CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1À l’occasion du scrutin multiple du 26 mai 2019, les deux formations politiques de tradition sociale-chrétienne que sont le Centre démocrate humaniste (CDH) et le Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V) ont chacune enregistré les résultats électoraux les plus bas de leur histoire  [1]. Pourtant, historiquement, le Parti social chrétien - Christelijke Volkspartij (PSC-CVP) – alors unitaire – avait obtenu des scores particulièrement élevés, en décrochant jusqu’à 47,7 % des voix à l’échelle de la Belgique lors de l’élection de la Chambre des représentants de 1950 (et même 60,3 % dans les cantons flamands la même année)  [2]. Le déclin électoral, lent mais continu, subi par les partis issus de la famille sociale-chrétienne peut notamment se comprendre à l’aune de la sécularisation de la société  [3] ainsi que – comme cela est également le cas pour les autres partis dits traditionnels, mais s’applique particulièrement à eux en tant que partis habitués à l’exercice du pouvoir – de la concurrence opérée par des formations anti-système ou populistes, dont l’écho est de plus en plus important dans l’électorat des démocraties européennes  [4].

2Aujourd’hui encore considérés comme des partis frères, le CDH et le CD&V sont deux formations politiques distinctes qui partagent des origines communes puisque leurs prédécesseurs ne formaient initialement qu’un seul et même parti politique au niveau national : le Parti catholique, fondé au XIXe siècle et devenu le PSC-CVP au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, leurs relations et les liens qui les unissent ont sensiblement évolué dans le temps. Créés sur la base de vives tensions internes à la fin des années 1960  [5], le PSC et le CVP (dont le CDH et le CD&V sont les successeurs directs) ont connu des moments de forts désaccords alors que, à d’autres époques, des rapprochements ont (re)surgi entre eux. Le renvoi de la famille sociale-chrétienne dans l’opposition à presque tous les niveaux de pouvoir à la suite du scrutin multiple du 13 juin 1999 – fait inédit au niveau national depuis la législature 1954-1958 – a contribué à réduire encore les espaces de dialogue et de collaboration entre les deux formations.

3Dans les années 2000, les partis de tradition sociale-chrétienne ont semblé s’éloigner davantage encore l’un de l’autre. Symptomatique de cette évolution est le fait que, en devenant le CD&V le 29 septembre 2001, le CVP a conservé sa référence chrétienne et a renforcé son positionnement flamand (en défendant notamment le « confédéralisme »), alors que, en se muant en CDH le 18 mai 2002, le PSC a opté pour la voie de la déconfessionnalisation et est demeuré attaché à l’unité de la Belgique (tout en défendant davantage les intérêts spécifiques des francophones). Plus encore, à partir de 2014, le CDH et le CD&V ont cessé de figurer ensemble au gouvernement ou sur les bancs de l’opposition au niveau national : le CD&V a participé aux différentes coalitions qui se sont succédé à la tête du pays depuis décembre 2007, alors que le CDH est cantonné dans l’opposition parlementaire depuis octobre 2014.

4Cette livraison du Courrier hebdomadaire propose d’interroger les relations qu’entretiennent les héritiers du PSC-CVP unitaire, en se focalisant sur la période entamée au début des années 2000, c’est-à-dire depuis la fondation du CDH et du CD&V dans leurs moutures et structures actuelles. En d’autres termes, il s’agit d’analyser ce que recouvre encore aujourd’hui la notion de « partis frères » en Belgique, s’agissant de la famille de tradition sociale-chrétienne. Tous les types de liens entre les deux formations sont investigués, que ce soit sur le plan formel ou sur le plan informel. Il s’agit des rapports qui peuvent exister tant au niveau des dirigeants des partis qu’au niveau des ministres et des parlementaires et même, dans une certaine mesure, au niveau des militants. Sont également prises en compte les relations susceptibles d’être entretenues entre ces partis politiques à travers leurs centres d’étude, leurs organisations de jeunesse et toutes les autres associations gravitant autour d’eux, dont celles constituant le pilier chrétien.

5Cette étude se base notamment sur vingt-quatre entretiens, réalisés principalement avec des (ex-)cadres et/ou (ex-)élus des partis orange de Belgique. La situation présentée est celle arrêtée au 1er octobre 2020.

1. L’origine des partis sociaux-chrétiens de Belgique

6Dès 1828, un pacte unioniste entre catholiques et libéraux se met en place dans les provinces belges du Royaume des Pays-Bas afin de défendre un certain nombre de libertés face au roi Guillaume Ier. Cet unionisme continue à dominer la vie politique belge après l’indépendance de la Belgique en 1830, et ce afin d’assurer la pérennité du fragile État nouvellement créé  [6]. À cette époque, il n’existe pas de parti politique organisé ; il s’agit plutôt de tendances non structurées. C’est petit à petit, alors que la menace extérieure s’affaiblit, que la différenciation politique tend à apparaître et que des organisations politiques s’opposant quant aux rôles devant être confiés respectivement à l’Église et à l’État se structurent  [7]. Le clivage philosophico-religieux commence ainsi à diviser l’« union des oppositions »  [8] qui avait prévalu jusqu’alors. En 1840, est formé pour la première fois un gouvernement homogène, libéral, dirigé par Joseph Lebeau. Cette année marque la fin de l’unionisme. Certes, celui-ci prévaut encore brièvement entre 1841 et 1846, mais il disparaît ensuite quasi définitivement en 1847  [9] pour avoir perdu sa raison d’être.

7Dans un contexte marqué par de profonds désaccords entre les tendances catholique et libérale, la nécessité de fonder un parti politique – c’est-à-dire une organisation durable dotée d’une identité, d’un nom, d’un programme, et dont l’objectif est la conquête du pouvoir  [10] – se fait rapidement ressentir parmi les libéraux  [11]. C’est ainsi qu’est fondé le Parti libéral le 14 juin 1846, qui vise à renforcer l’indépendance du pouvoir civil par rapport à l’Église ou, en d’autres termes, à accélérer la sécularisation de la société belge. Une des priorités du parti concerne le développement de l’enseignement public en Belgique.

8À la même époque, le monde catholique est particulièrement puissant et ne voit aucune nécessité de se structurer lui aussi à travers une organisation partisane. Il ne constitue donc pas une structure unifiée, ce qui permet d’ailleurs aux parlementaires catholiques d’obtenir le soutien de groupes sans étiquette confessionnelle  [12]. En outre, plusieurs autres barrières se dressent contre la constitution d’un parti confessionnel, dont les divisions internes que connaît la mouvance catholique, les craintes de diviser le courant conservateur et d’unir les non-catholiques, ainsi que des objections idéologiques selon lesquelles fonder un parti consiste à accepter la démocratie représentative et les divergences d’intérêts au sein de la communauté  [13].

9Néanmoins, l’influence du monde catholique tend à décroître dès la fin des années 1850. De 1857 à 1870 et de 1878 à 1884, les gouvernements sont ainsi libéraux homogènes. La victoire libérale à l’occasion des élections législatives du 11 juin 1878 est à la base d’une nouvelle impulsion en faveur d’un rassemblement organisé des forces catholiques. En conséquence, les catholiques décident eux aussi de se doter d’un véritable parti politique à l’occasion du scrutin législatif du 10 juin 1884. Ce rôle est dévolu à la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices  [14], structure de coordination des forces politiques catholiques qui avait été créée le 18 avril 1869 (et qui elle-même résultait d’un mouvement amorcé dès 1852 et ayant pris son essor à partir de 1863). Cette Fédération – qui est désormais usuellement désignée sous le nom de Parti catholique  [15] – est cependant davantage un conglomérat de trois forces distinctes (les groupes parlementaires, les comités électoraux et la presse catholique) qu’une organisation partisane au sens moderne  [16].

10Une fois formé, le Parti catholique permet à la tendance politique qu’il incarne d’opérer un retour significatif à l’avance-scène politique. De 1884 à 1890, tous les sièges de la Chambre des représentants à pourvoir dans les arrondissements flamands sont attribués aux catholiques ; les gouvernements qui se succèdent jusque 1916 sont par ailleurs homogènes catholiques  [17]. À cette période, le Mouvement flamand « se catholicise » davantage – ce qui ne va cependant pas sans provoquer quelques tensions au sein du parti – et le Parti catholique bénéficie plus que jamais de l’apport de voix de très nombreux militants flamands  [18]. Il est alors le principal parti à structurer politiquement les demandes « flamingantes » au niveau national. Avec l’adoption du suffrage universel masculin, la domination des catholiques prend fin au sortir de la Première Guerre mondiale. Ce sont désormais principalement des gouvernements hétérogènes, de coalition, qui vont se succéder.

11Durant l’entre-deux-guerres et à partir du 29 août 1921, le parti se présente au suffrage des électeurs sous l’appellation officielle d’Union catholique belge - Katholiek Verbond van België (UCB-KVB), et ce afin de renforcer ses liens avec le monde catholique  [19]. Il est alors une confédération de quatre « standen » c’est-à-dire de « tendances organisées par milieux sociaux (…) qui ont chacune leur personnel politique et leur programme, mais qui constituent – souvent avec difficulté – des listes communes »  [20] : la Fédération des associations et cercles catholiques, la Fédération nationale des classes moyennes, le Belgische Boerenbond et la Ligue nationale des travailleurs chrétiens  [21]. En conséquence, le parti catholique existe essentiellement en période électorale, lors de la confection des listes avec les quatre standen ; au-delà, la collaboration est moindre  [22]. L’affiliation au parti est alors indirecte et c’est principalement l’Église qui opère le maillage en son sein  [23].

12Lors du scrutin législatif du 24 mai 1936, l’UCB-KVB enregistre un recul électoral des plus sévères, soit de – 11,2 %, principalement au profit des formations nationalistes et d’extrême droite Vlaams Nationaal Verbond (VNV, Ligue nationale flamande) et Rex. Au-delà de cette concurrence électorale à sa droite, l’UCB-KVB craint aussi la constitution de coalitions de gauche, comme c’est le cas en Espagne ou en France à la même époque. Enfin, le parti est traversé par des tensions internes, notamment entre son aile sociale et son aile plus conservatrice. Ces tensions provoquent d’ailleurs des dissidences. Une des plus remarquables d’entre elles est sans doute celle portée par les Démocrates chrétiens qui, dans l’arrondissement électoral de Charleroi, obtiennent 9 733 voix (7,1 %) lors du scrutin de 1936, alors que le Parti catholique y est réduit à 14 308 voix (10,5 %, soit – 10,2 %).

13Le Parti catholique se trouve ainsi déstabilisé  [24]. En conséquence, il initie une réflexion interne visant à se réformer en profondeur afin de se renforcer. Trois éléments figurent au cœur de la réflexion : le caractère unitaire du parti, son autonomie et son caractère confessionnel  [25]. En questionnant son caractère unitaire, ce sont en réalité son organisation en standen et le principe d’affiliation indirecte qui sont discutés. Les groupes d’intérêt du pilier catholique défendant surtout leur base, il semble nécessaire de fonder une organisation qui soit au-dessus de ces standen. Une plus grande autonomie du parti est également demandée, surtout du côté flamand. Enfin, le caractère confessionnel du parti est également au cœur des débats en interne.

14Sur cette base, l’UCB-KVB se transforme en Bloc catholique - Katholiek Blok  [26] (BC-KB) le 11 octobre 1936. Celui-ci est composé de deux ailes linguistiques, qui jouissent chacune d’une relative autonomie : le Parti catholique social (PCS) et le Katholieke Vlaamsche Volkspartij (KVV)  [27]. Il ne s’agit pas d’un parti politique stricto sensu, mais plutôt d’un groupe parlementaire formé de deux partis distincts. Les standen demeurent reconnus par le BC-KB et sont représentés dans ses instances dirigeantes, tout comme ils bénéficient d’une présence sur les listes de candidats  [28].

15Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lors d’un congrès tenu les 17 et 18 août 1945, le BC-KB est dissous et un nouveau parti (unitaire) est créé : le Parti social chrétien - Christelijke Volkspartij (PSC-CVP). Cette nouvelle formation repose sur un mode d’adhésion directe et récupère l’électorat, les infrastructures et le personnel politique de l’ancien parti catholique  [29]. Le PSC-CVP demeure un parti fortement positionné selon le clivage philosophico-religieux, par exemple à travers la défense de l’école privée, la résistance à la facilitation du divorce ou l’opposition à la dépénalisation de l’avortement  [30].

16Jusqu’à la fin des années 1960, le PSC-CVP réalise des performances électorales significatives, qui font de lui le premier parti du pays. À l’échelle nationale, ses scores électoraux sont systématiquement supérieurs à 40 % (avec un maximum à l’occasion du scrutin du 4 juin 1950 : 47,7 %). Le parti parvient notamment à rallier à lui une part importante de l’électorat nationaliste flamand qui, face à un nationalisme radical discrédité par la collaboration d’une partie du VNV (ainsi que du Verbond van Dietsche Nationaal Solidaristen - Verdinaso) avec l’occupant nazi, se détourne des formations nationalistes d’extrême droite en faveur desquelles il s’était pourtant exprimé dans les années 1930. En effet, pendant la Seconde Guerre mondiale, le Mouvement flamand s’était divisé en une aile loyale belge et une aile plus autoritaire, anti-belge et collaborationniste  [31]. À la Libération, le Mouvement flamand est fortement affaibli et c’est la première aile, qui prévaut, que le PSC-CVP tente surtout d’attirer à lui, notamment en développant davantage les questions communautaires au sein de son programme. Dès 1954, le PSC-CVP doit toutefois faire face, sur ce terrain-là, à la concurrence de la Volksunie, issue de ses rangs néerlandophones. Le succès rencontré par le PSC-CVP à cette période s’explique aussi par le développement de l’État-providence et par le rôle conféré aux organisations des piliers (en particulier les organisations patronales, les syndicats et les mutualités) dans la gestion de celui-ci. Enfin, il peut aussi être compris à l’aune de l’exacerbation du clivage philosophico-religieux à l’occasion de la Question royale (1945-1950) et de la deuxième guerre scolaire (1950-1959).

17Par la suite, le PSC-CVP recule sensiblement dans les urnes. Si son score est encore de 41,5 % aux élections législatives du 26 mars 1961, il recule ensuite d’une échéance électorale à l’autre : 34,4 % le 23 mai 1965, 31,7 % le 31 mars 1968 et 30,1 % le 7 novembre 1971. Le parti n’en reste pas moins, durant toute cette période, la plus importante force politique de Belgique.

18Le parti intègre l’ensemble des coalitions gouvernementales, à l’exception des gouvernements dirigés par les socialistes Achille Van Acker, Paul-Henri Spaak et Camille Huysmans entre août 1945 et mars 1947 et, surtout, du gouvernement Van Acker IV entre avril 1954 et juin 1958. De juin 1950 à avril 1954, le PSC-CVP est même seul au pouvoir. En outre, il détient sans discontinuer le poste de Premier ministre de 1949 à 1954 et de 1958 à 1973, qu’il confie à Gaston Eyskens, Jean Duvieusart, Joseph Pholien, Jean Van Houtte, Théo Lefèvre, Pierre Harmel et Paul Vanden Boeynants.

19Sur l’axe socio-économique, l’aile droite du PSC-CVP défend la poursuite de la collaboration avec les libéraux en 1961, alors que l’aile de centre-gauche souhaite plutôt s’associer aux socialistes  [32]. L’alliance avec les libéraux (qui prévalait depuis 1958) est finalement abandonnée et le gouvernement – dirigé par T. Lefèvre – devient une coalition formée par les sociaux-chrétiens et les socialistes (coalition alors qualifiée de travailliste). Alors que le Premier ministre incarne l’aile de centre-gauche du parti, le président du CVP-PSC – P. Vanden Boeynants – en incarne plutôt l’aile droite ; de nombreuses tensions apparaissent entre ces ailes et mettent à mal la clarté de l’identité du parti.

20Surtout, des tensions internes apparaissent au regard des questions communautaires. Au cours des années 1960, les tensions deviennent en effet particulièrement vives entre les deux ailes linguistiques du parti (francophone et néerlandophone). C’est notamment le cas lors de l’adoption des lois linguistiques de 1962 et 1963. Ces tensions atteignent leur paroxysme lors de l’« affaire de Louvain », par laquelle les nationalistes flamands demandent le départ de la section francophone de l’Université catholique de Louvain (« Walen buiten ») et réclament l’unilinguisme de l’université. Le PSC-CVP est fortement divisé sur la question et le gouvernement Vanden Boeynants I (social-chrétien/libéral) – qui entendait incarner une politique « non travailliste » – s’en retrouve affaibli. Le Premier ministre remet la démission de son gouvernement au roi Baudouin. Une véritable crise éclate au sein du parti, qui aboutira à la disparition définitive de son caractère unitaire. En février 1968, le parti est de facto scindé en deux (en aboutissement de la progressive « autonomie des ailes » à l’œuvre depuis 1965) : le Parti social chrétien (PSC) et le Christelijke Volkspartij (CVP). Au printemps 1969, cette division est entérinée par les congrès respectifs du PSC et du CVP  [33]. Un comité permanent de concertation politique est créé pour coordonner l’action des deux formations politiques au niveau national, mais celui-ci ne survivra guère longtemps  [34].

