeuille de l’enseignement  [306]. Il est vrai que le CD&V, défenseur traditionnel de l’enseignement catholique, est fort affaibli et que sa cohésion interne fait parfois défaut, le pouvoir des évêques s’étant manifestement réduit lui aussi  [307].

308 Dans le même ordre d’idées, la presse révèle que la N-VA et l’Open VLD souhaitent réduire de moitié (c’est-à-dire de 2 à 1 heure par semaine) les cours de morale et de religion dans l’enseignement secondaire – mesure qui, elle, ne figure pas dans la note de l’informateur (la N-VA plaidant pour le remplacement par 1 heure de néerlandais). L’évêque d’Anvers, Johan Bonny, soutenu par le CD&V, se dit favorable au maintien de la situation existante  [308].

4.10. Déclaration de septembre... en octobre

309 La séance de rentrée de la nouvelle session ordinaire du Parlement flamand est prévue le 23 septembre. En effet, le règlement de cette assemblée dispose en son article 2 : « 1. Le Parlement se réunit de plein droit après chaque renouvellement le quatrième mardi suivant le jour où ce renouvellement a eu lieu ; 2. Le Parlement se réunit de plein droit le quatrième lundi de septembre, sans préjudice des dispositions de l’alinéa 1er ». D’ordinaire, le gouvernement flamand nouvellement constitué prononce sa première déclaration avant le début de cette première session ordinaire (ainsi, en 2014, dès le 26 juillet). Comme on l’a vu, il n’a pas été possible d’agir de même en 2019, le nouveau gouvernement flamand n’ayant pas été installé avant les vacances parlementaires.

310 Dès lors, c’est la date du lundi 23 septembre qui est mise en avant pour clôturer les négociations entre les trois partis engagés dans la formation de la nouvelle équipe gouvernementale. Alors que cette date se rapproche, les discussions se poursuivent sans que les négociateurs aboutissent. La cause en est, semble-t-il, la volonté, d’une part, de conclure un accord aussi précis et détaillé que possible pour éviter des conflits ultérieurs et, d’autre part, de présenter un budget en équilibre – mais à quel moment et à quel prix, là est la question.

311 Le 5 septembre, il s’avère que dix des quinze groupes de travail ont clos leurs discussions, mais que plusieurs points litigieux ont été transmis au groupe central pour décision. Dès lors, ce groupe central se réunit le 7 septembre au cabinet de la ministre-présidente flamande L. Homans. Il y aborde les questions relatives à l’économie, à l’emploi et à l’innovation. Il se réunit une nouvelle fois le 11 septembre. À ce moment, les groupes de travail consacrés à l’enseignement, à l’intégration et au bien-être n’ont pas encore achevé leurs travaux ou ont soumis certaines questions sensibles au groupe central. De plus, les chiffres remis par le Bureau fédéral du plan (BFP) confirment l’épure budgétaire : le déficit flamand se monterait en toute hypothèse à plus d’un demi-milliard d’euros.

312 Les négociateurs décident, de ce fait, de tenir une ultime réunion lors du week-end des 28 et 29 septembre. Il faut cependant attendre les petites heures du lundi 30 septembre pour que l’accord soit enfin signé. Entre-temps, la séance du Parlement flamand du 23 septembre a dès lors été ramenée à une pure formalité, consistant à réélire un bureau et un président – à nouveau Wilfried Van Daele (N-VA) – et à entendre quelques questions adressées au gouvernement en affaires courantes.

4.11. L’accord du gouvernement flamand

313 L’accord signé au matin du 30 septembre 2019 est contenu dans un document de plus de 300 pages, ce qui contraste également avec les textes des années précédentes. Chacun des chapitres de l’accord se compose de deux parties, l’une plus générale (« Uitdagingen en visie » : Défis et vision), l’autre plus détaillée (« Concrete voorstellen » : Propositions concrètes).

314 Le premier élément frappant est d’ordre budgétaire : il n’y aura pas de hausse des impôts et taxes, et l’équilibre budgétaire est reporté – il devrait être atteint en 2021. Sans doute ce report est-il savamment calculé. Il est difficile, si l’on veut investir, de parvenir immédiatement à l’équilibre budgétaire dès lors que l’on démarre avec un déficit de 600 millions d’euros. Mais il est difficile aussi de ne pas démontrer que l’on est capable de faire mieux que le gouvernement wallon, qui entend pour sa part atteindre l’équilibre budgétaire en fin de législature, c’est-à-dire en 2024. On notera au passage que ce déficit ne tient pas compte du coût de la liaison Oosterweel, que le gouvernement Bourgeois avait déjà soustrait de son budget.

315 En matière d’enseignement, le « M-decreet » passera à la trappe et sera remplacé par un service d’accompagnement qui individualisera les opportunités d’inclusion d’enfants présentant des déficiences ou un handicap. Par ailleurs, dans le but d’améliorer la qualité de l’enseignement en Flandre, sera instauré un monitoring par école (« leerwinstmeting ») afin de mesurer les progrès des élèves. Le gouvernement flamand souhaite également restreindre la flexibilité (c’est-à-dire le report des échecs) dans l’enseignement supérieur. Il instaurera une interdiction totale d’arborer des signes religieux (« philosophiques ») dans l’enseignement de la Communauté et dans l’enseignement provincial et communal. Une petite phrase de l’accord concerne l’accès aux études de médecine, et elle suscitera quelques remous : le gouvernement flamand, après avoir rappelé qu’il « continue d’exiger une répartition correcte des numéros INAMI entre les Communautés et le remboursement de l’excédent accumulé par la Communauté française dans le passé », enchaîne en disant que la Flandre « mettra en place sa propre commission de planification afin de déterminer les besoins flamands en soins de santé » et que c’est sur la base des recommandations de cette commission que « le nombre d’étudiants admis dans la formation de médecin et de dentiste sera déterminé et non plus uniquement sur la base de l’avis fédéral que la Flandre est seule à suivre depuis vingt ans ». Cette perspective n’enchante pas la Vlaams Geneeskundig Studentenoverleg (VGSO, coupole flamande des étudiants en médecine) : les étudiants admis aux études mais à qui un numéro INAMI serait refusé en bout de course ne risquent-ils pas d’être les dindons de la farce ?  [309]

316 En ce qui concerne les immigrés, l’accord prévoit un renforcement des conditions d’accès aux prestations sociales, comme l’envisageait déjà la note de l’informateur flamand. Les cours d’intégration, obligatoires, seront désormais payants, en ce compris l’examen qui les sanctionne. L’amende infligée à ceux qui y échouent, que prévoyait la note de l’informateur, ne se retrouve par contre pas dans le texte de l’accord – pas davantage, au demeurant, que le délai d’attente pour le bénéfice des allocations familiales. Il est prévu que le gouvernement flamand se retirera d’Unia (successeur interfédéral du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme) – ce point ne figurait pas dans la note de l’informateur  [310].

317 L’accord dispose que, avant de pouvoir bénéficier d’une reconnaissance, les « communautés cultuelles locales » (« lokale geloofsgemeenschappen ») devront passer par une période d’attente de quatre années  [311]. En pratique, il s’agit presque exclusivement des nouvelles mosquées – qui devront subir du même coup un contrôle préalable plus strict, de même d’ailleurs que les nouvelles écoles (ici, ce sont surtout les écoles musulmanes qui sont visées). Cette proposition se trouvait dans la note initiale de B. De Wever.

318 Afin de parvenir à un taux d’emploi de 80 %, comme envisagé dans la note de l’informateur, le gouvernement flamand prévoit notamment (c’était une revendication de l’Open VLD) l’instauration d’un « service communautaire » (« gemeenschapsdienst ») auquel seront astreints les chômeurs de longue durée. La volonté du CD&V d’octroyer une indemnité aux chômeurs qui effectueraient ce service n’a cependant pas été retenue  [312]. Le gouvernement reprend à son compte, également, l’idée d’une « réduction emploi » (« jobkorting » ; qualifiée ici de « jobbonus », bonus à l’emploi) : une exonération partielle d’impôt pour les travailleurs à bas salaire  [313]. Il s’agit d’une des mesures les plus coûteuses de l’accord : elle est évaluée à 350 millions d’euros.

319 Une autre perte de revenus fiscaux découle de la décision de moins imposer les legs faits à des « amis » : le taux de 25 % sera ramené à 3 % pour la tranche léguée en deçà de 25 000 euros. Il s’agit là encore d’une mesure qui ne figurait pas dans la note de l’informateur.

320 Dans le droit fil de la note de B. De Wever, le nouveau gouvernement flamand veut réaliser un « bouwshift » plutôt qu’un « betonstop ». L’idée est de préserver en Flandre, autant que possible, les espaces non bâtis – idée que la précédente coalition flamande avait déjà voulu concrétiser, mais sans y parvenir, sous le nom de « betonstop ». Le remplacement du « betonstop » par un « bouwshift » est-il seulement sémantique ? Le texte de l’accord est assez vague, se contentant de dire que seront créés « dans chaque commune des possibilités de lieux bien situés où il soit agréable de vivre et de travailler ». Sans doute est-il question de passer d’une interdiction à un aménagement, ce qui était, avant les élections de mai 2019, une revendication portée par des responsables libéraux, dont B. Somers  [314].

321 Mais la mesure la plus spectaculaire, en matière d’accès au logement, est la suppression du « woonbonus » (« bonus logement » : déduction fiscale pour l’emprunt lors de l’achat d’un premier logement), remplacé par une baisse des droits d’enregistrement sur l’achat de la résidence principale  [315]. Transférée aux Régions en 2015, cette matière faisait déjà l’objet de discussions sous le gouvernement flamand précédent, qui avait réduit la portée de l’ancienne déduction fédérale. Déjà abaissés de 10 % à 7 % sous la législature précédente, les droits d’enregistrement seront ramenés à 6 % (voire à 5 % en cas de rénovation en profondeur). Le remplacement du « woonbonus » par une réduction des droits d’enregistrement a manifestement pour but de réaliser une économie ; le secteur de l’immobilier y voit d’ailleurs une hausse d’impôt déguisée  [316].

322 Comme le prévoyait déjà la note de l’informateur, le gouvernement flamand veut une administration plus performante et entend non seulement diminuer le nombre d’organes consultatifs, mais aussi remplacer progressivement l’ensemble des agents statutaires par du personnel sous contrat d’emploi.

323 Quant à elles, les ambitions du gouvernement en matière de climat se révèlent plutôt modestes (« pragmatiques » pour reprendre l’expression figurant dans la note de l’informateur). Contrairement à la Wallonie ou à la Région bruxelloise, il n’est pas question de parvenir à la « neutralité climatique » en 2050. Question mobilité, l’accord s’inscrit dans la continuité de la politique menée par le gouvernement sortant. L’augmentation du budget (à hauteur de 630 millions d’euros) bénéficiera surtout aux infrastructures routières ; pas de rallonge budgétaire, donc, pour les transports publics (De Lijn).

324 En ce qui concerne la région bruxelloise, le nouveau gouvernement flamand ne s’écartera guère de ce qu’ont fait ou envisagé ses prédécesseurs (« La Flandre ne compte pas lâcher Bruxelles, au contraire ») : maintien de la norme des 5 % du budget communautaire réservés à cette région, renforcement des taux de priorité dans l’enseignement néerlandophone bruxellois pour les élèves dont au moins un des deux parents parle le néerlandais, etc. Mais l’impact de la région bruxelloise se fait sentir dans un autre point de l’accord, à savoir celui qui concerne le dossier des grandes villes. L’accord prévoit que, à partir de 2020, un montant de 4 millions d’euros devra être affecté aux communes de Denderleeuw, Ninove, Geraardsbergen (Grammont) et Zottegem, soit des communes proches de la région bruxelloise et/ou qui ont enregistré une forte progression du Vlaams Belang lors des dernières élections  [317].

325 Sur le plan communautaire, là aussi dans le prolongement de la note de l’informateur, l’accord flamand se montre extrêmement prudent (au grand dam d’ailleurs du Vlaams Belang, cf. infra) : il « invite les députés flamands à entamer une réflexion en profondeur sur l’organisation de l’État qu’ils souhaitent et leur donne toute liberté et la marge de manœuvre pour lui donner forme concrète », tout en indiquant que le gouvernement flamand veillera entre-temps, « dans le cadre légal et constitutionnel actuel, à donner au maximum forme aux compétences existantes ».

326 L’accord contient encore, et c’est une première, un chapitre entier consacré à la justice. Après avoir noté en préambule que « la Flandre a de nombreuses compétences en matière de justice, de maintien de l’ordre et de contentieux administratif », le gouvernement entend essentiellement coordonner ces compétences et les placer sous l’autorité d’un « ministre flamand de la Justice et du Maintien de l’ordre ». Dans ce cadre, il prévoit la « professionnalisation » du Dienst van de Bestuursrechtscolleges (DBRC : service des juridictions administratives flamandes) mis en place par un décret de 2014  [318] ; ce service deviendrait un « Vlaamse bestuursraad », une juridiction contentieuse unique. Même s’il ne contient rien d’autre qu’une coordination renforcée des pouvoirs judiciaires que détient déjà la Flandre (suite surtout à la sixième réforme de l’État), l’existence même de ce chapitre illustre une vieille revendication de la N-VA, formulée notamment par G. Bourgeois dès 2017 : celle d’une défédéralisation de la justice  [319]. Au demeurant, l’accord du gouvernement Bourgeois prévoyait déjà, dans son chapitre consacré à la « politique générale », plusieurs points relatifs au « développement d’une justice flamande » et en particulier au fonctionnement des collèges juridictionnels flamands.

327 Enfin, un point de l’accord crée d’autant plus la surprise qu’il ne se trouvait dans le programme d’aucun des partis engagés dans la négociation : la suppression du vote obligatoire pour les élections communales et provinciales. Par ailleurs, l’accord flamand s’inspire des dispositions existant en Wallonie relativement au mode de désignation des bourgmestres : désormais, ce sera le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix de préférence (le vote en case de tête est d’ailleurs supprimé, y compris pour les élections provinciales) sur la liste arrivée en première position qui sera chargé de former le collège échevinal. Point plus symbolique : il pourra choisir de porter soit l’écharpe tricolore nationale noir-jaune-rouge (obligatoire jusqu’ici) soit une écharpe aux couleurs jaune et noir (c’est-à-dire les couleurs de la Flandre), comme un échevin flamand.

328 Les congrès des trois partis signataires de l’accord se réunissent le 1er octobre : la N-VA au Stadsschouwburg d’Anvers, le CD&V aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique à Bruxelles et l’Open VLD au Bluepoint, également à Bruxelles. Les trois assemblées votent en faveur de l’accord, avec cependant une majorité plus courte au CD&V – où le président des jeunes CD&V, Sammy Mahdi, regrette d’ailleurs dans un premier temps que les congressistes n’aient pas eu le temps de lire le texte qui leur est soumis  [320]. Au congrès de l’Open VLD, une voix critique s’élève également : celle de Francesco Vanderjeugd, bourgmestre de Staden. Concurrent déclaré de G. Rutten à la présidence du parti  [321] mais non réélu en mai au Parlement flamand, celui-ci tente de faire admettre la possibilité d’amender l’accord ; cette proposition est largement rejetée par les congressistes  [322]. Le congrès de l’Open VLD vote en faveur de la participation « à une très large majorité » (d’après la VRT)  [323], celui de la N-VA par 1 738 voix contre 5 et 12 abstentions, et celui du CD&V par 495 voix contre 61 et 21 abstentions.

4.12. L’accord, la note et les partis

329 La plupart des commentateurs considèrent que l’accord de gouvernement constitue une réponse à la victoire électorale du Vlaams Belang : selon eux, un quatrième parti « a été présent dans les pensées autour de la table »  [324]. Ce sont surtout les mesures envisagées dans le cadre de l’intégration des immigrés qui sont pointées (parfois pour douter de leur efficacité : ainsi, en ce qui concerne la fin de la gratuité des cours d’intégration, le Belang van Limburg laisse par exemple entendre que, en définitive, ce sont les CPAS qui paieront en lieu et place d’immigrés dépourvus de moyens)  [325].

330 Pourtant, le Vlaams Belang n’est pas satisfait et le fait savoir : il critique l’absence d’avancée institutionnelle, le fait que les dispositions prévues en matière d’intégration soient « plutôt symboliques » et ne contiennent pas les mesures relatives aux allocations familiales dont il était question dans la note de l’informateur, etc. Le chef de groupe du parti au Parlement flamand, C. Janssens, résume l’analyse en affirmant : « La note de B. De Wever (...) était pour nous le seuil plancher (« ondergrens »). Mais pour le CD&V et l’Open VLD, il s’est avéré que c’était un plafond (« bovengrens »). On a dès lors beaucoup supprimé, trop »  [326]. Le même C. Janssens avait auparavant répété au micro de la VRT que « ceux qui ne parlent pas néerlandais et qui n’ont pas notre nationalité ne peuvent avoir droit à un logement social », entraînant aussitôt une réaction vigoureuse de T. Francken, lequel avait tweeté : « Conneries juridiques ! J’attends depuis des mois les premières propositions du groupe Vlaams Belang sur l’immigration. Rien. Nada. Zéro »  [327].

331 À l’autre extrémité du spectre politique, l’accueil réservé à l’accord de gouvernement est, pour des raisons toutes différentes, totalement négatif. Le SP.A considère que l’accord se caractérise par une grande méfiance (envers les nouveaux arrivants, les Bruxellois, les chômeurs, le monde de l’enseignement) et qu’il offre des symboles plutôt que de véritables solutions  [328]. Groen parle d’une politique tout en froideur (« kil en koud »)  [329], qui procède surtout à des économies et dont les investissements sont même inférieurs à ceux du gouvernement Bourgeois. Le PVDA voit dans l’accord des « promesses reniées »  [330] et un gouvernement asocial qui, loin de s’attaquer à la pauvreté, aux listes d’attente dans le secteur des soins, à la pénurie de logements sociaux ou au coût de la facture énergétique, est marqué par un fort coup de barre à droite.

