CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1L’évolution de l’emploi et du chômage est un des sujets qui préoccupent les citoyens, les interlocuteurs sociaux et les responsables politiques des Etats membres de la Communauté européenne depuis que le “plein emploi” a cessé d’être une réalité. L’inquiétude à cet égard n’a fait que grandir avec la persistance et l’approfondissement de la crise de l’emploi. La faiblesse de la baisse du chômage qui a accompagné la nouvelle croissance de l’emploi, à la fin des années 1980, n’a que modérément rassuré. Le processus d’ouverture des frontières, entamé par le “Livre blanc” sur l’achèvement du marché intérieur de 1985, ravive les incertitudes, en dépit des déclarations et prévisions optimistes avancées, notamment pour justifier cet achèvement. Celui-ci est en effet l’occasion de transformations du mode de fonctionnement des économies des Etats membres, dont un aspect, le marché du travail, retient ici notre attention.

2A la veille de cette échéance, il nous a paru opportun de tenter de synthétiser les évolutions récentes du marché du travail dans la Communauté et de discerner les tendances qui les caractérisent. Nous avons privilégié un point de vue qui met l’accent sur la diversité de l’espace européen : les Etats membres de la Communauté ne constituent pas des ensembles homogènes, même s’ils ont bien-sûr de nombreux points communs.

3Le chômage est notre point de départ. Il s’agit en effet là d’un problème qui a pris aujourd’hui une grande importance dans presque tous les Etats membres ; le nombre de chômeurs est en outre devenu un enjeu socio-politique pour les gouvernements nationaux, au point qu’il est possible de dire qu’il est, dans les discours sinon toujours dans la pratique, le point focal des politiques publiques de l’emploi, vers lequel convergent aussi bien, par exemple, les mesures d’insertion des jeunes que les initiatives en matière de formation professionnelle. Très inégalement réparti entre les pays (et au sein des pays eux-mêmes), le chômage soulève aussi la question de la diversité de l’espace européen, question dont les instances communautaires sont conscientes, comme en témoignent les programmes visant à y répondre.

4Partir des variations que connaît le chômage au sein de la Communauté nous permet d’établir d’emblée le constat d’hétérogénéité que nous retrouverons tout au long de notre analyse du marché du travail en Europe et qui caractérise le problème majeur auquel, en matière d’emploi, sont confrontés les travailleurs et les institutions de la Communauté et celles des Etats membres. Parmi ces dernières, celles qui organisent les relations professionnelles retiendront tout spécialement notre attention puisqu’elles sont à la fois, elles aussi, des facteurs de diversité et, avec d’autres, des instruments de la cohésion. C’est pour cette dernière raison que nous avons choisi d’aborder ce point en dernier lieu, après avoir présenté les caractéristiques et l’évolution récente du marché du travail dans l’Europe des Douze.

5Nous commencerons donc par traiter du chômage, dans une perspective visant à mettre sa diversité en évidence. Nous tenterons, dans les chapitres suivants, de cerner trois aspects des déterminants de cette diversité : l’offre de travail, la demande de travail et le cadre institutionnel de leur rencontre. Dans le chapitre consacré à l’évolution des différentes facettes de l’offre de travail au sein des Etats membres, nous insisterons tout spécialement sur les variations que connaissent les taux d’activité et la formation de la population active, selon les pays, mais aussi selon le sexe et l’âge. Dans le chapitre portant sur la demande de travail, nous évoquerons successivement les déterminants macroéconomiques et structurels de l’évolution et des variations de l’emploi. Après avoir souligné l’importance de ces derniers pour comprendre la diversité du chômage dans les Etats membres, nous aborderons le chapitre consacré aux aspects institutionnels du fonctionnement du marché du travail, dans lequel nous nous efforcerons, à partir d’un panorama des systèmes de relations professionnelles et des politiques visant à assurer la cohérence de l’espace économique et social européen, de faire apparaître les obstacles auxquels sont confrontés les acteurs dont dépend l’avenir du marché du travail en Europe.

6La pertinence de nos comparaisons suppose que les données mises ici en perspective répondent à des définitions similaires, sinon toujours identiques. Ne disposant pas des moyens de réaliser nous-mêmes, pays par pays, les vérifications qui s’imposent à cet égard, nous avons préféré opter pour des sources qui ont, en principe, aplani cet obstacle. Notre travail repose donc exclusivement sur des sources communautaires, dont la liste est présentée dans la bibliographie.

7La rédaction de ce Courrier hebdomadaire a bénéficié des matériaux recueillis lors d’une étude réalisée à la demande de la Direction générale Emploi, Relations industrielles et Affaires sociales de la Commission des Communautés européennes en 1991.

1 – Ampleur et tendances du chômage

8Au début de l’année 1991, le chômage touchait plus de 12,5 millions de personnes dans la Communauté, ce qui représente un peu plus de 8,5 % de la population active [1]. En mai 1992, 9,5 % de la population active est au chômage. Ces chiffres traduisent une dégradation de la situation sur le marché du travail, puisque le taux de chômage global, était en 1990, de 8,4 % [2]. Cette évolution résulte de l’accroissement du chômage observé dans tous les Etats membres à l’exception de l’Espagne et des Pays-Bas.

9Si on les compare à celles dont nous disposons pour l’année 1985, les données de 1991 représentent une légère diminution ; entre ces deux années, le nombre de chômeurs au sein de la Communauté a diminué de 2 millions, passant de 14,9 millions (10,8 % de la population active) en 1985 à 12,9 millions (8,8 %) en 1991.

10Le chômage est très inégalement réparti entre les Etats membres ; il existe en outre d’importantes variations des taux de chômage au sein de la plupart des pays.

11En 1992, cinq Etats membres se caractérisent par un taux de chômage compris entre 5 et 10 %. Le Luxembourg, l’Allemagne et le Portugal se situent en-dessous de la barre des 5 %, alors que l’Irlande et l’Espagne ont un taux de chômage supérieur à 15 % de la population active. Par rapport à 1985, et à l’exception de l’Italie et du Danemark, les taux de chômage ont baissé dans tous les Etats membres. Cette baisse a en général été assez faible ; elle est au maximum de 5 % (en Espagne).

Une évolution différenciée selon le sexe

12Dans l’ensemble de la Communauté, le chômage touche moins les hommes que les femmes ; 8 % de la population active masculine se trouve au chômage en mai 1992, contre 12 % de la population active féminine.

13La diminution du chômage observée entre 1985 et 1991 a, en chiffres absolus, nettement plus concerné les hommes que les femmes : le nombre de chômeurs masculins est passé de 8 millions en 1985 à 6,3 millions en 1991, alors que le nombre de chômeuses ne diminuait que de 0,3 million au cours de la même période, atteignant 6,6 millions en 1991. En chiffres relatifs, l’écart entre les deux sexes s’est légèrement creusé : vue sous cet angle, la baisse du chômage a également été plus favorable aux hommes qu’aux femmes.

14Cette inégalité face au chômage se retrouve au sein de presque tous les pays de la Communauté. Dans tous les Etats membres, à l’exception du Royaume-Uni, le taux de chômage des femmes est supérieur à celui des hommes. En Belgique, en Grèce et en Espagne, le taux de chômage féminin dépasse le double du taux masculin, en mai 1992. Par rapport à la situation de 1985, ces écarts ont eu tendance à se creuser légèrement ; les rapports du simple au double qui viennent d’être évoqués sont toutefois déjà présents cette année-là (nous n’avons pas de données pour l’Espagne). Notons toutefois que la singularité du Royaume-Uni semble s’être accentuée, avec un approfondissement de l’écart en faveur des femmes.

Graphique 1

Taux de chômage des femmes (en %, 1990)

Graphique 1

Taux de chômage des femmes (en %, 1990)

15Plus de la moitié des chômeurs de la Communauté sont des femmes ; en 1990, en Grèce, en Belgique et au Portugal, cette proportion est de 60 %. En Irlande, au Luxembourg et au Royaume-Uni, elle est inférieure à 45 %. Dans les autres Etats membres, la proportion de femmes dans les chômeurs se situe entre 50 et 60 %. Si on les compare, pour les pays où ce calcul est possible (tous sauf l’Espagne et le Portugal), aux proportions de 1985, on observe une augmentation dans tous les Etats membres, à l’exception du Luxembourg. Cette augmentation dépasse 10 % en Grèce et aux Pays-Bas.

16Entre les années 1985 et 1990 (dernière année pour laquelle les données détaillées nécessaires ont été publiées), la diminution globale du nombre de chômeurs au sein de la Communauté (-2,8 millions d’unités) recouvre des évolutions différenciées selon le sexe : moins 2,3 millions de chômeurs masculins et moins 500.000 chômeuses. Chez les hommes, la baisse est observée dans la plupart des Etats membres, à l’exception de l’Italie et du Danemark. En termes relatifs (par rapport au nombre de chômeurs enregistré en 1985), la diminution est spécialement marquée en Espagne, au Portugal, en Belgique et au Royaume-Uni (entre 35 et 50 %). Dans les autres Etats membres où elle a lieu, la baisse est comprise entre 15 et 33 % du nombre de chômeurs de 1985. Chez les femmes, le solde mentionné ci-dessus résulte du bilan entre des augmentations dans certains Etats membres (Grèce, Espagne, France, Italie, Pays-Bas) et des diminutions dans les autres. En termes relatifs, les évolutions sont ici plus contrastées que dans le cas des hommes : on observe à la fois de fortes augmentations (Espagne : +20,4 % du nombre de chômeuses de 1985) et de fortes diminutions (entre 34 et 38 % en Belgique, au Portugal et au Royaume-Uni).

17L’évolution du nombre de chômeurs par sexe a été plus favorable aux hommes qu’aux femmes dans tous les Etats membres, à l’exception du Danemark, où le chômage féminin s’est stabilisé alors que le chômage masculin augmentait nettement (+28,4 %). Dans tous les autres pays, les écarts sont en faveur des hommes et sont parfois considérables ; ils dépassent 10 % dans six pays, (Grèce, Espagne, France, Italie, Pays-Bas et Portugal). C’est en Espagne que les évolutions selon le sexe ont été les plus divergentes : le chômage masculin a baissé de 37,6 % entre 1985 et 1990, alors que le chômage féminin augmentait de 20,4 % dans le même temps.

Les variations selon l’âge

18Le taux de chômage des jeunes âgés de 14 à 24 ans est de 18 % en 1992. Il vaut donc près du double du taux de chômage total. Ce taux est pourtant en baisse : en 1985, il était de 23 %. La diminution est donc de l’ordre de 5 % alors qu’elle est de 1,3 % pour le taux global, pendant la même période.

19Le chômage touche donc plus fort les jeunes que leurs aînés, même si l’écart qui les sépare s’est rétréci (de 12,3 % en 1985 on est passé à 8,7 % d’écart entre le taux de chômage des jeunes et le taux de chômage total en 1991). Comme quand on examine celle de l’ensemble des chômeurs, la situation des jeunes femmes est moins bonne que celle des jeunes hommes. En 1991, le taux de chômage des jeunes hommes est de 16,1 % de la population active, contre 19,1 % pour les jeunes femmes.

20Les taux de chômage des jeunes varient considérablement d’un Etat membre à l’autre : moins de 5 % au Luxembourg et en Allemagne, contre plus de 20 % en Irlande, en Grèce, en Italie, en France et en Espagne (1992). Ces comparaisons ne doivent pas masquer les grandes variations que peuvent connaître les taux de chômage des jeunes au sein des Etats membres eux-mêmes. Ainsi, dans certaines régions d’Espagne, de France et d’Italie, plus de 30 % des jeunes se trouvent au chômage.

Graphique 2

Taux de chômage des jeunes < 25 ans) (%, 1990)

Graphique 2

Taux de chômage des jeunes < 25 ans) (%, 1990)

21Si les écarts entre les taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans et ceux des travailleurs plus âgés sont en défaveur des jeunes dans tous les Etats membres, ils sont aussi d’ampleur très variable selon les pays. Le Luxembourg, le Danemark et l’Allemagne se caractérisent par des écarts inférieurs à 5 %, alors qu’en Grèce, en Espagne et en Italie les écarts sont supérieurs à 15 % (1988).

22Les plus âgés des travailleurs connaissent eux aussi un taux de chômage important, que les possibilités de retraite anticipée viennent cependant tempérer.

23Le nombre de chômeurs dans la Communauté a diminué de 1,6 million d’unités entre 1985 et 1989. Cette diminution, qui est le bilan de mouvements d’entrée et de sortie, est entièrement due à celle du chômage des jeunes : le nombre de chômeurs âgés de 15 à 24 ans a diminué de 1,6 million d’unités : 1 million d’hommes et 600.000 femmes. Ceci signifie que le nombre de chômeurs âgés de 25 ans et plus est resté stable, dans la Communauté, entre 1985 [3] et 1989. Dans les Etats membres, la diminution du nombre de jeunes chômeurs a été quasi générale : seules la Grèce et l’Italie ont connu une augmentation du nombre de jeunes chômeurs entre ces deux années. Dans certains pays (Belgique, Allemagne, Royaume-Uni et Portugal), la diminution du chômage des jeunes a été comprise entre 44 et 49 % du nombre de jeunes chômeurs enregistré en 1985 (1986 pour le Portugal). Les baisses les plus faibles concernent les Pays-Bas (-10 % du nombre de jeunes chômeurs de 1985) et le Danemark (-1,5 %).

24Au cours de cette période et dans l’ensemble de la Communauté, le chômage des jeunes hommes a diminué beaucoup plus fortement que le chômage des jeunes femmes. L’écart entre les sexes à cet égard est particulièrement prononcé dans cinq pays : Grèce, Espagne, Portugal, France et Pays-Bas. En termes relatifs et par rapport à 1985 (1986 pour l’Espagne et le Portugal), la diminution du chômage masculin dépasse de 10 % et plus la diminution du chômage féminin dans ces pays (par exemple, le chômage des jeunes hommes a baissé de 17 % aux Pays-Bas et celui des jeunes femmes de 3 % seulement). Dans les pays où l’évolution s’est déroulée dans un sens plus favorable aux jeunes femmes (Belgique, Danemark, Allemagne, Irlande), les écarts sont beaucoup moins importants, le maximum étant atteint par le Danemark (jeunes femmes : -6 % du nombre de jeunes chômeuses de 1985, jeunes hommes : +3 %).

25Les informations sur l’évolution du chômage selon l’âge qui viennent d’être exposées ont un caractère “statique” ; elles ne tiennent pas compte du fait que les jeunes âgés de 20 à 24 ans en 1984, par exemple, n’appartiennent plus à cette classe d’âges en 1989. Il est donc intéressant de compléter les données présentées ci-dessus par une analyse plus “dynamique”, en essayant de saisir la manière dont a évolué la situation de quelques classes d’âges, au cours d’une période de cinq ans, en prenant en considération le vieillissement des individus qui les composent. Cette manière de procéder vise à estimer la “trajectoire” effectuée, du point de vue du chômage, par les différents groupes d’âges et donc à obtenir une information d’un autre type que celle qui a été présentée jusqu’à présent.

