CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Situé au cœur de l’isthme centraméricain, le Nicaragua est le deuxième pays le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes, avec un indice de développement humain (IDH) de 0,645 (124ième rang mondial, PNUD, 2017). Ce pays est également caractérisé par une économie ouverte – le commerce extérieur (Importations + Exportations de biens et de services) y représentait 102,4% du PIB en 2014 (Banque mondiale, 2017) – et très fortement dépendante de son secteur agroalimentaire (BCN, 2015 ; Mayorga, 2008). La mise en évidence du caractère dual de ce secteur (Léonard et al., 2009 ; Solà Montserrat, 2008) permet de différencier une agro-industrie capitaliste essentiellement tournée vers les produits traditionnels d’exportation, et des agricultures familiales et paysannes, très fortement diversifiées et répondant conjointement à des enjeux de satisfaction des besoins alimentaires domestiques et d’insertion sur des marchés agroalimentaires globalisés (Ruíz García et Marín López, 2005).

2 Le processus historique ayant conduit à la structuration de ce second sous-secteur révèle certaines singularités. On perçoit, notamment, le rôle central joué par l’associativité paysanne pour le maintien et les adaptations de ces agricultures dans le contexte de globalisation néolibérale. Le mouvement coopératif paysan (MCP) hérité de la révolution sandiniste en est l’expression la plus emblématique. Ce mouvement socio-politique organisé à l’échelle national prend appui sur un système coopératif articulé à différentes échelles territoriales. Les coopératives de base, implantées au sein des communautés ou villages, en constituent le socle (Metereau, 2016).

3 Cet article fait appel au concept de système agroalimentaire localisé (Syal) afin de qualifier certains phénomènes locaux de coordination et d’actions collectives qui, bien qu’adossés à un mouvement national, mobilisent également des ressources spécifiques des territoires en vue de leur activation. Au-delà de la caractérisation de ces phénomènes, l’objectif est ici de tester la capacité du concept de Syal à appréhender des dynamiques pour lesquelles la recherche d’une qualification territoriale des produits n’apparaît pas nécessairement centrale.

4 Ce travail exploite les résultats d’une recherche qualitative de terrain qui constitue le cœur de la recherche doctorale de l’auteur (Metereau, 2016). À partir des observations réalisées et de l’analyse des entretiens conduits auprès de membres du MCP (encadré 1), la construction d’une série de faits stylisés permet de confirmer l’existence de dynamiques assimilables à des Syal au sein de trois territoires distincts du Nicaragua. Néanmoins, l’adossement de ces dynamiques à un mouvement socio-politique en modifie la nature. La notion de « Syal-coopératives » est alors proposée afin d’intégrer cette spécificité. Ce qui amène à questionner également la dimension politique sous-jacente au Syal.

5 Dans un premier temps, l’article caractérise le MCP et la structure organisationnelle sur laquelle il repose. Puis, il qualifie, dans un deuxième temps, trois dynamiques de type Syal observées au Nicaragua. Dans un troisième temps, la dimension politique de ces dynamiques singulières est intégrée dans la proposition du « Syal-coopérative ».

Encadré 1 : Méthodologie de la recherche qualitative de terrain

L’analyse compréhensive du mouvement coopératif paysan et des modalités de son organisation émane d’un travail de recherche qualitative de terrain mené entre septembre 2012 et janvier 2013 au Nicaragua.
Cette recherche visait à comprendre les motivations et les modalités de l’organisation des paysan(ne)s en coopérative. Il s’agissait, ensuite, de tester la pertinence de la grille d’analyse Syal pour qualifier les réalités observées au sein de différents territoires du Nicaragua. À cette fin, une enquête par entretiens semi-directifs a été menée auprès de paysan(ne)s membres de deux des principales fédérations de coopératives paysannes : la FENACOOP et la FECODESA. Les interviewé(e)s vivent et cultivent dans trois zones agro-socio-écologiques différentes, avec des systèmes de cultures diversifiés, plusieurs niveaux d’implication dans leur réseau coopératif d’appartenance, et des situations socio-économiques diverses (accès à la terre, au marché, niveau de formation, etc.).
Les entretiens recueillis – 52 entretiens – ont été soumis à une analyse de contenu thématique (Paillé et Mucchielli, 2012) assistée par deux logiciels : Sonal et Nvivo10. L’analyse, dans sa dimension compréhensive visant à attribuer un sens au phénomène de coopération étudié, est facilitée par un recours systématique à des observations de terrain complétées par une littérature grise abondante.
Le principal résultat de cette analyse réside dans la construction d’un « arbre thématique » – intitulé « Panorama motivationnel de la coopération » – permettant de distinguer différents ensembles motivationnels liés à l’organisation au sein du MCP. Trois ensembles significatifs de motivations sont distingués : strictement économiques, organisationnels, socio-politiques. Voir Metereau (2016).

