CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 L’ancien paradigme des finances rurales développé des années 1950 à 1980 dans les pays en développement était fondé sur la volonté des pouvoirs publics de faciliter l’accès au financement rural. L’objectif était clairement la promotion du développement de l’agriculture par une modernisation des conditions de production et de commercialisation. L’approche privilégiée a pris la forme d’une intervention directe de la part des États par l’intermédiaire de banques publiques de développement et des bailleurs de fonds sur le marché du crédit à des conditions favorables (taux d’intérêt bonifiés, absence de garantie, appuis techniques complémentaires, etc.). La logique de guichets, les défauts de remboursement et la corruption ont entraîné un large rejet de l’intervention publique, tant dans le secteur financier que dans celui de l’agriculture.

2 La période des années 1990 à 2000 a été marquée par la fermeture de la majorité des banques publiques de développement, la libéralisation du secteur et corrélativement l’essor de la microfinance (Nagarajan et Meyer, 2005). L’enjeu de cette évolution n’est plus le financement d’un secteur d’activité considéré comme central, voire prioritaire pour le développement économique et social des pays. La démarche vise à favoriser l’inclusion financière des populations, c’est-à-dire l’accès et l’usage par ces populations exclues de services financiers fournis par des intermédiaires financiers formels : banques, coopératives financières, institutions de microfinance, etc. Ce qui pouvait être initialement le projet d’une organisation de la société civile ou d’un programme public se trouve graduellement transformé en un établissement financier de plein exercice sur lequel pèsent les injonctions de rentabilité formulées par les bailleurs de fonds, les organismes internationaux et les politiques publiques nationales (Bastiaensen et al., 2007) [6].

3 Fondé sur une démarche de construction d’une intermédiation financière, le nouveau paradigme en matière de finances rurales s’accompagne, en effet, d’une redéfinition du rôle des acteurs et, en particulier, celui de l’intervention publique. Les subventions publiques sont mobilisées pour aider à créer des institutions de microfinance. Celles-ci sont censées assurer à terme leur autonomie financière. Autrement dit, l’objectif est qu’elles puissent se détacher le plus rapidement possible de la tutelle de l’État, le collectif étant jugé par nature corrupteur et inefficient. La tendance à une régulation par le marché comme meilleur vecteur de justice sociale que l’action publique s’est donc naturellement imposée.

4 Sur les ruines des modèles publics de développement, la microfinance a pu connaître une forte croissance à travers le monde depuis le début des années 1990, avec une accélération marquée dans la fin de cette décennie et le début du XXIe siècle. Cette démarche a su attirer l’intérêt d’une grande diversité d’acteurs tant de la sphère de la coopération internationale que, plus récemment, de fonds de placement puis celui de grandes banques (Lutzel et al., 2009).

5 Ce développement de très nombreuses initiatives de microfinance en direction de populations urbaines et rurales jusque-là en marge des services financiers proposés par le secteur bancaire, a constitué un espoir pour le financement des activités agricoles et pastorales des pays en développement. Or, force est de constater que cet accès connaît encore de fortes disparités, non seulement nationales mais aussi locales (Guérin et al., 2007). L’agriculture est largement laissée pour compte. Les raisons de ce qu’il est possible aujourd’hui de considérer comme un échec de ces politiques néolibérales tiennent aux spécificités mêmes des activités agricoles. Les facteurs qui accroissent les coûts de transaction en zone rurale et les risques qui caractérisent les activités agricoles sont les suivants : fréquente dispersion des populations aux revenus et aux capitaux restreints, ce qui limite les garanties possibles, faible montant moyen des opérations, faible connexion aux marchés et volatilité des prix de vente, infrastructures publiques absentes ou insuffisantes (santé, éducation), etc. La solution la plus commune a été, en fait, d’imposer une libération des taux d’intérêt. Or si des taux d’intérêt de 50% et même de 100% par an peuvent financer le petit commerce, de telles marges sont exceptionnelles dans les autres activités, dont l’agriculture (Harper, 2007 ; Bastiaensen et al., 2007). Par ailleurs, l’offre financière développée par les institutions rurales de microfinance a favorisé une diversification des sources de revenus pour les familles paysannes, dont la survie est assurée par des cultures peu, voire non rentables, en dehors de l’agriculture (petits commerces, activités de transport, etc.). Cette diversification est perçue positivement parmi les experts du développement rural puisqu’elle permettrait de réduire l’incidence de la pauvreté et surtout de diminuer la vulnérabilité des ménages face aux aléas familiaux et économiques (Reardon et al., 2001 ; Barrett et al., 2001). Cette vision de l’agriculture familiale non rentable incitée à la diversification de ses activités économiques résonne particulièrement dans un contexte général de pression démographique, d’accroissement des besoins alimentaires et de forte concurrence sur les marchés des biens alimentaires. Ce contexte implique une agriculture à rendements plus élevés et donc plus capitalistique (irrigation, etc.), cette situation remet en question la place de l’agriculture familiale.