26Pour ce faire, nous utilisons la technique dite du “pseudo-panel” [4], en l’appliquant, pour la période 1984-1989, à huit classes d’âges quinquennales (de 25 à 64 ans (1989)) composées de personnes résidant dans huit pays de la Communauté [5]. L’exercice consiste à comparer la situation en fin de période (ici 1989) d’une classe d’âges avec celle de la classe d’âges quinquennale immédiatement inférieure, cinq ans plus tôt (ici en 1984).

27Pour faire apparaître l’intérêt de cette technique, il faut d’abord signaler que la comparaison (“statique”) entre la situation des différentes classes d’âges en 1984 et celle des mêmes classes d’âges en 1989 aboutit à un constat de grande stabilité, pour les huit pays considérés dans leur ensemble ; entre 25 et 54 ans, la différence entre les taux de chômage en début de période et les taux en fin de période est de 1,4 % au plus (le plus souvent, elle est inférieure à 0,5 %). En d’autres termes, la situation des différentes classes d’âges par rapport au chômage a peu changé entre 1984 et 1989.

28La technique du pseudo-panel mène à d’autres conclusions, qui doivent pourtant être maniées avec précautions, notamment parce qu’elles reposent sur la comparaison d’échantillons renouvelés.

29Pour les huit pays considérés globalement, une diminution des taux de chômage est observée pour les classes d’âges comprises entre 25 et 49 ans ; cette diminution est pourtant d’autant moins importante qu’on monte en âge. Elle atteint 9 % pour les jeunes hommes âgés de 20 à 24 ans en 1984 (et donc âges de 25 à 29 ans en 1989), passe à 3 % pour la classe d’âges suivante, et continue à diminuer jusqu’à n’être plus que de 1 % pour les personnes âgées de 45 à 49 ans en 1989. Chez les femmes, on observe une évolution similaire, avec pourtant une moindre baisse dans les classes d’âges jeunes (-6 % pour les femmes âgées de 20 à 24 ans en 1984, par exemple). Les taux de chômage des personnes âgées de 50 ans et plus (en 1989) ne diminuent que rarement et présentent souvent une légère hausse, alors que leurs taux d’activité commencent à baisser de manière importante : -20 % chez les hommes âgés de 55 à 59 ans (en 1989), -12 % chez les femmes de la même classe d’âges.

30A la différence de la comparaison “statique” effectuée ci-dessus, cette analyse nous permet donc, par exemple, de voir que, si les jeunes rencontrent bien des difficultés d’accès à l’emploi, leur insertion professionnelle, bien que relativement lente, n’en est pas moins réelle, puisqu’en cinq ans le taux de chômage des hommes âgés de 20 à 24 ans en 1984 a diminué de 9 %, alors que leur taux d’activité augmentait de 11 %. Cette évolution se retrouve, de manière moins marquée, chez les femmes de la même classe d’âges : leur taux de chômage diminue de 6 %, alors que leur taux d’activité augmente de 2 % entre 1984 et 1989.

31On remarque pourtant de notables différences entre les huit pays considérés ici, tant chez les hommes que chez les femmes. La baisse des taux de chômage des jeunes âgés de 20 à 24 ans en 1984 s’échelonne en effet de 5 % (en Allemagne) à 13 % (en Belgique) pour les hommes, et de 1 % (en Irlande et en Allemagne) à 14 % (en Belgique) pour les femmes.

L’enlisement dans le chômage

32Près de la moitié des chômeurs de la Communauté sont sans emploi depuis plus d’un an. Rapporté à la population active, le nombre de chômeurs de longue durée (un an ou plus) est de 4 % (1990). Ce pourcentage est resté stable entre 1985 et 1990 (dernière année pour laquelle les données sont disponibles). La baisse du chômage global observée au cours de cette période n’a pas eu d’effet sur la proportion de chômeurs de longue durée dans l’ensemble des chômeurs ; celle-ci est restée presqu’inchangée entre 1985 et 1990.

33Par rapport à la population active des Etats membres, les chômeurs de longue durée représentent moins de 2 % au Luxembourg et au Danemark, et plus de 6 % en Belgique, en Italie, en Irlande et en Espagne (1989).

34Du point de vue de la proportion de chômeurs de longue durée dans le total des chômeurs, la plupart des pays se retrouvent dans une fourchette de 30-55 %. Les chômeurs de longue durée représentent moins de 30 % du total des chômeurs au Danemark, et 60 % ou plus du total des chômeurs en Irlande, en Italie et en Belgique (1990).

35Ici encore, ces chiffres globaux recouvrent d’importantes variations au sein des Etats membres. Ce sont en général dans les régions qui connaissent un taux de chômage important que l’on rencontre les plus fortes proportions de chômeurs de longue durée. En Irlande et dans de nombreuses régions d’Italie et d’Espagne, plus de 8 % de la population active (1989) se trouve au chômage depuis un an au moins. A l’opposé, dans le sud de l’Allemagne, dans le sud du Royaume-Uni, au Danemark, au Luxembourg, et dans quelques régions d’Italie, des Pays-Bas ou du Portugal, cette proportion est inférieure à 2 % (1989).

36Dans la plupart des Etats membres, le chômage de longue durée concerne autant les hommes que les femmes. Le Royaume-Uni est le seul pays où la proportion de chômeuses de longue durée dans le total des chômeuses est nettement inférieure à l’équivalent pour les hommes. La Grèce et le Portugal connaissent une situation inverse.

37La proportion de jeunes de moins de 25 ans dans le chômage de longue durée varie elle aussi considérablement d’un Etat membre à l’autre. Elle est de plus de 30 % en Grèce, en Espagne, au Portugal et en Italie (1990).

38Le chômage de longue durée touche surtout “ceux qui ont peu de diplômes scolaires et peu ou pas de qualifications, plus particulièrement les travailleurs migrants, les femmes non qualifiées, les handicapés et les jeunes en difficulté” [6]. Ce type de chômage va de plus en plus concerner principalement des travailleurs relativement âgés [7].

2 – Les composantes de la population active

39En 1991, la population d’âge actif de la Communauté européenne, c’est-à-dire la population âgée de 15 à 64 ans [8], compte environ 221 millions de personnes. Par rapport à 1985, ce chiffre représente une augmentation de 5,4 millions de personnes [9].

Graphique 3

Rapport emploi-population en âge de travailler (%, 1990)

Graphique 3

Rapport emploi-population en âge de travailler (%, 1990)

40A partir des données fournies par les enquêtes communautaires sur les forces de travail réalisées dans les différents Etats membres, il est possible de comparer la situation de 1985 avec celle de 1990, pour les pays de l’Europe des Dix. Globalement, cette comparaison fait apparaître une augmentation de la population d’âge actif, de l’ordre de 3,9 millions (environ 2 % de la population d’âge actif de 1985). Les pays qui ont connu la plus forte augmentation (plus de 4 % de la population d’âge actif de 1985) sont les Pays-Bas et la Grèce. Les pays qui ont connu les augmentations les plus faibles (moins de 1 %) sont la Belgique et le Royaume-Uni.

41L’augmentation de la population d’âge actif observée pour l’ensemble de la Communauté s’est traduite par une augmentation plus faible de la population active, c’est-à-dire de la population effectivement présente sur le marché de l’emploi. Le nombre d’actifs est passé de 140 millions environ en 1985 à 148 millions environ en 1991, soit une augmentation de 8 millions d’actifs. La moitié de cette croissance est entièrement due à celle de la population en âge de travailler, puisque le taux d’activité passe de 65 % en 1985 à 67 % en 1991.

42Pour pouvoir saisir les différences entre les sexes, les classes d’âges, les Etats membres, nous sommes amenés à utiliser des informations datant de 1989. Par rapport à 1985, la population d’âge actif (15-64 ans) avait alors augmenté de 8,4 millions, et la population active de 5,1 millions. Le taux d’activité global était, en 1989, de 64,9 % [10].

43Le taux d’activité de la population en âge de travailler est resté assez stable au cours des quinze dernières années, même si, nous le verrons, cette stabilité est sous-tendue par des évolutions fortement contrastées selon le sexe et l’âge. Il s’agit, selon l’OCDE [11], d’un taux d’activité relativement bas, comparé à celui qu’on rencontre au Japon (73,3 % en 1989) ou aux Etats-Unis (76,9 % en 1989).

La différence entre les hommes et les femmes

44En 1990, le taux d’activité masculin est de 75,7 % (dénominateur : 15-64 ans), dans l’ensemble de la Communauté. Cinq pays se caractérisent par des taux situés au-dessus de cette moyenne : le Danemark, l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et le Royaume-Uni. Les taux d’activité des hommes s’échelonnent de 68,4 % en Belgique à 82,6 % au Danemark et 82,7 % au Portugal. Comme nous le verrons, ces différences gagnent à être mises en parallèle avec le principal déterminant du taux d’activité des jeunes, à savoir le taux de scolarisation.

45Dans six Etats membres, les taux d’activité masculins ont baissé entre 1985 [12] et 1990 de plus de 3 % en Grèce, entre 1 et 2 % en France et en Italie, de moins de 1 % en Belgique, au Danemark et au Luxembourg. Au Portugal, en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni, ils ont augmenté (entre 2,1 et 4,8 %). Les Pays-Bas se singularisent avec une augmentation de 6,9 %.

46En 1990, le taux d’activité féminin est de 48,2 % dans l’ensemble de la Communauté. Les variations selon les pays sont ici beaucoup plus importantes que dans le cas des hommes. Six pays se situent sous cette moyenne : la Belgique, la Grèce, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie et le Luxembourg. Les taux s’échelonnent ici de 31,1 % en Espagne à 71,5 % au Danemark.

Graphique 4

Rapport emploi-population en âge de travailler (femmes en %, 1990)

Graphique 4

Rapport emploi-population en âge de travailler (femmes en %, 1990)

47Les taux d’activité féminins les plus élevés se trouvent chez les jeunes femmes sans enfant ; ils s’échelonnent entre 60 % (Grèce, Espagne) et 80 % (Danemark, Allemagne, France, Royaume-Uni) [13]. Les taux d’activité des mères se situent aux alentours de 50 %, avec d’importantes variations nationales. De manière générale, les pays où les taux d’activité des mères sont bas sont ceux où les journées scolaires sont courtes ou interrompues par une pause-déjeuner.

48La différence entre le taux d’activité des femmes ayant au moins un enfant en bas âge (0-4 ans) et celui des femmes n’ayant plus d’enfant en bas âge, mais ayant au moins un enfant âgé de 5 à 9 ans est minime, sauf au Royaume-Uni, où elle dépasse les 10 %. L’écart entre le taux d’activité des femmes ayant un ou plusieurs enfants de moins de 10 ans et celui des jeunes (20-49 ans) femmes sans enfant varie de moins de 10 % (Danemark, Portugal) à plus de 30 % (Allemagne, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni).

49Ventilée selon le sexe, l’augmentation de la population active entre 1985 et 1990 concerne plus les femmes que les hommes ; quasi les deux-tiers de l’augmentation de la population active sont dus aux femmes, et, plus précisément, à leur propension croissante à entrer sur le marché du travail. Leur taux d’activité (calculé sur la base de la population âgée de 14 ans et plus) est passé d’environ 39,4 % en 1985 [14] à 48,2 % en 1990. Cette évolution est à l’origine de la majorité des augmentations que connaît la population active féminine entre 1985 et 1990.

50La tendance à l’augmentation de la présence des femmes sur le marché du travail se poursuit. La comparaison des taux d’activité féminins de 1990 avec ceux de 1985 fait en effet apparaître une hausse générale. L’ampleur de celle-ci varie toutefois selon les pays ; elle est relativement limitée (entre 1 % et 2 %) au Luxembourg, en France, et en Grèce. Elle se situe entre 2,5 % et 4 % en Italie, au Danemark, en Belgique, en Irlande et dépasse les 5 % dans les autres pays. Elle atteint 10,7 % aux Pays-Bas. On notera une corrélation élevée entre l’évolution de l’emploi féminin au cours de la période 1985-1990 et l’évolution des taux d’activité au cours de la même période ; plus l’emploi augmente, plus le taux d’activité augmente et cette relation est d’autant plus marquée que les taux de départ sont bas.

Les variations selon l’âge

51Entre 1985 et 1989, l’évolution des taux d’activité a non seulement varié selon le sexe, mais aussi selon l’âge. A cet égard, la situation est assez homogène chez les hommes puisque, pour l’Europe des 10 [15], le taux d’activité a diminué, quelle que soit la classe d’âges considérée. Chez les femmes par contre, pour ce même ensemble de pays, l’évolution varie selon les classes d’âges ; il baisse chez les plus jeunes (14-19 ans) et les plus âgées (60 ans et plus), et augmente dans toutes les autres classes d’âges quinquennales. Pour l’ensemble des classes de 25 à 49 ans, on passe d’un taux d’activité de 60,8 % en 1985 à 65,5 % en 1989. En ce qui concerne les classes d’âges les plus élevées, on notera donc que les effets de la modification, dans plusieurs Etats membres, des modalités d’accès à la retraite ou à la retraite anticipée sur les taux de participation sont compensés, chez les femmes, par l’augmentation des taux d’activité, qui ne fléchissent qu’au-delà de 65 ans.

52L’information disponible nous permet d’être plus précis en ce qui concerne les travailleurs âgés (55-64 ans) de six Etats membres (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni). On note à cet égard des différences considérables, tant du point de vue du niveau des taux d’activité que de leur baisse. Chez les femmes, entre 1975 et 1985, le classement de ces six pays ne s’est pas modifié (en 1985, : Royaume-Uni : 34 %, France, Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Italie : 11 %), et c’est dans les pays où les taux sont les plus élevés que la baisse a été la plus forte (-6 % au Royaume-Uni, -4 % en France). Chez les hommes, c’est également dans les pays où les taux sont les plus élevés que la baisse a été la plus importante (-21 % au Royaume-Uni, -13 % en Espagne), mais l’ampleur de la diminution a été variable dans les autres pays, de telle sorte que le classement des différents pays s’est modifié au cours de la période (en 1985, Royaume-Uni : 66 %, Espagne, Allemagne, Pays-Bas, France, Italie : 38 %). Certains prévoient l’arrêt de cette baisse, voire une inversion de tendance [16]. Ils estiment en effet que le vieillissement de la population exigera une recrudescence de l’activité des membres des classes d’âges élevés.

L’activité professionnelle et la scolarité des jeunes

53Pour approfondir les modifications intervenues au cours des années récentes en ce qui concerne la participation des individus à la force de travail au sein de la Communauté, nous proposons d’examiner de plus près la situation de la population âgée de 15 à 24 ans.

54Les taux d’activité des jeunes varient considérablement selon les Etats membres. En 1990, ceux des jeunes hommes s’échelonnent de 35 % environ en Belgique à plus 70 % au Royaume-Uni et au Danemark. La Grèce, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie et le Luxembourg se situent, avec la Belgique, en-dessous du taux d’activité moyen observé cette année-là. Chez les jeunes femmes, les taux vont de 35 % environ à en Belgique et en Grèce, à plus de 60 % au Royaume-Uni et au Danemark. Par rapport à la moyenne (47,3 %), les Etats membres se distribuent de la même manière que chez les jeunes hommes. Chez les jeunes l’écart qui sépare le taux d’activité des femmes de celui des hommes est relativement faible. Cet écart diminue régulièrement depuis plusieurs années.

