CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Napoléon III a pu, on le sait, fonder sa légitimité sur le prestige du Premier Empire et installer le legs impérial au centre de sa synthèse politique et doctrinale. Les fonds napoléoniens conservés aux Archives nationales pour le Second Empire (Maison de l’Empereur et ministère d’État, archives parlementaires, ministérielles et familiales), à travers la lecture très nette qu’ils proposent du régime en place et de son fonctionnement administratif, illustrent bien comment Napoléon III s’est réclamé de l’héritage de son oncle et a fondé le Second Empire, en 1852, en s’appuyant largement sur le souvenir laissé par le Premier. Si visible, entre autres, dans la réhabilitation des résidences impériales des années 1800-1810 et dans la conservation des lieux et des sites de la mémoire familiale, cette recherche d’ancrage s’est accompagnée aussi d’une politique à la fois historique et mémorielle, moins connue dans ses modalités, fondée sur la compilation des sources et des preuves les plus directes de l’épopée impériale et du continuum de la IVe dynastie.

2 À l’hôtel de Soubise, consacré par Napoléon Ier, en son temps, comme lieu de centralisation des archives de son Empire, la quête d’affirmation dynastique de Napoléon III et son goût personnel pour la recherche et l’écriture de l’histoire rencontrèrent l’ambition d’un directeur général, Léon de Laborde, qui sut non seulement soutenir dans la durée cette initiative de préservation des archives napoléoniennes, mais les transfigurer par un projet monumental (grands dépôts Napoléon III), éditorial (correspondance de Napoléon Ier) et culturel (musée de l’Histoire de France) d’une ampleur encore inédite en ces lieux [1].

I. Napoléon III, la constitution des sources napoléoniennes et les Archives impériales

A. Le retour souhaité à l’institution imaginée par Napoléon Ier

3 Lorsque Napoléon III arrive au pouvoir, François-Michel-Armand de Chabrier-Peloubet (1789-1871) [2], ancien inspecteur des académies de Cahors et de Toulouse (1815-1821), est, depuis 1848, à la tête des Archives nationales, devenues impériales, qui relèvent du ministère de l’Intérieur.

4 Dans le secteur des archives comme ailleurs, Napoléon III imprime très tôt sa marque. Par décret du 14 février 1853, les Archives impériales sont rattachées au ministère d’État, puis passent sous la tutelle de la Maison de l’Empereur en 1863, où elles demeureront jusqu’en 1870. Au printemps 1854, le souverain commande un « règlement qui détermine les devoirs et la position des employés des Archives, le mode des relations à établir avec les diverses administrations, avec les savants et avec le public », en recevant personnellement Chabrier, qui suggère habilement de revenir à l’intention première de Napoléon Ier : « V. M. a bien voulu m’autoriser à l’entretenir du service important dont elle m’a confié la direction le 26 décembre 1848 et, après m’avoir entendu, elle m’a ordonné de lui adresser, directement, une note sur l’institution des archives de l’État par nos premières assemblées législatives et par l’Empereur Napoléon Ier, les altérations que cette institution a subies et son rétablissement possible[3]. »

5 Napoléon Ier déjà avait mobilisé, pour la question des archives, une attention toute particulière, en ce qu’elles seules permettaient de donner sa vraie constitution au nouveau régime. Les archives des Assemblées successives qui, à Paris, avaient créé la nouvelle France offraient la référence indispensable qu’il fallait sauvegarder, car elles matérialisaient le droit constitutionnel écrit. Le Premier Consul avait commencé par faire réunir dans la Grande Galerie du Louvre les papiers provenant du régime royal constitutionnel, des comités de la Convention et du Directoire exécutif, tandis que les archives des Assemblées restaient groupées près des salles des séances qui avaient accueilli la représentation nationale. Puis, après l’adoption de la Constitution de l’an VIII, par un arrêté des consuls du 8 prairial an VIII [28 mai 1800], les Archives furent placées sous l’autorité du Premier Consul, qui nomma le citoyen Armand Gaston Camus (1740-1804) « garde des Archives nationales ». Accédant à l’Empire, Napoléon Ier avait poursuivi son dessein de les regrouper en un lieu unique, ce que le décret du 15 mars 1805 rendit obligatoire pour tous les fonds parisiens d’Ancien Régime. Le 6 mars 1808, un nouveau décret impérial ordonnait l’acquisition à un particulier des deux palais de Soubise et de Rohan, le palais Soubise étant affecté aux Archives de l’Empire. Napoléon Ier y fit, d’ailleurs, avec Duroc, une visite impromptue le 5 février 1810, témoignant ainsi son intérêt personnel pour les archives.

Ill. 1. Armand-Gaston Camus (1740-1804), nommé garde des Archives de l’Empire en l’an VIII, huile sur toile par Louise Eudes de Guimard. Legs de M. Boiscervoise, son gendre, aux Archives impériales, 10 décembre 1859. Arch. nat., AE/VI/a/51.

Ill. 1. Armand-Gaston Camus (1740-1804), nommé garde des Archives de l’Empire en l’an VIII, huile sur toile par Louise Eudes de Guimard. Legs de M. Boiscervoise, son gendre, aux Archives impériales, 10 décembre 1859. Arch. nat., AE/VI/a/51.

© Archives nationales.

6 Dans la note qu’il adresse à Napoléon III en 1854, Chabrier s’adosse donc sur les principes des lois du 12 septembre 1790 et du 7 messidor an II (25 juin 1794), affirmation du caractère centralisateur des Archives nationales, mais volontiers aussi sur l’arrêté consulaire du 8 prairial an VIII, qui, le premier, évoque le principe des remises régulières d’archives par les administrations [4]. Ces dispositions, ajoute-t-il, « éprouvées par une expérience de longues années, autorisées par le génie de votre oncle immortel, […] me paraissent la seule base solide pour un décret qui établirait définitivement le régime des archives de l’Empire. […] V. M. décidera de ce qu’il faut conserver, modifier ou remplacer, dans les dispositions adoptées par son auguste prédécesseur, […] en ayant égard à la différence des temps. » Chabrier rattache ainsi la prospérité de l’institution qu’il dirige à l’intérêt même de la cause impériale : « [V. M.] peut compter sur mon consciencieux dévouement aux mesures d’ordre qui sauvegarderont, enfin, dans le service remis en mes mains par l’Empereur, l’intérêt de l’Empereur, l’intérêt général, le retour à la loi définitif et incontesté. » Le directeur des Archives joue complètement de la fibre impériale en rappelant les conseils de centralisation en un dépôt unique des archives de l’Exécutif et du Législatif, donnés « relativement aux archives de l’État, à Napoléon Ier et à Louis XIV » [5].

7 Chabrier devait y gagner le décret du 22 décembre 1855, relatif à l’organisation des Archives de l’Empire, caractéristique de l’évolution de la perception des archives tout au long du XIXe siècle, dans une double perspective : assurer la gestion du passé et celle des accroissements [6]. En 1855, la première rédaction du projet de décret (art. 1) pose la notion de « monument de l’histoire » : « Les Archives de l’Empire comprennent les documents d’intérêt public appartenant à l’État et qui, n’étant plus instruments habituels de gouvernement ou d’administration, sont devenus monuments de l’histoire nationale. » L’article 2 fait découvrir la première mention réglementaire des versements, que Daunou n’avait pu faire passer dans son projet avorté de 1812 : « Sont déposés aux Archives de l’Empire tous les documents d’intérêt public dont la conservation est jugée utile, et qui ne sont plus nécessaires au service des départements ministériels ou des administrations qui en dépendent. »

B. Un nouveau directeur général des Archives en 1857

8 L’entrée en fonctions de Léon de Laborde (1807-1869), nommé par décret du 4 mars 1857, devait encore renforcer les liens entre Napoléon III et les Archives de l’Empire. Le comte, puis marquis de Laborde [7], archéologue, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1842), député de Seine-et-Oise sous la monarchie de Juillet, avait été fréquemment invité dans l’intimité de la famille d’Orléans aux Tuileries ou au château de Saint-Cloud au début des années 1840. Il était alors conservateur au musée du Louvre, chargé des collections du Moyen Âge et de la Renaissance, et pressenti en 1856 pour devenir ministre de l’Instruction publique. Sa nomination à la tête des Archives fut appuyée à la fois par l’impératrice Eugénie, amie intime de la sœur de Léon de Laborde, Valentine (1806-1894), épouse du puissant Gabriel Delessert, et par Prosper Mérimée, à qui la place avait d’abord été proposée et qui la refusa.

Ill. 2. Léon de Laborde (1807-1869), directeur général des Archives impériales (1857-1868), buste de marbre blanc, par Léon Pillet, 1886. Arch. nat., AE/VI/a/129.

Ill. 2. Léon de Laborde (1807-1869), directeur général des Archives impériales (1857-1868), buste de marbre blanc, par Léon Pillet, 1886. Arch. nat., AE/VI/a/129.

© Archives nationales.

9 Son propre père, l’antiquaire et historien de l’art Alexandre de Laborde, avait été lui-même proche de l’empereur Napoléon Ier, qu’il avait suivi, en 1807, en Autriche, ce qui lui avait valu, en 1809, le titre de comte de l’Empire. En 1810, il y était revenu avec l’ambassade du prince de Neufchâtel, qui allait à Vienne demander la main de l’archiduchesse Marie-Louise. À son tour, Léon de Laborde fut très proche de la famille impériale, familier de la Cour des Tuileries. L’impératrice rendit plusieurs visites à son épouse Louise-Félicie de Laborde (1814-1883), à l’hôtel de Soubise. Laborde pouvait solliciter des audiences de l’Empereur si nécessaire [8]. Le fonds Napoléon conserve encore 85 lettres du comte Alexandre de Laborde, fils de Léon de Laborde, adressées de 1889 à 1922 au prince Victor (1862-1926), fils du prince Napoléon-Jérôme [9].

C. Aux yeux de Napoléon III, le conservatoire privilégié de l’histoire du Premier Empire

10 Alors que le prince Louis-Napoléon n’est encore que président de la République, il remet aux Archives, en août 1850 et février 1852, successivement un document du XVIIe siècle citant son ancêtre Antoine-François Bonaparte, puis un ensemble conséquent de 118 documents des années 1808-1814 relatifs au roi Louis de Hollande et à la reine Hortense, ses parents, et à la princesse Pauline [10]. C’est la naissance d’une démarche, qui sous le directorat de Chabrier, en octobre 1854 [11], puis surtout sous celui de Laborde, devait constituer la marque du règne de Napoléon III : celle de remettre aux Archives, sur son ordre personnel, des actes directement relatifs à la généalogie de sa famille ou au règne de son oncle et de ses parents, documents qui proviennent, soit de ses archives personnelles, soit de dons qu’il reçoit de particuliers.

11 Ces documents étaient transmis, tantôt par le ministre d’État (Walewski) ou le ministre de la Maison de l’Empereur (Vaillant), tantôt par le chef de cabinet de l’Empereur (Mocquard [12]) ou le sous-chef de cabinet (Conti), qui soulignent tous, dans les notes ou lettres accompagnant ces transferts, le désir personnel du souverain de les voir déposés aux Archives. Le dépouillement exhaustif de la correspondance de la section du Secrétariat des Archives impériales permet d’estimer le volume, la nature et la fréquence de ces remises par l’Empereur – une trentaine sur une décennie – de documents de la période napoléonienne, transferts qui s’accélèrent à partir de 1860 [voir infra en annexe I].

Ill. 3. « De la part du divan du Caire, aux peuples de l’Égypte » (conseils extraits du Coran), document jadis encadré du Cabinet de Napoléon Ier, accompagné d’une note autographe de Napoléon Ier, s. d. Don de Napoléon III, 21 mai 1860. Arch. nat., AE/I/13/20/1-2.

Ill. 3. « De la part du divan du Caire, aux peuples de l’Égypte » (conseils extraits du Coran), document jadis encadré du Cabinet de Napoléon Ier, accompagné d’une note autographe de Napoléon Ier, s. d. Don de Napoléon III, 21 mai 1860. Arch. nat., AE/I/13/20/1-2.

© Archives nationales.

Ill. 4. Généalogie de la famille Bonaparte de Sarzane (1200-1567). Don de Napoléon III, 13 septembre 1861. Arch. nat., AE/I/13/28

Ill. 4. Généalogie de la famille Bonaparte de Sarzane (1200-1567). Don de Napoléon III, 13 septembre 1861. Arch. nat., AE/I/13/28

© Archives nationales.

Ill. 5. Acte de mariage de Joachim Murat et de Marie Annonciade Bonaparte, 8 nivôse an VIII. Don de Napoléon III, 31 octobre 1861. Arch. nat., AE/I/11-12 et 12/2.

Ill. 5. Acte de mariage de Joachim Murat et de Marie Annonciade Bonaparte, 8 nivôse an VIII. Don de Napoléon III, 31 octobre 1861. Arch. nat., AE/I/11-12 et 12/2.

© Archives nationales.

Ill. 6. Pleins pouvoirs donnés par Napoléon Ier au duc de Vicence pour conclure un traité de paix, 4 janvier 1814. Don de Napoléon III, vers 1860-1861. Arch. nat., AE/I/1/19.

Ill. 6. Pleins pouvoirs donnés par Napoléon Ier au duc de Vicence pour conclure un traité de paix, 4 janvier 1814. Don de Napoléon III, vers 1860-1861. Arch. nat., AE/I/1/19.

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Ill. 7. Attestation de recette de taille faite à Saint-Elpide (Italie) par le trésorier Nicolas de Bonaparte, Macerate, 1464. Don de Napoléon III, 22 janvier 1862. Arch. nat., AE/I/13/29.

Ill. 7. Attestation de recette de taille faite à Saint-Elpide (Italie) par le trésorier Nicolas de Bonaparte, Macerate, 1464. Don de Napoléon III, 22 janvier 1862. Arch. nat., AE/I/13/29.

© Archives nationales.

12 Les sources sur l’histoire de Napoléon Ier et ses années au pouvoir, sous le Consulat et l’Empire, étaient, depuis 1849 déjà, très présentes aux Archives nationales du fait du transfert à l’hôtel de Soubise des archives de souveraineté, dites « archives du Louvre », obtenu par le directeur Jean-Antoine Letronne le 10 août 1848. La prompte instauration du Second Empire allait raviver l’importance de ces fonds, notamment celui de la Secrétairerie d’État impériale. Durant la première moitié du XIXe siècle, en revanche, les archives d’origine privée, soupçonnées d’abriter beaucoup de faux et dépourvues de la valeur probatoire des papiers officiels de l’État, étaient relativement ignorées encore. La démarche de Napoléon III, par souci dynastique, de valoriser un héritage documentaire souvent de provenance privée est donc particulièrement neuve. Elle correspond certainement à un changement de mentalités, illustré d’ailleurs par l’initiative du secrétariat des Archives impériales d’ouvrir en 1856 un registre d’entrée dédié à l’enregistrement des documents parvenant par voie extraordinaire (AB/XIX). Dans la dernière décennie du XIXe siècle, le développement des sciences historiques contribuera à la reconnaissance de l’originalité des archives privées et de l’utilité de leur entrée dans les services d’archives.

13 Durant tout son règne, Napoléon III collectionne les pièces relatives à son oncle et à ses proches parents, le fait savoir, en reçoit en dons, en acquiert auprès de marchands, italiens notamment, et les confie aux Archives impériales [13]. En 1860 encore, la pratique est assez neuve pour que Laborde prenne la précaution de se faire confirmer le caractère définitif de telles remises [14]. Précaution prudente : en novembre 1866, dans le contexte de tensions accrues entre Léon de Laborde et le cousin de l’Empereur liées aux travaux d’édition de la Correspondance de Napoléon Ier , la famille de l’Empereur souhaitera récupérer trente-cinq minutes de lettres, jugées « d’un caractère intime, véritables lettres de famille » [15].

Ill. 8. Testament de Napoléon Ier, 1er codicille, Longwood, 16 avril 1821. Remis par Me Mocquard sur décret de Napoléon III, octobre 1860. Arch. nat., AE/I/13/21b (Armoire de Fer).

Ill. 8. Testament de Napoléon Ier, 1er codicille, Longwood, 16 avril 1821. Remis par Me Mocquard sur décret de Napoléon III, octobre 1860. Arch. nat., AE/I/13/21b (Armoire de Fer).

© Archives nationales.

14 Dans cet ensemble de provenance impériale, l’entrée la plus emblématique demeure certainement le testament de Napoléon Ier, récupéré en Angleterre par le truchement de Walewski, fils naturel de l’empereur Napoléon Ier, et ministre de tutelle des Archives impériales en 1860. Le 30 avril 1860, Laborde est prévenu par le secrétaire particulier du prince Napoléon, E. Hubaine, que « par décision de l’Empereur du 28 avril, le testament de l’empereur Napoléon Ier va être déposé aux Archives impériales » [16]. Quatre mois plus tard, passées les formalités judiciaires, Me Mocquard, notaire, se dessaisit de la minute du testament de l’Empereur. « Rien ne s’oppose donc maintenant à ce que ce document si important soit déposé dans vos archives. Vous allez le recevoir sous peu de jours », assure Hubaine à Laborde le 1er septembre. Le décret prescrivant le dépôt aux Archives de l’Empire du testament impérial est transmis le 23 octobre par Pelletier, secrétaire général du ministère d’État. C’est au cours de ce mois d’octobre 1860 que le testament et ses codicilles sont placés dans l’Armoire de Fer des Archives [17].

15 Que deviennent ces pièces précieusement transmises par l’Empereur ? À Chabrier ponctuellement, mais surtout à Laborde et à son successeur Maury reviendra la tâche de ventiler, selon leur nature, ces différents documents. Trois destinations se dégagent pour l’essentiel : la sous-série AF/IV, relative à la Secrétairerie d’État sous le Premier Empire ; le registre d’entrée AB/XIX, consacré aux « Documents isolés entrés par voie extraordinaire », où des cartons sont ouverts pour les archives de Napoléon Ier lui-même ou celles de sa famille (Beauharnais, Murat) ; enfin, l’Armoire de Fer, où des cartons sont ouverts, notamment pour les actes de l’état civil impérial.

D. La réactivation de l’Armoire de Fer

16 Si l’affectation de ces entrées nouvelles dans les sous-séries du cadre de classement des Archives impériales peut s’expliquer par le respect de la provenance originelle des documents (AF/IV) et par le souci de préserver leur cohésion (AB/XIX), la sélection d’un certain nombre d’entre eux pour alimenter l’Armoire de Fer est lourde de sens. Soulignons qu’à l’exception du testament de Napoléon Ier, cette intégration au « saint des saints » est d’abord le fait, non de l’Empereur lui-même, mais des gardes successifs des Archives impériales, qui semblent ainsi prolonger et renforcer encore l’intention originelle du souverain.

