CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Charles Bettelheim, économiste marxiste français, spécialiste de la planification économique et des stratégies de développement des pays du Tiers-Monde, fut conseiller de plusieurs pays au cours des années 1950 et 1960. L’une de ses expériences la plus importante fut celle réalisée à Cuba de 1960 à 1968 [1].

2 Durant ces huit années où il effectua huit séjours sur l’île [2], il participa à la préparation des plans prospectifs de l’économie cubaine, conseilla la Junta Central de Planificación (JUCEPLAN) et certains dirigeants cubains. Il fut un acteur du Grand Débat Économique de 1963 à 1965 en défendant des positions précises sur le type de planification économique qui devait être appliqué à Cuba, contre les positions d’Ernesto Guevara et d’Ernest Mandel notamment [3].

3 L’affirmation du caractère socialiste de la Révolution cubaine intervint en 1961, peu avant l’attaque de Playa Girón par des mercenaires cubains entraînés par les États-Unis. Les relations avec ces derniers furent totalement rompues en 1962, avec la mise en place d’un embargo sur Cuba, toujours en vigueur aujourd’hui. Le nouveau pouvoir révolutionnaire trouva cependant un autre allié de poids, l’URSS, et, dans une moindre mesure, les « démocraties populaires » d’Europe de l’Est. Ces pays fournirent une aide financière et matérielle très importante pour l’île jusqu’en 1989, ainsi qu’une aide technique, en matière de planification économique, mais aussi dans d’autres domaines, comme la médecine.

4 Cette rupture avec les États-Unis et le rapprochement avec le camp socialiste renforça la volonté des dirigeants cubains d’adopter une gestion planifiée de l’économie, en alliant planification de l’économie nationale dans son ensemble et perspective de long terme.

5 L’élaboration et l’exécution des plans à Cuba sont riches d’enseignements que ce soit au niveau de l’histoire économico-politique de Cuba ou des expériences des pays à économies planifiées. Pourtant, l’histoire et l’analyse globale de la planification cubaine sont encore à écrire. À ce titre, les années 1960, premières tentatives de la Révolution cubaine pour construire une économie planifiée, constituent une première étape.

6 Les analyses, les préconisations et les conseils que Charles Bettelheim a fournis au cours de ces huit années, que ce soit par des articles, publiés ou non, des rapports à destination de la JUCEPLAN, et de personnalités politiques cubaines, ou bien dans des lettres personnelles, nous donnent un éclairage intéressant sur cette période. Il faut aussi remarquer que celui-ci fut épaulé par de nombreux collaborateurs qui voyagèrent avec lui, passèrent davantage de temps que lui sur l’île, et qui pouvaient, dans leurs domaines respectifs, lui fournir des rapports, des statistiques… qu’il n’aurait pu obtenir seul. Nous pouvons citer à ce titre, Isaac Johsua, Michel Gutelman, Victor Bogorad ou Elie Lobel.

7 Nous nous interrogerons ici sur les évolutions interactives entre les analyses, remarques et conseils de Bettelheim sur la planification cubaine et le fonctionnement effectif de celle-ci, en fonction de sa propre perception ou à partir d’autres sources. Une grande partie des sources utilisées dans le cadre de cet article n’a pas été publiée [4] et a été consultée dans les archives de Charles Bettelheim. L’article présenté ici a deux objectifs principaux. Le premier est de contribuer à développer les recherches sur la pensée de Charles Bettelheim sur Cuba et de manière générale. Cet article se veut donc complémentaire de celui publié en 2013 (Leleu, 2013) et qui concernait l’évolution générale de la pensée de Bettelheim sur le processus révolutionnaire cubain. Le second objectif est de contribuer à l’histoire et à l’analyse de la planification économique cubaine depuis la Révolution.

8 Nous nous intéresserons presque uniquement aux travaux, conseils et analyses de Bettelheim portant sur la planification. L’article est organisé autour de trois thématiques : les tâches organisationnelles (partie 1), l’importance de la décentralisation et du marché (partie 2), puis la participation démocratique au processus d’élaboration du plan (partie 3).

1. Bettelheim et l’organisation de la planification : Plans prospectifs et organisation des institutions

9 Dès son premier séjour et la rédaction du rapport écrit en septembre 1960, et avant que Cuba ne se lance réellement dans la réalisation d’une planification d’ensemble, Bettelheim insiste sur la nécessité d’une planification globale de l’économie : « (…) l’expansion des forces productives, pour la raison propre de son caractère impétueux, exige des mesures énergiques et urgentes de planification dans le but que ces forces libérées par la Révolution et qui se développent si rapidement puissent être orientées vers les objectifs qui servent le mieux aux nécessités présentes et futures du peuple cubain » (Bettelheim, 1960, 1) [traduction de l’auteur].