55Les différences entre les Etats membres du point de vue des taux d’activité des jeunes doivent être rapprochées de celles qui concernent les taux de scolarisation de ces classes d’âges. Les pays dans lesquels les taux d’activité sont les plus élevés (Danemark et Royaume-Uni) sont aussi ceux où on trouve les taux de scolarisation les plus bas. Et inversement pour les pays qui se caractérisent par des taux d’activité bas. Ici aussi, les écarts entre les Etats membres sont parfois considérables, alors que les écarts entre les sexes sont relativement petits. En 1989, pour les deux sexes, le taux de scolarisation des jeunes est, en moyenne, de 43,2 %. Ces taux s’échelonnent de 26,4 % au Royaume-Uni à 63,3 % en Belgique. La Grèce, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie et le Luxembourg possèdent, avec la Belgique, des taux supérieurs à la moyenne communautaire.

56Voyons ce qu’il en est de l’évolution de la propension à travailler chez les jeunes dans la Communauté. Le taux d’activité de cette tranche d’âges est resté quasiment stable entre 1985 et 1989. Cette stabilité recouvre des situations très différenciées selon les Etats membres, mais assez semblables selon le sexe, quand on considère les choses globalement. Entre 1985 et 1989, le taux d’activité des jeunes hommes est passé de 54,4 % en 1985 (avec des chiffres de 1986 pour l’Espagne et le Portugal) à 53,6 % en 1989, soit une baisse de 0,8 %. Le taux d’activité des jeunes femmes est passé de 45,9 % en 1985 (avec des chiffres de 1986 pour l’Espagne et le Portugal) à 47,3 % en 1989, soit une augmentation de 1,4 %. La diminution observée chez les jeunes hommes se retrouve dans la majorité des Etats membres, à l’exception du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, qui connaissent des augmentations, le plus souvent légères. L’augmentation des taux d’activité des jeunes concerne également la majorité des Etats membres ; toutefois la Belgique, la France, l’Irlande, le Luxembourg et le Portugal font exception.

57Ces évolutions sont en relation directe avec celles des taux de scolarisation. De manière générale, les pays dans lesquels les taux d’activité des jeunes ont diminué sont aussi ceux qui se caractérisent par les plus fortes augmentations des taux de scolarisation de ces populations (pour l’ensemble de la Communauté, le taux de scolarisation a augmenté de 1 % environ entre 1985 [17] et 1989). La comparaison de ces différents taux selon le sexe fait apparaître de plus grands écarts chez les femmes que chez les hommes, dans un sens qui témoigne d’une persistance de la propension croissante des jeunes femmes à entrer sur le marché du travail. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, la situation des Pays-Bas fait figure d’exception au sein de la Communauté, pour les années considérées ; on y rencontre les plus fortes baisses des taux de scolarisation et les plus fortes hausses des taux d’activité des jeunes. Cette évolution est probablement liée à la croissance importante du travail salarié à temps partiel au cours des années considérées (les emplois à temps partiel représentent 60 % des emplois masculins créés aux Pays-Bas entre 1985 et 1989 et 70 % des emplois féminins).

58Pour l’avenir, certains auteurs prévoient une stabilisation des taux d’activité des jeunes, estimant que les effets d’une demande de travail accrue (qui poussent les taux d’activité à la hausse) et de plus grandes exigences de formation (qui poussent les taux d’activité à la baisse) se compenseront [18].

Le niveau de formation de la population

59Le degré d’instruction de la population augmente. Au sein de la population d’âge actif ne suivant plus d’enseignement, le niveau d’instruction moyen diminue avec l’âge ; la fréquence relative des diplômés est plus grande chez les jeunes que chez les moins jeunes, comme en témoignent les informations disponibles sur cette question, qui concernent l’Espagne, l’Italie, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

60Les deux situations extrêmes à cet égard sont celles de l’Italie et de l’Allemagne. En Italie, plus de la moitié (59 %) de la population âgée de 25 à 34 ans ne possède, au mieux, qu’un diplôme de niveau primaire ou secondaire inférieur ; cette proportion passe à plus de 70 % si on considère l’ensemble de la population d’âge actif. En Allemagne, nous avons affaire à une population qui, dans l’ensemble, possède déjà un niveau d’instruction élevé : 19 % des hommes et 43 % des femmes seulement n’ont, au mieux, qu’un diplôme de niveau primaire ou secondaire inférieur. Ici aussi, même si le contraste est moins frappant que dans le cas précédent, les jeunes sont plus instruits que leurs aînés : les pourcentages mentionnés représentent, pour la population âgée de 25 à 34 ans, 13 % chez les hommes et 21 % chez les femmes. La proportion de la population jeune (25-34 ans) qui dispose, au plus, d’un diplôme du secondaire inférieur est en France d’environ 35 %, en Espagne de 45 % et, au Royaume-Uni de 42 % pour les hommes et 67 % pour les femmes. C’est dans ce dernier pays que le contraste entre les sexes est le plus marqué.

61Corrélativement, on trouve plus de jeunes ayant un niveau d’instruction équivalent ou supérieur à l’enseignement secondaire. Ceci montre que le niveau de formation moyen de la population d’âge actif de la Communauté s’élève ; cette tendance est plus marquée encore dans la population active, puisque les taux d’activité, tout spécialement féminins, augmentent avec le niveau de formation [19].

62Si la proportion de personnes actives ou potentiellement actives qui ne sont pas ou ne sont que peu diplômées diminue de manière nette, elle n’en reste pas moins considérable, puisqu’elle dépasse les 50 % en général, pour atteindre 75 % en Grèce et au Portugal.

63La situation de la formation continue dans la Communauté est beaucoup plus difficile à apprécier, en raison du manque de données. Dans les pays pour lesquels l’information est disponible (Danemark, France, Luxembourg), il apparaît que la durée moyenne de ces formations est de deux semaines par an environ. Ces cycles sont consacrés à la mise à jour des connaissances, mais se contentent de répondre aux besoins immédiats des entreprises et ne débouchent le plus souvent sur aucune qualification reconnue. Seules les grandes firmes mènent une politique plus active dans ce domaine, tout au moins dans certaines branches d’activité (électricité, électronique, banques…). Dans les secteurs des technologies de pointe, certaines petites et moyennes entreprises s’efforcent aussi de développer des initiatives en ce sens. Du fait notamment du vieillissement probable de la population active, la formation continue est appelée à prendre de plus en plus d’importance dans l’avenir.

3 – Les déterminants de l’évolution de l’emploi

64La dégradation de l’emploi, observée depuis la crise pétrolière de 1974 et accentuée par la récession de 1981, s’atténue ou même s’inverse dans la Communauté depuis 1984. L’amélioration de la conjoncture observée à la fin des années 1980 a permis la création de près de cinq millions d’emplois et une diminution du taux de chômage communautaire. Cependant ce taux (8,8 % dans la Communauté en 1991) demeure supérieur à celui des Etats-Unis (moins de 7 %) et du Japon (moins de 3 %) et on prévoit pour la Communauté un taux de chômage en 1995 encore supérieur a celui de 1980. Mais la situation est fort contrastée au sein de la Communauté où l’essentiel des créations d’emploi entre 1984 et 1988 est réalisé en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni.

65Bien que ces constatations nuancent l’évolution favorable du chômage dans la Communauté, elles ne peuvent cacher l’effet de l’amélioration de la conjoncture sur l’emploi. De fait, le taux modeste de croissance du produit national brut (2,5 % par an) entre 1983 et 1987 a entraîné une progression de l’emploi de plus de 0,5 % par an. Avec un taux de croissance moyen de 3 % entre 1988 et 1990, on compte sur un accroissement moyen de 1 % de l’emploi. Comparés à ceux du début des années 1970, ces résultats confirment l’amélioration du rapport croissance-emploi. Actuellement, le seuil [20] de création d’emploi est de 2 % (de croissance) contre 4,5 % dans les années 1960.

66Cette amélioration du rapport croissance-emploi s’explique par les changements de certaines variables économiques fondamentales (salaires, productivité, rentabilité, demande de biens) ainsi que par l’évolution sectorielle et par celle du temps de travail. En effet, même dans les trois pays où l’emploi a sensiblement augmenté, le nombre de postes en équivalent temps plein a augmenté moins vite (et même diminué au Royaume-Uni entre 1979 et 1988). Ainsi, une grande partie de l’augmentation de l’emploi est due aux emplois à temps partiel, particulièrement répandus dans les services.

67Nous allons dans ce qui suit développer successivement ces divers aspects de l’évolution du marché du travail dans la Communauté.

Les salaires et les coûts

68La croissance économique a été, dans un premier temps, favorisée par les exportations et s’est poursuivie grâce à la relance des investissements. Depuis 1987, ceux-ci sont devenus une composante dynamique de la demande dans la Communauté (7,8 % de croissance en termes réels en 1988).

69La reprise des investissements s’explique d’une part par l’amélioration de la rentabilité du capital et d’autre part par les anticipations de la croissance de la demande. L’amélioration de la rentabilité est due principalement à la modération salariale observée à la fin des années 1980. En effet, le coût salarial unitaire a baissé de près de 7 % en termes réels par rapport à la moyenne de la période 19731981. Cette évolution traduit aussi l’augmentation plus rapide de la productivité du travail par rapport à celle du salaire réel.

70La reprise des investissements a eu un effet bénéfique sur l’emploi du fait du ralentissement de la substitution du capital au travail. La modération salariale et les changements structurels de l’emploi (temps partiel, développement du secteur des services et des PME) expliquent encore cette situation.

Evolution récente

71La croissance du salaire réel, définie comme la croissance du salaire nominal moins la croissance des prix, a été beaucoup moins rapide au cours des années 1980, par rapport aux années 1970, dans tous les pays de la Communauté. Dans trois d’entre eux (Luxembourg, Danemark, Belgique), il y a même eu une baisse dans les rémunérations réelles au cours de la dernière période.

72Le salaire direct ne représente qu’une partie du coût de la main-d’œuvre. D’autres dépenses (cotisations patronales à la sécurité sociale, contributions à des systèmes de retraites publics et privés, congés payés, etc.) viennent s’y ajouter. La somme du salaire direct et des autres charges forme le coût du travail pour l’employeur. Ce coût a augmenté en termes réels plus lentement pendant les années 1980 (moins de 2 % par an) que pendant les années 1970 (entre 4 et 5 % par an). Au cours des années 1980, son évolution a été :

  • la plus forte en Belgique, en Irlande et en Italie, avec des taux approchant ou dépassant les 4 % par an ;
  • faible dans les autres pays, avec des taux inférieurs à 2 % par an.

73Comparée à l’évolution de la productivité, la charge salariale totale par employé a augmenté moins rapidement dans tous les pays de la Communauté pendant les années 1980 qu’au cours de la décennie précédente. En combinant cette charge salariale totale et la production par personne, on obtient le coût de la main-d’œuvre par unité produite. Le niveau de ce coût en 1987 dans l’industrie était inférieur au niveau de 1979 pour tous les pays de la Communauté.

74Cette évolution des coûts salariaux est à lier à l’apparition de nouveaux systèmes de paiement de travailleurs. Leur importance est encore limitée mais semble appelée à croître dans le futur. Ces systèmes revêtent généralement deux formes : paiement directement lié aux performances de l’entreprise ou paiement basé sur les performances individuelles du travailleur. A titre d’exemple, en France [21], on a assisté à un doublement du nombre de conventions d’intéressement au profit entre entreprise et travailleur au cours de la période 1985-1987. Cette pratique continue à se répandre et on prévoit que près d’un million de travailleurs seront concernés dans les années 1990. Ces conventions lient la rémunération à des performances de l’entreprise (production, qualité, profit, …). Le nombre de personnes concernées par ces conventions demeure cependant limité par rapport à l’emploi total. Bien que ces conventions ne soient pas considérées comme un substitut au salaire normal par les entreprises françaises, les syndicats s’inquiètent de voir leur utilisation servir à limiter l’accroissement des salaires. Le système de paiement basé sur les performances des travailleurs a aussi connu un accroissement en France.

75Les données statistiques sont cependant trop pauvres pour permettre une évaluation de l’ampleur du phénomène. L’expérience italienne est assez semblable à la française. Une étude [22] menée dans quatre pays européens (France, Italie, Royaume-Uni, Allemagne) décèle, en partant du constat que les sociétés multinationales sont bien représentées dans les pays européens, une convergence vers un “modèle européen” des formes de paiement dans l’entreprise. L’étude appuie cette thèse par les faits suivants :

  • les grandes multinationales développent de plus en plus des systèmes de paiement liés aux performances ;
  • le grand nombre de transferts et de contacts des dirigeants de différents pays européens nécessite l’utilisation d’une approche similaire pour l’évaluation du travail ;
  • l’intensité de la concurrence internationale met davantage l’accent sur la formation et les bonnes relations dans l’entreprise comme vecteur de compétitivité.

76Il existe cependant d’autres éléments qui peuvent freiner cette tendance : hétérogénéité des cultures et des législations européennes, différences des structures de propriétés, attitudes des syndicats.

Différences nationales

77La comparaison des niveaux des salaires horaires nominaux moyens avant impôt (des ouvriers dans l’industrie) révèle un contraste entre pays riches et pays pauvres au sein de la Communauté. Ces niveaux sont :

  • élevés au Danemark (11 Ecus) [23] ;
  • moyens en Italie, Irlande, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, France et Allemagne (entre 6 et 9 Ecus) ;
  • faibles en Espagne, Portugal et Grèce (environ 2 Ecus).

78Ces différences sont moins importantes lorsque l’analyse est menée en termes de pouvoir d’achat. Ainsi par exemple, l’écart entre le Danemark et le Portugal est divisé par deux, le Luxembourg passe au premier rang et le salaire français devient inférieur à celui qui prévaut en Espagne. En outre, les différences de niveaux de salaires réels entre les Etats membres ont eu tendance à se réduire au cours des vingt dernières années bien que ce rapprochement ait été plus net pendant les années 1970 que pendant les années 1980. L’ampleur des autres charges salariales est aussi très variable au sein de la Communauté et reflète la grande diversité des modes de financement de la sécurité sociale et des systèmes de retraite : les pays où les autres charges salariales sont élevées ont un système de solidarité sociale financé principalement par l’employeur. Ces autres charges salariales représentent :

  • près de 45 % du coût salarial total en Allemagne, Pays-Bas, Belgique, France et Italie ;
  • entre 30 et 40 % au Luxembourg, Royaume-Uni, Irlande, Grèce, Espagne et Portugal ;
  • et 16 % au Danemark.

79La prise en compte de ces autres coûts modifie le classement des pays en fonction des salaires directs. On obtient ainsi, pour la charge salariale complète :

  • un niveau élevé : Allemagne, Belgique, Pays-Bas ;
  • un niveau moyen : France, Danemark, Luxembourg, Italie ;
  • un niveau faible : Royaume-Uni, Irlande, Grèce, Espagne, Portugal.