Ill. 9. Vue de l’Armoire de Fer, ouverte, dans la salle dite du Trésor des chartes des grands dépôts.

Ill. 9. Vue de l’Armoire de Fer, ouverte, dans la salle dite du Trésor des chartes des grands dépôts.

© Archives nationales, 2015.

17 Dès la Révolution, lors des grands procès politiques, les Archives nationales sont assimilées au lieu de sauvegarde suprême de pièces et de procédures mises sous scellés et cette fonction de coffre-fort a fondé l’institution : sur une décision de la Constituante du 30 novembre 1790, Camus avait fait aménager une armoire de fer de grandes proportions, pour sécuriser les minutes des lois et les formes, planches, timbres et poinçons nécessaires à la fabrication des assignats, composée de deux énormes caissons métalliques, enchâssés l’un dans l’autre, dont le plus petit est équipé de casiers, d’une vitrine centrale et d’un compartiment dissimulé par une petite porte peinte en trompe-l’œil représentant de faux registres. Ce meuble abrita rapidement aussi les documents auxquels les Assemblées révolutionnaires accordaient une importance extrême : l’acte constitutionnel, les minutes des lois, puis des décrets, enfin les papiers saisis sur Louis XVI aux Tuileries en août 1792.

18 Mais, dès le Directoire, selon un inventaire de 1798, l’Armoire de Fer n’est plus alimentée que ponctuellement et par des pièces anecdotiques. Autour d’un noyau initial à forte charge symbolique et politique, l’armoire revêt peu à peu une fonction archéologique et patrimoniale. Installée dans la salle des gardes, au premier étage de l’hôtel de Soubise, et laissée close au milieu du trésor des chartes, dans un décor de pilastres, elle est visible par le public « de une à trois heures, tous les jeudis » (ordonnance du 5 janvier 1846). Ouverte exclusivement à la suite des changements de régime (1817, 1831), elle sert à accueillir désormais les monuments historiques les plus anciens – papyri mérovingiens ou bulles pontificales –, et les autographes des grands hommes de la Révolution, extrait du dépouillement des archives des assemblées.

19 Pour améliorer son aspect intérieur, devenu inesthétique, le Garde général Letronne avait fait réaliser, en août 1841, 42 cartons en maroquin rouge pour remplacer les anciens cartons hors d’usage ; il dota les journaux autographes et les cartes à jouer de Louis XVI d’étuis en cuir rouge et plaça des compartiments garnis d’étoffe pour accueillir les monnaies et médailles.

Ill. 10. Relevé synoptique des cartons contenus dans l’Armoire de Fer, accompagnant une note explicative sur la procédure d’ouverture, 1849. Arch. nat., série AB.

Ill. 10. Relevé synoptique des cartons contenus dans l’Armoire de Fer, accompagnant une note explicative sur la procédure d’ouverture, 1849. Arch. nat., série AB.

© Archives nationales, 2016

20 Réalisé lors du transfert de ce meuble à l’hôtel de Soubise, en août 1849, le plan synoptique de l’armoire, dressé lors de son inventaire analytique, par Natalis de Wailly, Cauchois-Lemaire et Michelet, donne à voir, selon une organisation chronologique allant de Dagobert à Robespierre, une mise en scène de l’histoire de France, « l’alpha et l’oméga de la monarchie » (Michelet) [18]. Plus que la sécurité d’un coffre-fort, en plaçant dans cette Armoire de Fer certains des documents remis par Napoléon III, c’est donc la coexistence avec les preuves dynastiques les plus anciennes que va rechercher Laborde : les preuves relatives aux Mérovingiens, aux Carolingiens, aux Capétiens de la ligne directe, puis de la maison de Valois, branche cadette de la dynastie capétienne, après 1328, et de la maison capétienne des Bourbons, après 1594.

21 Dans son opération d’août 1841, Letronne prévoyait deux emplacements pour les documents napoléoniens : un carton (n° 15) pour rassembler les autographes sur « Napoléon et sa famille » et un grand carton (n° 43) pour l’« État civil impérial ». Ces principes de sélection, déjà présents sous la monarchie de Juillet – une entrée significative de documents napoléoniens dans l’Armoire de Fer avait eu lieu en 1835 ‒, expliquent d’autant mieux la sanctuarisation des documents relatifs aux Napoléonides qui sera conduite sous le Second Empire, née du double consentement du souverain et de l’institution patrimoniale. L’ébauche esquissée pour Napoléon Ier est comme justifiée par la politique de transmission ininterrompue du neveu. Les inventaires détaillés du contenu de l’Armoire de Fer n’ont pas été réalisés avec une régularité suffisante pour permettre de quantifier le nombre de pièces précisément entrées dans ces deux cartons sous le Second Empire : les deux inventaires les plus contemporains sont datés de 1849 et de 1884. Le carton des autographes sur Napoléon et sa famille passe toutefois de 41 pièces en 1849 à 263 pièces en 1884, enrichissement très sensible [19].

E. La démarche impériale fait école

22 L’arrivée de ces documents, sous le Second Empire, est peu à peu connue des érudits. Frédéric de Stéfani écrit à Laborde le 21 février 1859 : « Ce n’est pas en curieux que je désire visiter les archives de l’Empire confiées à votre savante direction. Mon but est de prendre quelques notes sur l’organisation de ce vaste dépôt et plus particulièrement de voir les papiers de la famille Bonaparte, qui sont renfermés dans l’armoire de Fer, carton 15[20]. »

23 En septembre 1867, à l’occasion d’une transmission de documents relatifs aux Beauharnais, Laborde reconnaît la continuité de ces dons de Napoléon III, élargis à la famille de l’Empereur [21].

24 Cette transmission soutenue aux Archives de l’Empire des sources de l’histoire de Napoléon Ier et du Premier Empire est vite imitée par des particuliers [22], qui remettent directement leur patrimoine aux Archives impériales, sans passer, pour certains, par le secrétariat de l’Empereur ou le ministère de la Maison de l’Empereur. Alexandre Dumas, le 17 novembre 1854, dépose un certificat des officiers généraux de l’armée de l’Intérieur au citoyen Alexandre Dumas, général d’armée, du 14 brumaire an IV [23]. Les papiers de François de Neufchâteau, ministre de l’Intérieur sous le Premier Empire, sont remis en novembre 1858 [24]. Barbier, bibliothécaire du Louvre, donne le 26 décembre 1861 des notes sur les dépenses pour les travaux de gravure d’Isabey, Fontaine et Percier pour le livre du Sacre [25].

25 Trouvés dans la succession de Me Aumont, ancien notaire à Paris, les papiers du duc de Rovigo, ministre de la Police de 1810 à 1812, sont remis le 27 juin 1863 [26]. Les documents relatifs à la conduite du maréchal Grouchy pendant la campagne de 1815 sont déposés le 20 mars 1866 par Charles Le Sénécal, neveu du général Le Sénécal, qui fut le chef d’état-major du maréchal Grouchy [27].

26 L’origine de ce mouvement est sans doute à trouver dans le large appel lancé auprès du public après l’instauration en 1854 de la première commission de la Correspondance de Napoléon Ier, par l’intermédiaire notamment du Moniteur universel, afin que des particuliers confient les lettres qu’ils auraient pu conserver [28], selon un principe d’appel au peuple, de contact direct entre le régime et la nation. Dès cette première année, des papiers ont été remis à la Commission par Paul de Champagny, le comte Daru, la baronne de Nougarède, fille de l’ancien ministre des Cultes de Napoléon, le général de Marois, le comte de La Riboisière, la baronne de Méneval, M. de Fermon, M. Pauthier, neveu du général Dourclot, le duc de Padoue, le prince de Wagram, le comte Roederer, Amédée Thayer, gendre du général Bertrand, ou encore le baron Ernouff, gendre du baron Bignon [29]. Pas forcément imprimées, mais du moins recueillies par la commission de la Correspondance, « elles forment la plus complète et la plus précieuse collection des archives de Sa Majesté », écrit le secrétaire de la Commission au maréchal Vaillant, son président [30].

27 La visibilité nouvelle des Archives impériales et de la commission de la Correspondance de Napoléon Ier, et même leur co-visibilité, lorsqu’elles ont été invitées à présenter, de 1862 à 1869, une synthèse de leurs activités respectives dans l’Exposé de la situation de l’Empire [31], publié dans le Moniteur universel en début d’année, continue à diriger naturellement les documents vers les Archives impériales. C’est ainsi, du moins, que le détenteur d’une note de l’aumônier de Napoléon Ier, Giuliani, justifie son don au maréchal Vaillant, ministre de la Maison de l’Empereur, le 20 février 1864 : « Dans un temps où on recherche avec empressement tous les documents pouvant servir à l’histoire de l’Empire et de Napoléon Ier, vu le rapport inséré au Moniteur, je suis persuadé que la note ci-jointe ne sera pas sans intérêt, ayant une importance historique qui m’engage à vous en adresser copie[32]. »

F. L’archivage immédiat des documents-symboles du régime

28 Le président Louis-Napoléon, puis l’empereur Napoléon III, et ses services les plus proches vont aussi assimiler les Archives nationales au lieu de conservation des documents les plus symboliques du nouveau pouvoir. Les délais entre la production même de ces archives et leur transfert à l’hôtel de Soubise sont raccourcis comme jamais : les procès-verbaux des votes émis les 20-21 décembre 1851 sont versés le 4 février 1852 [33]. Le procès-verbal de la pose de la première pierre du chantier de la réunion du Louvre aux Tuileries est adressé aux Archives le 11 août 1852 [34], alors que la cérémonie, en présence de l’architecte Visconti, s’est tenue le 25 juillet. Le sénatus-consulte du 7 novembre 1852, proposant à l’acceptation du peuple français le rétablissement de la dignité impériale héréditaire, est remis le 22 novembre suivant [35].

Ill. 11. Expédition du procès-verbal de la translation des restes mortels de l’empereur Napoléon Ier dans le sarcophage du tombeau construit dans l’église de l’hôtel des Invalides, 2 avril 1861. Don de Napoléon III, 5 avril 1861. Arch. nat., AE/I/21/7.

Ill. 11. Expédition du procès-verbal de la translation des restes mortels de l’empereur Napoléon Ier dans le sarcophage du tombeau construit dans l’église de l’hôtel des Invalides, 2 avril 1861. Don de Napoléon III, 5 avril 1861. Arch. nat., AE/I/21/7.

© Archives nationales.

29 Le rattachement de l’institution au ministère d’État en 1853, puis à la Maison de l’Empereur dix ans plus tard, donne un cadre opérationnel à la démarche nettement volontariste de l’administration impériale. Sous le directorat de Laborde, les adresses reçues par Napoléon III pour la naissance du Prince impérial (16 mars 1856) sont transférées le 9 octobre 1859 [36]. La correspondance du ministre de l’Intérieur liée au mariage de Napoléon III et d’Eugénie (29 janvier 1853), à la naissance du Prince impérial, aux attentats des 28 avril 1855 et 14 janvier 1858, à la guerre de Crimée (1853-1856) et à la campagne d’Italie (1859), est transmise dès novembre 1860 [37]. Les comptes du Trésor de la Couronne de 1853-1858 sont transmis en décembre 1860 par le ministre d’État pour être classés « avec le soin convenable à la suite des archives de même nature appartenant aux Listes civiles des règnes précédents » [38]. Les adresses reçues par Napoléon III pour le rétablissement de l’Empire (1852) et pour son mariage (1853), les analyses lithographiées des journaux français et étrangers (1855-1859) et les souscriptions ouvertes pour les inondations de 1856 sont versées par le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts le 21 décembre 1867 [39]. Les adresses reçues par Napoléon III pour la campagne d’Italie (1859) et pour le traité de commerce avec l’Angleterre et la réforme douanière (janvier 1860) sont versées par le même ministre le 18 juin 1860 et le 21 mars 1868 [40].

II. Une synthèse parfaite entre deux centres d’intérêt majeurs de Napoléon III

30 Sans doute cette attention particulière était-elle liée au fait que les archives réalisaient la symbiose entre deux ressorts de la personnalité de l’Empereur : la figure et l’extraordinaire épopée de Napoléon Ier, d’une part, et le goût du souverain pour la recherche et l’écriture de l’histoire, de l’autre.

A. Un nouveau régime entre bonapartisme et principe dynastique

31 En janvier 1852, comme en décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte s’appuie sur le souvenir glorieux de son oncle pour justifier le coup d’État et le changement de constitution, tandis que le 2 décembre 1852 marquera d’abord une triple commémoration : le sacre de Napoléon Ier (1804), la victoire d’Austerlitz (1805) et le coup d’État (1851). En ses Rêveries politiques, son premier ouvrage, publié en 1832, Louis-Napoléon Bonaparte proposait déjà de retremper la dynastie napoléonienne dans le consentement populaire à chaque changement de souverain, compromis entre monarchie élective et hérédité.

Ill. 12. Mémorial de Sainte-Hélène, comte de Las Cazes, 2e éd., Paris, Plon éditeur, 1824. Arch. nat., Bibl. historique.

Ill. 12. Mémorial de Sainte-Hélène, comte de Las Cazes, 2e éd., Paris, Plon éditeur, 1824. Arch. nat., Bibl. historique.

© Archives nationales.

32 Cette doctrine bonapartiste repose sur le Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cazes, paru en 1823, qui offre quelques idées fortes (retour à l’ordre au sortir de l’anarchie, programme libéral, unification des peuples et gloire militaire) et que Louis-Napoléon relit abondamment durant les années 1830 [41]. Prenant le Mémorial au pied de la lettre, il justifie le Premier Empire comme une synthèse de la Révolution et de la Liberté, couronnement d’un édifice inachevé à cause de l’élimination précoce de son fondateur, mais portée par le mouvement de l’Histoire. Le filleul de Napoléon Ier et de Marie-Louise développe en complément la théorie du césarisme démocratique dans Des idées napoléoniennes, paru en 1839, et, au début de l’été 1840, publie une petite brochure intitulée L’Idée napoléonienne, en écho au retour des Cendres, où il affirme la nécessité du retour de la dépouille mortelle de l’Empereur et de ses idées, et reprend le thème de la conciliation de l’ordre et de la liberté.

33 La Constitution du 14 janvier 1852, promulguée après le coup d’État du 2 décembre 1851, reprend les bases soumises au plébiscite. Les similitudes avec le Consulat et le régime prévu par l’Acte additionnel de 1815 sont évidentes ; le Prince-président y proclame d’ailleurs son inspiration directe : « J’ai pris comme modèles les institutions politiques qui déjà, au commencement de ce siècle, dans des circonstances analogues, ont raffermi la société ébranlée et élevé la France à un haut degré de prospérité et de grandeur. […] je me suis dit : puisque la France ne marche depuis 50 ans qu’en vertu de l’organisation administrative, militaire, judiciaire, religieuse, financière du Consulat et de l’Empire, pourquoi n’adopterions-nous pas aussi les institutions politiques de cette époque ? »

Ill. 13. Sénatus-consulte organique conférant à Napoléon Ier la dignité impériale, 28 floréal an XII/8 mai 1804. Arch. nat., AE/I.

Ill. 13. Sénatus-consulte organique conférant à Napoléon Ier la dignité impériale, 28 floréal an XII/8 mai 1804. Arch. nat., AE/I.

© Archives nationales.

34 Le second volet qui domine le nouveau régime est l’idée dynastique. Le sénatus-consulte organique du 28 floréal an XII (8 mai 1804) avait conféré à Napoléon Ier la dignité impériale, le peuple n’étant appelé à voter que sur l’hérédité et l’ordre de succession. Longtemps, il réserva la succession à Joseph, qui n’avait que des filles, et à Louis. Mais, à partir de son mariage avec Marie-Louise, en 1810, Napoléon, devenu le neveu de Louis XVI et de Marie-Antoinette, et le gendre d’un Habsbourg, avait tenté de transformer sa dictature en point de départ d’une nouvelle dynastie. En 1811, alors que la naissance du roi de Rome donnait à la notion d’hérédité tout son sens, Napoléon put parler de IVe dynastie. La propagande, qui, jusqu’alors, avait exalté le sauveur et l’homme providentiel, glisse vers la valorisation d’une famille : une enquête est lancée sur la question de savoir si « l’histoire glorieuse de la IVe dynastie » est bien enseignée dans les lycées. Après les Mérovingiens (Mérovée, 448), les Carolingiens (Pépin le Bref, 751) et les Capétiens (Hugues Capet, 987), naissaient les Bonaparte.

35 Le temps manqua à Napoléon Ier pour imposer cette dynastie. Mais l’idée de succession, toujours régie par la loi salique, n’est pas écartée après la chute de l’Empire. Après la mort de Napoléon-Louis-Charles (1807), puis de Napoléon-Louis (1831), Louis-Napoléon, devenu Napoléon III, réenclenche, dès l’instauration du nouveau régime, la saga dynastique, portée par l’iconographie populaire, tels l’imagerie d’Épinal, qui répand l’Histoire des trois Napoléon grâce aux colporteurs, et les almanachs. La cohésion dynastique s’illustre dans le patronage, par l’Empereur même, des membres de la famille Bonaparte [42].

36 Aussitôt installé au pouvoir, Napoléon III s’applique constamment à marquer le lien existant entre le fondateur de l’Empire et son successeur naturel, à familiariser les Français avec le principe dynastique, multipliant les mesures qui visent à rattacher le Second Empire au Premier. Dès 1852, un service funèbre est célébré à Notre-Dame le 5 mai pour commémorer la mort de l’empereur. Le Code civil est rebaptisé Code Napoléon. La nécropole impériale est installée aux Invalides. Dès le début du règne, les cérémonies publiques, qui doivent « dépolitiser l’héritage de 1789 » (Jean Garrigues), afin de lui substituer le culte de la personnalité impériale, sont systématiquement instrumentalisées. Le mariage de Napoléon III, la naissance et le baptême du Prince impérial ont donné lieu partout en France, mais principalement à Paris, à de somptueuses cérémonies. De toutes ces festivités, celle qui contribue le plus fortement à l’établissement et à l’entretien du culte impérial, est la fête annuelle du 15 août, la Saint-Napoléon [43], qui parvient à conjuguer la commémoration de la naissance de Napoléon Ier et celle de l’assomption de la Vierge.

37 Napoléon III s’entoure aussi très rapidement d’une pompe toute monarchique. Sa cour fut, au plan administratif et fonctionnel, un décalque un peu simplifié, mais plus brillant, de la cour de Napoléon Ier, dont on reprit l’étiquette [44]. La cour de Napoléon III consacre aussi le rétablissement de la noblesse d’Empire [45], même si ce recours aux descendants de la noblesse du Premier Empire, puis aux familles de militaires ne doit pas masquer le fait que l’entourage politique direct est plutôt composé d’hommes nouveaux [46].