6 Parallèlement, l’agriculture rentable inscrite dans des filières structurées manifeste des besoins financiers que la microfinance est incapable de satisfaire : investissements dans des équipements agricoles lourds qui impliquent des prêts conséquents à moyen ou long terme. L’État ou les acteurs de la filière s’organisent dans ce cas pour répondre de manière adaptée à ces besoins.

7 Au-delà d’inégalités dans la diffusion des services financiers se pose, pour l’agriculture davantage que pour toute autre activité, la question de l’adéquation entre, d’une part, l’offre relativement standardisée de la microfinance inspirée de modèles urbains de financement du petit commerce et, d’autre part, les besoins diversifiés et les capacités de remboursement de ceux qui se livrent à des activités agricoles risquées, aléatoires et bien souvent peu rentables.

8 Nous présenterons successivement le cas de l’Inde et celui du Mexique. Dans ces deux pays, l’agriculture tient une place importante. Quatrième puissance agricole du monde, l’Inde est un géant agricole dont l’agriculture reste un pilier de son économie. Aujourd’hui elle représente un quart du PIB, 70% de la population est considérée comme rurale et plus de la moitié de la population active en tire une partie de ses revenus. Dans une moindre mesure, l'agriculture mexicaine, qui assure environ 8% du PIB et emploie plus de 27% de la population active, est caractérisée par un grand nombre de petites exploitations pratiquant des cultures vivrières et un plus petit nombre d'exploitations modernes tournées vers l'agro-industrie et les marchés d'exportation. Ces deux contextes permettront d’interroger le changement de paradigme ayant engendré une modification du rôle des acteurs, notamment de l’État, et la manière dont cela se traduit sur le terrain en termes d’offre financière.

1. LE CAS DE L'INDE : UNE OFFRE FINANCIERE RURALE DENSE MAIS INADAPTEE AU FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE

1.1 L’évolution des politiques de financement agricole

9 Par contraste avec le Mexique que nous présentons ci-après, l’Inde est relativement bien bancarisée : d’après les données de la Banque mondiale, près de la moitié (48%) des adultes indiens ont un compte bancaire et le taux de pénétration (nombre d’agences par habitant) est parmi les plus élevés des pays dits "en développement" (22 agences pour 100000 habitants, contre 4 pour le Mexique) (Banque mondiale, 2007). Même si ces données sont inférieures pour le monde rural, celui-ci reste néanmoins plutôt bien desservi par l’offre financière du fait de politiques publiques très volontaristes.

1.1.1 Révolution verte et politique de crédit

10 L’histoire du développement du système bancaire en milieu rural et du financement de l’agriculture est directement liée à ce que l’on a appelé la révolution verte et à la politique agricole qui l’a initiée. L’Inde a une longue histoire de développement de services financiers ruraux, tant d’un point de vue informel (avec en particulier le rôle central des castes de prêteurs, les Chetti et les Mawari) que formel, avec le développement des systèmes coopératifs et mutualistes dès le début du XXe siècle (Shah et al. 2007). C’est dans les années 1950 que le gouvernement indien impulse une politique volontariste de développement des coopératives. Dans tout le pays sont implantées des Primary Agriculture Credit Society (PACS) puis des Regional Rural Bank (RRB) en 1976 et enfin une Banque de développement rural, la National Bank for Agriculture and Rural Development (NABARD), en 1982. Cette politique volontariste fait du système bancaire indien l’un des réseaux les plus denses au monde, y compris en zones rurales. Le nombre d’agences en milieu rural passe de 1400 en 1969 à plus de 30000 en 2006.

11 Le développement du système bancaire n’est en fait qu’un des aspects de la politique agricole indienne. La révolution verte a été un "paquet" dont les principales composantes sont les semences à haut rendement, les engrais chimiques largement subventionnés, l’irrigation, un prix de soutien minimum et des prêts. Il y aurait beaucoup à dire sur les résultats de chacune de ces composantes. Globalement, si les éléments techniques ont tenu leurs promesses, le bilan de la politique de crédit est plus mitigé. Du début de la révolution verte jusqu’à nos jours, les taux de remboursement des prêts octroyés par les coopératives (PACS) et les banques rurales (RRB) ont été de 50 à 60% (Reddy, 2004). À la fin des années 1980, un nombre considérable d’institutions sont au bord de la faillite. Diverses mesures de déréglementation et de privatisation sont mises en place au début des années 1990. Elles engendrent une contraction de l’offre très défavorable aux populations et aux secteurs d’activité déjà marginalisés dont les zones rurales et pour la petite agriculture. D’après les données de la Banque centrale indienne [7], le nombre de comptes de crédit, toutes zones confondues, a baissé de plus de 20% entre 1992 et 2001, passant de 65,8 millions à 52,3 millions. Les habitants des zones rurales ont à 84% supporté cette baisse (Reserve Bank of India, 2006) [8]. Alors que la part du crédit à l’agriculture atteignait 18% du total des crédits déboursés à la fin des années 1980, elle ne représentait plus que 10% en mars 2003, et les petites exploitations apparaissent comme les plus défavorisées. La part de l’endettement de nature informelle, qui avait diminué jusque dans les années 90, est repartie à la hausse (Shah et al., 2007).