1. Mouvement coopératif paysan au Nicaragua : Une articulation entre actions collectives localisées et mouvement socio-politique national

6 Un système coopératif paysan (SCP) articulé à différentes échelles territoriales est aujourd’hui observable au Nicaragua. Cette construction répond à des enjeux d’adaptation des agricultures familiales et paysannes [1] aux conditions de la concurrence internationale et d’accès aux marchés agroalimentaires. Dans cette optique, l’organisation en coopérative correspondrait à une stratégie collective des paysans nicaraguayens visant à se doter des moyens – organisationnels, financiers, matériels, etc. – de leur participation au processus de globalisation néolibérale. Dans le même temps, le SCP peut également être compris comme un ensemble de stratégies collectives répondant à des objectifs plus larges et parfois contradictoires avec l’intégration aux marchés agroalimentaires globalisés. Perçu cette fois-ci comme un héritage de la révolution sandiniste et des luttes paysannes qui se sont prolongées au-delà de la décennie 1980, le SCP se présente alors également comme la manifestation organisationnelle d’un mouvement socio-politique : le mouvement coopératif paysan.

1.1 La construction historique d’un Système Coopératif Paysan articulé à différentes échelles territoriales

7 Dans le contexte des nouvelles ruralités, les diverses formes d’associativité paysanne sont reconnues comme des vecteurs d’accès au marché, d’intégration aux chaînes de valeur agroalimentaires, de développement agricole et des agro-industries rurales (AIR), ou encore de participation politique des populations paysannes (ONU, 2015 ; FAO, 2012 ; 1997 ; IICA, 2009).

8 Au Nicaragua, la coopérative apparaît comme la forme privilégiée d’associativité. Le développement des coopératives commence avec l’avènement de la révolution sandiniste pendant la décennie 1980. Durant cette période, c’est l’État qui impulse et structure un système coopératif. Les fermes d’État et les coopératives agricoles sandinistes (CAS) doivent faciliter l’exploitation collective des terres confisquées durant la révolution, et permettre de répondre aux enjeux en termes de satisfaction des besoins alimentaires et de maintien des exportations, dont dépend fortement l’économie du pays (Zalkin, 1988 ; Dufumier, 1983).

9 Après la révolution, ce système coopératif initialement sous tutelle de l’État s’autonomise, se transforme et se structure au cours des décennies 1990-2000. Dès lors, la structuration du SCP intervient comme une forme de contre-mouvement (Utting et al., 2014) : d’un côté s’opèrent un retrait de l’État, une libéralisation accélérée des marchés agricoles, des privatisations, etc. D’un autre, les paysans, et plus largement les populations rurales, s’organisent pour préserver les quelques acquis de la révolution, ainsi que de la réforme agraire inaboutie à laquelle elle avait donné lieu (Baumeister, 1999 ; Zalkin, 1990).

10 Avec le soutien d’organisations à l’intérieur et à l’extérieur des frontières (syndicats, fondations, organisations non gouvernementales (ONG), coopération internationale, etc.), et sur la base des textes de lois promulgués durant la révolution, le SCP se maintient d’abord, puis s’étend ensuite, autour d’une structure articulée à différentes échelles territoriales (figure 1).

11 Localement, les « coopératives de premier degré » constituent la base, réunissant des paysans et paysannes appartenant le plus souvent à une même communauté ou « village ». Ces coopératives de base ont la possibilité de former, à des échelles territoriales plus larges, des unions ou centrales de coopératives. Au niveau national, des fédérations de coopératives représentent les intérêts du secteur, formulent les stratégies collectives de leurs membres, et contribuent au développement des agricultures familiales et paysannes en facilitant la mutualisation des moyens, en créant des marques ou en ouvrant de nouveaux marchés, en recherchant des soutiens financiers et en appuyant les initiatives locales en menant des actions de formation, etc. Il s’agit donc d’un système d’intégration verticale de type fédératif qui est, en outre, relié, d’une part, à un organe de représentation national commun à l’ensemble du secteur coopératif (le CONACOOP) et, d’autre part, à un ministère en partie dédié au développement du secteur : le ministère de l’Économie familiale, communautaire, coopérative et associative (MEFCCA) et son organe de coordination des politiques de développement du secteur coopératif (INFOCOOP). Enfin, on relève de nombreuses interdépendances, voire parfois un flou des frontières, entre ces organisations coopératives et d’autres types d’organisations liées à la production agricole et à la paysannerie, dont en premier lieu les syndicats et les associations de producteurs (associations par filières par exemple).

Figure 1 : Structure du système coopératif paysan au Nicaragua

Figure 1 : Structure du système coopératif paysan au Nicaragua

Figure 1 : Structure du système coopératif paysan au Nicaragua

Source : auteur.

1.2 La dimension politique de l’organisation en coopérative : le SCP comme manifestation organisationnelle d’un mouvement social

12 Une littérature abondante atteste de la multitude et de la diversité des mouvements sociaux en Amérique latine (Stahler-Sholk & al., 2007 ; Biekart, 2005 ; Calderón, 1995 ; Touraine, 1988). Ceux-ci sont fréquemment présentés comme des mouvements d’opposition au processus de globalisation néolibérale (Radcliffe, 2004 ; Edelman, 1999 ; Veltmeyer, 1997) constituant des forces majeures de changement social (Petras et Veltmeyer, 2001 ; Fuentes et Gunder Frank, 1989). La paysannerie, à travers la diversité de ses formes d’organisations, locales, nationales et transnationales, constitue un groupe social fortement impliqué et souvent moteur de ces mouvement sociaux (Rodriguez Rojas, 2014 ; Teubal et Ortega Breña, 2009 ; Edelman, 2008 ; 2005 ; 1998 ; Deere et De Janvry, 1979).