21En l’occurrence, cette structure de coordination unitaire disparaît le 24 novembre 1972 avec la démission – sans remplacement – du dernier président unitaire, Robert Houben ; l’événement marque la scission de jure de l’ancien PSC-CVP.

22Le 18 novembre 1974 puis le 28 janvier 1975, sont respectivement créées les associations sans but lucratif (asbl) de gestion – chargées notamment de la gestion financière des partis – Action solidaire pour le PSC  [35] et Unitas pour le CVP  [36].

Tableau 1. Résultats du PSC-CVP lors des élections de la Chambre des représentants (1946-1971), au niveau national et en % des votes valables

Tableau 1. Résultats du PSC-CVP lors des élections de la Chambre des représentants (1946-1971), au niveau national et en % des votes valables

Tableau 1. Résultats du PSC-CVP lors des élections de la Chambre des représentants (1946-1971), au niveau national et en % des votes valables

A Listes PSC dans les cantons wallons et bruxellois.
B Listes CVP dans les cantons flamands.
C Cartel VDB–CVP dans les cantons bruxellois.
D Listes PSC–CVP dans les cantons de la province de Brabant.
E Listes PSC dans les cantons wallons (hors Brabant).
F Listes CVP dans les cantons flamands (hors Brabant).

2. Le PSC et le CVP, de la scission au début des années 2000

23À la suite de leur rupture, le PSC et le CVP suivent chacun leur propre trajectoire en tant que partis indépendants. Des tensions n’en continuent toutefois pas moins à caractériser le fonctionnement interne de chacune de ces deux formations politiques. Ces tensions sont fondamentales à saisir pour comprendre non seulement les évolutions électorales du PSC et du CVP et leur développement organisationnel respectif, mais aussi les relations qui se développent entre eux.

2.1. Le PSC

24À peine jouit-il de son indépendance que le PSC rencontre déjà plusieurs difficultés. Tout d’abord, la concurrence électorale s’est amplifiée depuis la fin des années 1960, notamment avec la montée en puissance du Front démocratique des francophones (FDF, créé en 1964) et du Rassemblement wallon (RW, créé en 1968). Lors des trois premiers scrutins législatifs auxquels il participe en tant que parti indépendant (10 mars 1974, 17 avril 1977 et 17 décembre 1978), le PSC recueille respectivement 9,1 %, 9,8 % et 10,1 % à l’échelle nationale. Par ailleurs, la pratique religieuse est de moins en moins importante à cette période  [37]. En outre, les tensions que connaissait déjà le PSC-CVP avant 1968 entre son aile gauche et son aile droite reprennent forme au sein du PSC.

25C’est avec l’accession de Charles-Ferdinand Nothomb à la tête du parti, en 1972, qu’une impulsion nouvelle est donnée au PSC. Incarnant la jeune génération, C.-F. Nothomb structure davantage le parti, le positionne comme relais politique du monde chrétien  [38] (notamment au regard des questions scolaires), développe une ligne politique qui réaffirme le caractère centriste du PSC et renforce son ancrage wallon  [39]. Il tente en outre de rassembler la gauche et la droite. Par ailleurs, le 14 juin 1972, C.-F. Nothomb reconnaît le Centre politique des indépendants et cadres chrétiens (CEPIC) comme le représentant, au sein du parti, des classes moyennes, des professions libérales et des cadres.

26Comme on l’a vu, le parti parvient à progresser dans les urnes entre 1974 et 1978. En revanche, 1981 est une année noire pour le PSC. Lors du scrutin du 8 novembre, son score chute à 7,2 %. Cet échec est surtout imputable aux divisions internes que le PSC n’a pas réussi à effacer malgré la stratégie de C.-F. Nothomb, surtout entre l’aile droite et l’aile gauche. Incarnée par le CEPIC, l’aile droite réclame un virage plus conservateur du parti alors que l’aile gauche (la Démocratie chrétienne, DC) souhaite plutôt incarner le prolongement politique des organisations sociales et éducatives affiliées au Mouvement ouvrier chrétien (MOC)  [40]. Au lendemain de ce scrutin, le parti fait signer à ses mandataires un « Engagement de comportement politique » par lequel ils s’engagent à ne pas défendre publiquement de points de vue différents de ceux du parti.

27Élu en 1979 à la tête du PSC, P. Vanden Boeynants est mis en minorité au comité directeur à la suite du scrutin législatif de 1981. Déjà candidat à l’élection présidentielle de 1979, Gérard Deprez devient alors le président du parti. Dès son accession à la tête du PSC, il entame un travail visant à mettre fin aux luttes d’influence internes. Ainsi, le CEPIC est supprimé en 1982 et les familles internes, qui constituaient alors autant de partis dans le parti, se retrouvent forcées de s’effacer de la scène politique  [41]. Sur le plan idéologique, le PSC conserve sa position de défenseur du monde chrétien, notamment en matière scolaire ou familiale. Néanmoins, sur le plan éthique, le PSC est plus nuancé que le CVP. Alors que le CVP défend le « droit à la vie » lors du vote sur la dépénalisation partielle de l’avortement en 1989-1990, les élus PSC jouissent quant à eux d’une liberté de vote qui est totale – néanmoins, tous s’opposent à la dépénalisation, tant à la Chambre des représentants qu’au Sénat. En matière socio-économique, le PSC – qui participe au pouvoir au niveau national puis fédéral sans interruption jusqu’en 1999 (P. Vanden Boeynants étant même redevenu brièvement Premier ministre entre octobre 1978 et avril 1979  [42]) – doit contribuer à l’assainissement des finances et à l’endiguement de la dette publique, ce qui n’est pas sans mécontenter une partie de sa base et les cadres du MOC. Enfin, sur le plan communautaire, le PSC dirigé par G. Deprez prend part à l’adoption de réformes de l’État visant à renforcer l’autonomie des entités fédérées  [43].

28Bien que le PSC se redresse quelque peu lors du scrutin législatif du 13 octobre 1985 (8,0 %, score qui est également le sien le 13 décembre 1987 avant de redescendre légèrement à 7,7 % les 24 novembre 1991 et 21 mai 1995), cette élection marque aussi la poussée du PS. Le PSC subit alors une pression considérable exercée par la gauche, notamment à travers le MOC (cf. infra), ce qui le conduit à remettre en cause l’assainissement des finances publiques. En conséquence, alors que les années précédentes avaient été marquées par une relative stabilité dans les relations entre le PSC et le CVP, de nouvelles tensions interviennent au milieu des années 1980  [44]. Suite au scrutin de 1987, les sociaux-chrétiens s’allient aux socialistes et à la Volksunie et rejettent les libéraux dans l’opposition. En 1991, pour la première fois depuis 1958, l’hypothèse d’une coalition sans les sociaux-chrétiens n’est pas exclue  [45].

29En 1994, G. Deprez est reconduit à la présidence du PSC. L’année suivante, il lance une opération de rénovation du parti – confiée à Joëlle Milquet, secrétaire politique du PSC – et annonce son départ prochain de la présidence. Trois candidats sont en lice pour sa succession : C.-F. Nothomb, J. Milquet et André Rossignon. À l’issue du scrutin présidentiel de 1996, C.-F. Nothomb est élu, devançant J. Milquet de 23 voix à peine sur près de 22 000 bulletins. En conséquence du résultat serré du scrutin, la légitimité du nouveau président n’apparaît pas totale.

30La rénovation du parti prend fin avant son terme, deux ans après avoir été initiée. Ce terme prématuré s’explique par la présidence de C.-F. Nothomb, qui ne parvient pas à incarner, sur le plan personnel, le renouvellement du parti. Les tensions internes, qui caractérisent depuis longtemps le fonctionnement du PSC, sont par ailleurs des plus vives. En 1998, Philippe Maystadt est élu à la présidence du parti à une très large majorité. Quant à elle, J. Milquet demeure vice-présidente, avec droit de succession. Le PSC – devenu « nouveau PSC » par décision du nouveau président – tente alors d’afficher son unité.

31Les relations du PSC avec le CVP se distancient à cette époque sur la base de différends idéologiques. Ainsi, le 1er novembre 1998, P. Maystadt annonce être prêt à discuter d’une réorganisation du financement des cultes en Belgique, notamment à travers l’instauration d’un impôt philosophiquement dédié. Si cette position va à l’encontre de la tradition sociale-chrétienne, elle va aussi à contre-courant de l’opinion du CVP.

32Le 7 juin 1997, G. Deprez annonce publiquement sa volonté de mettre sur pied une fédération regroupant le PRL FDF et le PSC – principalement avec l’objectif de redresser la Wallonie sur le plan socio-économique – et, sur cette base, il publie un projet de manifeste du Mouvement des citoyens pour le changement (MCC) en décembre de la même année. Le 12 janvier 1998, il est exclu du PSC par le comité directeur du parti. Le comité directeur indique que cette exclusion repose sur le fait que le projet de G. Deprez est incompatible avec celui du PSC et, en outre, contribue à bipolariser la vie politique et revient à créer un mouvement qui s’arrime purement et simplement au Parti réformateur libéral (PRL) ; en outre, il souligne que le programme du PSC ne peut être réduit à l’économie de la Wallonie  [46].

33En conséquence, le MCC est créé lors d’un congrès tenu à Wavre le 26 octobre 1998. Lors de cet événement, qui rassemble 328 personnes, le projet est porté sur les fonts baptismaux et G. Deprez reçoit un mandat des membres pour négocier l’arrimage du MCC à la Fédération PRL FDF. Durant l’année qui suit, quelques mandataires du PSC annoncent leur départ du parti pour rejoindre le MCC. Il en est ainsi de Benoît Veldekens, député régional bruxellois, de Nathalie de T’Serclaes et Pierrette Cahay-André, députées fédérales, ou encore de Jean-Jacques Flahaux, bourgmestre de Braine-le-Comte. Ce qui est désormais devenu l’« affaire Deprez » contribue à renforcer la crise interne, voire existentielle, que connaît le PSC à la fin des années 1990.

34En parallèle, le PSC doit aussi défendre son bilan gouvernemental dans un contexte particulièrement mouvementé. Les années 1990 ont été marquées par les « affaires », qui ont affecté la classe politique dans son ensemble (à commencer par le PS et le SP), par l’affaire Dutroux, par la fermeture d’entreprises comme les Forges de Clabecq ou Renault Vilvorde, par la crise de la dioxine, etc. (cf. infra)  [47]. En conséquence, les partis de la coalition fédérale sortante sont sanctionnés lors du scrutin législatif du 13 juin 1999 : le score du PSC s’effondre à 5,9 %. Au niveau régional et européen aussi, le PSC subit un revers électoral d’envergure. Pour la première fois, Écolo dépasse le PSC dans les urnes, reléguant celui-ci à la quatrième position parmi les partis francophones  [48].

35À la suite des scrutins de 1999, le PSC est relégué dans l’opposition non seulement au niveau fédéral, mais également en Région wallonne (alors qu’il avait été membre du gouvernement wallon depuis 1981, occupant même la ministre-présidence de novembre 1985 à février 1988), en Communauté française (entité dans laquelle il participait à l’exercice du pouvoir depuis 1985), en Région bruxelloise (où il n’avait été présent au gouvernement qu’entre 1989 et 1995) et en Communauté germanophone (entité dont il occupait la ministre-présidence depuis janvier 1984).

36En octobre 1999, à la suite de la démission de P. Maystadt de la présidence du PSC pour accéder à la direction de la Banque européenne d’investissement (BEI), J. Milquet devient la présidente du parti. Si son prédécesseur est parvenu à pacifier le PSC, il n’a pas bénéficié du temps nécessaire pour rénover véritablement le parti  [49]. J. Milquet hérite donc de cette mission, mais dans un contexte tout à fait particulier : pour la première fois depuis 1958, le parti se retrouve sur les bancs de l’opposition. Alors qu’il était habitué à l’exercice du pouvoir, il acquiert maintenant un rôle de contrôle et de critique de la majorité.

37À ce moment, les liens entre le PSC et le CVP se tendent. Le CVP – lui aussi dans l’opposition – choisit de mener une opposition dure à l’égard du parti libéral Vlaamse Liberalen en Democraten (VLD, Libéraux flamands et démocrates) conduit par Guy Verhofstadt et replace l’enjeu communautaire au-devant de ses priorités. Pour sa part, le PSC – alors dominé par son aile de centre-gauche – estime devoir ménager le PS pour espérer revenir au pouvoir ultérieurement. Par ailleurs, il est opposé au CVP sur les questions communautaires. Déjà lors du congrès tenu à Namur le 27 février 1999, P. Maystadt a indiqué que le PSC et le CVP partagent certes des références communes et qu’ils peuvent s’accorder pour voter ensemble dans un certain nombre de cas, mais que le PSC reste un parti défenseur des francophones et, en ce sens, s’oppose au CVP dans sa volonté de régionaliser davantage de compétences  [50]. Un fossé se creuse ainsi entre les deux partis sociaux-chrétiens.

38La rénovation du parti est en marche, mais provoque déjà des tensions en interne. Rapporteur au renouveau du PSC, Jean-Jacques Viseur propose que le parti s’oriente dans une démarche progressiste et laïque. Selon lui, le parti doit rejoindre le camp progressiste et doit s’ouvrir à d’autres conceptions philosophiques. Cette proposition d’ancrage à gauche a ses opposants. La présidente J. Milquet reprend l’entreprise de rénovation en main, en précisant que le parti ne doit s’ancrer ni à gauche ni à droite. Elle plaide pour un positionnement sur d’autres clivages. Un groupe de travail est mis sur pied et dépose un avant-projet de manifeste pour le parti en 2001. Le 23 avril 2001, le « Manifeste de l’humanisme démocratique » est adopté à l’unanimité par le bureau du parti. Ce texte entend prendre acte des évolutions de la société et suggère notamment la déconfessionnalisation plus poussée du parti, son ouverture aux non-croyants, un soutien à la régulation de l’économie et une accentuation de son action européenne et internationale. À côté du renouvellement idéologique du parti, J. Milquet insuffle aussi un renouvellement de son personnel politique. Par ailleurs, le PSC soutient la cinquième réforme de l’État, conclue en 2000-2001 en veillant notamment à la défense des intérêts de l’enseignement libre (cf. infra).

39Enfin, le parti opère une réforme statutaire majeure lors du congrès du 18 mai 2002.

40À cette occasion, les 1 500 membres réunis à Bruxelles adoptent le changement de nom et de sigle décidé par le comité directeur cinq jours plus tôt. L’identité chrétienne du parti est laissée de côté et trois concepts font désormais partie intégrante du nom du parti : le centre, la démocratie et l’humanisme  [51]. Le Centre démocrate humaniste (CDH) est ainsi né. Le parti entend par ailleurs démocratiser davantage ses structures et impliquer de façon plus intense ses mandataires locaux, ses membres et la société civile  [52].

Tableau 2. Résultats du PSC et du CVP lors des élections de la Chambre des représentants (1974-1999), au niveau national et en % des votes valables

Tableau 2. Résultats du PSC et du CVP lors des élections de la Chambre des représentants (1974-1999), au niveau national et en % des votes valables

Tableau 2. Résultats du PSC et du CVP lors des élections de la Chambre des représentants (1974-1999), au niveau national et en % des votes valables

2.2. Le CVP

41Tout comme le PSC, le CVP connaît un souffle nouveau à partir de 1972, avec dans son cas l’élection de Wilfried Martens à sa tête. Le président développe une ligne politique toujours soucieuse des intérêts du monde chrétien, notamment en matière scolaire  [53]. Mais l’objectif prioritaire de W. Martens est l’obtention d’une plus grande autonomie pour la Flandre  [54].

42Malgré la scission, alors récente, de la famille sociale-chrétienne, les deux nouveaux présidents élus entendent conserver des liens entre le PSC et le CVP. Ainsi, en vue du scrutin de 1974, ils rédigent un programme fédéral commun, mais avec des programmes distincts pour les matières communautaires et régionales (cf. supra).

43Bien que remportant davantage de suffrages que le PSC, le CVP suit globalement la même tendance électorale que ce dernier durant les années 1970. Les scrutins de 1974, 1977 et 1978 lui sont favorables puisqu’il y réalise des performances électorales en progression ou stables (respectivement 23,3 %, 26,2 % et 26,1 %). Surtout, hormis en 1974 (où il est dépassé par le PSB-BSP alors encore unitaire), le CVP est le premier parti du pays, place qu’il conservera sans discontinuer jusqu’en 1995. Jusqu’en 1999, il participe en outre au gouvernement national puis fédéral. Il détient même le poste de Premier ministre d’avril 1974 à octobre 1978 puis, vingt ans durant, d’avril 1979 à juillet 1999, poste occupé par Léo Tindemans, W. Martens, Marc Eyskens et Jean-Luc Dehaene.