1.1.2 Développement de la microfinance

12 C’est dans ce vide laissé par le retrait de l’État du financement de l’agriculture que la microfinance s’est développée, via notamment le principe de l’adossement bancaire (banking-linkage) et des groupes d’entraide (Self-Help-Groups) (SHG) fortement soutenu par la NABARD [9]. La relation bancaire repose sur un partenariat entre groupes locaux d’emprunteurs (SHG), banques et ONG, ces dernières se chargeant d’assurer la création, la formation et la supervision des groupes. Plusieurs expérimentations ont lieu au cours des années 1990. À partir de 1998, la NABARD, le gouvernement fédéral et certains États appuient officiellement le banking-linkage : reconnaissance des SHG comme secteur prioritaire, lignes de refinancement, subventions pour la création et l’accompagnement des groupes, formation, etc. La cible est clairement affichée : sont privilégiées les zones rurales, les pauvres et les femmes.

13 En quelques années la croissance de l’offre est considérable (NABARD 2006). En 2007, avec une moyenne de quinze personnes par SHG, ce programme implique plus de seize millions de personnes. Les montants de crédits octroyés pour l’année financière 2006-2007 ont été de 1,07 milliard d’euros, avec des parts du marché bancaire dépassant 10% dans certains districts (Fouillet, 2009).

1.1.3 Politique active d’inclusion financière

14 Parallèlement, on assiste depuis 1995 à une politique massive d’inclusion financière, annoncée par la Reserve Bank of India en décembre 2005 et comprenant diverses mesures incitatives et coercitives à l’égard du secteur bancaire, public et privé. Ici encore, ONG et SHG sont utilisés comme intermédiaires. Les premières évaluations (novembre 2008) montrent que dans 155 districts (25% du territoire) où l’opération a été lancée, les banques annoncent un taux de pénétration de 100% et on estime que 15,8 millions de comptes ont été ouverts [10]. L’usage des services, en revanche, semble plus problématique : dans une cinquantaine de districts où l’évaluation a été menée et où les comptes avaient été ouverts depuis plus d’un an, 93% des familles ont un compte mais 50 à 70% des comptes n’ont enregistré aucune opération depuis leur ouverture [11]. Les raisons tiennent à l’éloignement des agences du lieu d’habitation et à l’illettrisme. Cet élément souligne les limites du nombre de comptes comme indicateur de mesure d’inclusion bancaire.

1.1.4 Le financement de l’agriculture dans l’Inde d’aujourd’hui

15 Actuellement, le financement de l’agriculture par le secteur financier formel peut être réparti en quatre types :

16

  • le financement des filières intégrées comme le coton, la canne à sucre ou les oléagineux
  • le financement bancaire post révolution verte. Quelques propriétaires fonciers ont su garder le pouvoir (directement ou indirectement) sur les instruments financiers locaux (PACS, RRB). Ce sont principalement eux qui bénéficient des annulations d’intérêt ou de dette, des moratoires sur les crédits. Ce système est en perte de vitesse et bénéfice de moins en moins du soutien de l’État.
  • les programmes de lutte contre la pauvreté. Il existe, désormais, une multitude de programmes publics destinés à promouvoir l’auto-emploi en milieu rural. Au niveau fédéral, le Swaranjayanti Gram Swarozgar Yojana (SGSY) est le programme le plus ambitieux [12]. Nous donnerons ci-après un exemple de son mode opératoire.
  • les financements non ciblés octroyés aux SHG. Par l’intermédiaire d’une ONG ou d’un service de l’agriculture de type district rural development agency (DRDA), les banques (publiques ou privées) octroient des crédits (ciblés ou non) de 1 000 à 1500 € par groupes, remboursables en 12 à 24 mois.

17 Certains considèrent que la microfinance pourrait permettre de compenser les creux de financements bancaires provoqués par les mesures de déréglementation du secteur bancaire [13]. Avec des montants variant entre 2000 et 25000 roupies (avec une moyenne d’environ 8 500 roupies ; M-CRIL et MIX 2007) [14], et pour des durées relativement courtes (rarement plus d’un an), le microcrédit a simplement pour vocation le financement d’activités faiblement capitalistiques ou de fonds de roulement pour des activités préexistantes ou encore le financement de la consommation. De telles caractéristiques limitent fortement le potentiel de la microfinance en matière de développement rural et de soutien au secteur agricole (Farrington et al., 2006 ; Mahajan, 2005). En pratique, on observe d’ailleurs que ces crédits sont très majoritairement utilisés pour des besoins de consommation (entre 60 et 90% selon les zones et les populations visées) (Roesch et Helies, 2007) [15]. Une petite partie (entre 10 et 20%) est consacrée à l’agriculture (achats de semences, paiement de la main-d’œuvre salariée). Burgess et Pande (2005) montrent, par ailleurs, que l'expansion du réseau de banques rurales en Inde entre 1977 et 1990 a bénéficié aux secteurs non agricoles.