10 Pour lui, le contexte général, intérieur et extérieur, de l’économie cubaine est un facteur fondamental pour élaborer un plan d’ensemble de l’économie. Tout d’abord, l’augmentation de la demande de biens de consommation et du niveau de vie en général depuis la Révolution nécessitent de prévoir l’évolution de cette demande afin de réaliser les investissements nécessaires. De même, les potentialités de développement de nouvelles industries et du secteur agricole réclament une planification des investissements rigoureuse dans le but, selon Bettelheim, d’éviter une dispersion des efforts et des gaspillages éventuels.

11 À ce propos, il note, dès 1961, une sous-utilisation des forces productives, en particulier des nouveaux biens de production et des usines perfectionnés importés [5], comme du personnel étranger, essentiellement tchécoslovaque. Bettelheim (1961) insiste sur l’existence de « forces productives occultes ».

12 Cette sous-utilisation peut être expliquée par la défaillance encore importante du système de collecte d’information et de construction des statistiques. La connaissance de l’état détaillé des forces productives permettrait, en effet, d’éviter des investissements inutiles.

13 Une autre source de gaspillage de forces productives, selon Bettelheim, est, dès 1961, l’augmentation importante du personnel technique et administratif au sein des ministères. « Le nombre de techniciens et d’ingénieurs qui se trouvent dans les ministères, à l’INRA [6], etc., me paraît beaucoup trop élevé par rapport à ceux qui se retrouvent en contact direct avec la production industrielle ou agricole » (Bettelheim, 1961, 13) [traduction de l’auteur].

14 Ce phénomène est encore mis en évidence dans le rapport à la JUCEPLAN de 1962 : « Sur le terrain administratif, (…) je voudrais dire que mon attention a été attirée par la pléthore de personnel, l’insuffisance de la discipline au travail et par le niveau extrêmement bas du rendement. Pour que cela ne devienne pas de fortes habitudes extrêmement dangereuses, il me paraît urgent de procéder à une réduction du personnel administratif. Si cela n’est pas possible pour des raisons politiques, il faut trouver la manière d’employer utilement le temps complet de ce personnel dont l’oisiveté est un phénomène plutôt négatif » (Bettelheim, 1962, 128) [traduction de l’auteur].

15 Malgré des progrès notables réalisés, selon Bettelheim, par la JUCEPLAN concernant la collecte d’informations, la quantité et la qualité de l’information disponible sont encore insuffisantes, ce qui ne permet pas d’assurer la préparation dans de bonnes conditions d’un plan économique réaliste.

16 Pour remédier à cela, il importe de proclamer la prééminence de la JUCEPLAN dans le domaine de l’élaboration des plans et de l’information statistique. Dès 1960, il préconisait une JUCEPLAN divisée en plusieurs grands départements (Bettelheim, 1960). La « concurrence » qui pouvait exister entre la JUCEPLAN et d’autres institutions (INRA,…) à ce moment en ce qui concerne la collecte de données conduise à des situations où, par exemple, des fermes d’État disposaient d’informations que la JUCEPLAN ignorait. Bettelheim souhaitait également que l’Institut de planification physique soit intégré à la JUCEPLAN. Souhait qu’il exprime à Selma Diaz, cadre à l’Institut de planification physique, dans une lettre datée de 1964 : « Il y a une division des efforts (séparation des travaux de planification entre JUCEPLAN et planification physique) qui pourrait provoquer la diminution du rendement de ce qui se fait de manière aussi dispersée. Malheureusement, plus le regroupement prendra du retard, plus celui-ci sera difficile, car chacun aura créé des habitudes de travail et il se sera établi des intérêts “acquis”. Pour le moment, le regroupement ne sera pas une tâche facile et devra être réalisé avec beaucoup de “diplomatie” » [7] [Traduction de l’auteur].

17 C’est à partir de 1961 que les travaux concernant l’élaboration d’un plan d’ensemble commencent. La JUCEPLAN a pour objectif, en plus du plan annuel pour 1962, de réaliser un plan quadriennal pour la période 1962-1965. Bettelheim, avec d’autres experts étrangers [8], participe aux travaux préliminaires. 1962 est même nommée « Année de la planification » dans le pays.

18 Ces plans ne seront pas réalisés, et ce, pour plusieurs raisons, comme le manque d’informations statistiques ou l’initiation du blocus états-uniens en 1962. Bettelheim pointe cependant d’autres causes, en partie organisationnelles, comme le changement trop fréquent des formes d’organisation et des relations entre les différents organismes : « Cette tendance s’explique par le désir de perfectionner l’aspect organisationnel de la situation. Mais, en réalité, ce système finit par ne laisser aucune forme d’organisation s’installer avant d’avoir pu fonctionner correctement (…), la majorité des institutions voient leurs lois organiques ou leurs organigrammes changés » (Bettelheim, 1962, 3) [traduction de l’auteur].

19 Les trois premières années de la Révolution, de 1959 à 1961, sont plutôt positives au niveau économique, mais les années 1962 et 1963 s’avèrent décevantes. La production sucrière chute assez brutalement en raison d’une volonté des autorités cubaines de sortir de cette spécialisation, commencée durant la période coloniale et vue comme la conséquence de la domination et de l’exploitation étrangère et du sous-développement du pays.

