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Afin de penser autrement la question du terrorisme islamiste, je propose le concept d’« hybrides ». Je pars du postulat que l’hybride est devenu la figure de l’hostilité dans le monde chaotique. Mon propos s’organisera en trois temps. J’aborderai successivement les questions du profil des auteurs d’attentats, puis de l’aveuglement, et enfin du nouvel horizon stratégique.
Un phénomène essentiel et aveuglant nous a, semble-t-il, échappé dans ce moment tragique des attentats islamistes entre 2012 et 2017 en France, et tout spécialement en 2015 et 2016. Nous n’avons pas su voir à temps que la matrice importante de ces actes criminels qualifiés de « terroristes » relevait à titre principal de la criminologie, puisque l’écrasante majorité de leurs auteurs sont issus du creuset de la délinquance et de la criminalité de droit commun, autrement dit de l’univers de la prédation économique.
Il n’existe pas de profil unique, d’idéal-type ; cependant, ce quasi-invariant questionne. Le facteur « racaille », au sens où Karl Marx emploie ce concept dans La Social-Démocratie allemande, est omniprésent et ne peut être passé sous silence. Karl Marx utilise aussi un autre concept synonyme, celui de « lumpenprolétariat ». À la suite du philosophe allemand – mais l’a-t-il lu ?! –, le chanteur de rap Médine, dont certaines chansons font nettement l’apologie du terrorisme islamiste, se définit avec pertinence comme une « islamo-racaille ». Il n’est pas question de réduire la sociologie djihadiste violente au facteur de la criminalité et de la délinquance de droit commun, à un monisme explicatif naïf, mais plutôt d’en repérer une caractéristique centrale…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0235
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