Après plus de deux décennies de lutte contre les groupes et réseaux djihadistes, les services de sécurité et de renseignement sont loin d’entrevoir une issue. D’autres menaces, nouvelles ou un temps oubliées, se manifestent. Rarement, sans doute, la thèse qui fait du terrorisme intérieur la manifestation d’une société en crise n’aura été aussi pertinente. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) doit, en tant que chef de file de la lutte contre le terrorisme, à la fois affronter des islamistes radicaux isolés répondant aux appels à venger des affronts plus ou moins réels, des militants d’ultragauche se préparant à frapper, des néonazis planifiant des attaques contre une loge maçonnique, des militants d’extrême droite désireux de s’en prendre au président de la République ou d’individus complotistes rêvant, depuis la Floride ou la Malaisie, d’un coup d’État.
Confrontés à leurs carences en 2012 puis 2015, les services français de sécurité et de renseignement chargés de lutter contre le terrorisme ont su, parfois douloureusement, apprendre de leurs erreurs. La coopération entre administrations, bien que toujours marquée par des frictions ou des luttes de périmètre, n’a cessé de se développer, et le rôle positif de la Coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNRLT) créée en 2017, peut être salué. Présent dans les médias quand les autres hauts responsables des services y sont rares, le CNRLT lui-même rappelle les faits au milieu d’un débat politique de plus en plus passionné…