20 Les chiffres de réalisation des plans de 1962 et 1963 [9] et les mauvais résultats économiques de ces années vont faire prendre conscience à Bettelheim de l’irréalisme des plans cubains qui traduisent, selon lui, une absence considérable de maîtrise des forces productives (Bettelheim, 1963).

21 « L’irréalisme des plans (…) a pour conséquence que des activités qui (…) devraient recevoir certaines ressources matérielles (…) ne les reçoivent pas. (…) D’où les « révisions » du plan qui ont lieu tout au long de l’année. De cette façon, le plan « court » en quelque sorte derrière la réalité. Il cherche à s’ajuster après coup à elle. Il n’y parvient pas, mais il perd en même temps son rôle directeur. Il n’est alors qu’une source de complications, de difficultés et de gaspillage économique supplémentaire » (Bettelheim, 1964, 32).

22 Bettelheim, favorable à une planification d’ensemble de l’économie afin de coordonner les différentes activités et branches entre elles, alliée à une perspective de long terme, est dès le début assez sévère sur le « système de registre économique » mis en place à partir de 1967, conjointement à l’élaboration, certes à long terme, de plans sectoriels. Selon lui, ces projets, construits sans réelle coordination d’ensemble, deviennent facteur de désorganisation. Il s’inquiète, notamment, de la dissolution des unités de planification perspective au sein de la JUCEPLAN (Bettelheim, 1967). En effet, à la fin de l’année 1966, Le vice-ministère du Développement économique est supprimé, et c’est désormais la commission économique du parti communiste cubain (PCC) qui définit le plan, tandis que les deux autres vice-ministères (Planification sectorielle, Bilans nationaux) sont fusionnés. Il apparaît qu’à la fin de 1966, le rôle de la JUCEPLAN est limité à la recherche et à la compilation de bilans servant à la préparation du plan annuel. La stratégie économique devient l’exclusivité du pouvoir politique, et le plan annuel perd sa nature directive, pour ne plus constituer qu’un simple instrument de calcul interne (Larifla, 1995). Il pointe l’irréalisme de ces plans sectoriels et autres projets spéciaux. « En face de 100 000 logements à construire en 1970, on ne construit actuellement qu’entre 8 et 10 000 logements par an. De même, l’objectif des 30 millions de litres de lait par jour en 1975 semble hors de proportion avec ce qui se fait actuellement, car on ne commercialise pas plus de, ou à peine, 1 million de litres par jour » (Bettelheim, 1967, 13).

23 Bettelheim est également très sceptique sur le plan sucrier de 10 millions de tonnes, dont l’objectif lui paraît difficilement réalisable. Il a le même sentiment quant au nombre de bovins, dont l’objectif est de 8 millions en 1975, alors qu’en 1965, le pays n’en compte que 2,2 millions.

24 Concernant le plan sucrier, signé en 1963 avec l’Union soviétique, il prévoit la vente à tarif préférentiel de sucre cubain à l’URSS pour la période 1965-1970. Le plan ne sera d’ailleurs accompli qu’en 1965. Il ne l’est que d’environ 50% en 1969 et Cuba ne produisit que 8,5 millions de tonnes en 1970. Ce plan sucrier est révélateur de la nouvelle relation privilégiée que Cuba entretiendra avec l’URSS, qui commença dès 1960, pour finir après la disparation de cette dernière. Des relations d’échange globalement favorables à Cuba, de même que l’octroi de prêts et une aide technique permettront à ce pays d’enregistrer un développement relatif, tant économique que social, en particulier à partir de 1975 – les relations étant encore instables et moins généralisées durant les années 1960 [10]. Néanmoins ces relations maintiendront le pays dans la spécialisation sucrière, engendrant une nouvelle dépendance avec l’extérieur.

25 L’élaboration des plans sectoriels « spéciaux » allait de pair avec une réduction très importante du rôle de la valeur et du calcul économique, thème déjà fortement mis en avant et commenté par Bettelheim depuis ses premiers séjours sur l’île.

2. Bettelheim et le type de planification à adopter à Cuba : Calcul économique et autonomie des entreprises

26 Les positions de Bettelheim concernant le type de planification à adopter et le rôle de la loi de la valeur et du calcul économique sont le plus souvent connues à travers ce qu’il a défendu lors du Grand Débat Économique et des ouvrages publiés durant cette période [11]. Théoricien de la loi de correspondance entre les rapports de production et le caractère des forces productives, il préconisait le maintien de mécanismes de marché tant que les forces productives ne seraient pas assez développées. Il rejoignait globalement les positions des économistes soviétiques, comme Liberman, qui inspireront les réformes économiques de 1965 en URSS.

27 Durant le Grand Débat Économique, Bettelheim défendait l’idée que des rapports de production socialistes, c'est-à-dire débarrassés des éléments marchands pourraient s’affirmer et être effectifs seulement lorsque les forces productives auraient atteint un certain niveau correspondant à une socialisation effective des moyens de production, au risque d’entraver le développement de l’accumulation socialiste. Pour cette raison, il conseilla l’utilisation des stimulants matériels pour les travailleurs et la mise en place d’une autonomie financière des entreprises, afin qu’elles soient toujours en partie guidées par la rentabilité, en raison de l’état relativement peu développé des forces productives cubaines au début de la révolution.