38 Outre les grands chantiers de transfiguration de l’espace parisien, qui peuvent rappeler l’ambition de Napoléon Ier de rénovation urbanistique et architecturale de la capitale, le rattachement du Second Empire au Premier s’illustre dans la réhabilitation des résidences officielles que Napoléon Ier avait occupées en France ; Napoléon III les entretient sur les ressources de la Liste civile et en fait aussi les résidences de ses proches parents [47]. Cet attachement aux lieux de mémoire vise enfin les résidences personnelles et familiales, progressivement acquises, entretenues et restaurées, participant de la même démonstration dynastique, à Ajaccio comme en Sologne, à Rueil-Malmaison comme sur l’île de Sainte-Hélène [48] .

Ill. 14. Maison natale de Napoléon Bonaparte à Ajaccio, huile sur toile, Léonard-Alexis Daligé de Fontenay, 1849.

Ill. 14. Maison natale de Napoléon Bonaparte à Ajaccio, huile sur toile, Léonard-Alexis Daligé de Fontenay, 1849.

© RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Jean Schormans

Ill. 15. Église de Rueil-Malmaison, abritant les tombeaux de l’impératrice Joséphine et de la reine Hortense.

Ill. 15. Église de Rueil-Malmaison, abritant les tombeaux de l’impératrice Joséphine et de la reine Hortense.

© Isabelle Chave, 2015.

Ill. 16. Plans et vue des domaines impériaux de Sainte-Hélène, Longwood Old House, par Eugène-François Masselin, capitaine du Génie, 1859. Arch. nat., VA 32/25.

Ill. 16. Plans et vue des domaines impériaux de Sainte-Hélène, Longwood Old House, par Eugène-François Masselin, capitaine du Génie, 1859. Arch. nat., VA 32/25.

© Archives nationales, 2015.

B. La quête des sources et la recherche scientifique chez Napoléon III

39 Dans ces démarches volontaristes d’enraciner la IVe dynastie dans le pays, la quête des sources apparaît fondamentale. Le souci du Second Empire de fonder son pouvoir sur l’écrit, comme pour apporter la preuve de sa légitimité, constitue une caractéristique patente de la période, ainsi que Jacques-Olivier Boudon l’a montré à propos du renouveau de la Grande Aumônerie [49].

40 Dès 1846, dans l’introduction de l’un de ses premiers ouvrages, Études sur le passé et l’avenir de l’artillerie, Napoléon III revendique non seulement son goût pour la recherche historique : « Pour entreprendre un travail de si longue haleine, il me fallait un puissant mobile : ce mobile, c’est l’amour de l’étude et de la vérité historique », mais même le recours nécessaire aux preuves documentaires : « Quand on parle d’une époque obscure du passé, on ne saurait prétendre être cru sur parole, il ne suffit même pas d’indiquer la source où l’on a puisé ses renseignements, il faut, pour les choses importantes, donner le texte même, car souvent le lecteur peut interpréter d’une manière différente le passage sur lequel vous fondez votre raisonnement[50]. » Cette méthode historique revendiquée, l’écriture de l’histoire par l’exposé des sources, n’est rien d’autre que ce que, un demi-siècle plus tard, prôneront les deux historiens Charles-Victor Langlois et Charles Seignobos [51].

41 Avec son Histoire de Jules César, parue en deux volumes en 1865 et 1866, dont il envisagea très tôt de rédiger la vie d’homme d’État [52], l’Empereur s’est d’ailleurs frotté à la recherche et à l’écriture historique, sous la forme d’une œuvre érudite et collective, dont il assure la direction, après avoir évoqué son projet à l’historien Victor Duruy [53]. Outre les illustres membres de l’équipe rapprochée qu’il installe aux Tuileries (les historiens, archéologues ou philologues Duruy, Froener, Jurien, Longpérier, Maury, Mérimée, Renier, Saulcy et Stoffel) [54], sans oublier les fidèles, Hortense Cornu et Mocquard, gravitent de nombreux savants (historiens, archéologues, philologues, numismates, épigraphistes) français et étrangers.

42 Les analyses récentes, celles de Christian Goudineau [55] et de Claude Nicolet [56], ont pu établir l’intérêt de la démarche au plan historique et scientifique, même si cette manière de satisfaire son goût pour l’histoire et pour l’armée permettait manifestement aussi à son auteur d’étancher sa curiosité sur les origines de la nation et son besoin d’établir sans cesse des parallèles entre Napoléon et les autres grandes personnalités du passé. « Lorsque la Providence suscite des hommes tels que César, Charlemagne, Napoléon, c’est pour tracer aux peuples la voie qu’ils doivent suivre, marquer du sceau de leur génie une ère nouvelle et accomplir en quelques années le travail de plusieurs siècles. […] Seuls Dieu et l’histoire étaient à même de les juger », écrit-il dans sa préface [57], publiée en 1865 par Plon, mais signée de l’Empereur le 20 mars 1862, date anniversaire... du retour de l’île d’Elbe. Peut-être s’agissait-il aussi de justifier son coup d’État, sa pratique du pouvoir que, précisément, Troplong avait qualifiée de césarisme [58]. Il reste que c’est bien comme un travail d’érudition que l’œuvre est apparue aux contemporains : « Je comprendrais un livre de considérations générales qu’on écrit à ses moments perdus, mais un livre d’érudit ! Au lieu de raconter un grand homme, il ferait mieux de faire un grand règne », glisse en confidence Persigny, pourtant féru d’histoire romaine, à Émile Ollivier en mars 1865 [59].

43 Les retombées de l’ouvrage surtout sont intéressantes : pour plus de 8 millions de francs de sa cassette personnelle, Napoléon III a financé des recherches archéologiques originales, des études expérimentales, fait entreprendre des fouilles et dessiner des quantités de cartes. Il fut sans doute le souverain français qui fit le plus pour l’histoire ancienne et les fouilles archéologiques [60]. Dans le prolongement de la création, en juillet 1858, de la commission de Topographie des Gaules, chargée de dresser une carte de la Gaule, rattachée au ministère de l’Instruction publique et dont la présidence fut confiée à Saulcy, il encouragea la publication de grandes séries épigraphiques, créa des chaires d’antiquité à l’École des chartes, au Collège de France, à l’École normale et fit établir une édition quasi définitive des Res gestæ d’Auguste.

44 On doit aussi porter à son crédit la création d’un musée des Antiquités nationales dans le château de Saint-Germain-en-Laye, en 1862, lieu de dépôt des matériaux des fouilles impériales [61], et les recherches de terrain pour repérer et fouiller, sous la direction du colonel Stoffel, le site d’Alésia, à Alise Sainte-Reine, en Bourgogne [62]. Pour l’éducation de son jeune fils, le prince Louis-Napoléon (1856-1879), Napoléon III nomme en 1868 comme précepteur adjoint l’historien Ernest Lavisse (1842-1922), normalien, agrégé d’histoire en 1865 (reçu 2e après Gabriel Monod), ancien secrétaire de cabinet de Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique, puis l’un de ses directeurs, au sein du cabinet ministériel.

III. Fonder son pouvoir sur l’écrit : l’édition de la correspondance de Napoléon Ier

45 Faire revivre l’épopée napoléonienne et entretenir le culte impérial, d’une part, légitimer l’action de Napoléon III, de l’autre, c’est aussi dans un double but qu’est lancée la vaste entreprise de publication des lettres écrites par Napoléon Ier durant sa vie [63]. La place des Archives impériales fut centrale dans la réalisation de ce monument de 32 volumes de lettres, édités de 1858 à 1869, par l’association très directe du directeur général Léon de Laborde à la préparation de l’édition.

Ill. 17. Tome XV de la Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III, Paris, Imprimerie impériale, 1864.

Ill. 17. Tome XV de la Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III, Paris, Imprimerie impériale, 1864.

© Isabelle Chave, 2015.

46 Reliant les intérêts de Napoléon III pour Jules César et pour son oncle, mais appuyant aussi sur le souci de l’Empereur de faire preuve, le maréchal Vaillant est habile, lorsqu’il écrit à l’Empereur en janvier 1858 : « Auguste mit César au nombre des dieux et lui dédia un temple : le temple a disparu, les Commentaires sont restés. V. M., voulant élever au chef de sa dynastie un monument impérissable, nous a ordonné de recueillir et de publier la Correspondance politique, militaire et administrative de l’empereur Napoléon Ier. Elle a compris que le plus éclatant hommage à rendre à ce génie incomparable était de le montrer tout entier[64]. » Présidant la première commission chargée de publier cette correspondance, Vaillant résumera bien, en 1864, en s’adressant à Napoléon III, ce souhait « d’élever à la mémoire de Napoléon Ier un monument qui transmît à la postérité les diverses phases de la pensée du Fondateur de sa dynastie » [65].

47 L’entreprise, très documentée, est bien connue dans son déroulement [66], mais la place des Archives impériales dans l’entreprise, à la suite des travaux de Jacques-Olivier Boudon, peut être précisée. Le projet d’éditer la correspondance de Napoléon Ier remonte à 1854, deux ans seulement après la proclamation de l’Empire. Une première commission, rattachée au ministère d’État, alors dirigé par le ministre Achille Fould, mais présidée par le maréchal Vaillant, ministre de la Guerre, est instituée par décret le 7 septembre 1854, « pour recueillir et publier la Correspondance de l’empereur Napoléon Ier ». Elle comprend douze membres [67], dont quatre avaient servi sous le Premier Empire (Vaillant, Flahaut, Aupick et Pelet), tandis que Boulay de la Meurthe était le fils du ministre des Relations extérieures du Premier Empire et Champagny, le fils d’un président de section au Conseil d’État sous Napoléon Ier.

48 Aux Archives de l’Empire, Laborde désigne J. Goeschler, chef de la section du Secrétariat, comme cheville ouvrière [68]. Un décret du 30 janvier 1863 le nommera d’ailleurs membre de la commission. Ancien secrétaire d’Adolphe Thiers, auteur de l’Histoire du Consulat et de l’Empire, Goeschler multiplie les repérages de lettres du Premier Consul, puis de l’Empereur dans les divers fonds des Archives de l’Empire et, en juillet 1857, pour déchiffrer les minutes de 1814 des archives de la Secrétairerie d’État impériale et du Cabinet de l’Empereur, fait même appel à Jouanne, l’ancien premier commis du Cabinet de Napoléon Ier, devenu sous-chef des archives du Louvre sous Louis-Philippe, toujours en vie et retiré à Versailles [69]. Laborde peut ainsi adresser en décembre 1857 à Péron un état quantitatif des lettres de Napoléon Ier conservées aux Archives impériales, qui devait faire de l’institution le centre d’intérêt premier des membres de la commission [70].

A. L’entrée de Laborde dans la première commission

49 Un tournant est marqué en 1859, lorsque, par arrêté du 3 mars 1859, le comte de Laborde, qui rejoint la commission par décret du 14 mai 1858 à la succession de Chabrier, est chargé « de la direction des travaux nécessaires pour continuer de recueillir, coordonner et publier la correspondance de l’empereur Napoléon Ier ». Le secrétaire général du ministère d’État, dans une lettre au ministre Achille Fould, le 26 février 1859, justifie très clairement cette évolution : « Les documents qui constituent ce que l’on appelle le Cabinet de l’Empereur et la Secrétairerie d’État, présentent plus de 40 000 pièces, parmi lesquelles un grand nombre touche aux intérêts les plus élevés de l’État, à la mémoire de l’Empereur ou au nom des familles les plus respectables. Les Archives de l’Empire étant placées dans les attributions du ministère d’État, il en résulte nécessairement que la responsabilité de V. Exc. se trouverait engagée jusqu’à un certain point si, en compulsant les pièces, des indiscrétions étaient commises ou si certaines publications venaient à donner lieu soit à des récriminations soit à une polémique intempestive[71]. » Dans ce contexte, le directeur général des Archives impériales, en raison même de ses fonctions, s’imposait comme le responsable le plus sûr. L’entreprise devint ouvertement politique : par arrêté du 1er juin 1860, le ministre d’État, Achille Fould, modifia la répartition des services de l’Administration centrale et créa un bureau du personnel, placé sous les ordres immédiats du conseiller d’État, J. Pelletier, secrétaire général du ministère, et qui réunit dans ses attributions les Archives de l’Empire et le service de la Correspondance de Napoléon Ier.

Ill. 18. Minute de lettre de Napoléon Ier au prince Eugène, Boulogne, 16 thermidor an XIII/4 août 1805, Arch. nat., AF/IV/867.

Ill. 18. Minute de lettre de Napoléon Ier au prince Eugène, Boulogne, 16 thermidor an XIII/4 août 1805, Arch. nat., AF/IV/867.

© Archives nationales.

Ill. 19. Lettre de Napoléon Ier aux sénateurs, 5 avril 1813. Arch. nat., AF/IV/753, n° 6053, fol. 14.

Ill. 19. Lettre de Napoléon Ier aux sénateurs, 5 avril 1813. Arch. nat., AF/IV/753, n° 6053, fol. 14.

© Archives nationales.

50 Les deux premiers volumes, édités par Henri Plon, fidèle imprimeur de l’Empereur, furent livrés en avril 1859. Cette même année, le personnel chargé de traiter les documents à publier s’est étoffé et s’est professionnalisé jusqu’à atteindre vingt-trois personnes, sans compter les cinq employés dépendant des Archives de l’Empire, chargés de la copie des pièces existant dans cet établissement [72]. Profitant des travaux menés pour la Correspondance et sur la base de l’inventaire des archives du Louvre par Goeschler (1849), Laborde essaie de faire reconstituer les archives du Cabinet de Napoléon et fait dresser par Auguste Prost un Inventaire des documents présumés avoir composé le Cabinet de l’Empereur, achevé vers 1862 [73]. L’acquisition de l’hôtel de Breteuil (1862), puis de la maison du 16 rue de Paradis (janvier 1863), près de l’entrée des Archives impériales, permit de rassembler et de réorganiser les bureaux de l’Administration, de la Correspondance de Napoléon Ier, la Bibliothèque et l’École des chartes, qui occupait depuis 1847 le salon Ovale du prince de Soubise et ses abords. En deux ans, l’assimilation est faite : les Archives impériales étaient devenues indissociables des travaux de la commission de la Correspondance de Napoléon Ier – ce qui a pu faire parler de « prise de contrôle de l’édition » [74].

Ill. 20. Plan des Archives de l’Empire, annoté par Léon de Laborde (détail du réaménagement de l’hôtel acquis rue de Paradis), 4 avril 1857. Arch. nat., VA 4, pièce 25.

Ill. 20. Plan des Archives de l’Empire, annoté par Léon de Laborde (détail du réaménagement de l’hôtel acquis rue de Paradis), 4 avril 1857. Arch. nat., VA 4, pièce 25.

© Archives nationales.

51 L’objectif assigné à la commission de la Correspondance est nettement de révéler l’étendue du génie de l’Empereur et le premier tome débute par une lettre datant du siège de Toulon, en 1793, premier fait d’armes fondateur de l’épopée napoléonienne, en laissant de côté toutes les lettres de jeunesse. La difficulté de ce travail était apparue dès les premières séances : il restait dans les collections publiques et privées une telle masse de documents que leur publication intégrale était une œuvre gigantesque. La Commission fit donc un choix après bien des divergences et suivant des principes plus ou moins nets. Furent écartées les lettres où se trouvent répétés des ordres et la correspondance privée. Lorsque la Commission ne sait si certaines lettres doivent être copiées ou imprimées, en raison de leur contenu, elles sont « remises au président de la commission pour être soumises à S. M. l’Empereur » [75] : Napoléon III reste donc maître, en dernier recours, de la décision de publier telle ou telle lettre.

52 Quinze volumes parurent, couvrant la période 1793-1807. Alors que l’Exposé de la situation de l’Empire, paru au Moniteur du 29 janvier 1862, qualifie la Correspondance de Napoléon Ier d’« œuvre éminemment nationale » [76], des critiques s’élevèrent. D’un côté, on dénonça lacunes et coupures et l’on parla d’hagiographie ; de l’autre, le prince Jérôme Napoléon écrivait à Napoléon III : « Le travail n’a pas été fait avec un sentiment assez profond d’admiration et de dévouement[77]. »

B. Laborde, le prince Napoléon et la seconde commission

53 Une nouvelle commission fut formée, par décret du 3 février 1864, sous la présidence du prince Napoléon (1822-1891), le fils de Jérôme, dernier frère de Napoléon mort en 1860. Le nouveau président offrait une vraie garantie dynastique : lui aussi était un neveu de Napoléon Ier. À l’exception de Laborde et Rapetti, la première commission fut totalement renouvelée et nettement réduite [78]. Pour y participer, Napoléon III désigna Laborde, qui devait remettre le service de la Correspondance, dont ses archives et sa bibliothèque, au prince Napoléon, personnellement impliqué dans l’affaire de l’édition. Dès le 24 mars 1864, Mérimée, à qui l’on avait demandé d’y siéger, en critiquait l’esprit [79]. Ce revirement dans la conduite du projet devait être justifié aux yeux du public, qui put lire dans le Moniteur du 19 février 1865 : « S. M. voulant donner une preuve du haut intérêt qu’Elle attache à une œuvre tout à la fois dynastique et nationale a décidé que la nouvelle commission serait présidée par S. A. I. Mgr le prince Napoléon. La commission, instituée par décret du 3 février 1865, s’est occupée d’examiner l’ensemble des documents à publier, documents dont le nombre dépasse toutes les prévisions ; elle s’est appliquée à faire un choix, toutefois sans omettre aucune lettre directement émanée de Napoléon et offrant un intérêt historique[80]. » Pour autant, il a été montré combien certains aspects du Premier Empire ont été écartés et censurés par cette seconde commission, en particulier en matière de police, de censure de la presse, sur les relations familiales au sein de la famille Bonaparte ou les questions religieuses [81].

