Le travail de renseignement consiste à recueillir puis analyser un grand nombre de données (rapports de sources, interceptions téléphoniques, données de connexion Internet, voire imagerie satellitaire, etc.), le plus souvent parcellaires, incomplètes, parfois contradictoires, afin de répondre à l’orientation donnée par le pouvoir politique. Il s’agit en quelque sorte de composer un immense puzzle. Le caractère multipolaire de l’environnement international, son instabilité et son imprévisibilité se traduisent, pour les services de renseignement, par une multiplication des centres d’intérêt, une prolifération des crises qui s’ouvrent sans jamais se refermer totalement, et des attentes accrues de la part des autorités politiques.
Même s’il existe une forme d’oxymore à parler de coopération entre services de renseignement, tant le secret s’accommode mal du partage, il est rare, pour ne pas dire impossible, qu’un service de renseignement soit, à lui seul, en mesure de composer l’ensemble du puzzle sans échanger avec d’autres services de renseignement, eux aussi soumis à des attentes accrues et à un environnement de plus en plus complexe. À l’échelle nationale, les services sont spécialisés dans le renseignement intérieur ou extérieur, civil ou militaire, humain ou technique. La transversalité des menaces oblige les services à coopérer afin d’obtenir une compréhension la plus complète possible. Cela est d’autant plus vrai à l’échelle internationale, tant sécurités intérieure et extérieure ne représentent pas des catégories étanches, mais un continuum…