CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1. Introduction

1 Alors que Françoise Gadet (1996 : 77) a pu dire au milieu des années 1990 que le français, est « une langue au standard mono-centré », sur l’usage de la France, d’autres normes, en particulier celle du Québec, ont désormais acquis un niveau de reconnaissance et un degré de valorisation jusque-là inconnus. Si l’émergence d’une variété québécoise de prestige ne fait plus de doute, tout au moins au Canada, on peut se demander si dans les autres pays de la francophonie du nord, ce mono-centrisme de la norme française commence aussi à s’affaiblir. La réponse à cette question diffère sans le moindre doute selon le niveau d’analyse considéré. Pour ce qui est du lexique, en Belgique comme en Suisse, les locuteurs les plus prestigieux emploient de nombreux termes qui ne sont pas courants en France (Francard, Géron, Wilmet & Wirth, 2010 ; Thibault, 1997). Si l’emploi de ces termes permet d’affirmer, tout au moins dans une certaine mesure, qu’il existe un « bon français de Belgique » et « un bon français de Suisse », est-ce qu’on peut en dire autant concernant les normes de prononciation, comme c’est le cas pour le Québec ? Dans cette étude, je cherche à répondre à cette question en résumant d’abord les évaluations – celle des linguistes et celle des « sujets ordinaires » – de la norme de prestige québécoise (section 2), avant de noter brièvement les perspectives partagées par les deux territoires européens : le poids historique de la « sujétion linguistique » à la France et la possibilité émergente depuis relativement peu de temps de l’affirmation d’une norme de prestige crédible (section 3). Les sections 4 et 5 traitent respectivement de la Belgique et de la Suisse, les sous-sections 4.1 et 5.1 approfondissent la position mal aisée des locuteurs belges et romands à la fois conscients d’une norme extraterritoriale dont ils reconnaissent eux-mêmes le prestige et désireux d’affirmer leur différence. Dans les sections 4.2, 4.3 et 5.2, j’essaie de relever les principaux écarts par rapport à l’usage supra local en France notés parmi les locuteurs belges et romands « cultivés », avant de comparer ces descriptions aux pratiques observées chez les présentateurs et journalistes des journaux télévisés de deux grandes chaînes publiques, Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) et Télévision Suisse Romande (TSR) (section 6). La section 7 fait le point des résultats de cette étude pilote à la lumière de l’ensemble des données présentées.

2. Le Québec

2.1. Le français international et la norme de prestige québécoise

2 La notion de « français international » est évoquée, sans être vraiment cernée, particulièrement au Québec. Elle apparaît, par exemple, de façon répétée dans les questionnaires utilisés pour l’étude de Maurais (2008). Cette notion qui rappelle la supra-norme reconnue par toutes les communautés francophones (ou tout au moins plusieurs) (Corbeil, 1983) pourrait constituer une concurrence potentielle à la norme dite mono-centrique. Cette supra-norme se distingue à la fois de l’infra-norme (norme nationale, communautaire ou régionale) et de la norme internationale que constitue, par exemple, l’International English, qui s’applique souvent à des locuteurs dont l’anglais n’est pas la première langue, alors que les termes « français international » ou supra-norme sont en général réservés aux locuteurs natifs. Contrairement aussi à l’anglais où il est de plus en plus courant de valoriser les variétés non-natives (par ex. Bolton, 2003) dont on dit qu’elles sont plus utilisées que les variétés du Inner Circle [1](Graddol, 1997 ; Kachru, Kachru & Nelson, 2009) le terme « français international », qui est surtout utilisé au Canada, semble impliquer qu’il existe une norme reconnue par toutes les communautés, dont le français est la première langue, y compris (et c’est cela le plus important) celle de France. Mais les exemples suivants tirés du questionnaire qui a servi pour l’enquête de Maurais (2008) montrent que si la notion sert à faire contraste avec le français québécois, elle reste floue et se confond avec d’autres étiquettes, entre autres celles de « français standard » (même si on évoque le français standard québécois), de « français de France » et parfois le « français d’Europe » (voir Tableau 1 pour des exemples).

