CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Le masque mortuaire de Napoléon par sa charge historique et émotionnelle a exercé et exerce encore une grande fascination. Sa création et la recherche de l’empreinte originale constituent un des mystères ou pseudo-mystères qui entourent la mort de l’Empereur. Cette affaire est un imbroglio où des masques très différents les uns des autres, tant par le matériau utilisé que par le visage reproduit, surgissent brusquement sur la scène médiatique napoléonienne, pour parfois disparaître tout aussi soudainement en collection privée ou en dépôt dans un musée.

2 La certitude historique ne peut s’appuyer que sur de rares témoignages très partiels, et parfois partiaux, et quelques analyses scientifiques. La reconstitution du cheminement de ces masques, potentiellement authentiques, jusqu’à nos jours repose dès lors sur des suppositions, voire des intimes convictions.

3 Depuis la parution du premier état de cette recherche en 2008 [1], la publication de nouvelles études a nécessité une remise en ordre et un approfondissement de certains sujets.

4 La présente bibliographie commentée inventorie les différentes pièces et dresse la liste des ouvrages, articles ou brochures s’y référant. Les résumés et les commentaires de l’auteur de cette étude sont entre crochets [ ].

Les masques de plâtre
Prise d’empreinte attestée le 7 mai 1821 à 16 heures par le Dr Burton.
Dans la soirée, le Dr Antommarchi (et Mme Bertrand) prit la partie centrale.
Les masques de « cire »
Pour ses partisans, le moulage a été réalisé en secret dans la nuit du 5 au 6 mai 1821 par le Dr Arnott.
Aucun document ne le certifie.
Un masque de papier mâché
Il aurait été effectué dans l’attente du plâtre.
Récit d’Antommarchi
Le masque Antommarchi-Azémar, nommé également masque de Malmaison (Musée national du château de Malmaison et de Bois-Préau)
Le masque Bertrand, dit aussi masque de Malmaison (Musée national du château de Malmaison et de Bois-Préau)
Le masque Antommarchi-Burghersh (Musée de l’Armée – Hôtel des Invalides, Paris)
Le masque du roi Joseph (Musée national du château de Malmaison et de Bois-Préau)
Le masque d’Exeter (Exeter Central Library, Grande-Bretagne)
Les masques Gilley 1 et Gilley 2 (Maison Bonaparte, Ajaccio)
Les deux masques confiés au pasteur Boys (Masque dit Boys vendu en 2013 à Londres et Masque Sankey en dépôt à la Maison française de l’Université d’Oxford)
Le masque Noverraz 1 (Musée historique de Lausanne)
Le masque Rusi (Royal United Service Museum), puis Corso (Collection privée américaine New York)
Le masque « Lebendmaske » (Rollettmuseum de Baden, Autriche)
Le masque Arnott ou Pardee (ou de Cannes) (en dépôt au musée Masséna de Nice)
Le masque Borella (collection privée, encore à Bologne ?)
Le masque de Noverraz 2 (Suisse)
Le masque de l’Hermitage (Saint-Pétersbourg)
Le masque du comte Passolini ou Pasolini (Collection privée, Italie ?)

I. Les masques de plâtre

A. Première énigme. Qui a réalisé le masque original en plâtre ? Le docteur Burton ou le docteur Antommarchi ?

© Fondation Napoléon

Récits des témoins oculaires (par date de publication)

Docteur Antommarchi

5 6 mai. [Hudson Lowe] « Vous m’avez demandé du plâtre pour prendre le masque du défunt ; un de mes chirurgiens est fort habile dans ces sortes d’opérations, il vous aidera. » Je remerciai Son Excellence ; le moulage est une chose si facile que je pouvais me passer d’aide. Mais je manquais de plâtre. Mme Bertrand n’avait reçu, malgré ses instances, qu’une espèce de chaux. Je ne savais comment faire, lorsque le docteur Burton nous indiqua un gisement où se trouvait du gypse. Le contre-amiral donna aussitôt des ordres, une chaloupe mit en mer et rapporta quelques heures après des fragments qu’on fit calciner. J’avais du plâtre, je moulai la figure et procédai à l’autopsie.

6 ANTOMMACHI (François), Mémoires du docteur F. Antommarchi, ou Les derniers momens de Napoléon, Paris, Barrois l’aîné, 1825, tome 2, pp. 156-157

Major Gideon Gorrequer

7 Lettre à sir Georges Bingham. « Diverses tentatives pour sa ressemblance (some attemps at likeness) furent faites avant et après qu’il fut habillé ; je n’en ai cependant vu aucune vraiment belle. Un masque de plâtre de Paris fut aussi pris de lui et un buste fait de ce masque, qui est maintenant dans la possession de Mme Bertrand. »

8 MAXWELL, (Herbert), ed., BINGHAM (Georges Rideout, général), HARRISON (major), GORREQUER (Gideon, colonel) « More light on Saint-Helena, from the papers of sir G. Bingham, major Harrison and colonel Gorrequer », Cornhill Magazine (London), 1901 January-February.

L’enseigne Darroch

9 7 mai, après-midi : J’y retournai encore [dans la salle mortuaire] au moment où on prenait le moulage de sa tête ; mais l’odeur était si affreuse que je ne pus rester. Le docteur Burton pratiquait l’opération avec le médecin français.

10 Lettre adressée à sa mère, publiée pour la première fois en 1904.

11 « L’enseigne Duncan Darroch », dans Napoléon prisonnier vu par les Anglais, Joseph de Mougins-Roquefort, Paris, Tallandier, 1978, pp. 402-412.

Darling, tapissier-décorateur à Sainte-Hélène

12 5 mai 1821. « En montant vers midi, j’ai rencontré M. Dutton qui m’apportait une lettre de Sr Thomas Reade qui cherchait du plâtre de Paris. Comme je savais qu’il n’y en avait pas en stock sur l’île, en ayant déjà cherché le matin et la veille, la seule chose que je pouvais proposer était de réduire en poudre quelques statuettes et d’utiliser ce matériau. Mais comme la dépense serait considérable, et que le résultat n’était pas certain, je refusai de le faire avant d’en avoir reçu l’ordre. Je continuai vers Longwood où j’appris que Sir Thomas Reade s’y trouvait et je le vis avec le Gouverneur devant New House. J’expliquai l’affaire eu Gouverneur qui me dit de faire au mieux car le plâtre était demandé par Mme Bertrand. Je repris donc mon cheval, descendis à Jamestown, achetai 150 petites statuettes et les fis réduire en poudre par mon personnel. J’avais deux Chinois en attente qui partirent à Longwood avec la poudre et moi-même je quittai Town pour Wood entre 5 et 6 heures du soir. » [Le plâtre déjà passé au four n’a donné qu’une poudre inutilisable].

13 7 mai 1821. « … pour la prise d’un moulage le 7 mai par les docteurs Burton et Antommarchi, masque qui était très beau si on considère le temps qui s’était écoulé depuis la mort et la nature grossière du matériau utilisé. Il fut empaqueté et emporté par Antommarchi dans l’intention, selon Madame Bertrand, de l’envoyer à Canova en modèle pour un buste en marbre. »

14 DARLING (Andrew) “Napoleon’s funeral: a lost record”, Member’s Bulletin of the Napoleonic Society of America (Clearwater, Florida, United States), 1995, n° 46, pp. 8-9.

15 DARLING (Andrew), MACÉ (Jacques) « Les obsèques de Napoléon : journal d’Andrew Darling, tapissier à Jamestown : publié par The Times Literacy Supplement, London, Thursday, September 30, 1915 », Revue du Souvenir napoléonien (Paris), 2003 février-mars, n° 445, pp. 46-49.

Comte Henri Gatien Bertrand

16 « 6 mai. À huit heures [du matin], on devait faire le plâtre de la figure de l’Empereur, mais on n’avait pas ce qu’il fallait. »

17 « 7 mai. À quatre heures, on a fait le plâtre de la figure de l’Empereur, qui était tout défiguré et exhalait une très mauvaise odeur. »

18 BERTRAND (Henri-Gatien – souvent écrit Henri-Gratien – comte, général) Cahiers de Sainte-Hélène : Janvier 1821 – Mai 1821. Journal du général Bertrand, Grand Maréchal du Palais, manuscrit déchiffré et annoté par Paul Fleuriot de Langle, tome : 1816-1817, Paris : Éditions Sulliver, 1951, pp. 196 et p. 199. Réédition aux éditions Robert Laffont en 1981, Napoléon à Sainte-Hélène par les quatre évangélistes, comm. de Jean Tulard.