332 Par ailleurs, comme elle l’avait déjà fait en 2014, l’association Hart boven Hard  [331] diffuse début octobre une « déclaration d’octobre alternative », qu’elle soumet à la signature du public, où elle dénonce le « pas en arrière » effectué par le nouveau gouvernement flamand et souligne que le seul véritable « canon » à défendre et enseigner est celui des « droits humains »  [332].

333 Pour sa part, la N-VA considère qu’elle a imprimé son « sceau » à l’accord de gouvernement : le « jobbonus », les investissements, le service communautaire, les places supplémentaires dans l’accueil de la petite enfance, la réduction des listes d’attente dans le secteur des soins, l’abrogation du « M-decreet », l’accès « plus strict » aux prestations sociales pour les nouveaux arrivants, la politique d’intégration  [333]. Le CD&V indique avoir obtenu l’abandon de la suppression des provinces et de la fusion des communes. Mais il se réjouit également du bonus à l’emploi, du renforcement des moyens accordés à l’accueil pour la petite enfance et de l’accent mis – dans la partie de l’accord consacrée à l’enseignement – sur l’enseignement maternel, voire du durcissement des conditions pour que les immigrés bénéficient des prestations et des allocations sociales  [334]. Enfin, l’Open VLD souligne les « accents libéraux » de l’accord, qui sont d’ailleurs parfois les mêmes que ceux que relève le CD&V : le « jobbonus », davantage de moyens pour l’accueil de la petite enfance, le durcissement du parcours d’intégration (une intégration qui doit être un « récit de droits et de devoirs », selon la formule que reprend chacun des trois partis signataires de l’accord) et des baisses d’impôt (droits d’enregistrement et droits de succession)  [335]. On notera au passage que, en 2014, c’est au dernier moment que l’Open VLD avait été associé à une négociation menée jusqu’alors entre la N-VA et le CD&V, cela afin de faciliter la constitution d’un gouvernement fédéral incluant ces trois partis (cf. supra) : cette fois, l’Open VLD a pleinement et d’emblée participé aux discussions.

334 Au-delà de ces exercices de critiques et d’autosatisfaction, quel bilan objectif tirer de cet accord ?

335 Un premier point est que cet accord est, sur certaines thématiques, en retrait par rapport à la note de l’informateur. Par exemple, il n’y est plus question d’un délai d’attente pour bénéficier des allocations familiales (mesure qui, d’ailleurs, aurait sans doute été contraire au droit européen) ; ni de l’idée, lancée un moment, de ne plus octroyer d’allocations familiales aux réfugiés reconnus qui n’auraient pas d’emploi ; ni de la suppression des provinces ou de la fusion de communes ; ni de l’amende pour ceux qui n’auraient pas réussi le test de citoyenneté. En matière d’enseignement, l’accord a renoncé aux examens centraux envisagés par l’informateur pour préconiser plutôt des « évaluations standardisées ».

336 Il est également, semble-t-il, en retrait par rapport à certaines notes présentées par la N-VA aux groupes de travail qui l’ont préparé. Par exemple, la volonté de réduire le poids du secteur associatif (« middenveld ») – volonté du parti nationaliste flamand qui avait conduit plusieurs associations à adresser une lettre ouverte aux négociateurs (cf. supra) – est certes présente dans l’accord de gouvernement, mais de façon plus diffuse et différenciée. Ainsi, en ce qui concerne les associations de lutte contre la pauvreté, l’accord dispose qu’il faut « tendre à moins de saupoudrage et à une rationalisation du champ d’activité » et ajoute : « Dans ce cadre, nous évaluerons les moyens consacrés actuellement par la Flandre à divers partenaires institutionnels. Nous examinerons si ce budget peut être dépensé plus efficacement via les administrations locales ou via des appels publics ». Ce qui pourrait, selon certains, amener à l’intégration de ces associations dans une seule et unique agence comme l’avait fait le gouvernement flamand en 2012 avec les associations s’occupant d’intégration. De même, la volonté de ne plus subsidier les « initiatives qui se replient sur l’origine ethno-culturelle ou qui favorisent la ségrégation » – mise en cause pendant les négociations par le Minderhedenforum notamment – est maintenue dans l’accord. Mais pour ce qui est des réseaux scolaires et des caisses de soins (« zorgkassen »: caisses responsables du paiement de l’indemnité liée à la « zorgverzekering » flamande et gérées par les mutuelles), l’accord reste assez vague (priorité d’allocation des moyens aux écoles et non aux structures pour les réseaux ; « évaluation du service » et « responsabilisation » pour les caisses).

337 D’autres mesures ne se trouvaient pas dans la note de l’informateur mais figurent dans l’accord. Ainsi en est-il de la suppression de l’obligation de vote pour les élections locales. Cette initiative n’est d’ailleurs pas du goût de quelques mandataires du CD&V (et même de la N-VA) qui le font savoir ; comme le député fédéral Hendrik Bogaert (CD&V), qui considère « qu’il ne faut pas casser le thermomètre parce que l’on n’aime pas le résultat », le président des jeunes CD&V, S. Mahdi (qui se déclarera quelques jours plus tard candidat à la présidence du CD&V), et le député fédéral J.-M. Dedecker  [336].

338 Le deuxième point concerne l’origine partisane des dispositions reprises dans l’accord. En présentant l’accord à la presse, J. Jambon insiste sur le point suivant : « Nous ne courons pas derrière le Vlaams Belang (…). Chaque mesure que nous prenons se retrouve dans le programme d’au moins un des partis du gouvernement. Vous n’y trouverez pas des choses qui se trouvent uniquement dans le programme du Vlaams Belang ». C’est, assez nettement, le plus grand parti des trois coalisés, en l’occurrence la N-VA, qui a le plus marqué de son empreinte l’accord gouvernemental. Mais sur le fond, il est vrai que plusieurs mesures, y compris en matière d’intégration des nouveaux arrivants, n’étaient pas l’idée exclusive de la N-VA. Ainsi, l’Open VLD avait déjà lancé auparavant des propositions prévoyant un accès différencié (« getrapte toegang ») aux prestations sociales pour les nouveaux arrivants. De même, en soulignant que, en contrepartie d’un accès plus difficile à ces prestations sociales, les nouveaux arrivants pourront devenir des membres à part entière de la société flamande, J. Jambon ne va pas précisément dans le sens du programme du Vlaams Belang. Quant au retrait de la Flandre du centre interfédéral Unia, les deux autres partis partenaires de la coalition ont beau jeu de souligner que « la N-VA n’a pas obtenu ce qu’elle voulait (…), puisque la Flandre reçoit son propre centre pour l’égalité des chances qui va travailler contre les discriminations »  [337].

339 Le troisième point est relatif au fait que, au-delà des textes, il y a ceux qui devront les mettre en œuvre. De ce point de vue, la distribution des portefeuilles ministériels revêt une certaine importance.

4.13. Le choix des ministres

340 Les premières hypothèses quant au choix des ministres et au nombre de ministres que pourra revendiquer chacune des trois formations politiques parties à la négociation font état des chiffres suivants : 5 ministres pour la N-VA (dont le ministre-président), 2 ministres pour le CD&V (qui obtiendrait, en plus, la présidence du Parlement flamand) et 2 ministres pour l’Open VLD. Cela en application de la clé D’Hondt et dans l’hypothèse d’un gouvernement composé de neuf ministres.

341 Ce casting ministériel n’est pas sans poser certains problèmes aux partis. Par exemple, le CD&V souhaiterait avoir trois ministres : la ministre flamande sortante H. Crevits, qui est incontournable (avant les élections, elle avait été présentée comme la candidate du parti à la présidence du gouvernement) ; le président du parti W. Beke, qui, contesté en interne, entend bien prendre la place laissée vacante par Jo Vandeurzen, ministre sortant qui a décidé de se retirer de la vie politique et qui est limbourgeois comme lui ; et l’ancienne ministre flamande Joke Schauvliege, qui avait été contrainte de démissionner du gouvernement Bourgeois peu avant les élections (le 6 février 2019) en raison de déclarations maladroites relatives aux marches pour la défense du climat (et qui avait été remplacée par Koen Van den Heuvel), ce qui permettrait en outre à son suppléant – qui n’est autre que Stijn De Roo, chef de groupe au conseil communal de Gand et, surtout, directeur au Boerenbond – de siéger au Parlement flamand  [338]. Il y a aussi la question cruciale de l’enseignement : avec seulement deux ministres, le CD&V pourra-t-il garder ce portefeuille qui lui tient à cœur (et qu’il détenait sous la précédente législature) ?

342 Dans les rangs de l’Open VLD, la question est surtout de savoir si la présidente du parti, G. Rutten, va faire son entrée dans l’équipe gouvernementale. Quant à la N-VA, une fois levée l’hypothèque Jambon, quelques difficultés restent à aplanir même si le parti, avec cinq portefeuilles ministériels (et peut-être plus si l’on augmente le nombre de ministres, ce que la loi permet, en le portant à onze), a une plus grande marge de manœuvre que ses partenaires. La décision de Philippe Muyters, ministre de l’Emploi, de l’Économie, de l’Innovation et des Sports dans le gouvernement Homans, de quitter la vie politique libère également un poste  [339].

343 Finalement, le CD&V demande à obtenir trois portefeuilles. Il se dit que W. Beke ne souhaite pas se retrouver seul ministre aux côtés de H. Crevits : nommer ministres tant le président sortant du parti (défait aux élections) que sa figure de proue, elle-même ministre sortante, ne serait sans doute pas du meilleur effet en termes de rajeunissement  [340]. La N-VA cède donc un des portefeuilles qui lui revenaient en échange de la présidence du Parlement flamand. Le troisième portefeuille du CD&V sera finalement confié à B. Dalle. Ces désignations sont critiquées dans les rangs chrétiens démocrates, où certains considèrent que « le parti, dans les faits, s’est replié sur la Flandre occidentale et le Limbourg ». W. Beke lui-même est contesté : sa désignation comme ministre ne franchit le cap des groupes politiques que par 12 voix sur 19  [341].

344 La loi – et l’application du système D’Hondt – permettent à la N-VA de choisir, après la ministre-présidence, le premier portefeuille ; le deuxième choix revient au CD&V, puis le troisième à l’Open VLD. C’est ainsi que la N-VA opte pour l’Enseignement et que le CD&V doit se rabattre sur le Bien-être (département délicat à gérer, notamment en raison du manque de moyens et des listes d’attente dans certains secteurs comme les personnes handicapées)  [342]. L’Open VLD choisit le portefeuille de l’Insertion civique, ce qui permettra à l’un de ses négociateurs, B. Somers, de s’occuper d’une matière qui lui tient à cœur et où il est réputé défendre, en sa qualité de bourgmestre de Malines, une approche modérée et pragmatique, voire progressiste. Il décide d’ailleurs de ne pas faire usage de son titre officiel mais de se nommer « ministre de la Cohabitation », expression dont il avait fait usage lors de la campagne électorale en annonçant sa volonté d’exporter dans toute la Flandre son « modèle malinois »  [343].

345 Dans les rangs de la N-VA, le renoncement de B. De Wever permet certes à J. Jambon de retrouver un poste dans un exécutif, mais ce glissement crée d’autres problèmes. J. Jambon est un élu anversois comme P. Muyters ou L. Homans et, si le premier renonce à toute ambition ministérielle, il faut trouver une compensation pour la seconde ; elle accède donc à la présidence du Parlement flamand. Un même problème se pose, comme on l’a vu, dans le Brabant flamand, où trois ténors du parti sont en concurrence : B. Weyts, ministre sortant, T. Francken, secrétaire d’État fédéral jusqu’en décembre 2018, et L. Parys, vice-président du parti. Reste à pourvoir la Flandre occidentale, la Flandre orientale et le Limbourg (qui sont toutefois les trois provinces dans lesquelles la N-VA a enregistré ses moins bons résultats  [344]) et, le cas échéant, la région bruxelloise (où la vice-présidente C. Van Achter a été réélue au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale).

346 La nouvelle équipe gouvernementale flamande est finalement composée de personnalités mieux connues et plus aguerries que celle qui l’a précédée, mais compte également 2 membres sans expérience ministérielle. Ce gouvernement Jambon (tripartite : N-VA/CD&V/Open VLD) est constitué de 9 membres (4 N-VA, 3 CD&V, 2 Open VLD), dont 3 femmes (une par parti)  [345] :

  • Jan Jambon (N-VA) est ministre-président et ministre des Affaires étrangères  [346], de la Culture  [347], des TIC et de la Gestion facilitaire ;
  • Hilde Crevits (CD&V) est vice-ministre-présidente et ministre de l’Économie, de l’Innovation, de l’Emploi, de l’Économie sociale et de l’Agriculture ;
  • Bart Somers (Open VLD) est vice-ministre-président et ministre de l’Administration intérieure, de la Gouvernance publique, de l’Insertion civique et de l’Égalité des chances ;
  • Ben Weyts (N-VA) est vice-ministre-président et ministre de l’Enseignement, des Sports, du Bien-être des animaux et du Vlaamse Rand ;
  • Zuhal Demir (N-VA) est ministre de la Justice et du Maintien, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, de l’Énergie et du Tourisme ;
  • Wouter Beke (CD&V) est ministre du Bien-être, de la Santé publique, de la Famille et de la Lutte contre la pauvreté  [348] ;
  • Matthias Diependaele (N-VA) est ministre des Finances et du Budget, du Logement et du Patrimoine immobilier ;
  • Lydia Peeters (Open VLD) est ministre de la Mobilité et des Travaux publics ;
  • Benjamin Dalle (CD&V) est ministre des Affaires bruxelloises (« Vlaams minister van Brussel »), de la Jeunesse et des Médias.

348 Ce gouvernement entre en fonction le 2 octobre 2019. Le même jour, Liesbeth Homans (N-VA) est élue présidente du Parlement flamand.

4.14. Les chiffres

349 Avant même la discussion de la déclaration gouvernementale au Parlement flamand, une controverse surgit à propos du budget flamand. En effet, en raison du retard pris par la procédure de formation du nouvel exécutif, le gouvernement Jambon est amené à présenter simultanément au Parlement son accord et la traditionnelle déclaration de septembre (cf. supra). Le règlement du Parlement flamand dispose à cet égard, en son article 83, 1° : « Après que le Parlement est constitué, le gouvernement fait, le quatrième lundi de septembre, sauf si le bureau élargi décide d’une autre date, une déclaration sur la situation sociale générale et sur les lignes de force du budget ».

350 La réunion, qui devait réglementairement avoir lieu le 23 septembre, s’est trouvée reportée par le bureau élargi au 2 octobre. Il a également été décidé de tenir un seul et même débat sur la déclaration du gouvernement et sur la « déclaration de septembre ». Deux documents sont d’ailleurs remis aux parlementaires  [349].

351 Mais l’opposition relève que ces documents ne contiennent pas de données budgétaires. Le Vlaams Belang, le SP.A, Groen et le PVDA exigent d’obtenir de telles informations, d’autant que des chiffres surgissent dans la presse à propos d’économies assez importantes dans certains secteurs. Le député flamand Jos D’Haese (PVDA) dépose une proposition de résolution « relative à la publication des tableaux budgétaires afin d’examiner l’accord de gouvernement »  [350], qui est rejetée par assis et levés lors de la séance plénière du 2 octobre.

352 Lors d’un dîner organisé au lendemain de cette séance par la revue Doorbraak, proche du mouvement nationaliste flamand, le nouveau ministre-président prend la parole pour déclarer qu’il « dispose des chiffres sur son bureau », mais qu’il n’est « pas enclin à les donner si l’opposition les demande. Aujourd’hui, il y va du contenu »  [351].

353 Le 4 octobre, à la reprise de la discussion, l’opposition au Parlement flamand revient dès lors sur le sujet et demande à la nouvelle présidente, L. Homans, de suspendre le débat en attendant que soient transmises les données budgétaires. Elle menace, sinon, de quitter l’hémicycle. Le chef du groupe Groen, B. Rzoska, dépose une motion d’ordre en ce sens. Pour L. Homans, le débat porte sur « les lignes de force du budget », sans qu’il soit nécessaire de disposer de tableaux budgétaires : le service juridique du Parlement flamand, indique-t-elle, lui a confirmé cette analyse  [352]. Quant au ministre-président, soutenu par plusieurs parlementaires de sa majorité, il rétorque que les tableaux dont il a fait état ne sont pas des tableaux budgétaires, qu’ils doivent être affinés et qu’il les transmettra la semaine suivante pour qu’il soit possible d’en débattre – avant, d’ailleurs, le débat budgétaire proprement dit, qui constituera en somme la troisième phase de l’ensemble de la discussion. La motion d’ordre demandant la suspension des travaux est, elle aussi, repoussée par assis et levés ; l’opposition quitte la salle et le débat se déroule ensuite uniquement entre membres de la majorité.

354 La déclaration du gouvernement et la déclaration de septembre sont finalement adoptées à l’unanimité des 61 parlementaires présents (pour les matières régionales) et des 64 parlementaires présents (pour les matières communautaires), ce qui constitue une majorité somme toute assez courte.

355 Les chiffres budgétaires seront soumis aux députés flamands, comme le nouveau ministre-président s’y était engagé, le 7 octobre.

4.15. Conclusion

356 La formation du gouvernement flamand Jambon (N-VA/CD&V/Open VLD) a été exceptionnellement longue, compte tenu de ce qui s’était passé lors des formations précédentes et de la volonté souvent affichée par la N-VA, premier parti flamand, de dissocier cette formation des négociations pour le gouvernement fédéral.