28 D’un autre côté, Ernesto Guevara et Ernest Mandel, notamment, proposaient que les stimulants matériels aient une place relativement mineure et qu’il y ait une prédominance des stimulants moraux au sein des entreprises. Les stimulants matériels, hérités du capitalisme, ne pouvaient pas être appliqués à grande échelle car cela conduirait à reproduire la conscience capitaliste et serait une entrave à la construction du socialisme (Guevara, 1987). Mandel, qui défendait globalement les points de vue de Guevara concernant les stimulants matériels et les catégories marchandes, justifiait la centralisation par le manque d’expérience des cadres cubains et par le faible développement des forces productives. Pour lui, au contraire de Bettelheim, le développement des forces productives devait rendre plus difficile et moins nécessaire une planification centralisée, en raison de l’augmentation des informations à prendre en compte et de l’accroissement du nombre et de la qualité des cadres politiques et économiques (Mandel, 1987).

29 Bettelheim qualifiera plus tard d’ « économiciste » ses propres positions durant cette période [12]. Ses critiques adressées à la direction cubaine et ses écrits sur la question en 1967 et 1968 seront davantage ancrés sur une posture « maoïste », « marxiste-léniniste », influencée par l’expérience chinoise [13], sa relation intellectuelle avec Althusser [14], ainsi que par l’évolution du processus révolutionnaire cubain lui-même.

30 Dès 1960, Bettelheim insiste sur la nécessité d’appliquer une planification rigoureuse des prix et des coûts pour assurer la rentabilité des coopératives et des entreprises d’État.

31 Il suggère, également, de laisser certains espaces au secteur privé, comme le commerce de produits non essentiels, bien qu’il préconise déjà la nationalisation des banques et des institutions financières. L’élaboration du plan doit donc, selon lui, avoir un caractère centralisé revenant à la JUCEPLAN, mais il convient que l’exécution et le contrôle reviennent aux ministères de manière décentralisée.

32 Son rapport à la JUCEPLAN de 1962 reprend ces aspects de manière détaillée. Le calcul économique et la rentabilité des entreprises doivent assurer la reproduction simple, puis élargie, du secteur d’État. Il pointe le fait que les salaires nominaux ont augmenté trop rapidement par rapport à la production et que les prix utilisés jusqu’alors ne constituent pas un instrument satisfaisant pour le calcul économique.

33 Après le processus de réforme agraire initié en 1959 et les différentes nationalisations de 1960, il n’envisage pas immédiatement, en 1962, d’accroître davantage le secteur d’État, en particulier dans le secteur agricole [15], l’important étant, selon lui, de pouvoir gérer efficacement ce qui appartient déjà au secteur d’État. Partisan d’une planification centralisée, Bettelheim considère comme crucial que les unités de production détiennent des marges de manœuvre et conservent certaines initiatives. Selon lui, une grande part des difficultés du moment découlent en effet d’une centralisation excessive.

34 Le manque d’information statistique rend d’autant plus nécessaire l’autonomie et l’initiative. Bettelheim recommande donc une limitation du caractère obligatoire du plan aux desseins dont le caractère réaliste et la nécessité étaient réellement assurés. Les autres objectifs devaient avoir un caractère indicatif, pouvant être modifiés en cas de besoin. « La préoccupation permanente de Bettelheim pour le caractère décentralisé de l’économie et pour la participation des producteurs directs et des acteurs locaux au processus de planification l’ont conduit très tôt à proposer une réorganisation politico-administrative basée sur l’instauration d’organes locaux de pouvoir qui auraient réduit le poids et les tâches des administrations centrales, spécialement si ces organes dirigeaient les unités économiques opérant sur leurs territoires et dont l’activité était essentiellement orientée vers la satisfaction des besoins locaux » (Diaz et Valdés Paz, 2012, 141-142) [traduction de l’auteur].

35 Les rapports rédigés par Bettelheim ne se contentent pas seulement de critiquer et d’analyser. Ils tentent d’apporter des réponses, tantôt théoriques, tantôt pratiques, en préconisant de nouvelles mesures et méthodes à appliquer. Par exemple, dans un rapport de 1964, il préconise l’application des mesures suivantes (Bettelheim, 1964) :

36

  • Réduction du nombre des indicateurs du plan.
  • Changement profond dans le système d’approvisionnement technico-matériel des unités de production.
  • Introduction d’un véritable calcul économique au niveau des unités de production qui seront dotées de leurs fonds propres (fixes et circulants).
  • Réforme progressive du système des prix afin de faire de celui-ci un instrument véritable de calcul économique.
  • Substitution très large de liaisons contractuelles entre sujets économiques aux liens essentiellement administratifs actuels.
  • Développement du contrôle bancaire, corollaire nécessaire à l’extension du calcul économique.

