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Le milieu pénitentiaire agit souvent comme un révélateur. Lieu où se pose la question du féminin et de la féminité, le milieu carcéral révèle les rapports au féminin et au genre comme axes d’analyse centraux pour tenter d’appréhender l’engagement des femmes françaises dans l’organisation État islamique.
À partir principalement de deux cas cliniques, Sonia et Inès, toutes deux de retour de Syrie, âgée de 20-25 ans, rencontrées dans le cadre d’une recherche effectuée en milieu carcéral, nous allons aborder cette question du rapport au féminin en partant de trois questions : Quel est le rapport de ces femmes au féminin ? Comment l’État islamique traite-t-il le féminin et l’accès à la différence des sexes ? Comment le milieu pénitentiaire relance-t-il la question du féminin ?
Sonia décrit comment elle fumait et buvait beaucoup à l’adolescence : « J’étais dans la cage d’escalier, j’étais comme un mec, c’était l’extase », me dit-elle. Elle raconte comment elle jouait avec les hommes, ne les prenant pas au sérieux. Puis, sans qu’elle arrive vraiment à se l’expliquer, cette vie ne lui a plus convenu. Cela lui est apparu clairement à la suite d’un rêve terrifiant dans lequel des gens la traitaient de mécréante et lui coupaient la tête. Au réveil, elle a ressenti l’obligation de se « laver de [ses] péchés » comme elle dit, pour ne pas être une mécréante. Elle s’est alors renseignée sur la religion que, bien que musulmane, elle ne pratiquait pas, et s’est mise à porter le voile intégral et à soutenir le futur État islamique, qu’elle a rejoint par la suite…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0159
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