357 Deux facteurs principaux sont à l’origine de cette longueur.

358 Le premier est la difficulté de constituer, face à la victoire du Vlaams Belang, une coalition de perdants. Qui, dans le cas de la formule dite suédoise, se double en outre d’une réédition de l’équipe sortante. Or, sauf à rompre le cordon sanitaire, seule une coalition de perdants (quels qu’ils soient par ailleurs) est susceptible de disposer d’une majorité parlementaire en Flandre, à moins de marier l’eau et le feu.

359 Le second est la difficulté, plus spécifiquement pour le premier parti de Flandre, à opter entre deux stratégies qui ne sont pas forcément contradictoires mais qui impliquent des phasages temporels différents.

360 La N-VA peut choisir de se replier sur la Flandre et de démontrer à ses électeurs que sa priorité est de construire une majorité flamande – de préférence marquée au centre droit – pour appliquer son programme social et économique sans trop tenir compte de ce qui se passera au niveau fédéral. Il n’est pas exclu que, dans le chef de certains membres de la N-VA (l’aile droite du parti, en somme), cette stratégie puisse aller de pair avec la recherche d’une alliance avec le Vlaams Belang. D’autres se méfient du CD&V, en raison du fait que celui-ci est trop proche, selon eux, du monde associatif. Mais à l’inverse, une coalition avec le SP.A – laquelle permettrait de se passer du CD&V et de répondre aux préoccupations sociales qui ont sans doute fait le lit du Vlaams Belang – ne disposerait que d’une majorité parlementaire fort étroite. La N-VA semble avoir exploré toutes ces pistes, certaines sans doute avec moins de conviction que d’autres.

361 Mais la N-VA a également intérêt à participer à la coalition fédérale, ne serait-ce que pour faire avancer ses ambitions institutionnelles et pour poursuivre le travail engagé à ce niveau de pouvoir jusqu’en décembre 2018 (au sein du gouvernement Michel I). Incontournable au niveau flamand, le parti nationaliste flamand l’est un peu moins au niveau fédéral, sauf si le nouveau gouvernement fédéral n’est pas majoritaire dans le groupe linguistique néerlandais de la Chambre des représentants – ce qui n’est pas inenvisageable. Si elle veut conserver une chance de faire partie de la coalition fédérale, la N-VA doit donc se lier, dans le gouvernement flamand, avec des alliés potentiels à la Chambre. Ne tenir aucun compte de ce qui se passe au fédéral pourrait être risqué. Par contre, former une coalition flamande en gardant des fers au feu en perspective d’une participation fédérale n’est pas sans intérêt. Il s’agit là d’un véritable jeu de mécano, qui prend forcément du temps.

362 D’une certaine façon, cette longueur inhabituelle et ces hésitations se ramènent à un constat : bien qu’elle ait en quelque sorte perdu les élections flamandes du 26 mai 2019 (puisque, si elle reste le premier parti de Flandre, elle n’en a pas moins enregistré un score significativement en recul par rapport au scrutin du 25 mai 2014), la N-VA se trouve en position de force. Paradoxe qu’il lui a fallu, et qu’il lui faut, gérer.

Conclusion

363 Comme en 2014, les électeurs belges ont été invités, le 26 mai 2019, à renouveler tous les parlements de Région ou de Communauté le même jour qu’ils élisaient leurs députés européens et les membres de la Chambre des représentants  [353]. Sur cette base, des initiatives ont été prises dès les jours suivants pour constituer de nouveaux gouvernements. Ce Courrier hebdomadaire a retracé ce processus de formation pour chacun des exécutifs régionaux et communautaires. Certains enseignements transversaux se dégagent de cet examen.

364 En 2014, la formation du gouvernement fédéral, qui avait abouti à la mise sur pied, le 11 octobre, du gouvernement Michel I (N-VA/MR/CD&V/Open VLD), avait été parallèle à la mise sur pied des gouvernements de Région et de Communauté et, pour partie, étroitement liée à la constitution de ces derniers. La formation du gouvernement fédéral avait d’ailleurs démarré rapidement, comme le relevait alors le Courrier hebdomadaire : « La promptitude et la vitesse avec lesquelles ce premier tour de consultations est mené [par le roi] sont frappantes. Cela semble traduire la volonté du roi et, probablement, de la plupart des partis d’aller vite, d’éviter l’enlisement et de ne pas laisser la formation du gouvernement fédéral dépendre de celle des exécutifs régionaux et communautaires »  [354].

365 Telle n’est absolument pas la méthode qui a été suivie en 2019. Certes, le roi Philippe a confié à Didier Reynders (MR) et à Johan Vande Lanotte (SP.A) une mission d’information dès le 30 mai 2019. Toutefois, il est rapidement apparu que ce duo laisserait le temps aux partis politiques de se concentrer sur la formation des exécutifs régionaux et communautaires avant que ne soit réellement enclenché le processus de formation du gouvernement fédéral. Cette première mission royale s’est d’ailleurs achevée début octobre, une fois le dernier gouvernement d’une entité fédérée mis sur pied – en l’occurrence, le gouvernement flamand  [355]. Au terme de l’année 2019, aucune solution n’était en vue permettant d’envisager la constitution à brève échéance d’un gouvernement fédéral majoritaire et de plein exercice pour remplacer le gouvernement minoritaire et en affaires courantes Wilmès I (MR/CD&V/Open VLD)  [356]. À la différence de celui réalisé après la constitution des gouvernements en 2014, le présent Courrier hebdomadaire s’est par conséquent consacré à l’examen des seuls exécutifs de Région et de Communauté, tout en mentionnant les quelques liens qui pouvaient être relevés avec les discussions, relativement discrètes durant cette période, menées au niveau fédéral.

366 Sans même tenir compte du niveau fédéral, où la crise politique semble profonde et fait traîner les négociations, la durée de formation des gouvernements fait apparaître en 2019 une situation contrastée. Tandis que, avec ses 3 jours, la durée de constitution du gouvernement germanophone Paasch II figure parmi les plus courtes jamais enregistrées dans une entité fédérée, celle du gouvernement flamand Jambon, qui a pris 129 jours, est de loin la plus longue. Il s’agit pourtant, dans les deux cas, d’une reconduction de la coalition qui était en place depuis cinq ans (à savoir ProDG/SP/PFF en Communauté germanophone et N-VA/CD&V/Open VLD en Flandre) ; mais le chemin a été plus tortueux dans un cas que dans l’autre pour parvenir à cette décision. La formation commune des gouvernements wallon et de la Communauté française (tous deux de composition PS/MR/Écolo) a elle aussi dépassé les durées jusqu’alors observées dans ces deux entités : avec respectivement 110 et 114 jours, on est loin des 58 jours de 2014, et plus encore des 29 ou 30 jours qu’avait nécessités la mise en place dans ces entités des premiers gouvernements arc-en-ciel après les élections du 13 juin 1999.

367 Si la coalition qui dirigeait la Communauté germanophone et celle qui gouvernait la Flandre depuis 2014 ont été simplement reconduites, de nouveaux attelages ont été formés en Région wallonne, en Région de Bruxelles-Capitale et en Communauté française. Dans ces trois entités, une simple reconduction de la majorité en place était tout bonnement impossible, les partis qui les composaient avant le scrutin du 26 mai 2019 ne disposant plus, au terme de celui-ci, d’un nombre suffisant de sièges dans les assemblées correspondantes.

368 Des faits politiquement marquants expliquent pour partie la durée de formation des gouvernements enregistrée en 2019.

369 En Flandre, la N-VA ne s’est pas contentée, comme c’était le cas auparavant, d’inclure le VB dans ses premières consultations en vue de former un gouvernement : elle a mené des discussions, semble-t-il assez approfondies, avec le parti d’extrême droite pendant plusieurs semaines – ce qui n’était jamais advenu par le passé. Faute de disposer ensemble d’une majorité au Parlement flamand, une éventuelle alliance entre la N-VA et le VB devait en tout état de cause se tourner vers d’autres partenaires potentiels ; mais ni le CD&V, ni l’Open VLD (parties prenantes avec la N-VA de la coalition sortante) n’ont été disposés à rompre le cordon sanitaire. C’est donc finalement la combinaison sortante qui a prévalu. La N-VA a-t-elle réellement voulu, pour autant que cela fût possible, s’allier avec le VB ou a-t-elle souhaité, en menant ces discussions avec lui, mettre la pression sur ses deux partenaires du gouvernement sortant ? La question reste posée. Toujours est-il que la N-VA a ainsi posé un choix symbolique important et a, de plus, contribué à l’allongement des négociations en Flandre.

370 En Région wallonne et en Communauté française, après la rupture rapide des discussions avec le PS par le CDH et par le PTB, le duo formé par le PS et par Écolo s’est engagé dans un processus original de large consultation d’acteurs extérieurs au monde politique (associations, interlocuteurs sociaux, organismes publics ou parapublics, firmes privées ou encore individus), aboutissant à la rédaction de deux documents soumis aux parlementaires wallons et de la Communauté française afin soit de ramener un des deux partis ayant choisi l’opposition à une table de négociation, soit d’obtenir le soutien externe de quelques élus à la mise sur pied d’un gouvernement minoritaire. Ce n’est qu’après l’échec de ce scénario dit coquelicot que des négociations tripartites ont débuté avec le MR. On relèvera au passage que si la phase coquelicot a été caractérisée par une publicité et une transparence importantes à travers la diffusion des notes précédant et résultant des consultations, la phase tripartite a en revanche été marquée par beaucoup plus de discrétion quant au contenu et quant à l’état d’avancement des négociations.

371 La mise en parallèle de ces deux processus peut laisser penser que la longueur des négociations a été en partie due à la volonté de certains acteurs d’asseoir un rapport de force qui leur était aussi favorable que possible avant d’entamer une négociation tripartite. Le PS et Écolo ont-ils réellement cru pouvoir ramener le CDH ou le PTB à la table des négociations ou mettre sur pied des gouvernements minoritaires de type coquelicot, ou ont-ils souhaité, en établissant un programme commun, en s’appuyant sur des recommandations exprimées par de nombreux acteurs au cours d’un processus public et en veillant de ce fait à recevoir un appui potentiellement large, baliser pour la Région wallonne et pour la Communauté française des axes marqués de leurs priorités sociales et environnementales avant d’élargir la négociation à un MR dont les préoccupations sont différentes voire parfois antagoniques aux leurs ? La question reste posée. Toujours est-il qu’ils ont ainsi tenté de tirer les programmes gouvernementaux finaux vers la gauche ou le centre. Au contraire, la démarche de la N-VA a eu pour effet de placer le centre de gravité des négociations avec le CD&V et l’Open VLD le plus à droite possible par le fait même de mener des discussions avec le VB et, éventuellement, grâce aux éléments qui en avaient filtré dans la presse. Dans un cas comme dans l’autre, un appui extérieur a été recherché, soit dans le monde politique, soit en dehors de celui-ci. Sans doute aucun de ces trois partis (PS et Écolo au Sud, et N-VA au Nord) n’a-t-il pu tirer les accords de gouvernement aussi loin que voulu dans la direction souhaitée, mais ces manœuvres semblent avoir partiellement pu influencer les programmes gouvernementaux finalement approuvés en tripartite.

372 Même en Région bruxelloise, quoiqu’avec un impact plus limité sur la durée du processus, l’avancée des négociations a connu des soubresauts, essentiellement liés à la volonté du MR de participer à la majorité régionale et aux tentatives de l’Open VLD d’agir afin d’amener les libéraux francophones à la table des négociations, y compris en pratiquant brièvement la politique de la chaise vide. Malgré cet épisode, la formation du gouvernement bruxellois a souligné, encore un peu plus qu’en 2014, l’autonomie relativement large dont disposent les sections bruxelloises des partis politiques dans ce type de négociation. D’abord, les deux leaders bruxellois de l’Open VLD, Sven Gatz et Guy Vanhengel, s’ils ont certes fait mine d’appuyer la revendication du MR, ont néanmoins accepté de participer une nouvelle fois à une majorité régionale n’incluant pas les libéraux francophones ; cette décision a courroucé les états-majors libéraux tant francophone que néerlandophone. Ensuite, le processus coquelicot porté par le PS et Écolo en Région wallonne et en Communauté française n’a à aucun moment été mis en œuvre – ni même sérieusement évoqué – en Région bruxelloise. Enfin, une fois tournée la page du coquelicot en Région wallonne et en Communauté française, les tentatives du MR de s’appuyer sur les négociations tripartites y démarrant avec le PS et Écolo pour pouvoir entrer dans la négociation bruxelloise se sont heurtées à un veto : les six partis impliqués dans celle-ci ont finalisé la formation d’un gouvernement bruxellois de coalition PS/Écolo/Défi/Groen/Open VLD/SP.A – soit un exécutif d’une composition différente, en ce qui concerne son aile francophone, de l’arc-en-ciel en cours de gestation dans les deux autres entités.

373 Au final, comme durant la législature 2009-2014, chaque Région ou Communauté est désormais gouvernée par une coalition tripartite, excepté en Région de Bruxelles-Capitale où c’est en quelque sorte une double tripartite qui est en place  [357]. Après une interruption d’un peu plus de deux ans, la Région wallonne et la Communauté française disposent à nouveau de gouvernements d’une même composition politique. Le changement d’alliance survenu à l’été 2017, qui avait vu le remplacement du gouvernement wallon Magnette (PS/CDH) par le gouvernement Borsus (MR/CDH) mais ne s’était pas accompagné d’un pareil renversement en Communauté française, avait mis un terme à une symétrie politique en vigueur depuis 1985 entre ces deux entités. Par ailleurs, celles-ci voient le retour d’une formule arc-en-ciel quinze ans après la fin de la première expérience de ce type (1999-2004).

374 En termes de composition, on peut observer que les libéraux sont désormais représentés dans tous les gouvernements du pays, fût-ce par un seul ministre (Open VLD en Région de Bruxelles-Capitale ou PFF en Communauté germanophone). Dans quasiment tous, ils siègent avec des socialistes, en dépit des divergences qui caractérisent traditionnellement les deux familles politiques, en particulier dans le domaine socio-économique. Seule la Flandre dispose d’un gouvernement n’alliant pas partis de centre-gauche et partis de centre-droit : cette coalition est en effet uniquement marquée au centre-droit. Tandis que les socialistes sont écartés du pouvoir en Flandre pour la deuxième législature consécutive, les partis de tradition sociale-chrétienne sont pour leur part confinés aux bancs de l’opposition quasiment partout, excepté précisément en Flandre ; cette situation est inédite et est l’inverse de celle qui prévalait depuis 2004, où seul le gouvernement de la Communauté germanophone ne comptait aucun membre appartenant à un parti d’origine sociale-chrétienne  [358].

375 La direction des gouvernements est également caractérisée par une évolution notable. Désormais, seule la moitié des six postes de ministre-président échoit à un parti traditionnel : les socialistes Elio Di Rupo, ministre-président wallon, et Rudi Vervoort, ministre-président bruxellois, et le libéral Pierre-Yves Jeholet, ministre-président de la Communauté française. Les trois autres postes sont occupés par Jan Jambon (N-VA), ministre-président flamand, Oliver Paasch (ProDG), ministre-président de la Communauté germanophone, et Barbara Trachte (Écolo), ministre-présidente de la Commission communautaire française (COCOF). Sous la législature précédente, ils n’étaient que deux à ne pas être membres d’un parti non traditionnel : outre O. Paasch, Geert Bourgeois (N-VA, ministre-président flamand) était dans ce cas. De 2009 à 2014, on comptait seulement Christos Doulkeridis (Écolo), ministre-président de la COCOF, dans cette situation. En revanche, le poste de Premier ministre, occupé par un libéral francophone depuis le 11 octobre 2014 (Charles Michel d’abord, Sophie Wilmès depuis le 27 octobre 2019), est toujours revenu à un social-chrétien, à un socialiste ou à une ou un libéral.

376 Cette répartition fait aussi apparaître une autre évolution. Durant la période 2011-2014, en incluant le niveau fédéral, le PS dirigeait cinq gouvernements, à travers les personnes d’Elio Di Rupo, Premier ministre (gouvernement PS/CD&V/MR/SP.A/Open VLD/CDH), de Rudy Demotte, ministre-président wallon et de la Communauté française (gouvernements Demotte II, PS/Écolo/CDH), de Charles Picqué puis de Rudi Vervoort, tout à tour ministres-présidents bruxellois (gouvernements Picqué IV et Vervoort I, PS/Écolo/CDH/Open VLD/CD&V/Groen! puis Groen), et de Karl-Heinz Lambertz, ministre-président de la Communauté germanophone (gouvernement Lambertz III, SP/PFF/ProDG). Pour leur part, les sociaux-chrétiens et les libéraux ont dirigé jusqu’à quatre exécutifs simultanément. Les premiers durant la période 1986-1988 : gouvernements Martens VI puis Martens VII (CVP/PRL/PVV/PSC) au niveau national, exécutifs Wathelet (PSC/PRL) en Wallonie, Geens II (CVP/PVV) en Flandre et Maraite I (CSP/PFF) en Communauté germanophone. Les seconds de 1999 à 2004 : gouvernements Verhofstadt I (VLD/PS/Fédération PRL FDF MCC/SP/Écolo/Agalev) puis Verhofstadt II (VLD/PS/MR/SP.A–Spirit) au niveau fédéral, Hasquin (Fédération PRL FDF MCC/PS/ Écolo) en Communauté française, Simonet I, puis de Donnea, puis Ducarme, puis Simonet II (Fédération PRL FDF MCC puis MR/PS/CVP puis CD&V/VLD/SP puis SP.A) en Région de Bruxelles-Capitale, et Dewael puis Somers (VLD/SP puis SP.A/Agalev/VU–ID puis Spirit) en Flandre.

