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Nous explorerons le phénomène de la radicalisation à partir de notre clinique. Pendant quatre mois, nous avons mené des rencontres hebdomadaires en face-à-face avec dix détenus majeurs âgés de 18 à 30 ans, volontaires pour cette recherche clinique, incarcérés pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Nous avons conduit des entretiens ouverts, inspirés d’une démarche psychanalytique. La question qui nous a guidés tout au long de cette recherche était la suivante : quelle place la radicalisation prend-elle dans l’économie psychique du sujet ? Qu’est-ce que la radicalisation vient réparer, soutenir, remplacer chez la personne ? Les personnes vues ne sont pas toutes parties en Syrie, n’ont pas toutes commis des actes qualifiés de terroristes, mais elles sont toutes soupçonnées d’avoir eu ce projet. En face-à-face, les entretiens, conçus et conduits dans une volonté d’écoute de l’inconscient et de la subjectivité, nous ont amenés vers un questionnement autour de la haine en tant qu’un des éléments du processus de radicalisation, un élément que nous tenterons d’explorer ici dans son lien avec l’idéal.
C’est en effet notre clinique, avec les relations transférentielles qu’elle implique, qui nous a mis sur la voie de la haine comme un des ressorts psychiques de la radicalisation islamiste. La haine ne résume pas, bien évidemment, ce phénomène, mais nous avons vu en elle un aspect psychique majeur. Précisons également qu’en parlant de la haine dans un contexte psychanalytique nous ne nous limitons pas à une haine colère et manifeste, nous observons aussi une haine blanche, intériorisée…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0153
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