13 La prise en compte de la dimension historique de la construction du SCP et de son inscription dans les grandes luttes socio-politiques qui ont marqué l’histoire du Nicaragua au cours du 20ème siècle permet une compréhension élargie de ce phénomène. Dès lors, la mise en œuvre de stratégies collectives d’adaptation au contexte de libéralisation des marchés agroalimentaires et de retrait de l’État ne paraissent plus constituer un motif suffisant pour expliquer la structuration du SCP. Par suite, le « coopérativisme », ou plus singulièrement, le mouvement coopératif paysan, peut être compris comme un mouvement social au sens de Touraine (1978 et 1973). Son support organisationnel, à mi-chemin entre le « self-help altruism » et la « mobilisation politique» (Kriesi, 1993), se manifeste à travers le SCP (Metereau, 2016). Ce recours au concept de « mouvement social » pour caractériser la nature du coopérativisme au Nicaragua implique l’attribution d’une portée normative à l’organisation en coopérative. Il ne s’agit plus seulement pour les paysan.ne.s membres de ces coopératives de se doter de moyens collectifs pour l’accès aux marchés, la création et la rétention de la valeur ajoutée, ou d’acquérir un pouvoir de négociation au sein des chaînes de valeur agroalimentaires. Le mouvement social est une forme « d’action collective concertée en faveur d’une cause » (Neveu, 2015, 9). Il est à la fois conflictuel et porteur d’un projet de société en adéquation avec les intérêts et les aspirations d’un groupe social donné.

14 La réalité observée au Nicaragua relève de ce point de vue du double-mouvement. Contraints de s’adapter au contexte de globalisation néolibérale (Grigsby Vado et Perez, 2009 ; CEPAL, 1999), les paysan.ne.s s’organisent localement pour améliorer les conditions de leur participation à ce processus. Par ailleurs, au moyen d’une intégration verticale fédérative et l’adossement au MCP, ces mêmes paysans et paysannes font valoir leurs intérêts et portent un cadre alternatif d’orientation de la vie sociale (Tourraine, 1984 et 1978) ou, dit autrement, un projet alternatif de développement.

2. Le syal pour qualifier certaines réalités observées dans le mouvement coopératif paysan au Nicaragua

15 À la fois concept et approche, le Syal fournit ici une grille d’analyse pour appréhender certains phénomènes observables au Nicaragua, dans le cadre du MCP. La pertinence du recours au Syal repose à la fois sur l’ancrage de cette grille dans des travaux empiriques menés en Amérique latine, et sur la possibilité de la mobiliser au-delà d’un objectif de caractérisation des réalités de terrain, pour proposer des leviers d’accompagnement de dynamiques territoriales de développement. Le premier point permettra de préciser cette ambivalence du Syal et, par suite, de réaffirmer la dimension normative sous-jacente à sa mobilisation en tant qu’approche du développement territorial. Le second point s’appuie sur le concept de Syal pour qualifier certaines dynamiques de coordinations localisées dans les territoires ruraux du Nicaragua.

2.1 Le Syal, un objet de recherche ambivalent

16 L’objet de recherche Syal revêt une double filiation (Requier-Desjardins, 2010). D’une part, le Syal se présente comme un prolongement des approches localisées du développement économique, marshalliennes ou « néo-marshalliennes », faisant apparaître le territoire comme une « entité active » (Leloup et al., 2005). Ces approches s’intéressent aux concentrations d’entreprises, aux effets d’agglomération et à leurs liens avec les territoires, aboutissant notamment au développement de réflexions en termes de « proximités » (Talbot, 2008 ; Gilly et Torre, 2000), ainsi qu’à la formation du concept de système productif localisé (Courlet, 2008). D’autre part, le Syal est construit au milieu des années 1990 pour caractériser, dans le contexte de la « nouvelle ruralité » (Kay, 2008 ; Llambí, 1994 ; Giarracca, 1993), certaines formes de coordinations et de coopérations localisées au sein des économies paysannes du Sud, intégrant l’établissement et la concentration d’agro-industries rurales [2]. La construction de l’objet de recherche « Syal » s’appuie alors sur des travaux empiriques menés principalement en Amérique latine et en Afrique subsaharienne. Il s’agit de doter d’un cadre analytique certaines formes de regroupements localisés de petites entreprises de l’agroalimentaire et d’AIR, qui semblent « faire système ».

17 Sur cette base, le Syal peut être présenté comme un objet de recherche ambivalent,  à la fois concept et approche (Boucher et Reyes-González, 2016).

18 Le « concept Syal », encore en cours de stabilisation (Fourcade et al., 2010), fournit une grille d’analyse. Il vise principalement, dans le contexte latino-américain, à analyser la mobilisation et/ou la construction de ressources spécifiques par des réseaux d’acteurs qui disposent d’intérêts et de motifs communs d’action, en relation avec leurs activités dans le secteur agroalimentaire (Boucher, 2012).