377 On le constate, les postes de Premier ministre ou de ministre-président n’ont jamais été répartis entre autant de partis différents, particulièrement après avoir connu une concentration très forte de 1986 à 1988, de 1999 à 2004 et de 2011 à 2014  [359]. Sans doute faut-il voir là un signe supplémentaire de l’érosion de l’assise des partis traditionnels que le scrutin multiple du 26 mai 2019 a illustrée de manière frappante  [360].

Annexe 1. Liste des signataires de la « Déclaration non gouvernementale » (DNG) du 11 juin 2019

378 Séverine Acerbis, directrice de Bruxelles Accueil et développement pour la jeunesse et l’enfance (BADJE)

379 Hafida Bachir, secrétaire politique de Vie féminine

380 Bernard Bayot, directeur de Réseau Financité

381 Marc Becker, secrétaire national de la Confédération des syndicats chrétiens de Belgique (CSC)

382 Thierry Bodson, secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB)

383 Estelle Ceulemans, secrétaire générale de la FGTB Bruxelles

384 Christophe Cocu, directeur général de la Ligue des familles

385 Michel Cordier, administrateur de Grands-parents pour le climat (GPclimat) Belgique

386 Nadia Cornejo, ex-secrétaire générale du Conseil de la jeunesse catholique (CJC)

387 François de Borman, vice-président de GPclimat Belgique

388 Élisabeth Degryse, secrétaire nationale de l’Alliance nationale des Mutualités chrétiennes (ANMC)

389 Valérie Del Re, directrice de Greenpeace Belgique

390 Édouard Delruelle, professeur à l’ULiège et initiateur du Manifeste pour un pacte social et écologique

391 Alexis Deswaef, ex-président de la Ligue des droits humains (LDH)

392 Fanny Dubois, secrétaire générale de la Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones (FMMCSF)

393 Ariane Estenne, présidente du Mouvement ouvrier chrétien (MOC)

394 Joris Fakroune, secrétaire général du CJC

395 François Gobbe, membre du Réseau pour la justice fiscale (RJF)

396 Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty International Belgique francophone

397 Mehdi Kassou, porte-parole de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés (BxlRefugees)

398 Jean-Pascal Labille, secrétaire général de l’Union nationale des mutualités socialistes (UNMS)

399 Denis Lambert, secrétaire de LaCoordination.org

400 Antoine Lebrun, administrateur délégué du World Wild Fund for Nature (WWF) Belgique

401 Nicolas Lemoine, ex-administrateur de la Fédération des étudiant·e·s francophones (FEF)

402 Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP)

403 Maxime Mori, ex-président de la FEF

404 Sotieta Ngo, directrice de Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers (CIRÉ)

405 Isabelle Philippe, directrice du Crédal

406 Daniel Puissant, secrétaire du RJF

407 Jean-François Rixen, directeur d’Écoconso

408 Céline Tellier, secrétaire générale d’Inter-Environnement Wallonie (IEW)

409 Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la Centrale nationale des employés (CNE, affiliée à la CSC)

410 Nicolas Van Nuffel, président de Coalition Climat

411 Pierre Verbeeren, directeur général de Médecins du monde Belgique

412 Brieuc Wathelet, coordinateur de la campagne TAM TAM

413 Arnaud Zacharie, secrétaire général du Centre national de coopération du développement (CNCD-11.11.11)

Annexe 2. Organisation des consultations menées dans le cadre du processus dit coquelicot (juin 2019)

414 Jeudi 27 juin 2019 au Parlement de la Communauté française

415 1. 8h30-10h00 : Enseignement (1h30)

  • - Frédéric Delcor et Laurence Weerts, co-présidents du Groupe central du Pacte d’excellence
  • - Un représentant par syndicat (CGSP-Enseignement, CSC-Enseignement, CGSLB, SETCA-Enseignement, SLFP)
  • - Un représentant de la FAPEO et un de l’UFAPEC
  • - Un représentant par réseau (CECP, CPEONS, SEGEC, FELSI, WBE)
  • - Trois représentants de la Plateforme de lutte contre l’échec scolaire

417 2. 10h15-11h30 : Enseignement supérieur et Recherche (1h15)

  • - Le président et les vice-présidents de l’ARES
  • - Le président et la secrétaire générale du FNRS
  • - Un représentant de la FEF

419 3. 11h45-13h00 : Culture (1h15)

420 Présidents de toutes les instances d’avis en culture

421 Demander aux instances de désigner un représentant par secteur :

  • - Un représentant pour la création artistique (théâtre, musique, danse, etc.)
  • - Frédéric Young pour les lettres et le livre
  • - Damien Watteyne pour le patrimoine
  • - Martine Barbé pour le cinéma
  • - Christian Boucq pour l’action territoriale (centres culturels et bibliothèques)
  • - Sylvie Pinchart pour l’éducation permanente
  • - Un représentant de la SACD
  • - Madame Couturier pour le Collectif GroupeF(s)

423 Pause

424 4. 13h30-14h45 : Médias (1h15)

  • - Un représentant de l’Association des journalistes professionnels
  • - Un représentant des éditeurs de presse
  • - Un représentant de la RTBF et de RTL
  • - Un représentant de la Fédération des télévisions locales
  • - Un représentant de MaRadio.be (DAB+)
  • - Un représentant de Fedeweb
  • - Un représentant du Conseil supérieur de l’éducation aux médias

426 5. 15h15-16h30 : Enfance et Jeunesse (1h15)

  • - Un représentant du Forum des jeunes
  • - Un représentant d’Infor Jeunes
  • - Le délégué général aux droits de l’enfant
  • - La Ligue des familles

428 6. 16h45-18h00 : Transversal : Démocratie et Citoyenneté (1h15)

  • - Une représentante de la Plate-forme des associations féministes
  • - Une représentante du Conseil des femmes francophones de Belgique
  • - G1000 (David Van Reybrouck, si possible)
  • - Un représentant de la plateforme Civix
  • - Un représentant de Cumuleo
  • - Un représentant de la Plateforme pour le service citoyen

430 7. 18h15-19h45 : Santé et Action sociale (1h30)

  • - Un représentant par mutuelle (Solidaris, Mutualité chrétienne, Mutualité libre, etc.)
  • - Un représentant du CAWAB
  • - Un représentant du Conseil supérieur national des personnes handicapées (CSNPH)
  • - Un représentant de la Fédération des CPAS
  • - Un représentant de la Plateforme pour la première ligne wallonne (PPLW)
  • - Un représentant de la Fédération francophone des associations de patients et de proches (LUSS)
  • - Un représentant de l’Association chrétienne des institutions sociales et de santé
  • - Un représentant de Santhéa
  • - Un représentant d’Unessa
  • - Un représentant de la Fédération des maisons médicales

432 Vendredi 28 juin 2019 au Parlement wallon

433 1. 8h30-10h00 : Vision régionale (1h30)

  • - Un représentant par groupement siégeant au bureau du Conseil économique, social et environnemental de Wallonie : FGTB, CSC, CGSLB, UWE, UCM, SNI, FWA, UNIPSO, IEW
  • - Un représentant de l’Union des villes et communes de Wallonie

435 2. 10h15-11h30 : LaCoordination.org (Déclaration non gouvernementale) (1h15)

  • - 10 représentants, dont si possible Arnaud Zacharie, Christine Mahy (RWLP), MOC, Greenpeace

437 3. 11h45-13h15 : Climat, Biodiversité et Environnement (1h30)

  • - Un représentant de Youth for Climate
  • - Jean-Pascal Van Ypersele
  • - Trois représentants de la Coalition Climat, dont au moins un pour la diversité
  • - Un représentant du Comité des experts du décret wallon « Climat »
  • - Un représentant de la FUGEA et un représentant de l’UNAB
  • - Un représentant de Nature et Progrès
  • - Un représentant du Réseau Idée (membre du CESE)

439 Pause

440 4. 14h00-15h30 : Habitat (1h30)

  • - Représentants des entreprises : Confédération wallonne de la construction
  • - Représentants des syndicats du secteur : FGTB, CSC, CGSLB
  • - Un représentant du syndicat des propriétaires
  • - Un représentant du Réseau wallon pour le droit à l’habitat
  • - Un représentant du Centre d’études en habitat durable
  • - Un représentant du Cluster Écoconstruction
  • - Un représentant du RWADE

442 5. 15h45-17h45 : Développement économique (2h)

  • - Un représentant des pôles de compétitivité
  • - Un représentant du Conseil wallon de l’économie sociale (Sébastien Pereau)
  • - Un représentant de SAW-B
  • - Un représentant par outil économique (SRIW, SOGEPA, SOWALFIN)
  • - Un représentant « Économie circulaire » : Go4Circle
  • - Un représentant des entreprises de la transition « Pour une économie régénérative »
  • - Un représentant d’Edora
  • - Marie-Kristine Vanbockestal (FOREM)
  • - L’interfédé CISP
  • - Test Achats

Annexe 3. Acteurs ayant remis un document écrit dans le cadre du processus dit coquelicot

444 Remarque : la mention en regard de l’acteur concerné indique si celui-ci a remis un mémorandum (M) et/ou une note spécifiquement réalisée pour le processus coquelicot (C).

Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) : contribution de Denis Dufrane (président de la Chambre des hautes écoles et de l’enseignement supérieur de promotion sociale)C
Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) : contribution de Julien Nicaise (administrateur de l’ARES)C
Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (APAQ-W)M
Aidants prochesC/M
Agir tous pour la dignité Quart Monde (ATD Quart Monde Belgique)M
Aires Libres (fédération professionnelle des arts forains, des arts du cirque et des arts de la rue)C
Amnesty International Belgique francophoneC
Association chrétienne des institutions sociales et de santé (ACIS)C
Association de techniciens professionnels du spectacle (ATPS)C
Association des centres culturels de la Communauté française de Belgique (ACC)C
Association des éditeurs belges (ADEB)M
Association des journalistes professionnels (AJP)C
Association royale des demeures historiques et jardins de Belgique (DHJB)M
Association socialiste de la personne handicapée (ASPH)M
Association wallonne des comités consultatifs de locataires et propriétaires (AWCCLP)M
Associations 21 (pour un développement durable)C
Be Feminist, Collectif des femmes, Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS Belgique), La Voix des femmes, Le Monde selon les femmes, Mouvement pour l’égalité entre les femmes et les hommes (MEFH), Université des femmes, Vie féminineC
BioWin (pôle de compétitivité wallon dans le domaine de la santé)C
Bruxelles accueil et développement pour la jeunesse et l’enfance (BADJE)C
Centrale nationale des employés (CNE) - secteur non marchandM
Centre d’appui bruxellois (CAB)M
Centre d’étude et de défense de l’école publique (CEDEP)M
Centre d’études en habitat durable de Wallonie (CEHD)C
Centre interculturel de Mons et du Borinage (CIMB)M
Centres régionaux d’intégration (CRI) de WallonieM
Cluster Éco-constructionM
Coalition ClimatM
Coalition Climat, Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (FUGEA), Inter-Environnement Wallonie (IEW), Nature & Progrès (NatPro), Réseau Information et diffusion en éducation à l’environnement (Réseau IDée), Union nationale des agrobiologistes belges (UNAB), Youth for Climate (Youth4Climate Belgium), Vincent Van Steenberghe (cf. infra), Jean-Pascal van Ypersele (UCLouvain)  [361]C
Collectif accessibilité Wallonie Bruxelles (CAWAB)C
Collectif Formation Société (F.(s))C
Collectif mémoire coloniale et lutte contre les discriminations (CMCLD)M
Comité des élèves francophones (CEF)C
Comité des experts de l’Agence wallonne de l’air et du climat (AWAC) chargé du suivi du décret wallon « Climat » du 20 février 2014 : contribution de Vincent Van Steenberghe (UCLouvain ; SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, Service fédéral Changements climatiques - Climat.be ; Comité des experts)C
Commission d’aide à la librairie (instance d’avis indépendante auprès du Service général des Lettres et du Livre du Ministère de la Communauté française)C
Commission des centres culturels (3C : instance d’avis auprès de la Direction des Centres culturels du Service général de l’Action territoriale du Ministère de la Communauté française) : volet action territorialeC
ConcertES (plateforme de concertation des organisations représentatives de l’économie sociale)M
Confédération des syndicats chrétiens de Belgique (CSC) - enseignementC
Conseil de déontologie journalistique (CDJ) de l’Association pour l’autorégulation de la déontologie journalistique (AADJ)C
Conseil de l’enseignement des communes et des provinces (CECP)C
Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB)C
Conseil des pouvoirs organisateurs de l’enseignement officiel neutre subventionné (CPEONS)C
Conseil du livre (instance d’avis indépendante auprès du Service général des Lettres et du Livre du Ministère de la Communauté française)C
Conseil économique, social et environnemental de Wallonie (CESE Wallonie)C
Conseil général de l’enseignement de promotion sociale (CGEPS)M
Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM)C/M
Conseil supérieur de l’éducation permanente (CSEP)C
Conseil supérieur national des personnes handicapées (CSNPH)C
ConsoloisirsM
Coopérative leuzoise pour les énergies du futur (CLEF), REScoop Wallonie (fédération wallonne des coopératives citoyennes d’énergie renouvelable), Comptoir citoyen des énergies (COCITER)M
CumuleoM
Délégué général de la Communauté française aux droits de l’enfant (DGDE)C
E-ChangeM
Écarlate la compagnieM
EDORA (fédération des énergies renouvelables)C
Énéo (mouvement social des aînés)C
Entraide et fraternité (EF)C
Essenscia (fédération belge des industries chimiques et des sciences de la vie)C
Fédération belge des entreprises électriques et gazières (FEBEG)C
Fédération de l’aide et des soins à domicile (FASD)C
Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel (FAPEO)C
Fédération des établissements libres subventionnés indépendants (FELSI)C
Fédération des étudiant·e·s francophones (FEF)C
Fédération des institutions et services spécialisés d’aide aux adultes et aux jeunes (FISSAAJ), Union des fédérations francophones d’institutions de protection de la jeunesse et d’aide aux handicapés (UFFIPRAH)C
Fédération des institutions médico-sociales (FIMS)C
Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones (FMM)M
Fédération des télés locales (FTL)M
Fédération laïque de centres de planning familial (FLCPF)C
Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (FUGEA)C
Fédération wallonne de l’agriculture (FWA)C
FedeWeb (fédération des web TV belges francophones)C
Fondation pour l’enseignementM
Fondation pour les générations futures (FGF)C
Fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS), Université catholique de Louvain (UCLouvain), Université de Liège (ULiège), Université de Mons (UMons), Université de Namur (UNamur), Université libre de Bruxelles (ULB), Université Saint-Louis - Bruxelles (USL-B)C/M
Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF Belgique)C
front commun syndical : FGTB wallonne, CNE - secteur non marchand, front commun non marchand (SETCA, CGSLB et CNE), SLFP - enseignementC
Go4circle (fédération belge des entreprises actives dans le traitement et le recyclage des déchets)C
Groupement belge des omnipraticiens (GBO)C
HandiJob’ProjectM
Infor JeunesC
Inter-Fédérations de l’aide à la jeunesse (InterAAJ)C
Interfédération des centres d’insertion socio-professionnelle (Interfédé CISP)C
Interrégionale wallonne de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB wallonne)C
LaCoordination.orgC
La Dinantaise (association de construction et de gestion de logements sociaux)C
LaPresse.BE (alliance des éditeurs de presse quotidienne francophone et germanophone)C
Ligue des droits de l’enfant (LDE)C
Ligue des famillesC
Ligue des usagers des services de santé (LUSS)C
Ligue handisport francophone (LHF)C
Ligue royale belge pour la protection des oiseaux (LRBPO)C
Logistics in Wallonia (pôle de compétitivité wallon dans le domaine du transport, de la logistique et de la mobilité)M
Médiateur aérien du gouvernement fédéral (SPF Mobilité et Transports)M
Mouvement ouvrier chrétien (MOC)M
Musées et société en Wallonie (MSW)C
Mutualités chrétiennes (MC)C
Mutualités libres (ML)C
Nature & Progrès (NatPro)C
Nature, terres et forêts (NTF)C
Office de la naissance et de l’enfance (ONE)C
Office wallon de la formation professionnelle et de l’emploi (FOREM)C
Ordre des barreaux francophones et germanophones de Belgique (Avocats.be)C
Plate-forme d’action Santé & Solidarité (PASS)C
Plate-forme de première ligne wallonne (PPLW)C/M
Plate-forme des entreprises de la transition écologiqueC
Plateforme pour le service citoyen (PSC)C
Pôle MecaTech (pôle de compétitivité wallon dans le domaine du génie mécanique)C
Radio-Télé Luxembourg (RTL)C
Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF)C
Rassemblement wallon pour le droit à l’habitat (RWDH)C
Renovate BelgiumC
RESA (gestionnaire de réseaux de distribution de gaz et d’électricité)C
Réseau Information et diffusion en éducation à l’environnement (Réseau IDée)C
Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP)C
Réseau wallon pour l’accès durable à l’énergie (RWADE)C
Reuchamps Min (UCLouvain) : contribution personnelleC
Secrétariat général de l’enseignement catholique (SEGEC)C
secteur « Cinéma »C
secteur « Culture - Patrimoine »C
SETCA Enseignement libre (SEL)C
SmartC
Société wallonne de financement et de garantie des petites et moyennes entreprises (SOWALFIN)C
SolidarcitéC
Solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises (SAW-B)M
Spiral (centre de recherche de l’Université de Liège - ULiège)M
Structures d’accompagnement à l’autocréation d’emploi (SAACE)C
Syndicat des employés, techniciens et cadres (SETCA) - secteur non marchandM
Syndicat libre de la fonction publique (SLFP)C
Syndicat national des propriétaires et copropriétaires (SNPC)C
Test Achats (association de consommateurs)C
Tous à piedC
TransparenciaC
TRAXIO (confédération belge du commerce et de la réparation automobiles et des secteurs connexes)M
Unia (service public indépendant de lutte contre la discrimination et de promotion de l’égalité des chances)C
Union des artistes du spectacle (UAS)M
Union des classes moyennes (UCM)C
Union des entreprises à profit social (UNIPSO)C
Union des villes et communes de Wallonie (UVCW)C
Union en soins de santé (UNESSA)C
Union francophone des associations de parents de l’enseignement catholique (UFAPEC)C
Union nationale des mutualités socialistes (UNMS)C
Union professionnelle du secteur immobilier (UPSI)C
Union wallonne des agences immobilières sociales (UWAIS)M
Union wallonne des entreprises (UWE)C
Université libre de Bruxelles (ULB)C/M
ValBiom (valorisation de la biomasse)M
Vie féminineC
Voix des sans-papiers (VSP) de Liège (collectif de soutien aux sans-papiers)M
Wagralim (pôle de compétitivité wallon dans le domaine de l’agro-industrie)M
Youth for Climate (Youth4Climate Belgium)C