TABLEAU 1

Exemples de questions tirées des questionnaires utilisés par Maurais (2008)

Q37E Le français correct enseigné dans les écoles du Québec doit être le français international
Q21 Diriez-vous que le français généralement parlé au Québec est différent du français de France ?
Q20 Selon vous, y a-t-il plus de points communs que de points différents entre le français de France et le français québécois ?
Q28r Diriez-vous que, depuis 20 ans, le français parlé par les Québécois s’est rapproché ou s’est éloigné du français d’Europe ?
Maurais p. 40 contraste le « terme québécois » et l’autre terme, plutôt que le « terme du français européen » ou le « terme du français international »
figure im1

Exemples de questions tirées des questionnaires utilisés par Maurais (2008)

2.2. La reconnaissance d’une norme de prestige québécoise

3 En ce qui concerne cette infra-norme de prononciation prestigieuse québécoise, il y a consensus parmi les linguistes concernant son existence et les traits de prononciation qui la distinguent de la norme française. De plus, les locuteurs ordinaires en sont conscients, même s’ils ne s’y conforment pas toujours. D’après Claude Poirier (1998 : 148) :

4

La norme de la prononciation ne paraît plus faire problème depuis quelques années ; les linguistes s’entendent sur ce qui constitue l’usage neutre au Québec. Cela ne signifie pas que cette norme est rigoureusement respectée, mais on la connaît maintenant d’instinct.

5 Selon Denis Dumas (2001 : 248), les Québécois manifestent deux tendances tout à fait divergentes : une plus grande conformité à une norme internationale et un désir d’affirmer leur identité québécoise :

6

deux tendances de fond dans l’évolution actuelle des prononciations québécoises : une volonté délibérée d’affirmation identitaire, en parallèle avec une volonté non moins délibérée d’alignement sur une norme internationale.

7 Alors qu’il est clair que Poirier et Dumas refusent tous les deux le mono-centrisme de la norme française, le premier semble évoquer une pluralité de normes qui se valent, alors que Dumas fait référence à une norme internationale, qui chapeauterait toutes les normes nationales, donc par implication une norme pluricentrique dont la manifestation concrète demeure vague. Ce qui est important est que les Québécois préfèrent parler et entendre parler un français jugé correct mais qui se distingue de la norme française. Par exemple, à la question concernant la prononciation des enseignants (Maurais, 2008 : 55), seulement 2,7 % des sujets ont répondu que ceux-ci devraient parler comme les Français de France, alors que 54,7 % trouvaient qu’ils devraient parler comme les « personnes qui lisent les nouvelles à Radio-Canada » et 33,8 % comme « le monde ordinaire qu’on voit dans les jeux télévisés ». L’étude de Maurais permet aussi de déceler une nette diminution de l’insécurité linguistique parmi les Québécois depuis les années 1970, comme le suggèrent plusieurs indicateurs (Tableau 2) : ils croient mieux parler que leurs parents ; ils souhaitent de moins en moins parler comme les Français ; ils trouvent que l’accent québécois est le plus beau ; ils préfèrent que les enseignants de leur province parlent « à la manière québécoise » ; ils évaluent de façon tout à fait positive le français parlé à la télévision québécoise [2].

TABLEAU 2

Indicateurs d’une diminution de l’insécurité linguistique (Maurais, 2008)

Q28T Les Québécois parlent mieux que leurs parents : 58,3% de réponses affirmatives
Comparaison 1971-2004 Je souhaite parler comme les Français : Le rapport Gendron (1971) note 31% de réponses affirmatives pour la prononciation et 45% pour le lexique ; L’Office Québécoise de la Langue Française (2004) a recueilli 12% pour la prononciation et le lexique.
Q7B Quel est l’accent le plus beau ? 68,5% ont répondu l « ’accent québécois »
Q37B Quand ils se donnent la peine de bien parler, les Québécois peuvent parler aussi bien que les Français. 91,9% des sujets étaient d’accord.
Q32 Devraient-ils [=les enseignants] parler à la manière française ou à la manière québécoise ? 74,8% ont répondu « à la manière québécoise ».
Evaluation globalement très positive du français parlé aux stations de télévision
figure im2

Indicateurs d’une diminution de l’insécurité linguistique (Maurais, 2008)