Louis Marchand, premier valet de chambre

19 5 mai. « Dans cet état, l’Empereur avait sa figure de Consul ; la bouche légèrement contractée, donnait à sa figure un air de satisfaction, il ne paraissait pas avoir au-delà de trente ans. Le calme de cette figure laissait plutôt croire au sommeil qu’à la mort. Si dans ce moment, on eût pris son plâtre, il eût été beaucoup mieux que celui pris deux jours après, dont le caractère est vieillardé par l’affaissement des chairs qui alors étaient tendues. »

20 6 mai. « Il [Hudson Lowe] proposa au Dr Antommarchi un de ses médecins très habile à prendre des plâtres pour l’aider à prendre celui de l’Empereur ; le docteur répondit qu’il n’avait besoin que de plâtre et point d’aide pour cette opération. (…) Lorsque les médecins se retirèrent après l’autopsie, ils trouvèrent dans le salon Mme la comtesse Bertrand ; elle demanda à l’un deux s’il ne serait pas possible de se procurer du plâtre propre à pouvoir mouler la tête de l’Empereur et la conserver à sa famille et à la postérité ; le Dr Burton lui dit qu’il y avait dans l’île du gypse propre à en faire, qu’il allait en ville et s’occuperait de lui en procurer. »

21 7 mai. « Le Dr Burton s’étant procuré le plâtre nécessaire, le Dr Antommarchi aidé de lui et d’Archambault qui soutenait la tête de l’Empereur, prit en notre présence le masque dont le moulage réussit très bien. C’est la figure du moment, mais non celle de six heures après la mort qui, la barbe faite, était celle du Consul. »

22 MARCHAND (Louis-Joseph), Mémoires de Marchand : premier valet de chambre et exécuteur testamentaire de l’Empereur, publiés d’après le manuscrit original par Jean Bourguignon, Paris, Plon, 1955, tome II, p. 337 et p. 341. Rééditions aux éditions Tallandier en 1985, 1991 et 2003.

Mameluck Ali [Saint-Denis], premier chasseur

23 7 mai 1821. « Dans la matinée, Mme Bertrand ayant eu l’idée qu’il serait convenable qu’on eût l’empreinte de la figure de l’Empereur, un médecin anglais, M. Burton, était allé à la recherche de quelque pierre calcaire propre à faire du plâtre. Le médecin, étant parvenu avec quelque peine à trouver ce qu’il désirait, revint à Longwood avec un peu de mauvais plâtre qu’il avait obtenu de la cuisson. Dès que le public s’en fut allé, lui et Antommarchi se mirent à l’œuvre. Pour faciliter l’opération, on dégagea le cou de l’Empereur, en ôtant le col et la cravate et en ouvrant la chemise. De plus, on coupa les cheveux qui garnissaient encore le front et les côtés. Malgré ma mauvaise qualité du plâtre, Antommarchi et Burton réussirent fort heureusement à tirer le moule de la face et ensuite de l’autre partie de la tête. » Notes de bas de page : « Ce que je sais, c’est que le docteur, après avoir tiré une épreuve du moule de la face, a détruit celui-ci pour qu’il ne fût pas possible d’en avoir d’autres épreuves. Le moule de l’autre partie de la tête, il est présumable, a eu le même sort que celui dont nous déplorons la perte. Antommarchi a tout brisé. »

24 ALI (Louis-Etienne SAINT-DENIS, dit Mameluck Ali), Souvenirs du Mameluck Ali sur l’Empereur Napoléon, Paris, Payot, 1926, p. 289. Réédition aux éditions Arléa en 2000.

Les partisans du docteur Burton

25 Dès son retour à Londres en août 1821, le Dr Burton intente une action en justice pour obtenir une copie du masque : « Dr Burton… in order to obtain the bust, as he conceived he had a right to it, he having furnished the materials, and executed it. […] Count Bertrand had, it seems, offered a pecuniary compensation to Dr Burton for his trouble, but was rather indignantly refused by the Doctor. »

26 « Napoleon Buonaparte [Dr Burton wrote to a Count to have his promised copy of the bust] » The Times, 1821 September 7.

27 Traduction en français dans : MASSON (Frédéric), « Le cas du chirurgien Antommarchi », dans Autour de Sainte-Hélène, Première Série, Paris, Lib. Paul Ollendorff, 1909], pp. 127-170.

28 En 1949, à la suite des Cahiers de Sainte-Hélène, Paul Fleuriot de Langle publia trois lettres inédites du Dr Burton adressées à la comtesse et au comte Bertrand de mai à septembre 1821 réclamant la restitution de son ouvrage. En vain.

29 « Autour du masque mortuaire de l’Empereur. Trois lettres du docteur Francis Burton. Une réponse du Grand Maréchal. », Cahiers de Sainte-Hélène, Janvier 1821 – Mai 1821, manuscrit déchiffré et annoté par Paul Fleuriot de Langle, Paris, Sulliver, 1949, pp. 260-264.

30 Un parent du Dr Burton prend la défense de celui-ci, décédé en 1828 sans avoir obtenu gain de cause auprès des Français.

31 GRAVES (R.J., prof.) « The mask of Napoleon not made by Antommarchi (extract from a lecture by Dr Graves) », The London Medical and Surgical Journal (London), 1835 July 18, pp. 784-826.

32 Première traduction en français dans : Revue des Autographes, décembre 1886.

33 Traduction reprise par : MASSON (Frédéric), « Le cas du chirurgien Antommarchi », dans Autour de Sainte-Hélène, Première Série, Paris, Lib. Paul Ollendorff, 1909], pp. 127-170.

B. Études françaises et anglaises qui confortent la véracité des propos du Dr Burton

34 MASSON (Frédéric), « Le cas du chirurgien Antommarchi », dans Autour de Sainte-Hélène. Première série, Paris, Paul Ollendorff, 1909, pp. 127-164.

35 [Étude fouillée sur les circonstances de la prise du masque.]

36 WATSON (George Leo de St. M.) The story of Napoleon’s deathmask, told from the original documents, London, John Lane, 1915

37 [Ouvrage de référence dans cette affaire de « droit d’auteur » qui démontre que seul le Dr Burton a réalisé le masque mortuaire, avant que celui-ci soit subtilisé par Mme Bertrand au profit d’Antommarchi. L’auteur propose une filiation de ce moule de 1821 à 1914, et de ses nombreuses copies.]

38 VIVIE DE REGIE (René de) « Histoire du masque mortuaire de Napoléon », Institut Napoléon. Recueil de travaux et documents (Paris), 1943, n° 3, pp. 34-41.

39 [Jugement très sévère sur Antommarchi et « son caractère retors » et lui dénie toute intervention sur le masque.]

40 MILLIAT (Robert) « L’énigme des masques mortuaires de l’Empereur », Bulletin de l’Institut Napoléon (Paris), 1951 juillet, n° 40, pp. 3-5.

41 BEAUCOUR (Fernand) « Le masque de Napoléon et sa trouble histoire », Études napoléoniennes : Revue historique de la Société de sauvegarde du château impérial de Pont-de-Briques (Wimereux), 1997-1998, n° 35-36-37-38, pp. 531-542.

42 [À partir de la traduction de la lettre du lieutenant anglais F.C. Trench, présent à Sainte-Hélène, en 1821 et qui fut publié dans Dublin University Magazine en 1843 en faveur du Dr Burton, l’auteur relate de manière convaincante l’élimination du médecin irlandais par le clan français.]

Les défenseurs d’Antommarchi

43 MITTY, (Jean), « Le masque de l’Empereur », Le matin : derniers télégrammes de la nuit, n° 6880, 27 décembre 1902.

44 ANTOMARCHI (Baron), [Lettre de Santiago de Cuba, 23 avril 1908 en réponse à une conférence de Frédéric Masson], Le Temps, 16 juin 1908.

45 Cité dans Autour de Sainte-Hélène. Première série, Paris, Paul Ollendorff, 1909, pp. 127-128.

46 ANTOMARCHI (Pascal), Le masque mortuaire de Napoléon, les légendes, la vérité, Marseille, Société anonyme du Sémaphore de Marseille, 1938.

47 [L’auteur (descendant d’Antommarchi ?) dénie à Burton toute collaboration.]

48 VEAUCE (Eugène de) « Qui est l’auteur du masque mortuaire de Napoléon Ier ? », La Science historique (Paris), 1956, n° 9, pp. 258-267.

49 PAOLI (François, docteur) Le Dr Antommarchi, ou le secret du masque du Napoléon, Paris, Publisud, 1996.

C. Deuxième énigme. Un masque originel encore préservé ? Plusieurs masques de « première génération » ?

50 Antommarchi n’a pris que le bloc facial, c’est-à-dire l’empreinte de la bouche, du nez et des yeux. La boîte crânienne, le front, les oreilles (peu développées), le cou sont des compléments modelés après coup. Ces éléments ajoutés pour présenter un masque de façon plus réaliste seraient selon certains auteurs le travail d’un artiste anglais de passage, Rubidge, ce qui expliquerait pour certains la non-conformité de ces éléments d’après les portraits de l’empereur.

Études générales

51 VACQUIER (J.), Souvenirs de Napoléon Bonaparte classés dans l’ordre alphabétique d’après les dénominations adoptées pour la désignation. Description, origine, histoire, légende, Strasbourg, impr. de la Cie alsacienne des arts photomécaniques, 1927.

