CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Septembre 2001, il y a bientôt vingt ans : l’Amérique est frappée au cœur après une décennie d’hégémonie sans partage. Pour cette nation stratégiquement insulaire qui pensait son territoire sanctuarisé, le choc est rude. Pour le monde occidental, c’est la prise de conscience brutale de l’émergence de la menace « globale » du terrorisme islamiste, fille de la mondialisation qui bat alors son plein. Pour la communauté internationale, c’est une solidarité quasi unanime qui se manifeste lorsque Washington décide de lancer dans la foulée une expédition punitive en Afghanistan contre le régime des taliban, l’opération Enduring Freedom (OEF). L’Otan invoque l’article n° 5 de son traité et l’ONU met rapidement sur pied la Force internationale d’assistance et de sécurité (Fias). Et, dans ce grand mouvement, la France tient son rôle de fidèle allié, en s’impliquant rapidement aux côtés des États-Unis : l’opération Héraclès, participation française à OEF, est lancée en octobre 2001.

2À deux décennies d’écart, l’année 2021 sera, à n’en pas douter, riche en commémorations et en analyses sur ces événements à la fois proches et lointains. Nous nous proposons ici d’y contribuer en revenant sur l’engagement de la Marine nationale dans les premiers mois de l’opération Héraclès, de novembre 2001 à l’été 2002. Car, deux ans après l’opération Trident au Kosovo, Héraclès constitue un nouveau sommet d’engagement pour la Marine qui mobilise jusqu’à 30 % de ses moyens dans cette opération à forte visibilité politique, illustrant toute la pertinence de la puissance maritime pour agir avec réactivité sur un théâtre lointain et enclavé. Parmi ces moyens, l’implication du groupe aéronaval (GAN), alors articulé autour du tout jeune porte-avions Charles-de-Gaulle, occupe une place centrale, qui justifie que l’on s’y attarde.

3Après avoir brièvement remis en perspective le contexte dans lequel évolue la Marine nationale au moment du déclenchement de l’opération Héraclès, nous reviendrons sur les conséquences de cette opération et sur les principaux enseignements qui en furent tirés, avant de nous interroger sur les fruits que nous pouvons en retirer après vingt ans.

La Marine nationale entre ombre et lumière au tournant du siècle

4Alors que les tours jumelles viennent de s’effondrer, la Marine nationale s’apprête à se lancer dans l’opération Héraclès avec un contexte contrasté de forces et de faiblesses, tant sur le plan des moyens que des opérations.

5S’agissant des moyens, le contexte est à la fois délicat et stimulant. Délicat, il l’est pour l’ensemble des armées françaises, qui traversent alors une période de fortes contraintes budgétaires dans le cadre de la loi de programmation militaire 1997-2002 traçant le cap vers le modèle d’armées 2015. Avec le changement de gouvernement survenu en 1997, l’effort de défense, déjà contraint, est plafonné au niveau 1998, puis réduit en compressant chaque année la part des investissements de 16 %, ce qui aboutit, en 2002, à une annuité de retard de programmation. Cette contrainte s’ajoute aux freins déjà observés dans la première partie des années 1990 sous l’effet de gels de crédits récurrents, qui avaient abouti à l’étalement, voire à la réduction, de certains programmes. C’est ainsi que le programme Charles-de-Gaulle est retardé de cinq ans [1] et que le programme Rafale Marine (RFM) est réduit en cible [2] et décalé [3]. Les autres composantes sont également touchées : le programme des sous-marins nucléaires d’attaque est réduit [4], tout comme le programme des frégates de type « La Fayette » [5]. En regardant vers l’avenir, la prochaine LPM s’annonce également délicate : la construction d’un deuxième porte-avions est hypothétique et soumise à des « circonstances économiques favorables », tandis que le futur format de frégates de la Marine fait l’objet de nombreux débats. À cheval entre deux modèles, la Marine souffre donc, et en particulier le GAN, qui ne peut plus compter que sur un porte-avions depuis le retrait du service actif du Clemenceau en 1997 et du Foch en 2000 [6], tandis que le groupe aérien embarqué (GAé) passe de 1990 à 2000 de 114 à 57 aéronefs en parc [7]. S’y ajoute un contexte global de faible disponibilité de la flotte, dans l’attente d’une réorganisation du maintien en conditions opérationnelle qui passe, notamment, par le changement de statut de la direction des chantiers navals (DCN).

