CAIRN.INFO : Matières à réflexion

« S’agissant de la protection du consommateur final, la législation des États membres de la Communauté [européenne] a considérablement étendu son champ d’application. […] Il se produirait à la longue des tensions intolérables entre les différents droits nationaux et les dispositions de la convention [de Bruxelles], si cette dernière privait, en cas de transactions internationales, le consommateur final d’une part importante de la protection que lui assure le droit national ». C’est ainsi que le Rapport Schlosser décrivait, il y a plus de quarante ans, les rapports étroits entre droit national de la consommation et droit européen de la compétence internationale. Alors que le droit de la consommation comme le droit international privé sont à présent fortement européanisés, dans le cadre du marché intérieur pour le premier et au sein de l’espace judiciaire européen pour le second, leur « connexion » est-elle tout aussi prégnante ?
Le droit européen de la consommation prend sa source dans la politique de « protection des consommateurs » qui fixe pour objectifs à l’Union européenne (ci-après « l’Union ») de contribuer « à la protection de la santé, de la sécurité et des intérêts économiques des consommateurs ainsi qu’à la promotion de leur droit à l’information, à l’éducation et à s’organiser afin de préserver leurs intérêts ». À cette fin, les compétences partagées de l’Union s’expriment par l’adoption, d’une part, de mesures visant la réalisation du marché intérieur sur le fondement de l’article 114 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (ci-après « TFUE ») et, d’autre part, de mesures venant appuyer et compléter les actions nationales des États membres en la matièr…

Français

L’acquis européen de droit de la consommation pourrait ponctuellement servir de source d’inspiration au droit international privé de l’Union pour dissiper des incertitudes notionnelles ou combler certaines lacunes. Une telle approche a déjà été suivie par la Cour de justice de l’Union européenne s’agissant de la notion de consommateur en matière de compétence internationale, ouvrant un dialogue interprétatif notable entre droit matériel de la consommation et droit de la coopération judiciaire en matière civile. Néanmoins, la jurisprudence de la Cour de justice est loin d’être homogène en la matière, créant une certaine confusion théorique, doublée d’une imprévisibilité juridique pour les parties aux rapports de consommation. Dans ce contexte, les contours et le bien-fondé de ce dialogue interprétatif entre droit de la consommation et droit international privé de l’Union doivent être analysés. L’étude démontre notamment l’utilité qu’il pourrait y avoir à introduire, dans le raisonnement de la Cour de justice, un test interprétatif fondé sur l’exigence de « cohérence systémique du droit de l’Union », afin de vérifier de manière systématisée si une analogie intertextuelle entre le droit matériel (de la consommation) et le droit international privé de l’Union est justifiée.

  • UNION EUROPEENNE
  • Droit de la consommation
  • Droit international privé
  • Conflit de juridictions
  • For du consommateur
English

The EU consumer law acquis could occasionally be a source of inspiration for EU private international law in order to resolve conceptual uncertainties or fill gaps. This approach has already been followed by the Court of Justice of the European Union, with regard to the notion of consumer in the field of international jurisdiction, opening up a significant interpretative dialogue between substantive EU consumer law and EU private international law. However, the case law of the Court of Justice is far from being clear and uniform in the field, giving rise to theoretical confusion as well as legal unpredictability in B2C relationships. Against this background, the features and merits of an interpretative dialogue between consumer law and private international law in the EU legal order must be analysed. The study proposes, inter alia, to introduce an interpretative test into the reasoning of the Court of Justice based on the requirement of “systemic coherence of EU law”, in order to assess in a systematic way whether or not an intertextual analogy between substantive (consumer) law and EU private international law is appropriate.

Marion Ho-Dac
Professeure à l’Université d’Artois
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Il vous reste à lire 96 % de cet article.
Acheter le numéro 50,00€ 230 pages, électronique uniquement
html et pdf (par article)
add_shopping_cart Ajouter au panier
Acheter cet article 5,00€ 16 pages, format électronique
(html et pdf)
add_shopping_cart Ajouter au panier
Autre option
Membre d'une institution ? business Authentifiez-vous
Mis en ligne sur Cairn.info le 06/04/2022
https://doi.org/10.3917/rcdip.221.0047
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Dalloz © Dalloz. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...