52 VACQUIER (J.), Souvenirs of Napoleon Bonaparte, Strasbourg, A. et F. Kahn, 1928.

53 JOUSSET (Jacques), STADMULLER (Franz) « Considérations sur les masques mortuaires de Napoléon Ier [introduction de Jacques Jousset, suivi du texte de l’expertise du Professeur Dr Franz Stadtmüller] », La Science historique (Paris), 1954, n. sér., n° 3, pp. 129-140.

54 [Pour le prof. Stadmüller le masque de plâtre de type Antommarchi et le masque de cire de type Arnott présentent la même ossature. L’affaissement des traits entre les deux empreintes prises à 34 heures d’intervalle serait dû à la décomposition du cadavre].

55 VEAUCE (Eugène de) « La partie périphérique du masque de l’Empereur », Bulletin de la Société des Amis du Musée de l’Armée (Paris), 1955, n° 57, pp. 28-36.

56 JOUSSET (Jacques) [Conservateur du Musée de l’Armée] « Les masques de l’Empereur », Bulletin de la Société des Amis du Musée de l’Armée (Paris), 1953, n° 56, pp. 65-76.

57 [Plaidoyer pour Antommarchi et le masque Burgesh récemment mis en dépôt au Musée de l’Armée par Jousset, conservateur aux Invalides].

58 PAOLETTI (L.-V.) « Controverses sur l’original de l’effigie mortuaire de Napoléon Ier », Tunis-Soir, 1955 janvier 4.

59 VEAUCE (Eugène de) « Controversy over his death-mask », French studies: a quarterly review (Oxford), 1957, vol. XII, p. 272.

60 JOUSSET (Jacques) « L’affaire du masque de Napoléon [compte-rendu du livre d’E. de Veauce », Revue de l’Institut Napoléon (Paris), 1957 juillet, n° 64, pp. 100-106.

61 VEAUCE (Eugène de) « Effigies napoléoniennes : un nouveau masque Antommarchi », Bulletin de la Société belge d’études napoléoniennes (Bruxelles), 1957, n° 22, pp. 29-35.

62 VEAUCE (Eugène de) « L’affaire du masque de Napoléon », Avec une introduction de Paul Fleuriot de Langle. Lyon, Impr. Bosc frères, 1957.

63 VEAUCE (Eugène de) « Napoléon post-mortem », Miroir de l’histoire (Paris), 1957, n° 87, pp. 371-379.

64 JOUSSET (Jacques) « Les masques de l’Empereur », La Science historique (Paris), 1956, n° 9, pp. 247-257.

65 VEAUCE (Eugène de), JOUSSET (Jacques) Napoléon post mortem. Deux articles sur le masque mortuaire de l’empereur, suivis d’une analyse, par Jacques Jousset, de « L’affaire du masque de napoléon ». Avec un post-scriptum et des notes, Lyon, impr. Bosc, 1958.

66 MOUSSET (Albert) « Le masque de Napoléon est-il authentique ? », [À propos du livre du baron Veauce], Le Monde, 2 janvier 1958

67 CHAPIER (Georges) « Le masque de l’Empereur », Le Tout-Lyon, 1959, n° 334, p. 5.

68 JOUSSET (Jacques) « Le masque mortuaire de Napoléon », Le Fureteur. Littéraire, historique, médical, scientifique (Paris), 1959.

69 VEAUCE (Eugène de) « Les faux masques de Napoléon », Ruban rouge, Association des membres de la Légion d’honneur décorés au Péril de leur vie (Paris), 1964, n° 21, pp. 53-60.

70 VEAUCE (Eugène de) Les masques mortuaires de Napoléon : le point de la question. Avec une introduction inédite de Paul Fleuriot de Langle. Paris, La Pensée universelle, 1971.

71 LINDEN (Louise) « Histoire des masques de l’empereur Napoléon Ier », Souvenir napoléonien (Nice, Paris), 1986, n° 346, pp. 2-9.

72 [Pour l’auteur, deux masques sont authentiques : le masque Burton-Antommarchi (masque Bertrand conservé au musée de Malmaison) en plâtre et le masque Arnott en cire, par contre le masque Sankey est un faux. Le masque Arnott pris dans la nuit du 5 au 6 mai reprend les traits non altérés de l’empereur. Le masque Burton-Antommarchi ne fut réalisé que le 7 mai alors que la chaleur avait commencé son œuvre de décomposition, ce qui expliquerait l’affaissement des chairs.]. Disponible sur : http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/Histoire_masques_Empereur_Napoleon.asp [consulté en novembre 2015]

73 « Le masque de Napoléon », Le Souvenir napoléonien (Nice, Paris), 1989 décembre, n° 368, pp. 22-23, ill.

74 BEAUCOUR (Fernand) « Le masque de Napoléon et sa trouble histoire », Études napoléoniennes : Revue historique de la Société de sauvegarde du château impérial de Pont-de-Briques (Wimereux), 1997-1998, n° 35-36-37-38, pp. 531-542.

75 BEAUCOUR (Fernand), « Masque mortuaire de Napoléon (le) », dans Dictionnaire Napoléon, sous la direction de Jean Tulard, Paris, Fayard, 1999, tome 2, pp. 285-287

76 [Relation de manière précise les faits connus relatifs au moulage du masque mortuaire, la polémique qui en a suivi et dresse une liste de masques connus.]

77 POUGETOUX (Alain), « Le masque de Napoléon : de la reloque au bibelot », Le dernier portrait, Musée d’Orsay, Paris, 5 mars – 26 mai 2002, pp. 146-157.

78 MACÉ (Jacques), « Masques mortuaires de Napoléon » dans Dictionnaire historique de Sainte-Hélène, Paris, Tallandier, 2004, p. 310-314.

79 [L’auteur fait le point sur le déroulement des faits à Longwood entre le 5 et le 7 mai en ce qui concerne la prise du masque et sur les filiations des différents masques. Il relie la polémique née dans les années 1970 à celle de la substitution présumée du corps de Napoléon.]

80 DANCOISNE-MARTINEAU (Michel), « Les masques mortuaires de l’Empereur », Revue du Souvenir napoléonien, n° 487, avril-mai-juin 2011, pp. 32-39.

81 [Synthèse sur la prise d’empreinte, le masque de Malmaison, et les « copies britanniques » : le masque Arnott, les masques Gilley, les masques Boys].

82 BENHAMOU (Albert), « Le masque mortuaire dit “Malmaison” », Site L’autre Sainte-Hélène
http://www.lautresaintehelene.com/autre-sainte-helene-articles-malmaison.html [consulté en mars 2015]

83 [Antommarchi réalisa à Londres en 1821, à la demande du grand-maréchal Bertrand deux masques à partir des pièces prises au Dr. Burton à Sainte-Hélène : une copie pour Mme Mère envoyée à Rome (resta dans la famille Bonaparte puis on en perd la trace), une copie de secours récupérée par Bertrand, donnée par sa fille au Prince Victor. Pour A. Benhamou, le masque Burghersh est frauduleux.]

Le masque Antommarchi – Azémar – Malmaison

84 Ce masque fut mis en dépôt au Musée national du château de Malmaison en 1921 par Édouard Azémar, petit neveu du docteur Antommarchi. Le masque provient de la branche sud-américaine de la famille Antommarchi. Il fut acheté par l’État français en 1944.

85 L’inventaire des affaires dressé par Antommarchi en 1834 en vue de son voyage transatlantique mentionne Une petite malle couverte en peau, contenant une boîte verte, avec un masque modèle de l’Empereur (en plâtre), ce qui correspond à la boîte renfermant ce masque, conservée également à Malmaison.

86 Selon M. Dancoisne-Martineau, le masque de Malmaison est la première épreuve positive faite à Sainte-Hélène à partir de l’empreinte de Burton, l’argile grossière employée prouve cette origine. « [Burton] se procura du sulfate de chaux troué à l’état pur à Prosperous Bay Plain, juste en face de George Island. Il le passa au four et courut à Longwood » (M. Dancoine-Martineau).

87 MASSON (Frédéric), « Le cas du chirurgien Antommarchi », dans Autour de Sainte-Hélène, Première Série, pp. 127-170, Paris, Lib. Paul Ollendorff, 1909

88 [Un seul masque authentique : le masque Bertrand. Le masque Burghersh est une copie]

89 AZEMAR (Gérard), Napoléon. Révélations sur son vrai masque mortuaire. Les causes de sa mort. Son dernier docteur, Paris, Éditions des Écrivains, 2002

90 [Écrit par un arrière-petit-neveu du docteur Antommarchi, c’est un réquisitoire contre le masque conservé aux Invalides. Selon G. Azémar, le seul et unique masque mortuaire de Napoléon est celui de son aïeul conservé au Château de Malmaison.]

91 DANCOISNE-MARTINEAU (Michel), « Les masques mortuaires de l’Empereur », Revue du Souvenir napoléonien, n° 487, avril-mai-juin 2011, pp. 32-39.

© RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau)/André Martin

Le masque Bertrand

92 Mme Hortense Brayer, fille du couple Bertrand en fit don au prince Victor. Depuis 1979, il est conservé au musée national du château de Malmaison, don du prince de Napoléon et de sa sœur, la comtesse de Witt.

93 PALLEZ (Lucien), « Le masque mortuaire de Napoléon », Le Gaulois, 12 mars 1924.

94 [Ce masque est le moule à bon creux, premier exemplaire moulé sur l’empreinte originelle dite à creux perdu, que l’on doit cassée pour obtenir des copies.]

© RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau)

Le masque Antommarchi – Burghersh – Veauce

95 Pour ses partisans, il est revendiqué comme le masque original envoyé au sculpteur Canova pour qu’il en fasse une réplique en marbre. À la mort du sculpteur à Florence, Antommarchi le donna à Lord Burghersh, ambassadeur anglais résidant dans cette ville qui l’avait aidé en 1818. Dans certaines versions, le masque aurait appartenu également à Wellington (Lord Burghesh était marié à une de ses nièces).

96 En 1915, Times Literary Supplement publie le journal inédit du tapissier Darling sur les funérailles de Napoléon à Sainte-Hélène fait état d’un masque destiné au sculpteur Canova (première et unique mention du sculpteur). Une semaine après, Lady Rose Weigall, née Burghersh, signale par un courrier dans la même revue l’existence d’un masque dans sa famille disposant d’un « certificat d’authenticité » manuscrit daté de 1907 qui le fait remonter à Canova.

97 [Darling, journal], Times Literary Supplement, September 30, 1915 (Le major M.F. Foulds posté à Sainte-Hélène avait retrouvé le manuscrit dans les archives de Jamestown. Il avait envoyé une copie à A. Chaplin à Londres, auteur en 1914 de At St-Helena who’s who.)Waigall, (lady Rose), « Letter », Times Literary Supplement, October 7, 1915

98 En 1929, une discussion ouverte paraît dans le Times :

99 The Times, 1929 October, 18 [Un masque mortuaire provenant de la collection Wellington est-il celui de Napoléon ?]

100 The Times, 1929 October 23 [Courrier d’un lecteur : masque peu ressemblant.]

101 The Times, 1929 October 28 [Courrier d’un lecteur : il existe déjà un masque dans les collections du Prince Napoléon.]

102 The Times, 1929 Novembre 22 [Courrier d’un lecteur : le vrai masque est celui de mon grand-père Lord Burghersh, par son petit-fils J.W. Weigall.]

103 The Times, 1929 Novembre 26 [Article du correspondant de Paris : un masque aux Invalides, donné par le chirurgien Larrey, un masque en possession du Prince Napoléon légué par la fille de la comtesse Bertrand, et un troisième masque qui est resté un certain temps en possession d’Antommarchi.]

104 The Times, 1929 December 13 [Courrier d’un lecteur : Précision sur la filiation du masque Burghersh.]

105 VEAUCE (Eugène de) « Le masque mortuaire de Napoléon exposé aux Invalides », Revue de la Société des Amis du Musée de l’Armée (Paris), 1968, n° 72, pp. 48-50.

106 [Selon l’auteur, ce masque est l’original parce qu’il est massif, composite et complet (la base du cou et les parties postérieures du crâne sont moulées).]

107 Ce masque fut acheté en 1951 par Eugène de Veauce par enchères (Ascot, Angleterre) aux héritiers de lord Burgersh. Il fut exposé à partir de novembre 1953 au musée de l’Armée, Invalides (Paris), puis acheté en 1989 par la Fondation Napoléon qui en fit don au musée. Le masque présente des traces de raccords ce qui amène ces partisans à le présenter comme « l’archétype », soit élaboré à partir de la partie centrale (yeux-nez-bouche) prise à Sainte-Hélène, soit entièrement reconstitué sur l’île grâce à un gisement de plâtre jugé de la même qualité que celui de Paris au lieu-dit Prosperous Valley.

© Musée de l’Armée

Le masque du roi Joseph

108 Il aurait été envoyé à Joseph Bonaparte alors en exil aux États-Unis en 1822. Est-ce un masque réalisé à Londres en août 1821 ou une copie faite quelques mois ou quelques années plus tard lors de la souscription Antommarchi ? Ce masque est conservé au musée de Malmaison.

Le masque d’Exeter

109 Sa filiation est ainsi établie : un certain John Gawler Bridge le vendit à l’antiquaire Maggs de Londres en 1911, qui le céda au collectionneur napoléonien Heber Mardon. Ce dernier en fit don en 1925 à la Bibliothèque de la Ville d’Exeter.

110 Il est présenté comme provenant du docteur Arnott, qui aurait donc rapporté de son séjour à Sainte-Hélène, un masque de cire et un masque de plâtre, don d’Antommarchi). Il a donc été moulé à Sainte-Hélène selon ses défenseurs (dont Veauce). Arnott n’a laissé aucun document sur ces masques. La provenance du plâtre, ce matériau si rare à Sainte-Hélène et nécessaire à un moulage, n’est pas précisée par les défenseurs de ce masque.

111 VEAUCE (Eugène de) « Une relique de Sainte-Hélène : le masque de la City Library d’Exeter. » Floréal An X (Paris), 1972, n° 13, pp. 4-11.

112 [Notice d’œuvre], Boney or, Napoleon through English eyes. Catalogue pf a traveling exhibition. Preparred by Devon Library Services. First shown at La Bibliothèque municipale de Caen, September-October 1985.

© Exeter City Library

Les masques Gilley 1 et Gilley 2

113 Le premier masque apparut à la fin des années 1950. Son « certificat de garantie » lui donne le colonel Gillie, officier de garde à Sainte-Hélène, comme premier propriétaire. Ce nom ne fut pas relevé dans la liste des officiers ayant séjourné sur l’île dans les années 1820.

114 Le second Gilley fit irruption en 1961. La note manuscrite accompagnant ce masque précise qu’il a été donné toujours au major Gilley mais en 1830 par le frère d’Hudson Lowe, tous deux officiers en garnison à Malte puis Gibraltar. (Les biographies officielles d’H. Lowe ne lui connaissent qu’une sœur.)Ces deux masques sont présentés comme des moulages exécutés d’après un premier positif détruit à Sainte-Hélène avant le départ du Gouverneur en juillet 1821. De même que pour le masque d’Exeter, la profusion de plâtre sur une île qui ne possède qu’un gisement de gypse de mauvaise qualité n’est pas commentée par les défenseurs de ce type de masque.

115 Les deux sont conservés à la Maison Bonaparte à Ajaccio. Gilley 1 est un don en 1991 de M. Paul Brès. Gilley 2 est un don d’Eugène de Veauce.

116 DANCOISNE-MARTINEAU (Michel), « Les masques mortuaires de l’Empereur », Revue du Souvenir napoléonien, n° 487, avril-mai-juin 2011, pp. 32-39.

117 [L’article consacre un important chapitre sur ces masques et leur histoire.]

118 Une analyse récente certifie que ces deux masques sont en plâtre de Paris, non disponible à Sainte-Hélène en 1815 :

119 LUCOTTE, Gérard, « Étude de la composition minéralogique et chimique du masque mortuaire Gilley 1 de Napoléon Ier », Revue de l’Institut Napoléon, 2013, n° 206, pp. 51-91.

120 LUCOTTE, Gérard, « Quelques remarques sur le masque mortuaire Gilley 2 », Revue de l’Institut Napoléon, 2015, n° 210, pp. 57-67, graph.

© RMN-Grand Palais (Maison Bonaparte)/ Gérard Blot

Le masque Boys et le masque Sankey

121 Les notices relatives à ces masques leur attribuent comme propriétaire le pasteur de Sainte-Hélène depuis 1811, Richard Boys (1785-1867), qui revient en Angleterre en 1829. Le peintre Joseph William Rubidge (1802-1827), arrivé sur l’île en 1820, était encore présent lors de la mort de Napoléon. Il dessina l’empereur sur son lit de mort.

122 Le masque Sankey apparaît en 1915 pour la première fois dans un article paru dans The Times. Il porte le nom d’un petit-fils du révérend Boys. Une note signée Boys et datée de 1862 accompagnait l’œuvre : This cast was taken from the face of Napoleon Buonaparte as he lay dead at Longwood, St Helena by Mr Rubidge, 7 May 1821. Boys M.A. Il est en dépôt à la Maison française de l’Université d’Oxford.

123 Selon Watson, auteur de The story of Napoleon’s death-mask, paru en 1915, Rubidge aurait aidé Antommarchi à concevoir un masque complet à partir de la partie centrale en le moulant et ajoutant un cou, des oreilles (incomplètes) et un front. Son ami, A. Chaplin, dans la seconde édition de Napoleon’s captivity on St Helena, 1815-1821, publié en 1919, accrédite cette version et intègre une notice au nom du peintre. Cependant aucune source ne confirme cette hypothèse : Rubidge est mort très jeune et n’a pas laissé de mémoires ou de lettres. Le révérend Boys n’a jamais fait de publicité autour de ses masques de son vivant.