3. L’Europe

La « sujétion linguistique » et le poids d’une norme extraterritoriale

8 À la différence de ce qui se passe au Québec, on fait rarement appel à la notion d’un français international ou une supra-norme qui sert de « toit » aux grandes variétés normées nationales. Par contre, de nombreuses études de perception réalisées parmi des sujets belges et suisses (par exemple, Francard, 1993, 1998, 1999 ; Singy, 1996) indiquent de façon très nette que la norme ancrée dans l’imaginaire linguistique des francophones belges et suisses est celle de la France et selon Singy, de surcroît « parisienne », verdict largement confirmé au niveau européen à la fois par d’autres chercheurs belges et par une tradition descriptive séculaire. D’ailleurs, en Belgique comme en Suisse, plusieurs auteurs ont noté une advergence [3] progressive vers une norme de référence française et cela dans certains cas depuis plusieurs décennies (par ex. Voillat, 1971 ; Singy, 1996). L’emploi du terme « advergence » semble se justifier dans la mesure où il est difficile de noter des cas où le français de France (ou même une variété française) aurait été influencé par le français de Belgique ou de Suisse, alors qu’il n’est pas difficile de trouver des exemples allant dans le sens contraire. Si certaines variétés belges ou suisses peuvent être évaluées positivement dans leurs pays respectifs, les accents belges et suisses sont très mal considérés par les Français. À cet égard, les résultats de l’étude de Kuiper (2005) semblent quasiment sans appel. Il s’agit d’informateurs parisiens et provençaux à qui on a demandé d’évaluer l’accent des 22 régions de France, plus ceux de la Belgique et la Suisse, suivant trois critères : 1) la différence avec leur propre façon de parler ; 2) la correction ; et 3) le caractère agréable de l’accent en question. Ils ont placé les accents belge et suisse en 23e et en 24e position dans chaque cas.

4. La Belgique

4.1. Les Belges et l’insécurité linguistique

9 Plusieurs études (par ex. Francard, 1993 ; Yzerbyt, Provost et Corneille, 2005) ont permis de constater des traces d’insécurité linguistique laissées par une forte tradition normative, au point qu’on peut presque dire que tout ce qui est spécifiquement belge est soit stigmatisé soit minorisé. Par contre, les meilleures productions culturelles belges, qu’elles soient linguistiques (par ex. Le Bon Usage de Grevisse), littéraires (Gorceix, 1997) ou qu’elles proviennent d’un genre populaire comme la BD (Miller, 2003) se font assimiler par la culture française et par conséquent, perdent leur spécificité nationale.

10 Pourtant, au cours des années 1990, cette soumission traditionnelle de la part des Belges à l’autorité française en matière linguistique a commencé à être remise en question. Le débat provoqué par la question de la féminisation des noms de métiers et des titres professionnels (Bouchard et al., 1999) a permis de montrer que les francophones belges pouvaient prendre des décisions concernant la langue sans se référer à la France. Certes, cela ne se serait sans doute pas produit si les autorités françaises, paralysées par les critiques venant de l’Académie, n’avaient pas tergiversé pendant plus d’une décennie, alors qu’au Québec des mesures reflétant la parité des femmes avaient été introduites dès la fin des années 1970. Par cette action, et d’autres comme par exemple les mesures concernant la lisibilité des textes administratifs (Strauven, 1993), les Belges se sont affirmés comme copropriétaires de la langue plus que comme de simples usagers (Blampain Goosse, Klinkenberg et Wilmet, 1997). Le tableau 3 permet de capter l’évolution des attitudes telles qu’elle a été résumée par Moreau, Brichard et Dupal (1999 : 29-30). Si en France la langue de prestige était surtout associée aux classes sociales dominantes (cf. Armstrong et Pooley, 2010 : 131), dans la perception des Belges elle était surtout parlée en France, alors que plus récemment on fait la différence entre des variétés stigmatisées et valorisées de Belgique, certes en grande partie suivant les origines sociales des locuteurs. Mais au sein de leur communauté (Francard, 1993 ; Moreau et al., 1999), comme les Québécois, les Belges francophones veulent à la fois bien parler et se différencier des Français.

TABLEAU 3

Evolution des perceptions du statut des variétés (Moreau, Brichard & Dupal, 1999 : 29-30)

1. Situation sociolin guistique classique
Langue incorrecte
Langue de prestige
2. Situation sociolinguistique du français de Belg
Langue incorrecte
Langue de prestige
3. Une caractérisation possible du français de
Langue stigmatisée
Langue de prestige
Langue populaire
Langue de la bourgeoisie culturelle
ique dans les représentations des Belges
Langue des Belges = Langue populaire
Langue des Français
Belgique dans les pratiques sociales effectives
Langue populaire (belge ou française)
Langue de la bourgeoisie culturelle (belge ou
française)
figure im3

