Chapitre
Mes rencontres avec les villes africaines, Dakar, Conakry, Brazzaville et Léopoldville, Lagos et Ibadan, Douala, Libreville, Abidjan, et puis Saint-Louis figée dans sa gloire lointaine, m’ont conduit à une exploration nouvelle que l’ethnologue ne peut plus éluder aujourd’hui. Il y a seulement vingt ans, on pouvait encore penser que ces cités étaient un phénomène aberrant, une sorte d’élément étranger qui s’intégrait mal dans le corps de civilisations rebelles aux grandes concentrations humaines. Mais voilà que tout a changé ! Les villageois se lancent à leur conquête avec une obstination calculée qui, par étapes, les achemine vers les plus peuplées d’entre elles. En une décennie, les villes du Sénégal et celles de Côte-d’Ivoire ont doublé leur volume, et la même augmentation intervient, en sept ans seulement, dans le plus important des « centres africains » qui constituent Brazzaville. Les cités s’étendent en absorbant d’anciens terrains de culture, en digérant à la hâte les villages voisins de leurs frontières mouvantes. Les photographies aériennes témoignent de cette voracité urbaine.
La poussée progresse si vite que, dans le meilleur des cas, les quartiers indigènes donnent l’impression de villages soudain frappés de gigantisme et, le plus souvent, de campements où s’installent sans fin de nouveaux arrivants. Un urbanisme hâtif et inquiet met en place çà et là les répliques de nos banlieues pauvres à l’usage des Africains riches (p. 247-248).
Le défi étant relevé, la capitale française se trouvait à son tour bouleversée par la passion moderniste, par un besoin de grandeur que la précarité économique faisait paraître gratuit…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
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