CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Dans cet article, nous allons analyser le cas d’Yavan, incarcéré pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, afin de mettre en lumière la place de la haine dans le processus de radicalisation. Bien que cela puisse paraître insuffisant de relever cette place par l’analyse d’un seul cas clinique, nous tenons à signaler que ce cas clinique en représente une série d’autres, s’agissant du fruit d’une recherche menée en maison d’arrêt auprès de personnes détenues incarcérées pour un soupçon d’acte terroriste. Nous avons suivi des hommes de 18 à 30 ans, sur un rythme hebdomadaire pendant six mois, au moyen d’entretiens ouverts en utilisant la méthodologie clinique d’orientation psychanalytique et d’écoute de la subjectivité. Les personnes rencontrées, volontaires pour cette recherche, ne sont pas toutes parties en Syrie et toutes n’ont pas commis des actes qualifiés de terroristes, mais elles sont toutes soupçonnées d’avoir eu ce projet. Nous nous sommes présentés en tant que psychologues cliniciens faisant une recherche sur le phénomène de la radicalisation, en prenant soin de préciser : « ce terme de radicalisation nous pose question et nous aimerions le déconstruire avec vous ».
En effet, ce mot pose question, car sa connotation et sa signification changent continuellement en fonction du contexte ou du champ disciplinaire où il est employé. Le mot radical, au-delà d’un retour aux racines, vient désigner, pour de nombreux chercheurs, l’intériorisation d’une vision extrême d’une idéologie politique, sociale ou religieuse…

Français

Dans cet article, nous abordons le phénomène de la radicalisation à partir de la problématique de la haine en tant que moteur de ce processus. La méthodologie de la recherche est clinique et se déploie au moyen d’entretiens avec des personnes incarcérées pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. À travers l’étude, l’analyse et la discussion du cas clinique d’Yavan, nous interrogeons la notion de la haine en nous concentrant surtout sur sa conception psychanalytique. Ainsi, il nous apparaît que si la haine est constitutive du sujet et de la société, elle réside, dans le processus de radicalisation, en-deçà de toute ambivalence, dans une désintrication pulsionnelle. Par une sorte de pacte avec un idéal féroce, la haine devient « sacrée », amenant à un acte – qui n’est qu’un leurre – existentiel et identitaire.

Annabelle Jaccard
Université de Paris, UFR Institut humanités sciences et sociétés, Centre de recherche psychanalyse, médecine et société (EA 3522), France.
Correspondance : Annabelle Jaccard, Université de Paris, CRPM, 75013 Paris, France.
Giorgia Tiscini
Recherches en psychopathologie et psychanalyse (RPpsy), Université Rennes 2, France.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 04/01/2021
https://doi.org/10.3917/bupsy.570.0311
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