124 Le masque Boys est cité pour la première fois le 4 décembre 1929, toujours dans The Time et en pleine discussion sur le masque Burghersh, dans un courrier signé par le Dr Léonard Boys, petit-fils du pasteur et propriétaire du masque. Il fut vendu en 2013 à Londres (170 000 livres [198 000 euros]) à un collectionneur étranger. Le ministère de la Culture bloqua le certificat d’exportation en novembre 2013, un expert estimant que ce masque faisait partie de l’histoire nationale (« it’s so closely connected with our history and national life, its departure would be a misfortune »). Cependant, aucune offre de rachat pour une institution britannique ne parvint au ministère tandis que des doutes sur l’authenticité du masque furent soulevés par un autre expert. Le certificat d’exportation fut délivré en mars 2016. (Source : www.artcouncil.org.uk.)

125 BONHAMS, Napoleon’s death mask [auction/Vente aux enchères], Wednesday 19 June 2013 at 2 pm, Knightsbridge, London.

© Bonhams

Le masque Noverraz 1

126 Jean-Abrahm Noverraz, né en Suisse, faisait partie de la domesticité à Sainte-Hélène.

127 Ce masque fut donné en 1997 au Musée historique de Lausanne par une descendante d’une possible parente de Noverraz. On ne dispose pas d’autres précisions.

© Musée cantonal d’archéologie et d’histoire, Lausanne/Photo Fibbi-Aeppli

Le masque Rusi (Royal United Service Museum) ou Corso

128 Ce masque a appartenu en 1939 à Charles Alder (et non Adler) qui prétendait l’avoir acheté à un nommé Louis-Charles de Bourbon, qui prétendait l’avoir acquis auprès du Prince d’Essling, qui a fermement démenti toute présence d’un tel masque dans ses collections.

129 M. et Mme Alder en firent don au Royal United Service Institution (RUSI) de Londres le 5 mai 1953. (Le RUSI fut fondé en 1831 par le duc de Wellington avec pour mission d’étudier la science militaire.)Il ne fut pas détourné par un conservateur en 1973 comme on peut parfois le lire, mais vendu aux enchères au début des années 1970 lorsque l’institution s’établit dans de nouveaux locaux. La fiche d’œuvre conservée au RUSI porte le A d’Auction (Enchères) mais ne donne pas de date précise pour cette vente. En 1986 la société Forman Piccadilly Limited, basée à Londres vendit ce masque ou un masque très semblable au collectionneur américain Corso. Celui-ci le revendit en 2004 (vente Christie’s, New York, 2 décembre 2004 pour un peu plus de 13 000 dollars. Christie’s se montra prudente sur la provenance du masque en vente, notant sa ressemblance avec la pièce conservée au Rusi jusque dans les années 1970.

130 Les tenants de la substitution du corps de Napoléon, dont B. Roy-Henri, se servent de la diversité des masques pour étayer leur théorie. Ainsi le masque Burghersh, aux traits différents et qui est souvent présenté comme le vrai masque de Napoléon aurait été moulé sur le visage de Cipriani, maître d’hôtel de l’Empereur, décédé en 1818. Après 1815, les Anglais auraient remplacé le corps de Napoléon par celui de Cipriani. Par contre un masque aurait bien été moulé sur le visage de Napoléon vivant : le masque Rusi ou Corso (La théorie étant un peu alambiquée, se reporter à l’article de Jacques Macé paru dans la Revue du Souvenir napoléonien, n° 445, février-mars 2003, pp. 34-45 et accessible en ligne sur napoleon.org, article qui la résume parfaitement : http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/corpsnapoleoninvalides_mace.asp.)

131 Une troisième hypothèse a été avancée : ce masque serait celui du premier fils de Napoléon, le comte Léon.

132 ROY-HENRI (Bruno) « L’affaire du masque mortuaire » dans Napoléon : l’énigme de l’exhumé de 1840, Paris, L’Archipel, 2000, pp. 69-101.

133 BOUDAIS (Pierrick), « Polémique. Le masque mortuaire de Napoléon est-il un faux ? » Site : Ouest France, editiondusoir, disponible sur : http://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/494/reader/reader.html?t=1432225270393#!preferred/1/package/494/pub/495/page/5 [consulté en novembre 2015]

134 LUCOTTE (Gérard), Communiqué, 4 juin 2015. Disponible sur : http://www.empereurperdu.com/forum/phpBB2/viewtopic.php?f=30&t=5224 [consulté en novembre 2015].

135 [Le généticien G. Lucotte a analysé deux poils retrouvés sur ce masque et conclut à la présence de l’ADN mitochondrial de Napoléon Bonaparte. Il s’appuie aussi sur une ressemblance entre les traits du masque et les traits de Napoléon décédé d’après un dessin de Marchand.]

© D.R.

Le masque du musée de Baden, près de Vienne : le « Lebendmaske » ou « Masque vivant »

136 La notice de ce masque rapporte qu’il aurait été moulé du vivant de l’Empereur pour être offert à son fils, le Roi de Rome. Antommarchi l’aurait apporté à Marie-Louise. Devenu la propriété du précepteur des enfants de l’ex-impératrice, celui-ci le donna au chirurgien Anton Rollet de Baden lors d’un séjour dans la ville thermale en 1830. Le Dr Rollet fonda par la suite le RolletMuseum avec la collection du phrénologue Dr Gall.

137 Aucune source, témoignage ou lettre ne fait état de la prise d’un masque du vivant de l’empereur lors de ces deux exils, ou d’un masque donné par Antommarchi à Marie-Louise.

138 Le masque dit « vivant » n’apparaît que tardivement dans les inventaires du musée, dans les années 1886/87 et sous le terme de « masque mortuaire ». Il présente un homme à la face large, aux traits pleins.

139 Le Rolletmuseum possède un second masque mortuaire de Napoléon de type Antommarchi (sans la médaille de la souscription) arrivé en 1907 dans les collections.

140 PILLS (Franz). « Die beiden Napoleonmasken des badner Rollett-Museums » [Les deux masques de Napoléon au Musée Rollett de Baden], Unsere Heimat (Autriche), 1981, n° 3, p). 200-207.

141 HOLLER (Gerd), « Der Wundartz Anton Rollett. Neue Badener Blätter », dans Neue Badener Blätter, 3 Jahrgang, nummer V, 1992.

142 OUVRARD (Robert), « Les maques de Napoléon au musée Rollett de Baden (Autriche) », Site : Histoire du Consulat et du Premier Empire. Disponible sur : http://www.histoire-empire.org/articles/masque/masque_baden.htm [consulté en novembre 2015]

143 « Die Gesichtmasken Napoleons I », Dr Gall’s Schädelsammlung. Katalogblätter des Rolletmuseums Baden n° 4. Baden, Rolletmuseum, 2008.

© Rollettmuseum Baden, Städtische Sammlungrn, Autriche

144 Les masques conservés en Amérique du Sud, par les héritiers du Dr Antommarchi mort à Santiago de Cuba en 1838

145 Des copies furent localisées à Bogota (Colombie), Caracas (Venezuela) ou Santiago de Cuba.

146 ROJAS (Aristide) Notice sur les objets historiques que possède Caracas [Le masque de Napoléon le grand], Paris, Impr. de Martinet, 1873.

147 DRIAULT (Édouard) « Le moulage du masque de Napoléon par Antommarchi », Revue des Études napoléoniennes (Paris), 1922 juillet-décembre, t. XIX, pp. 77-78.[Où est l’original du masque ? Dans les collections du prince Napoléon ? En Angleterre ? À Cuba, chez le général Lacret-Morlot ? Précisions sur la filiation du masque en Amérique du Sud.]

148 FERNEL (docteur) « Napoléon posthume : le masque mortuaire de Napoléon, l’exhumation de l’Empereur, un procès-verbal historique, Napoléon et la phrénologie », Revue thérapeutique des Alcaloïdes (Paris), 1925 juin, n° 42, pp. 6-15.

149 [L’original serait à Santa Fé de Bogota, chez les descendants de la veuve du frère cadet d’Antommarchi, et une copie en plâtre serait entre les mains de la famille Antommarchi en Corse.]

150 BEAUCOUR, Fernand, « Le masque de Napoléon et sa trouble histoire », Études napoléoniennes, n° 35-38, tome IV, janvier 1998.

151 [En 1870, un neveu d’Antommarchi établi en Amérique latine proposa à Napoléon III en don le masque ayant servi à la souscription de 1833. La déclaration de guerre et la chute du Second Empire ne permit pas de faire aboutir l’affaire. Ce masque était-il une copie de l’original ?]

Les masques en plâtre et en bronze de la souscription Antommarchi, 1833

152 Selon les détracteurs d’Antommarchi, sa pratique médicale lui rapportait peu. Il profita de la mort du Dr Burton en 1828 qui le libérait de la menace d’un procès pour vol et abus de confiance pour monnayer le masque.