37 Ces remarques concernant le centralisme excessif et le manque d’autonomie des unités économiques visent évidemment le ministère de l’Industrie dirigé par Ernesto Guevara, qui a mis en œuvre le système budgétaire de financement (SBF), système constitué de grandes entreprises consolidées regroupant un nombre très important d’unités de production sans autonomie matérielle ni financière. Les recettes doivent être intégralement reversées au ministère qui les redistribue conformément aux impératifs du plan. Bien que le système de planification soit plus décentralisé dans l’agriculture de 1963 à 1965, Bettelheim le juge encore peu flexible et rejoint en cela certaines positions de René Dumont, notamment sur la nécessité d’utiliser davantage les stimulants matériels.

38 À partir de 1967, les autorités cubaines, Fidel Castro en particulier, réduisent considérablement les mécanismes de marché. Les stimulants matériels sont supprimés, ainsi que les normes de travail. Quasiment plus aucun calcul en valeur n’est réalisé. Le budget étatique a même disparu (Mesa Lago, 2013). En mars 1968, les dernières petites entreprises industrielles et commerciales des secteurs secondaire et tertiaire sont nationalisées. Les résultats économiques s’en ressentent. La productivité du travail décline de 30% entre 1965 et 1970.

39 Bettelheim, qui rejette à ce moment-là les bases théoriques qu’il défendait auparavant, reconnaît que l’élimination des mécanismes de marché correspond à l’exigence de la construction du socialisme. Mais cette élimination ne peut pas, selon lui, se réaliser si certains de ces mécanismes s’avèrent encore indispensables (Bettelheim, 1967). Or, le calcul économique reste un instrument important dans l’optique d’une planification efficiente et celui-ci est encore plus négligé à partir de 1967 que précédemment : « On constate, en général, un très grand mépris pour le calcul économique qu’on assimile trop rapidement à un calcul de rentabilité dans une optique capitaliste. Or ceci est faux. (…) avec l’éloignement des mécanismes de marché, il ne subsiste plus que des calculs économiques directs et comparés, pour déterminer les priorités et pour s’approcher d’un certain optimum de production » (Bettelheim, 1967, 16).

40 L’irréalisme des plans, la centralisation excessive de l’économie et la bureaucratisation qui l’accompagne conduisent Bettelheim, surtout à partir de 1968, à s’interroger sur le caractère de classe de la formation sociale cubaine. Il convient également de souligner qu’il met l’accent dans l’ensemble de ses rapports, dès 1960, sur la nécessité de la participation des travailleurs au processus d’élaboration du plan et sur les dangers de la verticalité dans la prise de décision et de la bureaucratisation.

3. Conseils et analyses de bettelheim sur la participation des travailleurs au processus d’élaboration et d’exécution du plan : Bureaucratie et verticalité de la prise de décision

41 Dès 1960, dans son mémorandum, Bettelheim insiste sur l’implication des travailleurs au processus d’élaboration du plan, mais dans un sens relativement passif, comme le suggère cette première citation. « La révolution de la technique agricole ne peut se réaliser bureaucratiquement, (…) elle doit être expliquée aux travailleurs dont les habitudes viennent de se modifier radicalement, elle leur impose de nouveaux efforts, dont la portée doit être comprise par tous » (Bettelheim, 1960, 13) [traduction de l’auteur]. Selon lui, le plan doit se convertir en une œuvre collective et, en 1961, il recommande réellement que le plan et le dialogue sur celui-ci ne soit pas seulement une popularisation d’un plan élaboré depuis « en haut » (Bettelheim, 1961).

42 Il remarque, en 1962, la diminution de l’enthousiasme révolutionnaire, conjuguée à l’augmentation du personnel administratif, trop nombreux à ses yeux, qui va développer un certain bureaucratisme. Il mentionne aussi, à ce titre, une « préparation bureaucratique du plan » (Bettelheim, 1962).

43 Cette « centralisation excessive », la verticalité dans le processus de décision, entraînent, selon Bettelheim, une déformation de l’information qui circule au sein des différentes institutions hiérarchiques : « Chaque information qui circule souffre d’une certaine déformation et d’un appauvrissement. De tels faits sont bien connus des études de la cybernétique. Celles-ci ont utilisé les termes de « bruit et entropie » pour désigner les pertes de forces dont les informations souffrent à travers les canaux de communication » (Bettelheim, 1962, 122) [traduction de l’auteur].

44 Le fait que les documents remis à la Direction de la Révolution et au gouvernement soient en contradiction avec la réalité de l’économie cubaine est qualifié de « mirage bureaucratique » par Bettelheim. Ceci peut expliquer, selon lui, que les différents objectifs des chiffres de contrôle du plan n’aient pas été atteints. Ce « mirage bureaucratique » lié à la verticalité du processus de prise de décision incite les instances inférieures à enjoliver leurs informations afin de « plaire » aux instances supérieures. Il utilise également des expressions comme « satisfaction bureaucratique » ou « optimisme réaliste » (Bettelheim, 1963) pour caractériser ce processus.