6Pour autant, en 2001, la Marine est stimulée par l’arrivée des fruits de l’effort de renouvellement lancé dans les années 1980, notamment pour le GAN. Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, en essais depuis 1999 et admis au service actif le 18 mai 2001, représente un changement majeur avec sa propulsion nucléaire et son système de combat moderne. Le RFM, malgré son retard et ses limitations à la seule interception aérienne dans le standard F1, donne à la Marine un avion de 4e génération très au-dessus des vénérables Crusaders qui avaient dû être débarqués avant l’opération Trident au Kosovo en 1999. L’E-2C Hawkeye, dont le premier exemplaire a été livré en 1998, est également un bond majeur pour une Marine jusqu’ici dépourvue de capacité de guet aérien. Autant de nouveautés qui nourrissent alors un intense effort de réflexion sur leur emploi. Et, dans le même temps, le Super-Étendard modernisé (SEM) poursuit son évolution avec le standard 4 qui est livré à partir de 2000 aux flottilles de chasse : lancée pour compenser le retard du programme RFM, cette évolution lui permet de mettre en œuvre un panel d’armes et de senseurs plus large, et de remplacer l’Étendard IVP dans sa mission de reconnaissance d’objectifs. Et, de manière plus large, la Marine a alors entamé une démarche résolue d’amélioration de ses capacités d’information, qu’il s’agisse de la généralisation des équipements de communications par satellites dont le débit est augmenté, du multiplexage, de l’apparition des premiers réseaux informatiques embarqués et, surtout, de l’accès au réseau de liaison de données appelé liaison 16 (L16) [8].

7Sur le plan opérationnel, la dynamique est plus saine. Au niveau stratégique, la décennie d’engagements qui a suivi la guerre du Golfe a vu un rééquilibrage entre la dissuasion et l’intervention. Le Concept d’emploi des forces publié en 1997 prend acte de cette réorientation expéditionnaire [9], tout en insistant sur l’interopérabilité comme facteur de succès des opérations. La Marine s’inscrit dans cette dynamique et ressort de la décennie 1990 avec une riche expérience acquise notamment en Adriatique durant les missions Balbuzard et surtout Trident. « Sas d’entrée dans le XXIe siècle » [10], cette dernière opération a considérablement aguerri l’ensemble des composantes de la Marine, tout en la hissant à un bon niveau de maîtrise des opérations aéronavales complexes (intégration dans une campagne interalliée, intégration d’un SNA dans le GAN, etc.). En complément de sa capacité de projection, la Marine conserve son modèle de forces maritimes prépositionnées en océan Indien sous l’autorité d’un amiral embarqué sur un bâtiment de commandement et de ravitaillement. En outre, en 2001, en plus d’avoir réussi la réforme de son commandement organique, la Marine a parfaitement réalisé sa mue interarmées en opérations, en s’inscrivant dans le cadre fixé par l’état-major des armées depuis la création du COIA [11] en 1992. La seule nuance porte sur l’interopérabilité avec l’allié américain qui, si elle est bien réelle sur le plan culturel et procédural, l’est moins sur le plan des équipements, domaine dans lequel Washington entretient alors une avance technologique considérable, comme l’a montré, deux ans plus tôt, l’opération Allied Force au Kosovo. Héraclès est justement l’occasion de combler ce retard, grâce aux nouvelles capacités que met en œuvre la Task Force (TF) 473 qui appareille le 1er décembre 2001 de Toulon en direction de l’océan Indien.

Encadré n° 1 - La mission

Les objectifs immédiats de l’opération Enduring Freedom (OEF) déclenchée le 7 octobre 2001 (date des premières frappes américaines) consistent à porter un coup d’arrêt aux capacités d’Al-Qaïda pour éviter le renouvellement d’un 11 septembre, et à expulser les taliban de la tête de l’Afghanistan en appuyant l’alliance du Nord dans ses opérations de reconquête. Cette opération est conduite sous commandement américain grâce à une coalition ad hoc. En parallèle, l’ONU crée le 20 décembre 2001 la Force internationale d’assistance et de sécurité (Fias) placée sous le chapitre VII de sa charte, tandis que l’Otan met en œuvre pour la première fois de son histoire l’article n° 5 de son traité. La participation française aux opérations navales et aériennes d’OEF prend le nom d’Héraclès. Trois grands objectifs sont fixés aux forces navales : projection de puissance aérienne de la mer vers la terre, maîtrise de l’espace aéromaritime pour éviter les fuites de membres d’Al-Qaïda par voie maritime, et apport d’un soutien logistique aux unités de combat (Sea Basing).

Héraclès ou la pertinence de la puissance maritime dans un monde globalisé

8Héraclès offre un exemple frappant de l’apport de la puissance maritime pour produire dans un court délai et à tous les niveaux des effets dans une crise lointaine à résonance mondiale. À l’orée du siècle, elle renforce le choix français d’une Marine expéditionnaire adossée à une stratégie de positionnement permanent dans la continuité « paix-crise-guerre ».