153 POUGETOUX (Alain), « Les masques mortuaires de Napoléon », dans Le retour des cendres 1840-1990, [Catalogue de l’exposition], Napoléon. Mort et résurrection, Malmaison, 30 mai – 1er octobre 1990 ; La ferveur populaire, Musée Roybet-Fould, 10 octobre – 16 décembre 1900, Courbevoie, Musée Roybet-Fould, Ville de Courbevoie, 1990.

154 Le musée de Malmaison conserve un exemplaire en plâtre provenant de la collection d’Archambault, cocher à Sainte-Hélène. À la base du cou, une petite médaille est scellée. Le profil de l’Empereur couronné de lauriers y est gravé, avec ses mots : « Napoléon Empr. Et Roi. Souscription d’Antommarchi 1832 ». Ce masque pourrait provenir d’une première souscription destinée aux compagnons d’exil et aux fidèles de l’empereur.

155 Peut-être rassuré sur la qualité de ses reproductions et les promesses d’un succès commercial, Antommarchi lança une souscription nationale pour la duplication en série. Il diffusa par la presse l’existence du masque original :

156 Journal des artistes, n° 13, 31 mars 1833 : Le docteur Antommarchi vient de rapporter de Londres le masque en plâtre ; original et unique, qu’il a moulé lui-même à Ste-Hélène sur la figure de Napoléon peu d’instants après sa mort.

157 En août 1833, des encarts dans la presse et un prospectus de 3 pages présentent la souscription :

158 La souscription était disponible chez M. Antommarchi, 8 rue Favart, chez M. Galle [marchant de bronze], 93 rue de Richelieu, chez M. Puccini [marchand de musique], 11 boulevard des Italiens, chez M. Barrois l’aîné [libraire], 15 rue des Beaux-Arts. Les tarifs étaient de 100 francs pour un exemplaire en bronze, 20 francs pour le modèle en plâtre.

159 « Plâtre ou masque de l’Empereur Napoléon, moulé à Sainte-Hélène, par le docteur Antommarchi. réf. 5116 ». In-8° d’un quart de feuille, impr. de F. Didot, à Paris, Bibliographie de la France ou, Journal général de l’imprimerie et de la librairie, XXIIe année, Paris, Chez Pillet aîné, 1833.

160 Ce rare prospectus fut mis en vente par la maison Osenat, en septembre 2014. Seule la première page est reproduite. Elle indique que la souscription est organisée par une commission composée de dix personnes : le maréchal Clausel (président), le général Bertrand, le duc de Padoue, le général comte de Flahaut, le prince de la Moskowa, le duc d’Elchingen, le baron de Méneval, Gaëtan Murat, le général Gourgaud et le général Dommanger.

161 Antommarchi se démena pour faire de la publicité et vanter son œuvre. Dans une lettre adressée aux journaux il annonce que la famille royale, et celle de Napoléon, viennent de souscrire pour de nombreux exemplaires du plâtre ou masque du grand homme, moulé par lui à Sainte-Hélène. Et il ajoute : Aucun défigurement, aucune altération de mort n’existent sur l’empreinte de la figure de l’empereur Napoléon, malgré les douleurs d’une longue et affreuse agonie, les magnifiques traits de cette tête illustre n’ont rien perdu de ce calme, de cette dignité, de cette expression de génie, qui , pendant tant d’années, ont commandé le respect, et l’admiration des hommes : on dirait, en le voyant, que l’empereur, ayant perdu son embonpoint, est tombé dans un profond sommeil, un léger rire sardonique couvrant ses lèvres… (« Antomarchi », L’amateur d’autographes, n° 1, 1er janvier 1862).

162 Le nombre de masques vendus est inconnu, et à ce jour, impossible à retrouver. La souscription eut cependant une certaine audience comme le montre une lettre d’Antommarchi à Lucien Bonaparte datée du 6 juin 1834 dans laquelle il fait mention de l’achat d’un masque fait par ce prince, destiné à Julie Bonaparte, épouse de Joseph. (The Christopher Forbes Collection, [catalogue de vente] Paris Fontainebleau Osenat, samedi 5 mars 2016, lot 27, p. 50]

163 Les traits un peu trop secs firent douter les contemporains qui avaient en mémoire un empereur âgé d’une quarantaine d’années lors de son exil et à la taille et à la figure empâtées. Anatole France se remémore dans Le lys rouge (1894) la défiance devant un visage qui ressemblait peu à celui des médailles et à celui que l’on prêtait aux hommes puissants : On soupçonnait cet Italien, apothicaire de comédie, bavard et affamé, de s’être moqué du monde. Les disciples du docteur Gall, dont le système était alors en faveur, tenaient le masque pour suspect ; ils n’y trouvaient pas les bosses du génie. Le front examiné d’après les théories du maître ne présentait pas dans sa conformation rien de remarquable. Les phrénologistes ou les « crânologistes » n’y retrouvaient pas la bosse du génie.

164 Soit que ce commerce rendit peu, soit qu’Antommarchi fut à court d’argent très rapidement, soit qu’il avait « la manie de la bougeotte » ou encore était-il meurtri des critiques envers son œuvre, toujours est-il qu’il migra pour les États-Unis en 1834, puis de là à Cuba où il mourut. Avant son départ, il vendit les droits totaux de reproduction aux fondeurs L. Richard et E. Quesnel de Paris, qui assuraient déjà les exemplaires en bronze. À la mort d’Antommarchi en 1836, la maison Susse frères racheta les droits de commercialisation. Selon un message publicitaire glissé dans Le Monde dramatique du 15 septembre 1839 : Le masque de Napoléon, moulé à Ste-Hélène, sur le visage de l’empereur par le docteur Antommarchi, est destiné par la modicité de son prix, à créer le cabinet de tout ce qui porte un cœur ami des arts et de la gloire de son pays. Le catalogue de cette maison, édition 1855 (disponible à la documentation du musée d’Orsay) proposait plusieurs versions : en bronze ou en stéarine (produit à base de suif), de dimension normale ou réduite, seul ou avec un coussin et une couronne de laurier.

165 Le mouleur qui avait pris l’empreinte pour la reproduction en série, nommé Massimo, écoula de son côté quelques exemplaires avec des comparses dont l’histoire a retenu les noms Mme Micheli et M. Hébert. Massimo écopa de huit mois fermes pour abus de confiance.

166 « Masque de Napoléon », Le journal des Artistes, n° 23, 28 décembre 1834.

167 Selon les fiches établies par Le Louvre, vingt-cinq épreuves en plâtre et cinq épreuves en bronze furent tirées. Il s’agit en fait uniquement de la commande du roi Louis-Philippe au nom de l’État français, ce qui explique la présence de nombreux masques dans les collections patrimoniales publiques françaises. (Disponible sur : Joconde, portail des collections des musées de France : http://www.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/pres.htm) [consulté en novembre 2015]

168 Il y eut de nombreuses reproductions dès sa parution et tout le long du XIXe siècle (particulièrement sous le Second Empire) et début du XXe siècle.

169 Pour l’Angleterre, Antommarchi avait délégué la licence des exemplaires en plâtre à la maison Colnaghi et Cie (Cokspur Street Charing Cross) qui pouvait apposer sa signature à côté de la sienne. (« Lettre d’Antommarchi du 17 juin 1834 », Chronique médicale, 1903, n° 10, pp. 191-192).

© Photographie de l’auteur
© Fondation Napoléon

170 Les masques portent la signature d’Antommarchi et une médaille au profil lauré de Napoléon.

© Photographie de l’auteur. Bronzier : L. Richard et Quesnel, 1833-1836. Susse frères à partir de 1838

171 À noter que le masque en plâtre sans coussin pouvait être fixé au mur, comme il était souvent de coutume au XIXe siècle.

172 Ce masque éveilla la suspicion des contemporains.

173 « La première chose qui frappe au premier coup d’œil jeté sur cette effigie du grand homme, c’est son peu de ressemblance avec tous les bustes, portraits et médailles que nous avons ». Gazette médicale de Paris, numéro du 12 juillet 1834

174 « It possesses little in common with those portraits on which a cold, repulsive, and morose character is too universally stamped ». The Times, 1834 May 16.

175 La phrénologie est une théorie popularisée par le docteur Gall : les bosses du crâne correspondent à des aptitudes ou des traits de caractère bien spécifiques. Le masque de Napoléon, largement diffusé, ne pouvait échapper à de telles études.

176 OMBROS (A., docteur, pseud. du Docteur Fleury-Imbert), Étude phrénologique du masque de Napoléon (Lettre à Monsieur A.D.), Lyon, Impr. G. Rossony, 1834.

177 LUCOTTE (Gérard), « Les secrets du masque mortuaire de Napoléon », Revue Napoléon, n° 19, décembre 2015, pp. 66-71.

178 À consulter également, en juillet 1834, les articles du Dr FUSTER dans Revue du Progrès social, les articles du Dr PEISSE dans le National, les articles de RICHARD (David) dans le Journal de la Société phrénologique.

