Chapitre
Une réédition ne va jamais sans part de nostalgie. Une nostalgie admiratrice des découvertes intellectuelles, du temps heureux des enthousiasmes et des séductions. La nostalgie d’une époque où il était permis de croire qu’un seul ouvrage pouvait tout dire et tout signifier. Bien entendu, cette nostalgie est aussi, et peut-être surtout, celle du lecteur qui se remémore plus sa condition de lecteur que sa lecture ! Mais cette nostalgie me semble plus profonde. Au début des années 1960, les villes africaines sentaient encore leur « Brazzaville noire ». La modernité décolonisatrice venait tout juste de s’installer : aucun décalage ne s’insinuait entre le lecteur, sa lecture et ce qu’il savait de l’atmosphère urbaine du continent noir. Nos sous-préfectures de l’Afrique française, occidentale ou équatoriale, voulaient vivre leur vie. Mais l’Afrique noire était proche. La ville accessible, soumise tout entière à l’oreille et à l’œil du voyageur, du chercheur, conservait une évidence à taille humaine.
Dans cette période d’optimisme historique, de libération nationale et culturelle, d’agitation politique, la théorie dynamiste de G. Balandier faisait merveille. Le sens de l’Histoire, le sens de la Vie, le sens de la Méthode scientifique ne faisaient qu’un. L’adéquation du réel et de l’idéal débouchait sur une jouissance du savoir.
Mais comment lire aujourd’hui ? Comment dire la vérité d’une lecture qui n’est plus qu’une histoire ? Une histoire éclatée, une histoire d’objets sociaux démesurés, une histoire de dépendances perverses et d’illusions perdues…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
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