Annexe 4. Composition des gouvernements régionaux et communautaires lors de leur entrée en fonction

445 4.1. Gouvernement de la Communauté germanophone Oliver Paasch II (17 juin 2019)

446 4.2. Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale Rudi Vervoort III (18 juillet 2019)

447 4.3. Gouvernement wallon Elio Di Rupo III (13 septembre 2019)

448 4.4. Gouvernement de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet (17 septembre 2019)

449 4.5. Gouvernement flamand Jan Jambon (2 octobre 2019)

4.1. Gouvernement de la Communauté germanophone Oliver Paasch II (17 juin 2019)

450 Tripartite : ProDG / SP / PFF

451 4 ministres

452 Oliver Paasch, ProDG : ministre-président, ministre des Pouvoirs locaux et des Finances

453 Antonios Antoniadis, SP : vice-ministre-président, ministre de la Santé et des Affaires sociales, de l’Aménagement du territoire et du Logement

454 Isabelle Weykmans, PFF : ministre de la Culture et du Sport, de l’Emploi et des Médias

455 Harald Mollers, ProDG : ministre de l’Éducation et de la Recherche scientifique

4.2. Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale Rudi Vervoort III (18 juillet 2019)

456 Hexapartite : PS / Écolo / Défi / Groen / Open VLD / one.brussels-sp.a

457 5 ministres et 3 secrétaires d’État

458 Rudi Vervoort, PS : ministre-président du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé du Développement territorial et de la Rénovation urbaine, du Tourisme, de la Promotion de l’image de Bruxelles et du Biculturel d’intérêt régional

459 Elke Van den Brandt, Groen : ministre du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière

460 Alain Maron, Écolo : ministre du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de la Transition climatique, de l’Environnement, de l’Énergie et de la Démocratie participative

461 Sven Gatz, Open VLD : ministre du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Finances, du Budget, de la Fonction publique, de la Promotion du multilinguisme et de l’image de Bruxelles

462 Bernard Clerfayt, Défi : ministre du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l’Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique et des Pouvoirs locaux

463 Nawal Ben Hamou, PS : secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée du Logement et de l’Égalité des chances

464 Pascal Smet, one.brussels-sp.a : secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l’Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l’incendie et l’Aide médicale urgente

465 Barbara Trachte, Écolo : secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Transition économique et de la Recherche scientifique

466 Collège de la Commission communautaire française

467 Barbara Trachte, Écolo : ministre-présidente du collège, chargée du Budget, de la Fonction publique et des Familles

468 Rudi Vervoort, PS : ministre, membre du collège, chargé de la politique de l’Enseignement, des Crèches, de la Culture, du Handicap, des Affaires étudiantes, du Tourisme et du Transport scolaire

469 Alain Maron, Écolo : ministre, membre du collège, chargé de l’Action sociale et de la Santé

470 Nawal Ben Hamou, PS : ministre, membre du collège, chargée de la Cohésion sociale et du Sport

471 Bernard Clerfayt, Défi : ministre, membre du collège, chargé de la Formation professionnelle et des Relations internationales

472 Collège de la Commission communautaire flamande

473 Elke Van den Brandt, Groen : présidente, membre du collège compétente pour le Budget, le Bien-être, la Santé, la Famille et la Politique de la ville

474 Sven Gatz, Open VLD : membre du collège compétent pour l’Enseignement et la Construction d’écoles

475 Pascal Smet, one.brussels-sp.a : membre du collège compétent pour la Culture, la Jeunesse, les Sports et les Centres communautaires

476 Collège réuni de la Commission communautaire commune

477 Rudi Vervoort, PS : président du collège réuni, en charge de la coordination de la politique du collège réuni

478 Alain Maron, Écolo : membre du collège réuni, en charge de l’Action sociale et de la Santé

479 Elke Van den Brandt, Groen : membre du collège réuni, en charge de l’Action sociale et de la Santé

480 Bernard Clerfayt, Défi : membre du collège réuni, en charge des Prestations familiales, du Budget, de la Fonction publique et des Relations extérieures

481 Sven Gatz, Open VLD : membre du collège réuni, en charge des Prestations familiales, du Budget, de la Fonction publique et des Relations extérieures

4.3. Gouvernement wallon Elio Di Rupo III (13 septembre 2019)

482 Tripartite : PS / MR / Écolo

483 8 ministres

484 Elio Di Rupo, PS : ministre-président

485 Willy Borsus, MR : vice-président et ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences

486 Philippe Henry, Écolo : vice-président et ministre du Climat, de l’Énergie et de la Mobilité

487 Christie Morreale, PS : vice-présidente et ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes

488 Jean-Luc Crucke, MR : ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives

489 Pierre-Yves Dermagne, PS : ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville

490 Valérie De Bue, MR : ministre de la Fonction publique, de l’Informatique, de la Simplification administrative, en charge des Allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière

491 Céline Tellier, Écolo : ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal

4.4. Gouvernement de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet (17 septembre 2019)

492 Tripartite : PS / MR / Écolo

493 5 ministres

494 Pierre-Yves Jeholet, MR : ministre-président

495 Frédéric Daerden, PS : vice-président et ministre du Budget, de la Fonction publique, de l’Égalité des chances et de la Tutelle sur Wallonie-Bruxelles Enseignement

496 Bénédicte Linard, Écolo : vice-présidente et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes

497 Valérie Glatigny, MR : ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de la promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles

498 Caroline Désir, PS : ministre de l’Éducation

4.5. Gouvernement flamand Jan Jambon (2 octobre 2019)

499 Tripartite : N-VA / CD&V / Open VLD

500 9 ministres

501 Jan Jambon, N-VA : ministre-président du gouvernement flamand et ministre flamand des Affaires étrangères, de la Culture, des TIC et de la Gestion facilitaire

502 Hilde Crevits, CD&V : ministre flamande de l’Économie, de l’Innovation, de l’Emploi, de l’Économie sociale et de l’Agriculture, et vice-ministre-présidente du gouvernement flamand

503 Bart Somers, Open VLD : ministre flamand de l’Administration intérieure, de la Gouvernance publique, de l’Insertion civique et de l’Égalité des chances, et vice-ministre-président du gouvernement flamand

504 Ben Weyts, N-VA : ministre flamand de l’Enseignement, des Sports, du Bien-être des animaux et du Vlaamse Rand, et vice-ministre-président du gouvernement flamand

505 Zuhal Demir, N-VA : ministre flamande de la Justice et du Maintien, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, de l’Énergie et du Tourisme

506 Wouter Beke, CD&V : ministre flamand du Bien-être, de la Santé publique, de la Famille et de la Lutte contre la pauvreté

507 Matthias Diependaele, N-VA : ministre flamand des Finances et du Budget, du Logement et du Patrimoine immobilier

508 Lydia Peeters, Open VLD : ministre flamande de la Mobilité et des Travaux publics

509 Benjamin Dalle, CD&V : ministre flamand des Affaires bruxelloises (Vlaams minister van Brussel), de la Jeunesse et des Médias