44En revanche, comme pour le PSC, le scrutin de 1981 est particulièrement défavorable au CVP (19,3 %). La famille sociale-chrétienne belge réalise ce qui est alors sa plus importante défaite depuis la Seconde Guerre mondiale. Cela tient non seulement à des raisons d’ordre structurel, mais aussi en grande partie à des conflits internes qui divisent le CVP  [55]. Ceux-ci opposent principalement les partisans de W. Martens – président du CVP de 1972 à 1979 (et Premier ministre entre 1979 et 1992, avec une brève interruption en 1981) – et ceux de L. Tindemans – président du parti entre 1979 et 1981 (et Premier ministre entre 1974 et 1978). Alors que le premier est partisan d’une ligne maximaliste sur le plan institutionnel, le second est plutôt favorable à une ligne minimaliste sur ce même plan.

45En 1981, Frank Swaelen – alors ministre de la Défense nationale – succède à L. Tindemans à la présidence du CVP. En progrès lors du scrutin de 1985 (21,3 %), le CVP se trouve ramené en 1987 à un niveau à peine supérieur à son minimum historique de 1981 (19,5 %)  [56]. Néanmoins, le CVP parvient à gouverner en alliance tantôt avec les libéraux (de 1981 à 1988), tantôt avec les socialistes (de 1988 à 1999) et la Volksunie (de 1988 à 1991) pendant toute cette période.

46En 1988, alors que F. Swaelen est élu à la présidence du Sénat, Herman Van Rompuy devient président du CVP. Trois ans plus tard, en 1991, le parti réalise ce qui est alors le moins bon résultat de son histoire (16,8 %). Cette mauvaise performance électorale peut notamment être imputée à la campagne « Abortus nee » initiée par le Vlaams Blok à destination des catholiques intransigeants qui n’avaient pas accepté le fait que le président du CVP ait annoncé que la question de l’avortement ne serait pas une question de gouvernement mais de parlement et qu’il ne ferait pas tomber le gouvernement pour la cause. En conséquence de ce revers électoral, le CVP initie « un processus de ressourcement interne »  [57], à l’occasion duquel l’idéologie et la dénomination du parti sont notamment questionnées. En septembre 1993, Johan Van Hecke est élu pour succéder à H. Van Rompuy à la présidence. Ancien président des CVP-Jongeren, il tente de rénover le parti à travers un nouveau manifeste et la fin de l’omnipotence des standen en son sein. Néanmoins, l’influence des standen demeure presque intacte (cf. infra). Ainsi, alors qu’ils ont toujours exercé un rôle dans la confection des listes, c’est encore le cas en vue du scrutin de 1995 : seuls 11 % des candidats du CVP sont déclarés « sans famille », la majorité des autres étant liés à l’Algemeen Christelijk Werknemersverbond (ACW, Mouvement ouvrier chrétien), au Boerenbond ou au Nationaal Christelijk Middenstandsverbond (NCMV, Union nationale chrétienne des classes moyennes)  [58].

47Contrairement au scrutin de 1991, le CVP enregistre une légère avancée électorale lors du scrutin de 1995 (17,2 %). Cette avancée s’explique notamment par la disparition des listes Radicale Omvormers en Sociale Strijders voor een Eerlijker Maatschappij (ROSSEM), qui avaient obtenu près de 200 000 voix lors du précédent scrutin  [59].

48Le 6 juin 1996, J. Van Hecke annonce quitter la présidence du CVP « pour des raisons personnelles » (à savoir un divorce) et indique qu’il ne présentera plus sa candidature pour la présidence du parti lors du scrutin interne à venir (scrutin initialement prévu pour le 15 juin suivant)  [60]. Tout d’abord chargé de l’intérim jusqu’au mois de novembre, le député flamand et vice-président du CVP, Marc Van Peel, lui succède officiellement pour trois ans lors d’un congrès électif qui se tient à Gand le 30 novembre 1996  [61].

49La deuxième moitié des années 1990 est marquée par une triple crise qui aura des répercussions de taille sur les performances électorales à venir du CVP. La plus importante est une affaire de pédophilie : l’affaire Dutroux. Sous le choc, la société belge se mobilise à travers l’organisation d’une marche blanche en 1996. Cette marche organisée par la société civile est une des plus importantes jamais organisées en Belgique par son nombre de participants et est caractérisée par son caractère silencieux  [62]. Elle inspire d’autres événements similaires visant à soutenir les victimes et familles des victimes de pédophilie au-delà de la Belgique, comme en Suisse  [63]. Mais cette affaire met aussi en exergue de nombreux dysfonctionnements au sein de la justice belge (comme le système de libération conditionnelle) ainsi que des rivalités entre la police et la gendarmerie. La brève évasion du principal inculpé de cette affaire, Marc Dutroux, provoque la démission du ministre de la Justice, Stefaan De Clerck (CVP), et de celui de l’Intérieur, Johan Vande Lanotte (SP). En 1999, un nouveau scandale touche la Belgique : des traces de dioxine sont retrouvées dans des aliments de poulets d’élevage. Alors qu’il est reproché au gouvernement fédéral de ne pas avoir informé correctement et suffisamment tôt les consommateurs et les secteurs concernés, le ministre de l’Agriculture et des PME, Karel Pinxten (CVP), ainsi que le ministre de la Santé, Marcel Colla (SP), sont à leur tour amenés à démissionner. Enfin, de nouvelles tensions communautaires caractérisent la fin des années 1990. En mars 1999, le Parlement flamand adopte cinq résolutions visant à régionaliser davantage de compétences, comme les lois communales et provinciales ou les allocations familiales  [64]. Dans ce contexte, les tensions entre francophones et néerlandophones sont importantes ; en attestent les déclarations de P. Maystadt lors du congrès électoral du PSC du 27 février 1999 (cf. supra).

50Ce contexte explique la sanction électorale que subissent les partis de la coalition fédérale sortante lors du scrutin de 1999. Le CVP, spécifiquement, atteint un nouveau score plancher (14,1 % à la Chambre), ce qui lui fait perdre son statut de premier parti de Belgique ; il arrive toutefois en tête à l’élection du Parlement flamand. Pour la première fois de son histoire, il se retrouve dans l’opposition au niveau fédéral. Il en va de même en Flandre, alors que le CVP était membre du gouvernement flamand – et en occupait la ministre-présidence – depuis l’installation de celui-ci, en décembre 1981. Le parti ne participe ainsi plus qu’à la majorité régionale bruxelloise (dans laquelle il est également présent depuis l’origine, en 1989). En conséquence, les rencontres entre les dirigeants du PSC et du CVP se raréfient et les liens sont moins nombreux  [65].

51À l’automne 1999, S. De Clerck succède à M. Van Peel à la présidence du CVP. L’accession de l’ancien ministre de la Justice à la présidence du parti intervient quelques mois seulement après le scrutin multiple du 13 juin 1999, lors duquel le CVP a enregistré son meilleur résultat (34,0 %) pour la Chambre des représentants dans la circonscription de Courtrai–Roulers–Tielt, qui est celle de S. De Clerck  [66].

52C’est à nouveau sur fond de tensions communautaires que les relations entre le PSC et le CVP s’amenuisent encore au début des années 2000. Ainsi, l’accord de la Sainte-Thérèse (ou accord du Lambermont I) et l’accord de la Saint-Polycarpe (ou accord du Lambermont II) sont conclus respectivement le 16 octobre 2000 et le 23 janvier 2001 entre les partis de la majorité fédérale (libéraux, socialistes et écologistes). Ces accords prévoient un transfert de compétences de l’Autorité fédérale vers les Régions et vers les Communautés, ainsi qu’un refinancement pour les Communautés et une augmentation de l’autonomie fiscale des Régions. Quelques mois plus tard, en avril 2001, sont par ailleurs conclus les accords du Lombard, qui révisent le fonctionnement des institutions bruxelloises. L’adoption des différents textes de loi qui découlent de ces accords constituant la cinquième réforme de l’État nécessite une majorité des deux tiers. La Volksunie – qui est dans l’opposition au niveau fédéral mais pas au niveau flamand – se divise quant à l’opportunité ou non de soutenir ces accords  [67]. Le CVP, pour sa part, s’y oppose fermement. De nombreux appels du pied sont alors envoyés par les partis de la majorité au PSC afin qu’il ne s’oppose pas à la réforme malgré son statut de parti d’opposition. Le 28 janvier 2001, le président de la Fédération PRL FDF MCC, Daniel Ducarme, en appelle ainsi explicitement à l’appui du PSC sur les ondes de la RTBF. Notamment par l’intermédiaire de J. Milquet, présidente du parti, et d’Étienne Michel, alors directeur du Centre d’études politiques, économiques et sociales (CEPESS), le PSC juge que le refinancement prévu de la Communauté française n’est pas négligeable ; il parvient à négocier un accord avec les autres partis francophones (accord dit de la Saint-Boniface), notamment afin de revaloriser l’enseignement libre. En outre, toujours afin d’obtenir le soutien du PSC, le Premier ministre annonce la signature de la convention-cadre du Conseil de l’Europe relative à la protection des minorités et annonce débloquer un fonds de plusieurs milliards de francs belges pour la Région de Bruxelles-Capitale. En conséquence, le PSC accepte de ne pas s’opposer à la cinquième réforme de l’État et celle-ci est adoptée avec son soutien. Cet épisode provoque d’importantes tensions entre le CVP et le PSC et conduit, en 2001, à la scission du centre d’étude jusqu’alors commun au CVP et au PSC, le CEPESS (cf. infra). Le Centrum voor Democratische Reflectie (CEDER, Centre pour la réflexion démocratique) est alors créé en tant que centre d’étude du CVP.

53Rejeté quasiment partout dans l’opposition en 1999, le CVP doit se réinventer. Les 28 et 29 septembre 2001, lors d’un congrès organisé à Courtrai, le parti change d’appellation, d’organisation et de programme. Il se nomme désormais Christen, Democratisch en Vlaams (CD&V, Chrétien, démocrate et flamand). À l’inverse de son pendant francophone, le PSC – qui deviendra bientôt le CDH (cf. supra) –, le parti néerlandophone conserve sa référence chrétienne. En revanche, il intègre davantage une dimension flamande en optant pour un modèle institutionnel qu’il qualifie alors de confédéral (c’est-à-dire qui envisage la défédéralisation poussée de l’État belge au détriment de l’Autorité fédérale et au profit des entités fédérées)  [68]. Depuis lors, le parti n’a pas dévié de ce positionnement institutionnel.

54Ces modifications provoquent de multiples tensions en interne, qui induisent notamment l’expulsion de l’ancien président du CVP, J. Van Hecke (qui plaidait pour un rapprochement avec les libéraux du VLD), par le bureau politique du parti en octobre 2001  [69].

3. Le CDH et le CD&V, du début des années 2000 à aujourd’hui

55Alors que chacun des deux partis sociaux-chrétiens a tenté de se recréer ou, à tout le moins, de se moderniser à l’orée du XXIe siècle, le CDH et le CD&V ne parviennent pas à endiguer le lent déclin qui caractérise leurs évolutions électorales respectives. En parallèle, plusieurs moments importants de tension surviennent entre ces partis, qui permettent de mieux saisir la nature de leurs relations du début des années 2000 à aujourd’hui.

3.1. Le CDH

56Le lendemain de sa fondation, le CDH doit déjà faire face à des difficultés internes. Dès le 19 mai 2002 en effet, il est confronté à une dissidence. N’acceptant pas l’abandon de la référence chrétienne par le parti, l’ancien député et ministre bruxellois Dominique Harmel (qui est le fils de l’ancien Premier ministre P. Harmel) et six militants sociaux-chrétiens annoncent la création d’un nouveau parti : les Chrétiens démocrates francophones (CDF)  [70]. Se positionnant au centre-droit – avec des accents conservateurs sur le plan éthique et libéraux sur le plan socio-économique – et plaçant la focale sur l’unité du pays, les CDF parviennent rapidement à mobiliser un nombre relativement important d’adhérents. En quelques mois, plusieurs milliers d’adhérents sont ainsi annoncés par le parti. Après avoir mené une campagne électorale difficile en raison de l’absence d’une base électorale suffisamment importante, de l’absence de financement public, de l’absence de locaux pour se réunir ou encore de l’impossibilité d’obtenir un numéro national (puisqu’ils ne comptent aucun parlementaire dans leurs rangs), les CDF échouent à réaliser la percée électorale qu’ils escomptaient lors du scrutin fédéral du 18 mai 2003 (ils n’obtiennent que 1,4 % des voix en Wallonie et 1,7 % en Région bruxelloise)  [71].

57Malgré la faible performance électorale réalisée par les CDF (au profit desquels il semble toutefois que le CDH perde plusieurs milliers de voix, surtout conservatrices), le CDH poursuit le déclin électoral déjà amorcé par le PSC. Le 18 mai 2003, ne parvenant pas à profiter du recul des écologistes, il remporte 5,5 % des voix au niveau national pour l’élection à la Chambre des représentants (soit – 0,4 % par rapport au PSC en 1999). Il s’agit d’un nouveau score plancher pour le parti orange francophone. En outre, celui-ci est maintenu dans l’opposition fédérale.

58Le 15 septembre de la même année, le CDH procède au renouvellement de ses instances. Quatre candidats sont en lice, à savoir J. Milquet, Richard Fournaux, député fédéral positionné au centre-droit, Denis Grimberghs, député bruxellois situé au centre-gauche, et Fabrice Salembier, président de la section CDH de l’arrondissement de Waremme. J. Milquet est réélue avec 62,6 % des votes exprimés. Dès le mois de janvier 2004, R. Fournaux ainsi que les parlementaires Luc Paque et Béatrice Fraiteur quittent le CDH et rejoignent les rangs du MCC afin d’intégrer ce qui est devenu le Mouvement réformateur (MR). Ces défections induisent au moins deux effets négatifs pour le parti présidé par J. Milquet. D’une part, il connaît un affaiblissement de sa représentation parlementaire, déjà amoindrie lors des derniers scrutins. D’autre part, cela paraît « conforter l’image d’un “parti que l’on quitte”, notamment parce qu’il “tirerait à gauche” »  [72].

59Le scrutin régional et communautaire du 13 juin 2004 est pourtant positif pour le CDH, puisque celui-ci améliore ses résultats en Région wallonne (avec 17,6 % des suffrages, soit + 0,5 % par rapport au PSC en 1999) et – surtout – en Région de Bruxelles-Capitale (avec 12,1 % des votes, soit + 4,2 %). Cela donne donc un coup d’arrêt au déclin électoral du parti (sauf en Communauté germanophone). En outre, le CDH revient au pouvoir en Région wallonne, en Région de Bruxelles-Capitale et en Communauté française. Lors des élections fédérales du 10 juin 2007, les résultats remportés par le CDH (6,1 %, soit + 0,6 %) semblent également corroborer l’idée selon laquelle le défi lancé par le parti en 1999 en se modernisant est relevé.

60Dans la foulée du scrutin de 2007, le CDH est invité à participer aux négociations visant à former un gouvernement fédéral réunissant les partis de tradition sociale-chrétienne et les partis libéraux (coalition dite orange-bleue)  [73]. Néanmoins, de vives tensions émergent à cette occasion entre les deux partis de tradition sociale-chrétienne. Alors que le CDH craint d’être ainsi amené à négocier une réforme de l’État (telle que promise durant la campagne électorale par le cartel CD&V–N-VA), le président du CD&V, Yves Leterme (pressenti pour devenir Premier ministre), indique à l’encontre de J. Milquet : « Si le CDH ne veut pas venir au pouvoir, c’est la décision du CDH. Il y a d’autres partis. Il ne faut pas lancer d’exclusive, surtout quand on a 10 sièges à la Chambre sur 150. Vous savez, cela fait 6-7 %, ce n’est pas terrible »  [74]. Les négociations s’annoncent longues et intenses : le cartel CD&V–N-VA – alors incontournable pour former une majorité dans le groupe linguistique néerlandais de la Chambre des représentants sans alliance avec le VB – souhaite obtenir des garanties pour une réforme de l’État dans l’accord de gouvernement ainsi que la scission de la circonscription électorale de Bruxelles–Hal–Vilvorde (BHV), tandis que le CDH s’oppose à toute réforme en la matière. En décembre 2007, la formule orange-bleue est enterrée. La manière avec laquelle J. Milquet a mené les négociations (et qui vaut à celle-ci le surnom de « Madame non » en Flandre) est alors considérée par le CD&V comme étant une « trahison », sentiment que partagent par ailleurs certains cadres du CDH. Inversement, Y. Leterme, dont le succès électoral paraît en bonne partie dû à ses promesses quant à la mise en œuvre d’une nouvelle réforme de l’État, ne semble guère avoir pris de contacts au préalable avec le CDH pour préparer le terrain de telles négociations communautaires. Les tensions entre les deux partis orange sont à leur paroxysme. Des négociations en vue de la formation d’un gouvernement pentapartite (réunissant le CD&V – mais pas son partenaire de cartel, la N-VA –, le MR, le PS, l’Open VLD et le CDH) sont alors entamées et un gouvernement intérimaire (gouvernement Verhofstadt III) réunissant ces formations est installé le 21 décembre 2007. Les cinq mêmes partis parviennent à un accord et forment un gouvernement le 20 mars 2008, dirigé par Y. Leterme (gouvernement Leterme I). Cet exécutif fédéral sera suivi des gouvernements Van Rompuy et Leterme II, de même composition.