80Il est important de signaler à ce stade que ces différences de coûts salariaux ne sont pas les seuls déterminants de la compétitivité et ne peuvent donc expliquer les performances commerciales des différents pays membres. Celles-ci sont influencées par bien d’autres éléments : prix des autres facteurs de production, spécialisation industrielle, politique de change, …

Les facteurs structurels

Evolution sectorielle

81Au cours des vingt dernières années, la répartition sectorielle de l’emploi a connu des changements importants, aussi bien dans la Communauté que dans les autres pays industrialisés. On a assisté à :

  • une diminution de l’importance de l’emploi agricole, qui ne représente plus que 6,2 % de l’emploi communautaire en 1991. Entre 1979 et 1988, la diminution est assez sensible dans tous les pays européens, sauf en Belgique et au Royaume-Uni où la diminution est plus faible. L’emploi agricole demeure cependant relativement important en Grèce, Espagne, au nord du Portugal et au sud de l’Italie. Il est encore relativement bien représenté dans le sud de l’Allemagne, aux Pays-Bas et dans le nord-ouest de la France ;
  • un recul de l’importance de l’emploi industriel qui passe de 40 % en 1973 à 31,3 % en 1991. Ce recul est commun à tous les pays (le Luxembourg excepté). C’est au Royaume-Uni qu’il a été le plus fort. Il s’explique notamment par le déclin des industries du charbon, de l’acier, de la construction navale et du textile. Dans les industries du charbon et de l’acier par exemple, il y a eu une perte d’un million d’unités depuis 1970 ;
  • une croissance significative et générale dans la Communauté de l’importance du secteur tertiaire. Alors qu’en 1960 ce secteur représentait environ 40 % de l’emploi total, il atteint 60 % actuellement. La hausse de l’emploi dans les services est variable au sein de la Communauté : 2 % en Belgique, 10 % au Royaume-Uni et Luxembourg et 15 % en Espagne et au Portugal.

Graphique 5

Part de l’emploi dans les secteurs 1990

Graphique 5

Part de l’emploi dans les secteurs 1990

Le secteur des services

82La proportion de la population active employée dans les services varie au sein de la Communauté. On peut ainsi distinguer :

  • une proportion importante de l’emploi occupé dans les services aux Pays-Bas, Luxembourg, Danemark, Belgique, Royaume-Uni et France (plus de 60 %) ;
  • une proportion moyenne de l’emploi occupé dans les services en Italie, Irlande, Allemagne, Espagne (entre 50 et 60 %), Grèce et Portugal (moins de 50 %).

83Le secteur des services est donc devenu le plus grand employeur de la Communauté. Deux raisons principales expliquent la progression de ce secteur :

  • l’amélioration du niveau de vie. A mesure que le niveau de vie augmente, ils consomment plus de services (restaurants, voyages, culture, services financiers, …). On assiste même à l’émergence de nouveaux types de services ;
  • les transferts de certaines activités des autres secteurs (l’industrie par exemple), telles que le transport de marchandises, la comptabilité, le nettoyage, la publicité, vers des entreprises spécialisées dans ces services.

84Bien qu’il soit difficile d’évaluer avec précision l’importance de chacun de ces éléments dans l’explication de la progression des services, une attention particulière doit être accordée au phénomène de la sous-traitance en raison des craintes que peuvent susciter ses implications sociales. En effet, si le développement de la sous-traitance est lié à une volonté de flexibilité des entreprises, l’observation de la réalité montre qu’il peut avoir une incidence importante sur les relations du travail. Lorsqu’une entreprise manufacturière sous-traite son service de restauration par exemple (transfert du secteur industriel vers le secteur des services), les relations contractuelles peuvent changer. Dans un souci de compétitivité, le sous-traitant aurait tendance à employer les travailleurs sur une base contractuelle plus fragile que celle dont ils bénéficiaient au sein de leurs entreprises initiales. Ce transfert d’activité s’accompagne dans ce cas d’une dégradation de la qualité de l’emploi. On pourra même constater dans certaines entreprises une tendance à sous-traiter des tâches nécessitant peu de qualifications et à ne garder en leur sein que celles à haut niveau de qualification. Ces craintes doivent cependant être nuancées. En effet, dans certains cas, l’expansion de la sous-traitance, en favorisant une certaine spécialisation, permet l’exploitation des économies d’échelle et peut donc être source d’efficacité économique pour les entreprises. Une étude française montre que les activités sous-traitées se caractérisent autant par un niveau de qualification et de rémunération peu élevé (nettoyage, gardiennage) que par un niveau de rémunération et de qualification très élevé (publicité, informatique).

85A l’intérieur du secteur des services, on constate que :

  • la part du commerce de gros et de détail, de l’hôtellerie et restauration, et des transports et communications, qui constituent l’essentiel des activités dans les services, est assez semblable dans les différents pays européens. En 1988, cette proportion allait de 21-22 % de la population active totale en Allemagne et au Portugal à 26-28 % en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni et au Luxembourg. Pendant les dix dernières années, cette proportion est restée stable, sauf au Royaume-Uni et au Luxembourg ;
  • la part des activités bancaires, financières et des assurances est variable mais en augmentation au sein de la Communauté. Cette part va de plus de 10 % de la population active totale au Royaume-Uni, Luxembourg et Pays-Bas, à moins de 5 % en Italie, au Portugal et en Grèce. Dans tous les pays, la part des personnes employées dans le secteur financier a augmenté pendant les années 1980 et parfois considérablement ;
  • la part des administrations publiques, de l’éducation, de la santé et des autres services varie aussi au sein de la Communauté. En pourcentage de la population active totale, l’emploi de ces branches va de plus de 30 % au Danemark, aux Pays-Bas, en France et en Belgique à environ 20 % en Grèce, en Espagne et au Portugal. L’Allemagne fait encore exception avec 25 %. Pendant les années 1980, la proportion a augmenté dans tous les Etats membres.

86La progression du secteur des services au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Italie et en Espagne est principalement due au développement des services publics et des services aux entreprises.

87Le secteur privé des services est caractérisé par la prédominance des petites et moyennes entreprises, une grande mobilité et une flexibilité de la main-d’œuvre. Cette situation entraîne un faible taux de syndicalisation et un risque de dualisation accru du marché du travail. Le développement du secteur des services s’accompagne en effet de l’émergence de nouvelles formes d’emplois : emploi à temps partiel, temporaire, …

88Pour l’avenir, il semble que les structures productives continueront à évoluer en faveur des services, mais de façon moins marquée que dans le passé et ceci pour deux raisons :

  • après les ajustements réalisés par les entreprises industrielles en période de récession, celles-ci sont devenues plus compétitives et vont connaître moins de pertes d’emplois et peut-être moins recourir à la sous-traitance de services ;
  • les politiques de restrictions budgétaires vont freiner le développement des services publics.

Le secteur industriel

89La part du secteur industriel est variable de pays à pays au sein de la Communauté. Avec une proportion sensiblement supérieure à 30 % de l’emploi total, le Portugal et l’Espagne se situent à proximité du Royaume-Uni, de l’Italie et de la Belgique, mais plus éloignés de l’Allemagne (40,1 %). La Grèce par contre connaît la proportion la plus faible de l’emploi industriel (25,8 %) mais reste proche des Pays-Bas et du Danemark. La France, l’Irlande et le Luxembourg, bien que connaissant une proportion supérieure à celle de la Grèce, demeurent proches des 30 %.

90L’importance du secteur industriel a décru dans tous les pays de la Communauté, et ce malgré des créations d’emplois dans ce secteur. L’Espagne et le Portugal connaissent l’augmentation la plus importante de nouveaux emplois. Au niveau de la Communauté de façon générale, c’est le secteur du bâtiment qui a enregistré la plus forte croissance du nombre d’emplois (plus de 5 %).

91L’importance des différentes activités industrielles est variable au sein de la Communauté. Dans les Etats les moins développés de la Communauté, une grande proportion des travailleurs de l’industrie est employée dans la production de produits de base comme le textile et l’habillement ou encore les industries alimentaires. En Grèce et au Portugal, près de la moitié des travailleurs de l’industrie sont employés dans ces activités. En revanche, dans les Etats les plus développés, une proportion relativement importante des travailleurs est employée dans la construction mécanique et les activités connexes. Ici encore, l’Allemagne se singularise, avec plus de la moitié de l’emploi industriel occupé dans ces activités.

Le rôle spécifique des PME

92Dans plusieurs pays de la Communauté, les PME (entreprises de moins de cent travailleurs) occupent une part croissante de l’emploi total. Elles créent de nouveaux emplois à un rythme plus soutenu que les grandes entreprises. Au niveau de l’emploi manufacturier, la contribution des PME au développement de l’emploi varie au sein de la Communauté. On peut ainsi classer les douze pays en trois grands groupes selon l’importance de l’emploi occupé dans les PME :

  • importance faible (environ 20 % de l’emploi total) : Royaume-Uni, Luxembourg, Allemagne ;
  • importance moyenne (30 à 45 %) : France, Pays-Bas, Espagne, Belgique, Portugal, Irlande, Danemark ;
  • importance forte (plus de 50 %) : Grèce, Italie.

93La comparaison de la croissance des PME entre les pays est difficile en raison de problèmes statistiques. On peut cependant attribuer une partie de l’augmentation de leur importance dans l’emploi au fait que leurs pertes d’emplois sont moins nombreuses que dans les grandes entreprises (surtout pendant les années 1970 et au début des années 1980).

94Cette importance des PME pour l’emploi s’accompagne de différentes caractéristiques :

  • les PME sont surtout localisées dans le secteur des services où elles occupent plus de la moitié de l’emploi ;
  • la création d’emplois se fait surtout dans les PME de moins de vingt salariés. Il semble qu’en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, les créations d’emplois soient moins nombreuses au-delà du seuil de vingt salariés où elles sont le fait d’un nombre restreint d’entreprises ;
  • les PME emploient généralement plus de femmes. Ainsi aux Pays-Bas par exemple, 37 % des salariés des PME sont des femmes, contre 26 % pour les grandes entreprises ;
  • l’emploi dans les PME est généralement moins stable, de moins bonne qualité [24] et moins bien rémunéré que dans les autres entreprises. En France par exemple, les salaires des travailleurs des grandes entreprises sont parfois de 60 % supérieurs à ceux des salariés des PME. La qualité et la rémunération inférieure des emplois dans les PME doivent être mises en relation avec un niveau élevé de sous-traitance et le recours constant à des contrats d’emplois flexibles ;
  • paradoxalement, le niveau de qualification des employés dans les PME semble être supérieur à celui qu’on rencontre ailleurs, et notamment dans le secteur manufacturier. En Allemagne, 76 % des travailleurs manuels masculins des PME sont répertoriés comme “qualifiés”, contre 60 % seulement dans les grandes entreprises.

La nature des emplois

95Les mutations sectorielles dans la Communauté (notamment le développement des services) et le développement des PME s’accompagnent de mutations au niveau des formes d’emplois. Comme aux Etats-Unis, le débat porte de plus en plus sur le rapport entre le développement de l’emploi et la qualité des emplois. Si le mouvement de transferts d’activités des secteurs industriels aux secteurs des services et la prolifération de nouvelles formes d’emploi augmentent la marge de manœuvre des entreprises, le prix n’est-il pas une certaine précarité des nouveaux emplois ? La réponse à cette question n’est pas simple, dans la mesure où il n’existe pas de mesure précise de la “qualité d’un emploi”. On peut néanmoins, en se basant sur certains indicateurs (type de contrat, satisfaction du travailleur, rémunération, qualification requise, …), tenter de comprendre la réalité de ces nouvelles formes d’emploi. Nous allons examiner différents types de contrats d’emplois, dont certains ont connu un développement important depuis quelques années : emploi à temps partiel, emploi temporaire, emploi non salarié.

Le travail à temps partiel

96La proportion du travail à temps partiel dans l’emploi total est variable au sein de la Communauté. En 1987 on constatait que cette proportion :

  • oscillait entre 10 et 30 % pour les Pays-Bas, Danemark, Royaume-Uni, Allemagne et France (plus de 20 % pour les trois premiers) ;
  • représentait moins de 10 % en Belgique, Irlande, Luxembourg, Portugal, Espagne, Italie et Grèce.

97Le travail à temps partiel est surtout féminin :

  • aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et au Danemark, plus de 50 % de femmes exerçant une activité travaillent à temps partiel, alors que pour les hommes la proportion est inférieure à 20 % (inférieure à 10 % au Danemark et au Royaume-Uni) ;
  • en Belgique, en Allemagne et en France, le pourcentage des femmes travaillant à temps partiel est supérieur à 20 %. Il tourne autour de 10 % dans les six pays restants. Le taux de travail à temps partiel des hommes ne dépasse cependant en aucun cas 10 %. Il est même souvent inférieur à 5 % ;
  • en France et au Royaume-Uni, l’emploi à temps partiel des femmes a sensiblement augmenté. Le travail à temps partiel est surtout présent dans les services. La plus grande proportion de l’emploi total occupée dans les services à temps partiel se trouve aux Pays-Bas, au Danemark et au Royaume-Uni.

98Le choix du contrat de travail à temps partiel par le travailleur ne semble pas toujours être spontané. En effet, une enquête menée par la Commission des Communautés Européennes révèle que bon nombre de travailleurs à temps partiel cherchaient, mais n’ont pas trouvé, un emploi à temps complet satisfaisant. Enfin, le faible pourcentage de l’Italie s’explique par des raisons légales.

Le travail à durée déterminée

99L’importance du travail à durée déterminée est variable au sein de la Communauté. Il représente :

  • plus de 10 % des salariés dans certains pays (Portugal, Grèce, Espagne, Allemagne) ;
  • entre 5 et 10 % dans d’autres (Pays-Bas, Irlande, France, Royaume-Uni, Belgique, Italie).

100Ici encore, une bonne partie des travailleurs à durée déterminée (50 % des femmes et 70 % des hommes) cherchaient, mais n’ont pas trouvé, un travail permanent. Le travail temporaire et le travail à temps partiel sont à mettre en relation avec l’entrée d’un grand nombre de femmes sur le marché du travail.

Le travail indépendant

101L’importance du travail indépendant varie selon les secteurs d’activités et les pays. Au niveau général, on constate dans la Communauté :

  • une proportion élevée (plus de 20 % de l’emploi total) en Irlande, en Espagne, en Italie, au Portugal et en Grèce (35 %). Cette proportion peut s’expliquer en partie par l’importance de l’agriculture ;
  • une proportion faible ou moyenne (entre 10 et 15 %) au Danemark, au Luxembourg, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en France et en Belgique.

102Le secteur des services occupe le plus grand nombre d’emplois indépendants. L’augmentation de l’emploi indépendant dans les services est plus grande que dans les autres secteurs, au cours des années 1980. Les travailleurs indépendants ne représentent cependant que 14 % de l’emploi total des services. Les 20 % de travailleurs indépendants dans l’agriculture représentent quant à eux 50 % de la main-d’œuvre agricole.

103Etant donné l’importance du travail indépendant dans l’agriculture, une partie du contraste au sein de la Communauté peut s’expliquer par le caractère plus ou moins rural des pays. Cependant, on constate des différences significatives de l’importance de l’emploi indépendant dans les autres secteurs entre pays de la Communauté. Notons enfin que le développement du travail indépendant semble peu important bien que régulier.