19 L’« approche Syal » constitue, quant à elle, un levier, un cadre d’orientation, ou encore un moyen d’accompagnement, de stratégies de développement rural. Les Syal sont alors définis comme des « modèles de développement agroalimentaires fondés sur la mise en valeur de ressources locales » (Muchnik, 2005, cité par Fourcade et al., 2010, 13). Ici le Syal correspond à « une « façon de penser » l’agroalimentaire » (Fournier & Muchnik, 2010, 8) en accord avec les nouveaux enjeux relatifs à la ruralité et aux interactions avec les centres urbains. Fournier et Muchnik prennent soin de préciser, par ailleurs, qu’il ne s’agit pas d’un « modèle » à proprement parler dont une forme canonique pourrait inspirer la formalisation d’un cadre théorique homogène à partir duquel il serait possible de définir un ensemble reproductible de politiques favorables au développement de dynamiques similaires : « L’approche Syal doit avant tout viser à une compréhension des dynamiques de territorialisation, des processus d’ancrage territorial des activités agroalimentaires » (Ibid., 12). Par suite, elle peut néanmoins opérer comme « catalyseur de processus d’action collective » (Boucher et Reyes Gonzales, 2016, 16) constitutifs de ces dynamiques de territorialisation et de développement. L’approche Syal ouvre différentes perspectives sur le renforcement des organisations socio-territoriales qui permettent la réalisation d’économies externes et l’action collective (Cerdan et Fournier, 2007). Elle devient mobilisable à des fins de planification (Muchnik, 2012), comme le suggèrent les démarches d’activation territoriale par l’approche Syal (AT-Syal) en Amérique latine (Reyes González et Boucher, 2015 ; IICA-CIRAD, 2013).

20 L’objet Syal, selon cette dernière acception, acquiert une portée programmatique en termes de développement rural (IICA-CIRAD, 2013). Une dimension normative peut alors lui être attribuée. Le couple nouvelle ruralité/globalisation permet de décrire le contexte d’émergence du Syal en Amérique latine au cours des années 1990 (Llambí, 1994). Dans ce cadre, l’objet Syal est à entendre comme une résultante de l’évolution des approches du développement rural durant les années 1980-1990 (Ellis et Biggs, 2001). Dès lors, les présupposés normatifs du Syal peuvent être exprimés par le biais de quatre propositions :

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  • Il est nécessaire d’identifier des trajectoires alternatives de développement pour les communautés rurales pauvres n’ayant pas fait partie des bénéficiaires du processus de globalisation néolibérale.
  • Les agricultures familiales et paysannes sont au centre de la construction de ces alternatives.
  • Le développement d’AIR est l’un des principaux leviers de la diversification des activités et des revenus, ainsi que de l’intégration des agricultures familiales et paysannes au sein des chaînes de valeur agroalimentaires.
  • Le territoire est placé au centre des réflexions en termes de développement rural (Schejtman et Berdegué, 2004). L’approche territoriale permet en premier lieu d’aborder de manière systémique la multidimensionnalité de la pauvreté et des trajectoires de développement rural, de même que que la multifonctionnalité de l’agriculture et des espaces ruraux. En second lieu, et de manière plus opérationnelle, elle permet d’envisager l’activation de ressources spécifiques du territoire par la conduite d’actions collectives.
  • Dans la suite de ce texte, le Syal sera d’abord mobilisé en tant que concept afin de qualifier certaines dynamiques collectives singulières, qui prennent appui sur les organisations coopératives paysannes de base au sein des territoires ruraux du Nicaragua. Ensuite, la perspective d’un accompagnement de ces dynamiques par le biais de « l’approche Syal » conduira à la formulation d’une proposition relative à l’intégration d’une dimension politique explicite à la grille d’analyse Syal.

2.2 Des dynamiques singulières dans les territoires ruraux du Nicaragua

22 Les dynamiques brièvement présentées ici sont observables au sein de trois territoires distincts (le territoire montagneux de Las Segovias, le bassin de San Carlos-Rio San Juan, les plaines d’El Occidente) et autour de productions spécifiques. L’ambition n’est pas dans ce contexte de proposer une analyse approfondie de chacune de ces dynamiques. On se limite à la mise en évidence de certains « éléments de Syal » qui témoignent de l’existence de processus embryonnaires d’activation territoriale. Certaines caractéristiques communes à l’ensemble de ces dynamiques permettent de construire des faits stylisés représentatifs. Le tableau 1 en fait la présentation synthétique et renseigne d’abord sur la diversité des activités de production, le développement d’AIR, et le système d’acteurs impliqués dans le développement de ces activités (i). Il identifie, ensuite, certaines ressources spécifiques, ainsi que des processus d’activation de ces ressources via l’action collective (ii).

23 Au sein de ces trois territoires, des dynamiques localisées se structurent autour de produits divers, associés ou associables à des ressources spécifiques. Des concentrations d’agro-industries rurales se dessinent avec le support de l’organisation en coopérative et visent à l’intégration des chaînes de valeur agroalimentaires. Quatre traits caractéristiques qualifient les structures communes à ces trois dynamiques, permettant de les situer par rapport à des dynamiques analysées dans d’autres travaux portant sur les Syal en Amérique latine (IICA-CIRAD, 2013).

Tableau 1 : Des dynamiques de type Syal au Nicaragua

Tableau 1 : Des dynamiques de type Syal au Nicaragua

Tableau 1 : Des dynamiques de type Syal au Nicaragua

Source : Auteur.