Evolution des perceptions du statut des variétés (Moreau, Brichard & Dupal, 1999 : 29-30)

4.2. La Belgique : deux perspectives sur la norme de prestige

11 Si les études de perception, aussi bien que des critères lexicaux, semblent indiquer qu’il existe un « bon français de Belgique », les linguistes sont divisés sur la question de la norme de prestige belge en matière de prononciation. Selon Francard (1998) et Hambye et Francard (2004), une telle norme n’existe pas pour l’ensemble de la Belgique francophone, car les Bruxellois et les Wallons se distinguent à bien des égards. Même en se limitant à la Wallonie, il serait problématique de parler d’une (seule) norme endogène. L’argumentaire se fonde sur les éléments suivants : cette variété devrait être 1) un mode d’expression utilisé par une fraction prestigieuse de la communauté et un symbole identitaire pour l’ensemble de celle-ci ; 2) un modèle de comportement langagier pour la majorité de ses membres ; 3) l’occasion d’un usage différencié conscient par rapport aux variétés apparentées sur le plan structural et historique et donc de normes exogènes ou importées. Pour le français, seule la norme française peut remplir ces trois critères. Par contre, la prononciation considérée traditionnellement comme la plus prestigieuse pour l’anglais du Royaume-Uni, généralement appelée RP (Received Pronunciation) n’est pas un modèle pour l’ensemble de la population et ne remplit donc pas le critère 2, alors qu’elle est (ou était) utilisée par une minorité de locuteurs prestigieux et se distingue des variétés nord-américaines, australiennes et néo-zélandaises [4].

12 Si l’on fait donc abstraction du deuxième critère, des études de perception (par ex. Moreau, 1997 ; Moreau, Brichard et Dupal, 1999) semblent indiquer que les Belges croient déceler une variété de prestige à la fois différente de la française et plus agréable que celle-ci. Moreau et son équipe ont enregistré 60 locuteurs (24 Français de la région parisienne et 36 Belges, originaires dans des proportions égales de Mons, de Liège et de Bruxelles) répartis de façon égale entre membres du personnel enseignant ou technique d’universités, et des personnes ayant suivi une scolarité courte. Ces enregistrements ont été ensuite soumis au jugement d’un grand panel d’auditeurs français et belges. Il n’est guère surprenant qu’au niveau de l’identification la différenciation nationale se soit avérée plus facile (86 % de succès) pour les « classes populaires » que pour les universitaires (3 % de succès). Par contre, sur le plan de l’évaluation évoquée par la question : « Aimeriez-vous avoir un fils qui parle comme ça ? », on n’a pu constater aucune différence nationale pour les locuteurs de scolarité courte, alors que les « juges » belges montraient une nette préférence pour les universitaires belges. Ces résultats indiquent, tout au moins de la part des informateurs de Moreau, une certaine distanciation par rapport à la norme française et en même temps aux usages populaires. Qui plus est, ils n’indiquent, pour l’usage cultivé, aucune distinction entre les locuteurs bruxellois et wallons.

4.3. Comment définir la prononciation belge cultivée

13 Il est remarquable que ces discussions se basent sur les perceptions/représentations et non sur le comportement. Qui plus est, même Moreau semble avoir du mal à citer des traits de prononciation qui seraient caractéristiques de cette variété que de nombreuses personnes croient pouvoir reconnaître, alors qu’elle est prête à donner des exemples lexicaux, comme aubette, chicon et drève (Moreau, 1997 : 397).

TABLEAU 4

Traits non supra-locaux compatibles avec un usage cultivé en Belgique francophone

Trait Exemple
1 2 3 4 5 6 7 8 /a/-/?/
/e/-/?/
/??/-/œ?/
/?/-/?/ en syllabe ouverte
/e/-/e?/ ou /ej/ ; /i/-/i?/ ou /ij/ ; /u/-/u?/ ; /y/-/y?/
Diérèse
Absence de /?/
Assourdissement des C finales
[pat] patte -[p?t] pâtes
[m?t?e] mettrai - [m?t??] mettrais [pike] piqué - [pik?] piquet
[b???] brin - [b?œ?] brun
[s?] sot - [so] seau
[ne] -[ne?] [nej] née
[ami] ami - [ami?] [amij] amie
[v??dy] vendu - [v??dy?] vendue
scier [sije] ; tuer [tywe] ;
louer [luwe]
huit [wit]
sage [sa?] ; monde [m??t] ; robe
[??p]
figure im4