61Les élections régionales et communautaires du 7 juin 2009 sont plutôt décevantes pour le CDH. Si le parti parvient à se maintenir au pouvoir en Région wallonne, en Région de Bruxelles-Capitale ainsi qu’en Communauté française et s’il enregistre sa meilleure performance au Parlement bruxellois depuis les premières élections régionales de 1989 (13,1 % des suffrages, soit + 1,0 % par rapport à 2004), il réalise néanmoins le moins bon résultat de son histoire au Parlement wallon, avec 16,1 % des voix (– 1,5 % par rapport à 2004). Par la suite, l’histoire électorale du CDH est celle d’un recul constant, et ce aux différents niveaux de pouvoir. Le parti obtient respectivement 5,5 %, 5,0 % et 3,7 % des votes au niveau national lors des élections de la Chambre des représentants du 13 juin 2010, du 25 mai 2014 et du 26 mai 2019. Au niveau régional aussi, son déclin est sans appel : 15,2 % en 2014 puis 11,0 % en 2019 en Région wallonne, et 10,4 % puis 6,4 % en Région de Bruxelles-Capitale.

62Le 11 décembre 2010, J. Milquet est réélue à la tête du CDH, en ticket avec Benoît Lutgen. Le 31 août 2011, ce dernier devient le nouveau président du parti. Néanmoins, c’est J. Milquet qui continue à négocier, au nom du CDH, l’accord institutionnel en vue d’une sixième réforme de l’État  [75]. À cette occasion, et surtout lorsqu’il est question de négocier la scission de la circonscription électorale de BHV, les tensions avec le CD&V déjà avivées à l’occasion des négociations de 2007 réapparaissent  [76]. Le 5 décembre 2011, soit pas moins de 540 jours après les élections fédérales du 13 juin 2010, est formé le gouvernement fédéral Di Rupo (PS/CD&V/MR/SP.A/Open VLD/CDH) ; les lois et révisions constitutionnelles organisant la sixième réforme de l’État sont adoptées au cours de la législature.

63Dans la foulée du scrutin fédéral du 25 mai 2014, le CD&V souhaite associer le CDH à une potentielle coalition fédérale afin de favoriser un gouvernement de centre-droit, qui exclurait le PS et le SP.A. Néanmoins, le CDH fait rapidement connaître sa décision de ne pas s’engager sur la base de la note déposée par l’informateur Bart De Wever, par ailleurs président du parti nationaliste flamand N-VA. Cette position s’inscrit dans la logique défendue par B. Lutgen – devenu président du CDH le 1er septembre 2011 – au moins depuis octobre 2013 et selon laquelle jamais le CDH ne gouvernera avec la N-VA. Par la suite, et alors que la confiance entre le CDH et le MR est au plus bas, Charles Michel (MR) et Kris Peeters (CD&V), chargés ensemble d’une mission de formation par le roi, proposent au CDH une ultime ouverture, elle aussi rejetée par B. Lutgen  [77]. Pour la première fois dans l’histoire politique de la Belgique, les deux partis sociaux-chrétiens optent donc pour une stratégie différente au niveau fédéral : alors que le CD&V est membre de la coalition dirigée par C. Michel (gouvernement Michel I, N-VA/MR/CD&V/Open VLD), le CDH rejoint les rangs de l’opposition. Le choix du parti orange francophone fait l’objet de vives critiques de la part non seulement du CD&V, mais aussi de plusieurs cadres et élus du CDH (certains regrettant ainsi que le parti démocrate humaniste n’ait pas saisi l’occasion pour se distancier du PS).

64En revanche, le CDH reste au pouvoir en Région wallonne (gouvernement Magnette, PS/CDH), en Région de Bruxelles-Capitale (gouvernement Vervoort II, PS/FDF/CDH/Open VLD/SP.A/CD&V) et en Communauté française (gouvernement Demotte III, PS/CDH). Cependant, le 19 juin 2017, à la surprise générale, B. Lutgen annonce sa volonté de rompre avec le PS au sein des gouvernements wallon, bruxellois et de la Communauté française  [78]. À cette occasion, il déclare qu’il est devenu intenable pour son parti de gouverner avec le PS en raison des scandales ayant récemment éclaboussé celui-ci, au premier rang desquels figurent les affaires Publifin en région liégeoise, de l’Institut de santé publique du Pays de Charleroi (ISPPC) dans le Hainaut et du Samusocial à Bruxelles. Si cette opération réussit en Région wallonne et conduit à un renversement d’alliance au profit de la constitution d’un gouvernement MR/CDH dirigé par Willy Borsus (MR), les exécutifs en place en Région de Bruxelles-Capitale et en Communauté française restent inchangés. Il est à noter que le « coup du 19 juin » est intervenu quelques jours après que de nombreux membres des Jeunes CDH eurent annoncé quitter le parti, exprimant par là leur déception quant au choix de gouverner avec le PS dans les Régions sans interruption depuis 2004  [79].

65Le 15 janvier 2019, B. Lutgen annonce sa démission de la présidence du parti, à quelques mois du scrutin multiple du 26 mai. Cinq candidats sont en lice : Maxime Prévot, François-Xavier Blanpain, Arthur Defoin, Bashiru Lawal et Jan Lippens. C’est le député wallon et de la Communauté française (et ancien ministre régional wallon) et bourgmestre de Namur, M. Prévot, qui est élu avec 85 % des voix, le 26 janvier. Cette succession semble amorcer un nouveau départ dans les relations entretenues entre le CDH et le CD&V. Si de nombreuses tensions ont récemment opposé les deux partis orange, des tentatives de rapprochement semblent s’opérer assez rapidement après la prise de fonction de M. Prévot. Ainsi, le 9 février 2019, le président du CD&V, Wouter Beke, indique dans une interview accordée à La Libre Belgique qu’il se réjouit de l’accession de M. Prévot à la présidence du parti francophone et qu’il espère que le CDH et le CD&V pourront participer, ensemble, au futur gouvernement fédéral. À son tour, le 11 février, M. Prévot indique dans les colonnes du même quotidien qu’il souhaite que les liens soient resserrés avec le CD&V et que les deux partis réapprennent à dialoguer ensemble.

66Néanmoins, les tentatives de rapprochement entre le CDH et le CD&V ne semblent guère se concrétiser au lendemain des élections du 26 mai 2019. Lors de ce scrutin, le parti démocrate humaniste francophone atteint de nouveaux scores planchers, tant pour la Chambre des représentants (3,7 %) que pour le Parlement wallon (11,0 %) et le Parlement bruxellois (6,4 %) ; au sein de cette dernière assemblée, il ne peut d’ailleurs former un groupe politique qu’après avoir obtenu une modification du règlement. Ces médiocres performances électorales conduisent le CDH à annoncer, dès le 5 juin 2019, qu’il opte pour une cure d’opposition à tous les niveaux de pouvoir. Il se met ainsi en retrait du processus de formation gouvernementale au niveau fédéral, tout comme aux différents niveaux régional ou communautaire. Effectivement, il ne devient membre ni du gouvernement bruxellois Vervoort III (PS/Écolo/Défi/Groen/Open VLD/one.brussels-sp.a) formé en juillet 2019, ni des gouvernements wallon Di Rupo III et de la Communauté française Jeholet (tous deux PS/MR/Écolo) constitués deux mois plus tard  [80].

67La décision du CDH semble alors signifier également que les perspectives de collaboration avec le CD&V au sein d’un gouvernement fédéral au cours de la prochaine législature sont inexistantes. Cependant, la position de retrait du parti dirigé par M. Prévot évolue progressivement dans le contexte de la double crise (politique puis également sanitaire) qui agite la Belgique en 2019-2020.

68Ainsi, à l’automne 2019, le CDH prend part aux discussions qui sont menées par les missionnaires royaux chargés de conduire les négociations en vue de la formation du gouvernement fédéral : le parti indique qu’il pourrait soutenir, depuis les bancs de l’opposition, certaines réformes, par exemple en matière environnementale. Le 17 mars 2020, alors qu’un gouvernement minoritaire (gouvernement Wilmès II, MR/CD&V/Open VLD) est constitué afin d’assurer la lutte contre la pandémie de Covid-19 et la gestion de ses conséquences immédiates  [81], le CDH figure parmi les partis qui accordent leur confiance à cet exécutif dirigé par Sophie Wilmès (MR) tout en acceptant de ne pas y compter de représentant. Quelques mois plus tard, alors que la double crise politique et sanitaire persiste, M. Prévot indique que le CDH est disponible pour rejoindre une coalition gouvernementale fédérale, ce qui constitue donc une évolution importante dans le chef du parti démocrate humaniste. Plus encore, durant l’été 2020, le CDH compte au nombre des cinq formations (à savoir la N-VA, le PS, le CD&V, le SP.A et, donc, le CDH) que les préformateurs Paul Magnette (président du PS) et B. De Wever (président de la N-VA) parviennent à rassembler autour d’une première note commune afin de former un gouvernement fédéral. Cependant, ce processus fait long feu : ne rassemblant pas ainsi un nombre de sièges suffisant pour disposer d’une majorité à la Chambre et échouant à rallier au moins une autre formation – libérale ou écologiste – à leur projet, les présidents des partis socialiste francophone et nationaliste flamand remettent leur démission au roi Philippe le 17 août. Dans les semaines qui suivent, alors que c’est désormais le président de l’Open VLD, Egbert Lachaert, que le souverain a chargé de piloter les discussions en vue de la formation d’un gouvernement fédéral, M. Prévot regrette dans la presse que, à l’instar de ce qui prévaut pour les familles socialiste, libérale et écologiste, le CDH ne soit pas convié aux discussions en même temps que le CD&V, dans une logique qui leur permette de « travailler en famille »  [82].

69Des quatre familles politiques belges, c’est celle de tradition sociale-chrétienne qui, et de loin, apparaît la moins unie au cours de la crise politique de 2019-2020. Si le PS et le SP.A ne s’étaient plus montrés aussi liés depuis longtemps  [83], de même que le MR et l’Open VLD, et si Écolo et Groen agissent comme à leur habitude en duo, le CDH et le CD&V ne semblent pour ainsi dire jamais mus par une logique de partis frères. Ce n’est qu’à partir de la fin du mois d’août 2020 que le CDH rappelle que les deux partis orange forment eux aussi une famille politique et fait part de son souhait d’être désormais traité en tant que membre de celle-ci. Néanmoins, alors que le missionnaire royal E. Lachaert indique au président du CDH qu’il est disposé à l’inviter dans le cadre des discussions rassemblant les socialistes, les libéraux, les écologistes et le CD&V afin d’envisager la mise sur pied d’une coalition dite Vivaldi (en référence au compositeur des Quatre saisons), il fait aussi savoir à M. Prévot que ce dernier ne sera invité que s’il s’agit d’une exigence expressément formulée par le CD&V. Par l’intermédiaire de son président, le CD&V indique quant à lui qu’il n’a pas à dicter au missionnaire royal quels sont les partis qui doivent être invités pour ces discussions. Le CDH n’est dès lors pas convié à la réunion rassemblant les présidents des sept formations politiques concernées le 30 août ; son président n’est reçu par E. Lachaert que les 3 et 4 septembre. À l’issue de ces deux rencontres de septembre, alors que le CDH n’est pas assuré de participer au gouvernement fédéral, il annonce se mettre en retrait du processus de formation gouvernementale.

70À cette occasion, le CD&V n’exerce aucune pression sur les partis francophones – qui sont ceux manifestant apparemment le plus de réticences à inclure le parti présidé par

71M. Prévot – afin de maintenir le CDH autour de la table des discussions  [84]. Contrairement aux autres familles politiques, qui se sont affichées soudées dans le cadre de ces discussions et négociations visant à former un gouvernement fédéral, le CD&V et le CDH ne se sont pas inscrits dans une logique forte de partis frères. En conséquence, le CD&V intègre le gouvernement De Croo (PS/MR/Écolo/CD&V/Open VLD/SP.A/Groen) mis sur pied le 1er octobre 2020 alors que le CDH siège dans l’opposition. Des quatre grandes familles politiques belges, la famille orange est donc la seule à ne pas figurer au complet dans le nouvel exécutif fédéral Vivaldi.

Tableau 3. Résultats du CDH et du CD&V lors des élections de la Chambre des représentants (2003-2019), au niveau national et en % des votes valables

Tableau 3. Résultats du CDH et du CD&V lors des élections de la Chambre des représentants (2003-2019), au niveau national et en % des votes valables

Tableau 3. Résultats du CDH et du CD&V lors des élections de la Chambre des représentants (2003-2019), au niveau national et en % des votes valables

A Cartel CD&V–N-VA.

3.2. Le CD&V

72Les élections fédérales du 18 mai 2003 ne sont pas favorables au CD&V, qui ne récolte que 13,3 % des votes valablement exprimés au niveau national pour la Chambre des représentants (soit – 0,8 % par rapport au score du CVP quatre ans plus tôt). Alors que le CVP avait été le premier parti de Belgique depuis 1977 au Parlement fédéral, il a été relégué à la 2e place en 1999 (derrière le VLD) ; quatre ans plus tard, le CD&V doit se contenter de la position de 3e formation politique du pays (derrière le VLD et le cartel SP.A–Spirit). En outre, il demeure dans l’opposition.

73Dans la foulée de ce scrutin, le président du CD&V, S. De Clerck, annonce sa démission, qui intervient deux ans avant la fin théorique de son mandat. Seul candidat en lice, Yves Leterme, alors chef de groupe à la Chambre des représentants, lui succède dès le 28 juin.

74Rapidement après son entrée en fonction, Y. Leterme est contacté par les représentants de la N-VA – pour qui le scrutin de 2003 a également été peu porteur (3,1 %) – afin d’envisager la constitution d’un cartel entre les deux formations. Malgré les pressions exercées sur le CD&V – notamment par l’ACW – afin d’éviter toute « droitisation du parti » et malgré l’avortement d’une première tentative de rapprochement entre les deux partis, le président de la N-VA, Geert Bourgeois, et Y. Leterme annoncent, le 14 février 2004, qu’un accord de cartel a été conclu entre le CD&V et la N-VA  [85]. L’autonomie accrue de la Flandre et la régionalisation d’un certain nombre de matières constituent le cœur de cette alliance. Par ailleurs, l’objectif affiché par le cartel est de gouverner sans les socialistes.

75Alors que le CD&V et la N-VA prennent part pour la première fois à un scrutin ensemble lors des élections régionales et communautaires du 13 juin 2004, leur cartel arrive en tête en Flandre en y remportant 26,3 % des suffrages. Fort de ce succès, le CD&V revient au pouvoir au niveau flamand, dans un gouvernement dirigé par Y. Leterme (CD&V/VLD/SP.A/Spirit/N-VA). En conséquence et conformément aux statuts du CD&V, ce dernier est remplacé à la tête du parti par Jo Vandeurzen, secrétaire général du CD&V et député fédéral, d’abord ad interim puis officiellement, avec 53,8 % des voix, lors d’un scrutin interne auquel il se présente face à Pieter De Crem et Karel Van Butsel, le 29 octobre 2004. Par ailleurs, les élections de 2004 voient le cartel remporter 2,3 % des voix en Région bruxelloise et le CD&V conserver sa place dans la majorité régionale.

76Le CD&V et la N-VA se présentent à nouveau unis lors du scrutin fédéral du 10 juin 2007. À cette occasion, leur cartel obtient pas moins de 18,5 % des voix au niveau national pour l’élection de la Chambre des représentants, ce qui fait de lui la première force politique du pays. En outre, grâce à son score personnel (796 521 voix sur la liste du cartel CD&V–N-VA pour le Sénat), Y. Leterme apparaît comme le grand vainqueur de ce scrutin. Le 28 juin 2007, jour de sa prestation de serment comme sénateur, il démissionne de son poste de ministre-président flamand (qu’il confie à K. Peeters), ainsi qu’il l’avait annoncé un mois auparavant. Son objectif est alors d’avoir les mains libres pour négocier la formation d’un gouvernement fédéral, dont il serait le Premier ministre.