Notes

  • [1]
    Cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections régionales et communautaires du 26 mai 2019 » et « Les résultats des élections fédérales et européennes du 26 mai 2019 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2414-2415 et 2433-2434, 2019.
  • [2]
    Concernant les processus ayant eu cours à l’issue de la précédente échéance électorale (en ce compris au niveau fédéral), cf. V. Demertzis, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, « La formation des gouvernements après les scrutins du 25 mai 2014 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2275-2276, 2015.
  • [3]
    Précisons que deux de ces entités fédérées utilisent une autre dénomination dans leur communication interne et externe : « Fédération Wallonie-Bruxelles » pour la Communauté française (depuis mai 2011) et « Ostbelgien » pour la Communauté germanophone (depuis mars 2017). Ces nouveaux noms n’ayant cependant pas la portée juridique que leur donnerait une révision de la Constitution allant dans le même sens, nous maintiendrons, dans ce Courrier hebdomadaire, les appellations constitutionnelles de Communauté française et de Communauté germanophone.
  • [4]
    Cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections régionales et communautaires du 26 mai 2019 », op. cit., p. 104-113.
  • [5]
    Pour rappel, cette assemblée a été dénommée Conseil de la Communauté culturelle allemande jusqu’au 27 janvier 1984, puis Conseil de la Communauté germanophone jusqu’au 13 août 2004.
  • [6]
    L’écart entre le score de ProDG et celui du CSP n’est que de 77 voix (soit 0,20 %). En outre, il est à noter que ProDG n’occupe la 1re position que dans un canton sur deux (à savoir celui de Saint-Vith alors que, dans celui d’Eupen, il demeure en 2e place derrière le CSP) et, de manière plus fine encore, que dans 2 communes sur 9 (cette position revenant au CSP dans 4 autres et à Vivant dans les 3 dernières).
  • [7]
    En 1974, 1977, 1978, 1981, 1986 et 1990, le Partei der Deutschsprachigen Belgier (PDB) avait récolté respectivement 25,5 %, 29,4 %, 30,1 %, 29,4 %, 20,4 % et 15,3 % des voix ; en 1995, le Partei Juropa Unabhängig (PJU) avait recueilli 13,6 % des votes ; en 1999 et 2004, le cartel PJU–PDB avait obtenu successivement 12,9 % et 11,7 % des voix ; en 2009 et 2014, ProDG a reçu 17,5 % et 22,2 % des votes.
  • [8]
    L’écart entre le score du SP et celui de Vivant n’est que de 13 voix (soit 0,03 %).
  • [9]
    C’est grâce aux règles de dévolution des sièges en vigueur (sur la base de la « clé D’Hondt ») que les composantes de la coalition sortante obtiennent ensemble une majorité de 13 sièges au Parlement de la Communauté germanophone alors même que, à elles trois, elles recueillent moins de la moitié des votes des électeurs. Il aurait suffi qu’elles totalisent 13 voix de moins pour que cette situation bascule.
  • [10]
    Pour l’élection du Parlement de la Communauté germanophone, les résultats définitifs sont connus dès le début de la soirée. Le dépouillement des bulletins de vote n’a connu qu’un seul problème, à savoir que l’un des bureaux du canton d’Eupen a dû procéder à un recomptage vers 20h (opération qui n’a cependant rien changé en termes de répartition des sièges, la seule différence étant une perte de 4 voix pour Vivant).
  • [11]
    Grenz Echo en ligne, 26 mai 2019, www.grenzecho.net.
  • [12]
    Ibidem.
  • [13]
    Ibidem.
  • [14]
    Ibidem.
  • [15]
    Belga, 26 mai 2019.
  • [16]
    Cependant, une majorité de seulement 13 sièges ne constituerait nullement un fait inédit, puisque cela s’est déjà produit à trois reprises : en 1999 (Lambertz I : PFF/SP/Ecolo), en 2004 (Lambertz II : PFF/SP/PJU–PDB) et en 2009 (Lambertz III : SP/PFF/ProDG). De même, une majorité reposant sur un peu moins de la moitié des suffrages valablement exprimés ne serait pas non plus une première, puisqu’une telle situation s’est déjà présentée une fois : en 1999 (49,0 %).
  • [17]
    D’après la presse, les contacts entre les partis de la coalition sortante et Ecolo se sont déroulés en deux temps. Dans la nuit du lundi au mardi, un peu après 1h du matin, O. Paasch a envoyé un texto à F. Mockel afin de lui proposer un appel téléphonique le lendemain. Le mardi vers midi et demi, un court échange téléphonique a eu lieu entre les négociateurs et F. Mockel. Cf. BRF en ligne, 29 mai 2019, https://brf.be.
  • [18]
    Grenz Echo en ligne, 29 mai 2019, www.grenzecho.net.
  • [19]
    Grenz Echo en ligne, 31 mai 2019, www.grenzecho.net.
  • [20]
    Jusqu’à présent, Ecolo n’a été membre du gouvernement de la Communauté germanophone qu’à une seule reprise : entre juillet 1999 et juillet 2004, dans le gouvernement Lambertz I.
  • [21]
    BRF en ligne, 29 mai 2019, https://brf.be ; Ostbelgien Direkt, 31 mai 2019, https://ostbelgiendirekt.be. ProDG aurait alors renoncé à l’un de ses deux portefeuilles ministériels au profit d’Ecolo.
  • [22]
    Belga, 30 mai 2019 (cf. aussi Grenz Echo en ligne, 29 mai 2019, www.grenzecho.net). Le CSP a été membre du gouvernement de la Communauté germanophone de janvier 1984 à juillet 1999 ; depuis lors, il est systématiquement relégué dans l’opposition.
  • [23]
    Belga, 30 mai 2019. Vivant n’a jamais fait partie d’un gouvernement de la Communauté germanophone.
  • [24]
    Belga, 27 mai 2019.
  • [25]
    Cf., par exemple, BRF en ligne, 27 mai 2019, https://brf.be.
  • [26]
    Vedia en ligne, 29 mai 2019, www.vedia.be.
  • [27]
    Grenz Echo en ligne, 29 mai 2019, www.grenzecho.net.
  • [28]
    Cf. Ministerium der Deutschsprachigen Gemeinschaft, « Regionales Entwicklungskonzept der Deutschsprachigen Gemeinschaft. Ostbelgien leben 2025 », tome 5 (REKIII), 2019, www.ostbelgienlive.be.
  • [29]
    Cf. « “Ostbelgien leben 2025” », www.ostbelgienlive.be. Pour une présentation en français : N. Heukemes (secrétaire général du Ministère de la Communauté germanophone), « Le concept de développement régional (CDR) de la Communauté germanophone (CG) : “Ostbelgien leben 2025” », 8 septembre 2015, https://fedweb.belgium.be.
  • [30]
    Décret de la Communauté germanophone du 25 février 2019 instituant un dialogue citoyen permanent en Communauté germanophone, Moniteur belge, 12 avril 2019. À ce sujet, cf. C. Niessen, M. Reuchamps, « Le dialogue citoyen permanent en Communauté germanophone », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2426, 2019.
  • [31]
    Parlament der Deutschsprachigen Gemeinschaft, Resolution an die Föderalregierung, an das föderale Parlament, an das Wallonische Parlament, an die Wallonische Regierung und an die Regierung der Deutschsprachigen Gemeinschaft in Bezug auf die garantierte Vertretung der Bevölkerung des deutschen Sprachgebiets in den Parlamenten, die Zuständigkeiten im deutschen Sprachgebiet ausüben. Von Plenum des Parlaments verabschiedeter Text, n° 288-4, 25 mars 2019. Sur ce sujet, cf. F. Bouhon, C. Niessen, M. Reuchamps, « La Communauté germanophone après la sixième réforme de l’État : état des lieux, débats et perspectives », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2266-2267, 2015, p. 50-62.
  • [32]
    Parlament der Deutschsprachigen Gemeinschaft, Resolution an die Föderalregierung, an das föderale Parlament, an die Wallonische Regierung, an das Wallonische Parlament und an die Regierung der Deutschsprachigen Gemeinschaft zur Stellung der deutschen Sprache in Belgien unter besonderer Berücksichtigung des Sprachengebrauchs in Verwaltungsangelegenheiten. Von Plenum des Parlaments verabschiedeter Text, n° 296-3, 29 avril 2019.
  • [33]
    Parlament der Deutschsprachigen Gemeinschaft, Resolution an die Föderalregierung, an das föderale Parlament, an die Wallonische Regierung, an das Wallonische Parlament und an die Regierung der Deutschsprachigen Gemeinschaft zur Autonomieentwicklung der Deutschsprachigen Gemeinschaft in der belgischen Staatsstruktur. Von Plenum des Parlaments verabschiedeter Text, n° 297-3, 6 mai 2019.
  • [34]
    Durant la législature 2014-2019, une telle succession avait également été de mise. Elle avait également été inscrite dans l’accord de gouvernement, mais elle avait impliqué deux formations politiques : A. Miesen (PFF) avait siégé au Sénat durant la première partie de la législature, avant d’être remplacé par K.-H. Lambertz (SP) pour la seconde, ces deux personnes échangeant alors la présidence du Parlement de la Communauté germanophone.
  • [35]
    À ce sujet, cf. L. Neumann, « La Communauté germanophone au sein du Comité des régions de l’Union européenne », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2317-2318, 2016.
  • [36]
    Lors de la conférence de presse du 29 mai, K.-H. Lambertz indique qu’il mettra un terme à sa carrière politique en 2024.
  • [37]
    Pour cela, il est entendu qu’E. Stoffels devra démissionner de son mandat de député de la Communauté germanophone, ce qu’il fera effectivement en septembre 2019. Toutefois, suite à un différend avec le ministre de tutelle, il quittera sa fonction de chargé de mission ministériel à la mi-novembre 2019 et se retirera du SP. Il est à noter que la création de son poste de chargé de mission ministériel a été perçue par d’aucuns comme une « manœuvre politique d’intronisation d’un cinquième ministre par la bande » (Le Vif/L’Express, 5 septembre 2019).
  • [38]
    Grenz Echo en ligne, 29 mai 2019, www.grenzecho.net.
  • [39]
    La Libre Belgique, 27 mai 2019. Il est à noter que jamais un gouvernement de la Communauté germanophone n’a réuni jusqu’à présent le CSP et un parti autonomiste (anciennement le PDB ou le PJU, actuellement ProDG).
  • [40]
    Notamment, la qualité de vice-ministre-président revient désormais au socialiste A. Antoniadis et non plus à la libérale I. Weykmans.
  • [41]
    Tel est l’intitulé du titre de H. Mollers dans la traduction officielle française de l’arrêté du gouvernement de la Communauté germanophone du 20 juin 2019 fixant la répartition des compétences entre les ministres (Moniteur belge, 16 juillet 2019). Il est toutefois à noter que, dans la version originale en allemand, cet intitulé est « Minister für Bildung, Forschung und Erziehung », ce que nous traduirions plutôt par « ministre de la Formation, de la Recherche et de l’Éducation ».
  • [42]
    Cf. Parlament der Deutschsprachigen Gemeinschaft, Gemeinschaftspolitische Erklärung der Regierung der Deutschsprachigen Gemeinschaft. “Für eine zukunftsfähige Gemeinschaft”, n° 25-1, 16 septembre 2019 ; Parlament der Deutschsprachigen Gemeinschaft, Gemeinschaftspolitische Erklärung der Regierung der Deutschsprachigen Gemeinschaft. Regionales Entwicklungskonzept. DG - Ostbelgien Leben 2025, n° 25-2, 16 septembre 2019.
  • [43]
    Cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections régionales et communautaires du 26 mai 2019 », op. cit., p. 40-61.
  • [44]
    Le PTB-PVDA est un parti unitaire. Toutefois, en vertu des règles électorales régionales bruxelloises, il a déposé deux listes pour l’élection du Parlement bruxellois en 2019 : l’une dans le groupe linguistique français et l’autre dans le groupe linguistique néerlandais.
  • [45]
    E. Van den Brandt a assez vite rejeté l’idée d’une coalition miroir (c’est-à-dire que la coalition néerlandophone serait semblable à celle, encore inconnue, qui se formerait chez les francophones), considérant qu’il y a beaucoup plus d’options du côté francophone que du côté néerlandophone.
  • [46]
    Leurs scores en voix de préférence lors du scrutin régional bruxellois de 2019 sont les suivants : P. Smet 4 562 voix, G. Vanhengel 4 551 voix, E. Van den Brandt 4 320 voix et S. Gatz 2 103 voix.
  • [47]
    La Libre Belgique du 5 juin 2019 puis L’Écho du 24 juin 2019 rappellent une déclaration du président du MR bruxellois, Didier Reynders, selon laquelle « il y a trois partis socialistes à Bruxelles, à savoir le PS, le SP.A et l’Open VLD » (cf. De Standaard en ligne, 11 septembre 2017, www.standaard.be), en allusion au fait que, dans la commune d’Evere, les candidats de l’Open VLD emmenés par G. Vanhengel s’étaient présentés sur la liste du bourgmestre PS R. Vervoort lors des élections communales du 14 octobre 2012 (ce qui s’est également, ensuite, produit lors des élections communales du 14 octobre 2018).
  • [48]
    Cependant, pour l’élection de la Chambre des représentants dans la circonscription de Bruxelles-Capitale, la liste Écolo (comportant aussi les candidats de Groen) devance la liste PS (comportant également les candidats du SP.A).
  • [49]
    Candidat tête de la liste PS à l’élection régionale bruxelloise de 2019, il est le recordman en voix de préférence obtenues lors de ce scrutin (16 889 voix), précédant de peu Françoise Schepmans (MR, 16 856 voix).
  • [50]
    Il semble que DierAnimal ne fasse pas partie des formations consultées.
  • [51]
    Durant la législature régionale écoulée, Didier Gosuin (Défi) a été notamment ministre du gouvernement bruxellois chargé de l’Emploi et ministre du collège de la COCOF chargé de la Formation professionnelle.
  • [52]
    L’aile néerlandophone du parti, qui s’est présentée à l’élection dans le groupe linguistique néerlandais sous la dénomination PVDA et a obtenu 1 siège (cf. supra), n’est pas associée aux discussions préalables à la formation de la coalition côté néerlandophone.
  • [53]
    « Déclaration non gouvernementale (DNG) », www.lacoordination.org, 11 juin 2019. La liste complète des signataires de la DNG est fournie dans l’annexe 1 du présent Courrier hebdomadaire.
  • [54]
    La secrétaire générale d’Inter-Environnement Wallonie, Céline Tellier, signataire de la DNG, deviendra le 13 septembre 2019 ministre (Écolo) de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal du gouvernement wallon (cf. infra).
  • [55]
    Le Soir, 5 juin 2019.
  • [56]
    H. Bogaert (dir.), « Les perspectives budgétaires de la Région Bruxelles-Capitale de 2019 à 2024 », Cahiers de recherche. Série Politique économique, CERPE, n° 98, 2019.
  • [57]
    J. Hindriks, J. VanCauter, Gestion publique de Bruxelles, Bruxelles, Itinera Intitute, 2019, www.itinerainstitute.org. La Libre Belgique présente l’analyse d’Itinera Intitute dans son édition du 2 juillet 2019.
  • [58]
    Visant à assurer un emploi, un stage ou une formation aux jeunes de moins de 30 ans qui s’inscrivent pour la première fois auprès d’Actiris.
  • [59]
    D. Reynders est alors chargé (avec Johan Vande Lanotte, SP.A) d’une mission d’information fédérale par le roi Philippe.
  • [60]
    Le Soir, 13-14 juillet 2019 ; De Standaard 15 juillet 2019.
  • [61]
    S. Gatz plaide même pour la création d’un poste de ministre du Plurilinguisme (« minister van Meertaligheid »).
  • [62]
    On rappellera qu’en 2014, la N-VA et le CD&V s’étaient initialement entendus pour former à deux le gouvernement flamand. Afin d’ouvrir la voie à la formation d’un gouvernement fédéral associant la N-VA, le MR, le CD&V et l’Open VLD (ce qui débouchera en octobre sur le gouvernement Michel I, surnommé la « kamikaze » puis la « suédoise »), l’Open VLD avait été soutenu par le MR pour faire partie du gouvernement flamand. Alors qu’il n’y était arithmétiquement pas nécessaire, le parti libéral était entré dans le gouvernement flamand après avoir à peine modifié l’accord conclu par ses deux futurs partenaires.
  • [63]
    « Déclaration de politique régionale commune au gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et au collège réuni de la Commission communautaire commune », s.d. [18 juillet 2019], www.parlement.brussels.
  • [64]
    Bourgmestre en titre à Evere, R. Vervoort avait nommé Christian Béozière au poste de bourgmestre faisant fonction de cette commune dès le mois de novembre 2018 ; cette situation demeure inchangée.
  • [65]
    Celle-ci deviendra ministre de l’Éducation dans le gouvernement de la Communauté française (gouvernement Jeholet : PS/MR/Écolo) mis en place le 17 septembre 2019.
  • [66]
    La désignation de R. Madrane comme président du Parlement bruxellois soulève la question de son éventuel remplacement en tant que seul ministre bruxellois au sein du gouvernement de la Communauté française en affaires courantes (gouvernement Demotte III : PS/CDH). Le gouvernement de la Communauté française doit en effet compter au moins un Bruxellois. Le président du gouvernement de la Communauté française ayant refusé la démission de R. Madrane, celui-ci cumule les fonctions de président du Parlement bruxellois et de ministre (en charge de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, des Sports et de la Promotion de Bruxelles, ainsi que de la tutelle sur la COCOF) du gouvernement de la Communauté française tant que celui-ci est en affaires courantes.
  • [67]
    Ultérieurement, Z. Khattabi sera présentée par son parti pour un mandat de juge à la Cour constitutionnelle, toutefois sans succès à ce jour.
  • [68]
    Pour la clarté de l’exposé, nous intégrons les trois secrétaires d’État parmi les membres du gouvernement régional bruxellois, même si officiellement, seuls les ministres sont membres de cet exécutif.
  • [69]
    C. Picqué avait démissionné le 7 mai 2013 et R. Vervoort l’avait remplacé comme ministre-président bruxellois le même jour.
  • [70]
    N’ont pas été repris dans le gouvernement Vervoort III alors qu’ils faisaient partie de l’exécutif précédent : D. Gosuin (Défi), qui a été secrétaire d’État puis ministre (1989-2004 et 2014-2019), C. Fremault (CDH), qui a été ministre (2013-2019), G. Vanhengel (Open VLD), qui a été ministre à plusieurs reprises (2000-2009 et 2011-2019), et F. Laanan (PS), C. Jodogne (Défi) et Bianca Debaets (CD&V), qui ont toutes trois été secrétaires d’État (2014-2019). G. Vanhengel et F. Laanan ont exercé des fonctions ministérielles à d’autres niveaux de pouvoir.
  • [71]
    La déclaration de politique générale (commune au gouvernement régional bruxellois et au collège réuni de la COCOM) a été lue devant le Parlement bruxellois par R. Vervoort le 18 juillet et discutée le 19.
  • [72]
    Si, lors de la discussion qui s’est tenue au Parlement bruxellois relativement à la déclaration du gouvernement, elle n’a pas dit explicitement qu’elle voterait la confiance au nouveau gouvernement, la députée DierAnimal a relevé nombre d’aspects positifs dans la déclaration, ceux-ci ayant trait principalement aux enjeux environnementaux, tandis qu’elle a été davantage critique en qui concerne la problématique du bien-être animal (Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, Compte rendu intégral, n° 5, 19 juillet 2019, p. 68-72).
  • [73]
    P. Kennis a décidé de s’abstenir lors de tous les votes du Parlement bruxellois tant que l’assemblée citoyenne à constituer par son mouvement ne sera pas opérationnelle : « Tant qu’il n’y aura pas d’assemblée, ce sera l’abstention, sauf sur ce qui est lié à notre objectif à long terme », a-t-il déclaré dans Le Soir (19 septembre 2019).
  • [74]
    À l’inverse, le 18 janvier 2020, le député régional bruxellois Emin Özkara démissionnera du groupe PS au Parlement bruxellois pour siéger dorénavant comme indépendant (cf. infra).
  • [75]
    L’Écho, 7 août 2019.
  • [76]
    Assemblée de la Commission communautaire française, Compte rendu, n° 10, 19 et 20 décembre 2019, p. 9.
  • [77]
    L’article 10bis, § 1er, de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises dispose : « Le membre du Parlement qui a été élu par le Parlement en qualité de membre du gouvernement ou de secrétaire d’État régional, cesse immédiatement de siéger et reprend son mandat lorsque ses fonctions de membre du gouvernement ou de secrétaire d’État régional prennent fin. Il est remplacé par le premier suppléant en ordre utile de la liste sur laquelle il a été élu » (Moniteur belge, 14 janvier 1989).
  • [78]
    Pour sa part, le cinquième ministre ne doit pas être remplacé au Parlement puisqu’il s’agit de D. Gosuin, qui n’a été candidat pour aucun niveau de pouvoir lors du scrutin multiple du 26 mai 2019.