Traits non supra-locaux compatibles avec un usage cultivé en Belgique francophone

14 Pourtant, le dépouillement des nombreuses descriptions du français de Belgique permet de dresser une liste provisoire présentée dans le Tableau 4, établi à partir des travaux de Remacle (1969) ; Baetens-Beardsmore (1971 ; 1979) ; Piron (1979 ; 1985) ; Pohl (1983 ; 1985 ; 1986) ; Warnant (1997) ; Ball (1997) ; Klinkenberg (1999 ; 2000a ; 2000b) ; Pöll (2001) ; Francard (2001) et Hambye, Francard et Simon (2003).

15 Il s’agit de traits qui sont parfois caractéristiques d’une prononciation cultivée, mais maintenant surannée en France (Pooley, 2006) (1, 2, 3 et 5) ou qui survivent comme marqueurs régionaux (6, 8) ou populaires, voire dialectaux en France (4 et 7), mais qui sont loin d’être inconnus dans la prononciation de membres de la bourgeoisie cultivée en Belgique. Notre étude de la prononciation de journalistes présentant un journal télévisé permettra d’éclairer certains de ces points.

5. La Suisse Romande

5.1. Un français national ?

16 Comme déjà noté dans la section 3, les Suisses partagent de nombreuses perceptions avec les Belges, notamment ce que Singy (1996, 2001) appelle la « sujétion linguistique à la France » ou la reconnaissance de l’hégémonie de la norme française. Ces représentations influencent le comportement parfois de façon divergente : conformité ou accommodation en présence de locuteurs français et désir d’affirmer sa différence chez soi. Par ailleurs, les discours épilinguistiques suisses sont traditionnellement nettement moins négatifs qu’en Belgique et les questions de valorisation ou de légitimation ne semblent pas provoquer de débats polarisés. D’après Thibault (1998 : 26), toutes les pratiques peuvent trouver une certaine légitimation pourvu qu’on les emploie dans un contexte approprié. Comme en Belgique, ce genre de légitimation diminue nettement dans les situations de contact international, mais reste non négligeable à l’intérieur de la Suisse romande.

17 D’après Métral (1977), il n’existe pas de variété nationale utilisée dans tous les cantons francophones de Suisse qui se différencie en même temps du français des régions voisines, mais il accepte d’appliquer la notion de koiné aux résultats de son étude (inspirée par celle de Martinet, 1945) des représentations signalées par un échantillon de 400 instituteurs résidant dans les quatre cantons entièrement francophones (Genève, Jura, Neuchâtel et Vaud) et deux des trois cantons partiellement francophones (Fribourg et Valais). Si on ne peut guère s’étonner que des instituteurs aient affirmé employer ce que Métral appelle « un état de langue conservateur, largement académisé et fortement influencée par la graphie », il est sans doute plus surprenant qu’à peu près à la même époque des élèves âgés d’une quinzaine d’années répartis sur cinq localités Genève, Fribourg, St. Maurice (Valais), Lausanne et Moudon (tous deux dans le canton de Vaud) aient pu répondre de façon semblable à un questionnaire qui couvrait les mêmes points de prononciation (Schoch, Furrer, Lahusen et Mahmoudian-Renard, 1980). Qui plus est, des études de comportement plus récentes réalisées dans le cadre du projet sur la Phonologie du Français Contemporain (PFC) à Nyon (Andreassen et Lyche, 2003 ; Andreassen, 2004 ; 2006) et à Neuchâtel (Racine, Bühler et Andreassen, 2009, voir aussi F. Grosjean, Carrard, Codio, L. Grosjean et Dommergues, 2007) ont permis de confirmer la vivacité d’une bonne partie des traits qui ne sont pas/plus utilisés en France (Pooley, 2006 ; 2007). D’après Métral, c’est dans le Vaud que cette koiné se manifeste sous sa forme la plus typique, mais pour lui il ne s’agit nullement d’une variété nationale de prestige, car elle constitue le résumé des réponses les plus fréquentes à son questionnaire et demeure « quelque chose d’hypothétique », même s’il reconnaît que cette synthèse de ses résultats se rapproche fort de l’usage des classes moyennes, habitant la plaine (bassin lémanique) (Tableau 5). Il me semble cependant difficile de prétendre que des usages réclamés par un groupe souvent considéré comme détenteur de la norme (instituteurs) et utilisés par des personnes cultivées (voir le profil des informateurs d’Andreassen, 2006 : 116, cf. Armstrong et Pooley, 2010 : 241) diffèrent de façon significative de la variété légitime, et par implication pan romande vu la couverture géographique des études de Métral et de Schoch et al. surtout si, comme le recommande Thibault (1998), on renonce à certaines exigences concernant la cohérence du système :