18 Notons, enfin, que cette massification de l’offre financière se fait sans réelle coordination, avec, par conséquent, une concurrence souvent très forte. Cette dernière s’exerce entre les secteurs public et privé (Augsburg et Fouillet 2010 ; Guérin et al., 2008). Initialement contraintes par des mesures réglementaires, les banques privées s’impliquent aujourd’hui dans la microfinance pour des raisons purement commerciales (Ghate, 2007). La microfinance apparaît comme un moyen bon marché et peu risqué de développer une clientèle rurale.

1.2 Exemples indiens d’inadéquation de l’offre financière aux besoins de financement des activités agricoles

19 En Inde, l’inadéquation des politiques actuelles de financement des zones rurales peut être illustrée à travers le SGSY. Son objectif est d’inciter et d’aider les populations pauvres à se regrouper pour développer ensemble une activité économique susceptible d’augmenter leurs revenus. Cette activité peut être une activité agricole (champs communautaires, pêche, activité d’élevage), artisanale (transformation des produits agricoles, couture, petit artisanat) ou commerciale (boutique, gestion de l’adduction d’eau, etc.). Ce programme devait donc permettre de faciliter la constitution d’un capital en fournissant la moitié de son montant.

20 La réalité observée sur le terrain apparaît bien différente. En fait, les idées d’activités à développer manquent. Après une première série d’expérimentations diverses (fabrication de condiments, de savons, de bougies, de broderies, de vêtements etc.), les ONG et les instances publiques locales se rendent compte que la commercialisation est un véritable défi (saturation rapide du marché, absence de circuit de commercialisation). Diverses mesures ont alors été mises en place (foires expositions, marchés spécifiques, formation, etc.), mais en vain. Les quelques expériences de champs communautaires ont souvent tourné court en raison des difficultés de coordonner le calendrier de travail et la main-d’œuvre.

21 Dans le programme SGSY, l’achat de vaches laitières est l’activité agricole la plus fréquemment financée. D’une part, en théorie, élever une vache présente de nombreux avantages, notamment pour les femmes : prestige social, complément nutritif pour les enfants, revenu régulier qui doit permettre de rembourser les échéances d’un prêt. D’autre part, les femmes étaient elles mêmes très demandeuses. Ici encore, la mise en œuvre se révèle plus complexe. Élever et nourrir une vache nécessite une technicité que beaucoup de femmes n’ont pas. Cela oblige aussi les femmes à rester à la maison pour s’occuper de l’animal, ce qui implique des coûts d’opportunité non négligeables. Le prix du lait est très faible au regard des dépenses nécessaires à l’entretien d’une vache laitière. Les rendements en lait sont loin d’être ceux attendus et annoncés : au lieu des 8-10 litres par jour pendant 6 mois de lactation annoncés, la production approche les 2-3 litres pendant 3 à 4 mois. Le coût des compléments alimentaires est à peine couvert par la vente du lait. Les femmes sont donc obligées de rembourser le prêt "vache" à partir d’autres sources de revenus. La mortalité des veaux est proche de 40% dans l’année qui suit leur naissance et les animaux se vendent mal (la population est majoritairement végétarienne). Cette activité se maintient souvent plus pour des raisons sociales qu’économiques. (Roesch et al., 2006).

22 Ces deux exemples illustrent à la fois l’inadéquation de l’offre financière aux activités agricoles et la faible rentabilité et les risques liés à ces activités. Ce décalage est également observé dans les zones rurales du sud du Mexique.

2. LE CAS DU MEXIQUE : UNE OFFRE FINANCIERE RURALE INSUFFISANTE ET INADAPTEE A LA PETITE AGRICULTURE

2.1 Une politique d’inclusion financière dans un contexte de faible taux de bancarisation

23 Si l’on se réfère à son PNB par tête, le Mexique apparaît comme étant un pays à revenu intermédiaire qui est peu bancarisé en zones urbaines et péri urbaines et moins encore en zones rurales. Selon un rapport de la Banque mondiale (Demirgüc-Kunt et al., 2007), seulement un quart des adultes mexicains ont un compte bancaire [16]. Le taux de crédit par tête en pourcentage du PNB (moyenne 1999-2003) est aussi très faible : 0,181 [17]. Compte tenu de la concentration des activités bancaires dans les zones urbaines, ces chiffres sont très inférieurs dans les zones rurales.

24 La microfinance ne compense pas ces déficiences dans l’accès aux services bancaires : toutes institutions confondues, elle comptait seulement 1,6 million de clients fin 2007. Si l’on ajoute les systèmes financiers mutualistes et coopératifs, l’ensemble ne dépasse pas cinq millions de personnes dans un pays de 103 millions d’habitants, dont un peu moins d’un quart de ruraux. Selon le Benchmarking de la microfinanzas en México (2008), 62% des clients de la microfinance habitent en zones rurales. Ce chiffre est à relativiser dans la mesure où les 1 500 succursales des institutions de microfinance (soit une moyenne de 2,8 succursales pour 200000 habitants) sont très inégalement réparties sur le territoire : Chiapas, Chihuahua, Tabasco, Veracruz et Campeche comptent en moyenne 6,7 succursales pour 200000 habitants alors que douze États n’en comptent que deux. Les succursales couvrent seulement 19% du total des municipios du pays. Cela signifie que dans certains États, les succursales se trouvent concentrées dans les capitales et dans leurs principaux centres urbains.