  • [79]
    Finalement, le 18 juillet 2019, C. Jodogne renoncera à son mandat de membre du Parlement bruxellois sans avoir prêté serment dans cette assemblée. Ainsi que la presse le pointera, cette chronologie des faits lui permettra de bénéficier d’une indemnité de départ comme parlementaire (eu égard au fait qu’elle avait été élue députée bruxelloise en 2009 puis à nouveau en 2014 avant de devenir secrétaire d’État régionale mais que, n’ayant pas prêté serment, elle est considérée comme non réélue en 2019) en sus de son traitement de bourgmestre faisant fonction de Schaerbeek (poste auquel elle a été nommée par B. Clerfayt, désormais bourgmestre empêché de cette commune, le même 18 juillet, cf. supra) –, et ce alors que, si elle avait prêté serment, elle aurait dû démissionner de son mandat de députée pour devenir bourgmestre et, dans ce cas, n’aurait pu se voir octroyer les indemnités de sortie. La presse relèvera aussi que cette façon de procéder va à l’inverse d’une récente déclaration d’O. Maingain selon laquelle les membres de Défi qui se présenteraient à la fois aux élections locales d’octobre 2018 et à l’un des scrutins de mai 2019 devraient n’assumer que le dernier mandat pour lequel ils seraient élus (cf. Le Soir, 16 novembre 2018) soit, dans le cas de C. Jodogne, celui de députée régionale bruxelloise.
  • [80]
    L’article 10bis, § 2, de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises, tel que modifié par la loi spéciale du 13 juillet 2001 portant transfert de diverses compétences aux Régions et Communautés, dispose : « Le membre du Parlement qui a été élu en qualité de membre (...) du gouvernement de la Communauté française, cesse immédiatement de siéger et reprend son mandat lorsque ses fonctions de membre du gouvernement prennent fin. Il est remplacé par le premier suppléant en ordre utile de la liste sur laquelle il a été élu » (Moniteur belge, 3 août 2001). On observera que, pour sa part, S. Gatz fait usage de la disposition de l’alinéa suivant du même article, qui prévoit que, « cependant, le membre d’un gouvernement de Région ou de Communauté qui a présenté sa démission peut, après un renouvellement intégral du Parlement, concilier sa fonction de membre du gouvernement avec le mandat de membre du Parlement jusqu’à l’élection d’un nouveau gouvernement de Région ou de Communauté ».
  • [81]
    A. Haagiloee était 53e sur la liste PTB et a été élu avec 2 892 voix de préférence. Il a déclaré peu après l’élection : « Je souhaitais uniquement soutenir la liste PTB, je n’ai aucune ambition politique ».
  • [82]
    En tout cas eu égard aux exécutifs de la plupart des autres entités fédérées et du niveau fédéral.
  • [83]
    Dans le gouvernement Jambon (N-VA/CD&V/Open VLD) installé le 2 octobre 2019, c’est le Bruxellois Benjamin Dalle (CD&V) qui est devenu ministre flamand des Affaires bruxelloises (« Vlaams minister van Brussel »), de la Jeunesse et des Médias.
  • [84]
    Cf. le chapitre 4 du présent Courrier hebdomadaire. On notera que la N-VA, par la voix de la députée bruxelloise C. Van Achter et du député flamand (élu dans la circonscription de Bruxelles) Karl Van Louwe, a jugé dommage que l’Open VLD gouverne « avec la gauche » : « Soit dit en passant, il est très étrange que l’Open VLD préfère soutenir un projet rouge-vert à Bruxelles que de travailler avec nous » (« Het is overigens zeer merkwaardig dat Open VLD liever een rood-groen project in Brussel steunt dan met ons samen te werken » : C. Van Achter, K. Van Louwe, « Gemiste kans voor echte verandering in Brussel », 31 mai 2019, www.n-va.be).
  • [85]
    Sa décision aura été annoncée dans la presse dès le 4 septembre.
  • [86]
    Comme N. El Yousfi est également membre du Parlement de la Communauté française et du Sénat, le PS retrouvera aussi son nombre initial de députés de Communauté (28) et de sénateurs (7, soit le troisième groupe en ordre d’importance).
  • [87]
    Au Parlement wallon, le PS réalise le moins bon score de son histoire (26,2 %). Dans le groupe linguistique français du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, son résultat (22,0 %) demeure supérieur à celui qu’il avait obtenu en 1999 (18,7 %).
  • [88]
    Cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections régionales et communautaires du 26 mai 2019 », op. cit., p. 6-39.
  • [89]
    Cf. ibidem., p. 62-66.
  • [90]
    Le 21 décembre 2018, le roi Philippe a accepté la démission du gouvernement fédéral Michel II (MR/ CD&V/Open VLD) et l’a chargé d’expédier les affaires courantes.
  • [91]
    L’Écho en ligne, 29 mai 2019, www.lecho.be.
  • [92]
    RTBF en ligne, 5 juin 2019, www.rtbf.be.
  • [93]
    La Libre Belgique en ligne, 8 juin 2019, www.lalibre.be.
  • [94]
    Depuis le 26 novembre 2015, le Portugal est dirigé par le gouvernement Costa, qui est minoritaire puisque formé du seul Partido Socialista (PS) – parti qui n’occupe que 86 des 230 sièges de l’Assembleia da República (le Parlement monocaméral portugais) – mais qui est soutenu de l’extérieur par trois autres partis de gauche : le Bloco de Esquerda (BE), le Partido Ecologista « Os Verdes » (PEV) et le Partido Comunista Português (PCP).
  • [95]
    Cf. J. Dohet, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, J.-P. Nassaux, P. Wynants, « Les partis sans représentation parlementaire fédérale », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2206-2207, 2014, p. 17.
  • [96]
    L’Écho en ligne, 12 juin 2019, www.lecho.be.
  • [97]
    La Première (RTBF radio), 13 juin 2019.
  • [98]
    La Première (RTBF radio), 6 août 2019.
  • [99]
    « Déclaration non gouvernementale (DNG) », www.lacoordination.org, 11 juin 2019. La liste complète des signataires de la DNG est fournie dans l’annexe 1 du présent Courrier hebdomadaire.
  • [100]
    Le Soir, 17 juin 2019.
  • [101]
    L’Écho, 18 juin 2019.
  • [102]
    Bel RTL, 18 juin 2019.
  • [103]
    Belga, 17 juin 2019.
  • [104]
    Le grand oral RTBF/Le Soir, 22 juin 2019.
  • [105]
    RTL-TVi, 19 juin 2019.
  • [106]
    L’Écho, 20 juin 2019.
  • [107]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 1], 25 juin 2019, p. 1.
  • [108]
    Ibidem, p. 2.
  • [109]
    Ibidem, p. 5-8.
  • [110]
    Ibidem, p. 2.
  • [111]
    Ibidem, p. 4.
  • [112]
    Cf. C. Leterme, A. Bingen, M.-C. Trionfetti, « La tentative avortée de réforme des points APE en Wallonie », in I. Gracos, « Grèves et conflictualité sociale en 2018 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2422-2423, 2019, p. 32-44.
  • [113]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 1], 25 juin 2019, p. 10.
  • [114]
    Ibidem, p. 11.
  • [115]
    Cf. A. Dufresne, C. Leterme, « La mobilisation contre le TTIP et le CETA », in I. Gracos, « Grèves et conflictualité sociale en 2016 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2341-2342, 2017, p. 97-110.
  • [116]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Fédération Wallonie-Bruxelles » [version 1], 25 juin 2019.
  • [117]
    Les annexes 2 et 3 du présent Courrier hebdomadaire présentent la liste des acteurs conviés à ces consultations ainsi que le relevé de ceux qui ont remis un mémorandum ou une note dans le cadre de ce processus de consultation.
  • [118]
    Le Soir, 28 juin 2019.
  • [119]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], 5 juillet 2019.
  • [120]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Fédération Wallonie-Bruxelles » [version 2], 5 juillet 2019.
  • [121]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], 5 juillet 2019, p. 2.
  • [122]
    Ibidem, p. 3.
  • [123]
    N. Bobbio, Droite et gauche, Paris, Seuil, 1996.
  • [124]
    Les termes que nous indiquons ici en italique ne figuraient pas dans la première version du texte.
  • [125]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Fédération Wallonie-Bruxelles » [version 1], 25 juin 2019, p. 2.
  • [126]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Fédération Wallonie-Bruxelles » [version 2], 5 juillet 2019, p. 5.
  • [127]
    L’Écho, 6 juillet 2019.
  • [128]
    Le Soir, 6 juillet 2019.
  • [129]
    L’Écho, 6 juillet 2019.
  • [130]
    La Libre Belgique, 8 juillet 2019.
  • [131]
    La Première (RTBF radio), 2 juillet 2019.
  • [132]
    Ibidem.
  • [133]
    J.-P. Wahl (MR), in La Libre Belgique, 8 juillet 2019.
  • [134]
    A. Greoli (CDH), in La Première (RTBF radio), 10 juillet 2019.
  • [135]
    Le Soir, 10 juillet 2019.
  • [136]
    La Libre Belgique, 11 juillet 2019.
  • [137]
    Le Soir, 10 juillet 2019.
  • [138]
    De Standaard et De Tijd, 11 juillet 2019.
  • [139]
    La Libre Belgique et De Tijd, 12 juillet 2019.
  • [140]
    L’Écho, 12 juillet 2019.
  • [141]
    Le Soir, 16 juillet 2019.
  • [142]
    Le Soir, 18 juillet 2019.
  • [143]
    De Standaard, 25 juillet 2019.
  • [144]
    Le Soir, 22 juillet 2019.
  • [145]
    L’Écho, 30 juillet 2019.
  • [146]
    L’Écho, 31 juillet 2019.
  • [147]
    Le Soir, 1er août 2019. E. Di Rupo a déjà occupé cette fonction au sein du premier gouvernement arc-en-ciel wallon (PS/Fédération PRL FDF MCC/Écolo) du 12 juillet 1999 au 5 avril 2000 puis, dans une coalition PS/CDH, du 6 octobre 2005 au 20 juillet 2007.
  • [148]
    L’Écho, 10 août 2019.
  • [149]
    Belga, 16 août 2019.
  • [150]
    La Libre Belgique, 20 août 2019.
  • [151]
    Cette coupole compte elle-même une quarantaine d’associations membres. Les autres organisations signataires de cette carte blanche sont Amnesty International Belgique, Greenpeace Belgique, le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), Handicap International-Humanity & Inclusion, Médecins du monde Belgique, la Ligue des droits humains, Oxfam-Solidarité et Plan International.
  • [152]
    « Observatoire des armes wallonnes - Walloon Arms Monitor », www.amnesty.be.
  • [153]
    La Libre Belgique, 5 septembre 2019.
  • [154]
    Ibidem.
  • [155]
    Le Soir, 22 août 2019.
  • [156]
    L’Écho, 22 août 2019.
  • [157]
    De Standaard, 2 septembre 2019.
  • [158]
    RTBF, 31 août 2019.
  • [159]
    E. Di Rupo a été Premier ministre du 5 décembre 2011 au 11 octobre 2014.
  • [160]
    La Libre Belgique, 4 et 7 septembre 2019 ; Le Soir, 4 et 9 septembre 2019 ; De Standaard, 6 septembre 2019 ; L’Écho, 10 septembre 2019.
  • [161]
    Décret spécial wallon du 2 mai 2019 modifiant les articles 60 et 64 de la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles en vue de garantir une présence équilibrée de femmes et d’hommes au sein du gouvernement wallon, Moniteur belge, 22 mai 2019.
  • [162]
    C. Istasse, « Les évolutions des partis politiques (1944-2019). I. Analyse par région », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2416-2417, 2019, p. 20-21 et 61-62.
  • [163]
    La Libre Belgique, 13 septembre 2019.
  • [164]
    « “Elio Di Rupo mène une politique de droite” », Le Soir, 5 septembre 2019.
  • [165]
    Cf. Parlement wallon, Proposition de résolution visant à instituer une commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner la transparence et le fonctionnement du groupe Publifin, n° 742/1, 14 février 2017. Cette proposition a été adoptée le 15 février 2017 ; la commission d’enquête a été installée le lendemain et a remis son rapport le 6 juillet 2017 (cf. Parlement wallon, Rapport de la commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner la transparence et le fonctionnement du groupe Publifin, n° 861/1, 6 juillet 2017).
  • [166]
    Le PS annonce parallèlement que J.-C. Marcourt sera impliqué de près dans les négociations visant à la formation du gouvernement fédéral.
  • [167]
    Du 27 juillet 2004 au 12 juillet 2007, les gouvernements wallons (Van Cauwenberghe II puis Di Rupo II, tous deux de composition PS/CDH) ont déjà compté trois femmes dans leurs rangs, mais pour un total de neuf membres.
  • [168]
    L’IFAPME est l’Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et petites et moyennes entreprises.
  • [169]
    Au Parlement de la Communauté française, le PS compte 28 sièges, pour 23 au MR. De 1999 à 2004, ces nombres étaient respectivement de 29 et de 30, ce qui avait permis au libéral Hervé Hasquin de diriger le gouvernement communautaire durant cinq ans.
  • [170]
    La Libre Belgique, 13 septembre 2019.
  • [171]
    Le Soir, 18 septembre 2015.
  • [172]
    Le même jour, le ministre-président prête également serment devant le roi Philippe.
  • [173]
    Dans le gouvernement Onkelinx II (PS/PSC, 21 juin 1995 - 6 juillet 1999), seule la ministre-présidente, Laurette Onkelinx, était uniquement ministre communautaire, deux de ses collègues (Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS) et Jean-Pierre Grafé (PSC, remplacé en cours de route par William Ancion)) étant en même temps membres du gouvernement régional wallon et le troisième, Charles Picqué (PS), dirigeant le gouvernement régional bruxellois.
  • [174]
    Ce constat ne constitue toutefois pas une règle en cas de tripartite. De 2009 à 2014, lorsque les deux institutions étaient gouvernées par des exécutifs PS/Écolo/CDH (gouvernement Demotte II dans les deux cas), pas moins de quatre ministres, et non des moindres (le ministre-président R. Demotte et les trois vice-présidents, J.-M. Nollet, André Antoine (CDH) et J.-C. Marcourt), siégeaient simultanément au sein du gouvernement wallon et de celui de la Communauté française.
  • [175]
    L’arrivée de N. Janssen sur une liste régionale du MR avait été remarquée en 2014 en raison du fait que celui-ci est l’époux de la sœur de la reine Mathilde.
  • [176]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », s.d. [9 septembre 2019].
  • [177]
    « Déclaration de politique de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2019-2024 », s.d. [9 septembre 2019].
  • [178]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 3.
  • [179]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 1], op. cit., p. 1 ; « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 2.
  • [180]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 1], op. cit., p. 1 ; « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 2 ; « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 4.
  • [181]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 4-5. Cette idée était déjà exprimée dans « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 1], op. cit., p. 1-2.
  • [182]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 6.
  • [183]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 7.
  • [184]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 24.
  • [185]
    Ibidem, p. 23.
  • [186]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 19 ; « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 66.
  • [187]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 9.
  • [188]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 17.
  • [189]
    Ibidem, p. 18.
  • [190]
    Ibidem.
  • [191]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 9.
  • [192]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 86.
  • [193]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 10.
  • [194]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 21.
  • [195]
    Ibidem, p. 20.
  • [196]
    Ibidem, p. 44.
  • [197]
    Ibidem, p. 19.
  • [198]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 34.
  • [199]
    Ibidem, p. 33.
  • [200]
    B. Biard, J. Bottin, M. Cogels, M. Sabbe, « Ecologists and Democracy in Belgium: An Analysis of Party Manifestos », Constitution-making & Deliberative democracy, Working Paper, n° 6, juin 2020, https://constdelib.com.
  • [201]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 39.
  • [202]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 122.
  • [203]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 37-38 ; « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 116-117.
  • [204]
    « Déclaration de politique régionale pour la Wallonie 2019-2024 », op. cit., p. 28.
  • [205]
    Ibidem, p. 59-60.
  • [206]
    Ibidem, p. 76.
  • [207]
    Le Soir, 2 mai 2019.
  • [208]
    J. Faniel, C. Istasse, « Le “coup” du 19 juin 2017 : premier bilan », Les @nalyses du CRISP en ligne, 19 juin 2018, www.crisp.be, p. 4.
  • [209]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Wallonie » [version 2], op. cit., p. 31.
  • [210]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Fédération Wallonie-Bruxelles » [version 2], op. cit., p. 2 ; « Déclaration de politique de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2019-2024 », op. cit., p. 3.
  • [211]
    « Déclaration de politique de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2019-2024 », op. cit., p. 3-4.
  • [212]
    Ibidem, p. 3.
  • [213]
    Ibidem.
  • [214]
    Sur ce débat, cf. notamment D. Grootaers, « Le tronc commun dans l’enseignement secondaire », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2210, 2014.
  • [215]
    « Déclaration de politique de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2019-2024 », op. cit., p. 6 et 8-9.
  • [216]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Fédération Wallonie-Bruxelles » [version 2], op. cit., p. 4 ; « Déclaration de politique de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2019-2024 », op. cit., p. 15.
  • [217]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Fédération Wallonie-Bruxelles » [version 2], op. cit., p. 25 ; « Déclaration de politique de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2019-2024 », op. cit., p. 45.
  • [218]
    La Libre Belgique, 11 et 13 septembre 2019 ; Le Vif/L’Express, 12 septembre 2019. Sur ce décret, cf. N. Ryelandt, « Les décrets “inscriptions” et “mixité sociale” de la Communauté française », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2188-2189, 2013 ; N. Ryelandt, « Un décret contesté », Les @nalyses du CRISP en ligne, 1er mars 2014, www.crisp.be.
  • [219]
    « Lignes directrices d’une Déclaration de politique gouvernementale et sociétale ambitieuse pour la Fédération Wallonie-Bruxelles » [version 2], op. cit., p. 7.
  • [220]
    « Déclaration de politique de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2019-2024 », op. cit., p. 13.
  • [221]
    Ibidem, p. 4.
  • [222]
    Le Vif/L’Express, 12 septembre 2019.
  • [223]
    Le Soir, 13 septembre 2019.
  • [224]
    Alors que ces deux partis sont restés alliés jusqu’en 2014 au niveau fédéral et qu’ils le sont en Communauté germanophone depuis 1999.
  • [225]
    Cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections régionales et communautaires du 26 mai 2019 », op. cit., p. 67-103.
  • [226]
    Cette résolution est la suivante : Vlaamse Raad, Resolutie betreffende het algemeen migrantenbeleid [Résolution relative à la politique générale en matière d’immigration], n° 247-2, 19 novembre 1992. Elle est le résultat d’une proposition déposée par Marc Van Peel (CVP), Lode Hancké (SP), Eduard Beysen (PVV), Vic Anciaux (VU), Jos Geysels (Agalev) et Jan Decorte (Rossem) (cf. Vlaamse Raad, Voorstel van resolutie betreffende het algemeen migrantenbeleid, n° 247-1, 19 novembre 1992), soit par un représentant de chacun des partis siégeant alors au Conseil flamand, à l’exception évidemment du Vlaams Blok.
  • [227]
    Nous laissons ici de côté d’autres aspects de la question, en particulier l’existence d’un « cordon sanitaire médiatique ». Cf. V. Demertzis, « Cordon sanitaire : un dispositif visant l’extrême droite », Les @nalyses du CRISP en ligne, 6 février 2018, www.crisp.be.
  • [228]
    De Standaard, 16 juin 2004.
  • [229]
    V. Demertzis, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, « La formation des gouvernements après les scrutins du 25 mai 2014 », op. cit., p. 29-39.
  • [230]
    Équivalent de « C’est dans le besoin que l’on reconnaît ses amis ».
  • [231]
    De Standaard, 27 mai 2019.
  • [232]