18

les français nationaux ne sont presque jamais perçus comme des systèmes entiers et cohérents, et leurs particularismes sont jugés indépendamment des structures linguistiques et sociales à l’intérieur desquelles ils fonctionnent

5.2 Une description de la koiné

19 Les traits caractéristiques de la koiné ont été notés par Métral (1977 : 167) à l’instar de Martinet (1945), comme je l’ai déjà fait remarquer, sur la base des avis majoritaires relevés dans les réponses à son questionnaire. Ces traits répertoriés dans le Tableau 5 évoquent, vu de la France, un français cultivé plutôt suranné. Si la majorité des sujets de Martinet (1945) (nés entre 1880 et 1920 et issus des classes moyennes) a pu affirmer faire la distinction entre pattes et pâtes[5], mettrai et mettrais, brin et brun, sans oublier la minorité non-négligeable qui disait employer la longueur vocalique de façon phonémique, Martinet a noté le recul de /œ?/ et de /?/, pronostic largement confirmé par des études plus récentes (Deyhime, 1967 ; Péretz-Juillard, 1985 ; Hansen, 1998). La neutralisation des distinctions morpho-phonémiques et lexicales signalées par /e/-/?/ semble gagner du terrain (Gueunier, Genouvrier et Khomsi, 1978 ; Armstrong et Pooley, 2010), alors que la longueur vocalique semble en grande partie cantonnée dans les variétés régionales [6].

TABLEAU 5

Principaux traits de la « koiné » de Suisse romande (Métral, 1977 : 167 ; Andreassen et Lyche, 2003 : 64)

Trait Exemple
1 /a/-/?/
2 /e/-/?/
3 /??/-/œ?/
4 /e/-/e?/ ou /ej/ ; /i/-/i?/ ou /ij/ ; /u/-/u?/ ;
/y/-/y?/
[pat] patte - [p?t] pâtes
[m?t?e] mettrai - [m?t??] mettrais [pike] piqué - [pik?] piquet
[b???] brin - [b?œ?] brun
[ne] -[ne?] [nej] née
[ami] ami - [ami?] [amij] amie
[v??dy] vendu - [v??dy?] vendue
figure im5

Principaux traits de la « koiné » de Suisse romande (Métral, 1977 : 167 ; Andreassen et Lyche, 2003 : 64)

20 Dans la section suivante, je me propose de comparer ces listes de traits belges et suisses (tableaux 4 et 5) à l’usage d’un groupe qui peut lui aussi être perçu comme détenteur de la norme, les présentateurs et journalistes de deux journaux télévisés.

6. Analyse des journaux télévisés

6.1. Les locuteurs

21 Je présente ici les résultats d’une étude fondée sur l’analyse auditive de trois journaux télévisés diffusés par la Radio-Télévision belge de la Communauté française (RTBF) et trois par Télévision Suisse Romande (TSR) au printemps 2009. Les tableaux 6 et 7 (page suivante) montrent la prononciation de deux présentateurs, un homme d’âge mûr, François de Brigode (né en 1962) et une femme nettement plus jeune, Ophélie Fontana (née en 1979) plus celle de deux journalistes, Thomas Galissieux âgé selon mon estimation d’une petite trentaine d’années, et de Johanne Montay, d’une dizaine d’années son aînée ; pour la Suisse, la prononciation de trois présentateurs, deux hommes Michel Cerruti (qu’on estime être né vers 1960) et Darius Rochebin (1966) et une femme d’une dizaine d’années plus jeune, Agnès Wutrich. Vu la diversité des journalistes faisant des reportages à TSR, j’ai jugé préférable de faire la synthèse des résultats pour les hommes et les femmes.