54 Outre les membres siégeant à la Commission, le personnel percevant une rétribution fut poussé jusqu’à seize employés auxiliaires [82]. La tension s’installa entre Laborde et le prince Jérôme, qui demanda le transfert complet des archives de Napoléon Ier, en 1864, au Palais-Royal, sa résidence, siège de la nouvelle Commission. Laborde obtint leur maintien à l’hôtel de Soubise, mais lutta pour conserver la maîtrise de la communication des originaux et privilégier les dépouillements effectués par ses propres collaborateurs plutôt que par le secrétaire et les employés de la Commission. « Jamais depuis le commencement du travail de la correspondance une personne étrangère à la direction générale des Archives n’a été autorisée à chercher elle-même les lettres de l’Empereur dans les diverses collections des Archives de l’Empire. Ce soin a toujours été réservé aux archivistes préposés sous ma responsabilité. […] Je ne puis traiter S. M. l’Empereur plus mal que le moindre de ses sujets et je ne communique les papiers d’une famille à aucun de ses membres sans l’assentiment de son chef », écrivit Laborde au prince Jérôme le 29 juin 1864 [83]. Laborde savait ce que les archives des membres de la famille de Napoléon Ier pouvaient témoigner de tensions et de jalousies internes, dont la lecture par les employés auxiliaires de la Commission pourrait s’avérer inappropriée [84]. Malgré ces mises en garde, en janvier 1865, le prince Jérôme tenta de faire distinguer deux statuts parmi les archives de Napoléon Ier (les « archives historiques ou de l’Empire » et « les archives du Souverain ou de la Secrétairerie d’État »), selon une distinction prétendument instaurée par Napoléon Ier même, afin de faciliter l’accès, sur demande de Napoléon III, aux archives du Souverain [85]. Laborde dut s’en défendre à nouveau en février 1865. Les craintes de distraction de documents, formulées par le directeur des Archives impériales, étaient certainement fondées et la rumeur se répandit de ces emprunts délicats pratiqués dans les fonds napoléoniens durant les travaux de la première commission [86]. La communication de pièces non retenues par la commission pour l’édition de la Correspondance attira les foudres sur le marquis de Laborde et sur Goeschler. Sa fréquentation contrainte des Archives impériales poussa le prince Jérôme à dénoncer à l’Empereur sa gestion et sa mauvaise direction en septembre 1867 [87].

55 Au-delà de la controverse, on retiendra le principe d’assimilation de ce service d’État : les Archives impériales étaient de facto le dépôt privilégié des archives d’une famille au pouvoir.

IV. Sous la marque de Napoléon III : l’extension des Grands Dépôts

56 Sans doute ne faut-il pas sur-interpréter l’extension des grands dépôts des Archives impériales, chantier conduit sous le comte de Laborde et achevé en 1865, et y voir un écho du Palais des Archives, tant désiré par Napoléon Ier, qui rêvait de créer à Paris un dépôt d’archives européennes, une formidable concentration de titres qui lui aurait donné la mainmise politique, domaniale et fiscale sur les États vassaux. Le nouveau Garde général Pierre Claude François Daunou (1804-1816, 1830-1840), nommé le 15 décembre 1804, quelques jours après le Sacre, à la tête des Archives de l’Empire, brutalement saturées par les archives de souveraineté des principautés italiennes et du Vatican, de la Couronne de Castille, des États allemands, d’Autriche, d’Espagne et des Pays-Bas, venues peu à peu se déverser à Paris, en avait rappelé l’urgence en 1810 à l’Empereur. Le 21 mars 1812, la construction d’un gigantesque Palais des Archives pour abriter ces immenses versements était décidée, et la première pierre, posée à l’île des Cygnes le 15 août 1812. Malgré une autre visite des fondations par l’Empereur, le 26 novembre 1813, le palais de l’île aux Cygnes fut abandonné le 1er février 1815, mettant fin au rêve impérial.

Ill. 21. Le palais des Archives projeté par l’architecte Jacques Cellerier, gravure, 1812. Arch. nat., AE/II/3809.

Ill. 21. Le palais des Archives projeté par l’architecte Jacques Cellerier, gravure, 1812. Arch. nat., AE/II/3809.

© Archives nationales.

57 Quelques décennies plus tard, il faut reconnaître que la seconde extension des grands dépôts, cette aile sur la rue des Quatre-Fils, après l’extension déjà conduite sous Louis-Philippe par Dubois et Lelong et achevée en 1848, a été imaginée bien avant l’arrivée au pouvoir de Napoléon III. Ébauchée en 1849, après la proclamation de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République française, elle avait été toutefois stoppée faute de financement. C’est bien le contexte de l’arrivée du comte de Laborde à la tête des Archives impériales et l’obtention des crédits nécessaires à partir de 1860 [88], qui permit aux architectes Janniart et Grisart de construire cette aile, dite aujourd’hui « aile Napoléon III », sur les bâtiments de l’hôtel de Guise, impitoyablement sacrifiés. L’édifice se ressent fortement, dans ses détails ornementaux notamment, de l’origine impériale de la commande. Sur les deux faces du pavillon d’angle des rues des Quatre-Fils et des Archives, des médaillons portent les inscriptions « AI [Archives impériales] commencé en 1859 » et « AI terminé en 1863 ».

Ill. 22. Projet n° 2 de Charles Lelong pour l’élévation des nouveaux dépôts sur la rue des Quatre-Fils. Version simplifiée des années 1840, approuvée par le conseil des Bâtiments civils en 1849. Arch. nat., F/21/3505A, pièce 8.

Ill. 22. Projet n° 2 de Charles Lelong pour l’élévation des nouveaux dépôts sur la rue des Quatre-Fils. Version simplifiée des années 1840, approuvée par le conseil des Bâtiments civils en 1849. Arch. nat., F/21/3505A, pièce 8.

© Archives nationales, 2008.

Ill. 23. Médaillon de la façade nord des grands dépôts indiquant la fin des travaux, 30 octobre 1863.

Ill. 23. Médaillon de la façade nord des grands dépôts indiquant la fin des travaux, 30 octobre 1863.

© Isabelle Chave, 2015.

58 Au centre de cette nouvelle aile, au cours des deux années nécessaires à l’installation intérieure, fut aménagée une salle du « Trésor des chartes » ; des monogrammes N vinrent orner les murs peints de ce magasin particulier et la date de 1865 fut inscrite dans le parquet par l’architecte Janniard, en employant des bois d’essences rares. C’est dans cette salle que, le 15 janvier 1866, Laborde fit remonter, derrière deux majestueux vantaux de chêne, l’Armoire de Fer des années 1790-1791, qui, outre les fameux cartons 15 et 43, déjà évoqués, contenait, depuis octobre 1860, le testament de Napoléon Ier. Ainsi enchâssée, l’Armoire de Fer devenait la « vitrine » de l’institution et, pour l’Empereur, le meilleur véhicule du principe dynastique revendiqué.

Ill. 24. Vue intérieure de la salle dite du Trésor des chartes.

Ill. 24. Vue intérieure de la salle dite du Trésor des chartes.

© Archives nationales, 2008.

Ill. 25. Détail des peintures murales, mur sur cour de la salle du Trésor des chartes.

Ill. 25. Détail des peintures murales, mur sur cour de la salle du Trésor des chartes.

© Yann Potin, 2015.

Ill. 26. Cartouche du parquet du Trésor des chartes, chêne, amarante et ébène, 1865.

Ill. 26. Cartouche du parquet du Trésor des chartes, chêne, amarante et ébène, 1865.

© Isabelle Chave, 2015.

59 En cette salle du Trésor des chartes, des pommes de pin, allusion à l’antiquité romaine, mais aussi au pouvoir impérial, alors que l’on débattait encore, sous le Second Empire, pour savoir si la Pigna du Vatican provenait du mausolée d’Hadrien ou du Panthéon d’Agrippa [89], ornent l’amortissement des rampes métalliques des escaliers en vis desservant les galeries, ainsi que le garde-fou de la galerie supérieure. Dans cette réalisation fonctionnelle d’une haute qualité technique et architectonique, qui fait la part belle à la fonte et au fer (colonnes portantes, galeries de demi-étage, escaliers), comme Labrouste l’avait déjà pratiqué à la bibliothèque Sainte-Geneviève (1844-1850), le recours aux marbres d’Égypte, pour les cartouches de salles, est aussi un hommage subtil aux matériaux utilisés dans les édifices de la Rome impériale.

Ill. 27. Détail des escaliers métalliques de desserte de la galerie supérieure

Ill. 27. Détail des escaliers métalliques de desserte de la galerie supérieure

© Archives nationales, 2008.

Ill. 28. Table en marbre vert d’Égypte portant l’inscription du nouvel emplacement du Trésor des chartes.

Ill. 28. Table en marbre vert d’Égypte portant l’inscription du nouvel emplacement du Trésor des chartes.

© Isabelle Chave, 2015.

V. Un musée pour légitimer la IVe dynastie ?

60 De l’ultime projet de ce grand dessein pour les Archives sous le Second Empire, qui fait se conjuguer missions scientifique, civique, patrimoniale et éducative en un seul site, l’impulsion décisive vint de Laborde, lui qui fut conservateur au Louvre et historien de l’art, à partir de l’héritage de l’ancien directeur Letronne, qui, en 1844, avait ouvert des salles (dont la salle des gardes et l’Armoire de Fer) à la visite du public, sous le nom de musée sigillographique.

61 À partir de sa prise de fonctions au printemps 1857, le directeur général tint régulièrement des conférences avec ses chefs de section, auxquels il confia progressivement la mise en œuvre d’une politique d’édition d’inventaires ambitieuse (Trésor des chartes et collection des sceaux en 1863, Monuments historiques en 1866, actes du Parlement de Paris en 1867). Dès 1858, il sollicita un aménagement budgétaire pour lancer la réfection de la chambre de Parade de la princesse et du salon d’Assemblée au premier étage de l’hôtel de Soubise, afin d’y loger un musée sigillographique et paléographique.

Ill. 29. « Visite aux Archives », gravure reproduite dans L’Illustration, 1867.

Ill. 29. « Visite aux Archives », gravure reproduite dans L’Illustration, 1867.

© Archives nationales, 2008.

62 Sa lettre au ministre d’État le 27 juillet 1858 indique clairement que ce développement nouveau des Archives impériales pourra servir au pouvoir en place : « Montrer au public comment l’État conserve et entretient un noble édifice du siècle de Louis XIV, […] lui apprendre à distinguer les écritures de tous les temps, depuis les donations royales tracées au VIIe   siècle sur papyrus jusqu’au testament de Louis XVI écrit d’une main ferme sur un vulgaire papier, depuis la signature de Charlemagne jusqu’aux autographes de Napoléon Ier du 13 vendémiaire an IV ou du 25 prairial an VIII, ce n’est point un résultat indigne de votre administration et le gouvernement de l’Empereur en recueillera quelque honneur[90]. »

A. La détermination du parcours

63 Laborde dut attendre 1861 pour que fût enfin dégagé un crédit exceptionnel sur le budget de l’État, effort reconduit jusqu’en 1863. À la séance du 23 avril 1861, Léon de Laborde exposa pour la première fois le parcours prévu pour le « musée sigillographique et paléographique », tant souhaité par le directeur général, dont le ministre d’État venait d’autoriser l’installation dans les salons de l’hôtel de Soubise, en allouant les crédits nécessaires à leur restauration. Alors qu’en 1858, le parcours, pour Laborde, s’achevait par deux lettres de l’an IV et de l’an VIII, il pouvait désormais s’achever par « le testament de l’Empereur et toutes les pièces émanant des contemporains de Napoléon Ier sous le Consulat et l’Empire » [91] et c’est ainsi que le directeur des Archives impériales présentait, quelques mois plus tard, son projet au public dans l’Exposé de la situation de l’Empire paru dans le Moniteur du 29 janvier 1862 [92]. L’inclusion du Consulat et de l’Empire dans le parcours était donc prévue dès l’origine, mais l’entrée du testament de Napoléon Ier aux Archives impériales, en octobre 1860, pendant si éclatant au testament de Louis XVI, en renforça certainement la pertinence.

Ill. 30. Plan au sol des bâtiments des Archives impériales, par Hubert Janniard, 1859. Arch. nat., F/21/3505D/16bis, pièce 1. [en rose, l’emprise des futurs dépôts Napoléon III ; en gris sombre, le rez-de-chaussée du futur musée].

Ill. 30. Plan au sol des bâtiments des Archives impériales, par Hubert Janniard, 1859. Arch. nat., F/21/3505D/16bis, pièce 1. [en rose, l’emprise des futurs dépôts Napoléon III ; en gris sombre, le rez-de-chaussée du futur musée].

© Archives nationales, 2008.

64 Une commission préparatoire du musée fut installée lors de la conférence du 31 mai 1861. Durant la restauration des grands appartements de l’hôtel de Soubise, de 1862 à 1864, les membres de la commission conçurent le projet muséal. Au terme des réflexions, 1 660 pièces étaient montrées au public, Dumont étant responsable de la section République, Empire, Restauration [93]. Par la méthode qui présidait à la constitution de ses collections, le musée des Archives s’inscrivait dans la filiation directe du musée des Souverains, créé par décret du 15 février 1852 et installé au palais du Louvre [94]. D’abord partisan d’une division en siècles ou en vastes périodes, Laborde se rallia à la proposition de Teulet, archiviste à la section Historique, qui prônait une division plus fine par dynastie, puis par règne [95]. Le découpage adopté devait s’adapter en outre aux pièces de l’appartement de la princesse de Soubise : les actes des souverains mérovingiens, carolingiens et capétiens dans la salle des Gardes [salle n° 6 sur le plan infra], les Valois directs, les Valois-Orléans et Angoulême jusqu’à Henri III dans la salle des Bustes [salle n° 7] ; les Bourbons, d’Henri IV à Louis XVI, dans la chambre de Parade [salle n° 8] ; le Premier Empire, dans le salon Ovale [salle n° 9].

Ill. 31. Plan d’aménagement du musée des Archives impériales dans l’hôtel de Soubise, 1867.

Ill. 31. Plan d’aménagement du musée des Archives impériales dans l’hôtel de Soubise, 1867.

© Ariane James-Sarazin, 2004.

65 Ariane James-Sarazin a bien montré déjà comment Révolution, Directoire et Consulat ont été relégués en fin de parcours, dans la petite chambre à coucher et la salle du Dais [salles n° 10 et n° 11], par le truchement d’un passage dérobé. Le fait même que le parcours s’achève avec l’année 1815, la fin du rêve impérial, est d’ailleurs signifiant en soi, La progression proposée est bien guidée, « des prémisses de l’Ancien Régime à l’Empire glorieux, référence obligée du régime en place » [96], de l’ancienne salle des Gardes au salon Ovale, ménageant deux temps forts : la chambre de Parade, où trônent le testament de Louis XVI et la lettre de Marie-Antoinette à Madame Élisabeth, d’une part, et le salon Ovale, avec le testament olographe de Napoléon Ier et, tout autour, les autographes de ses principaux compagnons de guerre. Enfin, la visite du musée des Archives s’achevait par la traversée des grands dépôts, « admirable nécropole des monuments nationaux » (Michelet), où le lien avec le passé national était mis en scène (salle du Trésor des chartes, Armoire de Fer).

Ill. 32. La salle du trésor des Chartes, dans les grands dépôts des Archives impériales (à gauche, l’Armoire de Fer, ouverte aux visiteurs), gravure reproduite dans L’Illustration, 1867.

Ill. 32. La salle du trésor des Chartes, dans les grands dépôts des Archives impériales (à gauche, l’Armoire de Fer, ouverte aux visiteurs), gravure reproduite dans L’Illustration, 1867.

© Archives nationales, 2008.

66 Le fait que Laborde travaille avec l’arrière-pensée d’une caution du régime en place se marque d’ailleurs bien par son inquiétude dans le choix des documents présentés « des premières années du XVIIIe  siècle jusqu’à 1815. C’est là que commencent les difficultés », écrit-il au ministre Vaillant [97], pour lui faire connaître en amont sa sélection documentaire et éviter toute polémique a posteriori.

B. L’inauguration et l’ouverture au public

67 Le prospectus publicitaire, intitulé Souvenirs du Musée des Archives, diffusé par l’éditeur Plon à l’occasion de la sortie du catalogue associé, reproduit un extrait des dernières volontés de l’empereur Napoléon Ier, encadrées du monogramme de Charlemagne, d’un portrait de saint Louis et des signatures d’Henri IV et de Louis XIV.

Ill. 33. Prospectus de lancement de l’inventaire des collections du musée des Archives diffusé par l’éditeur Henri Plon, 1867. Arch. nat., AB/XII/4.

Ill. 33. Prospectus de lancement de l’inventaire des collections du musée des Archives diffusé par l’éditeur Henri Plon, 1867. Arch. nat., AB/XII/4.

© Archives nationales, 2008.

68 Derrière ce montage, qui transcrit une vision fédératrice du passé national, se cache un impératif civique, et qui dépasse largement le pouvoir politique en place et son histoire contemporaine, ainsi que l’exprime bien l’archiviste Léon Gautier, aux sympathies royalistes connues par ailleurs, dans son discours d’ouverture, dont on ne sait s’il fut écrit par ou pour Laborde, alors malade : « Il est impossible de parcourir notre Musée sans concevoir une grande idée de la France, sans la tenir en plus haute estime, sans l’aimer plus énergiquement[98]. » À leur échelle, les Archives impériales cherchent à réconcilier la nation française avec elle-même.

69 Le musée fut inauguré le 19 juillet 1867, catalogue à l’appui [99], au beau milieu des festivités de l’Exposition universelle, installée sur le Champ-de-Mars depuis le 1er avril, puis, dans la foulée, ouvert le jeudi de midi à 4 heures et le dimanche de midi à 3 heures au public. De l’ouverture, le 19 juillet, à la seule fin du mois d’août 1867, les Archives impériales accueillent 2 800 visiteurs [100] et, en moins de quatre mois, environ 5 000 visiteurs.

Ill. 34. Laissez-passer adressé par le marquis de Laborde aux établissements scolaires parisiens, 1867. Arch. nat., AB/XII/4.

Ill. 34. Laissez-passer adressé par le marquis de Laborde aux établissements scolaires parisiens, 1867. Arch. nat., AB/XII/4.

© Archives nationales.

70 Dans l’hiver qui suivit l’inauguration, sans doute parce que la fréquentation risquait de pâtir de la clôture, le 3 novembre 1867, de l’Exposition universelle, Laborde lança une communication plus institutionnelle, en adressant des billets d’entrée, et même des affiches, aux principales représentations internationales à Paris (ambassade de Prusse en France, légation d’Italie, ambassade d’Angleterre, légation de Suède et Norvège, ambassade d’Autriche, légation de Danemark, ambassade impériale de Russie), aux présidents des grands corps de l’État (Corps législatif, Conseil d’État, Sénat), aux six grands ministères (Maison de l’Empereur, Guerre, Intérieur, Marine et Colonies, Agriculture, Commerce et Travaux publics, Finances) et aux établissements d’enseignement supérieur (École des chartes, Rectorat de l’académie de Paris, Conservatoire impérial des arts et métiers) et collèges et lycées parisiens [101].