25 Aujourd’hui, il existe au Mexique une politique d’inclusion financière très volontariste : on dénombre plus d’une centaine de programmes publics aux échelles de l’État fédéral et des États fédérés, dont l’objectif commun est l’approfondissement financier. En revanche, les approches et les méthodes varient beaucoup et la cohérence n’est pas recherchée.

2.1.1 De Banrural à Finrural

26 La liquidation de Banrural, banque publique de développement agricole qui assumait à travers son réseau d’agences locales un rôle central dans la politique de promotion du crédit agricole subventionné, a donné lieu à la création de Financiera Rural (Finrural) en 2002, dont les activités ont démarré en 2003. L’objectif assigné à cette institution non bancaire (elle perçoit des recettes fiscales mais elle ne collecte pas l’épargne) a été double : 1) des activités de premier rang visant à développer les services de crédit agricole et rural aux segments de la population exclus financièrement et 2) des activités de second rang, d’appui aux intermédiaires financiers intervenant en milieu rural.

27 L’État se trouve dès lors simultanément promoteur de la structuration d’une offre financière de premier rang et acteur à part entière de ce niveau d’intervention. C’est le cas de la Financiera Rural comme celui de Banrural dans les années 1980 qui prêtait à des taux subventionnés alors que certains acteurs, dont les unions de crédit, se refinançaient auprès de Banrural à des taux non subventionnés pour prêter aux mêmes agriculteurs.

28 L’engagement de rentabilité de Financiera Rural est clairement prioritaire pour cette institution. Elle ne coûte rien à l’État mexicain dans la mesure où elle réussit à conserver sa dotation initiale, voire à l’augmenter.

29 Mais, en dépit d’une intervention ciblée sur le secteur agricole, les résultats en matière d’approfondissement financier se font attendre. Le soutien aux petits producteurs est réalisé par l’intermédiaire de l’appui aux unions de crédit (Trivelli et Venero, 2007). Au total, au Mexique, l’agriculture est faiblement représentée dans l’activité de financement : entre 2004 et 2005, à peine 1,4% des crédits octroyés au Mexique ont été destinés au secteur agricole.

30 La création de Finrural a été réalisée dans le cadre d’une politique plus large (et plus ou moins efficace) d’appui au développement des marchés financiers. L’entrée en vigueur de la Loi d’épargne et de crédit populaire (LACP) et la création de la Banque d’épargne nationale et de services financiers (Bansefi) participent à cette logique d’intervention publique.

2.1.2 Le programme Patmir d’assistance technique à la microfinance rurale

31 Parmi la diversité des programmes publics émanant de différents ministères ou au niveau des États fédérés, un programme majeur en matière de finances rurales est le Programme d’assistance technique à la microfinance rurale (Patmir) mis en œuvre par la Sagarpa (Secrétariat d’État à l’agriculture, à l’élevage, au développement rural, à la pêche et à l’alimentation).

32 Après une phase pilote dans un petit nombre d’États parmi ceux les plus économiquement en marge de la République, la deuxième phase du Patmir affiche un objectif de massification de l’inclusion financière. L’objectif fixé aux quatre organisations qui constituent les supports du Programme Patmir 2 est d’étendre la clientèle des structures de microfinance retenues comme relais du programme. Pour ce qui est du crédit, la cible n’est pas constituée de populations particulières, l’approche est territoriale, concentrée sur des zones marginales. Il est fait comme si la pauvreté était uniformément répartie au sein de la population d’une zone. Indirectement, cela tend à y privilégier les activités non agricoles, avec un objectif implicite de diversification des activités pour les familles d’agriculteurs. L’appui technique dont ont bénéficié les institutions financières au cours de Patmir 1 n’avait pas pour but de permettre aux institutions de microfinance de mieux appréhender et de desservir les activités agricoles. Il s’agissait déjà de favoriser le développement d’infrastructures offrant des services financiers dans les zones rurales. L’accent était mis également sur l’intégration de ces institutions à la Loi d’épargne et de crédit populaire. La massification de l’accès à des services financiers formels doit se réaliser dans un souci de rentabilité et de viabilité financière des institutions. La subvention allouée par le Patmir est calculée en fonction du coût évalué d’inclusion de chaque nouveau client. L’objectif total est de 405000 nouveaux clients sur la période 2008-2010.

33 En dépit d’une croissance et d’une concurrence très fortes des institutions microfinancières, l’inclusion financière demeure encore très limitée au Mexique, et plus encore si l’on confronte l’offre peu diversifiée construite sur des modèles urbains de crédits à court terme et les besoins de services financiers éprouvés par les populations. Malgré l’expansion récente de la microfinance, de nombreuses zones ne sont pas couvertes, ou bien elles ne le sont que très partiellement. C’est le cas, notoirement, des zones rurales et plus encore pour ce qui est des secteurs des activités agricoles et d’élevage. Au total, la stratégie politique d’inclusion financière se traduit par une focalisation sur des objectifs de massification par l’approfondissement financier, et non sur le financement d’un secteur d’activités en tant que tel.