24 Premièrement, les phénomènes de coordination et de coopération analysés font intervenir centralement un produit destiné à l’exportation (café, cacao, noix de cajou, sésame). Cet élément apparaît à première vue comme un élément de distanciation au regard du Syal. En effet, dans le cadre des pays latino-américains, le Syal est avant tout envisagé comme un levier de développement territorial rural reposant sur l’intégration de chaînes des valeur « courtes », notamment dans l’optique de l’interpénétration croissante des espaces ruraux et urbains (Sepúlveda et al., 2003) et des possibilités de valorisation auprès d’une classe moyenne urbaine (cf. infra). Néanmoins, ces produits destinés en premier lieu à l’exportation font également l’objet, à la marge, de processus de valorisation au sein de filières courtes. Ils intègrent dès lors un processus de qualification par le territoire et sont destinés à des marchés urbains ou touristiques susceptibles de payer une prime de qualité associée à l’origine des produits. La vente de café torréfié dans des points de vente ciblés (supermarchés, lieux touristiques, vente à la ferme), sous des marques faisant directement référence aux aménités naturelles ou aux territoires (café Miraflor, Café Dilipo, Café de las Segovias) qui caractérisent l’origine de ces produits en constitue l’exemple le plus marquant.

25 Deuxièmement, des articulations entre activités productives (Blanco et al., 2013) interviennent de manière récurrente et mettent en évidence l’existence de certaines interdépendances au sein des systèmes territoriaux. On constate d’abord, et de manière systématique, la coexistence de cultures vivrières et commerciales. Les agroécosystèmes s’organisent dès lors autour de productions diversifiées et complémentaires (Chaléard, 2003) permettant de satisfaire les besoins alimentaires dans un contexte de pauvreté, tout en envisageant la commercialisation de certains produits agricoles à plus forte valeur ajoutée. Par ailleurs, les cultures du café et du cacao au sein ou à proximité d’espaces naturels remarquables apparaissent clairement imbriquées dans des démarches d’agroforesterie. Il s’agit, pour les communautés concernées, d’allier le développement d’une culture commerciale avec la possibilité de préserver – voire de restaurer – leur milieu. Ici, les épisodes récurrents de sécheresse, associés au changement climatique, semblent jouer un rôle important dans la réorganisation de certains agroécosystèmes. Une articulation se manifeste donc entre activités agricoles et activités de conservation/restauration de la forêt, permettant également, dans certains réseaux coopératifs locaux, de valoriser ces dernières activités par le développement d’une offre de tourisme (hébergement, restauration, visites, sentiers touristiques, etc.). Enfin, des processus visant à l’intégration de « maillons » en amont des chaînes de valeur agricoles par le bouclage des flux de matières et d’énergie permet de mettre en lumière une articulation originale entre production d’intrants agricoles (engrais, semences, produits phytosanitaires), agroécosystèmes diversifiés, et réutilisation de sous-produits agricoles (Metereau et Figuière, 2017). Il s’agit à la fois de moyens de rétention d’une plus large part de la valeur ajoutée – le coût des intrants constitue un poste de dépense substantiel dans le modèle économique de ces exploitations familiales – et d’un vecteur d’autonomisation vis-à-vis des forces contraignantes et des aléas (disponibilité, prix, qualité) liés à l’approvisionnement sur le marché. Ces trois types d’articulations productives (cultures commerciales/cultures vivrières ; agriculture/tourisme/conservation ; intrants/diversification/réutilisation) interviennent au sein de ces territoires, contribuant à renforcer certaines interdépendances. La diversification productive des agroécosystèmes, relayée par un mouvement de promotion de l’approche agroécologique confondu avec le mouvement coopératif (mouvement des agriculteurs et agricultrices agroécologiques et biologiques du Nicaragua, MAONIC), apparaît ici comme un point cardinal de ces articulations (figure 2). Comme le montre l’exemple des agro-industries de la panela en Colombie analysé par Rodriguez-Borray (2008), ce type de stratégie de diversification au sein des Syal permet, en outre, une réduction de la vulnérabilité des exploitations agricoles face aux risques de marché.

Figure 2 : Des articulations productives centrées sur la diversification des productions agricoles

Figure 2 : Des articulations productives centrées sur la diversification des productions agricoles

Figure 2 : Des articulations productives centrées sur la diversification des productions agricoles

Source : Auteur.

26 Troisièmement, les processus de qualification territoriale des produits et leur valorisation sur des marchés spécifiques sont encore marginaux dans le cadre de ces dynamiques territoriales. Des facteurs endogènes, liés notamment à la faiblesse des capacités entrepreneuriales et administratives, peuvent être mis en avant (MAGFOR, 2009). Ce sont néanmoins des facteurs exogènes, non solubles par l’action collective, qui paraissent réduire nettement l’opportunisme des démarches de qualification territoriale constitutives des Syal. L’absence manifeste d’une « demande de territoire portée par une société urbanisée de classe moyenne » (Requier-Desjardins, 2015, 226) limite clairement les possibilités de débouchés et de valorisation auprès de consommateurs prêts à payer une prime de qualité associée aux territoires de provenance (IDR, 2011). La population nicaraguayenne reste majoritairement pauvre, la classe moyenne ne représentant que 9,3% de la population (contre 40% au Costa Rica voisin) (Stampini et al., 2015) [3].