45 La centralisation provoque, au niveau de la base, une réduction de l’initiative ; celle-ci attend tout de l’échelon central, ce qui réduit l’esprit d’initiative et crée des « hommes bureaucratisés » (Bettelheim, 1962, 124). Pour cet auteur, l’adoption de règles d’autonomie financière et comptable pour les entreprises et les unités de production permettrait d’élever la conscience économique des travailleurs, condition fondamentale d’une préparation efficace et démocratique à l’élaboration du plan [16].

46 Concernant le système de registre économique lié aux plans sectoriels mis en place à partir de 1967 et les multiples interventions d’équipes techniques chargées de réaliser les plans spéciaux, il souligne évidemment que cela n’est pas compatible avec une planification d’ensemble, mais aussi que ces interventions réduisent les initiatives de la base et accroissent le rôle du centre (Bettelheim, 1967) : « Le véritable enjeu (me paraît être) (…) associer l’ensemble du peuple cubain à la préparation des nouveaux plans économiques. Ceux-ci ne peuvent reposer seulement sur les évaluations faites centralement mais doivent, au contraire, reposer sur une ample initiative des masses et des cadres révolutionnaires » (Bettelheim, 1968b, 6) [17] [traduction de l’auteur].

47 À partir de 1968 [18], Bettelheim va analyser différemment le processus de bureaucratisation et de verticalisation de la prise de décision, nettement accentué après 1966, influencé par sa perception plutôt positive de la Révolution chinoise et l’influence de la pensée d’Althusser. En effet, ces éléments ne sont plus vus par Bettelheim comme des erreurs dans le style de direction que l’on pourraît corriger par de simples réformes, mais comme des traits distinctifs du caractère de classe de la formation sociale cubaine. Bettelheim s’éloigne ainsi des positions « économicistes » qu’il défendait auparavant et met en avant l’importance des rapports sociaux dominants pour caractériser l’évolution d’une formation sociale vers le socialisme. Ce n’est pas simplement l’unification des procès de production qui assure la transition vers le socialisme, mais aussi, et surtout, la maîtrise des producteurs et des travailleurs sur l’ensemble de ces procès.

48 Bien que Bettelheim situe les enseignements des expériences révolutionnaires qu’il étudie sur le plan théorique, on peut s’interroger sur le fait qu’il retire les mêmes implications pour des formations sociales si différentes que sont Cuba et la Chine. Par exemple, les perspectives de développement autonome ne peuvent être les mêmes pour ces deux pays. En effet, la Chine est un pays vaste et densément peuplé, alors que Cuba est un petit pays, par sa taille et sa population, ce qui implique, malgré les efforts réalisés par exemple, pour substituer des importations de conserver toujours un degré assez élevé de dépendance extérieure.

49 Pour Bettelheim, dans les formations sociales en transition, la lutte des classes se poursuit, et le prolétariat doit continuer de lutter pour le maintien ou le renforcement de la défense de ses intérêts et de son pouvoir. Or, selon lui, la formation sociale cubaine de la fin des années 1960 n’est pas dominée par le prolétariat. « (…) la contradiction fondamentale de la formation sociale cubaine se manifeste entre l’existence de rapports de production en partie formellement socialistes et une superstructure politique et idéologique qui n’est pas dominée par le prolétariat » (Bettelheim, 1968c, 14).

50 La direction politique et économique a été caractérisée par l’économisme révisionniste du parti socialiste populaire [19] et par l’ « humanisme » du Mouvement du 26 juillet dirigé par Fidel Castro, dont l’emprise sera plus forte, surtout à partir de 1965. La direction du pays serait donc porteuse d’une idéologie petite-bourgeoise radicalisée [20].

51 Les « erreurs » relatives à la planification seraient donc dues, selon Bettelheim, à la pratique de la couche sociale au pouvoir, pratique liée à son idéologie.

52 « À cet égard, l’irréalisme des différents plans (qui ne forment pas un plan unifié de l’économie nationale, forme nécessaire à toute planification véritable), leur incompatibilité et l’absence d’une évaluation scientifique de leurs effets économiques tant immédiats qu’à long terme, constituent à la fois un produit de l’idéologie dominante et une source d’inefficience, de gaspillage et d’accroissement de la dépendance à l’égard de l’extérieur » (Bettelheim, 1968c, 129).

Conclusion

53 L’expérience cubaine de Bettelheim fut intense et productive, tant sur le plan de ses conseils et de ses analyses sur le processus révolutionnaire cubain, que pour son développement théorique personnel. Les questions liées à la planification, mêlées à celle de la construction du socialisme furent principales, et à notre avis, restent d’actualité pour le moment présent et les évolutions en cours que Cuba connaît depuis le début XXIème siècle.