II. Les masques de « cire »

A. La prise de l’empreinte par le Dr Arnott

179 Les défenseurs de ce type de masque avancent que dans la nuit du 5 au 6 mai 1821, le Dr Arnott réalisa en secret un masque avec un matériau de fortune, de la cire. Ce qui sous-entend qu’il le fit, soit sous les yeux de l’abbé Vignali et du serviteur chargés de veiller le corps de l’empereur, soit dans le secret en profitant de leur sommeil ou de leur absence concomitante.Il n’existe aucun témoignage tant français qu’anglais évoquant un tel masque.Le premier masque en cire apparut le 14 avril 1855, photographié dans Illustrated London News. Le court article qui accompagne les clichés de face it de profil ne fournit aucun renseignement sur son auteur. Il est implicitement attribué au docteur Arnott, dont il est rappelé son rôle de gardien lors de la première nuit de veille. Par contre le vendeur, un certain capitaine Winneberger de l’armée bavaroise, est bien mentionné ainsi que son adresse.

180 Le médecin mourut peu de temps après, le 6 juillet 1855. Un de ces neveux, le colonel Arnott, assura qu’il nia être l’auteur d’un tel masque. Ses propos sont rapportés dans :

181 ARNOTT (James), The House of Arnot, Edinburgh, Brown, 1918.

182 et évoqués dans :

183 WILSON (J.B.) « Dr Archibald Arnott : Surgeon to the 20th Foot and Physician to Napoleon », British Medical Journal, 1975, n° 3, pp. 293-295.

184 Il n’y a pas un seul masque de type Arnott, mais cinq recensés en Europe actuellement. Leur propriétaire les présente comme étant l’unique empreinte mortuaire de Napoléon.

185 Deux d’entre eux ont fait l’objet d’analyses (exemplaires de Nice et de Munich). Les conclusions sont identiques : ils ne sont pas en cire, mais fait de couches mêlant plâtre et toile de lin. La patine de surface est obtenue par une coloration jaunâtre relevée par une surcouche de cire. Rappelons que le plâtre ne fut livré à Longwood que le 7 juin.

186 Dès 1860, une brochure relance l’intérêt pour un masque en cire et retrace un parcours étonnant :

187 Masque de l’Empereur Napoléon Ier moulé sur nature, en cire massive, à Ste-Hélène, dans la nuit du 5 au 6 Mai, par le Dr Arnot, chirurgien du 20ème Régiment d’Infanterie anglaise, Paris, Typ. Dubois et Édouard Vert (Pathi-Belin), [1860, cachet du dépôt légal de la Bibliothèque Impériale], 1 p.

188 Sous-titre : Au Docteur Arnot fut confiée par ordre du Gouverneur de Sainte-Hélène la garde du défunt Empereur dans la nuit du 5 au 6 Mai 1821.

189 [Feuillet qui retrace l’historique du masque : il fut apporté en Angleterre et vendu dans ce pays à un agent diplomatique russe, qui le destinait à l’Empereur Alexandre Ier. Mais le tsar mourut avant le retour du diplomate qui n’eut lieu qu’en 1825. Le masque fut alors acheté par un Hollandais résidant à Saint-Pétersbourg, Veenstran Van Vlietz, qui avait une grande collection de curiosités d’art. Avec son associé Johann Zolm, il vendit le masque en 1831 à un capitaine bavarois, Pierre de Hartz, habitant Landau. Ce dernier le céda en 1833 à Bamberg, propriétaire actuel.

190 La feuille de présentation précise qu’une reproduction par photographie, confiée à un certain Henri Badié, est disponible auprès du propriétaire.]

191 Ce fascicule à visée commerciale, imprimé à Berlin, évoque un capitaine bavarois parmi les différents détenteurs supposés du masque. Ce personnage apparaît dans l’histoire de deux autres masques en cire avec un nom différent, Winneberger pour l’exemplaire Pardee et Wilneberger pour celui de Munich. Ces éléments, en sus de l’absence totale de preuves d’une prise de masque la première nuit et de la composition mixte incluant du plâtre, matériau inexistant avant le 7 mai, concordent pour suspecter une escroquerie née en Allemagne.

Le masque Arnott – Pardee

192 Les documents en sa faveur établissent des parcours mouvementés, variés et à éclipse dont on peut tenter d’en extraire une ligne directrice : il est vendu en 1822 au roi Guillaume de Wurtemberg, beau-père de Jérôme Bonaparte, par Arnott lui-même. En 1827, il devient la propriété de Jérôme Bonaparte puis de Napoléon III ou, autre variante, volé, il réapparaît à Londres en 1855 entre les mains d’un capitaine bavarois en disgrâce de l’armée, le capitaine Winneberger. Il est vendu (4 000 livres sterling) à Jérôme qui le lègue à son cousin. Il disparaît lors de la Commune en 1871. Mais un certain baron Schropp l’a sauvé des flammes. Il réapparaît en 1923 à Paris, disparaît de nouveau et devient la propriété de la famille franco-américaine Pardee en 1932. M. Alfred Pardee l’a « retrouvé » le 14 avril 1931 (sans autre précision) selon les propos de son épouse. En fait, il l’a acheté à la vente de la collection Schropp à Nice le 27 novembre 1933. En 1989, Dolly Lanz-Pardee, fille de M. et Mme Pardee, en a fait don au musée Masséna (Nice).

193 Ses apparitions dans la presse sont nombreuses :

194 ST POL (baron de) « The wax cast of the face of Napoleon. The strange history of a precious relic », McClure’s Magazine (New York), 1895 February, pp. 232-233.

195 [L’écrivain a vu ce masque dans les collections du prince Jérôme, puis aux Tuileries dans les collections de Napoléon III à partir de 1855.]

196 VIVIE DE REGIE, René, « Un masque “authentique” de Napoléon ? » [Chronique napoléonienne], Revue des études napoléoniennes. [21] Douzième année, tome XXI, juillet-décembre 1923, pp. 233-236.

197 [Un naturaliste de la rue de l’École de Médecine à Paris présente dans sa vitrine un masque de cire de Napoléon moulé par le docteur Arnot ou Arnott.]

198 DELMAISON (André), « Un nouveau masque de Napoléon fait douter de l’authenticité du moulage d’Antommarchi », Le Journal, 21 novembre 1932.

199 PARDEE (Marie Antoinette Ruelle, Mme) L’étrange histoire d’après des documents authentiques du vrai et unique masque de Napoléon le grand pris en secret à Sainte-Hélène, à l’aube du 6 Mai 1821 par le Docteur Archibald Arnott, chirurgien du 20e régiment chargé par Sir Hudson Lowe de ne pas quitter un instant l’Empereur mort, jusqu’à sa mise en bière, Cannes, Impr. de F. Robaudy, 1932. (éd. privée)

200 [En annexe : Le masque en cire de la figure de Napoléon. L’étrange histoire d’une relique précieuse, du baron de Saint Pol.] [Un seul exemplaire conservé à la BnF, au département des livres rares]

201 PARDEE (Marie Antoinette Ruelle, Mme) Autour des masques de Napoléon, pour faire suite à l’étrange histoire d’après des documents authentiques du vrai et unique masque de Napoléon le Grand puis en secret à Sainte-Hélène à l’aube du 6 mai 1821, par le Dr Archibald Arnotte, Cannes, Édition privée (Presses de F. Robaudy), 1933. (éd. privée) [L’exemplaire de la BnF a disparu depuis 1951.]

202 PARDEE (Marie Antoinette Ruelle, Mme) Le masque authentique de Napoléon, son étrange histoire de 1821 à nos jours, les possesseurs successifs de cette précieuse relique, faisant suite à « L’étrange histoire des documents authentiques du vrai et unique masque de Napoléon le Grand », édition privée, publiée en avril 1932, et « Autour des masques de Napoléon », édition privée, publiée en janvier 1933 [Cannes ?], s.n., 1933.JOUSSET (Jacques) « L’énigme du masque Arnott », Revue de la Société des Amis du Musée de l’Armée (Paris), 1957 et 1958, 1er trimestre, n° 60, pp. 45-50.

203 En 2014, les composants du masque Pardee sont analysés :

204 LUCOTTE (Gérard) « Le masque Arnott. Est-il le masque mortuaire de Napoléon ? », La Revue Napoléon, n° 12, mars 2014, pp. 76-82.

205 LUCOTTE (Gérard) « Une étude détaillée du masque Arnott », La Revue Napoléon, n° 14, septembre 2014, pp. 50-53.

206 [Le masque est constitué de couches successives : une toile de fil de lin constitue la trame recouverte d’une couche interne de plâtre collant mêlé à de la poudre fine de limaille de fer pour donner un ton rose à la cire appliquée par-dessus. Cette dernière couche extérieure fut blanchie ultérieurement à la céruse et au sulfate de baryum pour tenter d’atténuer l’effet de brunissement de la cire.

207 Les minuscules particules fines d’oxyde de fer utilisées dans la strate intermédiaire étaient connues au début du XIXe siècle mais ne furent fabriquées pour le commerce qu’à partir de la révolution industrielle (G. Lucotte ne précise pas de date). Ce qui laisse entendre que le masque fut réalisé bien après la mort de Napoléon.]