34 Le tableau 1 résume les catégories de producteurs agricoles concernées par les différents programmes de crédit. Il fait ressortir que la catégorie des petits agriculteurs (entre 5 et 20 hectares de terre) bénéficie plus ou moins de l’ensemble des programmes. La tranche des agriculteurs cultivant moins de 5 hectares, qui représente sept agriculteurs mexicains sur dix, est davantage ciblée par des programmes relevant de la solidarité nationale. Soulignons que ces derniers bénéficient d’appuis monétaires à la production au travers du programme Procampo pour la production vivrière (maïs). Mais celui-ci ne permet pas l’investissement en équipement.

Tableau 1

Unités productives bénéficiaires des appuis des différents programmes et institutions

Fira Finrural PRONAFIM/
FOMMUR
Opciones
productivas
(SEDESOL)
Fonds régionaux
Indigènes (CNPI)
PAASFIR PATMIR
(Sagarpa)
Type Hectares %
Grands >60 2 ++ +++
Moyens 20 à 60 13 +++ +++ ++ +++ ++
Petits 5 à 20 15 + ++ ++ ++ + + ++
Micro <5 70 + ++ +++ +
figure im1

Unités productives bénéficiaires des appuis des différents programmes et institutions


Deug et al., 2006.

2.2 Exemples de services financiers en milieu rural mexicain

35 En dehors de subventions et de financements adaptés à des filières structurées comme la canne à sucre, les services financiers ruraux sont peu adaptés au financement agricole et le paradigme de l’inclusion financière rentable s’appuyant sur une approche territoriale de massification de l’offre n’a pas incité les intermédiaires financiers à adapter les services de crédit aux besoins et aux spécificités des activités agricoles. Il ressort que peu d’institutions de microfinance au Mexique mettent explicitement en avant le financement de l’agriculture comme cible de leurs services financiers.

36 Nous illustrons ce positionnement du secteur par l’analyse d’une institution de microfinance, le Lis Mii, qui appartient au réseau des microbanques créées par l’Association mexicaine des unions de crédit du secteur social (AMUCSS), localisée dans des zones rurales reculées et où les activités agricoles constituent encore la part la plus importante des revenus de ces familles rurales et indigènes. Dans ces villages, les familles dépendent pour leur subsistance essentiellement des cultures agricoles vivrières (maïs, haricot) ou de rente (café) [18]. Principale activité génératrice de revenus pour les familles vivant dans ces villages, la culture du café procurait avant les années 1990 un revenu confortable sécurisé par l’Institut mexicain du café (IMECAFE) qui achetait la production pour la commercialiser et offrait des prêts aux agriculteurs. Or, depuis les années 1990, le contexte a fortement évolué : la baisse tendancielle des prix de vente du café, suite à la libéralisation du secteur et la libéralisation des échanges ont entrainé une baisse importante des revenus des producteurs.

37 Pour une grande majorité des agriculteurs, cette culture ne permet donc plus de générer de bénéfices. Malgré le contexte économique peu favorable, les familles ont du mal à délaisser totalement les activités agricoles non rentables, pour lesquelles elles ont des besoins de financement liés (intrants, main-d’œuvre, équipement, etc.) car le potentiel de diversification des sources de revenu est réduit en dehors des dynamiques migratoires nationales ou internationales.

38 La gamme des services financiers proposés par la microbanque Lis Mii, située à Miahutalan, recouvre des produits de crédit, d’épargne, d’encaissement des chèques et de transferts d’argent. La méthodologie de sélection des emprunteurs est largement inspirée du modèle des groupes solidaires de la Grameen Bank.

39 Par souci de simplification des procédures et de réduction des coûts, l’offre est très standardisée, tant du point de vue de la durée des crédits que de leur montant. Tous les emprunteurs d’un même groupe solidaire ont accès au microcrédit au même moment et doivent rembourser selon une échéance identique comprise entre 4 et 12 mois, en fonction de l’ancienneté du groupe. Les montants octroyés s’échelonnent entre 50 et 600 dollars. Le taux d’intérêt est de l’ordre de 3% mensuels. Les services financiers développés ne ciblent donc pas spécifiquement le financement des activités agricoles. Durée et échéancier de remboursement s’avèrent peu adaptés aux contraintes du cycle agricole.

40 Dans ce contexte, une enquête menée en 2004 auprès de 239 ménages clients, qui vivent tous de l’agriculture, montre que parmi une clientèle constituée quasi-exclusivement d’agriculteurs, seulement 46% des prêts sont utilisés pour des activités productives et 42% pour des dépenses diverses d’alimentation ou pour la scolarité des enfants. Dans la région de la Mixteca, 33,6% des emprunts auprès du dispositif de microfinance sont dédiés aux dépenses pour les activités agricoles, 9,8% au commerce, et plus de 36% des crédits sont utilisés pour les dépenses de consommation courante et d’éducation.