C. La perception du salon Ovale

71 La presse nationale fut unanime dans son approbation de la préciosité et l’unicité des documents présentés au public [102]. Le coup politique est une réussite totale pour Laborde, qui tient à ce que ce « musée véritablement national » soit compris comme « une série chronologique d’actes originaux, renfermant les annales de la France, depuis les donations de Dagobert et de Charlemagne jusqu’au testament de Napoléon Ier » [103].

Ill. 35. Le salon Ovale, consacré au Premier Empire, du musée des Archives nationales, gravure reproduite dans L’Illustration, 1867.

Ill. 35. Le salon Ovale, consacré au Premier Empire, du musée des Archives nationales, gravure reproduite dans L’Illustration, 1867.

© Archives nationales, 2008.

Ill. 36. Testament et codicilles du testament de Napoléon Ier (première page), 1821, remis par Me Mocquard sur décret de Napoléon III, octobre 1860. Arch. nat., AE/I/13/21.

Ill. 36. Testament et codicilles du testament de Napoléon Ier (première page), 1821, remis par Me Mocquard sur décret de Napoléon III, octobre 1860. Arch. nat., AE/I/13/21.

© Archives nationales.

Ill. 37. Lettre en français de François, duc de Reichstadt, au sujet de ses études et de son apprentissage de sa langue natale, Schönbrunn, 22 septembre 1827. Don de Napoléon III, 4 juin 1864. Arch. nat., AE/I/13/26*.

Ill. 37. Lettre en français de François, duc de Reichstadt, au sujet de ses études et de son apprentissage de sa langue natale, Schönbrunn, 22 septembre 1827. Don de Napoléon III, 4 juin 1864. Arch. nat., AE/I/13/26*.

© Archives nationales.

72 Presque tous, les journalistes opèrent le rapprochement entre le testament de Napoléon Ier et les plus anciens documents de l’histoire de France. « En quittant le trésor des Chartes, j’aurais voulu voir s’ouvrir la fameuse armoire de fer qui renferme les testaments de Marie-Antoinette et de Louis XVI, les signatures autographes de Mazarin, Louis XVII, Napoléon et tant d’autres reliques précieuses », écrit le journaliste du Nord, le 17 mars 1866. Le journal Le Monde du 22 juillet 1867 résume ainsi l’enjeu du parcours : « Faire passer sous nos yeux les plus anciens, les plus illustres documents de notre histoire nationale ; nous les montrer, classés dans un ordre sévère, depuis notre plus ancien diplôme, qui est daté de 625, jusqu’au testament de Napoléon Ier » ; il relève le pendant créé par Laborde, de part et d’autre de la Révolution : « L’une de ces deux salles sans pareilles abrite le testament de Louis XVI et l’autre le testament de Napoléon. » Même remarque dans le Petit Journal du 22 juillet 1867 : « Les pièces les plus intéressantes sont placées dans des vitrines. Ce sont […] le procès-verbal d’inhumation de Louis XVI et le testament de Napoléon Ier » ou dans Le Figaro du 15 août 1867 : « La grande merveille du palais est le fameux salon Bleu de la princesse de Soubise. […] Ce salon appartient aux souvenirs de l’Empire. À droite, des lettres signées Moncey, Ney, Talleyrand, le duc de Reichstad ; à gauche, le testament de Napoléon. Après les cachots du Temps, le rocher de Sainte-Hélène... » C’est le Feuilleton des villes et campagnes, dans un article du 17 avril 1868, qui sera le plus disert dans sa description des trésors de la section impériale ménagée dans le salon Bleu [104].

73 La présence de cette ultime section napoléonienne a des retombées directes pour l’institution, plus que jamais identifiée comme un conservatoire de l’histoire du Premier Empire. Napoléon Ney visite le musée le 16 avril 1868, suivi par Eugène Des Chapelles, sous-chef du cabinet du ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, le 12 novembre, puis par la princesse Murat, le 11 novembre 1869 [105]. La visite du musée, durant l’hiver 1868-1869, convainc précisément l’administrateur de la bibliothèque du Louvre, Barbier, de faire don d’archives familiales relatives aux événements du 9 Thermidor [106].

74 * *

75 En août 1868, alors que la commission de la Correspondance de Napoléon est finalement déplacée 3 rue de Valois, au Palais-Royal, résidence du prince Napoléon, le marquis de Laborde, élevé à la dignité de sénateur par décret du 2 mai 1868, ayant mené à son terme, en une décennie, un nombre considérable de projets, quitte ses fonctions, gravement malade. Les Archives impériales subissaient de plein fouet la pression politique qui régissait alors les institutions de l’État. La garde des documents du Premier Empire, que le régime de Napoléon III entendait exploiter dans un sens favorable à son image, et le contrôle sur l’accès aux archives sensibles du cabinet de Napoléon Ier et à la correspondance de sa Secrétairerie d’État étaient devenus l’un des enjeux de la direction de l’institution.

Ill. 38. Louis-Napoléon, président de la République, buste en bronze-zinc, Auguste Barre, 1852, « pour la décoration de l’hôtel des Archives nationales ». Arch. nat., AE/VIa/69.

Ill. 38. Louis-Napoléon, président de la République, buste en bronze-zinc, Auguste Barre, 1852, « pour la décoration de l’hôtel des Archives nationales ». Arch. nat., AE/VIa/69.

© Archives nationales.

Ill. 39. Napoléon III, empereur des Français, buste en bronze-zinc, Auguste Barre, 1857, installé (après le Second Empire) dans la salle du Trésor des chartes, dans l’axe de l’Armoire de Fer.

Ill. 39. Napoléon III, empereur des Français, buste en bronze-zinc, Auguste Barre, 1857, installé (après le Second Empire) dans la salle du Trésor des chartes, dans l’axe de l’Armoire de Fer.

© Archives nationales, 2008.

76 Napoléon III nomme directeur général des Archives de l’Empire le bibliothécaire de son Cabinet aux Tuileries, Léon Alfred Maury (1817-1892), un positiviste érudit, plutôt que bonapartiste, qu’il avait associé étroitement à l’aventure collective de l’Histoire de Jules César : celui-là même qui fut, pour l’Empereur, son « dictionnaire vivant », selon l’expression de Philippe de Chennevières [107].

Ill. 40. Léon Alfred Maury (1817-1892), directeur général des Archives (1868), buste de marbre blanc, Thouras (copie de Chompeil), 1894. Arch. nat., AE/Vb/3.

Ill. 40. Léon Alfred Maury (1817-1892), directeur général des Archives (1868), buste de marbre blanc, Thouras (copie de Chompeil), 1894. Arch. nat., AE/Vb/3.

© Archives nationales.

77 Dans cet épilogue dénué de toute ambiguïté, le passage de relais entre Laborde et Maury s’accompagna d’un beau symbole : quelques jours avant qu’il ne quitte ses fonctions, en août 1868, Laborde reçut du bibliothécaire Maury, pour les Archives impériales, un atlas, pris à Waterloo, ayant appartenu à l’empereur Napoléon Ier, que le roi du Portugal venait d’offrir à Napoléon III [108]. Nommé, dès le décret du 21 mai 1868, membre de la commission chargée des travaux relatifs à la publication de la Correspondance de Napoléon Ier, Maury en accompagna aussi le bouclage en 1868-1869. Ainsi que toutes les séries jugées sensibles, les archives du cabinet et de la Secrétairerie d’État de Napoléon Ier furent confiées au nouveau secrétaire des Archives, Alphonse Huillard-Bréholles, en remplacement de Jules Goeschler, l’ancien secrétaire d’Adolphe Thiers, qui fut nommé, à la tête de la section Administrative, à un poste moins exposé.

78 En étudiant ainsi, par un angle très particulier, celui des archives napoléoniennes, la question de la recherche en légitimité, dynastique et politique, de Napoléon III, et, au-delà, cette forme de mise en abyme – « un Empire dans l’autre » pour ainsi dire –, que constituent ces années 1852-1870, il faut bien constater que les Archives impériales sont devenues, en deux décennies, un instrument puissant de cette quête impériale. Références aux plébiscites fondateurs, soutien aux réseaux et aux familles bonapartistes de la première heure, restauration de services administratifs hérités du Premier Empire, réhabilitation des résidences impériales des années 1800-1810, restauration des lieux et des sites de la mémoire familiale, édition de la correspondance et exécution du testament de Napoléon Ier…, dans tous les domaines le rattachement du Second Empire au Premier est manifeste et délibéré. Mais au-delà de ce constat, qui n’est pas neuf, il est intéressant de rapporter cet emboîtement délibéré, cette volonté particulière de l’empereur Napoléon III devenue la marque générale d’un régime, à la constitution même des sources napoléoniennes et à l’évolution du lieu le plus intime de leur conservation, les Archives impériales.

79 L’entreprise de l’édition de la correspondance de Napoléon Ier a suscité chez Napoléon III le souci de constituer un véritable chartrier pour les Napoléonides, en un lieu de confiance, garantissant sécurité et pérennité, qui matérialisait, de façon très didactique, le continuum de l’histoire de France et offrait la meilleure opportunité d’un affichage, côte à côte, des quatre dynasties, incarnées en des preuves et des titres. Dès lors, les Archives impériales devenaient un élément indissociable, voire actif, de sa recherche de reconnaissance publique.

80 Nota bene. Les mentions ajoutées après 1884 par diverses mains d’archivistes sont retranscrites en italiques et entre crochets carrés.

Annexe I. Liste des documents remis personnellement par le prince Louis-Napoléon, président de la République, aux Archives nationales, puis par l’empereur Napoléon III, aux Archives impériales de 1850 à 1870

Date de transmissionDescription des documentsRangement aux Archives nationalesSources
août 1850Extrait authentique en latin et en italien délivré par Ant.Franç. Bonaparte, prévôt de l’église cathédrale de San Miniato et curé de la même église, et Jean-François Bonaparte, protonotaire apostolique et vicaire capitulaire de San Miniato, le siège vacant, 18 février 1653.Armoire de Fer (AE/I, carton 13)Arch. nat., AB/L/NC/1500
11 février 1852Extrait d’inscription au grand-livre de la dette publique de 500 000 livres de rentes 5 % consolidées au nom de Louis, roi de Hollande, avec jouissance provisoire à la reine Hortense ; 28 délégations admissibles en paiement des quatre cinquièmes de l’estimation des bois vendus en exécution de la loi du 23 septembre 1814, lesdites délégations formant la somme de 885 000 livres ; 29 déclarations de versements au Trésor admissibles en paiement du dernier cinquième des bois ci-dessus, lesdites déclarations représentant la somme de 225 475, 49 livres ; 60 actions des salines de Creutznach et Durckeim, de 10 000 livres chacune, transférées à la princesse Pauline le 3 décembre 1808 par le trésorier de la Couronne.Armoire de Fer (AE/I, carton 13)Arch. nat., AB/L/NC/1500
4 octobre 1854Lettre du général Caffarelli du Falga au ministre de la Guerre sur les améliorations à réaliser dans les ports de Calais et le petit havre d’Ambleteuse, Boulogne, 4 ventôse an VI [don de Napoléon III].AF/IVArch. nat., AB/II/14, n° 16 093
Avril 1859Note sur le Concordat de 1801, et sur l’exemplaire de ce traité qui existe aux archives du Vatican.AB/XIX/92
21 mai 1860« De la part du divan du Caire, aux peuples de l’Égypte (conseils extraits du Coran) », document encadré du cabinet de Napoléon Ier, accompagné d’une note autographe de Napoléon Ier [don de Napoléon III].Armoire de Fer (AE/I/13/20/1-2)Arch. nat., AB/Vd/5
26 mai 1860Lettre du comte Aldini, ministre secrétaire d’État du royaume d’Italie, à Napoléon Ier, 19 septembre 1808 et 3 projets de décrets annexés, relatifs aux États romains [don de Napoléon III].AF/IVArch. nat., AB/II/15
Octobre 1860Testament et codicilles du testament de Napoléon Ier [remise du notaire Mocquard sur décret de Napoléon III]Armoire de Fer (AE/I/13/21/a-i)Arch. nat., AB/Vd/5.
11 janvier 1861Contrat de mariage de Letizia Ramolino et de Charles Bonaparte, 31 mai 1764 [don de M. Scamaleone, d’Ajaccio, petit-fils de Pierre Costa, notaire de la famille Bonaparte, à Napoléon III]Armoire de Fer (AE/I/11-12/17)Arch. nat., AB/II/15
5 avril 1861Expédition du procès-verbal de la translation des restes mortels de l’empereur Napoléon Ier dans le sarcophage du tombeau construit dans l’église de l’hôtel impérial des Invalides, 2 avril 1861 [don de Napoléon III, remis par le ministère d’État].Armoire de Fer (AE/I/21/7), puis Musée (AE/II/1955)Arch. nat., AB/II/15 et AB/L/NC/1500
13 septembre 1861« Genealogia della famiglia Bonaparte de Sarzane da l’anno 1200 sino all’anno 1567 » [don à Napoléon III]Armoire de Fer (AE/I/13/28), puis Musée (AB/XIX/92)Arch. nat., AB/II/15 et AB/Vd/5
31 octobre 1861Acte de mariage de Joachim Murat et de Marie Annunciade Bonaparte, 20 janvier 1800 [enlevé du registre des mariages de la commune de Plailly (Oise), an VIII, p. 11]Armoire de Fer (AE/I/11-12/12/2)Arch. nat., AB/II/15 et AB/L/NC/1500
[1860-1861]Pleins pouvoirs donnés par Napoléon Ier au duc de Vicence pour conclure un traité de paix, 4 janvier 1814. [don de l’empereur Napoléon III]Armoire de Fer (AE/I/1/19), puis Musée (AE/II/1568)Arch. nat., AB/L/NC/1500
22 janvier 1862Six attestations de recettes de taille, rédigées en latin, faites à Saint-Elpide (Italie) par différents trésoriers au nombre desquels figure Nicolas de Bonaparte [1464-1514], Macerate, 14 avril et 2 juin 1464 [don du Dr Conneau à Napoléon III, remis sur ordre de l’Empereur]Armoire de Fer (AE/I/13/29)
décembre 1863Lettre de Napoléon Ier signée et lettre du major général Berthier durant la campagne d’Espagne, 1808 ; lettres de Palafon et de la Junte suprême sur la défense et à la capitulation de Saragosse, 1809 ; 2 petits registres mss du DVarling tenus à Longwood en 1818-1819 [don de Napoléon III].AF/IV/1622 et AB/XIX/92 (puis Musée (salle Napoléon))Arch. nat., AB/Vd/5
21 février 1864Note autographe de l’abbé Juliani, aumônier de Napoléon Ier, sur la mort du duc d’Enghien [don de Léonard Berger, professeur de dessin et de peinture, à Napoléon III].AB/XIX/92Arch. nat., AB/II/15 et AB/Vd/5
4 juin 1864Lettre autographe signée de François, duc de Reichstadt, au général *** au sujet de ses études et particulièrement de son apprentissage de sa langue natale, écrite en français à Schönbrunn, le 22 septembre 1827 [don de Napoléon III].Armoire de Fer (AE/I/13/26 *)Arch. nat., AB/II/15
28 septembre 1864Affiche de la distribution des prix du collège d’Autun, précédée de la Comédie des fâcheux, représentée par les élèves de la classe de rhétorique, dont Joseph de Buonaparte, d’Ajaccio, 10 août 1782 [don de C. Rossigneux, neveu du général Bigot, à Napoléon III]AB/XIX/92Arch. nat., AB/Vd/5
6 septembre 1865Lettre autographe du général Bonaparte à Joséphine, 13 fructidor an IV, et rapport du maréchal prince d’Eckmühl, ministre de la Guerre, à Napoléon Ier, 8 avril 1815, annoté en marge par Napoléon Ier [don de Napoléon Alexandre Pegot, payeur du Trésor des Hautes-Pyrénées, fils du général de brigade baron Pegot, à Napoléon III]AB/XIX/92Arch. nat., AB/II/16
Fin 1865Transcription de 61 bulles du pape Paul II, de 1470-1471, copiées par quatre notaires de la Chambre apostolique, dont un certain « de Bonaparte », signant « N. » [don de Napoléon III].LL/4BArch. nat., AB/Vd/5
26 mars 1866« Atlas de géographie auquel se rattachent des souvenirs d’enfance de Napoléon Ier » [don du prince de Bauffremont-Courtenay, duc d’Abrisco, à Napoléon III]Bibliothèque (E/III/85)Arch. nat., AB/Vd/5
16 mai 1866Parchemin lacéré contenant mention de personnages du nom de Bonaparte à Florence avant 1348 et de deux timbres du gouverneur et du gouvernement général des départements au-delà des Alpes [don de Napoléon III].AB/XIX/92Arch. nat., AB/Vd/5
30 novembre 1866Lettre autographe du général Bonaparte, sur l’administration de la Lombardie et la formation de la région lombarde, 14 nivôse an V [don de Tagini, antiquaire à Dinnon, à Napoléon III].AB/XIX/92Arch. nat., AB/II/16
décembre 1866Liste des élèves de l’école militaire de Tiron (dont Napoléon Bonaparte), près de Nogent-le-Rotrou, janvier 1779 [don du comte de Chasseloup-Laubat à Napoléon III, à partir des archives du ministère de la Marine].AB/XIX/92Arch. nat., AB/Vd/5
14 mai 1867Budget de la Maison du prince Borghèse en 1808, rectifié et approuvé de la main de Napoléon Ier [don de Napoléon III].AB/XIX/122Arch. nat., AB/Vd/5
septembre 1867Provisions de gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle France pour le marquis de Beauharnais, 11 janvier 1726 [don de Napoléon III].AB/XIX/122Arch. nat., AB/Vd/5
3 avril 1868Minute de l’ordre du jour lu aux troupes de la garnison de Paris à la suite du complot de pluviôse an XIII, dicté au général Murat par le Premier consul [don des héritiers de l’ancien secrétaire du maréchal comte Exelmans à Napoléon III]AB/XIX/122Arch. nat., AB/Vd/5
30 avril 1868Brevet du sieur Pellerin et lettre du général Millet-Mureau [don de Napoléon III].AB/XIX/122Arch. nat., AB/Vd/5
août 1868Atlas ayant appartenu à l’empereur Napoléon Ier et qui fut pris à Waterloo [don du roi du Portugal à Napoléon III, puis d’Alfred Maury, bibliothécaire au cabinet de l’Empereur, à Laborde].BibliothèqueArch. nat., AB/Vd/5
2 juin 1869Lettre accompagnant une lettre autographe du shah de Perse à Napoléon Ier, 1809 [don de M. Rousseau à Napoléon III]AB/XIX/124Arch. nat., AB/II/16
20 juillet 1869Copie de l’acte de baptême de Napoléon Ier [don de M. Serval à Napoléon III]AB/XIX/124Arch. nat., AB/II/16 et AB/Vd/5
2 décembre 1869Acte original de donation par Napoléon Ier de la principauté de Piombino à la princesse Elisa, sa sœur [don de Napoléon III].AB/XIX/124Arch. nat., AB/II/16
23 décembre 1869Papiers relatifs à la translation des Cendres à la succession de l’Empereur.AB/XIX/124Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Affaires de finances : note de Mollien à Joseph BonaparteAB/XIX/124Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Documents relatifs au royaume de Naples pendant le Gouvernement de JosephAF/IV/1714Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Correspondance du roi Joseph relative au royaume de NaplesAF/IV/1714Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Journaux espagnols de 1812 et 1813.AF/IV/1714Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Papiers du roi Joseph, brochures d’Espagne relatives à la guerre de l’IndépendanceAF/IV/1714Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Copies de lettres du roi Joseph (1807-1812), Naples et EspagneAF/IV/1714Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Affaires du royaume de HollandeAB/XIX/124Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Lettre du sénateur Lespinasse sur les troubles à Paris (1804-1806)AB/XIX/124Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Lettres relatives à l’histoire du règne des Deux-SicilesAF/IV/1714Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Copies de lettres du roi Joseph à l’empereur Napoléon (1805-1807), ayant servi pour les mémoires du roi JosephAF/IV/1714Arch. nat., AB/Vd/5
23 décembre 1869Papiers et imprimés relatifs à l’histoire du règne de Joseph dans les Deux-SicilesAF/IV/1714Arch. nat., AB/Vd/5