27 Quatrièmement, ces dynamiques enchâssées dans le MCP présentent une caractéristique intrinsèque qui, tout en relevant de l’évidence, s’avère tout à fait significative dans le contexte nicaraguayen : la base organisationnelle coopérative. Si mettre en avant l’adoption de la coopérative comme forme privilégiée d’institutionnalisation de l’action collective au sein du MCP peut paraître tautologique, la dimension politique que revêt l’engagement coopératif au Nicaragua en fait une propriété saillante qui influence la nature de l’objet Syal observé. En effet, l’histoire du MCP et son assimilation aux mouvements révolutionnaires et anti-impérialistes constituent des marqueurs d’une identité paysanne spécifique.

28 Les dynamiques observées font apparaître des éléments de Syal qui permettent de les qualifier en tant que tels. Cependant, les processus sous-jacents d’activation territoriale restent embryonnaires – notamment du point de vue de la valorisation d’actifs spécifiques par la qualification territoriale des produits – et la généralisation de la base coopérative comme mode privilégié de coordination d’acteurs renforce l’originalité de ces dynamiques. Leur dimension politique, conséquence de l’adossement au MCP, en constitue un élément saillant, d’autant plus qu’elle est habituellement exclue des analyses en termes de Syal. La notion de « Syal-coopérative » permet alors de qualifier cette réalité singulière.

3. Les « syal-coopératives » : Intégrer une dimension politique au syal à partir de l’exemple (a)typique du Nicaragua

29 La coopérative, comme base organisationnelle et mode de coordination privilégié de ces Syal, repose sur une assise historique et idéologique encore vivace. Les coopératives ont traversé différents régimes politiques, agraires, et économiques qui leur confèrent des trajectoires historiques singulières, au croisement entre évolutions et influences du contexte national, voire international d’une part, et de la vie communautaire quotidienne d’autre part. Elles s’inscrivent, par ailleurs, dans le cadre d’un mouvement socio-politique à l’échelle nationale et au-delà, mais maintiennent leur ancrage territorial par les ressources qu’elles mobilisent, ou encore par leur affiliation à des réseaux sociaux et des trajectoires historiques propres aux territoires (et à des sous-ensembles territoriaux : communautés, comarcas (localités), villages). Les dynamiques de type Syal observées au sein du MCP héritent donc par le biais de cette forme d’institutionnalisation de l’action collective, d’une dimension politique inhérente aux trajectoires historiques « globales » (ici, le MCP à l’échelle nationale) et locales (mouvement de composition-décomposition-recomposition des organisations coopératives de base et de second degré).

30 De ce point de vue, l’organisation en coopérative peut être perçue comme un patrimoine organisationnel propre à chaque territoire, au même titre que ces derniers sont caractérisés par un patrimoine naturel spécifique. Colletis et Pecqueur (2005), puis Cerdan et Fournier (2007) mobilisent la notion de « patrimoine local » pour désigner « les relations de proximité [cognitive, organisationnelle et institutionnelle] existant au sein des territoires, créées sur le temps long, [et assimilables à des] ressources spécifiques » (Cerdan & Fournier, 2007, 124). L’acception de la forme coopérative comme patrimoine organisationnel permet de « rendre compte des liens entre passé, présent et futur » (Barrère & al., 2005, 7) à travers l’héritage historique du sandinisme et des fondateurs des coopératives de base depuis les années 1980, la mise en œuvre de stratégies collectives visant aujourd’hui à accéder à une juste rémunération de la production, et la promotion pour l’avenir de trajectoires alternatives de développement.

31 La base coopérative de ces Syal affiche alors une forte significativité : les démarches entreprises dans le cadre de ces dynamiques territorialisées sont adossées à un mouvement socio-politique qui dépasse l’échelle territoriale et dont le dessein consiste à aménager des marges de manœuvre pour les communautés paysannes dans le contexte de globalisation néolibérale. Une dimension politique, relative aux orientations générales de la société – le « modèle » de développement – est intégrée de facto au Syal. Bien que ce constat soit tiré d’un exemple spécifique, il renvoie néanmoins au contexte d’émergence de l’objet de recherche Syal à partir des travaux empiriques menés en Amérique latine.

32 Dans ses derniers développements, l’approche Syal en tant que levier d’activation territoriale se manifeste comme un outil de développement au service des acteurs du territoire à des fins de planification. L’exemple du Nicaragua montre que des acteurs centraux de ces systèmes territoriaux cherchent à aménager collectivement des marges de manœuvres. Celles-ci se comprennent, notamment, comme une recherche d’autonomie vis-à-vis d’un système économique duquel ils sont, ou ont été, en partie exclus (McMichael, 2002 ; Rubio, 2001). Les actions concertées menées par ces acteurs situés visent donc, de prime abord, l’accès à certains marchés et l’amélioration des conditions de cet accès, favorisant en cela l’augmentation des revenus des ménages ruraux. Mais ce mouvement s’accompagne de démarches visant à renforcer l’indépendance de ces communautés vis-à-vis de marchés globalisés, qui non seulement exposent les paysans au risque économique que leur font courir les phénomènes d’asymétrie de pouvoir et d’instabilité des prix, mais qui remettent également en cause les autonomies alimentaire, énergétique et technologique de ces paysans (Altieri et Toledo, 2011).