Le travail au noir

104Les estimations publiées par la Commission des Communautés européennes permettent de classer les Etats membres en trois catégories, selon le pourcentage de leur produit intérieur brut que représente le “travail au noir” [25] :

  • moins de 5 % : Royaume-Uni, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Luxembourg ;
  • entre 5 et 10 % : Belgique, France, Irlande ;
  • plus de 10 % : Portugal, Espagne, Italie, Grèce.

105Le travail au noir répond le plus souvent à une volonté d’échapper à la fiscalité, que ce soit dans le chef des travailleurs ou dans celui des employeurs. Il existe pourtant d’autres motivations à ce type d’activité. Ainsi, dans les régions les moins développées, les habitants ne peuvent souvent survivre qu’en exerçant plusieurs emplois ; l’un d’eux relève fréquemment de l’économie informelle. En outre, pour certains chômeurs du sud de la Communauté, le travail au noir est le complément indispensable d’une protection sociale faible.

106Le travail au noir se répartit très inégalement selon les branches d’activité ; le bâtiment et le tourisme sont concernés au premier chef. L’industrie manufacturière l’est moins, sauf dans quelques sous-secteurs où la sous-traitance est importante (habillement, textile, chaussure). On note aussi un développement considérable du travail au noir dans certains segments du secteur tertiaire, aux deux extrêmes de l’échelle de qualification.

Le temps de travail

107Le nombre d’heures de travail effectif. Ce nombre varie considérablement au sein de la Communauté. Sur la base de chiffres de 1987, les Etats membres peuvent être classés comme suit :

  • moins de 35 heures : Pays-Bas ;
  • entre 35 et 40 heures : Danemark, Royaume-Uni, Belgique, France, Allemagne, Italie ;
  • plus de 40 heures : Luxembourg, Espagne, Irlande, Grèce, Portugal.

108Entre 1975 et 1987, le nombre d’heures de travail habituellement effectuées a diminué dans tous les Etats membres pour lesquels nous disposons de données. Cette réduction a toutefois été moins importante “qu’on ne l’avait imaginé” [26] et paraît encore se ralentir. C’est aux Pays-Bas que la baisse a été la plus spectaculaire au cours de cette période : plus de cinq heures de moins. Dans les autres Etats membres pour lesquels nous avons une telle information, la réduction du nombre d’heures de travail habituellement prestées s’est échelonnée entre une demi-heure (Royaume-Uni) et trois heures et demie (Belgique).

109Le décalage entre les horaires scolaires et les horaires de travail est frappant dans de nombreux Etats membres (Portugal, Grèce, Italie, Allemagne, Irlande, Pays-Bas, Luxembourg, Espagne). Ce décalage ne facilite pas l’activité professionnelle des femmes surtout.

4 – Les instruments de la “cohésion” communautaire

110L’examen des données relatives au marché de l’emploi en Europe et à certains de ses déterminants met en exergue les nombreuses disparités entre les pays et entre les régions dans la manière dont se distribuent l’emploi et le chômage. Par ailleurs, le marché du travail est un facteur qui oriente nombre des politiques sociales menées par les Etats membres de la Communauté européenne.

111Les problématiques de l’emploi et du chômage sont en effet essentiellement du ressort des Etats nationaux. Toutefois, la Communauté peut intervenir d’une part indirectement à travers sa politique économique et sociale générale et par la mise en œuvre de fonds structurels, et d’autre part spécifiquement au moyen d’actions diversifiées.

112Au terme de cette analyse, l’attention est portée sur les moyens mis en œuvre au niveau communautaire pour tenter de réduire les disparités et pour tendre vers l’objectif défini au niveau communautaire, à savoir la “cohérence” entre les parties constitutives de la Communauté européenne.

Un cadre éclaté

113Les disparités et les déséquilibres relevés ont pour cadre des systèmes législatifs et de relations collectives du travail caractérisés également par une grande diversité. Les tableaux 1 et 2 en présentent quelques indicateurs pour les douze Etats membres.

Tableau 1

La diversité des systèmes de régulation sociale dans la Communauté européenne

Tableau 1
Pays Séparation loi/ convention, intervention de l’Etat Coordination entre les niveaux de conventions Niveau conventionnel dominant Belgique Imbrication étroite entre loi et convention : présence de l’Etat en fonction des problèmes L’interprofessionnel offre une base minimale : avantages supplémentaires accordés par entreprise ou au niveau du secteur Interprofessionnel et branches Danemark Autonomie des partenaires sociaux, mais présence importante dans la politique des revenus L’accord interprofessionnel encadre des accords sectoriels Branche Allemagne Loi de soutien à la négociation : principe de l’abstensionnisme de l’Etat Coordination accrue entre les accords sectoriels et d’entreprise Branche Grèce Partenaires sociaux très liés aux parties : presque exclusivité de la réglementation étatique Branche Espagne Autonomie des partenaires sociaux, participation de l’Etat aux accords tripartites Emboîtement : l’accord interprofessionnel encadre l’accord sectoriel qui encadre l’accord entreprise Branche France Importance de la loi ; système centralisé ; autonomie croissante des partenaires sociaux (lois Auroux) Tentative de répartition stricte entre les niveaux (par les lois Auroux) Branche Irlande Principe de non-intervention de l’Etat, mais présence croissante L’accord interprofessionnel encadre l’accord sectoriel complété par un accord d’entreprise Branche Italie Loi de soutien à la négociation ; récemment, diminution de la présence de l’Etat Effort vers une complémentarité stricte entre accords sectoriels et d’entreprise Branche Luxembourg Imbrication étroite entre lois et conventions Branche et entreprise Pays-Bas Imbrication lois et conventions ; récemment, diminution du rôle de l’Etat L’accord interprofessionnel encadre de moins en moins l’accord sectoriel Branche Portugal Principe d’autonomie des partenaires ; rôle de l’Etat toujours important Branche Royaume- Uni Faible importance de la loi, mais contrat individuel très développé ; abstentionnisme de l’Etat ; principe des conventions bipartites Branche et catégorie professionnelle

La diversité des systèmes de régulation sociale dans la Communauté européenne

Source : Commission des Communautés européennes, Europe sociale, numéro spécial, “La dimension sociale du marché intérieur”, Luxembourg, 1988, p.71
Tableau 2

Place respective de la loi et de la convention collective dans les différents domaines du marché du travail

Tableau 2
Durée du travail Travail à temps partiel Contrats à durée déterminée Travail interm. Salaires minimaux Indexation salaires Licen. collectifs Licen. indiv. Format. prof Belgique L CC L CC L CC L L L CC L L L L Danemark L CC L CC -- CC L L -- CC L L L L Allemagne L CC L CC L CC L L -- CC interdit L L CC L Grèce L CC L CC -- CC L L CC L L CC L Espagne L CC L CC L CC L L L -- L L L CC France L CC L CC L CC L L CC L -- L CC L L CC Irlande L CC L CC -- CC L L L CC -- L L L CC Italie L CC L CCL CC L CC interdit C--  L CC L L CCL CC Luxembourg L CC L L CC-- CC L L L L L L L Pay-Bas L CC L CC -- CC L L L -- CC L CC L L CC Portugal L CC L CC L L L L -- L L L Royaume-Uni L CC -- CC -- CC -- -- L CC -- L L L CC

Place respective de la loi et de la convention collective dans les différents domaines du marché du travail

NB : Chaque case indique si la matière est réglée par la loi : L. ou par convention collective : CC. ou n’est pas réglée par L/CC : -- dans le pays concerné.
Source : Commission des Communautés européennes, Europe sociale, numéro spécial, “La dimension sociale du marché intérieur”, Luxembourg, 1988, p.72.

114L’interaction entre les pouvoirs publics et les acteurs de la négociation collective (c’est-à-dire les interlocuteurs sociaux) varie fortement selon les Etats. Dans certains pays (France, Grèce, Italie, Pays-Bas) les pouvoirs publics interviennent de manière normative, par l’intermédiaire de législations, et imposent éventuellement la tenue de négociations aux interlocuteurs sociaux. Dans d’autres Etats (Royaume-Uni, Danemark, Irlande, Allemagne), la négociation de conventions volontaires au niveau des secteurs d’activité ou des entreprises, est dominante. Entre ces deux modèles, on rencontre des pays (Belgique, Luxembourg, Portugal, Espagne) où l’Etat intervient comme médiateur entre les interlocuteurs sociaux afin de favoriser l’émergence de consensus et de compromis.

115Les évolutions récentes semblent aller dans diverses directions. Au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et au Portugal, on observe un désengagement de l’intervention publique dans le processus de concertation sociale. Au Danemark, au Royaume-Uni, en France, aux Pays-Bas et en Allemagne, les organisations syndicales connaissent une perte de vitesse, voire une crise de légitimité. D’une manière générale, on assiste à un déplacement du cadre des négociations vers l’entreprise lié à la transformation des rapports de forces ainsi qu’à la nécessité de faire face aux impératifs de restructuration et de modernisation imposés aux entreprises dans le contexte économique international et pour lesquels les décisions sont prises à un niveau supérieur à celui de l’entreprise.

Les acteurs et les niveaux des relations collectives

116Les acteurs de la négociation collective sont les employeurs (individuels ou association) et les syndicats ; dans certains pays, ceux-ci doivent remplir certaines conditions (nombre d’affiliés, reconnaissance de leur représentativité au niveau sectoriel ou interprofessionnel, par exemple) pour être habilités à conclure des conventions collectives.

117Le taux de syndicalisation varie selon les Etats. En Belgique et au Danemark, il est élevé, tandis qu’il est particulièrement faible en Grèce, en France, au Portugal et en Espagne. Dans les six autres Etats de la Communauté, le taux de syndicalisation tourne autour de 50 %. Il est toutefois à noter que les sources ne coïncident pas en la matière : les taux nationaux d’affiliation à une organisation syndicale varient selon les auteurs consultés qui utilisent des méthodes de calcul différentes [27]. En général, le nombre des affiliés a diminué au cours des années 1980 dans la plupart des pays et plus encore là où le taux était déjà faible.

118L’organisation des syndicats diffère également : au Danemark et en Allemagne, une grande organisation horizontale couvre l’ensemble des secteurs économiques ; aux Pays-Bas, au Luxembourg, en France, en Italie, en Belgique, en Espagne, en Grèce et au Portugal, deux ou plusieurs organisations sont en concurrence mais agissent en commun ; au Royaume-Uni et en Irlande, il existe une organisation centrale, mais son influence est limitée dans le contexte de la négociation. Dans certains pays, on a affaire à un syndicalisme d’industrie, tandis que dans d’autres il s’agit d’un syndicalisme de métier.

119Les fédérations d’employeurs sont organisées de manière à pouvoir discuter avec les syndicats à tous les niveaux de concertation et de négociation. On rencontre parfois une distinction entre les organisations compétentes pour les petites et moyennes entreprises et les autres, ou un clivage politique ou idéologique (qui peut toutefois disparaître lors de négociations).

120Les relations collectives forment un paysage contrasté dans la Communauté. En fonction de l’histoire et des traditions, des rapports de force, de l’intervention des pouvoirs publics, etc., des modèles différents se sont développés. En règle générale, il n’y a pas d’obligation de négocier ; il ne s’agit pas d’un droit non plus. De l’état du rapport de forces, et en particulier de la force des syndicats, dépend le plus souvent la négociation collective. Toutefois, en France, au Luxembourg, au Portugal et en Espagne il y a obligation légale de négocier, mais pas de conclure un accord. Dans certains pays (Danemark, Allemagne, Grèce, Pays-Bas), les négociations se font essentiellement au niveau de l’industrie, du secteur ; dans d’autres (Royaume-Uni, Irlande), la négociation s’effectue au niveau de l’usine ou de l’entreprise ; elles peuvent également avoir lieu à différents niveaux, voire à plusieurs à la fois (c’est le cas au Luxembourg et au Portugal).

La convention collective, source de droit

121Les questions sur lesquelles les conventions collectives peuvent porter sont - en principe - illimitées. Les parties décident entre elles du contenu qu’elles veulent y inclure. Celui-ci se répartit entre :

  • des dispositions normatives individuelles (conditions de travail, salaires, heures supplémentaires, avantages extra-salariaux, classifications des emplois, formation, etc.) ;
  • des dispositions obligatoires collectives (information, consultation et participation des travailleurs, règles de procédures, etc.).

122L’obligation de paix sociale (engagement à s’abstenir de recourir à des moyens de pression visant à modifier le contenu de la convention ou à mettre en cause son existence) est souvent incluse dans les conventions collectives. Elle est reconnue dans la plupart des Etats ; on la retrouve dans la majorité des conventions en Irlande, avec des spécificités en France et en Italie tandis qu’il n’y a pas de telle obligation au Royaume-Uni.

123La partie normative d’une convention est considérée, dans la plupart des pays, comme obligatoire. Les modalités par lesquelles elle est rendue obligatoire varient toutefois selon les pays. La convention fixe les conditions de travail minimales que des conventions conclues à des niveaux inférieurs (entreprise, par exemple) ou le contrat de travail peuvent rendre plus favorables. Il n’y a qu’au Royaume-Uni que les conventions collectives ne sont pas juridiquement obligatoires, sauf si les interlocuteurs sociaux incluent explicitement une disposition les rendant obligatoires.

124La partie normative d’une convention peut être étendue (déclaration erga omnes) par une procédure qui la rend applicable à tous les employeurs et tous les travailleurs. Moyennant des modalités diverses, cette possibilité existe dans tous les Etats à l’exception du Royaume-Uni, de l’Italie et du Danemark.

Les politiques communautaires

125La Communauté européenne est confrontée à des déséquilibres importants entre les pays et à des disparités régionales à l’intérieur des pays. Ces disparités nationales et régionales s’expliquent en grande partie par les rythmes inégaux de la croissance économique : les régions les plus défavorisées sont en général celles qui disposent d’une infrastructure industrielle désuète ou qui connaissent un déclin démographique important.

Interventions financières et programmes communautaires

126La Communauté européenne intervient sous diverses formes afin de soutenir les efforts des Etats membres en vue de réaliser la “cohésion économique et sociale” en Europe :

  • transferts budgétaires du niveau national au niveau régional afin de soutenir les revenus et d’élever la demande dans les régions pauvres ;
  • subventions ou allégements fiscaux aux entreprises de certaines régions défavorisées, pour réduire les coûts de production ;
  • délocalisations de services publics et d’administrations vers les régions défavorisées pour donner directement des emplois et des revenus supplémentaires aux habitants ;
  • investissements en infrastructure, en formation, etc.

127Comme l’efficience à long terme des deux premières mesures a été mise en doute et que l’utilisation de la troisième est limitée, notamment en raison de privatisations, l’action de la Communauté européenne a tendance à se concentrer sur le quatrième type de mesures.

128Dès sa création quasiment, la Communauté européenne a octroyé des moyens au réajustement structurel de l’économie et à la résolution des problèmes sociaux [28]. Les instruments structurels mis en place interviennent “en faveur d’actions ou de projets réalisés à l’intérieur de la Communauté répondant à des objectifs d’intérêt commun : développement économique des régions, promotion de l’emploi, protection de l’environnement, économies d’énergie et énergies nouvelles, infrastructures de liaison, adaptation des secteurs d’activité, etc.” [29].