6.2. L’analyse des journaux télévisés

22 Au cours des journaux sélectionnés de la RTBF, cinq des huit traits énumérés dans le Tableau 4 ont été observés. Vu le temps de parole nettement plus long des deux présentateurs, il n’est peut-être pas surprenant que plus de traits aient été observés chez eux. Toutefois, seul François de Brigode, le présentateur le plus âgé, a utilisé les cinq traits, alors que sa collègue, Ophélie Fontana n’a ni employé de diérèse ni assourdi une consonne canoniquement voisée (trait marginal chez Brigode). Les trois autres marques belges, le contraste /œ?/-/??/, la longueur vocalique et la neutralisation de /w/ et de /?/ apparaissent de façon variable mais fréquente dans leurs discours. Seules les deux dernières ont été notées dans la bouche de Johanne Montay, alors que Thomas Galissieux ne se distinguait de la norme de référence de France que grâce à la diérèse (voir tableau 6 page suivante).

23 Quant aux données relevées en Suisse, seuls trois des quatre traits listés dans le Tableau 5 ont été repérés dans les émissions sélectionnées, la réalisation de la longueur vocalique par un élément consonantique palatal est notée dans une colonne séparée. Seule la longueur vocalique, réalisée sans [j] et employée de façon variable, fait l’unanimité à la fois parmi les présentateurs et les journalistes, sans parler de la grande majorité des locuteurs, dont les résultats ne figurent pas sur le tableau. La prononciation de Michel Cerruti se différencie de celle de ses deux collègues en ce qui concerne la neutralisation des oppositions /œ?/-/??/, qu’il réalise de manière variable et /a/-/?/ qu’il utilise de façon marginale, un comportement qui correspond à celui des journalistes, hommes et femmes.

TABLEAU 6

Usage des traits non-supralocaux au JT de la RTBF

Locuteur Trait François de Ophélie Thomas Johanne Brigode 1962 Fontana 1979 Galissieux Montay 1969
1980 ?
Assourdissement des
C finales
Allongement
vocalique
/w/
/œ?/
diérèse
marginal
variable variable variable systématique variable variable variable variable
variable variable
figure im6

Usage des traits non-supralocaux au JT de la RTBF

TABLEAU 7

Usage des traits non-supralocaux au JT de TSR

Locuteur Trait Michel Darius Agnès Journalistes
Cerutti, Rochebin, Wuthrich, hommes femmes
1960 ? 1966 1978 ?
/œ?/
/?/
Allongement
vocalique
Allongement
vocalique
?/j/
systématique variable variable marginal marginal marginal
variable variable variable variable
figure im7

Usage des traits non-supralocaux au JT de TSR

6.3. Évaluation des résultats

24 Le caractère limité de cette étude n’autorise pas de conclusions fermes, mais on peut noter le petit nombre de traits divergents de la norme de référence de France chez les locuteurs plus jeunes et les locutrices. On peut se demander aussi si la prononciation des présentateurs masculins les plus âgés ne serait pas plus conservatrice que celle de leurs collègues, car sans eux l’advergence serait nettement plus marquée. L’individuation des journalistes belges suggère aussi que le facteur âge pourrait être significatif, alors qu’il est camouflé par la présentation des résultats suisses.

25 Comment expliquer les différences entre les résultats de cette étude et ceux obtenus dans le cadre de PFC ? Les émissions de TSR se concentrent sur Genève, ville à caractère international et qui fait depuis plusieurs années partie d’une agglomération transfrontalière avec Annemasse [7]. Sans anticiper sur les résultats de PFC pour la région genevoise, on peut noter des facteurs favorables à la convergence. Il faut reconnaître que la lecture des informations favorise l’emploi de marques particulières qui sont peut-être en partie partagées par les présentateurs français (par ex. la longueur vocalique utilisée pour éviter des hésitations). D’après mes observations informelles, les traits nationaux ou régionaux apparaissent plus souvent chez les personnes ordinaires (par ex. chez les témoins d’incidents qui font l’objet des reportages sur place). Sur ce point, on a l’impression que les traits nationaux et régionaux connaissent davantage de vivacité que les marques régionales en France, à l’exception peut-être du Sud (Pooley, 2007).