Annexe II. Inventaire détaillé des cartons « État civil de la famille impériale », « Napoléon Ier et sa famille » et « Mélanges (pièces postérieures à 1848) » de l’Armoire de Fer, dressé en 1884 [Arch. nat., AB/L/NC/1500]

Carton 13 (ancien carton 15) – Napoléon I er et sa famille

N os courantsN° inv. de 1849Nb de piècesDates
137431Registre de l’état civil de la famille impériale. Vol. grand in-f° relié en velours rouge avec ornements dorés. [AE/II/1893] 1806-1811
237441Registre de l’état civil de la famille impériale. Deuxième exemplaire. [repris par Napoléon III] 1806-1811
337451Acte de naissance [baptême] de Napoléon Bonaparte.1769, 15 août
43746 à 37483Actes de naissance et de mariage de Charles de Bonaparte et de Lætitia Ramolino.1745-1764
53749 et 37502Contrat de mariage de Napoléon Bonaparte et de Joséphine Tascher de LaPagerie. [ampliation portant, de la même écriture, la mention de l’enregistrement du 28 ventôse an IV et celle de l’insinuation du 29 germinal an VII. Aucune signature. 2 ff.] an IV, 18 ventôse
63751 à 37577Divorce de Napoléon et de Joséphine. [le n° 4 = AE/II/1554] 1809, décembre
73758 à 37658État civil de Joseph Napoléon, roi d’Espagne, de Marie Julie, reine d’Espagne, et de leurs enfants.1768-1802
83766 à 377510État civil de Louis Napoléon, roi de Hollande, d’Hortense, reine de Hollande, et de leurs enfants.1778-1811
93776 à 37772État civil de Jérôme Napoléon, roi de Westphalie.1784-1807
103778 et 37792État civil de Pauline Bonaparte, duchesse de Guastalla.1780-1803
113780 à 379011État civil d’Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, de la princesse Auguste de Bavière et de leurs enfants. [le n° 3 exposé salle Empire] 1780-1811
123791 à 380010État civil de Joachim Murat, roi de Naples, de Marie-Annunciade, reine de Naples, et de leurs enfants.1782-1808
133801 à 38088Mariage de la princesse Stéphanie avec le prince électoral de Bade.1806-1807
143809 à 38157État civil des enfants d’Elisa, princesse de Lucques et Piombino.1810-1811
1538161Procès-verbal de remise par le comte Regnaud de Saint-Jean d’Angely au sieur Le Picard, secrétaire général de la Chancellerie de France, de divers documents et notamment des papiers relatifs à l’état civil de la famille impériale. Expédition authentique.1815, 19 janvier
1638171Procès-verbal constant le dépôt fait aux Archives nationales de divers papiers relatifs à l’état-civil de la Maison impériale (soit les 74 pièces ci-dessus).1850, 20 mars
171Contrat de mariage de Charles de Bonaparte et de Lætitia Ramolino. Offert à S.M. NapoléonIII par M.Scainaleone, d’Ajaccio, petit-fils de Pierre Costa, notaire de la famille Bonaparte. [exposé salle Empire] 1764
181Acte de mariage de Joachim Murat et de Marie Annunciade Bonaparte. Enlevé des registres de la commune de Plailly (Oise).1800, 20 janvier
Total75
191Procès-verbal de la transmission des papiers concernant l’état civil de la famille impériale, faite par H.-B.Maret, ministre secrétaire d’État, à M.Regnaud de Saint-Jean d’Angely, secrétaire de l’état de la famille impériale (19août 1807). (Pièce rendue au ministère de la Justice par M.Noël Charavay et transmise aux Archives par ledit ministère, le 30 mai 1894).

Carton 13 (ancien carton 15) – Napoléon I er et sa famille

Carton 21. Mélanges (pièces postérieures à 1848)

N os courantsN° inv. de 1849Nb de piècesDates
1819 à 8224Titres de noblesse et armoiries de la famille Bonaparte. [2 pièces exposées salle Empire] 1779
282314 [1] Note autographe de Napoléon Bonaparte sur la journée du 13 vendémiaire. Pièce acquise par l’État en 1835. [AE/II/1442/1] [exposé salle Révolution]
[2 et 3] Deux transcriptions page pour page de cette note. L’une manque, l’autre est au Musée, n°1442 [B]. [AE/I/13/2, p. 2, accompagnée de sa transcription]
[4] Copie en fac-similé de ladite note.
[5 à 11] Sept épreuves d’un fac-similé de ladite note. Deux sont incomplètes. Une est au Musée n°1442.
[12] Expédition authentique du rapport fait à la Convention le 30 vendémiaire anIV par Barras sur la rébellion des 13 et 14 vendémiaire et sur les opérations militaires exécutées par l’armée républicaine.
[13] Deux pièces originales relatives au général Alexandre Dumas : l’une du 13 vendémiaire anIV ; l’autre, signée Buonaparte, général en chef de l’armée de l’intérieur, du 14 brumaire anIV. La première de ces deux pièces manque ; la seconde est au Musée (ex AB/XIX/92) [Musée, AE/II/1450] [AE/I/13/2/14 : Armoire de Fer] [ex AE/II/1450, AB/XIX/92, entrée n° 3 du 17 novembre 1854, don]
anIV, 13 vendémiaire
3824 et 8252 Lettre du général Colli, général en chef de l’armée du roi de Sardaigne, au général Bonaparte portant en marge le projet de réponse de la main de Bonaparte. [Musée, AE/II/1453]
– Plus une copie de la dépêche adressée à ce sujet par Bonaparte au Directoire, de la lettre du général Colli et de la réponse de Bonaparte, émanant du dépôt de la Guerre. Pièce acquise par l’État en 1835.
1796, 7 avril
48261Note écrite de la main du général Bonaparte sur les événements de Venise [2feuilles et transcription]. Pièce acquise par l’État en 1835. [Musée, AE/II/1461] an V
58271Réponse autographe du général Bonaparte à la motion de Dumolard au sujet des événements de Venise [et transcription]. Pièce acquise par l’État en 1835 [Musée, AE/II/1465] anV
68281Projet autographe d’une proclamation du général Bonaparte aux gardes nationales de la République cisalpine [et transcription]. Pièce acquise par l’État en 1835 [Musée, AE/II/1464] s.d.
78291Projet écrit de la main du général Bonaparte, contenant les bases du traité de Campo-Formio [et copie de ce projet]. Pièce acquise par l’État en 1835 [Musée, AE/II/1468 et bis].anVI
88332Lettre du Premier Consul au comte de Provence. Pièce acquise par l’État en 1835. Plus une copie de cette pièce. [Musée, AE/II/1487 et 1487 bis] [+ extrait des Mémoires de M. de Bourrienne] anVIII, 20 fructidor
98381Lettre autographe de l’Empereur au maréchal Berthier, [avec sa copie]. Pièce sans cote. [Musée, AE/II/1526 et 1526 bis] 1806, 1eroctobre
108411Lettre autographe de l’Empereur au duc deBerg. Pièce sans cote [et sa transcription] 1806, 24 novembre
11852 à 8566Cinq pièces relatives à une acquisition par l’État de sept autographes de l’empereur NapoléonIer. Plus une enveloppe.1835
121État des pièces trouvées à la Section administrative et renfermant des paraphes, signatures et notes autographes de Napoléon et déposées par ladite section pour être mise à l’Armoire de Fer. Ces pièces sont les sept articles qui suivent.
131Projet d’arrêté, signé Bonaparte, et relatif à la création de l’Institut d’Égypte.anVI, 5 fructidor
14 [et bis] 2État des malades existant dans les hospices de Paris (cet état porte une note de la main de Napoléon). Un rapport est joint à cet état. [4 ff. État : 2 ff + rapport + chemise] anXIII, 13 pluviôse
151Rapport du ministre de l’Intérieur à l’Empereur pour faire succéder un sieur Bellet en qualité d’agent de change au sieur Guesdon, sous-doyen de la compagnie. (Note de la main de l’Empereur datée de Tilsitt le 2 juillet 1807).1807, 10 juin
162Rapport du ministre de l’Intérieur à l’Empereur à l’effet d’obtenir un supplément de crédit pour les travaux des Ponts et Chaussées. (Plusieurs notes de la main de l’Empereur). Une lettre ministérielle du 31 mars 1809 est jointe à ce rapport.1809, 30 mars
171Copie d’une adresse de la chambre de commerce de Lille à l’Empereur sur le monopole des tabacs. (Plusieurs notes de la main de l’Empereur.)1810, 18 décembre
186Rapport autographe de M.deMontalivet relatif à la publication d’un projet d’inscription pour le canal de Saint-Quentin et portant une note de la main de l’Empereur. Cinq pièces sont jointes à ce rapport.1812, 7 mars
192Rapports relatifs à la publication d’un ouvrage intitulé Les Princes rivaux, ou Mémoires de Madame Clarke. (Note et paraphe de l’Empereur.)1812, [18 août et] 2 septembre
202Notes de la main de Bonaparte sur une lettre du divan du Caire aux peuples de l’Égypte. Plus un fac-similé de cette pièce. Cote inconnue.1799
215Testament et codicilles de l’empereur NapoléonIer. Le testament est numéroté de la page 1 à la page 40 [les n° 20 et 27 n’ont pas été employés dans cette numérotation]. À la suite, une 1repièce en une feuille, une 2epièce en une feuille, une 3epièce en 2 pages numérotées 1 et 2, une 4eet dernière pièce en deux pages numérotées 1 et 2. [déposé par Napoléon III en avril 1860] [enveloppe du 7e codicille (achat 2004)] 1821, avril
228471Lettre de Mme Joséphine Bonaparte au ministre de l’Intérieur pour le remercier du choix que le Directoire a fait d’elle pour remettre à Bonaparte le sabre que lui envoie l’empereur d’Autriche. Cote inconnue.anVI, 12 thermidor
23848 et 8492Deux lettres de Joseph Bonaparte à son frère Lucien, l’une du 15 pluviôse pour lui recommander le citoyen Peyre, l’autre du 24 ventôse pour lui recommander le citoyen Lequinio. Cotes inconnues.anVIII
248501 [2] Signature d’Elisa Bonaparte, grande-duchesse de Toscane, au bas d’une lettre adressée au duc de Massa, ministre de la Justice, pour lui demander le changement de M.deChevannes, avocat général à Florence. Cote inconnue. [Accompagné d’une note sur les traitements de M.deChevannes.]1813, 2 mars
258511Lettre du cardinal Fesch au ministre de l’Intérieur au sujet d’un règlement sur l’administration des séminaires diocésains proposé au Conseil d’État. Cote inconnue.1813, 10 novembre
261Lettre du duc deReichstadt au général*** au sujet de ses études et particulièrement de celles sur la langue française. (Déposé par l’empereur Napoléon III en 1864.)1827, 22 septembre
2775Documents relatifs aux « licences » et à la fabrication de faux billets de banque anglais (75pièces). (AF/IV/1356) [Ces documents ont été réintégrés dans AF/IV/1356.] 1811
281Généalogie de la famille Bonaparte de Sarzane. (Déposée par l’empereur NapoléonIII en 1861) [AB/XIX/92, entrée 21 du 13 septembre 1861, versement] 1200-1567
295 [6] Attestations de recettes de taille faites à Saint-Elpide par différents trésoriers au nombre desquels figure Nicolas de Bonaparte. [Six] pièces transmises aux Archives par ordre de l’empereur NapoléonIII. (Don de M.le docteur Conneau.)1464
303818 et 38192Extrait authentique en latin et en italien délivré par Ant.Franç. Bonaparte, prévôt de l’église cathédrale de San Miniato et curé de la même église, et Jean-François Bonaparte, protonotaire apostolique et vicaire capitulaire de San Miniato, le siège vacant. Traduction et transcription de cet extrait en italien. Pièces remises aux Archives en août 1850, par le prince Louis-Napoléon, président de la République.1653, 18 février
313830 à 3947118 – Extrait d’inscription au grand-livre de la dette publique de 500 000 livres de rentes 5 % consolidées au nom de Louis, roi de Hollande, avec jouissance provisoire à la reine Hortense. [Restauration]
– Vingt-huit délégations admissibles en paiement des quatre cinquièmes de l’estimation des bois vendus en exécution de la loi du 23 septembre 1814, lesdites délégations formant la somme de 885 000 livres.
– Vingt-neuf déclarations de versements au Trésor admissibles en paiement du dernier cinquième des bois ci-dessus, lesdites déclarations représentant la somme de 225475, 49 livres.
– Soixante actions des salines de Creutznach et Durckeim, de 10 000 livres chacune, transférées à la princesse Pauline le 3 décembre 1808 par le trésorier de la Couronne.
Pièces déposées le 11 février 1852 par ordre du Prince-Président.
1814
Total263
32Lettre de Charles de Buonaparte au ministre de***, lui demandant sa protection pour sa « pauvre » famille, qui va s’augmenter d’un huitième enfant. (Original autographe) (K//1229, liasseV, n°2)Versailles, 1784, 30 juin
33Mémoire adressé au contrôleur général par « Letizia Ramolini, veuve de Carlo de Buonaparte », au sujet de sa pépinière de mûriers, près d’Ajaccio [la pièce est signée : « Pour Madame sa mère, Buonaparte, officier d’artillerie » (autographe)] (K//1229, liasseV, n°19)s.d. [1789]
[Ces deux pièces ont été mises à l’Armoire de Fer, par décision de M. le Directeur de mai 1917.]

Carton 21. Mélanges (pièces postérieures à 1848)

Nos courantsN° inv. de 1849Nb de piècesDates
1 [1 à 3]3Acte d’abdication de Louis-Philippe. Plus deux pièces relatives au dépôt de cet acte aux Archives par M. Martin Paschoud, pasteur protestant, en septembre 1792. [AE/II/1949] 1848, 24 février
238291Ampliation de la délibération de la Commission consultative sur le recensement général des votes émis sur le projet de plébiscite proposé le 2 décembre 1851 par le président de la République à l’acceptation du peuple français. [AE/II/1953] 1851, 31 décembre
33972 et 39732Déclaration remise par l’émir Abd-el-Kader au prince Louis-Napoléon. Plus la traduction certifiée de cette pièce. [Musée étranger, AE/II/216] 1852, 30 octobre
439481Minute originale du sénatus-consulte proposant à l’acceptation du peuple français le rétablissement de la dignité impériale héréditaire dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte. Pièce déposée par le ministère d’État le 23 novembre 1852 (voir Bulletin, n° 14 830). [AE/II/1953bis] 1852, 7 novembre
539691Adresse du Conseil et de l’Assemblée législative du Canada à la reine d’Angleterre pour la féliciter de la victoire de l’Alma, lui offrir les dons des Canadiens pour les œuvres et orphelins des soldats morts dans cette bataille et exprimer le vœu que ces offrandes soient partagées également entre les armées anglaise et française. [MP4] 1854, novembre
6 [1 à 3] 3Procès-verbal d’apposition et de levée des scellés au domicile du prince Charles Bonaparte. Plus une lettre du ministre d’État à M. Duvergier (29 juillet) et une lettre du ministre de la Justice au même (4 septembre). Pièce déposée par le ministère d’État le 19 octobre 1857 (voir reg. de la Correspondance, n° 14).1857
71Expédition authentique du procès-verbal de translation des restes mortels de l’empereur Napoléon Ier dans le sarcophage du tombeau construit dans l’église de l’hôtel des Invalides. Pièce déposée par le ministère d’État le 5 avril 1861. (voir reg. de la Correspondance, n° 827). [AE/II/1955] 1861, 2 avril