129Des subventions sont accordées par trois fonds structurels :

  • le Fonds social européen-FSE, dont l’objet est de promouvoir des possibilités d’emploi pour les travailleurs, a été constitué en 1960 (ECU 3,5 milliards en 1989). Il intervient dans le financement de projets de formation professionnelle et éventuellement d’orientation professionnelle ainsi que dans la subvention à l’embauche dans des emplois stables nouvellement créés et à la création d’activités de travailleurs indépendants. Le FSE contribue, pour 5 % au maximum de sa dotation, au financement d’actions “à caractère novateur” dans le domaine de la formation professionnelle, de mesures d’accompagnement, de mesures destinées, dans le cadre du dialogue social, au personnel des entreprises de deux ou plusieurs Etats membres ainsi que d’orientations et de conseils pour la réinsertion de chômeurs de longue durée ;
  • la section orientation du Fonds européen d’orientation et de garantie agricoles-FEOGA, créée en 1962 en vue d’accélérer l’adaptation des structures agricoles ainsi que de contribuer au développement des zones rurales (ECU 1,5 milliard en 1989) ;
  • le Fonds européen de développement régional-FEDER, créé en 1975 en vue de contribuer à la réduction des déséquilibres régionaux dans la Communauté, vise à renforcer le potentiel économique des régions et à apporter un soutien à l’ajustement structurel, à la croissance et à la création d’emplois permanents (ECU 4,5 milliards en 1989).

130D’autre part, des prêts peuvent être accordés par la Banque européenne d’investissement-BEI, le Nouvel instrument communautaire-NlC, la Communauté européenne du charbon et de l’acier-CECA et la Communauté européenne de l’énergie atomique-Euratom.

131La réforme des fonds structurels, décidée en février 1988 par les chefs d’Etats et de gouvernement réunis en Conseil européen, devrait permettre une lutte plus efficace contre les inégalités régionales. Cette réforme s’est fixé cinq objectifs dont la réalisation a été répartie entre les trois fonds structurels :

  • la promotion du développement des régions les moins développées (FEDER et FEOGA) ;
  • l’aide au réajustement des régions en déclin (FEDER) ;
  • la lutte contre le chômage de longue durée (FSE) ;
  • l’aide à l’insertion des jeunes dans l’emploi (FSE) ;
  • l’accélération de l’ajustement des régions agricoles (FEOGA) et la promotion du développement rural (FEDER, FEOGA et FSE).

132Les dépenses des fonds structurels devraient doubler en termes réels entre 1988 et 1993 et passer de ECU 7,2 milliards pour le budget de 1988 à ECU 14 milliards (à prix constants) en 1993. Plus de 60 % de ces dépenses seront consacrées à l’aide aux régions moins développées dans les pays les moins avancés. Parallèlement, on insiste sur l’importance d’une coopération plus étroite avec les autorités nationales, régionales et locales, ainsi que sur l’adoption de programmes pluriannuels. Ces programmes seront suivis et évalués afin d’adapter, si nécessaire, leurs orientations. La mise en œuvre de la réforme conduit à accroître les dotations aux régions en retard de développement ou faisant face à un déclin industriel, à la lutte contre le chômage (surtout de longue durée) et à l’insertion professionnelle des jeunes.

133Par ailleurs, le Traité de Maastricht a modifié l’article 123 et charge le Fonds social européen d’une nouvelle mission : outre “la promotion des facilités d’emploi et la mobilité géographique et professionnelle des travailleurs, le Fonds social européen (FSE) se voit assigner explicitement la mission de faciliter l’adaptation aux mutations industrielles et à l’évolution des systèmes de production, notamment par la formation et la reconversion professionnelles”.

134A l’issue du Sommet de Maastricht de décembre 1991, qui a donné une importance accrue à l’objectif de renforcement de la “cohésion” économique et sociale, certains membres de la Commission se sont prononcés en faveur d’un nouvel accroissement des fonds structurels. Si les propositions émises par la Commission à propos du financement des fonds structurels sont suivies, leur dotation serait portée à 26,8 milliards d’écus en 1997.

135En outre, plusieurs programmes d’action ont été créés parmi lesquels certains concernent directement l’emploi comme :

  • le programme LEDA de recherche et d’action sur le développement de l’emploi local qui vise à aider des régions ou des localités ainsi qu’à tirer des enseignements de projets innovateurs en vue de les diffuser plus largement. Le programme “n’assure aucun financement, mais appuie des projets pilotes, tire les leçons qui s’imposent des expériences locales, fournit une aide technique et réunit les participants des différentes régions du programme LEDA afin de procéder à un échange d’expériences et de savoir-faire” [30] ;
  • le programme ERGO qui vise d’abord la recherche d’informations sur les projets destinés aux chômeurs de longue durée. Il “agit également comme catalyseur et soutient des projets en favorisant des échanges et en encourageant l’adoption de méthodes concrètes de suivi et d’évaluation” [31]. Le Fonds social européen apporte un soutien financier aux projets et programmes ;
  • le programme SPEC, lancé par la Commission afin d’apporter une assistance technique et financière à un certain nombre de projets novateurs de création d’emploi ;
  • IRIS, programme visant à accroître l’offre de formation de qualité pour les femmes, a réaliser l’échange d’informations et le développement de la coopération, à évaluer et à amplifier les programmes de formation adaptés aux besoins des femmes, à renforcer l’implication des employeurs et des syndicats ouvriers dans les programmes de formation professionnelle des femmes.

136Différents systèmes d’échange d’information (Misep, Elise, Eurydice, Sedoc) sont en outre développés au niveau communautaire. Leur but est de diffuser des informations entre les Etats membres sur les pratiques de chacun qui peuvent être transposées ailleurs et sur celles qui peuvent bénéficier d’une coordination de l’information.

137Dans le domaine des politiques régionales, des programmes existent qui ont également des répercussions dans le domaine de l’emploi. Ceux-ci visent à “apporter une solution à quelques-uns des problèmes les plus aigus des régions et des secteurs industriels en déclin” [32]. Ainsi en va-t-il des programmes Résider qui vise la reconversion des régions affectées par la restructuration de l’industrie sidérurgique, Renaval qui poursuit le même objectif pour les régions de chantiers navals et Rechar dont l’activité s’étend aux régions minières.

Législation et charte sociale communautaires

138Fréquemment, les aspects sociaux ont été présentés comme laissés pour compte dans le processus d’achèvement du marché intérieur. En 1989, le Comité économique et social a rendu un avis et le Parlement européen a adopté une résolution sur la dimension sociale du marché intérieur tandis que la Commission, se référant à ceux-ci, a présenté un projet de Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux des travailleurs [33]. Il s’agit à la fois d’une déclaration solennelle de la part des gouvernements des Etats membres et d’une base pour le développement futur d’initiatives et d’engagements politiques à tous les niveaux dans le domaine social et de l’emploi. Adoptée le 9 décembre 1989 par les chefs d’Etat et de gouvernement de onze Etats membres, la charte “réaffirme le caractère fondamental dans la construction communautaire du lien entre progrès économique, création d’emploi et organisation du travail”.

139La mise en œuvre de la Charte, et plus largement la poursuite d’objectifs sociaux sur le plan communautaire, passent notamment par l’adoption de propositions législatives dont l’initiative émane de la Commission. Dans le domaine social, certains aspects de la législation communautaire ont des liens avec l’emploi. Ainsi en va-t-il de la mise en pratique du principe de la libre circulation des travailleurs, de la sécurité sociale des travailleurs migrants, de l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes, de la santé et de la sécurité sur les lieux de travail, du droit du travail, des contrats et relations de travail autres qu’à temps plein et à durée déterminée, de l’aménagement du temps de travail, etc.

“Cohésion économique et sociale”

140L’adoption de l’Acte unique, en février 1986, a élargi le champ d’action de la Communauté européenne et a fixé de nouveaux objectifs en vue de promouvoir “la cohésion économique et sociale”. L’article 130A spécifie : “Afin de promouvoir un développement harmonieux de l’ensemble de la Communauté, celle-ci développe et poursuit son action tendant au renforcement de sa cohésion économique et sociale. En particulier, la Communauté vise à réduire l’écart entre les diverses régions et le retard des régions les moins favorisées”. La mise en œuvre du Traité de Maastricht donnera aussi une nouvelle impulsion à la politique de “cohésion économique et sociale” : non seulement cet objectif doit être pris en considération dans l’ensemble des politiques communautaires, dès leur formulation, mais il devient la deuxième mission de l’Union européenne. Il suit, en ordre d’importance décroissante, la réalisation du marché intérieur et précède l’établissement d’une Union économique et monétaire. Les moyens mis à la disposition de la poursuite de cet objectif devront être accrus, les fonds structurels constituant l’un de ces moyens.

141Un Comité des régions est créé dont la compétence d’avis est très étendue. Le Parlement devra remettre un avis conforme pour ce qui a trait à la définition des missions, aux objectifs prioritaires, à l’organisation et à la coordination des fonds structurels. Par ailleurs, le Comité économique et social et le Comité des régions devront être consultés à ces sujets avant que le Conseil des ministres se prononce à l’unanimité. Le Fonds social européen voit sa mission étendue : il doit également faciliter l’adaptation aux mutations industrielles et à l’évolution des systèmes de production.

142Un Protocole sur la cohésion économique et sociale a été joint au Traité. Son objet est essentiellement de remédier aux difficultés que certains Etats rencontrent dans le financement de l’Union. Il envisage une modulation des niveaux de la participation communautaire et prévoit la création du Fonds de cohésion. Ce fonds, appelé à intervenir dans les Etats dont le produit national brut par habitant est inférieur à 90 % de la moyenne communautaire (soit l’Espagne, le Portugal, la Grèce et l’Irlande actuellement), doit être créé avant fin 1993 dans le but de soutenir des initiatives en matière de réseaux européens d’infrastructure et de transports ainsi qu’en matière d’environnement.

Les relations collectives au niveau européen

143La scène européenne est occupée par un ensemble diversifié de systèmes nationaux de régulation sociale dans lesquels la place et le fonctionnement des relations collectives sont également fort variables. Les interlocuteurs sociaux se rencontrent effectivement au sein d’instances sur le plan communautaire : Comité économique et social, Dialogue de Val Duchesse (instauré dans le cadre de l’Acte unique), Comité permanent de l’emploi, Dialogue social sectoriel principalement. Toutefois, ces formes de concertation ne disposent pas de la capacité de prendre des décisions. L’absence de compétence et de légitimité d’un niveau de pouvoir communautaire, le fait que le mandat des organisations européennes est limité à la représentation sans être étendu à la négociation et que la légitimité de ces organisations n’est pas unanimement reconnue, sont les principales raisons qui expliquent cette situation. Un autre facteur de résistance à l’instauration de régulations sociales sur le plan européen réside dans le contrôle de la réalité du droit européen (application inégale du droit social, surtout en raison du développement des petites et moyennes entreprises, dont les travailleurs ne sont par ailleurs pas représentés dans la concertation sociale européenne).

144D’aucuns considèrent que l’avènement du Grand marché risque de conduire à un accroissement de la complexité des relations industrielles dans les pays de la Communauté et non à leur homogénéisation. Dans ce contexte, ils estiment qu’il ne convient pas d’élaborer un modèle européen abstrait de relations industrielles auquel seraient tenus de se conformer les systèmes nationaux, tant leurs spécificités historiques, culturelles, sociales sont multiples.

145Sans doute conviendrait-il de tenir compte de ces diversités pour permettre l’émergence d’un dialogue social assurant une compatibilité entre les systèmes nationaux. Dans cette perspective, il s’agirait de “favoriser la recherche de convergences au sujet de quelques problématiques majeures revêtant un intérêt commun pour les différents systèmes de relations industrielles en vigueur dans les pays de la Communauté. Et c’est à partir de ces points de ralliement, que l’on peut s’efforcer de construire un projet économique et social proprement européen” [34]. Les domaines d’actions dans cette perspective sont nombreux et certaines thématiques sur lesquelles rechercher de telles convergences peuvent dès à présent être relevées : le rapport entre intérêt général (intervention des pouvoirs publics) et autonomie des interlocuteurs sociaux ; la définition de la notion de convention collective à l’échelle européenne ; l’articulation d’un niveau contractuel européen avec les niveaux déjà existants (interprofessionnel, sectoriel, entreprise) ; compatibilité entre décisions et comportement des acteurs sociaux et les objectifs majeurs de la Communauté, etc.

146Les développements récents en la matière concernent, d’une part, le niveau de l’entreprise et du groupe avec la proposition de constitution de comités d’entreprise européens et, d’autre part, les niveaux sectoriel et interprofessionnel auxquels est rendue possible la négociation de conventions collectives du travail européennes.

147Dans le cadre du programme d’action de la Charte sociale, la Commission des Communautés européennes a lancé en 1991 la proposition de créer un Comité d’entreprise européen [35]. Cette initiative a été traduite dans les termes d’une proposition de directive. Celle-ci prévoit la constitution de comités d’entreprise européens dans les entreprises ou les groupes d’entreprises de dimension communautaire employant plus de mille travailleurs et ayant une implantation dans au moins deux Etats membres de la Communauté. Elle vise à améliorer l’information et la consultation des travailleurs des sociétés qui emploient un grand nombre de personnes dans plus d’un Etat membre de la Communauté alors que les pratiques nationales de consultation et les mesures d’information ne correspondent pas à la structure complexe de ces sociétés et groupes. La proposition de directive part du principe que la direction et les représentants des travailleurs déterminent la nature et les fonctions du comité d’entreprise européen. Et s’ils n’arrivent pas à s’accorder sur ces questions, les prescriptions minimales prévues par la directive doivent s’appliquer. Celles-ci limitent la compétence du comité d’entreprise européen aux domaines concernant l’entreprise ou le groupe d’entreprises situé à l’intérieur de la Communauté. Les prescriptions minimales fixent la composition du comité à trois membres au moins et trente au plus, y compris un membre au moins de chaque Etat membre où l’entreprise emploie au moins cent travailleurs. Le comité d’entreprise doit se réunir au moins une fois par an pour être informé de l’évolution des activités du groupe ou de l’entreprise et de ses perspectives (structure du groupe ou de l’entreprise, situation économique et financière, évolution probable des activités, de la production et des ventes, situation de l’emploi, projets d’investissements). Le comité d’entreprise européen a le droit d’être informé et consulté par la direction centrale sur toute décision susceptible d’avoir des conséquences graves pour les intérêts des travailleurs de l’entreprise et, au moins une fois par an, le comité d’entreprise européen et la direction centrale doivent se réunir pour en discuter.

148Avant d’être adoptée, la proposition de directive doit être examinée par le Parlement européen, par le Comité économique et social et par le Conseil des ministres. Au Comité économique et social, les interlocuteurs sociaux ont exprimé des positions divergentes, le groupe des employeurs présentant même une déclaration de minorité. Des amendements ont été proposés par le Comité de même que par le Parlement. Celui-ci déclare toutefois approuver la proposition de directive, sous réserve des modifications qu’il a apportées. Une nouvelle mouture a été rédigée par la Commission avant d’être transmise au Conseil des ministres. Lors du Sommet de Maastricht de décembre 1991, le protocole relatif à la politique sociale et l’accord le mettant en œuvre a été approuvé par les douze Etats membres à l’exception du Royaume-Uni. Après leur ratification par les Etats membres, les onze signataires pourront prendre des décisions à la majorité qualifiée notamment en matière d’information et de consultation des travailleurs. Ceci pourrait concerner la proposition relative au comité d’entreprise européen, bien que la procédure particulière d’accord à onze puisse être source de difficultés, sa valeur juridique et son applicabilité étant diversement appréciées, entre autres.