    Elle y était en charge (de février 2017 à décembre 2018) de la Lutte contre la pauvreté, de l’Égalité des chances, des Personnes handicapées, de la Politique scientifique et des Grandes villes.
  • [233]
    La Libre Belgique, 29 mai 2019.
  • [234]
    De Tijd, 15 juin 2019.
  • [235]
    Fondateur et principal animateur du groupe Schild en Vrienden (dont plusieurs membres ont posté sur les réseaux sociaux des messages racistes et antisémites ayant fait l’objet d’un reportage télévisé dans l’émission Pano de la VRT), D. Van Langenhove a été candidat « indépendant » sur les listes du Vlaams Belang pour les élections fédérales du 26 mai 2019. Depuis lors, il siège à la Chambre des représentants, dans le groupe Vlaams Belang.
  • [236]
    Le Soir, 24 juin 2019.
  • [237]
    Knack, 19 juin 2019.
  • [238]
    De Standaard, 28 mai 2019.
  • [239]
    De Tijd, 28 mai 2019.
  • [240]
    Ibidem.
  • [241]
    Ibidem.
  • [242]
    Ibidem.
  • [243]
    Knack, 18 janvier 2019.
  • [244]
    Sur ce point, cf. notamment l’interview de Z. Demir dans DeTijd : « Le score élevé du Belang montre clairement à mes yeux que nous devons aller plus loin, par exemple en ce qui concerne le verrouillage de notre sécurité sociale. (...) C’est ce qu’ils font au Danemark » (De Tijd, 15 juin 2019).
  • [245]
    De Tijd, 1er juin 2019.
  • [246]
    La Libre Belgique, 29 mai 2019.
  • [247]
    Si l’on excepte la Communauté germanophone, où la coalition sortante est reconduite dès le 29 mai 2019 et où le gouvernement Paasch II prêtera serment le 17 juin.
  • [248]
    De Zondag, 9 juin 2019.
  • [249]
    De Standaard, 17 juin 2019.
  • [250]
    Ibidem.
  • [251]
    Qui est, par ailleurs, la bru de feu Roger Spinnewyn, l’un des dirigeants du Vlaamse Militanten Orde (VMO), et la belle-sœur de l’ancien député John Spinnewyn (Vlaams Belang lui aussi).
  • [252]
    De Standaard, 5 juin 2019.
  • [253]
    La Libre Belgique, 7 juin 2019.
  • [254]
    De Standaard, 5 juin 2019.
  • [255]
    Cf. ainsi l’avis du professeur de droit constitutionnel – et ancien député fédéral N-VA – Hendrik Vuye dans De Standaard, 18 juin 2019.
  • [256]
    Le Soir, 13 juin 2019.
  • [257]
    Le Soir, 24 juin 2019.
  • [258]
    La Libre Belgique, 18 juin 2019.
  • [259]
    « Jusques à quand, Bart De Wever, abuseras-tu de notre patience ? » (la citation d’origine, due à Cicéron et adressée à Catilina, est : « Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra? »).
  • [260]
    De Standaard, 12 juin 2019.
  • [261]
    Cf. L. Parys, C. VanAchter, « Vertrouwen kan pas groeien na dialoog », 1er juillet 2019, www.n-va.be.
  • [262]
    De Standaard, 3 juillet 2019.
  • [263]
    De Tijd, 3 juillet 2019.
  • [264]
    De Standaard, 6 juillet 2019.
  • [265]
    De Tijd, 9 juillet 2019.
  • [266]
    Plusieurs journaux estiment qu’il y a là un renvoi d’ascenseur : en 2014, le MR – membre de la coalition fédérale – avait exigé, et obtenu, que l’Open VLD fasse partie de la négociation pour la formation du gouvernement flamand, jusque-là menée entre les seuls N-VA et CD&V.
  • [267]
    Cf. le chapitre 2 du présent Courrier hebdomadaire.
  • [268]
    Il y est alors vice-ministre-président et ministre de la Culture, des Médias, de la Jeunesse et des Affaires bruxelloises (« Vlaams minister van (…) Brussel »).
  • [269]
    De Standaard, 19 juillet 2019.
  • [270]
    De Tijd, 8 août 2019.
  • [271]
    Het Laatste Nieuws, 31 juillet 2019.
  • [272]
    De Standaard, 8 août 2019.
  • [273]
    Knack, 31 juillet 2019.
  • [274]
    De Standaard, 7 août 2019.
  • [275]
    De Tijd, 7 août 2019.
  • [276]
    Celle-ci est notamment consultable sur le site du journal De Morgen : « Integraal: lees hier de N-VA-nota voor de Vlaamse regeringsonderhandelingen », 12 août 2019, www.demorgen.be.
  • [277]
    En particulier : Over identiteit, Gand, Borgerhoff & Lamberigts, 2019.
  • [278]
    Il est intéressant de noter que, en 2002, l’historien Bart De Wever critiquait la récupération de l’histoire par la politique : « L’histoire ne se laisse pas canoniser et transformer en vérité éternelle et absolue. Imposer une version officielle du passé au service de l’actualité politique est typique des régimes totalitaires » (De Standaard, 27 février 2002).
  • [279]
    Sur cette notion, cf. Q. Peiffer, « L’autonomie constitutive des entités fédérées », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2350-2351, 2017.
  • [280]
    Willem Gijssels (1875-1945) avait compté parmi les activistes de la Première Guerre mondiale, après laquelle il s’était réfugié aux Pays-Bas pour revenir ensuite à Anvers et y décéder à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
  • [281]
    À ce sujet, cf. S. Govaert, « Décision politique et grands travaux : le ring d’Anvers (dossier Oosterweel), 2000-2011 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2118-2119, 2011 ; G. Pagano, J. Vandernoot, A. Buchet, C. VanHove, « Les investissements publics à l’épreuve des normes européennes : les cas du tram de Liège, de CITEO et de l’Oosterweel », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2328, 2017, p. 35-39.
  • [282]
    Le vocable « nouveaux arrivants » (« nieuwkomers ») vise surtout les immigrés.
  • [283]
    De Standaard, 14-15 août 2019.
  • [284]
    Ainsi le journaliste Bart Sturtewagen dans De Standaard, 13 août 2019.
  • [285]
    De Standaard, 13 août 2019.
  • [286]
    VRT en ligne, 13 août 2019, www.vrt.be.
  • [287]
    De Standaard, 27 août 2019.
  • [288]
    De Morgen, 12 août 2019.
  • [289]
    La Libre Belgique, 26 août 2019.
  • [290]
    Ibidem.
  • [291]
    Knack, 12 août 2019.
  • [292]
    Ibidem.
  • [293]
    De Standaard, 16 août 2019.
  • [294]
    De Standaard, 20 août 2019.
  • [295]
    De Standaard, 21 août 2019.
  • [296]
    Ibidem.
  • [297]
    Cf. VRT en ligne, 27 mars 2018, www.vrt.be.
  • [298]
    Cf. VRT en ligne, 9 avril 2019, www.vrt.be.
  • [299]
    De Tijd, 22 août 2019. J.-M. Dedecker ne siège d’ailleurs pas, à la Chambre, dans le groupe N-VA.
  • [300]
    Au micro de la VRT (De Ochtend, 13 août 2019).
  • [301]
    De Tijd, 29 mai 2019.
  • [302]
    Parmi les cosignataires, figurent notamment les branches flamandes de la Confédération des syndicats chrétiens de Belgique (CSC) et de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB), Femma (organisation des travailleuses chrétiennes flamandes, anciennement Kristelijke Arbeidersvrouwen - KAV), Open, Kristelijk, Respectvol en Actief (OKRA, communément appelée OKRA Trefpunt 55+ : fédération des pensionnés chrétiens flamands, anciennement Kristelijke Beweging voor Gepensioneerden - KBG), les mutualités socialistes, Hart boven Hard, la Liga voor Mensenrechten et Pax Christi Vlaanderen.
  • [303]
    « 78 organisaties: “Middenveld van gelijke kansen en integratie afbouwen is nefast” », De Morgen, 4 septembre 2019.
  • [304]
    Le Vif, 23 août 2019.
  • [305]
    De Tijd, 27 août 2019.
  • [306]
    De Tijd, 31 août 2019.
  • [307]
    De Tijd, 3 septembre 2019.
  • [308]
    De Tijd, 4 septembre 2019.
  • [309]
    De Standaard, 4 octobre 2019.
  • [310]
    Contrairement à une idée largement véhiculée, ce retrait n’était pas une vieille revendication du Vlaams Belang ; en réalité, ce parti demandait la suppression pure et simple d’Unia. Pareille décision ne dépend toutefois pas de l’Autorité flamande mais bien de l’Autorité fédérale.
  • [311]
    À ce propos, cf. C. Sägesser, « Cultes et laïcité dans les accords de gouvernement des entités fédérées », Les @nalyses du CRISP en ligne, 25 octobre 2019, www.crisp.be.
  • [312]
    De Tijd, 10 septembre 2019.
  • [313]
    Ce jobkorting avait déjà existé en Flandre entre 2007 et 2010.
  • [314]
    Cf. Het Laatste Nieuws, 8 février 2019.
  • [315]
    La fiscalité sur les secondes résidences étant demeurée de compétence fédérale, il en résulte une distorsion curieuse entre l’achat d’un premier bien et l’achat d’une seconde résidence (L’Écho, 4 octobre 2019).
  • [316]
    De Standaard, 1er octobre 2019.
  • [317]
    De Tijd, 4 octobre 2019.
  • [318]
    Décret flamand du 4 avril 2014 relatif à l’organisation et à la procédure de certaines juridictions administratives flamandes (Moniteur belge, 1er octobre 2014). Par « juridiction administrative flamande », ce décret entend : le Handhavingscollege (juridiction environnementale flamande), le Raad voor Vergunningsbetwistingen (conseil pour les contestations des autorisations) et le Raad voor Verkiezingsbetwistingen (conseil des contestations électorales).
  • [319]
    Gazet van Antwerpen, 13 mai 2017.
  • [320]
    De Standaard, 2 octobre 2019.
  • [321]
    En 2020, une élection présidentielle aura lieu au sein de l’Open VLD.
  • [322]
    Cf. Newsmonkey, 9 octobre 2019, https://newsmonkey.be.
  • [323]
    VRT en ligne, 1er octobre 2019, www.vrt.be. Il y a cependant des voix dissidentes en dehors de celle de F. Vanderjeugd : ainsi, la cheffe de groupe Open VLD au conseil communal de Geel, Liselotte Thys, vote contre la participation au motif que l’accord « fourmille de stigmatisations subtiles » (De Standaard, 4 octobre 2019).
  • [324]
    De Standaard, 1er octobre 2019.
  • [325]
    Het Belang van Limburg, 1er octobre 2019.
  • [326]
    Cf. « Regeerakkoord: Vlaams Belang geeft Vlaamse regering onvoldoende », 30 septembre 2019, www.vlaamsbelang.org.
  • [327]
    De Standaard, 27 septembre 2019.
  • [328]
    Cf. notamment « Veel symbolen, weinig echte oplossingen », s.d., www.s-p-a.be.
  • [329]
    « Cijfers bevestigen onze analyse: kil en koud », 7 octobre 2019, www.groen.be.
  • [330]
    « Jambon en zijn regering van gebroken beloftes », 10 octobre 2019, www.pvda.be.
  • [331]
    Cf. S. Govaert, « Hart boven Hard et Tout autre chose », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2262, 2015.
  • [332]
    « Oktoberverklaring 2019 », www.hartbovenhard.be.
  • [333]
    Cf. « De N-VA-stempel op het Vlaams regeerakkoord », 1er octobre 2019, www.n-va.be.
  • [334]
    Cf. « Een verantwoordelijk Vlaanderen », s.d., www.cdenv.be.
  • [335]
    « Liberale krachtlijnen van ambitieus Vlaams regeerakkoord », 30 septembre 2019, www2.openvld.be.
  • [336]
    De Standaard, 30 septembre 2019.
  • [337]
    De Tijd, 1er octobre 2019. À ce sujet, cf. supra, note 310.
  • [338]
    De Standaard, 21 août 2019.
  • [339]
    De Standaard, 21 août 2019.
  • [340]
    De Tijd, 3 octobre 2019.
  • [341]
    Ibidem.
  • [342]
    De Morgen, 2 octobre 2019.
  • [343]
    De Standaard, 13 mai 2019.
  • [344]
    Le score de la N-VA a été de 31,8 % dans la circonscription d’Anvers, de 25,8 % dans celle du Brabant flamand, de 22,2 % dans celle de Flandre orientale, de 22,0 % dans celle du Limbourg et de 19,7 % dans celle de Flandre occidentale (ainsi que de 19,0 % dans celle de Bruxelles).
  • [345]
    La liste qui suit reproduit l’intitulé des portefeuilles tel qu’il figure dans la version française de l’arrêté du gouvernement flamand du 2 octobre 2019 fixant les attributions des membres du gouvernement flamand (Moniteur belge, 2 octobre 2019) ; les termes employés, qui sont des traductions du néerlandais, sont quelquefois, à tout le moins, peu courants.
  • [346]
    Jusqu’alors, l’intitulé donné à cette compétence avait été « des Relations extérieures » (1985-1988 et 1992-1995) puis « de la Politique extérieure » (1995-2019).
  • [347]
    C’est la première fois que ce portefeuille revient au ministre-président flamand.
  • [348]
    Au sein du gouvernement fédéral, W. Beke est remplacé par Nathalie Muyle.
  • [349]
    Vlaams Parlement, Regeringsverklaring van de Vlaamse regering, n° 31-1, 2 octobre 2019 (qui contient en annexe l’accord de gouvernement proprement dit) ; Vlaams Parlement, Septemberverklaring van de Vlaamse regering betreffende de algemeen maatschappelijke situatie en betreffende de krachtlijnen van de begroting 2020, n° 31-A-1, 2 octobre 2019 (qui renvoie purement et simplement au premier document).
  • [350]
    Vlaams Parlement, Voorstel van resolutie betreffende de vrijgave van de budgettaire tabellen ter beoordeling van het regeerakkoord, n° 106-1, 2 octobre 2019.
  • [351]
    La citation provient d’un tweet du journaliste Jan De Meulemeester (ex-VRT et ex-VTM), qui assistait au dîner (De Morgen, 4 octobre 2019).
  • [352]
    De Morgen, 4 octobre 2019. Cette explication ne se retrouve pas dans le compte rendu parlementaire de la séance du 4 octobre.
  • [353]
    Dans la foulée, le Sénat a également été renouvelé (cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections fédérales et européennes du 26 mai 2019 », op. cit., p. 108-114).
  • [354]
    V. Demertzis, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, « La formation des gouvernements après les scrutins du 25 mai 2014 », op. cit., p. 43.
  • [355]
    Tandis que le gouvernement Jambon a été élu par le Parlement flamand le 2 octobre, les deux informateurs fédéraux ont remis leur rapport final au roi le 7.
  • [356]
    C’est le 27 octobre 2019 que le gouvernement Wilmès I a succédé au gouvernement minoritaire Michel II (MR/CD&V/Open VLD), qui était lui-même en affaires courantes depuis le 21 décembre 2018.
  • [357]
    Rares ont été les périodes où un même nombre de partis dirigeaient le gouvernement wallon, le gouvernement flamand, le gouvernement de la Communauté française et le gouvernement de la Communauté germanophone. Mis à part la période actuelle et celle s’étendant de 2009 à 2014, seules les périodes allant de 1986 à 1988 et de 1995 à 1999 étaient dans ce cas, mais il s’agissait alors de bipartites. Il n’existait pas encore de gouvernement bruxellois durant la première période, tandis que, durant la seconde, la Région de Bruxelles-Capitale était gouvernée par cinq formations, dont la Fédération PRL FDF associant deux partis.
  • [358]
    De 1985 à 1999, les sociaux-chrétiens participaient à tous les gouvernements du pays (en ce compris celui de la Région de Bruxelles-Capitale à partir de 1989, année de son instauration ; dans cette région cependant, seul le CVP a été membre de la coalition au pouvoir entre 1995 et 1999, à l’exclusion du PSC).
  • [359]
    De 1986 à 1988, seul l’exécutif de la Communauté française n’était pas dirigé par un social-chrétien mais par le libéral Philippe Monfils (exécutif PRL/PSC) ; il n’y avait alors pas de gouvernement bruxellois. De 1999 à 2014, les exécutifs qui n’étaient pas dirigés par un libéral l’étaient par un socialiste : gouvernements wallons Di Rupo I puis Van Cauwenberghe I (PS/Fédération PRL FDF MCC/Écolo), gouvernement de la Communauté germanophone Lambertz I (PFF/SP/Ecolo) et collège de la COCOF (dirigé par Éric Tomas, associant Fédération PRL FDF MCC et PS). De 2011 à 2014, les exécutifs qui n’étaient pas dirigés par un socialiste étaient le gouvernement flamand (gouvernement Peeters II, CD&V/SP.A/N-VA) et le collège de la COCOF (dirigé par C. Doulkeridis, associant PS, Écolo et CDH).
  • [360]
    Cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections régionales et communautaires du 26 mai 2019 » et « Les résultats des élections fédérales et européennes du 26 mai 2019 », op. cit., respectivement p. 114-118 et 130-134.
  • [361]
    Ces organisations et personnes sont celles consultées lors de la session « Climat, biodiversité et environnement » du 28 juin 2019, hormis IEW, consultée lors de la session « Vision régionale » (cf. supra, Annexe 2).
  1. Introduction
  2. 1. La formation du gouvernement de la Communauté germanophone
    1. 1.1. Les résultats des élections du 26 mai 2019
    2. 1.2. Les négociations des 27 et 28 mai 2019
    3. 1.3. L’accord de coalition
    4. 1.4. La composition du gouvernement Paasch II
  3. 2. La formation du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale
    1. 2.1. Le temps de l’information
      1. 2.1.1. Du côté des partis néerlandophones
      2. 2.1.2. Du côté des partis francophones
      3. 2.1.3. La consultation de la société civile
    2. 2.2. Le temps de la négociation
      1. 2.2.1. Les sujets sensibles
      2. 2.2.2. Le déroulement de la négociation
      3. 2.2.3. L’accord du gouvernement bruxellois et du collège réuni de la COCOM
      4. 2.2.4. Les accords des collèges de la COCOF et de la VGC
    3. 2.3. Le temps de l’installation
      1. 2.3.1. Les castings des partis
      2. 2.3.2. La composition du gouvernement
      3. 2.3.3. Les attributions des membres du gouvernement régional et des Commissions communautaires
      4. 2.3.4. Les répercussions sur l’assemblée
    4. 2.4. Un processus rapide mais pas exempt de tensions
    5. 2.5. Un processus au déroulement et au résultat inédits
  4. 3. La formation du gouvernement wallon et du gouvernement de la Communauté française
    1. 3.1. Premières consultations et premiers retraits
    2. 3.2. Vers un coquelicot ?
      1. 3.2.1. Proposition écologiste et premières réactions
      2. 3.2.2. Un processus de consultation large
      3. 3.2.3. Des textes enrichis soumis aux parlementaires
      4. 3.2.4. Une coalition coquelicot ne verra pas le jour
    3. 3.3. Négociation tripartite
      1. 3.3.1. Des discussions qui démarrent lentement
      2. 3.3.2. Dans le vif du sujet
      3. 3.3.3. La fin des négociations approche
    4. 3.4. Fin des négociations et composition des gouvernements
    5. 3.5. De l’influence du coquelicot et des partis dans la négociation des accords de gouvernement
    6. 3.6. Premières réactions
    7. 3.7. Conclusion
  5. 4. La formation du gouvernement flamand
    1. 4.1. Rupture du « cordon sanitaire » ?
    2. 4.2. Premières consultations
    3. 4.3. Gagner du temps ?
    4. 4.4. Les dérapages du Vlaams Belang... et de ses électeurs
    5. 4.5. Accélération ou pause ?
    6. 4.6. De nouvelles têtes au sommet des institutions flamandes, et un remaniement
    7. 4.7. Avec ou sans le SP.A, Groen et le Vlaams Belang
    8. 4.8. La note de B. De Wever
    9. 4.9. Le processus de formation
    10. 4.10. Déclaration de septembre... en octobre
    11. 4.11. L’accord du gouvernement flamand
    12. 4.12. L’accord, la note et les partis
    13. 4.13. Le choix des ministres
    14. 4.14. Les chiffres
    15. 4.15. Conclusion
  6. Conclusion
Benjamin Biard
Pierre Blaise
Jean Faniel
Serge Govaert
Cédric Istasse
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Les scrutins européen, fédéral, régionaux et communautaires tenus en Belgique le 26 mai 2019 ont donné lieu au renouvellement de chacune des assemblées parlementaires du pays, ainsi que de la représentation belge au Parlement européen. Dans la foulée, la composition de chacun des exécutifs des entités fédérées a été revue, tant en termes de couleurs politiques des coalitions que de personnes siégeant en leur sein. À ce jour, en revanche, un nouveau gouvernement fédéral de plein exercice n’a pas pu être formé.

Ce Courrier hebdomadaire retrace les processus de formation des gouvernements de Région et de Communauté. Formellement, ces processus ont débuté le 27 mai, avec les consultations entamées par les partis politiques dans les différentes entités fédérées, et ont pris fin avec la prestation de serment des membres des exécutifs ainsi formés, à savoir le 17 juin pour la Communauté germanophone, le 18 juillet pour la Région bruxelloise (et les collèges des Commissions communautaires), le 13 septembre pour la Wallonie, le 17 septembre pour la Communauté française et le 2 octobre pour la Flandre.

Retracer le processus de formation de chacun de ces gouvernements met en évidence à la fois l’imbrication des négociations et la stratégie des différents acteurs impliqués, y compris en termes de tempo et de priorité accordée à l’un ou à l’autre des niveaux de pouvoir. Cependant, chaque processus de formation suit également sa propre logique.

Mis en ligne sur Cairn.info le 31/03/2020
https://doi.org/10.3917/cris.2444.0005
ISBN 9782870752319
Pour citer cet article
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