© Ville de Nice - Musée Masséna

Le masque de Munich

208 Une inscription est gravée sur la face postérieure : D. Arnot, 6 mai 1821.

209 Selon Jacques Jousset, en 1854, son propriétaire d’alors, Wilneberger (qui doit être la même personne que Winneberger du masque Pardee) voulut le vendre à Napoléon III. Le prix proposé (2 500 francs) fut jugé trop bas par le vendeur. Après la Seconde Guerre mondiale, ce masque devint la propriété d’un antiquaire de Munich. Il fut vendu à deux collectionneurs allemands, Alfred Haller et Anton Meister qui demandèrent une expertise scientifique dans les années 1950 au Professeur Stadmüller. Ce masque fut mis en vente de nouveau en 1958 à Munich et acquit par la maison d’art d’Adolf Weinmuller. Il semble que depuis cette date, ce masque n’ait pas été montré.

210 Selon Stadmuller, le masque de plâtre Burghesh et les masques de cire Pardee et de Munich sont tous authentiques, la différence des traits s’expliquant par des prises d’empreinte en deux temps. La première en cire, six heures après la mort, aurait capté des traits qu’il trouve encore fermes, alors que l’empreinte en plâtre réalisée au bout de quarante heures tandis que le corps se décomposait, a modelé un visage dont les chairs s’effondraient.]

211 Les auteurs citent une analyse effectuée en 1952 par le professeur Stois de l’École technique de Munich qui a établi que l’exemplaire bavarois est une « composition de gypse renforcé de fils de lin ». La tonalité jaune de la partie superficielle est une application très légère de couleur que recouvre encore une couche de cire.

212 JOUSSET (Jacques), STADMULLER (Franz) « Considérations sur les masques mortuaires de Napoléon Ier [introduction de Jacques Jousset, suivi du texte de l’expertise du Professeur Dr Franz Stadtmüller] », (La Science historique (Paris), 1954, n. sér., n° 3, pp. 129-140).

Le masque Borella

213 Ce masque apparaît entre les mains d’un Italien, Enrico Borella qui tenta de le vendre, en vain, au Musée de l’Armée – Invalides tout d’abord en 1938, puis sa veuve en 1953, comme l’atteste les courriers conservés dans le dossier d’œuvre du musée. Le lieu de conservation actuel est inconnu.

214 « Il vero napoleone si trova a Bologna ? », Epoca, 25 ottubre 1955, anno IV, n° 60.

© D.R.

Le masque de l’Hermitage (Saint-Pétersbourg)

215 Non recensé jusqu’en 2015, ce masque est apparu lors d’une exposition du musée de l’Hermitage Amsterdam. Selon la fiche descriptive du musée et un article paru à l’occasion de l’exposition, il provient de la propriété de Maximilian de Leuchtenberg (1817-1852), fils d’Eugène de Beauharnais, qui avait épousé une princesse russe.

216 Catalogue of the exhibition Alexander, Napoléon & Joséphine, a story of friendship, war and art from the Hermitage from 28 March to 8 November 2015, organized by the State Hermitage Museum in St Petersburg and the Hermitage Amsterdam.

217 “Napoleon’s death mask arrives at Hermitage Amsterdam [21 March 2015]”, Site Hermitage Amsterdam, https://www.hermitage.nl/en/tentoonstellingen/alexander_napoleon_josephine/dodenmasker.htm [consulté le 18 juillet 2016]

© The State Hermitage Museum. Photo by Alexander Koksharov.

218 Le musée ne connaît pas sa composition exacte, puisqu’il est qualifié d’œuvre en papier mâché avec un point d’interrogation.

219 PUECH (Pierre-François), « Napoleon manu faces ensure memory », Site : Academia. Edu [consulté le 18 juillet 2016] https://www.academia.edu/15174104/Napoleon_many_faces_ensure_memory [Ce masque, ainsi que les autres masques dits Arnott, fut modelé sur la gravure de profil de Napoléon Ier réalisée en 1806 par l’artiste Heinrich Anton Dähling, qui eut un très succès en Allemagne.]

Un autre masque en cire. Le masque de Noverraz 2

220 Ce masque aurait appartenu au valet suisse Noverraz, présent à Sainte-Hélène, donné par Antommarchi.

221 Un masque fut proposé, sous ce nom, au Musée de l’Armée – Invalides en 1927 (par un certain Souveyran au nom de Mme Murner, descendante de Mme Sandoz Murner, présentée comme une maîtresse de Noverraz), et en 1935 (par M. Noverraz, arrière-petit-fils du domestique). Dans les deux cas, le musée de l’Armée n’a pas donné suite aux propositions d’achat. Une troisième tentative fut faite de la part de M. Valentin Noverraz en 1942 pour conclure une vente avec l’Administration des Beaux-Arts français via l’ambassade de ce pays à Berne. Selon certains auteurs, ce masque porterait la signature d’Antommarchi et présenterait quelques poils de barbe sur la face intérieure, à hauteur du menton et de la lèvre supérieure.

222 EYNARD (Jean) « Noverraz, citoyen de Genève, détiendrait-il un authentique masque mortuaire de Napoléon ? », Souvenir napoléonien (Nice, Paris), 1949 juin, n° 13, p. 7.

223 « Le masque de cire de Napoléon dans un grenier suisse. », Paris Match (Paris), 1953 octobre 31, p. 71, photogr.

224 LUCOTTE (Gérard), « L’autre masque de cire, le masque Noverraz », La revue Napoléon, n° 17, juin 2015, pp. 55-61.

© D.R.

III. Le masque en papier mâché du comte Passolini ou Pasolini

225 Ce masque est présenté comme une première empreinte du visage de Napoléon dans l’attente du plâtre par des domestiques, réalisé grâce à du papier mâché (du papier délayé dans du lait de chaux). Antommarchi le cite dans le discours de remise d’un masque en bronze à la municipalité de La Nouvelle-Orléans en 1837 : alors que le plâtre manquait « on tenta de réaliser un masque de papier mâché, sans altérer les traits de Napoléon ».

226 Death mask of Napoleon, a publication of the Louisiana State Museum, New Orleans, U.S.A., January 15, 1936. (In the meantime persons about the illustrious dead had attemped to make a mask with wet silk paper, but Napoleon’s features had not been injured by this.)

227 Nous disposons de très peu de renseignements sur ce masque ou ces masques, car les rares photographies disponibles ne présentent pas le même aspect. Eugène de Veauce cite comme propriétaire un comte Pasolini qui aurait acheté le masque aux héritiers du général italien Giuseppe Lechi (1767-1836). Il serait toujours en Italie.

© D.R.
Nous remercions pour leur collaboration : M. Jean-Pierre Barbero (Musée Masséna), Ms Laura Dimmock (Royal United Services Institute), Mr Don Hart et Mr Tony Rouse (Library of Exeter), Mme Christina Egli (traduction de l’allemand en français), Mme Catherine Lepdor (Musée historique de Lausanne), M. Rudolf Maurer (Rollettmusuem Stadtarchiv).

Notes

  • [1]
    « Le mystère des masques mortuaires de Napoléon. Bibliographie », Napoleonica. La Revue, n° 3, décembre 2008.
Français

Le masque mortuaire de Napoléon par sa charge historique et émotionnelle a exercé et exerce encore une grande fascination. Sa création et la recherche de l’empreinte originale constituent un des mystères ou pseudo-mystères qui entourent la mort de l’Empereur. Cette affaire est un imbroglio où des masques très différents les uns des autres, tant par le matériau utilisé que par le visage reproduit, surgissent brusquement sur la scène médiatique napoléonienne, pour parfois disparaître tout aussi soudainement en collection privée ou en dépôt dans un musée.La certitude historique ne peut s’appuyer que sur de rares témoignages très partiels, et parfois partiaux, et quelques analyses scientifiques. La reconstitution du cheminement de ces masques, potentiellement authentiques, jusqu’à nos jours repose dès lors sur des suppositions, voire des intimes convictions.Depuis la parution du premier état de cette recherche en 2008, dans le n° 3 de Napoleonica. La Revue, la publication de nouvelles études a nécessité une remise en ordre et un approfondissement de certains sujets.
La présente bibliographie commentée inventorie les différentes pièces et dresse la liste des ouvrages, articles ou brochures s’y référant. Les résumés et les commentaires de l’auteur de cette étude sont entre crochets [ ].

Chantal Prévot
Chantal Prévot est responsable des bibliothèques de la Fondation Napoléon. Elle est l’auteur de nombreux articles et ouvrages, et de plusieurs bibliographies commentées parues dans Napoleonica. La Revue parmi lesquelles « La politique coloniale de la France de 1789 à 1815 » (n° 1, mai 2008) et « Les campagnes de France, janvier-avril 1804. Orientations bibliographiques » (n° 19, 2014-1, juin 2014).
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 02/12/2016
https://doi.org/10.3917/napo.026.0174
Pour citer cet article
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