41 Il est possible d’illustrer l’évolution au cours des dernières années du financement de l’agriculture au Mexique par l’exemple d’Action citoyenne pour l’éducation, la démocratie et le développement (ACCEDDE). L’organisation a été créée à partir d’un mouvement de la société civile mexicaine en novembre 1995, en ayant pour objet d’apporter un soutien technique à des agriculteurs d’une communauté rurale dans l’État du Jalisco.

42 Graduellement, d’une structure locale technique d’appui social par des volontaires d’éducation populaire, l’institution s’est diversifiée en incluant des prêts aux coopératives de producteurs, adaptés notamment par leur durée, leur rythme de remboursement et par leurs montants aux contraintes agricoles (1998).

43 Ensuite, son activité financière a inclus des soutiens financiers à des non-agriculteurs (activités de transport, vente d’engrais et de semences). Dés lors, les activités menées dans un cadre à but lucratif ont été séparées de celles sans but lucratif, ce qui ne signifie pas non rentables : la différence porte sur le partage potentiel des bénéfices réalisés. Enfin, a été créée, en 2009, une structure spécifique pour collecter de l’épargne et faire des prêts à la consommation nommée Jade. On constate donc une évolution qui, sans rompre avec les origines rurales, cible une clientèle ayant de moins en moins une spécificité de producteurs agricoles ou encourage une diversification des activités hors productions agricoles.

44 D’une certaine façon, on peut interpréter la première époque d’ACCEDDE comme celle de la mobilisation d’une dynamique marchande pour libérer des paysanneries opprimées : les prêts via des coopératives permettent une autonomie sur la base de flux financiers que les socios peuvent en partie maîtriser. La dernière époque est celle où la régulation marchande en vient à faire perdre aux unités agricoles leurs spécificités, en les nommant grâce à une dépendance accrue au marché, selon les principes d’une économie fondée sur le profit et une logique individuelle d’accumulation capitalistique (dit autrement, c’est la destruction de l’économie paysanne au sens d’Alexandre Tchayanov). Le fait de délivrer des crédits de moins en moins ciblés sur l’agriculture encourage une diversification des activités qui se trouvent de plus en plus dominées par des contraintes externes, et partant de là soumises au "grand marché". Ceci tient au fait que le ciblage est celui de zones et de secteurs dits "défavorisés" ou "marginalisés", sans que soit imposé de toucher en leur sein des populations ou secteurs d’activités spécifiques. De libérateur des pouvoirs traditionnels, la mobilisation marchande peut devenir un mécanisme d’oppression pour les plus démunis.

CONCLUSION

45 Au total, les cas indien et mexicain illustrent l’évolution du financement agricole dans les pays du Sud : à la période de crédit administré focalisé en partie sur l’agriculture (1950-1990), et qui aura néanmoins permis la construction d’un réseau bancaire très dense, y compris en zones rurales, succède une phase de dérèglementation et de contraction de l’offre particulièrement néfaste aux secteurs marginalisés, dont la petite agriculture (1990-2000). Depuis le début des années 2000, on a assisté à une politique volontariste d’inclusion financière basée en large partie sur la microfinance et sur le ciblage des pauvres. Les zones rurales sont mieux représentées, en revanche l’offre très standardisée vise la diversification des activités économiques et s’avère mal adaptée au financement de l’agriculture.

46 Les politiques actuelles d’inclusion financière reproduisent essentiellement les modalités de la microfinance contemporaine en milieu urbain (prêts de faible montant et à court terme, où le capital doit commencer à être remboursé alors que l’activité n’a pas encore dégagé de revenus additionnels). Elles sont inadéquates pour répondre aux besoins de financement de la plupart des productions agricoles. Elles tendent à favoriser en zones rurales les activités non agricoles au détriment des productions agricoles. Il est illusoire de penser qu’en favorisant une microfinance à but lucratif, et en permettant une massification de l’offre de petits prêts et de services annexes qui rendent ce service financier rentable, ces prestataires auront ensuite la volonté de diversifier l’offre et d’aller dans des zones à faible densité de population et de rentabilité moindre.

47 Face à cette situation générale, il faut mentionner que certains acteurs innovent et ces innovations, bien qu’isolées et reposant sur un fort volontarisme, améliorent dans de nombreux cas le financement de l’agriculture (Morvant-Roux, 2009).

48 Pour contrecarrer cette tendance lourde, l’État ne peut pas se contenter de réglementer le secteur de la microfinance en définissant des statuts, en incitant à créer des centrales d’information pour prévenir le surendettement, par exemple. Des interventions publiques (directes ou indirectes) à partir d’institutions aux statuts divers et à des niveaux variables sont nécessaires. Elles doivent permettre notamment de diversifier les interventions de la microfinance et d’étendre la gamme de ses services pour qu’ils soient mieux adaptés aux besoins des populations (qui ne se réduisent pas à des microcrédits à court terme), ceci afin de compenser les surcoûts déjà évoqués. Les clients, carencés en termes d’offres, devraient pouvoir compter sur des services adaptés fournis par des institutions financières prêtes à prendre des risques à leurs côtés et accompagnées dans cette démarche par la puissance publique.