77Cependant, le chemin vers la formation d’un gouvernement fédéral s’annonce laborieux. Alors qu’Y. Leterme envisage la constitution d’une coalition dont les socialistes seraient exclus, le CDH s’oppose à toute une série de mesures proposées, rendant impossible la formation d’une coalition orange-bleue (réunissant le cartel CD&V–N-VA, le MR, l’Open VLD et le CDH). Cet épisode est une source d’extrême tension entre les deux formations de tradition sociale-chrétienne (cf. supra). Néanmoins, celles-ci se retrouvent ensemble au sein du gouvernement ad interim Verhofstadt III (CD&V/MR/PS/Open VLD/CDH), du 21 décembre 2007 au 20 mars 2008, puis au sein du gouvernement dirigé par Y. Leterme à partir du 20 mars 2008 (gouvernement Leterme I, même composition). Tel est également le cas dans les gouvernements fédéraux qui se succèdent alors jusqu’à la fin de l’année 2011, à savoir les gouvernements Van Rompuy du 30 décembre 2008 au 25 novembre 2009 et Leterme II du 25 novembre 2009 au 26 avril 2010 puis en affaires courantes jusqu’au 6 décembre 2011 (tous deux de même composition également). Le CD&V détient donc le portefeuille de Premier ministre de 2008 à 2011  [86].

78Le 27 décembre 2007, alors que J. Vandeurzen devient ministre fédéral, il quitte la présidence du CD&V et est remplacé à la tête du parti par Etienne Schouppe, sénateur et ancien patron de la SNCB. Lui-même nommé secrétaire d’État fédéral le 20 mars 2008, le président ad interim du CD&V annonce sa démission. Wouter Beke, sénateur, lui succède alors et devient le nouveau président ad interim du CD&V. À la suite d’un scrutin interne et grâce au soutien de 96,6 % des votants, la députée européenne Marianne Thyssen est élue à la présidence du CD&V pour un mandat de trois ans, le 15 mai 2008.

79S’opposant à la ligne suivie par le CD&V sur le plan communautaire aux niveaux fédéral et flamand, la N-VA se retire du gouvernement flamand le 22 septembre 2008, ce qui provoque de facto la fin du cartel CD&V–N-VA. Cinq jours plus tard, le CD&V réuni en assemblée générale confirme la rupture du cartel. Comme l’alliance entre le CD&V et la N-VA contribuait jusqu’alors à éloigner – idéologiquement (cf. infra) – le CDH et le CD&V, d’aucuns voient dans la fin de ce cartel une possibilité de rapprochement entre les deux formations de tradition sociale-chrétienne.

80Alors que le CD&V se présente seul lors des élections régionales et communautaires du 7 juin 2009, il parvient à réaliser des performances électorales jugées satisfaisantes à cette occasion : 23,0 % en Flandre et 1,7 % en Région bruxelloise. Il conserve la ministre-présidence du gouvernement flamand (confiée une seconde fois à K. Peeters, à la tête d’une coalition CD&V/SP.A/N-VA) et un portefeuille au sein du gouvernement bruxellois.

81En revanche, il enregistre ce qui est alors le plus mauvais résultat de son histoire lors des élections fédérales du 13 juin 2010, avec 10,9 % des suffrages au niveau national lors de l’élection à la Chambre des représentants. À nouveau, le CD&V est relégué à la place de 3e parti du pays (derrière la N-VA et le PS, cette fois). Face à cet échec électoral, M. Thyssen annonce sa démission de la présidence du parti dès le 23 juin. Dans l’attente d’un nouveau scrutin interne, le vice-président du parti, W. Beke, assume à nouveau la présidence ad interim. Le 22 décembre 2010, seul candidat, il est officiellement élu à la tête du parti, avec 98,7 % des suffrages.

82Malgré son ressac électoral et après une crise politique longue de 540 jours, le CD&V se maintient au gouvernement fédéral en décembre 2011 (gouvernement Di Rupo), aux côtés du PS, du MR, du SP.A, de l’Open VLD et du CDH. Cependant, il perd le poste de Premier ministre, ce qui constitue pour le CVP/CD&V une expérience rare : depuis 1974, tel n’avait été le cas que brièvement entre octobre et décembre 1978 et, surtout, entre juillet 1999 et mars 2008.

83Le 12 novembre 2013, alors qu’il est le seul candidat à sa propre succession, W. Beke est réélu à la présidence du CD&V avec 98,7 % des voix ; il en va de même, avec 98,0 % des suffrages, le 3 mars 2016.

84Les résultats du CD&V lors du scrutin multiple du 25 mai 2014 sont mitigés. Le parti obtient son plus mauvais score à l’élection du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale (avec 1,3 %, soit – 0,4 %) ainsi que pour l’élection du Parlement flamand (20,6 % des suffrages dans les circonscriptions flamandes, soit – 2,4 %). S’il reste membre des exécutifs flamand et bruxellois, il n’occupe cependant plus la ministre-présidence flamande (qui, hormis entre juillet 1999 et juillet 2004, avait pourtant toujours échu au CVP/CD&V depuis 1981), celle-ci revenant désormais à la N-VA (gouvernement Bourgeois, N-VA/CD&V/Open VLD).

85En revanche, le parti renforce légèrement son assise électorale au niveau fédéral, en décrochant 11,6 % des votes valablement exprimés (+ 0,7 %) pour l’élection de la Chambre des représentants. Cela ne le contraint cependant pas moins à demeurer à la 3e place du classement national (puisqu’il reste devancé par la N-VA et le PS). Alors que le CD&V tente de rallier le CDH à lui pour participer ensemble, avec la N-VA, le MR et l’Open VLD, à une coalition gouvernementale fédérale, le CDH annonce opter pour l’opposition à ce niveau (cf. supra). Cela marque une rupture historique dans le rapport entretenu entre les deux partis de tradition sociale-chrétienne. Pour la première fois, l’un d’eux est membre de l’exécutif fédéral alors que l’autre siège dans l’opposition à ce même niveau de pouvoir. En l’occurrence, le CD&V fait partie du gouvernement Michel I (N-VA/MR/CD&V/Open VLD) – puis, à partir du 9 décembre 2018, gouvernement Michel II (MR/CD&V/Open VLD) –, dirigé par le libéral francophone C. Michel  [87].

86Le recul électoral enregistré par le CD&V à l’occasion des élections multiples du 26 mai 2019 est sensible. À tous les niveaux de pouvoir, il enregistre son score minimal historique : 8,9 % à la Chambre des représentants au niveau national (– 2,7 %), 15,5 % au Parlement flamand dans les circonscriptions flamandes (– 5,1 %) et 1,1 % au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale (– 0,2 %). À l’échelle du pays, il recule au 4e rang des formations politiques (derrière la N-VA, le Vlaams Belang et le PS). Le soir même de l’élection, W. Beke présente sa démission en tant que président de parti, mais celle-ci est refusée par les cadres du CD&V. Afin de dégager une analyse détaillée du déclin électoral du CD&V et de proposer des pistes pour améliorer ses performances électorales, le parti met rapidement sur pied un groupe de travail composé de douze cadres et élus issus de ses rangs, que la presse surnomme rapidement les « douze apôtres »  [88]. En septembre de la même année, ce groupe de travail dépose un recueil de recommandations pour le parti. Celui-ci suggère notamment au parti chrétien démocrate flamand de prendre davantage en compte l’avis des mandataires locaux, de renforcer ses liens avec la société civile, d’améliorer sa communication et de réformer sa structuration interne. En outre, il suggère de procéder à l’élection d’un nouveau président de parti dans le courant de l’année 2019.

87Le 18 juin 2019, le gouvernement bruxellois Vervoort III (PS/Écolo/Défi/Groen/Open VLD/one.brussels-sp.a) est formé ; il s’agit du premier exécutif régional bruxellois dont est absent le CVP/CD&V. Devenu ministre fédéral le 1er juillet 2019 (en remplacement de K. Peeters, dorénavant eurodéputé) puis ministre flamand le 2 octobre suivant – sa formation étant parvenue à se maintenir au pouvoir au niveau flamand, bien qu’en y restant privée de la ministre-présidence (gouvernement Jambon, N-VA/CD&V/Open VLD) –, W. Beke est suppléé ad interim à la présidence du CD&V, à partir du 8 octobre, par les vice-présidentes du parti, Cindy Franssen et Griet Smaers. Est alors ouverte la campagne interne pour la présidence du parti. Deux tours sont nécessaires pour départager les sept candidats (à savoir Joachim Coens, Walter De Donder, Sammy Mahdi, Katrien Partyka, Raf Terwingen, Vincent Van Peteghem et Christophe Vermeulen). Le 6 décembre 2019, c’est J. Coens – bourgmestre de Damme, administrateur-délégué du port de Zeebruges et ancien député flamand (et par ailleurs fils de Daniël Coens  [89]) – qui est élu, avec 53,1 % des suffrages, face à S. Mahdi.

88Entre-temps, suite au départ de C. Michel (appelé à devenir prochainement président du Conseil européen), le gouvernement fédéral Michel II (minoritaire et en affaires courantes depuis le 18 décembre 2018) a fait place au gouvernement fédéral Wilmès I (également MR/CD&V/Open VLD, et lui aussi minoritaire et en affaires courantes) le 27 octobre 2019. Quelques mois plus tard, le 17 mars 2020, celui-ci est remplacé par le gouvernement fédéral Wilmès II (de même composition), rapidement mis sur pied dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 et ses conséquences immédiates. Le CD&V conserve ainsi trois portefeuilles ministériels à la tête de l’État, dont ceux de la Justice et de l’Intérieur.

89Alors que, au lendemain du scrutin du 26 mai 2019, le CDH a fait part de sa volonté de rester dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir (cf. supra), le CD&V souhaite pour sa part continuer à participer à un maximum de gouvernements. Son chef de file au gouvernement fédéral, Koen Geens, se positionne même un temps comme futur Premier ministre, notamment lorsqu’il est chargé d’une mission par le roi (entre le 31 janvier et le 14 février 2020). Lors des longues négociations qui se tiennent en 2019-2020 dans le but de former un nouveau gouvernement fédéral majoritaire et de plein exercice, le CD&V indique à de multiples reprises qu’il conditionne sa participation gouvernementale à la présence de la N-VA dans la future coalition (avant de finalement y renoncer). En revanche, il ne dit mot du CDH, même à partir du moment où ce parti, revenant sur sa position initiale, se présente désormais comme un partenaire de coalition potentiel.

90Il est vrai que le CD&V apparaît bien plus nécessaire à la formation d’une coalition fédérale viable que ne l’est le CDH. D’une part, sur le plan pratique, car le premier a obtenu 12 sièges à la Chambre lors des élections de 2019, contre seulement 5 sièges pour le second. D’autre part, sur le plan symbolique, car le CD&V constitue la troisième force politique néerlandophone (qui plus est derrière la N-VA, que les partis francophones ne souhaitent guère voire comme partenaire au gouvernement fédéral, et le Vlaams Belang, tenu éloigné de l’exercice du pouvoir en vertu du « cordon sanitaire » politique), tandis que le CDH n’est désormais plus que le cinquième parti dans l’espace francophone (derrière le PS, le MR, Écolo et le PTB). La participation du parti orange néerlandophone est donc bien plus convoitée par ceux qui tentent de former le futur gouvernement fédéral que ne l’est celle de son homologue francophone, ce qui contribue sans doute à expliquer que le CD&V ne noue nullement le sort du CDH au sien.

91In fine, une formule associant les deux partis socialistes (PS et SP.A), les deux partis libéraux (MR et Open VLD), les deux partis écologistes (Écolo et Groen) et le CD&V est mise sur pied le 1er octobre 2020, jour de la prestation de serment des membres du gouvernement De Croo. Une fois de plus, le CD&V est donc représenté au sein du gouvernement fédéral (sans toutefois avoir retrouvé le poste de Premier ministre) alors que le CDH demeure dans l’opposition.

4. Les similitudes entre le CDH et le CD&V

92Le CDH et le CD&V ne partagent pas seulement un passé commun (cf. supra) et une base idéologique partiellement identique (cf. infra) ; ils présentent aussi des traits qui tendent à les rapprocher. Les similitudes de leur destin électoral s’expliquent notamment par le fait que, longtemps, le CDH et le CD&V se sont positionnés comme des partis de gouvernement et ont exercé le pouvoir, ensemble, au niveau fédéral. En conséquence, c’est aussi ensemble qu’ils ont été frappés par des sanctions électorales, comme en 1999, ou en 2019 (échéance lors de laquelle, bien qu’il n’était pas membre de la coalition fédérale sortante, le CDH est néanmoins apparu comme l’un des partis ayant géré des entités fédérées depuis plusieurs législatures). Les caractéristiques sociologiques de l’électorat de chacun des partis de tradition sociale-chrétienne semblent elles aussi concorder. Une des principales explications à ce phénomène tient précisément à l’ancrage du CDH et du CD&V sur le même pôle du clivage philosophico-religieux.

4.1. Un destin électoral similaire

93Sur le plan électoral, le CDH et le CD&V tendent à suivre une évolution similaire. Alors que des travaux  [90] ont déjà mis en évidence que – à part lors des scrutins de 1978  [91], de 1987  [92] et de 1995  [93] – le PSC et le CVP ont systématiquement remporté ou perdu des voix en même temps depuis leur scission, l’analyse des résultats obtenus par le CDH et le CD&V entre 2002 et 2019 montre que la tendance se maintient globalement. À l’exception de 2014 (où le CDH perd – 0,5 % alors que le CD&V gagne + 0,7 %), les deux formations connaissent systématiquement des avancées ou reculs aux mêmes élections, même si l’ampleur des mouvements est parfois très différente (cf. Graphique 1). Les deux partis partagent par ailleurs les mêmes moments de victoire et de crise. Par exemple, lors du scrutin du 26 mai 2019, avec respectivement 3,7 % et 8,9 % des suffrages pour la Chambre des représentants, tant le CDH que le CD&V obtiennent, à nouveau, le moins bon score de leur histoire.

94En outre, le PSC/CDH et le CVP/CD&V ont longtemps pour habitude de gouverner ou d’être dans l’opposition en même temps au niveau national puis fédéral  [94]. Il faut attendre 2014 pour que cette situation ne soit plus de mise : pour la première fois, le CD&V rejoint la coalition fédérale alors que le CDH opte pour l’opposition. Cette situation se reproduit en 2020.

Graphique 1

Résultats des partis de tradition sociale-chrétienne lors des élections de la Chambre des représentants (1946-2019), au niveau national et en % des votes valables

Graphique 1. Résultats des partis de tradition sociale-chrétienne lors des élections de la Chambre des représentants (1946-2019), au niveau national et en % des votes valables

Résultats des partis de tradition sociale-chrétienne lors des élections de la Chambre des représentants (1946-2019), au niveau national et en % des votes valables

95Au-delà de l’évolution électorale des deux partis, il est à noter que les performances électorales du CDH et du CD&V sont sensiblement plus élevées lors de scrutins communaux que lors de scrutins fédéraux ou régionaux et communautaires. Cela s’explique principalement par le fait que ces formations bénéficient depuis longtemps d’un ancrage local relativement fort.

96En Flandre, au niveau communal, le CD&V totalise systématiquement le plus grand nombre de majorités absolues en voix, loin devant les autres partis. Ainsi, à l’occasion du scrutin du 14 octobre 2018, il en a décroché 23 (contre 26 en 2012 et 48 en 2006) alors qu’aucune autre formation n’en obtenait plus de 4.

97En Wallonie, si le CDH bénéficie aussi traditionnellement d’un fort ancrage local, il dispose d’un nombre de majorités absolues en voix plus faible que son parti frère et toujours bien plus faible que le PS et le MR : 2 en 2018 (contre 3 en 2006 et en 2012). Cela s’explique notamment par le fait que le nombre de communes où le CDH se présente sous son numéro régional est lui-même plus faible. Plus largement, l’évolution semble aller dans le sens d’un étiolement de l’ancrage local du parti centriste.

4.2. Une base sociologique semblable

98Alors que c’est le clivage philosophico-religieux (ou Église-État) qui est à l’origine de la naissance puis du développement des partis sociaux-chrétiens en Belgique  [95], dans quelle mesure le CDH et le CD&V sont-ils encore marqués par ce clivage aujourd’hui ?

