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Je remercie chaleureusement Fethi Benslama de nous avoir ramenés à ce qu’il y avait de meilleur dans les années 1960 et 1970 et qui a disparu par la suite : la capacité de réunir autour d’un problème ou autour d’un thème des personnes désireuses de réfléchir ensemble sans se préoccuper à l’excès de leurs appartenances disciplinaires. Cela est extrêmement important. À cette époque en effet, à propos par exemple des questions urbaines, sociologues, psychanalystes, anthropologues, architectes et beaucoup d’autres discutaient d’enjeux qui les concernaient tous.
Le mot de radicalisation n’est peut-être pas le meilleur. Je suppose qu’au fur et à mesure de l’avancement des débats il va comme exploser, nous allons le détruire pour proposer des catégories plus intéressantes. Je ne vais pas me livrer à l’exercice de la critique de ce mot qui est fédérateur pour nous réunir, mais il faudra bien que nous l’expulsions pour continuer à nous réunir !
J’ai étudié le terrorisme durant toute la décennie 1980. Or, à l’époque, il n’était difficile ni intellectuellement ni pratiquement de connaître des « terroristes », en liberté. Il suffisait par exemple de demander à des journalistes de Libération de vous mettre en contact avec des Italiens d’extrême gauche ou des militants de la bande à Baader. Cette facilité de contact révèle aussi une capacité de compréhension. J’ai connu moi-même plusieurs dizaines de terroristes, italiens, basques, etc. Et j’ai mis en place avec eux des procédures compliquées d’intervention sociologiqu…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0127
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