9Stratégiquement, Héraclès illustre deux atouts discriminants du Sea Power : la réactivité et la capacité d’accès. La réactivité est à la fois celle des moyens prépositionnés en océan Indien (Courbet, Var et Bougainville), celle des moyens légers rapidement envoyés en renfort (avions de patrouille maritime et bâtiments de guerre de mines), et celle du GAN qui appareille dans la foulée de la prise de décision politique – tardive – du 21 novembre 2001. Les importants moyens de la TF 473 (21 chasseurs et 2 avions de contrôle aérien) sont ainsi sur le théâtre d’opérations deux semaines après son départ de Toulon, et les premières sorties offensives au-dessus de l’Afghanistan ont lieu dès le 18 décembre. C’est donc l’aviation embarquée qui assure en premier la participation française à la campagne aérienne ; elle sera épaulée, à partir de mars 2002, par les 6 Mirage 2000 de l’Armée de l’air qui ont finalement obtenu les accords diplomatiques nécessaires pour opérer depuis Manas au Kirghizistan. Ce séquencement illustre la capacité d’accès offerte par la puissance maritime, y compris pour un théâtre éloigné du littoral qui paraissait initialement hors de portée depuis la mer [12]. Et pourtant, Héraclès montre que dans un monde globalisé, accéder par la mer permet de s’affranchir de lourdes contraintes politiques pour agir en conservant sa liberté d’action. En l’occurrence, la seule contrainte était alors le survol du Pakistan, rapidement acquise. C’est d’ailleurs toute l’aéronavale occidentale qui s’illustre à cette occasion : dans les premiers mois d’OEF, 80 % des vols opérationnels proviennent d’un des porte-avions de la coalition, et in fine l’US Navy réalise deux tiers des sorties opérationnelles et un tiers de frappes, le reste étant assuré depuis la base avancée de Diego Garcia. Dit autrement, durant OEF, le centre de gravité de la force de frappe aéroterrestre se situe non pas à terre, mais au nord de la mer d’Arabie.

10Au-delà du seul GAN dont l’action se situe dans le pilier « action vers la terre » de la coalition, c’est toute la composante maritime occidentale qui prouve sa pertinence, en participant au contrôle des flux maritimes pour entraver une éventuelle retraite de l’adversaire par la mer depuis les ports du Pakistan, et plus généralement en apportant un soutien basé en mer. Cet apport du Sea Basing est notamment illustré par l’US Navy qui transforme, dès octobre 2001, le porte-avions Kitty Hawk en base flotte avancée pour la mise en œuvre de ses forces spéciales maritimes par hélicoptère depuis le nord de la mer d’Arabie, au prix toutefois d’une réduction de son groupe aérien embarqué et d’un prolongement de deux autres porte-avions sur zone à titre de compensation.

11Au niveau politique, l’action de la Marine devient le marqueur du soutien français à son allié américain. Car, au moment de la prise de décision d’engager le GAN, l’objectif majeur est clair : il s’agit d’abord de poser un acte de solidarité manifeste avec les États-Unis [13]. Dans ce cadre, la participation du Charles-de-Gaulle à l’expédition américaine revêt une forte valeur symbolique, au-delà de sa seule contribution tactique. Ce poids symbolique s’illustre d’ailleurs, en creux, lorsque le gouvernement français manifeste des hésitations avant de valider son déploiement ; Paris craignant alors une implication trop poussée dans une opération qui aurait pu faire tache d’huile jusqu’en Irak [14]. Et, lors d’un discours en mars 2002, le président George W. Bush ne s’y trompe pas lorsqu’il remercie son « bon allié, la France, qui a déployé le quart de sa Marine dans l’opération Enduring Freedom ». En outre, au-delà de l’allié américain, la présence du GAN en océan Indien durant six mois permet, à partir du mois d’avril, des actions de coopération avec Singapour et l’Arabie saoudite, avant un retour sur la zone d’opérations au mois de juin à l’occasion de la période sensible de la Loya Girga[15].

12Deux ans après la mission Trident en Adriatique, conduite aux portes de l’Europe, la stratégie nationale basée sur la pérennité d’une capacité de projection de puissance depuis la mer se trouve ainsi renforcée par l’opération Héraclès, dont l’impact politique est majeur. Conséquence directe, la décision de lancement d’un second porte-avions s’en trouve consolidée : après s’être prononcé en faveur de sa commande [16] en novembre 2001, le président de la République confirme cette décision en 2002, ce qui aboutit à l’inscription du lancement d’un second porte-avions dans la LPM 2003-2008 [17]. Malgré l’enthousiasme suscité par cette décision, alors adossée aux perspectives de coopération avec les Britanniques, ce projet ne se concrétise pas et est définitivement abandonné en avril 2008.