99En 2014, la part globale d’électeurs qui se déclarent catholiques est de 54,0 %. Mais les proportions sont de 77,1 % parmi les électeurs du CDH et de 71,4 % parmi ceux du CD&V  [96], soit des pourcentages bien plus élevés que dans l’électorat de n’importe quel autre parti. Les deux formations orange conservent donc une base électorale fortement ancrée parmi les catholiques. De même, cet ancrage est de mise – et de façon plus intense encore – parmi les membres de chacun de ces partis  [97]. Cette importance de l’électorat catholique et du militantisme catholique tant au sein du CDH que du CD&V pose un défi commun de taille à ces deux formations politiques : à l’heure où le clivage philosophico-religieux semble « pacifié »  [98] – bien qu’il n’ait pas disparu – et que la société semble avoir suivi la voie de la sécularisation  [99], ces partis ne risquent-ils pas de voir leurs bases électorale et militante disparaître ou se réorienter politiquement vers des formations politiques plus clairement axées selon un clivage davantage structurant à l’heure actuelle ?

100Au-delà de leur proximité avec la religion catholique, les électorats du CDH et du CD&V conservent certains traits sociologiques communs. En termes de niveau d’éducation (cf. Tableau 4), alors que les partis socialistes mobilisent principalement les catégories de la population qui disposent d’un moindre degré d’enseignement (en 2014, 24,9 % des électeurs du PS et 21,4 % des électeurs du SP.A ne disposent d’aucun diplôme ou d’un diplôme d’études primaires), et alors que les libéraux et les écologistes attirent au contraire les catégories de la population les plus diplômées (en 2014, 41,9 % des électeurs du MR et 44,5 % des électeurs de l’Open VLD sont détenteurs d’un diplôme de l’enseignement supérieur, de même que 52,6 % des électeurs d’Écolo et 44,6 % des électeurs de Groen), tant le CDH que le CD&V attirent un électorat qui se situe dans une fourchette intermédiaire, reflétant ainsi davantage le profil de la population belge dans son ensemble  [100].

Tableau 4. Diplôme le plus élevé des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014, par parti (Belgique)

Tableau 4. Diplôme le plus élevé des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014, par parti (Belgique)

Tableau 4. Diplôme le plus élevé des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014, par parti (Belgique)

Source : D’après K. Deschouwer, J.-B. Pilet, É. van Haute, « Party Families in a Split Party System », in K. Deschouwer (dir.), Mind the Gap. Political Participation and Representation in Belgium, Londres, ECPR Press, 2017, p. 101.

101Tout comme pour le niveau de diplôme, l’électorat du CDH et du CD&V reflète également le profil moyen de la population belge en termes de genre (cf. Tableaux 5 et 6). Alors que les partis socialistes (au sud comme au nord du pays) bénéficient proportionnellement d’un vote plus important de la part d’un électorat féminin, les électeurs masculins votent proportionnellement davantage pour les partis libéraux. Tant au CDH qu’au CD&V, la structure de l’électorat en termes de genre est plus équilibrée : ces deux partis attirent tant un public masculin qu’un public féminin  [101].

Tableau 5. Genre des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014, par parti (Wallonie)

Tableau 5. Genre des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014,  par parti (Wallonie)

Tableau 5. Genre des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014, par parti (Wallonie)

Source : D’après A. Vandeleene, K. Celis, S. Erzeel, E. Severs, « Genre et intérêts politiques », in K. Deschouwer, P. Delwit, M. Hooghe, P. Baudewyns, S. Walgrave (dir.), Décrypter l’électeur. Le comportement électoral et les motivations de vote, Louvain, Lannoo Campus, 2015, p. 283.

Tableau 6. Genre des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014, par parti (Flandre)

Tableau 6. Genre des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014, par parti (Flandre)

Tableau 6. Genre des électeurs lors du scrutin fédéral du 25 mai 2014, par parti (Flandre)

Source : D’après A. Vandeleene, K. Celis, S. Erzeel, E. Severs, « Genre et intérêts politiques », op. cit., p. 283.

102Enfin, l’électorat du CDH et du CD&V se distingue aussi de l’électorat d’autres formations politiques sur un autre plan. En effet, c’est parmi les électeurs du CDH et du CD&V que le degré de satisfaction envers le fonctionnement actuel de la démocratie est le plus élevé  [102]. À l’inverse, ce sont les électeurs du Vlaams Belang ou du PTB qui expriment le plus faible niveau de satisfaction.

5. Les différences entre le CDH et le CD&V

103Au-delà (et en dépit) des caractéristiques communément partagées par le CDH et le CD&V, des différences majeures existent entre eux, qui tendent même à être approfondies. Ces différences tiennent à l’identité mais aussi à l’idéologie sur laquelle repose chacun des deux partis. Par ailleurs, l’ancrage de ces formations dans le pilier chrétien diffère de façon substantielle.

104L’étude de ces différences permet de mieux saisir les raisons pour lesquelles, alors qu’ils font partie d’une même famille politique, le CDH et le CD&V ont des relations qui se sont considérablement amenuisées dans le temps.

5.1. Une différence identitaire et idéologique

105L’argument idéologique est régulièrement mobilisé pour expliquer la nature des liens entre le CDH et le CD&V, ainsi que l’évolution de ces liens. Mais le CDH et le CD&V partagent-ils vraiment une idéologie commune ? Et quelles sont les différences idéologiques essentielles entre ces deux formations politiques ?

106Tout d’abord, il importe de souligner l’évolution contrastée qu’ont connue chacun des deux partis au regard de leur propre identité depuis le début du XXIe siècle. En effet, alors que le CD&V conserve la référence chrétienne dans sa dénomination même, tel n’est plus le cas du CDH. Lors de la conférence de presse tenue à Bruxelles le 24 avril 2001, le PSC annonçait ainsi : « À l’heure où la société civile est devenue pluraliste et où les nouvelles générations ne se reconnaissent plus dans les cloisonnements d’antan, nous devons, sans renier notre âme, assurer la déconfessionnalisation du parti en participant activement à un vaste processus d’ouverture et en défendant un projet politique qui soit autant adapté à l’idéal des croyants qu’aux attentes de ceux qui ne le sont pas mais qui partagent une vision exigeante de l’homme »  [103]. Depuis 2002, toute référence au christianisme ou au catholicisme a ainsi disparu des différents programmes électoraux du CDH. À l’inverse, le CD&V continue à revendiquer la défense de valeurs sociales-chrétiennes dans chacun de ses programmes électoraux.

107Afin d’évaluer la proximité idéologique entre le CDH et le CD&V, les programmes électoraux de ces deux partis sont étudiés grâce aux données du Manifesto Project [104] (cf. Tableau 7). Cette analyse permet de découvrir l’importance accordée (positivement ou négativement) par les partis politiques à un ensemble de 56 thématiques dans leurs programmes électoraux respectifs et de mettre en évidence des corrélations entre ces programmes  [105]. Ce type d’analyse s’avère particulièrement pertinent en Belgique, dans un système politique où les programmes électoraux des partis sont caractérisés par le large spectre de thématiques abordées  [106]. Le tableau 7 synthétise les corrélations mises au jour.

Tableau 7. Proximité idéologique du PSC/CDH et du CVP/CD&V (1968-2010), sur la base des programmes électoraux pour les élections législatives/fédérales

Tableau 7. Proximité idéologique du PSC/CDH et du CVP/CD&V (1968-2010), sur la base des programmes électoraux pour les élections législatives/fédérales

Tableau 7. Proximité idéologique du PSC/CDH et du CVP/CD&V (1968-2010), sur la base des programmes électoraux pour les élections législatives/fédérales

Tableau réalisé avec Régis Dandoy (ULB).

108Une corrélation positive est repérée entre les programmes électoraux des ailes francophone et néerlandophone du PSC-CVP (en 1968 et en 1971), puis entre ceux du PSC et du CVP (de 1974 à 1999), et enfin entre ceux du CDH et du CD&V. Cette corrélation est par ailleurs significative – hormis en 1971  [107] –, ce qui signifie que les thématiques des programmes électoraux des deux formations sont assez proches, et ce depuis que le PSC-CVP s’est scindé de facto. Des évolutions s’observent néanmoins dans le temps. La proximité idéologique entre les deux partis est la plus importante en 1995 (R = .8891) et la moins importante en 1968 (R = .5473)  [108] et en 1985 (R = .5954), années par ailleurs caractérisées par de fortes tensions entre le PSC et le CVP. Bien que les données ne soient pas disponibles pour 2014 et 2019, une tendance à la distanciation idéologique se repère néanmoins depuis 1991. Certes toujours positive et significative, la corrélation est très forte en 1991 et 1995, un peu moins en 1999 et 2003, puis encore moins en 2007 et 2010. Rappelons que, du début des années 2000 et jusque 2007 au moins, les relations entre le CDH et le CD&V ont été fort tendues (cf. supra). Le tableau 7 tend à prouver que ces tensions n’ont pas été qu’interpersonnelles, mais ont aussi pu avoir des origines ou, au contraire, des retombées idéologiques. Toutefois, il est à noter que la situation prévalant en 2007 et en 2010 est similaire à celle qui avait cours entre 1977 et 1987.

109Dans le cadre de la réalisation d’un test électoral élaboré par l’Université catholique de Louvain (UCLouvain) et l’Universiteit Antwerpen (UAntwerpen) à la veille du scrutin multiple du 26 mai 2019, des chercheurs ont tenté de situer les partis politiques belges le long de deux axes sur la base de leur programme électoral respectif : un axe d’ordre socio-économique (fiscalité, pensions, etc.) et le second d’ordre culturel (immigration, etc.)  [109]. Il en ressort un constat percutant en termes de liens idéologiques entre le CDH et le CD&V. Alors que le CDH est situé à gauche sur chacun de ces axes, le CD&V est plutôt situé à droite sur chacun d’entre eux (même si sa position est très proche du centre). Les deux partis orange constituent la seule famille politique dont les membres ne se situent pas dans le même quadrant du graphique. Cette analyse de leurs programmes respectifs montre donc qu’un réel fossé doctrinal et idéologique existe aujourd’hui entre le CDH et le CD&V.

110Deux thématiques majeures éloignent tout particulièrement les deux partis. Il s’agit d’abord des questions communautaires. Alors qu’il vient de soutenir la cinquième réforme de l’État que le CD&V a refusé d’appuyer (cf. supra), le CDH s’oppose dès sa fondation en 2002 à toute nouvelle réforme institutionnelle. Déjà quelques années auparavant, le PSC avait fait connaître sa volonté de ne pas négocier de nouvelle réforme de l’État, comme en atteste le discours prononcé par le président du parti, P. Maystadt, lors d’un congrès tenu à Namur le 22 février 1999 : « Les Flamands doivent savoir que, s’ils prennent le risque de lancer une négociation sur une nouvelle réforme institutionnelle qui viserait à modifier les équilibres fondamentaux de notre État, nous serons en mesure de résister longtemps »  [110]. À l’inverse et au même moment, le CD&V oriente davantage son programme électoral sur l’enjeu communautaire, réclamant une sixième réforme de l’État et l’instauration du confédéralisme. Ayant chacun subi un revers électoral sans précédent en 1999 et se retrouvant dans l’opposition pour la première fois depuis 1958, les deux partis tentent de se réinventer ; pour le CD&V, cela passe par une réorientation majeure du parti sur le clivage communautaire. Il devient en effet difficile pour le CD&V – parti centriste – de mener une opposition crédible face à un gouvernement rassemblant la droite et la gauche et adoptant des décisions de compromis à caractère centriste. En outre, le CD&V profite de la scission de la Volksunie (qui avait obtenu 8,8 % des suffrages exprimés en Flandre lors du scrutin fédéral de 1999), en 2001, pour tenter de récupérer l’électorat de ce parti. De nouvelles tensions se créent dès ce moment entre les deux partis orange, dans la foulée des tensions déjà provoquées à la suite du vote par le PSC des accords dits du Lambermont et du Lombard en 2001 (cf. supra). Cette distinction idéologique se matérialise notamment à travers la création d’un cartel entre le CD&V et la N-VA en vue des élections régionales, communautaires et européennes du 13 juin 2004. À ce moment, la différence idéologique sur l’enjeu communautaire est nettement marquée et toute collaboration entre le CDH et le CD&V est rendue compliquée. L’allié du CDH n’est alors plus tant le CD&V que d’autres partis francophones. Si les tensions s’apaisent entre 2007 et 2010 – période durant laquelle le CDH et le CD&V gouvernent ensemble au niveau fédéral –, elles reprennent d’autant plus en 2010 lors de la négociation de la sixième réforme de l’État, et particulièrement lors de la négociation de la scission de la circonscription électorale de Bruxelles–Hal–Vilvorde (BHV)  [111].

111Les divergences en matière communautaire entre le CDH et le CD&V se propagent à d’autres enjeux, moins directement liés aux questions institutionnelles. Il en va par exemple ainsi de questions en matière de sécurité sociale. Cela tient au fait qu’une méfiance s’installe progressivement entre les deux partis frères quant au positionnement qu’ils peuvent adopter et à la volonté prêtée au CD&V par le CDH de vouloir faciliter la défédéralisation de certaines compétences  [112].

112La deuxième thématique majeure qui tend à éloigner le CDH et le CD&V est d’ordre socio-économique. Sur cet enjeu, « le CDH est parfois plus proche du SP.A que du CD&V »  [113]. En effet, « le CDH est plus à gauche que le CD&V »  [114], ce qu’avait d’ailleurs illustré une interview commune de W. Beke et de C. Michel, alors respectivement présidents du CD&V et du MR, au début de l’année 2014  [115]. Pour sa part, le CD&V est « plus proche du MR que du CDH »  [116]. Entre 2014 et 2019, les tensions idéologiques entre les deux partis sont des plus vives, le CD&V ayant accepté de négocier – contrairement au CDH – un programme de gouvernement avec la N-VA, le MR et l’Open VLD. En conséquence, la majorité des mesures socio-économiques adoptées par le gouvernement dont fait partie le CD&V (gouvernement Michel I, puis gouvernement Michel II) rencontre l’opposition du CDH. Sur le volet socio-économique, les deux partis orange éprouvent dès lors des difficultés à « créer des ponts sérieux »  [117].

113En somme, alors que les deux partis sont unis par leur appartenance à une famille politique commune, ils se caractérisent aussi par des préférences idéologiques distinctes, voire divergentes. Cela a notamment pour conséquence que le fait d’afficher une proximité avec le parti frère peut s’avérer être une « arme à double tranchant »  [118] puisque le CD&V peut véhiculer une image plus négative pour l’électorat du CDH et, à l’inverse, le CDH peut bénéficier d’une image moins positive auprès des électeurs du CD&V. L’un de nos interlocuteurs, membre du CDH, indique : « Mais pourquoi (…) faire un combat pour être proche du CD&V qui, de temps en temps, va nous taper dessus d’un point de vue institutionnel, qui est plus à droite, qui a la N-VA dans ses baskets ? Pourquoi aller se mettre mal pour un parti qui n’est pas le nôtre ? (…) Au CD&V, dès qu’ils pouvaient nous taper dessus, ils le faisaient »  [119].

114Cette difficulté explique en partie pourquoi les appels lancés de part et d’autre de la frontière linguistique en faveur de davantage d’unité entre le CDH et le CD&V – par exemple lors d’une interview commune de M. Prévot et W. Beke, alors respectivement présidents du CDH et du CD&V, à La Libre Belgique en mai 2019  [120] – ne sont pas toujours très manifestes et pourquoi la volonté de travailler de concert ne se traduit pas systématiquement par des rapprochements concrets.

5.2. Des rapports variés avec le pilier chrétien

115La distanciation croissante entre le CDH et le CD&V peut-elle être comprise par le prisme d’un ancrage potentiellement différent des deux formations au sein du pilier chrétien ? Alors que le CDH a renoncé à son identité chrétienne dès 2002, le CD&V conserve cette référence à la chrétienté dans son appellation même. Cette évolution traduit-elle une évolution des rapports de ces partis avec le pilier chrétien  [121] ?

5.2.1. Les rapports du CDH avec le pilier chrétien en Belgique francophone

116Du côté francophone, les relations entre le CDH et le pilier chrétien – dont le Mouvement ouvrier chrétien (MOC)  [122] est la principale incarnation  [123] – sont assez distantes. Nettement plus en tout cas que, du côté néerlandophone, entre le CD&V et ce même pilier (cf. infra).

117Dès 1972, dans un contexte marqué par le succès de nouveaux partis tels que le FDF ou le RW  [124], le MOC et les sections francophones de la CSC décident de diversifier leurs relais politiques  [125]. Des représentants du MOC ou des mandataires issus du MOC intègrent ainsi le FDF et le RW. En conséquence, en 1977, le comité exécutif du MOC crée une Fondation politique afin de faciliter la concertation entre ses cadres et ses militants actifs au PSC, au PS, au FDF et au RW ; la mission de cette Fondation est de décider des stratégies politiques du MOC  [126]. À cette époque cependant, la grande majorité des cadres et militants du MOC restent proches du PSC (principalement de la Démocratie chrétienne  [127], c’est-à-dire la tendance qui incarne l’aile gauche du PSC  [128]).