33 Au-delà de la dimension strictement territoriale des processus de coordination et de spécification que les dynamiques de type Syal mettent en œuvre, l’exemple des « Syal-coopératives » au Nicaragua montre que ces processus peuvent être adossés à des structures et à des mouvements socio-politiques qui dépassent le cadre du territoire et qui ont une influence substantielle sur les trajectoires de développement localisées sous-jacentes. Dès lors, la mobilisation de l’objet de recherche Syal pour comprendre et accompagner ce type de dynamique nécessite des précisions concernant la nature des démarches de recherche et/ou de recherche-action (Cerdan et al., 2017) mises en œuvre.

34 Le concept de Syal peut d’abord être mobilisé en tant que grille d’analyse afin de rendre compte de processus de territorialisation des activités agroalimentaires. Dans cette optique, le recours au Syal s’insère dans une démarche empirique « positive » visant à mettre en lumière des phénomènes de concentration d’AIR et d’intensification des processus de coordination localisée se finalisant par des actions collectives en faveur de l’activation de ressources spécifiques. Les Syal peuvent alors être analysés par le biais de quatre « entrées » (Muchnik, 2012) :

35

  1. la « qualité-produits » par l’étude des processus de qualification territoriale ;
  2. les « savoirs-innovation » relatifs au processus de construction et de diffusion de savoirs, de savoir-faire et de technologies spécifiques ;
  3. l’ « organisation-réseaux d’acteurs » dédiée à l’analyse des structures et des capacités de coordination et d’action collective ;
  4. l’« environnement-gestion du patrimoine naturel » relatif à la multifonctionnalité de l’agriculture.

36 C’est en prenant appuis sur ces quatre « entrées », et sur la base de présupposés explicités dans cet article, que l’approche Syal peut ensuite être mobilisée comme levier d’accompagnement de trajectoires de développement rural localisé.

37 L’exemple nicaraguayen conduit alors à proposer la formalisation d’une nuance supplémentaire au sein même de ces démarches normatives. Les travaux récents faisant état de l’avancement des recherches-actions ayant mobilisé l’approche Syal en Amérique latine (IICA-CIRAD, 2013) conduisent à mettre en évidence la prééminence des défis socio-politiques sur les défis technico-économiques pour la concrétisation des processus d’activation territoriale (Boucher et Reyes Gonzales, 2016). Il s’agit, en effet, de définir collectivement le projet de territoire, de développement et, in fine, de société, sur lequel pourraient se consolider des dynamiques d’action collective. L’approche Syal se heurte ici à une des difficultés, voire à une contradiction, que fait apparaître le cas nicaraguayen. Ces populations rurales ont été exclues des processus de « développement » promus dans le cadre de la globalisation néolibérale. Deux aspirations contradictoires s’affrontent alors : Adaptation-intégration aux marchés globalisés versus Résistance et construction d’alternatives. Dans cette seconde optique, il s’agit plutôt de générer les conditions à long terme de l’émancipation, de l’autonomisation, de ces communautés vis-à-vis des marchés agroalimentaires globaux. Une dimension politique très significative intervient et doit donc nécessairement être intégrée à l’objet de recherche Syal. Il s’agirait, en quelque sorte, d’une « cinquième entrée » sur le Syal qui servirait de « curseur » vis-à-vis des quatre autres (figures 3 & 4). Selon le contenu politique de la dynamique territoriale étudiée, les facilités ou les difficultés rencontrées concernant chacun des aspects du Syal peuvent alors être comprises à l’aune de facteurs socio-politiques, qu’ils soient propres au territoire ou émanent de rapports sociaux à des échelles plus larges.

38 Le recours à l’approche Syal nécessite alors de clarifier le positionnement normatif de la démarche engagée. S’agit-il seulement de favoriser des mécanismes de qualification territoriale des produits (figure 3) de manière à retenir une plus large part de la valeur ajoutée, sans remise en cause du cadre économique dominant ?

Figure 3 : Une dynamiques de type Syal portée par un objectif de qualification territoriale des produits dans un cadre « business as usual »

Figure 3 : Une dynamiques de type Syal portée par un objectif de qualification territoriale des produits dans un cadre « business as usual »

Figure 3 : Une dynamiques de type Syal portée par un objectif de qualification territoriale des produits dans un cadre « business as usual »

Source : Auteur.

39 Ou s’agit-il plutôt, comme on peut l’interpréter dans le cas nicaraguayen, de créer les conditions patrimoniales (figure 4), à la fois en termes d’organisation par la promotion de la forme coopérative et en termes d’aménagement des agroécosystèmes par la généralisation de l’approche agroécologique, de l’autonomisation des communautés rurales vis-à-vis des contraintes imposées par la globalisation ?

40 On voit ici apparaître une dissension entre ces deux approches quant à la portée normative de l’approche Syal. En cela, la prise en compte de la dimension politique de ce type de dynamique territoriale peut permettre de rendre plus explicite certains objectifs parfois implicites de l’action collective, mettant en évidence les déterminants cognitifs et politiques des proximités institutionnelles à l’œuvre. Ce travail de mise en relation entre les dynamiques d’activation territoriale et leur contexte socio-politique semble pouvoir faciliter la compréhension de certains éléments moteurs de l’action collective ou, a contrario, la perception des contradictions à surmonter.

Figure 4 : Une dynamiques de type Syal portée par une logique d’autonomisation des communautés rurales

Figure 4 : Une dynamiques de type Syal portée par une logique d’autonomisation des communautés rurales

Figure 4 : Une dynamiques de type Syal portée par une logique d’autonomisation des communautés rurales

Source : Auteur.