Encadré n° 2 - Les participants à Héraclès

Forces prépositionnées en océan Indien : frégate Nivôse, bâtiment de commandement et ravitaillement Var, bientôt renforcés de la frégate Courbet, de l’aviso Commandant l’Herminier et du navire de recueil de renseignement Bougainville.
Forces expéditionnaires envoyées en renfort :
• Deux Atlantique 2, basés à Djibouti, à partir du 15 novembre 2001.
• Un groupe de guerre des mines composé du bâtiment de soutien Loire et des chasseurs de mines Persée et Pégase, à partir du 2 novembre 2001.
• La TF 473 (groupe aéronaval), composé du porte-avions Charles-de-Gaulle, du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Rubis (puis Saphir), de la frégate antiaérienne Jean Bart (puis Cassard), des frégates anti-sous-marine La Motte-Picquet et Jean de Vienne (puis De Grasse et Latouche-Tréville), de l’aviso Commandant Ducuing, du pétrolier ravitailleur Meuse (puis Somme), du bâtiment atelier Jules Verne et du groupe aérien embarqué composé de 16 Super Étendard modernisés (SEM) aux standards 3 et 4, de 5 (puis 7 à partir de mars 2002) Rafale Marine (RFM) au standard F1 et de 2 E-2C Hawkeye, à partir du 1er décembre 2001.
D’autres moyens (frégates type « La Fayette », chasseurs de mines, avisos, etc.) se succèdent sur le théâtre des opérations, sur lequel la Marine nationale mobilise ponctuellement 30 % de ses moyens au moment du pic d’activité de mars 2002. Au total, 7 flottilles et 34 bâtiments ont participé à Héraclès.

Une mission qui contribue à installer la Marine dans le XXIe siècle

13Avec Héraclès, la Marine recueille les fruits de son renouvellement et crée les conditions de ses succès à venir, malgré la perte de permanence, désormais durable, du GAN.

14Tactiquement, le fait marquant d’Héraclès est le saut d’échelle réalisé par la Marine, dans plusieurs domaines. L’élongation du GAé en est la principale illustration : le groupe aérien élargit ainsi son rayon d’action de 150 à 600 nautiques du porte-avions, soit « un saut risqué et important » [18]. Sur le plan aéronautique, le challenge est énorme : comment opérer aussi loin du porte-avions sans terrain accessible en Afghanistan, territoire hostile ? S’y ajoutent les limites intrinsèques du SEM, qui ne peut voler plus de six heures [19]. L’analyse de risque menée par le groupe aérien permet finalement de lancer le GAé dans le « grand bain », moyennant un recours fréquent aux ravitaillements en vol par les SEM pour « garder en permanence le pétrole permettant de rentrer à bord, même en cas d’aléa » [20]. Au bilan, aucun avion n’est dérouté sur le théâtre afghan en plusieurs mois de mission, et la démonstration est faite que le GAé peut intervenir à grande distance, en intégrant, en outre, des retours de mission de nuit (une première pour les SEM). Cette aptitude à opérer à grande distance du porte-avions ne fera dès lors que se renforcer, sous l’effet de la montée en puissance du RFM : lors des vols opérationnels au-dessus du théâtre afghan pendant les missions Agapanthe en 2004, 2006 et 2007, durant les missions Arromanches en 2015 et en 2016 et, dans une moindre mesure, lors de la mission Harmattan en 2011. Le rayon d’action jusqu’à 600 nautiques du porte-avions, envisagé de manière très théorique dans les années 1990, s’impose à partir de 2002 comme une norme. Le changement d’échelle s’incarne également dans les capacités de l’E-2C. Cet aéronef dilate plusieurs heures par jour l’horizon radar de la force d’un facteur trois à quatre, et permet un changement radical dans les possibilités de contrôle aérien, contribuant ainsi à augmenter l’autonomie d’action et l’allonge tactique du GAé. La culture de décentralisation du contrôle des missions de chasse, découverte en Adriatique, s’impose désormais comme une règle. Par son rôle central en termes d’information et par la nature des missions qu’il exécute au-dessus des théâtres terrestres au même titre que les AWACS, l’E-2C confère au GAN une interopérabilité et une compréhension du théâtre sans précédent. Enfin, ce changement d’échelle est celui de la circulation de l’information tactique, qu’il s’agisse d’intégrer les réseaux de liaison de données américains [21] ou de maintenir une architecture d’échange d’information via des cheminements d’une extrême complexité – pour l’époque – entre le GAN et son homologue américain opérant à proximité, faisant dire au CTF 473 qu’« il n’est pas loin d’une prouesse que ces liaisons aient pu être établies et maintenues pendant des mois » [22].

15Le second fait marquant, d’ordre plus général, est la conjonction de l’autonomie et de la mobilité conférées par la propulsion nucléaire, grande nouveauté du Charles-de-Gaulle au regard de ses prédécesseurs. Pour les marins habitués aux anciens porte-avions de la classe Clemenceau, le changement est fort. Non seulement la fiabilité de la propulsion est sans commune mesure avec les anciennes machines à vapeur, mais la logique du ravitaillement s’en trouve bouleversée : le critère dimensionnant n’est plus le gazole de navigation, mais le transfert de vivres. Ce glissement offre une grande souplesse dans la planification des ravitaillements dans le temps et, si le rythme d’un ravitaillement hebdomadaire est respecté durant la mission Héraclès, la priorité aurait très bien pu être donnée aux opérations aériennes sans interruption en cas de besoin [23]. En outre, l’endurance du porte-avions pour tenir en mer et se repositionner à grande vitesse s’en trouve démultipliée : le temps passé en mer entre son départ de Toulon et sa première relâche opérationnelle, soit 65 jours, suffit à l’illustrer.