118En 1981, les relations entre le MOC et le PSC se détériorent à la suite de la formation d’une coalition entre les partis sociaux-chrétiens et les partis libéraux (gouvernement Martens V). Le MOC regrette alors l’adoption d’un ensemble de mesures qui, selon lui, favorisent les indépendants, les professions libérales et les détenteurs de capitaux au détriment des ouvriers, réduisent de façon disproportionnée le pouvoir d’achat des assurés sociaux et n’assurent pas la promotion de l’emploi  [129]. Ces tensions accroissent la distance entre le MOC et le PSC, et confortent le MOC dans sa volonté de se doter d’un nouveau relais politique. Est ainsi créé, en 1982 et à l’initiative du MOC, le parti Solidarité et participation (SeP)  [130]. Toutefois, celui-ci ne parvient pas à prendre son envol et connaît un échec lors du scrutin législatif de 1985. Durant les années 1987-1988, les militants de SeP et d’Écolo se rapprochent, avant que ce dernier parti n’« absorbe » SeP  [131].

119Un autre événement qui renforce le pluralisme politique du MOC est l’arrivée à sa tête de François Martou, en 1988. Rappelant régulièrement que « eux c’est eux, nous c’est nous »  [132], le nouveau président entend concrétiser le pluralisme politique en développant d’étroites relations non plus seulement avec le PSC, mais aussi avec le PS et Écolo. Proche de personnalités comme Philippe Busquin (PS) et Jacky Morael (Écolo), il parvient à tisser de nombreux liens avec ces autres formations politiques. Dans les années 1990, le MOC se retrouve à nouveau renforcé dans sa volonté de maintenir son pluralisme politique à la suite de la réalisation d’un sondage auprès de ses militants visant à connaître leur rapport à la politique. Alors qu’un tiers des répondants indique « ne jamais avoir pensé à être affilié à un parti politique » et qu’un tiers indique « y avoir parfois pensé, sans toutefois avoir franchi le pas », un tiers des membres exprime une sympathie claire pour un parti politique. Parmi ceux-ci, 40 % se sentent proches du PSC, 40 % d’Écolo et 20 % du PS, du FDF ou de la gauche radicale  [133]. Les résultats de ce sondage renforcent donc la ligne pluraliste adoptée par le MOC et son président.

120Enfin, particulièrement depuis le début des années 2000 et contrairement à ce qui se passe au nord du pays avec l’ACW/beweging.net  [134], un certain nombre de cadres et représentants du MOC rejoignent le PS ou Écolo, au sein de cabinets ministériels ou sur des listes de candidats aux élections. Ainsi, Thierry Jacques – secrétaire politique du MOC de 1999 à 2005 et président du MOC de 2005 à 2013 – devient conseiller à la cellule stratégique de la vice-Première ministre et ministre de la Justice, Laurette Onkelinx (PS), chargé des matières sociales et de l’emploi, de septembre 2003 à juin 2005. En 2005, Alda Greoli, alors directrice du département socio-éducatif de l’Alliance nationale des mutualités chrétiennes (ANMC, dont elle deviendra secrétaire nationale en 2006), intègre elle aussi le cabinet de L. Onkelinx, en tant que conseillère pour les matières de sécurité sociale, d’emploi, de pension et de santé  [135]. Quant à lui, F. Martou – président du MOC de 1988 à 2005 – rejoint le PS en 2007, en présentant sa candidature sur les listes socialistes au Sénat, sans être élu. À cette occasion, le MOC rappelle d’ailleurs son indépendance vis-à-vis du monde politique : « Le Mouvement ouvrier chrétien (…) rassemble et est le porte-parole d’organisations du monde populaire et ouvrier. Il est donc un mouvement social, progressiste et de gauche : un mouvement non pas apolitique mais indépendant des partis politiques, et qui mène une action pluraliste. Le MOC entend donc travailler avec l’ensemble des partis et des acteurs politiques susceptibles de faire progresser les causes qui lui sont chères : promouvoir les droits humains et renforcer l’égalité entre tous, défendre et renforcer la sécurité sociale, développer la solidarité – notamment par une fiscalité juste –, approfondir la démocratie, promouvoir le développement durable. À cette fin, les interlocuteurs naturels et privilégiés du MOC sont Écolo, le CDH et le PS. C’est prioritairement avec ces trois partis que le Mouvement ouvrier chrétien veut continuer à construire une société plus juste, plus solidaire, plus durable. Comme par le passé, le MOC continuera à refuser d’en privilégier l’un au détriment des autres, car cela reviendrait à limiter dangereusement ses capacités d’action et de changement au bénéfice de toutes et de tous »  [136].

121Pour le MOC et les organisations qui le constituent – dont, au premier rang, le syndicat et la mutualité –, le pluralisme politique est une manière d’élargir les relais politiques, particulièrement dans un contexte marqué par le déclin électoral du CDH au sud du pays. Le renforcement de ce pluralisme par l’intégration de personnes issues du pilier chrétien au sein de cabinets ministériels autres que CDH se réalise de deux façons. Tantôt, cela passe par une procédure formelle à l’issue de laquelle des cadres du MOC – comme T. Jacques – sont envoyés « en mission », pour le compte du MOC, au sein de ces cabinets. Dans ces cas, les nouveaux conseillers ministériels bénéficient d’un congé sans solde.

122Il s’agit pour le MOC d’élargir ses contacts afin d’accroître son pouvoir d’influence. Tantôt, ce départ pour des cabinets se réalise de façon plus indépendante de la part de certains cadres du MOC. Tel est le cas de Nicolas Roelens, attaché de presse au MOC et rédacteur en chef de la revue Démocratie, qui devient en 2019 porte-parole de la secrétaire d’État bruxelloise et ministre-présidente de la Commission communautaire française (COCOF) Barbara Trachte (Écolo).

123À la suite du scrutin du 26 mai 2019, la direction du CDH annonce qu’elle entend s’émanciper du pilier chrétien et de ses organisations  [137]. Le président du parti, M. Prévot, indique lui-même dans la presse : « [Resserrer les liens avec le pilier chrétien] n’est pas ma priorité ! Cela fait longtemps que ce pilier ne considère plus qu’entretenir des liens forts avec nous est prioritaire. Ces dix derniers jours, alors qu’était déjà apparue dans la presse l’idée qu’on puisse choisir l’opposition, je n’ai pas reçu un seul coup de téléphone de quiconque des institutions chrétiennes historiques, MOC, CSC, Mutualité chrétienne, SEGEC ou autre pour nous dire de manière informelle que l’olivier  [138] leur plairait bien (…). La solution pour nous ne passera pas par une reconquête sur les terres chrétiennes »  [139].

124Cette posture adoptée par le CDH est confirmée à moult reprises dans les mois qui suivent, notamment lors du congrès de refondation tenu à Namur le 11 janvier 2020. Le 13 janvier 2020, répondant à une question posée par un journaliste de La Première (RTBF),

125M. Prévot indique par ailleurs que « le fait religieux ou philosophique ne doit pas être ce qui structure la politique demain ». Ces déclarations marquent une distanciation plus forte encore entre le CDH et le pilier chrétien ; cette fois en outre, cette prise de distance n’émane pas du MOC mais du CDH lui-même.

126En somme, c’est donc par le concours d’une multitude d’acteurs (présidence du MOC, fédérations régionales du MOC, partis tiers, personnes individuelles du PSC/CDH puis parti lui-même) que les liens entre le MOC et le PSC/CDH se sont distendus au fil du temps. Aujourd’hui, il ne subsiste que bien peu des relations qui unissaient autrefois le MOC et ses organisations au parti social-chrétien au sud du pays. Cela n’exclut certes pas que des relations privilégiées subsistent (comme le montrent les parcours politiques d’A. Greoli  [140], de Claude Rolin  [141], de Josly Piette  [142] ou d’Ariane Estenne  [143]), mais celles-ci sont essentiellement interpersonnelles et ne sont pas exclusives, de telles relations existant aussi entre des représentants du MOC et des représentants d’autres formations politiques. En définitive, cette évolution traduit et implique tout à la fois une certaine réduction du pouvoir d’influence du MOC sur le CDH et, inversement, une réduction de l’apport du MOC au CDH, notamment en termes électoraux.

127Durant la même période, les liens du PSC/CDH avec d’autres organisations du pilier chrétien ont également eu tendance à se distendre au fil du temps. Si des figures telles que Jean-Pierre Grafé ou R. Fournaux ont longtemps incarné les contacts privilégiés du parti avec l’Union des classes moyennes (UCM), celle-ci s’est tournée de manière croissante vers le PRL puis le MR. La concurrence entre sociaux-chrétiens et libéraux a aussi marqué les relations avec le monde agricole. Quand elle a quitté la direction de la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA) en 2003, et alors qu’elle avait travaillé jadis dans le cabinet du ministre wallon PSC Guy Lutgen, c’est sous la bannière du MR que Sabine Laruelle est devenue ministre fédérale (de juillet 2003 à octobre 2014)  [144].

128De même, si le PSC/CDH a longtemps constitué un relais politique d’importance pour le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SEGEC) en matière d’enseignement, et même si le CDH considère toujours être le relais de l’enseignement libre confessionnel, un phénomène de distanciation marque ces deux acteurs. Celui-ci doit être compris notamment à l’aune d’un processus d’institutionnalisation progressive des rapports du SEGEC avec l’autorité publique (qui voit le SEGEC avoir désormais une relation directe avec le gouvernement de la Communauté française, et non plus indirecte par l’intermédiaire du parti)  [145].

129En 1988, lorsque la communautarisation de l’enseignement est décidée, c’est le PSC lui-même qui défend l’enseignement catholique en négociant l’inscription dans la Constitution (en son article 24) du principe d’égalité de traitement entre les élèves. En 2001, J. Milquet – alors présidente du CDH – négocie les accords dits de la Saint-Boniface dans la foulée des accords dits de la Saint-Polycarpe afin d’assurer un meilleur financement des réseaux subventionnés en Belgique francophone. Ce volet de la cinquième réforme de l’État obtenu par le CDH (en contrepartie d’autres mesures) profite non seulement à l’enseignement catholique, mais bénéficie également au réseau officiel. Le rôle du SEGEC dans ce processus décisionnel a été capital puisque c’est sur la base d’une étroite collaboration entre le centre d’étude du parti (le CEPESS) et le SEGEC que cette position a été formulée puis défendue par J. Milquet  [146].

130Le 20 juillet 2006, un décret de la Communauté française instituant un comité de concertation entre les pouvoirs publics et les pouvoirs organisateurs est promulgué. Celui-ci amorce une modification profonde des relations entre les pouvoirs organisateurs et les partis – et spécifiquement entre le SEGEC et le CDH – puisqu’il renforce l’autonomie des pouvoirs organisateurs et accroît leur pouvoir. Désormais, plutôt que de s’adresser à un relais politique dans un parti ou dans plusieurs partis pour régler un problème, le rapport se construit de manière institutionnelle entre les fédérations de pouvoirs organisateurs et le gouvernement de la Communauté française  [147]. En outre, dans les années ultérieures, c’est dans le sens d’une institutionnalisation de négociations tripartites d’accords sectoriels (et non plus bipartites, à savoir entre les autorités publiques et les syndicats) que la législation évolue  [148]. À travers le décret du 15 décembre 2010, le SEGEC et les autres pouvoirs organisateurs accroissent encore un peu plus leur autonomie par rapport à leurs relais politiques historiques, pour alors agir directement lors de négociations. En 2014, cette évolution s’amplifie davantage encore à travers une méthode de travail renouvelée qui s’inscrit dans le cadre du Pacte pour un enseignement d’excellence. Il s’agit, pour les autorités publiques, de faire participer activement les pouvoirs organisateurs – parmi d’autres acteurs – aux processus décisionnels. Contrairement au Pacte scolaire de 1958 (qui était le résultat d’une négociation entre partis politiques), le Pacte pour un enseignement d’excellence est conclu entre des organisations représentatives, mais sous l’égide de l’autorité publique  [149].

131Globalement, ces évolutions consacrent l’autonomisation du SEGEC – ainsi que des autres pouvoirs organisateurs, d’ailleurs – par rapport aux partis politiques, dont le CDH. Alors que le PSC/CDH était historiquement son relais politique, le SEGEC voit sa capacité d’influence directe renforcée (certes avec l’aide du CDH qui, à travers son rôle au sein du Parlement ou du gouvernement de la Communauté française, agit en ce sens). Dès lors, le relais que constitue le CDH semble moins capital pour le SEGEC dans le temps (d’autant que le poids du CDH sur la scène politique tend à s’amenuiser structurellement d’élection en élection, réalité à laquelle le SEGEC a tâché de s’adapter)  [150].

5.2.2. Les rapports du CD&V avec le pilier chrétien en Belgique néerlandophone

132À sa fondation en 1945, le PSC-CVP s’était donné pour vocation d’être un parti de masse déconfessionnalisé, c’est-à-dire un parti ouvert aux croyants comme aux non-croyants et promouvant le personnalisme. Néanmoins, l’aile néerlandophone du parti puis le CVP ont longtemps conservé un ancrage fort au sein du pilier chrétien à travers les standen. En conséquence de l’importance numérique de l’aile néerlandophone du mouvement ouvrier chrétien – Algemeen Christelijk Werkersverbond (ACW) jusqu’en 1985, puis Algemeen Christelijk Werknemersverbond (même sigle) jusqu’en 2014, puis beweging.net depuis lors  [151] –, cette section est principalement consacrée à ce stand.

133Au sein de l’ACW, des réflexions commencent à émerger dès les années 1970, qui questionnent le lien jusqu’alors évident entre le mouvement et le CVP. Ces réflexions sont nourries par l’exemple du MOC qui, du côté francophone, opte pour le pluralisme politique dès 1972 (cf. supra). Organisé en 1979, un congrès intitulé « Welzijn in solidariteit » offre aux membres de l’ACW la possibilité de se prononcer sur le futur politique du mouvement  [152]. Quatre possibilités sont alors proposées : renforcer de façon drastique les liens avec le CVP, opter pour le pluralisme politique, fonder un parti ouvrier chrétien ou joindre leurs forces avec les socialistes pour fonder un parti ouvrier progressiste et pluraliste. D’intenses débats ont lieu lors de ce congrès, au terme duquel une grande majorité des membres se prononce en faveur du renforcement des liens avec le CVP. Ce choix s’explique par le fait que nombre de militants de l’ACW sont des mandataires CVP ; ils entendent ainsi renforcer leur position au sein du parti. Par ailleurs, le pluralisme politique en faveur duquel le MOC s’est prononcé sept ans auparavant est perçu comme amoindrissant le pouvoir d’influence de celui-ci. Beaucoup de membres de l’ACW considèrent donc que ce choix du MOC est davantage un contre-exemple qu’un exemple à suivre.

134En 1986, un autre congrès n’en est pas moins organisé pour, à nouveau, questionner le rapport de l’ACW au politique. Les quatre mêmes options sont proposées aux participants. Si le vote demeure largement favorable au renforcement les liens avec le CVP, les débats sont toutefois plus intenses, principalement pour des raisons d’ordre idéologique. En effet, les difficultés économiques provoquées par les chocs pétroliers des années 1970 ont conduit le gouvernement national (les coalitions dites Martens-Gol, de 1981 à 1987) à adopter des mesures politiques considérées par certains à l’intérieur du mouvement comme étant davantage libérales ou néolibérales  [153]. Étant donné la position dominante du CVP au sein des gouvernements successifs, la responsabilité de l’adoption de ces mesures politiques lui est donc parfois directement imputée.

135Il faut attendre le congrès de 1995 pour que l’ACW décide de renforcer son autonomie à l’égard du CVP, dans un contexte notamment marqué par l’adoption du plan global présenté par le Premier ministre, J.-L. Dehaene, visant à réduire les dépenses publiques et à augmenter les recettes de l’État  [154]. À ce moment, l’ACW estime que son objectif est d’influencer les décisions politiques à travers le CVP mais aussi par le biais d’autres partis. L’organisation entend ainsi élargir ses relais politiques : « L’ACW ne peut être assimilé à un parti politique. Un parti n’est pas un mouvement social. Nous disons aujourd’hui qu’il est normal que nos instances, en accord avec la base, puissent prendre des décisions et même des actions qui ne soient pas favorables au CVP. Dans le passé, le fait que cela pouvait causer des problèmes dans les relations amicales avec le CVP a parfois pesé lourd. Maintenant, nous devons quelque peu nous affranchir »  [155].

136Des mandataires – dont il est précisé qu’ils sont de préférence issus du CVP – sont toutefois reconnus par l’ACW comme étant des partenaires politiques privilégiés. Un contrat est alors signé entre ces mandataires et l’ACW. La précision relative à l’appartenance politique des mandataires de l’ACW a son importance puisqu’elle ouvre la voie au développement de contacts avec d’autres formations politiques, essentiellement le SP et Agalev  [156]. Ces contacts se matérialisent principalement à partir de 1999, lorsque le CVP est relégué dans l’opposition. Ils ne sont par ailleurs pas sans provoquer quelque tension entre l’ACW et le CVP. Ainsi, les mandataires de l’ACW au sein du CD&V déplorent que des documents produits par les services d’étude de l’ACW, de la CSC et des Mutualités chrétiennes soient également communiqués aux parlementaires du SP et d’Agalev  [157].

