CAIRN.INFO : Matières à réflexion

La place du crime – en « col blanc », « organisé » ou « entreprenarial » - dans la crise des subprimes est une question importante et pourtant largement méconnue, en particulier en France. Où, dans cette crise, repère-t-on la trace des actes criminels ? En fait, à tous les stades. En amont d’abord, parmi les causes du déclenchement des bulles immobilière et financière : le crime a joué un rôle de détonateur non négligeable, ainsi que nous l’avons exposé par ailleurs. Durant la crise elle-même : le crime a fonctionné tel un accélérateur, c’est-à-dire un mécanisme d’amplification. En aval enfin : d’abord, les opérations criminelles se sont multipliées pour tenter, par exemple, de masquer les pertes ; ensuite, le crime organisé a su se placer pour tirer profit des décombres.
En effet, les bouleversements engendrés par la crise des subprimes ont fait apparaître de nouvelles opportunités de profits. Les plus clairvoyants ont immédiatement posé la bonne question : qui, les cartes largement rebattues, saura ramasser la mise de l’échec des subprimes ? Certainement les acteurs légaux les plus prudents et rusés de la finance et de l’industrie. Eux seuls ? Le crime organisé ne sera-t-il pas en réalité le grand gagnant de la crise des subprimes, bénéficiant à nouveau d’un « effet d’aubaine » historique de grande ampleur ? On peut déjà légitimement le penser. Comment ? Principalement, de deux manières.
L’implosion du système financier américain a généré une crise économique ayant eu pour conséquence de mettre en grande difficulté nombre de sociétés financières et commerciales à travers le monde…

Français

Par nature opportunistes, les grandes organisations criminelles ont déjà su tirer profit de la crise des subprimes et de ses conséquences économiques. Face à des entreprises exsangues et en manque de crédits bancaires, le crime organisé joue son rôle traditionnel de shadow banking, une situation qui va encore développer sa pénétration de l’économie légale. Par ailleurs, ces organisations criminelles sauront également détourner une partie des fonds publics engagés dans le cadre des plans de relance. Sans compter d’autres conséquences plus inattendues encore...

English

Major criminal organizations, being naturally opportunist, have already taken advantage of the subprimes crisis and of its economical impacts. Facing aneamic companies having difficulties to obtain bank credit, organized crime plays its traditional shadow banking role, a situation that is about to reinforce its penetration in formal economy. Moreover, these criminal organizations will also be able to misappropriate a part of the public funds locked within the framework of pump priming measures. Not to mention more unexpected consequences...

Jean-François Gayraud
Commissaire divisionnaire de la police nationale. Dernier ouvrage paru : Showbiz, people et corruption, (Odile Jacob, 2009).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 22/10/2013
https://doi.org/10.3917/secug.011.0129
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