Conclusion

41 Le MCP au Nicaragua est adossé à un système coopératif articulé à différentes échelles territoriales. Localement, les coopératives de base et les unions ou centrales de coopératives constituent un patrimoine organisationnel sur lequel se fondent des stratégies collectives orientées vers des objectifs parfois contradictoires : un objectif d’accès aux marchés agroalimentaires globalisés et d’amélioration des revenus d’une part, et un objectif d’autonomisation et de mise en œuvre de trajectoires alternatives de développement, d’autre part. Au sein de certains territoires, le Syal permet de qualifier des dynamiques localisées faisant intervenir centralement ces coopératives dans la coordination des acteurs autour de l’activation de ressources spécifiques et pour l’intégration des chaînes de valeur agroalimentaires via le développement d’AIR. Cet article a tenté de montrer que la grille d’analyse du Syal ne suffit cependant pas à saisir toutes les singularités de ces dynamiques et propose de prolonger cette grille par le « Syal-coopérative ». Dès lors que le Syal est envisagé au-delà de sa fonction analytique, comme un levier d’accompagnement de trajectoires de développement territorial, la dimension politique des phénomènes d’action collective doit être considérée. Dans le cas des « Syal-coopératives », la dimension politique inhérente à leur encastrement dans un mouvement socio-politique appréhendé à l’échelle de la nation implique la prise en compte d’une sphère d’objectifs à la coopération qui ne correspond pas à une stratégie « classique » d’accession au marché. Si la création de débouchés et la meilleure valorisation de la production, notamment par des processus de qualification territoriale des produits, restent des objectifs primordiaux, la stratégie d’accompagnement nécessaire à leur atteinte devrait également prendre en compte des objectifs socio-politiques exprimés ici en termes d’autonomisation des communautés rurales et d’aménagement de marges de manœuvre.

42 L’article propose l’intégration explicite d’une « entrée » politique à la grille d’analyse Syal. Celle-ci permettrait, faisant écho aux présupposés normatifs qui ont influencé l’émergence du concept, de ne pas passer à côté de certains objectifs de l’action collective qui dépassent le champ de la compétitivité des agricultures familiales et paysannes. L’accompagnement efficace des processus d’activation territoriale s’en trouverait facilité.

Notes

  • [1]
    Les exploitations agricoles observées au Nicaragua, dont les chefs d’exploitation sont affiliés au mouvement coopératif paysan, peuvent être qualifiées d’exploitations familiales : main-d’œuvre, capital d’origine familiale, gestion familiale, autoconsommation, statuts juridique et foncier informels (Bosc et al., 2014). Néanmoins, ces exploitations font également apparaître certaines spécificités dont, en premier lieu, la faiblesse des ressources, la relation au patrimoine naturel, la persistance des phénomènes de réciprocité, ou encore l’engagement politique (Kerkvliet, 2009 ; Van der Ploeg, 2008 ; Sabourin, 2007). C’est pourquoi nous les qualifierons d’agricultures familiales et paysannes.
  • [2]
    L’agro-industrie rurale est définie par Boucher et Muchnik (1995, 46) comme « l’activité qui permet d’augmenter et de retenir, dans les zones rurales, la valeur ajoutée de la production dans les économies paysannes, grâce à la réalisation d’opérations post-récoltes sur les produits issus d’exploitations agro-sylvo-pastorales, telles que la sélection, le lavage, la classification, le stockage, la conservation, la transformation, le conditionnement, le transport ou encore la commercialisation. Ces activités doivent être en accord avec la logique paysanne en ce qui concerne la taille, l’échelle de production, l'investissement et la rentabilité ; contribuer à l'amélioration des modèles d'alimentation et de nutrition ; et conduire au renforcement des économies paysannes et de leurs organisations, ainsi que des économies nationales » (traduction de l’auteur).
  • [3]
    Ces auteurs ont réalisé une typologie des ménages sur la base des données harmonisées de l’enquête sur les ménages conduite dans 18 pays latino-américains par la Banque interaméricaine de développement en 2013 (Sociometro-BID). La classe moyenne regroupe les ménages dont les revenus journaliers par personne sont compris entre 10 et 50 US$.
Français

Le mouvement coopératif paysan joue un rôle central au Nicaragua. Il facilite la survie et l’adaptation des agricultures familiales et paysannes face au contexte de globalisation néolibérale. Il constitue également le principal promoteur de trajectoires alternatives de développement au sein des territoires ruraux.
Ce texte teste la pertinence du Syal comme grille de lecture des faits stylisés construits à partir d’une étude de terrain. Il propose ensuite, dans une démarche itérative, de prolonger cette grille par une dimension politique, afin d’en améliorer la compatibilité avec les résultats empiriques.

Mots-clés

  • économie politique du développement
  • système agroalimentaire localisé (SYAL)
  • mouvement coopératif paysan
  • Nicaragua

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  • ***
Renaud Metereau
Centre de Recherche en Économie de Grenoble (CREG), Université Grenoble Alpes.
renaud.metereau@univ-grenoble-alpes.fr
Mis en ligne sur Cairn.info le 27/06/2017
https://doi.org/10.3917/med.178.0117
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