7. Conclusion

26 Si on n’assiste pas en Belgique et en Suisse à l’émergence très nette, comme au Québec, d’une prononciation prestigieuse à caractère national, les discours plutôt négatifs évocateurs d’insécurité linguistique commencent à s’estomper. En Belgique, les linguistes sont divisés sur la question du « bon français de Belgique ». Pour les uns, par ex. Francard (1998) ; Hambye et Francard (2004), il n’existe pas de norme nationale qui soit à la fois différente de celle de France et reconnue comme telle par l’ensemble de la population ; pour les autres par ex. Moreau (1997), Moreau, Brichard et Dupal (1999) des études perceptuelles indiquent que les Belges préfèrent le français normé de leurs compatriotes à celui pratiqué par les Français de statut social équivalent. En Suisse, tout au moins selon Thibault (1998) la notion de légitimité s’applique aussi à des variétés non-standard, si celles-ci sont utilisées dans des contextes appropriés. Ces discours positifs ne semblent pourtant pas traverser la frontière vers la France, où, contrairement à ce qui se passe en Grande-Bretagne, on n’admet guère la valeur de normes extraterritoriales. Si la plupart des Belges et des Suisses reconnaissent plus ou moins volontiers l’extraterritorialité de la norme (Singy, 2001), une bonne partie d’entre eux ne veut pas s’y conformer tout à fait, surtout quand ils communiquent entre eux.

27 La question se complique encore lorsqu’on essaie de tenir compte d’études récentes consacrées au comportement (Hambye, 2005 ; Andreassen, 2004 ; 2006), car celles-ci indiquent que les variétés prestigieuses de Belgique et de Suisse ne subissent pas forcément les mêmes effets d’advergence vers le français de France. Par contre, notre analyse des comportements des professionnels de la parole, présentateurs et journalistes des journaux télévisés de deux chaînes publiques (RTBF, TSR) permet de déceler deux tendances principales : convergence et diversité d’usages. Dans la mesure où il est décelable, le facteur âge semble indiquer que la convergence poursuit son cours. Si donc on peut encore parler même pour cette catégorie assez particulière d’usagers, de normes nationales et donc de pluralité des normes, cette pluralité va s’amenuisant et n’évoque pas du tout une hypothétique norme pluricentrique. Mais de telles hypothèses, quoique plausibles, restent provisoires en attendant une étude plus approfondie qui inclurait un journal télévisé de France.

Notes

  • [1]
    Les pays du Inner Circle anglophone comprennent la Grande-Bretagne, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, alors que le Nigeria et l’Inde font partie du Outer Circle et la Chine et la Belgique du Expanding Circle.
  • [2]
    Il demeure néanmoins vrai que les évaluations du français parlé dans certaines stations de radio sont beaucoup moins positives.
  • [3]
    L’advergence (Advergenz) est un terme de Mattheier (1996 : 34) qui vise à décrire une situation de convergence où la plupart des changements vont dans le sens d’une variété dominante, plutôt que des cas où les variétés en contact s’influencent mutuellement.
  • [4]
    En fait, c’étaient les Australiens et les Néo-Zélandais qui avaient à se libérer de l’hégémonie de la RP, restée jusqu’à une époque assez récente la variété de prestige dans leurs pays respectifs.
  • [5]
    Et même une proportion non négligeable des sujets méridionaux !
  • [6]
    Certaines distinctions lexicales fréquentes, par ex. mettre et maître résistent mieux que les désinences verbales.
  • [7]
    En Belgique, on observe une convergence beaucoup plus marquée chez les Tournaisiens (Tournai fait partie d’une agglomération transfrontalière avec Lille et Courtrai) que chez les locuteurs résidant dans d’autres parties de la Wallonie (Hambye, 2005).
Français

Étant donné qu’une norme de prononciation différente de celle de France est largement reconnue au Canada, et que la population québécoise montre de plus en plus d’assurance quant à la qualité de son français, je me propose dans cette étude d’examiner la question de la norme de prestige en matière de prononciation en Belgique et en Suisse romande. Après avor passé en revue les principales études des représentations du français pratiqué dans ces deux territoires, je présente ensuite l’analyse de la prononciation d’un petit nombre de présentateurs et de journalistes d’une chaîne de télévision publique dans chacun des deux pays (RTBF pour la Belgique ; TSR pour la Suisse). Les premiers résultats semblent indiquer que les locuteurs belges manifestent davantage d’écarts par rapport aux normes françaises en situation comparable, mais que si l’on tient compte du facteur âge, la convergence semble se poursuivre.

Mots clés

  • norme (de prestige)
  • francophonie (du nord)
  • Belgique
  • Suisse
  • variété
  • journal télévisé

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  • Article reçu en mars 2011. Révision acceptée en juillet 2011.
Tim Pooley
University of Kent
T.Pooley@kent.ac.uk
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 11/06/2012
https://doi.org/10.3917/ls.140.0117
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