149Par ailleurs, l’autonomie de négociation entre les interlocuteurs sociaux sur le plan européen a été reconnue par le traité de Maastricht [36]. Celui-ci intègre presque complètement l’accord conclu le 31 octobre 1991 au sein du groupe de travail “dialogue social” entre la Confédération européenne des syndicats-CES, l’Union européenne des industries et des employeurs d’Europe-UNICE et le Centre européen des entreprises publiques-CEEP. Ainsi est ouverte la possibilité de conclure des conventions collectives du travail tant au niveau sectoriel qu’interprofessionnel et de garantir leur application soit selon des procédures établies par les interlocuteurs sociaux et les Etats, soit par une décision du Conseil sur proposition de la Commission à la demande des deux interlocuteurs sociaux (employeurs et travailleurs). L’accord comporte en outre un passage relatif à la consultation des organisations représentatives par la Commission ainsi qu’au renforcement de l’association des interlocuteurs sociaux à l’initiative législative. L’accord prévoit en effet qu’“avant de proposer une initiative législative au niveau social, la Commission doit consulter les organisations représentatives des travailleurs et des employeurs sur les orientations possibles de cette initiative. Si, après cette consultation, la Commission estime opportune une initiative communautaire, elle doit consulter les organisations représentatives des travailleurs et des employeurs sur le contenu de cette initiative. Selon le cas, les partenaires sociaux communiquent ensuite un avis ou une recommandation à la Commission. Les partenaires sociaux peuvent ensuite informer la Commission de leur volonté d’arriver à un accord. (…Ils) ont neuf mois pour conclure un accord. Ce délai peut être prolongé après accord entre les partenaires sociaux”.

150Lors du sommet du dialogue social, le 3 juillet 1992, les interlocuteurs sociaux européens qui y participent (CEEP, CES, UNICE et leurs organisations membres) ont consolidé les relations professionnelles au niveau européen. Dans la déclaration conjointe qu’ils ont faite à l’issue du sommet, ils relèvent que l’accord sur la politique sociale du Traité “légitime les organisations d’employeurs et de travailleurs qui sont partenaires du dialogue social européen” et que l’accord et le protocole ouvrent désormais des possibilités en matière de “conclusion d’avis commun, de formulation de recommandations et de négociation d’accords engageant les signataires”. Ils posent la question du prolongement des accords-cadres européens dans les Etats membres et ils invitent les partenaires sociaux concernés au niveau sectoriel, s’ils l’estiment souhaitable, à développer un dialogue social à leur niveau et selon les procédures les plus appropriées. La création à cette occasion d’un Comité du dialogue social - qui remplace le groupe de pilotage et le groupe de travail ad hoc - vient renforcer l’institutionnalisation du dialogue social. Demeure toutefois en suspens la question de la représentativité des organisations qui y participent ou qui voudraient y être admises. Afin de définir des critères et de proposer la reconnaissance des organisations considérées représentativité, la Commission a lancé une enquête dans les douze pays de la Communauté. Ses résultats conduiront à une clarification des acteurs et du fonctionnement du dialogue social à l’avenir.

Annexes

1 – Liste des textes de U Commission des Communautés européennes utilisés

151Barthelemy Ph., Miguelez F., Mingione E., Pahl R., Wenig ?., Programme for research and actions on the development of the labour market - Final synthesis report - Underground economy and irregular forms of employment (travail au noir), Luxembourg, 1990, 660 p.

152Bertrand H., Modèles d’emploi européens. Etude comparative des systèmes d’emploi de six pays d’Europe, s.l., décembre 1990, 210 p.

153Commission des Communautés européennes, Europe sociale, numéro spécial, “La dimension sociale du marché intérieur”, Luxembourg, 1988, 115 p.

154Commission des Communautés européennes, Trends in non wage labour costs and their effects on employment. Final Report, Bruxelles, 1988, 233 p.

155Commission des Communautés européennes, Europe sociale, supplément 7/89, “Les aspects sociaux du marché intérieur ; volume II”, Luxembourg, 1989, 90 p.

156Commission des Communautés européennes, L’emploi en Europe 1989, Luxembourg, 1989, 176 p.

157Commission des Communautés européennes, Etude comparative des dispositions régissant les conditions de travail dans les Etats membres de la Communauté, Luxembourg, 30 juin 1989, 80 p.

158Commission des Communautés européennes, Economie européenne, n°42, “Relever les défis du début des années 90”, Luxembourg, 1989, 295 p.

159Commission des Communautés européennes, L’emploi en Europe 1990, Luxembourg, 1990, 172 p.

160Commission des Communautés européennes, L’Europe dans le mouvement démographique (mandat du 21 juin 1989), Bruxelles, juin 1990, 110 p.

161Commission des Communautés européennes, Europe sociale, supplément 3/90, “Les aspects sociaux du marché intérieur ; volume III”, Luxembourg, 1990, 69 p.

162Commission des Communautés européennes, Europe sociale, supplément 2/90, “Négociations salariales en Europe”, Luxembourg, 1990, 42 p.

163Commission des Communautés européennes, Europe sociale, 2/90, “Santé et sécurité au travail dans la Communauté européenne”, Luxembourg, 1990, 242 p.

164Commission des Communautés européennes, La protection sociale dans les Etats membres de la Communauté, Bruxelles, 1990, 199 p.

165Commission des Communautés européennes, Economie européenne, n°46, “La communauté européenne dans les années 90 : vers l’union économique et monétaire”, Luxembourg, 1990, 294 p.

166Commission des Communautés européennes, Salaires et intégration européenne, Bruxelles, 1990, 220 p.

167Commission des Communautés européennes, Rapport final du second programme européen de lutte contre la pauvreté 1985-1989, Bruxelles, 1991, 77 p.

168Commission des Communautés européennes, L’emploi en Europe 1991, Luxembourg, 1991, 168 p.

169Commission des Communautés européennes, “L’immigration de ressortissants de pays tiers dans les Etats méridionaux de la Communauté européenne”, Europe sociale, supplément 1/91, Luxembourg, 1991, 113 p.

170Commission des Communautés européennes, L’emploi en Europe 1992, Luxembourg 1992, 206 p.

171Conférence des représentants des gouvernements des Etats membres sur l’union politique, propositions de la délégation belge dans le domaine social, (1991) 13 février 1991, 7 p.

172Danthine J.-P., Bean Ch., Bernholz P., Malinvaud E., “European Labour Markets : a long run view. CEPS Macroeconomic Policy Group 1989 Annual Report”, Economie Papers, n°78, 75 p.

173Degimbe J., Dimension sociale du marché interne et subsidiarité, communication au colloque de l’Institut européen d’administration publique, Maastricht, 21-22 mars 1991, 16 p.

174Delors J., Le principe de subsidiarité. Contribution au débat, communication au colloque de l’Institut européen d’administration publique, Maastricht, 21-22 mars 1991, 16 p.

175European Federation for Economie Research, Trends and distribution of incomes - An overview, Luxembourg, 1989, 322 p.

176Eurostat, Résultats des enquêtes Force de travail

177Industrial Research and Development Advisory Committee of the Comission of the European Communities, Les déficits en qualifications en Europe. Avis de l’IRDAC, s.l., s.d., 57 p.

178Lindley R.M., New forms and new areas of employment growth. A comparative study, s.l., 1988, 79 p.

179Meulders D., Plasman R., Les femmes occupant des emplois atypiques, Commission des Communautés européennes, Direction générale Emploi, relations industrielles et affaires sociales, Bruxelles, avril 1989.

180Modigliani F., Monti M., Drèze J., Giersch H., Layard R., “Report of the CEPS Macroeconomic Policy Group : Reducing Unemployment in Europe : The Rôle of Capital Formation”, Economie Papers, n°47, 53 p.

181Observatoire européen de l’emploi, La pénurie d’informaticiens en Europe. Rapport de synthèse. Version finale, s.l., 1991, 30 p.

182Observatoire européen sur les politiques familiales nationales, Familles et politiques. Tendances et évolutions en 1988-1989. Rapport intermédiaire, Paris, 1990, 89 p.

183Système européen de documentation sur l’emploi, Skill shortages in the European Community, SYSDEM Papers : 1, s.l., s.d., 30 p. + annexes.

2 – Indicateurs clés de l’emploi dans les Etats membres, 19851

1841 Espagne : 1986

tableau im8
Unités : milliers sauf stipulation contraire Total Belgique Danemark Allemagne Grèce Espagne 1 France Population totale 9805 5064 59859 9656 37549 52930 Population en âge de travailler (15-64 ans) 6610 3358 42002 6260 24307 34825 Emploi total 3512 2539 26167 3589 10834 21297 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 53,1 75,6 62,3 57,3 44,6 61,2 Chômage total 449 215 1932 304 2925 2436 Taux de chômage (%) 11,3 7,8 6,9 7,8 21,3 10,3 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 23,6 11,5 9,8 23,9 46,5 25,8 Emploi dans l’agri. 127 170 1349 1037 1752 1734 Emploi dans l’indus. 1119 706 10728 921 3445 6871 Emploi dans les services 2266 1657 14090 1629 5619 12610 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 3,6 6,7 5,2 28,9 16,2 8,1 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 31,9 27,8 41,0 25,7 31,8 32,3 Part de l’emploi dans les services (%) 64,5 65,3 53,8 45,4 51,9 59,2
tableau im9
Hommes Population totale 4779 2501 28430 4662 18235 25556 Population en âge de travailler (15-64 ans) 3301 1689 20672 3002 11930 17088 Emploi total 2280 1400 15958 2371 7658 12439 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 69,1 82,9 77,2 79,0 64,2 72,8 Chômage total 181 95 987 142 1866 1155 Taux de chômage (%) 7,4 6,4 5,8 5,7 19,6 8,5 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 17,7 10,0 9,0 17,5 44,2 22,9 Emploi dans l’agri. 89 131 711 576 1314 1108 Emploi dans l’indus. 914 526 8114 720 2913 5167 Emploi dans les services 1278 738 7133 1074 3422 6116 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 3,9 9,4 4,5 24,3 17,2 8,9 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 40,1 37,6 50,8 30,4 38,0 41,5 Part de l’emploi dans les services (%) 56,1 52,7 44,7 45,3 44,7 49,2 Femmes Population totale 5026 2563 31429 4994 19314 27373 Population en âge de travailler (15-64 ans) 3309 1669 21330 3257 12376 17736 Emploi total 1231 1139 10209 1218 3175 8858 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 37,2 68,3 47,9 37,4 25,7 49,9 Chômage total 267 119 945 162 1059 1281 Taux de chômage (%) 17,8 9,5 8,5 11,7 25,0 12,6 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 29,8 13,2 10,7 31,7 49,6 28,8 Emploi dans l’agri. 38 39 639 461 439 626 Emploi dans l’indus. 205 180 2614 201 532 1704 Emploi dans les services 988 918 6957 555 2197 6495 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 3,1 3,4 6,3 37,8 13,8 7,1 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 16,7 15,8 25,6 16,5 16,8 19,2 Part de l’emploi dans les services (%) 80,26 80,597 68,146 45,567 69,197 73,324
tableau im10
Unités : milliers sauf stipulation contraire Total Irlande Italie Luxembourg Pays-Bas Portugal Royaume Population totale 3473 56267 356 14103 10167 55769 Population en âge de travailler (15-64 ans) 2079 38048 250 9744 6562 36706 Emploi total 1068 20591 148 5124 4225 24282 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 51,4 54,1 59,2 52,6 64,4 66,2 Chômage total 234 2093 4 601 408 3151 Taux de chômage (%) 18,0 9,2 2,6 10,5 8,8 11,5 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 25,1 31,7 6,5 17,7 20,3 18,2 Emploi dans l’agri. 176 2259 7 269 909 563 Emploi dans l’ind. 318 6906 47 1436 1431 8273 Emploi dans les services 569 11426 93 3378 1878 15040 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 16,5 11,0 4,7 5,2 21,5 2,3 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 29,8 33,5 31,8 28,0 33,9 34,1 Part de l’emploi dans les services (%) 53,3 55,5 62,8 65,9 44,4 61,9
tableau im11
Hommes Population totale 1748 27267 175 6989 4879 27176 Population en âge de travailler (15-64 ans) 1053 18601 125 4907 3152 18333 Emploi total 738 13959 97 3375 2541 14173 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 70,1 75,0 77,9 68,8 80,6 77,3 Chômage total 155 924 2 353 186 1903 Taux de chômage (%) 17,4 6,2 2,0 9,5 6,8 11,8 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 26,4 26,0 6,4 18,7 16,5 19,6 Emploi dans l’agri. 152 1496 5 215 472 438 Emploi dans l’ind. 255 5281 42 1229 1019 6327 Emploi dans les services 327 7182 50 1904 1044 7145 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 20,6 10,7 5,2 6,4 18,6 3,1 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 34,6 37,8 43,3 36,4 40,1 44,6 Part de l’emploi dans les services (%) 44,3 51,5 51,5 56,4 41,1 50,4 Femmes Population totale 1725 28999 181 7114 5288 28593 Population en âge de travailler (15-64 ans) 1026 19447 126 4837 3410 18372 Emploi total 330 6631 50 1749 1684 10110 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 32,2 34,1 39,8 36,2 49,4 55,0 Chômage total 78 1169 2 247 222 1248 Taux de chômage (%) 19,1 15,0 3,8 12,4 11,7 11,0 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 23,4 38,6 6,5 16,7 25,3 16,6 Emploi dans l’agri. 23 762 2 54 436 125 Emploi dans l’ind. 63 1625 5 206 412 1946 Emploi dans les services 242 4244 43 1473 834 7895 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 7,0 11,5 4,0 3,1 25,9 1,2 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 19,1 24,5 10,0 11,8 24,5 19,2 Part de l’emploi dans les services (%) 73,3 64,0 86,0 84,2 49,5 78,1
1. Portugal : 1986