16Plus généralement, s’agissant de capacité à durer, c’est tout le maillage logistique mis sur pied par la Marine en zone maritime océan Indien – Djibouti, Arabie saoudite, États du Golfe – qui est mis à profit pour soutenir pendant plusieurs mois plus de 30 bâtiments de tous types, depuis l’entretien jusqu’aux nombreuses relèves de personnel.

17En confrontant d’emblée ses nouveaux moyens aux exigences d’une opération ambitieuse, la Marine crée durant Héraclès les conditions de la poursuite de l’élargissement de ses capacités. En plus de contribuer à l’aguerrissement d’une nouvelle génération de pilotes de chasse, Héraclès éprouve d’abord le jeune porte-avions comme outil de combat capable de produire un peu moins de 800 sorties opérationnelles pour 106 jours d’opérations, soit environ 8 sorties par jour [24]. Cette cadence est loin de la capacité nominale du Charles-de-Gaulle, mais la dynamique est lancée : sous l’effet de la bascule du ratio RFM-SEM au cours des années 2000 et 2010, le Charles-de-Gaulle et son groupe aérien passent ainsi d’une activité organisée autour de 8 sorties opérationnelles diurnes quotidiennes en naviguant à moins de 50 nautiques du terrain de dégagement de Pasni au Pakistan, à 12 sorties opérationnelles quotidiennes (pour opérer à plus de 400 nautiques du porte-avions), parfois nocturnes, la plupart du temps sans terrain de dégagement, lors des missions Arromanches réalisées quinze ans plus tard. En outre, Héraclès porte en germe l’ultime évolution du SEM vers le standard 5, qui le dotera de capacités de frappes précises de nuit et « tout temps » grâce aux nouvelles fonctions de sa nacelle de désignation laser et à l’amélioration de son pilote automatique. Héraclès est donc un tremplin précoce pour le GAN.

18Héraclès marque aussi la transition vers une réelle interopérabilité, plus symétrique, avec l’allié américain. Adossés à une culture aéronavale commune facilitée par de nombreux échanges [25] et à l’expérience acquise deux ans plus tôt au Kosovo, les nouveaux moyens et l’organisation du GAN lui permettent de s’intégrer en 48 heures dans le dispositif de l’US Navy, entre les 17 et 19 décembre. Par contraste, le porte-aéronefs italien Garibaldi, sur zone en même temps que le porte-avions Charles-de-Gaulle, doit passer à travers un processus de certification d’environ deux semaines. Cette interopérabilité s’illustre également avec les posés d’aéronefs américains sur le porte-avions français, chose impensable jusqu’ici, avec des implications opérationnelles directes, qu’il s’agisse de soutien logistique (posé de C-2 américains) ou de capacité de soutien mutuel en cas de déroutement (E-2C et chasseurs) [26]. Malgré le faible recours à ces croisements durant Héraclès, cette aptitude est validée et ne fera que croître dans les décennies suivantes, pour le plus grand bénéfice des opérations, mais aussi de l’entretien du savoir-faire du GAé. Cette interopérabilité passe en outre par les frégates de premier rang qui, à partir d’Héraclès, acquièrent une aisance leur permettant d’opérer régulièrement comme escorteurs à part entière de porte-avions américains. Enfin, à l’échelle nationale, Héraclès est un accélérateur d’interopérabilité avec l’Armée de l’air [27], avec, notamment, un recours plus large aux ravitaillements en vol sur ravitailleurs stratégiques que lors des opérations en Adriatique, mais aussi une plus grande coopération avec les systèmes de détection et de commandement aéroportés (SDCA) du type AWACS.

19La seule ombre au tableau, en gestation au moment d’Héraclès, est celle des conséquences de la perte de permanence du GAN. Elle s’illustre, au niveau tactique, par le besoin de faire désormais cohabiter en permanence missions opérationnelles et missions organiques en zone d’opérations. Cet impératif, déjà perceptible sur le Foch depuis le retrait du Clemenceau, devient alors beaucoup plus marqué, en particulier dans un contexte de long déploiement comme Héraclès, où les compétences des pilotes, hier entretenues depuis le second porte-avions armé en « PA complémentaire », doivent désormais être maintenues depuis l’unique Charles-de-Gaulle. Cette tendance n’a fait que s’accentuer depuis, tout en se doublant, au niveau stratégique, de l’éclipse régulière de la principale capacité de projection de puissance nationale depuis la mer.

