En 2012, la Douma russe adopte en première lecture une législation permettant de qualifier d’« agents de l’étranger » des associations considérées comme politiques et financées par des fonds extérieurs au pays. Elle vise notamment les organisations bénéficiant du soutien de l’United States Agency for International Development (USAID), considéré comme un agent d’influence par le ministère russe des Affaires étrangères. Derrière les manœuvres politiques, la crainte du Kremlin réside dans l’utilisation de ces organisations non gouvernementales (ONG) comme vecteurs d’ingérence. Accusées d’avoir fomenté les grandes manifestations de l’hiver 2011-2012, d’alimenter les « révolutions de couleurs » dans l’espace post-soviétique ou encore, par l’entremise de fonds qataris et saoudiens, l’islamisme du Caucase, les ONG font face à une politique répressive entravant leurs activités. La Russie a été rejointe par Israël et la Chine qui imposent une transparence des financements étrangers. En février 2021, la Hongrie de Viktor Orban a été sommée par la Commission européenne de retirer sa loi « civiltörvény » sur la « transparence des organisations civiles recevant des dons en provenance de l’étranger », de 2017, imposant la déclaration de tout financement étranger d’un montant supérieur à 24 000 euros annuels, à rendre public la liste des donateurs et à se présenter explicitement comme « organisation bénéficiant de fonds étrangers ».
Si ces décisions politiques sont critiquées – à raison – pour utiliser le prétexte de la sécurité afin de museler toute forme d’opposition et de restreindre les libertés publiques, la question de l’instrumentalisation des ONG par des services étrangers n’est pas l’apanage d’un pouvoir autoritaire…