Notes

  • [1]
    Cet article est issu d’une conférence donnée dans le cadre du cercle d’études de la Fondation Napoléon, le 24 mai 2016, dans le cadre du partenariat Archives nationales / Fondation Napoléon. Pour sa relecture et ses conseils avisés, je tiens à remercier en préambule mon confrère et ami Yann Potin, chargé d’études documentaires au département Éducation-Culture-Affaires sociales des Archives nationales.
  • [2]
    Voir « François de Chabrier-Péloubet », Dictionnaire des parlementaires français, dir. Robert et Cougny, Paris, 1889 [conseiller-maître à la Cour des Comptes après 1857, Chabrier fut nommé sénateur le 5 octobre 1864].
  • [3]
    Arch. nat., AB/VI/1/28, note de Chabrier à l’Empereur, 7 mai 1854.
  • [4]
    Arrêté du 8 prairial an VIII, art. 4 : « II sera proposé au Corps législatif une loi pour déterminer la nature, la forme et les époques des dépôts qui doivent être faits aux Archives nationales par divers corps constitués de la République. » L’intention est présente aussi dans le projet de loi de pluviôse an IX, qui ne fut jamais voté.
  • [5]
    Pour Napoléon Ier, Chabrier cite cet extrait d’une lettre de Charles Lebrun, duc de Plaisance, l’un des anciens Consuls devenu architrésorier, à l’Empereur en 1805 : « Il faudrait que les archives de l’Empire devinssent, après un certain nombre d’années, le dépôt des actes du Gouvernement, comme de tous les actes du Corps législatif, du Tribunat et même du Sénat. On débarrasserait le secrétariat du Gouvernement et les archives du Sénat d’un amas de papiers qui finiront par les encombrer, qui demanderont, d’ailleurs, pour les tenir en ordre et faire les recherches demandées, une multitude de commis, tandis que, dans un dépôt unique, il y aurait plus d’ordre et plus de surveillance, et une dépense beaucoup moindre. »
  • [6]
    Sur le contexte, lire Françoise Hildesheimer, « Échec aux Archives : la difficile affirmation d’une administration », Bibliothèque de l’École des chartes, 1998, tome 156, livraison 1, pp. 91-106.
  • [7]
    Voir « Léon de Laborde », Dictionnaire des parlementaires français, dir. Robert et Cougny, Paris, 1889, et la notice sur Léon de Laborde, par Geneviève Bresc-Bautier, dans le Dictionnaire critique des historiens de l’art : http://www.inha.fr/fr/ressources/publications/publications-numeriques/dictionnaire-critique-des-historiens-de-l-art/laborde-leon-emmanuel-simon-joseph.html?search-keywords=Laborde. Sur le creuset familial : lire Bertrand de Villeneuve Bargemon, Alexandre de Laborde (1773-1842), Paris, Ibacom, 2011, et la notice sur Alexandre de Laborde, par Olga Medvedkova, dans le Dictionnaire critique des historiens de l’art : http://www.inha.fr/fr/ressources/publications/publications-numeriques/dictionnaire-critique-des-historiens-de-l-art/laborde-alexandre-de.html?search-keywords=Laborde
  • [8]
    Arch. nat., AB/II/15, le duc de Bassano, grand-chambellan, à Laborde, 9 février 1863 ; AB/Va/8, lettre de Blanchard, cabinet du ministre d’État, à Laborde, 12 janvier 1865.
  • [9]
    Arch. nat., 400 AP/194, carton 42.
  • [10]
    Arch. nat., AB/L/NC/1500, inventaire de l’Armoire de Fer (AE/I), 1884, carton 13.
  • [11]
    Arch. nat., AB/II/14, n° 16 093, lettre du ministre d’État à Chabrier, 4 octobre 1854 : « J’ai l’honneur de vous transmettre, par ordre de l’Empereur, pour être déposée aux archives de l’Empire, une lettre adressée de Boulogne le 4 ventôse an VI au ministre de la Guerre par le général Caffarelli du Falga, sur les améliorations à réaliser dans les ports de Calais et le petit havre d’Ambleteuse. »
  • [12]
    Sur la proximité permanente de Napoléon III et de son chef de cabinet, voir : Denis Hannotin, Jean-François Constant Mocquard (1791-1864), chef de cabinet de Napoléon III, Paris, Christian, 2014.
  • [13]
    Martine de Boisdeffre, « Napoléon et les Archives », dans Du Consulat à l’Empire, n° spécial d’Histoire et archives, n° 16, juillet-décembre 2004, p. 13.
  • [14]
    Arch. nat., AB/II/15, à propos de la transmission du 26 mai 1860, Laborde répond à Mocquard le 30 mai : « Le directeur général est prêt à accepter ces papiers et à les faire classer avec ceux de même nature existant aux archives de l’Empire, mais il croit devoir faire remarquer au préalable que ces quatre documents n’ont point appartenu jusqu’à ce jour au dépôt qu’il dirige et qu’ils ne pourraient plus en être retirés qu’en vertu d’une loi, une fois qu’ils auraient reçu le caractère de pièces d’archives. En conséquence, il ne les fera enregistrer et estampiller qu’après le délai nécessaire à M. le secrétaire de l’Empereur pour donner un avis contraire s’il y avait lieu. » La confirmation parvient le 9 juin : « Les quatre pièces par lui envoyées, par ordre de S. M., […] pourront être enregistrées et estampillées pour rester en dépôt dans lesdites archives. »
  • [15]
    Arch. nat., AB/II/15, minute d’une lettre de Laborde au ministre d’État Rouher, Paris, 30 novembre 1866, avec projet de décret pour la soustraction de ces lettres des Archives impériales : le décret du 22 décembre 1855 sur l’organisation des Archives de l’Empire imposait de fait que les documents qui y étaient déposés n’en pouvaient être retirés qu’en vertu d’un décret rendu par Napoléon III sur le rapport du ministre d’État. Voir les conséquences en partie 3 de cet article, à propos de l’édition de la correspondance de Napoléon Ier.
  • [16]
    Arch. nat., AB/II/15.
  • [17]
    Arch. nat., AB/Vd/5.
  • [18]
    Sur le rôle de l’Armoire de Fer à cette période, voir Jean-Pierre Bat et Yann Potin, « Les archives et l’emprise du secret de l’État », Le Secret de l’État. Surveiller, protéger, informer (XVIIe-XXe siècle) (catalogue d’exposition, Paris, Archives nationales, 2015-2016), dir. Sébastien-Yves Laurent, Paris, Archives nationales/Nouveau-Monde éditions, 2015, p. 173-216 (p. 182-185).
  • [19]
    Cet inventaire de l’Armoire de Fer (sous-série AE/I) de 1884 renumérote les deux cartons prévus par Letronne : n° 13 pour les autographes et n° 11-12 pour l’état civil napoléonien [Arch. nat., AB/L/NC/1500]. Voir en annexe II du présent article l’édition de l’inventaire des cartons 11 à 13 en 1884.
  • [20]
    Arch. nat., AB/Vg/1, dossier 2, demandes de visites au Musée (1859-1872).
  • [21]
    À propos des provisions de gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle France pour le marquis de Beauharnais (1726), transmises en septembre 1867, Laborde répond au chef du cabinet de Napoléon III : « Ces lettres qui n’existent pas dans la série des provisions d’offices ont été classées à la suite des documents relatifs à la famille impériale dont S. M. a bien voulu enrichir successivement les archives depuis plusieurs années. » [Arch. nat., AB/Vd/5].
  • [22]
    Pour tous les exemples cités en illustration, voir Arch. nat., AB/Vd/5.
  • [23]
    D’abord au Musée des Archives (Arch. nat., AE/II/1450), puis aujourd’hui AB/XIX/92.
  • [24]
    Aujourd’hui cotés AB/XIX/75-91.
  • [25]
    Arch. nat., AB/XIX/92.
  • [26]
    Clasés alors en section administrative (F/7/3329).
  • [27]
    Aujourd’hui cotés AF/IV/1670.
  • [28]
    Jacques-Olivier Boudon, « Un monument de papier à la gloire du Premier Empire : l’édition de la correspondance de Napoléon Ier sous le Second Empire », dans Archives et nations dans l’Europe du XIXe siècle, dir. B. Delmas et C. Nougaret, Paris, École des chartes (« Études et rencontres de l’École des chartes », n° 16), 2004, p. 173.
  • [29]
    Jacques-Olivier Boudon, op. cit., p. 174.
  • [30]
    Arch. nat., F/70/321, note du 30 mars 1855.
  • [31]
    Arch. nat., AB/II/15, demande d’informations du secrétaire général du ministère d’État à Laborde, 30 décembre 1862.
  • [32]
    Arch. nat., AB/Vd/5, lettre de Léonard Berger, professeur de dessin et de peinture, au maréchal Vaillant, 20 février 1864, que communique le ministre de la Maison de l’Empereur à Laborde avec la transmission du document.
  • [33]
    Arch. nat., AB/Vd/5/5/1, 95 liasses versées aux Archives nationales le 4 février 1852.
  • [34]
    Arch. nat., AB/II/14, n° 13 750, le directeur des Palais et Manufactures au ministère d’État, 11 août 1852 : « Je vous prie de classer parmi vos archives cette pièce qui me paraît devoir y être conservée. »
  • [35]
    Ibid., n° 14 830, le ministre d’État à Chabrier, 22 novembre 1852 : « J’ai l’honneur de vous transmettre, pour être déposée dans les Archives nationales, la minute originale, revêtue des signatures autographes, du sénatus-consulte en date du 7 de ce mois, proposant à l’acceptation du peuple français le rétablissement de la dignité impériale héréditaire dans la personne de Louis Napoléon Bonaparte. »
  • [36]
    Arch. nat., AB/II/15, le ministre d’État à Laborde, 9 octobre 1859 : 5 liasses « pour être déposées aux Archives de l’Empire ».
  • [37]
    Arch. nat., AB/II/15, le secrétaire général du ministre de l’Intérieur à Laborde, 21 novembre 1860, à propos de 170 dossiers de correspondance.
  • [38]
    Arch. nat., AB/II/15, le secrétaire général au ministre d’État, 11 décembre 1860.
  • [39]
    Arch. nat., AB/II/16 et AB/Vd/5/5/1, liasses d’abord cotées en série AG, puis versées le 24 juin 1867 à la section administrative (série O).
  • [40]
    Arch. nat., AB/Vd/5/5/1, liasses d’abord cotées en série AG, puis versées le 24 juin 1871 à la section administrative (série O).
  • [41]
    Louis Napoléon l’avait découvert dès sa parution grâce à Le Bas, son précepteur [lettre de Le Bas à sa famille, 24 mars 1823, citée par Stéfane Pol, La Jeunesse de Napoléon III. Correspondance inédite de son précepteur Philippe Le Bas, F. Juven, 1902, p. 167]. « Plus je [le] lis, écrit Louis-Napoléon à son père, plus j’admire son génie universel et plus je plains, non seulement pour la France, mais pour toute l’humanité, qu’on n’ait pas su le comprendre » [Arch. nat., 400 AP/10, lettre à son père du 13 avril 1830, et 400 AP/41, lettre à Vieillard, 19 mai 1830],
  • [42]
    En 1852, Napoléon III avait conservé la qualité de prince français au roi Jérôme et à ses enfants. Le dernier frère de Napoléon Ier, Jérôme, premier président du Sénat, maréchal de France et gouverneur des Invalides, reçut le Palais-Royal en résidence lors du rétablissement de l’Empire. Son fils Napoléon-Jérôme, cousin de Napoléon III, sénateur, reçut des commandements militaires en Crimée et en Italie. La fille de Jérôme, la princesse Mathilde, domina la vie de la Cour impériale. Les salons parisiens les plus fréquentés sous le Second Empire sont ceux des enfants du roi Jérôme : la princesse Mathilde, le prince Napoléon-Jérôme et le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, président du Corps législatif. Le soutien de Napoléon III s’étendait à Tascher de La Pagerie père, oncle de Joséphine, nommé grand-maître de la Maison de l’Impératrice, et à son fils, cousin de Joséphine, premier chambellan de la Maison de l’Impératrice. Parmi les autres descendants des Bonaparte, les Lucien sont accueillis à la Cour, les Bacciochi sont pensionnés (l’un devint premier chambellan, chargé des spectacles et de la musique), les Murat sont très en faveur. Napoléon III accorde des pensions sur sa Liste civile à sa famille, à la princesse Bacciochi, aux Murat, à Pierre Bonaparte, à Laetitia Bonaparte-Wyse et à sa sœur [voir : Louis Girard, Napoléon III, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 1986, pp. 193-198, et Pierre Milza, Napoléon III, Paris, Perrin, 2004, p. 449].
  • [43]
    Lire : Sudir Hazareesingh, Quand le 14 Juillet se fêtait le 15 Août, Paris, Tallandier, 2007.
  • [44]
    L’administration était dirigée par le ministre de la Maison de l’Empereur (le financier Achille Fould, puis le maréchal Vaillant à partir de 1860), dont les services domestiques sont inspirés de ceux existants sous le Premier Empire. Les services civils de la Maison de l’Empereur ne sont pas moins développés, réactivant l’organigramme des grands officiers de la Maison de Napoléon Ier. Voir, pour mémoire, la thèse de doctorat de Xavier Mauduit, Le Ministère du faste : la Maison du prince-président et la Maison de l’empereur Napoléon III (1848-1870), 2012.
  • [45]
    Pour occuper ces charges, l’Empereur voulait des noms célèbres, comme Cambacérès ou Bassano. On le vit lorsqu’il s’agit de nommer un grand écuyer et un grand veneur, fonctions que Napoléon III souhaita confier au duc de Vicence ou au prince de Wagram. Après le mariage, le 20 janvier 1853, la Maison de l’Impératrice fut constituée avec un certain luxe. Le choix des dames du palais et des demoiselles d’honneur fut une véritable affaire d’État, mêlant des amies d’Eugénie et de sa sœur, des représentantes de la noblesse d’Empire et des filles d’officiers décédés.
  • [46]
    Les collaborateurs de Napoléon III et l’entourage ministériel appartenaient pour la plupart à la même génération que Napoléon III et avaient commencé leur carrière sous la monarchie de Juillet. Six hommes seulement procédaient du bonapartisme : Persigny, les militaires Vaillant et Espinasse, les Corses Abbatucci et Casabianca et le duc de Padoue, parent éloigné de l’Empereur, auquel il fallait toutefois ajouter le prince Napoléon, incarnation de l’aile gauche du parti [voir : Natalie Petiteau, Élites et mobilités : la noblesse d’Empire au XIXe siècle (1808-1914), Paris, La Boutique de l’Histoire, 1997].
  • [47]
    À savoir le Petit-Luxembourg, les palais des Tuileries, de l’Élysée, de Saint-Cloud, de Fontainebleau, de Rambouillet, de Compiègne, de Meudon, le château de Versailles et les Petit et Grand-Trianon, le palais de Strasbourg [voir : Arch. nat., O/5/1446-O/5/1673 Ministère de la Maison de l’Empereur : paiement des travaux aux résidences et palais impériaux (1854-1870)].
  • [48]
    On évoque ici la maison Bonaparte et le palais Fesch à Ajaccio ; les terres de Sologne, à travers l’acquisition des châteaux de La Grillère et de Lamotte-Beuvron, par attachement à la famille de sa mère, où les Beauharnais avaient acquis des terres dont Eugène avait hérité et qu’il avait conservées jusqu’à sa mort en 1824 ; l’église de Rueil-Malmaison, abritant les tombeaux de Joséphine et d’Hortense de Beauharnais ; bien sûr, le domaine de Longwood et la vallée du Tombeau, sur l’île de Sainte-Hélène [voir : Arch. nat., O/5/1446-O/5/1673].
  • [49]
    Il montre l’influence de la redécouverte et de la publication des bulles pontificales fondant l’exemption de la chapelle royale, par le chartiste Adolphe Tardif, accompagnées de l’édition des pièces concernant la fondation de la Grande Aumônerie depuis le Premier Empire [Jacques-Olivier Boudon, La Religion à la Cour de Napoléon III. Histoire de la Grande Aumônerie sous le Second Empire, mémoire d’HDR, Université de Paris IV, 1997, 250 p.].
  • [50]
    Études sur le passé et l’avenir de l’artillerie…, J. Dumaine, 1846-1871, 6 vol. Cité ici d’après : Œuvres de Napoléon III, Paris, Plon et Amyot, 1854-1869, t. IV (1869), p. 12.
  • [51]
    Introduction aux études historiques, Paris, Hachette, 1898 : « L’histoire se fait avec des documents. Les documents sont les traces qu’ont laissées les pensées et les actes des hommes d’autrefois. […] Faute de documents, l’histoire d’immenses périodes du passé de l’humanité est à jamais inconnaissable, car rien ne supplée aux documents : pas de documents, pas d’histoire. »
  • [52]
    Peut-être dès 1836, lorsqu’il lut le Précis des guerres de César, de son oncle ; voir : Françoise Maison, « L’Histoire de Jules César par Napoléon III », dans Napoléon III et l’archéologie, Compiègne, 2000, p. 21-29.
  • [53]
    Victor Duruy, Notes et souvenirs…, Paris, Hachette et Cie, 1901, 2 vol., t. I (rééd. 1902), p. 108-119. L’un des rédacteurs de l’Histoire de Jules César fut, avec Alfred Maury, Alexandre Bertrand (1820-1902), archéologue à Alésia, qui fut récompensé par la direction du Musée des antiquités de Saint-Germain.
  • [54]
    Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments historiques, membre des deux académies, auteur d’une Conjuration de Catilina en 1847 ; Alfred Maury, archéologue et spécialiste de la géographie de la Gaule, bibliothécaire aux Tuileries depuis 1860, professeur d’histoire et de morale au Collège de France ; Victor Duruy, professeur de lycée et cacique de l’agrégation d’histoire, auteur de plusieurs travaux d’histoire romaine ; Léon Renier, bibliothécaire de la Sorbonne, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et professeur d’épigraphie au Collège de France ; Wilhelm Froener, archéologue et philologue badois et lecteur de l’Empereur ; le baron Eugène Stoffel et Louis Félicien Caignart de Saulcy, tous deux polytechniciens et officiers d’artillerie, l’un chargé de coordonner l’identification et l’étude des champs de bataille de César, l’autre passionné d’archéologie et de numismatique ; l’amiral Jurien de La Gravière, aide de camp de l’Empereur et membre de l’Académie des sciences ; Adrien de Longpérier, conservateur des antiquités du Louvre.
  • [55]
    Christian Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, Arles, Actes Sud-Errance, 2001, p. 62 : « Si le propos relève de l’idéologie (montrer que le césarisme fait le bonheur des peuples), l’entreprise fut organisée avec le plus grand sérieux : on allait suivre Jules César de sa naissance à sa mort. »
  • [56]
    Claude Nicolet, La fabrique d’une nation. La France entre Rome et les Germains, Paris, Perrin, 2006 (coll. « Tempus »), p. 162 : « Avec leur presque mille pages, leurs nombreuses notes et appendices traitant de multiples points d’érudition, les deux volumes sont loin d’être négligeables au plan historique […]. Ils méritent parfaitement de figurer pour eux-mêmes dans une bibliographie proprement scientifique. »
  • [57]
    Napoléon III, Histoire de Jules César, Paris, Plon, 1865, p. i-vii.
  • [58]
    Émile Ollivier, L’Empire libéral, études, récits, souvenirs, Garnier frères, 1895-1917, 17 tomes et 1 vol. de tables, t. V, p. 77.
  • [59]
    Émile Ollivier, Journal (1848-1869), éd. par T. Zeldin et A. Troisier de Diaz, Paris, 1961, 2 vol., t. II, p. 186-187.
  • [60]
    Sur ces aspects, voir : Pierre Milza, Napoléon III, op. cit., p. 478-481 et Eric Anceau, Napoléon III, Paris, Tallandier, 2008, p. 410-414.
  • [61]
    Voir : Napoléon III et l’archéologie. Une politique archéologique nationale sous le Second Empire, n° spécial du Bulletin de la Société historique de Compiègne, 2001. Sur les musées de Napoléon III, voir : Arnaud Bertinet, Les Musées de Napoléon III. Une institution pour les arts (1849-1872), Paris, Mare et Martin arts, 2014.
  • [62]
    Napoléon III visita Alésia en personne, en juin 1861, accompagné de Saulcy, de Maury et du général Fleury, puis Gergovie en juillet 1862, avant de faire ériger, en 1865, une monumentale statue de Vercingétorix sur le plateau du mont Auxois, portant au piédestal l’inscription : « La Gaule unie ne formant qu’une seule Nation, animée d’un même esprit, peut défier l’univers. Napoléon III à la mémoire de Vercingétorix » [voir : Joël Le Gall, Alésia. Archéologie et Histoire, Paris, Fayard, 1963, et Vercingétorix et Alésia (catalogue d’exposition, Musée archéologique national, Saint-Germain-en-Laye, 29 mars-18 juillet 1994), dir. A. Duval, Paris, Réunion des Musées nationaux, 1994].
  • [63]
    Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l’empereur Napoléon III, Paris, Impr. impériale, 32 t., 1858-1869.
  • [64]
    Correspondance de Napoléon Ier, Paris, Impr. impériale, t. I, 1858, p. ix (rapport de la commission à l’Empereur, 20 janvier 1858).
  • [65]
    Arch. nat., F/70/321, rapport du ministre de la Maison de l’Empereur à Napoléon III, janvier 1864.
  • [66]
    Les archives des deux commissions successivement chargées de l’édition sont nombreuses, entre les dossiers du ministère d’État (Arch. nat., F/70/321-332), les papiers privés du prince Napoléon Jérôme (Arch. nat., 400 AP/137-143), du maréchal Vaillant (Arch. nat., 400 AP/162) et de la section du Secrétariat des Archives impériales (Arch. nat., AB/Va/8 et AB/XII/5/5). Sur l’entreprise en général, voir : E. Picard et L. Tuetey, Correspondance inédite de Napoléon Ier conservée aux Archives de la Guerre, Paris, 1912, t. I, p. v-x ; Jean Tulard (dir.), Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995, p. 882, et « La correspondance de Napoléon Ier », Journal des savants, 1966, p. 48-56.
  • [67]
    À savoir : le baron Charles Dupin, sénateur ; le comte Boulay de la Meurthe, sénateur ; Prosper Mérimée, de l’Académie française, le général Aupick, diplomate et sénateur, Armand Lefebvre, conseiller d’État ; François-Armand de Chabrier, directeur général des Archives de l’Empire ; Chassériau, maître des requêtes au Conseil d’État ; Perron, chef de section au ministère d’État ; le général Pelet, sénateur ; le comte de Flahaut, ancien aide de camp de Napoléon ; le comte Jérôme-Paul de Champagny, député au Corps législatif ; et Courceval-Clarigny.
  • [68]
    L’archiviste Goeschler était l’auteur du premier répertoire numérique complet des archives du Louvre, rédigé en janvier-juin 1849, juste avant le déménagement des fonds aux Archives nationales [Répertoire sommaire des archives du Louvre, Secrétairerie d’État et Cabinet de l’Empereur Napoléon Ier].
  • [69]
    Aux archives du Louvre, Jouanne avait commencé à s’occuper de la mise en état des minutes de la correspondance de l’Empereur, en vue d’en faire la copie souhaitée par le roi Louis Philippe. C’est là que le connut Goeschler, en 1839, d’abord conduit aux archives du Louvre par le travail de recherches dont l’avait chargé Thiers, pour son Histoire du Consulat et de l’Empire [Arch. nat., AB/XII/5/5, lettre de Goeschler au chef de la section du Secrétariat, 20 juillet 1857].
  • [70]
    Arch. nat., 400 AP/139, note sur les pièces de la correspondance de Napoléon Ier existant aux Archives de l’Empire, 1857 : « Les Archives de l’Empire possèdent : – une collection de minutes de lettres non signées, de l’an VIII à 1815, au nombre de 30 000 environ, écrites sous la dictée de l’Empereur (ou Premier consul), par MM. de Bourrienne, général Clarke, baron Meneval, baron Fain, Maret, duc de Bassano, Duroc, duc de Frioul, comte Daru, Jouanne et autres, sur feuilles volantes ; – 6 à 700 minutes de lettres, signées également de l’an VIII à 1815 et jointes à la collection des décrets ; – 1400 lettres environ, copiées sur 19 registres contemporains de l’époque à laquelle elles ont été dictées et dont une partie fait double emploi avec les minutes de l’an VIII à l’an XII ; – 400 lettres environ, transcrites sur feuilles volantes, d’après les originaux signés, existant aux Affaires étrangères et embrassant toute la période consulaire et impériale, travail fait par M. Jouanne de 1840 à 1848 ; – 6000 lettres environ, transcrites de 1839 à 1848, sur 9 registres, sous la direction de M. le baron Fain, ancien secrétaire du cabinet de l’Empereur, et Bary, chef des archives du Louvre, avec le concours de M. Jouanne. Ces transcriptions comprennent la correspondance de l’an IX, de 1813 et de 1815 ; – 5 à 600 notes dictées par l’Empereur, en partie recueillies dans les 10 registres de la correspondance du ministre secrétaire d’État, en partie écrites sur feuilles volantes ; – 6 registres, sur lesquels ont été transcrits au fur et à mesure de leur réception, les lettres et ordres adressés par l’Empereur au ministre de l’Intérieur de frimaire an XIII à décembre 1809 et pendant les Cent Jours de 1815. »
  • [71]
    Arch. nat., F/70/321.
  • [72]
    Arch. nat., F/70/321, rapport du secrétaire général du ministre d’État au ministre, 26 février 1859.
  • [73]
    Arch. nat., AB/XII/5, rapport de Prost sur son inventaire, 7 octobre 1862. L’intérêt de ces travaux, relativement arbitraires, est surtout rétrospectif, puisque, dès 1867, l’ensemble des archives du Louvre était reclassé en cinq sous-séries suivant les différents régimes politiques. La sous-série AF/IV regroupa alors les archives du Cabinet de Napoléon Ier et de la Secrétairerie d’État à nouveau – et définitivement – fusionnées.
  • [74]
    Jacques-Olivier Boudon, « Un monument de papier à la gloire du Premier Empire : l’édition de la correspondance de Napoléon Ier sous le Second Empire », op. cit., p. 175.
  • [75]
    Arch. nat., F/70/321, note de Laborde pour le ministre d’État, s. d.
  • [76]
    Arch. nat., AB/Va/8.
  • [77]
    Cité par Jean Tulard, Dictionnaire du Second Empire, op. cit., p. 882.
  • [78]
    Le comte Walewski, membre du conseil privé et fils naturel de Napoléon Ier ; le sénateur Amédée Thierry, frère de l’historien Augustin Thierry ; Sainte-Beuve, de l’Académie française ; le colonel Favé, aide de camp de Napoléon III.
  • [79]
    « On m’a fait demander si je voulais être de la seconde commission présidée par le prince. J’ai remercié ; c’était déjà assez désagréable avec le maréchal ; ce doit être encore pis avec un prince. En outre, il est probable que la besogne que fera cette seconde commission sera fort suspecte et je ne me soucie pas d’en partager la responsabilité. La nouvelle commission définit ainsi son objectif : ne retenir que ce que l’Empereur aurait livré à la publicité s’il avait voulu montrer à la postérité sa personne et son système » [cité par Jean Tulard, Dictionnaire du Second Empire, op. cit., p. 882].
  • [80]
    Arch. nat., AB/Va/8, extrait de l’Exposé de la situation de l’Empire, Le Moniteur, 19 février 1865.
  • [81]
    Jacques-Olivier Boudon, « Un monument de papier à la gloire du Premier Empire », op. cit., pp. 180-182.
  • [82]
    Arch. nat., AB/Va/8.
  • [83]
    Arch. nat., AB/Va/8, lettre de Laborde à Jérôme Napoléon, 29 juin 1864, à propos d’une demande d’accès aux papiers du roi Louis, que le prince Jérôme veut voir confier à Judenne, sous-chef du bureau de la Commission.
  • [84]
    Arch. nat., 400 AP/133, lettre de Laborde au prince Napoléon, 9 juillet 1864 : « Il me reste une observation à faire ; je la ferai à vous seul. Il y a dans les papiers du roi Louis des lettres adressées à la reine Hortense, qui portent l’empreinte d’une irritation extrême, des lettres de Mme de Boubers, gouvernante de ses enfants, qui donnent sur leurs habitudes des informations fâcheuses, des lettres du roi Louis à son frère le roi Jérôme, qui l’accusent gravement, et je ne sais ce qui peut encore se trouver dans ces 200 registres ou cartons. […] V. A. I. jugera si elle doit confier le dépouillement de ces papiers à un employé inférieur. »
  • [85]
    Arch. nat., AB/Va/8, note du prince Jérôme Napoléon au ministre d’État, 28 janvier 1865.
  • [86]
    Arch. nat., AB/Va/8, lettre d’un dénommé Allemand à Laborde, 30 mai 1866 : « Il me revient que durant le séjour de la Correspondance aux Archives de l’Empire, plusieurs documents napoléoniens ont été distraits ou égarés par le secrétariat de la Commission. Dans l’intérêt de l’histoire, je crois devoir vous signaler qu’un de ces documents, s’il n’a été restitué à l’administration placée sous votre direction se trouve entre les mains du nommé Judenne, qui me le mit sous les yeux avec cette particularité : “Ils sont bien sûrs de ne jamais le revoir.” »
  • [87]
    Arch. nat., 400 AP/150, minute d’une lettre du prince Napoléon-Jérôme à Napoléon III, 24 septembre 1867 : « À l’occasion de la publication de la correspondance de notre oncle Napoléon Ier, V. M. sait que j’ai à puiser la plus grande partie des documents aux Archives de l’Empire. Ces recherches m’ont amené à connaître ce que contient cette institution et la façon dont elle est dirigée. […] Quelque crainte que j’éprouve de l’ennuyer pour une question secondaire en apparence, mais d’un intérêt capital en réalité pour l’avenir, puisque l’histoire cherchera aux Archives ses documents, je crois qu’il est de mon strict devoir d’insister avec persévérance, jusqu’à que V. M. me dise nettement que j’ai tort de me préoccuper de ce que je considère comme un danger pour la postérité, ou jusqu’à ce qu’elle veuille bien prendre un parti sur mes observations. »
  • [88]
    Jean-Pierre Babelon, Musée de l’histoire de France. T. I : Histoire et description des bâtiments des Archives nationales, 2e éd., Paris, Impr. nat., 1969.
  • [89]
    Georges Lacour-Gayet, « La Pigna du Vatican », Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1881, vol. 1, n° 1, pp. 312-321.
  • [90]
    Arch. nat., F/21/1346, dossier 1858, lettre du 27 juillet 1858.
  • [91]
    Arch. nat., AB/VII/1/1, registre des procès-verbaux des conférences du directeur général avec les chefs de section (avril 1857-6 juin 1864), séance du 23 avril 1861.
  • [92]
    « La restauration des magnifiques salons de l’ancien hôtel de Soubise permettra sous peu l’ouverture d’un musée d’un caractère particulier et qui n’a son analogue dans aucun pays. Ce musée, accessible à ceux que leurs occupations habituelles tiennent éloignés des archives, initiera d’un seul coup d’œil à des études du plus haut intérêt le visiteur, qui trouvera exposées, d’un côté, la suite méthodique des éléments de la paléographie et de la diplomatique, et de l’autre, une série d’actes importants émanés de tout ce qui a marqué dans l’histoire de notre pays, depuis les donations de Dagobert et de Charlemagne jusqu’au testament de Napoléon Ier » [Arch. nat., AB/Va/8, extrait de l’Exposé de la situation de l’Empire, Le Moniteur, 29 janvier 1862].
  • [93]
    Arch. nat., AB/XII/4/1/1, procès-verbaux des séances de la commission du musée (22 octobre 1861-13 octobre 1866).
  • [94]
    Henry Barbet de Jouy, Notice des antiquités, objets du Moyen Âge, de la Renaissance et des temps modernes, composant le Musée des souverains, Paris, impr. De Mourgues frères, 1866.
  • [95]
    Ariane James-Sarazin, « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante : 1867, le marquis de Laborde et le musée des Archives », dans Archives et nations dans l’Europe du XIXe siècle, Paris, École des chartes (coll. « Études et rencontres de l’École des chartes », n° 16), 2004, p. 225.
  • [96]
    Ariane James-Sarazin, op. cit., p. 226.
  • [97]
    Arch. nat., AB/XVII, lettre du 3 décembre 1867.
  • [98]
    Léon Gautier, Le Musée des Archives de l’Empire. Discours d’ouverture, Paris, Typographie Ad. Lainé et J. Havard, 1868, p. 21.
  • [99]
    Le Musée des Archives nationales, documents originaux de l’histoire de France exposés dans l’hôtel Soubise, ouvrage riche de 1200 fac-similés des autographes les plus importants depuis l’époque mérovingienne jusqu’à la Révolution française, Paris, Plon, 1867.
  • [100]
    Arch. nat., AB/Vg/5, dossier 5, registre des visiteurs du musée (19 juillet 1867-1870).
  • [101]
    Arch. nat., AB/II/16 : minutes des lettres accompagnant les billets (12 décembre 1867-février 1868). Ariane James-Sarazin, op. cit., p. 228.
  • [102]
    Arch. nat., AB/Va/*/9, revue de presse (1866-1874) : visite en avant-première pour Le Nord (17 mars 1866) ; « Ouverture du musée des Archives de l’Empire », Le Monde, 22 juillet 1867 ; « Inauguration du musée des Archives », Le Siècle, 22 juillet 1867 ; [sans titre], Le Petit Journal, 22 juillet 1867 ; « Le musée des archives de l’Empire », La Situation, 23 juillet 1867 ; « Une visite aux Archives », Journal des débats, 3 et 6 août 1867 ; « Le nouveau musée des Archives », Le Figaro, 15 août 1867 ; « Le musée des Archives », Le Moniteur, 23 novembre 1867 ; « Une visite au nouveau musée des Archives », Feuilleton des villes et campagnes, 17 avril 1868 ; « Le Musée des Archives nationales », Le Siècle, 16 janvier 1874.
  • [103]
    Texte remis par Laborde pour l’Exposé de la situation de l’Empire, paru au Moniteur du 23 novembre 1867 [Arch. nat., AB/Va/8].
  • [104]
    « Le salon Bleu appartient en entier aux souvenirs du Premier Empire. Des lettres du général Bonaparte, de la reine Hortense, de Murat, de Lannes, de Moncey, de Bessières, etc., ont été réunies là avec une pieuse sollicitude. On y voit aussi des minutes de bataille, des plans de campagne, des notes relatives à la grande armée. Deux documents attirent spécialement l’attention : 1°) une lettre à l’écriture indécise du duc de Reichstadt annonçant la ferme résolution du jeune prince de bien s’appliquer à connaître à fond cette belle langue française, que son père a promenée, triomphante et victorieuse, dans toute l’Europe ; 2°) le testament de Napoléon, écrit de la main même du captif de Sainte Hélène, à Longwood, en avril 1821… Après la prison du Temple, le rocher de Saint-Hélène ! L’histoire de France a seule de ces coups de théâtre. Après le testament de Louis XVI, le testament de Napoléon ! Il y a là matière à de sérieuses réflexions. Ne passons pas sans nous incliner devant la signature de l’immortel capitaine qui s’étale au milieu de la page, flamboyante et presque menaçante » [« Une visite au nouveau musée des Archives », Feuilleton des villes et campagnes, 17 avril 1868].
  • [105]
    Arch. nat., AB/Vg/5, dossier 5, registre des visiteurs du musée (19 juillet 1867-1870).
  • [106]
    Arch. nat., AB/Vd/5 , Maury au maréchal Vaillant, 29 janvier 1869 : « M. Barbier, conservateur administrateur de la Bibliothèque impériale du Louvre, ayant eu occasion de visiter notre musée, a été frappé de la beauté et de l’intérêt des documents qui y sont exposés. Cette visite lui a suggéré la bonne pensée d’offrir à l’administration des Archives une liasse de pièces concernant les événements du 9 Thermidor et qui proviennent de la succession de M. Beuchot, son beau-père, et sont par conséquent sa propriété personnelle. » Effectué en février 1869, ce don sera coté F/7/4433.
  • [107]
    Charles-Philippe de Chennevières-Pointel, Souvenirs d’un directeur des Beaux-Arts, Aux bureaux de L’Artiste, 1883-1889 ; rééd. Arthena, 1979, t. IV, p. 68. Sur la personnalité et la carrière de Maury, lire Françoise Hildesheimer, « Alfred Maury au Palais Soubise », dans Alfred Maury, érudit et rêveur. Les sciences de l’homme au milieu du XIXe siècle, dir. J. Carroy et N. Richard, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007.
  • [108]
    Arch. nat., AB/Vd/5.
Français