Encadré n° 3 – Les grands chiffres de la TF 473 (décembre 2001 – juin 2002)

• 2 900 marins, sous le commandement du contre-amiral François Cluzel.
• De Toulon à Toulon, 190 jours de mer, 18 jours en relâches opérationnelles, dont 65 jours de mer d’affilée avant la première relâche.
• Le Charles-de-Gaulle parcourt l’équivalent de 2,5 fois le tour de la Terre, sur propulsion nucléaire (pour un équivalent de 50 000 t de pétrole consommé s’il avait été à propulsion classique).
• En 106 jours d’opérations, 777 sorties opérationnelles dont 508 raids offensifs, soit 10 % des missions de la coalition (dont 30 % des missions de guet aérien) durant le temps de présence du Charles-de-Gaulle.
• 2 000 heures de vols opérationnels, reconnaissance de 500 objectifs, 3 000 coups de catapulte.
• 25 ravitaillements à la mer, pour 11 000 m3 de carburéacteur délivré, soit 1,5 fois les capacités de l’aéroport d’Orly.
• 1 300 heures de vols pour les Atlantique 2 et 300 heures de vol pour les Lynx.
• 190 jours de missions d’interdiction maritime par des frégates et 93 jours de mission de SNA.

Les leçons d’Héraclès pour aujourd’hui

20Vingt ans plus tard, le contexte du théâtre maritime d’Héraclès a bien changé. Hier, vide de toute forme d’opposition autre que terroriste (dans la seule frange littorale), l’océan Indien est désormais un espace en voie de contestation, qu’il s’agisse de l’action d’États côtiers (Iran, Inde), de la présence croissante de compétiteurs (Chine, et dans une moindre mesure la Russie) ou, de manière indirecte, de la présence d’États faillis (Somalie, Yémen). Aussi, si l’opération Héraclès était à refaire, nul doute qu’elle porterait son lot de nouveaux défis, inimaginables en 2001. Pour autant, les tendances qui, hier, ont provoqué et modelé l’opération Héraclès (instabilité mondiale croissante, globalisation des enjeux, maritimisation) n’ont fait, depuis, que se renforcer. Aussi, avec le recul de deux décennies, certains points peuvent utilement être soulignés.

21Au premier chef, la leçon de complémentarité entre puissance aéronavale et puissance aérienne offerte par Héraclès n’a, malgré les apparences, pas pris une ride. Il s’agit d’abord d’une complémentarité de tempo : à la puissance aéronavale, la visibilité et la réactivité dans les phases de dissuasion et de coercition ; à la puissance aéroterrestre, la force de frappe dans la phase d’intervention dans la durée, la puissance aéronavale se positionnant alors comme un puissant complément, voire comme un recours en cas de difficulté politique [28]. Sans s’effacer, cette complémentarité stratégique se double aujourd’hui d’une complémentarité plus opérative pour s’opposer à la contestation de l’espace commun qu’est la mer. Cette forme de complémentarité renouvelée est au centre du concept américain d’Air Sea Battle développé depuis les années 2010 pour façonner l’action militaire de Washington dans le Pacifique ouest face à l’adversaire chinois. Hier complémentaires au-dessus de la terre durant Héraclès, les deux formes de puissance sont désormais complémentaires dans cet « interface terre-mer élargi » [29] contesté et concentrant un maximum d’enjeux liés à la littoralisation et à l’exploitation des ressources maritimes. Et cette complémentarité n’est pas nouvelle : ce n’est qu’un retour à la stratégie américaine dans le Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale à partir de 1943 pour la reconquête face à l’ennemi japonais. En élargissant la perspective, cette logique de complémentarité doit prévaloir demain dans les opérations multi-domaines : aucune composante ne dispose, seule, de la solution, comme les années 1990 ont pu parfois le laisser penser avec les théories de l’« air intégral ».

22À cheval entre Trident et Harmattan, Héraclès suggère en second lieu l’importance de disposer d’une Marine régulièrement employée et aguerrie, notamment dans sa composante aéronautique. Héraclès est un succès en 2001-2002, car Trident n’est pas loin. Harmattan est un succès en 2011, car Héraclès a ouvert la voie aux missions Agaphante, qui virent le GAé régulièrement engagé au-dessus du théâtre afghan. « L’aguerrissement des pilotes n’est pas un vain mot […]. Lorsque vous commandez un GAN, vous devez entraîner vos pilotes. Si vous avez la possibilité politique d’envoyer vos pilotes faire une mission de combat, c’est votre devoir de le faire ». Ce propos du vice-amiral Mazars, CTF 473 durant Agapanthe 2004[30], s’il peut paraître téméraire, traduit néanmoins un état d’esprit qui doit résonner à l’heure de la possibilité du retour du combat naval. En complément des engagements opérationnels, cet aguerrissement passe par des périodes d’entraînement qui doivent se concevoir comme des laboratoires de la guerre à venir.