54 Il ressort de cet article et des textes de Bettelheim qui ont été étudiés que celui-ci, jusqu’en 1968, a toujours cru et réfléchi à l’avenir socialiste de Cuba. Évidemment, les analyses et les critiques qu’il porte sur le système de planification, présentes dès ses premiers rapports, sont évocatrices. Bien qu’il reconnaisse des difficultés objectives à la mise en place d’une planification « véritable » et effective, il militera toujours en faveur d’une amélioration du système de direction économique garant d’un développement « socialiste », et donc en faveur d’un organe de planification unifié prenant les décisions et rassemblant les informations centralement. Il soutiendra la construction d’objectifs décentralisés liés au relatif faible développement des forces productives ; l’importance du calcul économique et le maintien des catégories marchandes et d’un secteur privé pour un temps déterminé ; la nécessité d’une planification prospective et de plans de l’économie nationale coordonnés à l’échelle temporelle et sectorielle; le rôle des travailleurs pour l’élaboration des plans et la prise de décision politique et économique. On peut penser, cependant, que certains aspects essentiels de l’économie cubaine n’ont peu, ou pas, été intégré dans la réflexion de Bettelheim. À savoir la place et le rôle de l’agriculture, lui qui a conservé un temps une vision industrialisante ; le rôle que pouvaient jouer les services pour le développement de l’île ; la dépendance extérieure ; la situation particulière de Cuba en Amérique latine.

55 Bien que lu et écouté, en attestent ses multiples échanges avec Ernesto Guevara, Carlos Rafael Rodriguez ou Oswaldo Dorticós, les mesures ou orientations que Bettelheim préconisait ne furent jamais réellement appliquées et les évolutions débutées à partir de 1965-1966 iront même à l’encontre de ses conseils. Ces évolutions, ainsi que la modification de sa posture théorique le conduiront à réfléchir différemment sur le processus révolutionnaire cubain, et à s’interroger sur son orientation socialiste, surtout en rapport avec l’idéologie petite-bourgeoise, « humaniste », défendue, selon lui, par la direction politique du pays.

Notes

  • [1]
    Il conseilla également le gouvernement indien sous Nehru et égyptien sous Nasser.
  • [2]
    Il y vint presque tous les ans, sauf en 1966. Il effectua deux séjours en 1963.
  • [3]
    Voir, à cet égard, Leleu (2013), Guevara (1987), Mesa Lago (1972).
  • [4]
    Ceci jusqu’à récemment. À noter l’effort remarquable de compilation et de publication d’une partie des archives de Bettelheim concernant Cuba par des auteurs cubains (Cf. Diaz et Valdés Paz, 2012).
  • [5]
    « Mais beaucoup d’équipements nouveaux commandés ne peuvent fonctionner, faute de bâtiments ou de cadres qualifiés. Des machines fort délicates s’entassent ainsi sur les quais, puis dans des entrepôts provisoires, des hangars » (Dumont, 1964, 74). De plus, Dumont notait, « Faute de bidons (…), on ne peut ramasser tout le lait », bidons qui, selon cet auteur, auraient dû être prioritaires à l’importation et passer avant les usines inutilisées.
  • [6]
    Institut national de la réforme agraire.
  • [7]
    Lette de Charles Bettelheim à Selma Diaz, 11/01/1964 (Cf. Diaz et Valdés Paz, 2012, 50).
  • [8]
    On peut noter à cet égard les travaux de l’économiste polonais Michal Kalecki.
  • [9]
    Les taux de réalisation globaux des plans annuels de 1962 et 1963 ont été d’environ 80% (Bettelheim, 1964).
  • [10]
    L’URSS suspendit ses livraisons de pétrole à Cuba de janvier à septembre 1968.
  • [11]
    Cf. Bettelheim (1975) et Bettelheim (1968a). Ces deux ouvrages contiennent, pour partie, des articles écrits entre 1964 et 1965 et traitent, de manière abstraite, du cas cubain.
  • [12]
    Cf. l’introduction des Luttes de classes en URSS, 1ère période (Bettelheim, 1974).
  • [13]
    Il réalise un voyage en Chine en 1964, qui conduit à la publication de l’ouvrage La construction du socialisme en Chine en 1965 en collaboration avec Jacques Charrière et Hélène Marchisio. Il en ressort positivement impressionné par l’expérience chinoise de planification, qui lui paraît à la fois décentralisée et démocratique.
  • [14]
    Relation qui commence réellement en 1963 par l’entremise de l’architecte cubaine et amie de Bettelheim, Selma Diaz (Cf. Diaz et Valdés Paz, 2012).
  • [15]
    Sur ce point, il ne sera pas entendu. En effet, une deuxième réforme agraire commence en 1963 et conduit à la nationalisation des moyennes et grandes exploitations encore existantes. Ce sont en partie des raisons politiques qui ont poussé à ces nationalisations, les moyennes et grandes exploitations pouvant être, ou étant, des soutiens aux foyers contre-révolutionnaires.
  • [16]
    Bien qu’il ne soit pas en accord sur de nombreux points avec Bettelheim, par exemple concernant une planification décentralisée garant d’une gestion démocratique du plan, voir l’ouvrage de Wlodzimierz Brus (1970).
  • [17]
    Extrait d’une lettre au président de la République Oswaldo Dorticós en 1968, qui sera sa dernière correspondance directe avec les autorités cubaines.
  • [18]
    Essentiellement dans son texte non publié « Sur les étapes de la Révolution cubaine » que l’on retrouve dans ses archives. Une version longue se retrouve également en espagnol dans l’ouvrage précédemment cité (Cf. Diaz et Valdés Paz, 2012, 957-1011).
  • [19]
    Ce parti était, avant la Révolution de 1959, le parti communiste, plutôt proche de l’Union Soviétique.
  • [20]
    Ces analyses et conclusions sont inspirées de certains penseurs comme Althusser et de l’idéologie maoïste ; la Chine étant alors au début de la « Révolution culturelle », qui fut un désastre économique et humain. Bettelheim reconnaîtra s’être trompé dans ses mémoires (Bettelheim, 1997). Il dira avoir été aveuglé, pris d’illusion, alors qu’il n’avait pas une connaissance réelle du terrain chinois. Ses séjours étaient organisés par les autorités, et se résumaient à quelques entretiens et des visites dans quelques entreprises d’élites. Sa perception du terrain cubain était plus ample. Une étude sur Bettelheim et son « expérience chinoise » mériterait, à ce titre, d’être réalisée.
Français

