Cet article propose de réexaminer la question de l’impact de la crise des réfugiés de 2015 sur les attitudes individuelles à l’égard de l’immigration et de l’effet de ces dernières sur la confiance dans l’Union européenne. L’examen longitudinal des données comparatives des enquêtes European Values Studies (EVS) sur la période 1990-2017 suggère que cet effet demeure hétérogène selon les contextes régionaux ou nationaux, et qu’il varie également dans le temps. L’hypothèse d’un impact de la crise migratoire est corroborée dans une douzaine de pays de l’Union européenne à l’ouest comme à l’est de l’Europe. Au niveau macro, l’effet de la « pression migratoire » dans les États européens n’est pas significatif. La crise semble avoir avant tout activé des sentiments xénophobes dans les pays de l’Union européenne les moins affectés par la récession et le chômage, dessinant les contours d’un possible « euroscepticisme » des riches. Enfin, la politisation de l’Europe par les partis politiques nationaux reste un facteur déterminant, qui vient interagir avec la structuration d’attitudes de masse vis-à-vis de l’immigration et de l’Union européenne dans les opinions publiques européennes.
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