23Troisièmement, Héraclès illustre la nécessité d’une Marine en pointe sur le plan technologique. Cette évidence, qui irrigue le fait maritime depuis quatre cents ans, a la vie dure. En 2001, le GAN renouvelé dans ses moyens intègre en deux jours le dispositif expéditionnaire de l’US Navy et les avions français sont pratiquement les seuls à voler dans le ciel afghan aux côtés des aéronefs américains : les dossiers d’objectifs sont transmis, l’image tactique est partagée à l’échelle du théâtre, et les bombes sont tirées sur les indications des troupes engagées au sol. Mais Héraclès nous dit aussi combien l’avance technologique se nourrit de la pratique des opérations : cette opération propulse le SEM vers le standard 5, accélère les progrès du RFM [31], et hisse l’ensemble du GAN à un nouveau degré de maîtrise des liaisons de données tactiques. Sans Héraclès, la maturation eut été sans doute bien plus longue. Aujourd’hui, alors que la Marine récolte les fruits de programmes lancés il y a de nombreuses années (Fremm, Barracuda, nouvelles évolutions du RFM) et qu’elle se tourne vers de nouveaux champs « en pointe » à conquérir (Information Warfare, armes à énergie dirigée, Seabed Warfare, drones, etc.), Héraclès vient rappeler la pertinence de l’incarnation précoce de ces capacités sur des théâtres d’opérations exigeants, même à des échelles initialement modestes. Cela est d’autant plus vrai que ces nouveaux domaines ne sont pas un simple perfectionnement de ce qui existe déjà – comme c’était le cas pour Héraclès – mais, pour certains d’entre eux, des nouveautés radicales, comme le fut par exemple le radar durant le second conflit mondial. La démarche Regain [32], qui explore et expérimente de nouvelles tactiques d’emploi du GAN dans des domaines discriminants, s’inscrit aujourd’hui dans ce cadre.

24Enfin, il n’est pas inutile de porter un regard sur la gestion du risque durant Héraclès. Audacieux, les SEM de la 17F ont réalisé des missions de combat à très grande distance du porte-avions, sans possibilité de déroutement sur le territoire afghan. Cet emploi « aux limites », fondé sur une solide étude du risque aéronautique, nous rappelle que celui-ci doit s’analyser d’abord à l’aune du gain qu’il procure, puis, dans un second temps, à l’aune des conséquences négatives qu’il comporte. À l’heure où la crise sanitaire suscite bien souvent le réflexe inverse, Héraclès illustre cette culture positive du risque qui doit irriguer l’action des chefs militaires d’aujourd’hui.

25***

figure im1

26Par son caractère exceptionnel et sa résonance politique à un moment fort de l’histoire récente, Héraclès occupe une place particulière dans la généalogie des opérations aéronavales françaises. Par-delà la commémoration, se pencher sur Héraclès en 2021 incite à se décentrer pour mieux se projeter non pas vingt ans en arrière, mais vingt ans en avant. En 2041, le Charles-de-Gaulle aura été retiré du service actif et, selon toute probabilité, son descendant lui aura succédé début 2038. Le contexte de 2041 nous est au moins aussi inconnu que celui de 2001 ne l’était à nos anciens de 1981, qui pourtant portèrent toutes les décisions qui aboutirent au succès de 2001. Puisse ce bref regard sur le passé nous aider à passer un tel flambeau à nos successeurs.

