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L’horreur des attentats de 2015 a profondément marqué le monde de la psychiatrie, qui a mené de nombreuses réflexions depuis : auditions de la Fédération française de psychiatrie et rapport intermédiaire (2016-2017), colloques de l’Association nationale de clinique, recherche et enseignement en psychiatrie (2015, 2016 et 2017), pour n’en citer que quelques-unes.
Il aura fallu dépasser des écueils et concilier des approches souvent contradictoires. L’écueil le plus important, qui a suscité et suscite encore d’énormes controverses, est celui de la tentation sécuritaire. On a entendu des membres éminents du gouvernement affirmer qu’« un tiers des personnes radicalisées présenteraient des troubles psychiatriques et psychologiques » ou encore que « la psychiatrie devrait se mobiliser pour parer la menace terroriste ».
Dans le même mouvement, le décret du 23 mai 2018 a permis la communication des données personnelles des patients hospitalisés en soins sans consentement (HOPSY) aux administrations, et plus particulièrement au ministère de l’Intérieur, dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la radicalisation.
Un glissement s’opère ainsi à partir de la confusion « délinquant/malade mental » vers un amalgame « terroriste/assassin – malade mental – dangerosité – hospitalisation psychiatrique ». Cette dérive sécuritaire a rencontré l’opposition de l’ensemble des psychiatres ; elle a été à l’origine de nombreuses crispations et elle a ainsi retardé un consensus sur une appréhension pragmatique du phénomène de la radicalisation religieuse violente…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0089
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