3 – Indicateurs clés de l’emploi dans les Etats membres, 1990

tableau im12
Unités : milliers sauf stipulation contraire Total Belgique Danemark Allemagne Grèce Espagne France Population totale 9886 5112 62058 9843 38511 54287 Population en âge de travailler (15-64 ans) 6628 3445 43212 6571 25289 35733 Emploi total 3625 2656 29001 3719 12551 21874 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 54,7 77,1 67,1 56,6 49,6 61,2 Chômage total 283 242 1491 282 2439 2259 Taux de chômage (%) 7,3 8,3 4,9 7,0 16,3 9,4 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 14,5 11,5 4,6 23,2 31,8 19,8 Emploi dans l’agri. 119 147 1081 889 1496 1394 Emploi dans l’indus. 1113 725 11619 961 4204 6629 Emploi dans les services 2393 1771 16301 1867 6850 13758 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 3,3 5,5 3,7 23,9 11,9 6,4 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 30,7 27,3 40,1 25,8 33,5 30,3 Part de l’emploi dans les services (%) 66,0 66,7 56,2 50,2 54,6 62,9
tableau im13
Hommes Population totale 4814 2514 29957 4767 18635 26219 Population en âge de travailler (15-64 ans) 3314 1741 21744 3173 12421 17592 Emploi total 2267 1437 17288 2409 8553 12584 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 68,4 82,6 79,5 68,9 71,5 72,8 Chômage total 108 122 728 108 1165 973 Taux de chômage (%) 4,6 7,8 4,0 4,3 12,0 7,2 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 10,1 11,4 4,4 15,1 25,7 16,8 Emploi dans l’agri. 88 113 606 493 1091 914 Emploi dans l’ind. 897 531 8665 735 3496 4985 Emploi dans les services 1282 785 8017 1181 3965 6630 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 3,9 7,9, 3,5 20,5 12,8 7,3 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 39,6 37,0 50,1 30,5 40,9 39,6 Part de l’emploi dans les services (%) 56,6 54,6 46,4 49,0 46,4 52,7 Femmes Population totale 5072 2598 32101 5077 19875 28068 Population en âge de travailler (15-64 ans) 3314 1704 21468 3398 12868 18141 Emploi total 1358 1219 11713 1310 3998 9290 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 41,0 71,5 54,6 38,6 31,1 51,2 Chômage total 175 119 763 174 1275 1286 Taux de chômage (%) 11,4 8,9 6,1 11,7 24,2 12,2 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 19,1 11,6 4,7 32,4 39,3 23,0 Emploi dans l’agri. 31 34 475 396 405 480 Emploi dans l’ind. 216 194 2954 226 708 1644 Emploi dans les services 1111 985 8284 686 2885 7128 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 2,3 2,8 4,1 30,2 10,1 5,2 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 15,9 15,9 25,2 17,3 17,7 17,7 Part de l’emploi dans les services (%) 81,8 80,8 70,7 52,4 72,2 76,7
tableau im14
Unités : milliers sauf stipulation contraire Total Irlande Italie Luxembourg Pays-Bas Portugal Royaume-Uni Population totale 3447 56684 380 14585 10301 56560 Population en âge de travailler (15-64 ans) 2120 38643 264 10158 6781 37018 Emploi total 1135 21221 157 6236 4649 26783 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 53,5 54,9 59,6 61,4 68,6 72,4 Chômage total 186 2314 3 526 229 2008 Taux de chômage (%) 14,1 9,8 1,6 7,8 4,7 7,0 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 19,8 29,0 3,6 11,4 10,4 10,4 Emploi dans l’agri. 173 1913 6 289 840 577 Emploi dans l’ind. 325 6877 46 1625 1581 8589 Emploi dans les services 632 12431 105 4270 2215 17430 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 15,2 9,0 3,8 4,6 18,1 2,2 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 28,6 32,4 29,3 26,1 34,0 32,1 Part de l’emploi dans les services (%) 55,7 58,6 66,9 68,5 47,6 65,1
tableau im15
Hommes Population totale 1731 27493 185 7215 4924 27614 Population en âge de travailler (15-64 ans) 1079 19000 134 5122 3259 18529 Emploi total 758 13963 103 3875 2694 15206 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 70,3 73,5 77,0 75,7 82,7 82,1 Chômage total 120 960 1 235 92 1187 Taux de chômage (%) 13,7 6,4 1,1 5,7 3,3 7,2 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 21,0 23,5 0,0 10,6 7,9 11,4 Emploi dans l’agri. 155 1234 4 209 423 446 Emploi dans l’ind. 254 5191 42 1365 1078 6595 Emploi dans les services 346 7538 57 2265 1183 8038 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 20,4 8,8 3,9 5,4 15,7 2,9 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 33,5 37,2 40,8 35,2 40,0 43,4 Part de l’emploi dans les services (%) 45,6 54,0 55,3 58,5 43,9 52,9 Femmes Population totale 1716 29192 194 7370 5378 28945 Population en âge de travailler (15-64 ans) 1041 19643 130 5036 3522 18490 Emploi total 376 7259 54 2361 1955 11576 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 36,1 37,0 41,5 46,9 55,5 62,6 Chômage total 67 1354 1 291 137 821 Taux de chômage (%) 15,0 15,7 2,3 11,0 6,5 6,6 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 18,3 35,4 0,0 12,1 13,4 9,3 Emploi dans l’agri. 18 679 2 79 417 131 Emploi dans l’ind. 71 1686 5 260 503 1994 Emploi dans les services 286 4893 48 2005 1032 9392 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 4,8 9,4 3,7 3,3 21,3 1,1 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 18,9 23,2 9,3 11,0 25,7 17,2 Part de l’emploi dans les services (%) 76,1 67,4 88,9 84,9 52,8 81,1

4 – Indicateurs clés de l’emploi dans la Communauté

tableau im16
Unités : millions sauf stipulation contraire Total 1965 1975 1985 1988 1990 1991 Population totale 293,2 312,4 321,9 324,2 328,0 328,7 Population en âge de travailler (15-64 ans) 188,0 197,9 215,8 218,6 220,7 221,2 Emploi total 122,6 124,3 125,3 130,5 135,0 135,2 Rapport emploi-population en âge de travailler (%) 65,2 62,8 58,1 59,7 61,2 61,1 Chômage total 2,6 5,3 14,9 13,9 12,1 12,9 Taux de chômage (%) 2,1 4,1 10,8 9,8 8,3 8,8 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 23,1 19,6 16,6 17,5 Emploi dans l’agri. 20,1 13,9 10,4 9,4 8,6 8,4 Emploi dans l’ind. 49,5 48,3 41,1 41,5 42,9 42,3 Emploi dans les services 53,1 62,2 73,8 79,3 83,1 84,2 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 16,4 11,2 8,3 7,2 6,4 6,2 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 40,4 38,8 32,8 31,8 31,8 31,3 Part de l’emploi dans les services (%) 43,3 50,0 58,9 60,7 61,5 62,3
tableau im17
Hommes Population totale 142,3 152,0 156,5 157,9 159,8 160,3 Emploi total 83,0 81,9 78,7 80,4 82,1 81,8 Chômage total 3,3 8,0 6,8 5,7 6,3 Taux de chômage (%) 9,4 7,9 6,6 7,3 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 21,4 17,3 14,6 16,1 Emploi dans l’agri. 13,3 9,1 6,8 6,1 5,6 5,4 Emploi dans l’ind. 38,0 37,1 31,8 31,8 32,8 32,3 Emploi dans les services 31,6 35,7 40,1 42,3 43,7 44,1 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 16,0 11,1 8,6 7,6 6,8 6,5 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 45,8 45,3 40,4 39,6 39,8 39,4 Part de l’emploi dans les services (%) 38,0 43,6 51,6 52,5 53,2 53,8 Femmes Population totale 151,0 160,2 165,3 166,3 168,1 168,6 Emploi total 39,6 42,5 46,6 50,1 52,5 53,2 Chômage total 2,3 6,9 7,1 6,4 6,6 Taux de chômage (%) 12,9 12,6 10,8 11,0 Taux de chômage des jeunes (< 25 ans) (%) 25,0 22,2 18,9 19,1 Emploi dans l’agri. 6,8 4,8 3,6 3,3 3,0 2,9 Emploi dans l’ind. 11,5 11,2 9,4 9,7 10,1 10,0 Emploi dans les services 21,5 26,5 33,4 37,0 39,4 40,3 Part de l’emploi dans l’agriculture (%) 17,2 11,3 7,7 6,5 5,7 5,5 Part de l’emploi dans l’industrie (%) 29,0 26,4 20,2 19,3 19,2 18,8 Part de l’emploi dans les services (%) 54,2 62,4 71,7 73,9 74,8 75,5

Notes

  • [1]
    Les données utilisées ici proviennent des enquêtes sur les forces de travail réalisées dans les Etats membres et coordonnées par l’Office statistique des Communautés européennes-OSCE. Elles reposent donc sur les définitions communautaires. Le chômage est ainsi défini : “Les « chômeurs » sont les personnes qui, au cours de la semaine de référence, étaient sans travail et : a) recherchaient activement un travail rémunéré et étaient immédiatement disponibles, ou b) étaient sur le point de créer leur propre entreprise ou d’installer leur propre cabinet, ou c) attendaient d’être rappelées à un emploi qu’elles occupaient avant leur mise à pied, ou d) devaient exercer un nouvel emploi après la semaine de référence(Enquête sur les forces de travail, résultats 1989, p. 32).
  • [2]
    Les chiffres concernant l’ancienne Allemagne de l’Est ne sont pas encore pris en considération.
  • [3]
    Pour l’Espagne et le Portugal, faute de données disponibles pour l’année 1985, nous utilisons ici les chiffres de 1986.
  • [4]
    Cette technique consiste à considérer des enquêtes similaires réalisées à différents moments du temps sur des échantillons différents, mais comparables, comme des enquêtes répétées auprès d’un même échantillon.
  • [5]
    Il est malheureusement impossible de faire cet exercice pour l’ensemble de la Communauté, et même pour l’Europe des Dix, faute de données portant sur la situation aux Pays-Bas en 1984. La petite taille de l’échantillon nous a aussi amenés à négliger le Luxembourg.
  • [6]
    CCE, L’emploi en Europe 1990, p. 151. Les références complètes des documents publiés par la Commission des Communautés européennes se trouvent à la page 47.
  • [7]
    Ibidem, p. 152.
  • [8]
    Signalons que les documents de la Commission emploient souvent cette expression pour désigner la population âgée de plus de 14 ans.
  • [9]
    CCE, L’emploi en Europe 1992, p. 40.
  • [10]
    Les chiffres publiés par la Commission dans ce domaine varient notablement selon les documents. L’emploi total serait ainsi, en 1989, de 132,6 millions selon une source (L’emploi en Europe 1991, p. 41) et de 130.445.000 selon une autre (Enquête sur les forces de travail ; résultats 1989). On retrouve des différences semblables pour le nombre de chômeurs ou la population en âge de travailler. C’est dire que ce qui importe ici, ce sont les ordres de grandeur.
  • [11]
    Selon un document de la Commission (Europe sociale, supplément 7/89), les taux d’activité relativement bas que l’on rencontre dans la plupart des pays européens traduiraient l’existence d’un phénomène de chômage “caché”, une partie de l’offre de travail potentielle ne se présentant pas sur le marché.
  • [12]
    Les données pour le Portugal et l’Espagne datent de 1986, celles de 1985 n’étant pas disponibles.
  • [13]
    Ces chiffres datent de 1988 et sont exprimés en pourcentage des femmes âgées de 20-49 ans.
  • [14]
    Chiffre calculé avec des taux d’activité datant de 1986 pour le Portugal.
  • [15]
    Nous ne disposons pas des données relatives à l’année 1985 pour l’Espagne et le Portugal.
  • [16]
    Voir notamment, Danthine et al., European labour markets, p. 15.
  • [17]
    1986 pour l’Espagne et le Portugal.
  • [18]
    Danthine et al., op. cit., p. 14.
  • [19]
    Nous n’avons pas d’information sur la situation de tous les Etats membres à cet égard.
  • [20]
    Taux de croissance du produit national brut (hors inflation) à partir duquel il y a création de nouveaux emplois.
  • [21]
    La France est le seul pays pour lequel nous disposons de ces informations.
  • [22]
    CCE, Salaires et intégration européenne, 1990.
  • [23]
    1 Ecu = ± 42 francs belges.
  • [24]
    Pour une analyse et définition du concept “qualité de l’emploi”, voir D. Meulders et R. Plasman, Les femmes occupant des emplois atypiques, 1989.
  • [25]
    Pour une définition et une analyse du phénomène, voir CCE, Europe sociale, supplément 7/89, 1989 et CCE, L’emploi en Europe, 1989.
  • [26]
    CCE, L’emploi en Europe 1989, p. 22.
  • [27]
    H. Bertrand fait état pour l’Italie et le Royaume-Uni par exemple d’un taux de syndicalisation compris entre 40 % et 50 %, tandis que, dans le volume d’Europe sociale sur “La dimension du marche intérieur”, il est évalué entre 50 % et 60 %. Le premier annonce un taux de syndicalisation pour la France d’environ 10 % et pour l’Espagne situé entre 10 % et 15 % tandis que le second place ces deux Etats dans une fourchette allant de 15 à 30 %.
  • [28]
    Voir A. Raulier et G. Deregnaucourt, “Les politiques sociales de la Communauté européenne”, Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 1267-1268, 1990.
  • [29]
    CCE, L’emploi en Europe, 1990, p. 134. Les informations relatives aux mesures adoptées au niveau communautaire proviennent de cette source.
  • [30]
    CCE, L’emploi en Europe, 1989, p. 143.
  • [31]
    Ibidem, p. 124.
  • [32]
    CCE, dans les années 90, 1991, p. 58.
  • [33]
    Nous nous contentons de rappeler ici les principaux aspects et nous renvoyons pour une approche plus approfondie à P. Jonckheer et P. Pochet, “De la charte sociale au programme d’action de la Communauté européenne”, Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 1273-1274, 1990.
  • [34]
    “Les aspects sociaux du marché intérieur”, volume III, p. 16.
  • [35]
    “Les aspects sociaux du marché intérieur”, volume III, p. 16.
  • [36]
    A propos des nouvelles dispositions introduites par le Traité de Maastricht, voir Observatoire social européen, Analyse synoptique des traités avant et après Maastricht, février 1992.
Pierre Blaise
Pierre Desmarez
Khalid Sekkat
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L'évolution de l'emploi et du chômage est un des sujets qui préoccupent les citoyens, les interlocuteurs sociaux et les responsables politiques des Etats membres de la Communauté européenne depuis que le 'plein emploi' a cessé d'être une réalité. L'inquiétude à cet égard n'a fait que grandir avec la persistance et l'approfondissement de la crise de l'emploi. La faiblesse de la baisse du chômage qui a accompagné la nouvelle croissance de l'emploi, à la fin des années 1980, n'a que modérément rassuré. Le processus d'ouverture des frontières, entamé par le 'Livre blanc' sur l'achèvement du marché intérieur de 1985, ravive les incertitudes, en dépit des déclarations et prévisions optimistes avancées, notamment pour justifier cet achèvement. Celui-ci est en effet l'occasion de transformations du mode de fonctionnement des économies des Etats membres, dont un aspect, le marché du travail, retient ici notre attention. A la veille de cette échéance, il nous a paru opportun de tenter de synthétiser les évolutions récentes du marché du travail dans la Communauté et de discerner les tendances qui les caractérisent. Nous avons privilégié un point de vue qui met l'accent sur la diversité de l'espace européen : les Etats membres de la Communauté ne constituent pas des ensembles homogènes, même s'ils ont bien-sûr de nombreux points communs. Le chômage est notre point de départ. Il s'agit en effet là d'un problème qui a pris aujourd'hui une grande importance dans presque tous les Etats membres
Mis en ligne sur Cairn.info le 08/07/2014
https://doi.org/10.3917/cris.1377.0001
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