Notes

  • [1]
    Admission au service actif en 2001 au lieu de 1996.
  • [2]
    Passage d’une cible de 86 à 60 RFM, qui sera plus tard réduite à 45 RFM.
  • [3]
    Le premier RFM de série est livré à la Marine en 2000 au lieu de 1998.
  • [4]
    De 8 à 6 sous-marins.
  • [5]
    La 6e frégate ne sera pas construite.
  • [6]
    Le Foch devait être prolongé jusqu’en 2004 pour suppléer le Charles-de-Gaulle durant son premier arrêt technique majeur prévu en 2004. Cependant, en 1998, il est décidé de le retirer du service actif pour réaliser des économies.
  • [7]
    La 12F est mise en sommeil en décembre 1999, la 6F et la 16F sont dissoutes la même année. En 1993, la 17F quitte la base d’Hyères pour s’installer à Landivisiau.
  • [8]
    En 2001, le Cassard sort ainsi d’une longue période d’entretien durant laquelle son système de combat SENIT 6 est mis au niveau du SENIT 8 équipant le Charles-de-Gaulle. À cette occasion, il est équipé d’une capacité liaison 16.
  • [9]
    « La capacité d’engager à distance et à partir du territoire national des moyens importants est la priorité assignée à la composante conventionnelle de nos armées », Concept d’emploi des forces, 1997.
  • [10]
    Thibault Lavernhe : « Il y a vingt ans, l’opération Trident : sas d’entrée du groupe aéronaval vers le XXIe siècle », RDN, février 2019, p. 80-88.
  • [11]
    Centre des opérations interarmées, qui devient Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) en 2002.
  • [12]
    Le vice-amiral Cluzel, commandant la TF 473, se souvient ainsi : « En regardant une carte après les événements de septembre 2001 et l’intervention américaine en Afghanistan, je me dis “ce coup-là, ça ne sera pas pour nous”. », entretien avec l’auteur, le 22 novembre 2016.
  • [13]
    « La question s’est posée de savoir comment nous pourrions leur manifester notre solidarité, comme l’avait fait la communauté des Nations et comme l’avait proposé l’Otan. » : vice-amiral d’escadre Hébrard, sous-chef d’état-major « Opérations » de l’EMA au moment de l’opération Héraclès. Intervention retranscrite dans le Bulletin d’études de la Marine, 46 (2009), p. 59.
  • [14]
    Hervé Coutau-Bégarie : Le Meilleur des Ambassadeurs ; Paris, Économica, 2010, p. 209.
  • [15]
    Grand conseil des tribus d’Afghanistan. Hamid Karzaï est élu nouveau chef de l’État afghan le 13 juin.
  • [16]
    « Jacques Chirac plaide pour un second porte-avions », Le Figaro, 9 novembre 2001.
  • [17]
    Annonce du ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, le 11 septembre 2002. L’objectif d’état-major associé est approuvé par le Conseil supérieur de la Marine, le 14 octobre 2002.
  • [18]
    Hébrard, ibidem.
  • [19]
    Le dernier palier du turboréacteur du SEM est lubrifié à huile perdue, à raison d’un litre par heure. Or, l’appareil n’en emporte que neuf litres, réserve comprise.
  • [20]
    Entretien de l’auteur du 1er février 2017 avec le vice-amiral Olivier Lebas, alors commandant de la flottille 17F durant Héraclès.
  • [21]
    Héraclès voit la première utilisation opérationnelle de la L16 par la Marine nationale (Charles-de-Gaulle, E-2C et frégate antiaérienne).
  • [22]
    François Cluzel : « Quelle interopérabilité, pour quelle opération ? », RDN, novembre 2002, p. 35.
  • [23]
    François Cluzel : « Un sistership pour le Charles-de-Gaulle ? », RDN, avril 2003, p. 148.
  • [24]
    Typiquement, 1 à 4 missions de Close Air Support, 1 à 2 missions de reconnaissance, des missions de ravitaillement et 1 à 2 missions E-2C (auxquelles viennent s’ajouter les nombreuses sorties dites « organiques »). Une période de surge a lieu du 2 au 18 mars durant l’opération Anaconda dans la région de Gardez.
  • [25]
    De nombreux pilotes de chasse de l’aéronavale française ont été formés et parfois, pour certains, affectés aux États-Unis. À titre d’exemple, l’amiral Fitzgerald, commandant de la TF 50 américaine de l’époque depuis le porte-avions USS Theodore Roosevelt, ancien pilote de l’aéronavale, avait eu sous ses ordres le commandant en second du Charles-de-Gaulle.
  • [26]
    Au bilan, durant Héraclès, 1 E-2C de l’USS Stennis se pose sur le Charles-de-Gaulle le 28 février, la réciproque ayant lieu le 14 mars, en compagnie d’un RFM. Un C-2 se pose sur le Charles-de-Gaulle le 16 février et le 10 avril.
  • [27]
    Hébrard, ibid.
  • [28]
    Que l’on songe, par exemple, au fait que les Américains ont finalement dû se retirer de l’Ouzbékistan en 2005 et du Kirghizistan en 2005 et 2014 sous la pression russe et chinoise.
  • [29]
    Martin Motte, Georges-Henri Soutou, Jérôme de Lespinois, Olivier Zajec : La Mesure de la force – Traité de stratégie de l’École de Guerre ; Tallandier, 2018, chapitres 6 et 7, p. 274.
  • [30]
    Entretien de l’auteur avec le vice-amiral Mazars, le 10 novembre 2016.
  • [31]
    Héraclès est un banc d’essai pour le RFM, dont l’objectif est d’avoir une flottille 12F opérationnelle fin 2002. Peu après, en 2004, la capacité ravitailleur acquise en urgence opérationnelle sur le RFM F2 permet de donner une grande autonomie aux patrouilles de SEM. Notons, au passage, toute la pertinence de concevoir d’emblée des équipements évolutifs sous forme de standards successifs, comme ce fut le cas pour le RFM.
  • [32]
    Renforcement du groupe aéronaval par l’innovation.
Français

Le groupe aéronaval autour du porte-avions Charles-de-Gaulle, alors juste entré en service, a été engagé pour Héraclès. Le saut qualitatif fut important avec cette opération et a fait progresser nos forces. Ses leçons restent pertinentes avec l’arrivée de nouveaux systèmes comme les Fremm et les SNA de la classe « Suffren ».

  • Héraclès
  • porte-avions Charles-de-Gaulle
  • Rafale
  • Super Étendard Modernisé
Thibault Lavernhe
Capitaine de frégate.
Mis en ligne sur Cairn.info le 16/04/2021
https://doi.org/10.3917/rdna.839.0083
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