En étudiant par un angle singulier, celui des archives napoléoniennes, la question de la recherche en légitimité, dynastique et politique, de Napoléon III, et, au-delà, cette forme de mise en abyme – « un Empire dans l’autre » pour ainsi dire –, que constituent ces années 1852-1870, cet article explore comment les Archives impériales sont devenues, en deux décennies, un instrument puissant de cette quête impériale, au cœur même du lieu choisi par Napoléon Ier pour y concentrer les archives de son empire, l’hôtel de Soubise.
L’entreprise de l’édition de la correspondance de Napoléon Ier a suscité chez Napoléon III le souci de constituer un véritable chartrier pour les Napoléonides, en un lieu de confiance, garantissant sécurité et pérennité, qui matérialisait, de façon très didactique, le continuum de l’histoire de France et offrait la meilleure opportunité d’un affichage, côte à côte, des quatre dynasties, incarnées en des preuves et des titres. Dès lors, les Archives impériales devenaient un élément indissociable, voire actif, de sa recherche de reconnaissance publique. Le directeur général Léon de Laborde sut non seulement soutenir dans la durée la politique impériale de préservation des archives napoléoniennes, mais les transfigurer par un projet monumental (grands dépôts Napoléon III), éditorial (correspondance de Napoléon Ier) et culturel (musée de l’Histoire de France) d’une ampleur encore inédite en ces lieux. Les archives privées furent reconsidérées grâce à la démarche de Napoléon III, inspirant des particuliers qui remirent leur patrimoine aux Archives impériales. Et le président Louis-Napoléon, puis l’empereur Napoléon III, et ses services les plus proches assimilèrent les Archives nationales au lieu de conservation des documents les plus symboliques du nouveau pouvoir.

Isabelle Chave
Archiviste paléographe, conservateur en chef aux Archives nationales, Isabelle Chave y est responsable du département de l’Exécutif et du Législatif, qui conserve en particulier les archives de la Secrétairerie d’État impériale et de la Maison de l’Empereur, sous Napoléon Ier et sous Napoléon III, et le fonds du ministère d’État au Second Empire.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 02/12/2016
https://doi.org/10.3917/napo.026.0105
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