Notes

  • [1]
    IRD-UMR CNRS 201 Développement et Sociétés, solene.morvant@gmail.com
  • [2]
    IRD-UMR CNRS 201 Développement et Sociétés, isabelle.guerin48@wanadoo.fr
  • [3]
    CIRAD-UMR CNRS 95, marc.roesch@cirad.fr
  • [4]
    Professeur à l’IHEID, Genève, Suisse. jean-michel.servet@graduateinstitute.ch
  • [5]
    Les auteurs participent au projet “Rural employment and microfinance : do processes matter ?” (www. rume-rural-microfinance.org) dirigé par Isabelle Guérin et financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
  • [6]
    On retrouve ici la croyance néo-libérale selon laquelle l’action par la finance peut être un vecteur d’intervention politique neutre de transformation des sociétés pour les soumettre à l’idéologie d’une régulation marchande prétendue efficace.
  • [7]
    Les données de la Reserve Bank of India sont probablement les plus fiables dans la mesure où il ne s’agit pas de projections mais de données provenant de l’ensemble des banques commerciales indiennes.
  • [8]
    Le nombre de comptes de crédit est passé dans ces zones de 33,9 millions en 1992 à 22,5 millions en 2001.
  • [9]
    Le paysage de la microfinance indienne est très diversifié mais les SHG représentent en 2007 plus des deux tiers de l’offre (Ghate, 2007).
  • [10]
    Sur la dimension spatiale de la microfinance en Inde, voir la thèse de Cyril Fouillet (ULB, Cermi, 2009).
  • [11]
    Les informations de cette évaluation sont disponibles sur le site de la Reserve Bank of India (http://rbidocs.rbi.org.in/rdocs/notification/PDFs/88009.pdf).
  • [12]
    Initié en 2000, ce programme n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle version du Programme de développement rural intégré (PDRI (IRDP)), en vigueur depuis 1976.
  • [13]
    Voir, par exemple, Shah et al. (2007). Sur une critique, voir Fouillet (2009).
  • [14]
    En avril 2008, 1 euro s’échange contre 66 roupies. À titre de comparaison, le seuil de pauvreté en milieu rural avoisine 20000 roupies par famille et par an (avec des variations selon les États). Les familles ciblées par la microfinance au Tamil Nadu ont, en général, des revenus annuels compris entre 15000 et 40000 roupies.
  • [15]
    Nous nous appuyons ici sur différentes études menées par l’équipe de l’Institut français de Pondichéry en 2006 et 2007, qui recouvrent au total 1395 familles clientes de plusieurs organisations de microfinance et 3457 prêts.
  • [16]
    Pour mémoire, ce taux est de 91% aux États-Unis, 96% en France, 97% en Belgique. Il n’est que de 28% en Argentine, 26% au Pérou, 41% en Colombie, 43% au Brésil, 25% au Honduras et 46% au Panama. Ce pourcentage de 25% de Mexicains bancarisés est à rapprocher du taux de pauvreté de 50%. Ceci signifie que 25% de la population mexicaine n’est pas considérée comme pauvre mais n’a pas accès à des services financiers. Exclusion financière et taux de pauvreté sont beaucoup plus importants en zones rurales (Honohan, 2006).
  • [17]
    Par comparaison, ce taux est de 0,205 en Argentine, 0,248 au Pérou, 0,262 en Colombie, 0,346 au Brésil, 0,388 au Honduras et 0,922 au Panama. (Demirgüc-Kunt et al., 2007).
  • [18]
    Pour une analyse de l’impact de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), voir Léonard et al. (2007).
Français

L’accès au crédit pour les petits agriculteurs constitue un enjeu fort de la sécurisation, voire de l’augmentation, de la production agricole. Mais cet accès demeure difficile ou impossible pour les agriculteurs des pays en développement. Les politiques publiques d’inclusion financière mises en œuvre en Inde et au Mexique réduisent les inégalités territoriales entre zones rurales et urbaines mais échouent à offrir une alternative au financement de l’agriculture. Elles favorisent, en zones rurales, le financement des activités non agricoles par la diversification des activités au détriment des productions agricoles.

Mots-clés

  • agriculture
  • crédit
  • microfinance
  • politiques publiques

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Solène Morvant-Roux [1]
  • [1]
    IRD-UMR CNRS 201 Développement et Sociétés, solene.morvant@gmail.com
Isabelle Guérin [2]
  • [2]
    IRD-UMR CNRS 201 Développement et Sociétés, isabelle.guerin48@wanadoo.fr
Marc Roesch [3]
  • [3]
    CIRAD-UMR CNRS 95, marc.roesch@cirad.fr
Jean-Michel Servet [4]  [5]
  • [4]
    Professeur à l’IHEID, Genève, Suisse. jean-michel.servet@graduateinstitute.ch
  • [5]
    Les auteurs participent au projet “Rural employment and microfinance : do processes matter ?” (www. rume-rural-microfinance.org) dirigé par Isabelle Guérin et financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
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