L’objectif de cet article est de présenter et de commenter les analyses de Charles Bettelheim concernant la planification économique cubaine au cours des années 1960. Ce travail, élaboré essentiellement à travers l’étude de textes non publiés figurant dans ses archives, permet de faire ressortir ses préoccupations principales à propos de la planification cubaine et de leurs modifications, en rapport avec l’évolution du processus révolutionnaire cubain et de sa propre réflexion théorique.

Mots-clés

  • Bettelheim
  • Cuba
  • planification
  • développement
  • calcul économique

Bibliographie

  • Documents consultés aux archives de l’EHESS

    • BETTELHEIM C. (1997) Mémoires Version définitive, 320 p.
    • BETTELHEIM C. (1968b) Lettre de Charles Bettelheim à Sr Oswaldo Dorticós, 7 p.
    • BETTELHEIM C. (1968c) Sur les étapes de la révolution cubaine, 157 p.
    • BETTELHEIM C. (1967) Note générale, 43 p.
    • BETTELHEIM C. (1964) Situation et problèmes économiques de Cuba en 1964, 78 p.
    • BETTELHEIM C. (1963) Rapport provisoire sur quelques problèmes économiques cubains, 49 p.
    • BETTELHEIM C. (1962) Informe acerca de algunos problemas actuales de la economia cubana, 132 p
    • BETTELHEIM C. (1961) Notas y observaciones sobre la planificación de la economía cubana, 63 p.
    • BETTELHEIM C. (1960) Memorandum sobre la planificación económica en Cuba,
    • 43 p.
  • Autres sources

    • BETTELHEIM C. (1975) Planification et croissance accélérée, Paris, Petite collection Maspero, 192 p.
    • BETTELHEIM C. (1974) Les luttes de classes en URSS : 1ère période 1917-1923, Paris, Seuil/Maspero, 524 p.
    • BETTELHEIM C. (1968a) La transition vers l’économie socialiste, Paris, Maspero, 270 p.
    • BETTELHEIM C., MARCHISIO H., CHARRIERRE J. (1965) La construction du socialisme en Chine, Paris, Maspero, 207 p.
    • BRUS W. (1970) Problèmes généraux du fonctionnement de l’économie socialiste, Paris, Maspero, 262 p.
    • DIAZ S., VALDÉS PAZ J. (2012) Charles Bettelheim en la Revolución Cubana: Economía y socialismo, Panamá, Ruth Casa Editorial, 1 288 p.
    • DUMONT, R. (1964) Cuba : socialisme et développement, Paris, Seuil, 190 p.
    • GUEVARA E. (1987) Écrits d’un révolutionnaire, Paris, La Brèche, 246 p.
    • LARIFLA L. (1995) L’expérience cubaine de développement (1959-1993) : système socialiste et régime rentier assisté, Thèse de doctorat en histoire, Université Paris 7, 487 p.
    • LELEU J. (2013) Charles Bettelheim et la Révolution cubaine (1960-1971), RITA, n° 6, en ligne, http://www.revue-rita.com/notes-de-recherche6/jerome-leleu.html.
    • MANDEL E. (1987) Les catégories marchandes dans la période de transition, in E ? Guevara, Écrits d’un révolutionnaire, Paris, La Brèche, 246 p.
    • MESA LAGO C. (2013) Cuba en la era de Raúl Castro, Madrid, Colibrí, 336 p.
    • En ligneMESA LAGO C. (1972) Ideological, political and economic factors in the Cuba controversy on material versus moral Incentives, Journal of interamerican studies on world affairs, vol. 14, n° 1, 49-111.
    • ***
Jérôme Leleu
École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), Centre d’études des modes d’industrialisation (CEMI).
jerome.leleu@live.fr
Mis en ligne sur Cairn.info le 27/06/2017
https://doi.org/10.3917/med.178.0103
Pour citer cet article
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