137En 2004, alors que la perspective d’un cartel entre le CD&V et la N-VA est évoquée, l’ACW fait part de ses craintes au CD&V (cf. supra). Le président de l’ACW, Jan Renders, indique ainsi que la constitution d’un tel cartel risque de droitiser davantage le CD&V  [158]. Néanmoins, au début de l’année 2004 et malgré cette mise en garde, un accord de cartel est tout de même signé entre le CD&V et la N-VA. La position de l’ACW ne semble donc pas avoir pesé de manière déterminante dans le processus décisionnel interne au parti du pilier chrétien.

138Jusqu’à la fin des années 1990, l’ACW ainsi que les autres standen flamands exercent encore un rôle décisif dans la sélection du personnel politique à travers la confection des listes de candidats du CVP pour les élections. Ainsi, les premières places des listes sont occupées alternativement par des candidats désignés par l’ACW, le NCMV, le Boerenbond et des « sans-famille », c’est-à-dire des personnes qui n’ont pas de liens formels avec les standen. De telles opérations de confection des listes de candidats conduisent d’ailleurs à des tensions au sein du parti, particulièrement dans les circonscriptions électorales où le nombre de places éligibles est restreint  [159]. En 1995, alors que seuls 11 % des parlementaires du CVP ne reçoivent l’appui d’aucun groupe, ils sont 49 % à appartenir à l’ACW, 22 % au NCMV et 15 % au Boerenbond  [160]. De nos jours, le rôle formel exercé par ces standen en matière de sélection des candidats est différent  [161], et ce depuis le scrutin de 1999, qui s’est traduit par un revers électoral historique pour le CVP et par son renvoi dans l’opposition pour la première fois depuis 1958.

139Dans la foulée des élections de 1999, un congrès de renouveau est organisé par le CVP afin d’offrir une nouvelle assise programmatique mais aussi organisationnelle au parti. En 2001, ce dernier change alors de nom et devient le CD&V, oriente davantage son programme sur des questions d’ordre communautaire (prônant le confédéralisme) et entend réduire le rôle des standen en son sein. Le CVP considère en effet qu’il est important d’élargir sa base électorale puisque les standen deviennent, selon ses représentants, de moins en moins capables de mobiliser leurs membres et militants en faveur du parti. Par ailleurs, les standen tendent à s’opposer à la nouvelle orientation idéologique du CD&V, à savoir le confédéralisme ; ces standen sont favorables à un système de sécurité sociale organisé au niveau national  [162].

140En 2000, et alors que le CVP vient d’être relégué dans l’opposition, les rapports privilégiés entretenus entre le CVP et le Boerenbond sont à leur tour questionnés  [163]. Le président du Boerenbond, Noël De Visch, indique ainsi : « Nous avons besoin de contacts politiques, mais cela peut se faire avec des parlementaires du CVP à titre individuel ou même avec des membres d’autres partis »  [164]. Dans son programme politique de 2014, le Boerenbond relève par ailleurs explicitement qu’il s’adresse à l’ensemble des partis démocratiques néerlandophones  [165]. Il n’entend donc plus entretenir des liens exclusifs avec le CD&V. La trajectoire vers une autonomisation (mais non pas une indépendance) accrue qui est suivie par l’ACW dès la moitié des années 1990 semble donc également prévaloir au sein du Boerenbond.

141Si l’ACW et le Boerenbond n’optent jamais formellement pour le pluralisme politique, la NCMV opère un changement de nom en 2000 et se rebaptise Unie van Zelfstandige Ondernemers (UNIZO, Union des entrepreneurs indépendants). Au même moment, l’UNIZO rompt formellement ses liens privilégiés avec le CD&V, considérant qu’il s’agit là d’une possibilité d’élargir le spectre des contacts politiques face au déclin électoral du parti orange.

142Malgré cette autonomisation accrue ou cette indépendance nouvelle des standen à l’égard du CD&V, des liens informels forts demeurent entre le parti et les organisations du pilier chrétien  [166]. Ainsi, si la représentation des standen dans les groupes parlementaires du CD&V est désormais plus difficile à évaluer étant donné l’apparente réduction du rôle de ces standen dans le sein de ceux-ci, des indicateurs permettent d’établir que des liens forts demeurent, non seulement avec les groupes parlementaires mais également avec la base militante. Tout d’abord, les standen continuent activement de prendre des contacts avec un certain nombre de candidats du CD&V avant un scrutin pour leur proposer un « parrainage »  [167]. Concrètement, cela signifie que le candidat parrainé bénéficie du soutien – électoral mais aussi en termes d’apport de compétences sur certains dossiers – d’un ou plusieurs standen en échange d’une attention de sa part aux idées défendues par ces standen. Ensuite, le stand historiquement le plus important du CD&V, à savoir beweging.net, continue à bénéficier d’un nombre élevé de membres au sein des fractions parlementaires du CD&V, à savoir qu’environ la moitié des actuels parlementaires du CD&V sont aujourd’hui membres de beweging.net (5 sur 12 à la Chambre des représentants, 9 sur 17 au Parlement flamand et 1 sur 2 au Parlement européen)  [168], soit une proportion qui reste intacte depuis plusieurs décennies  [169], même si elle est moins institutionnalisée qu’auparavant. Par ailleurs, ces parlementaires membres de beweging.net se réunissent toujours entre eux à échéances régulières  [170].

143En outre, la majorité des ministres CD&V peuvent être rattachés, plus ou moins fortement, à l’un des standen (essentiellement beweging.net, le Boerenbond et l’UNIZO). Ainsi, le secrétaire général puis administrateur délégué de l’UNIZO entre 1995 et 2004, K. Peeters, est devenu ministre flamand en 2004, a ensuite été ministre-président flamand entre 2007 et 2014 puis vice-Premier ministre entre 2014 et 2019, et est aujourd’hui député européen.

144Enfin, les résultats d’une enquête menée entre le 21 mars et le 12 juin 2013 auprès d’un échantillon de 666 membres du CD&V indiquent que les standen conservent un rôle important à la base du parti  [171]. La moitié des membres du CD&V (49,4 %) indique appartenir à au moins une de ces organisations. Plus encore, 57 % des membres du CD&V sont favorables au maintien de liens privilégiés entre le parti et beweging.net, alors que seulement 17 % y sont opposés (et 26 % sont sans opinion).

145Au-delà de ces liens entre les composantes (qu’il s’agisse des parlementaires ou des militants) du CD&V et les standen, des liens forts demeurent également entre le parti en tant qu’organisation et ces standen. Tout d’abord, les représentants des standen siègent traditionnellement au sein du bureau politique du parti. Ensuite, les standen interviennent directement – en tant que partenaires privilégiés – dans les réflexions menées en interne au CD&V. Ainsi, lors de la réflexion lancée par la commission composée de douze cadres et élus du CD&V (les « douze apôtres », cf. supra) à la suite du ressac électoral du 26 mai 2019, tant Marc Leemans (président de la CSC) que Peter Wouters (président de beweging.net) et Luc Van Gorp (président des Mutualités chrétiennes) ont été invités afin de faire part de leurs analyses  [172]. Enfin, les représentants de ces organisations sont régulièrement invités, en tant que spécialistes externes, à intégrer les groupes de travail mis sur pied par le centre d’étude du parti, le CEDER  [173]. Si aujourd’hui ces organisations n’ont plus le monopole de la consultation dans le cadre de la confection d’un programme électoral ou la rédaction de documents de travail, elles continuent à exercer une influence considérable sur l’élaboration de ces documents.

146Par ailleurs, les liens entre le CD&V et les standen apparaissent également au regard du traitement de dossiers spécifiques. Un des plus remarquables ces dernières années est sans doute la gestion du dossier Arco  [174]. Depuis 2008, le CD&V se pose clairement comme le relais politique de l’ACW/beweging.net en se montrant « inconditionnellement favorable à une intervention de l’État belge pour rembourser les associés d’Arco ayant des parts dans Dexia SA »  [175]. C’est d’ailleurs à cette fin que Steven Vanackere (CD&V) – dont la carrière politique s’est effectuée avec l’appui de l’ACW – est nommé ministre des Finances du gouvernement fédéral Di Rupo (PS/CD&V/MR/SP.A/Open VLD/CDH) le 5 décembre 2011. En 2014, le dossier Arco pèse également sur la formation du gouvernement fédéral Michel I. Le CD&V conditionne sa participation à la coalition suédoise (N-VA/MR/

147CD&V/Open VLD) à la recherche d’une solution à l’avantage de beweging.net et de ses membres. La priorité est ainsi placée sur ce dossier, au prix du renoncement à un certain nombre des autres revendications du parti  [176]. En 2020, le CD&V obtient le poste de ministre des Finances au sein du gouvernement De Croo, ce qui est susceptible de lui permettre de peser dans la balance lorsque le dossier Arco reviendra à l’agenda.

148Les rapports entre le CD&V et les standen tendent toutefois à évoluer, et ce particulièrement depuis 2014, année qui voit le CD&V former un gouvernement fédéral avec la N-VA, le MR et l’Open VLD. Ainsi, lors du congrès de la CSC de 2015, le syndicat chrétien annonce qu’il s’engage dans une opposition sévère au gouvernement Michel I. Avant le scrutin fédéral, régional, communautaire et européen du 26 mai 2019, le président de la CSC, M. Leemans, va plus loin encore en rappelant qu’il est très critique vis-à-vis de la politique menée par le gouvernement fédéral sortant ainsi qu’à l’égard de toutes les formations politiques qui en ont fait partie, dont le CD&V  [177]. Depuis lors, les relations entre le CD&V et la CSC sont sous tension. Lors de la fête de beweging.net de mai 2019, « Rerum Novarum », la vice-ministre-présidente flamande Hilde Crevits (CD&V) refuse de tenir un discours en raison de ces tensions  [178]. Le CD&V voit dans cette situation une occasion de diversifier davantage ses liens avec les autres organisations de la société civile, au-delà des organisations traditionnelles du pilier chrétien. Il y a donc là, en quelque sorte, un catalyseur des changements à venir dans les rapports entre le parti et ces organisations. Si le CD&V n’entend pas se distancier du pilier chrétien – notamment en conséquence de l’important soutien électoral qu’il lui fournit –, il espère néanmoins s’en émanciper pour élargir le spectre des organisations avec lesquelles des échanges se réalisent  [179]. Cette stratégie n’est toutefois pas sans poser débat puisque le rapport rédigé par le groupe des « douze apôtres » indique qu’il convient que la confiance soit rétablie entre le CD&V et le pilier chrétien, même si ce rapport appelle aussi à élargir l’ancrage du parti dans la société civile au-delà de ce pilier  [180].

149Au-delà des standen en tant que tels, d’autres organisations du pilier chrétien sont à considérer. Il en est ainsi du Katholiek Onderwijs Vlaanderen (KOV), l’organe de représentation et de coordination des pouvoirs organisateurs de l’enseignement catholique en Flandre. Bien que le KOV n’ait jamais eu le même rôle que les standen par rapport au CVP/CD&V – par exemple lors de la confection de listes de candidats aux élections –, il entretient depuis longtemps des relations privilégiées avec le parti. Cela se traduit par le fait que le KOV est consulté en priorité par les représentants du CD&V lorsque des questions liées à l’enseignement obligatoire sont traitées. En outre, le CD&V considère être le relais politique de l’enseignement libre confessionnel (dont le poids est très important en termes de proportion des élèves accueillis). Néanmoins, les deux acteurs demeurent indépendants l’un de l’autre et aucun lien institutionnel n’existe entre eux. En outre, une relative étanchéité est de mise au niveau de leur fonctionnement interne. Ainsi, lors de la campagne pour la présidence du parti de l’automne 2019, aucun contact n’a été entrepris par les candidats à la présidence auprès du KOV  [181].

150Un laïc occupe pour la première fois le poste de directeur général du KOV en 2004, en la personne de Mieke Van Hecke. Toutefois, les liens entre le KOV et le CD&V sont particulièrement intenses de 2004 à 2014 puisque M. Van Hecke est membre du CD&V et a été députée flamande (CVP puis CD&V) de 1995 à 2004. La relation privilégiée entretenue entre le parti et l’organisation est donc renforcée. En 2014, Lieven Boeve, un académique sans affiliation politique, est nommé à la tête du KOV. À ce moment, une évolution est opérée par le conseil d’administration du KOV lui-même puisqu’il affiche clairement sa volonté de conserver des liens privilégiés avec le CD&V mais aussi, en parallèle, de développer des liens avec d’autres partis politiques  [182]. Cela tient notamment au recul électoral du CD&V. Toutefois, malgré cette ouverture à l’ensemble de la classe politique, les attentes du KOV sont distinctes selon qu’elles portent sur le CD&V ou les autres partis. Un plus grand soutien est ainsi attendu de la part du CD&V  [183]. À ce niveau et malgré les évolutions récentes, le CD&V semble donc bien ancré dans le pilier chrétien.

5.2.3. Conclusion : le CDH et le CD&V dans le pilier chrétien, des situations fortement contrastées

151Il ressort des paragraphes précédents que l’ancrage du CDH au sein du pilier chrétien est très distinct de celui du CD&V.

152Historiquement, jusque 1945, le parti catholique est un parti de standen, c’est-à-dire qu’il accorde à certaines organisations une représentation dans les institutions publiques par son entremise. Ainsi, entre 1921 et 1936, l’UCB-KVB est dirigée par les standen, dont les représentants sont les uniques membres des organes de gestion nationaux du parti. La présidence de l’UCB-KVB est alors assurée par un membre de chaque stand, à tour de rôle  [184]. En conséquence de cette structuration, le parti ne parvient pas à développer un programme électoral unique, chaque stand développant le sien propre. En outre, chacun entre en concurrence avec les autres pour obtenir le plus grand nombre de places possible pour ses candidats sur les listes catholiques. Petit à petit, l’autonomie du parti à l’égard des standen s’accroît, non sans difficulté. En 1936, l’UCB-KVB devient le BC-KB, qui ne considère désormais plus les standen comme étant des organisations « membres », mais plutôt comme des organisations « reconnues ». Néanmoins, les standen continuent à bénéficier d’une représentation dans les organes de gestion du parti et demeurent nettement représentés sur ses listes de candidats aux élections.

153Dès la seconde moitié des années 1930, le parti commence à muter pour devenir un parti de membres afin de dépasser les intérêts des standen et de mettre sur pied un programme d’intérêt général  [185]. En 1945, ces réflexions sont institutionnalisées à travers la fondation du PSC-CVP. Le parti devient un parti de membres, où l’affiliation repose sur une base individuelle. Toutefois, les standen conservent un rôle majeur pendant plusieurs décennies : ils continuent d’influencer la confection des listes de candidats aux élections, la composition des organes du parti et la distribution des mandats (les postes de président d’assemblée et de ministre, surtout). En conséquence, leur influence s’étend aussi aux choix stratégiques posés par le parti. Celui-ci n’est alors plus formellement un parti de standen mais il demeure éloigné de l’idéal type du parti de membres. En effet, le lien formel qui unissait les partis et les standen, tel qu’il existait dans l’UCB-KVB et le BC-KB, s’est mué, au PSC-CVP, en des relations informelles. Les standen ont tenté de maintenir autant que possible leur influence politique. De son côté, le PSC-CVP n’a pas désiré se détacher complètement des standen qui présentent « un intérêt trop grand comme base de recrutement et comme point d’appui »  [186].

154À partir de 1968 et la scission de facto du PSC-CVP, chacun des deux partis sociaux-chrétiens suit une trajectoire allant dans un sens divergent : alors que le CVP conserve pendant de nombreuses années des relations institutionnalisées très proches avec les standen, le PSC suit une évolution caractérisée par une distanciation sans cesse croissante avec ceux-ci. Dès 1972, le MOC affirme ainsi son pluralisme politique, qui ne fera que se renforcer dans le temps.

155Aujourd’hui, la distinction entre le CDH et le CD&V semble avoir atteint son paroxysme. Et pour cause, les deux partis de tradition sociale-chrétienne connaissent un déclin structurel alors que les organisations du pilier chrétien telles que les mutualités, les syndicats ou les organisations de l’enseignement catholique sont florissantes. Après avoir chacun réalisé la plus mauvaise performance électorale de leur histoire le 26 mai 2019, tant le CDH que le CD&V ont initié un processus de réflexion en interne, voire de refondation (pour le CDH). Au CD&V, le rapport rédigé dans le cadre de cette réflexion accorde une attention particulière aux standen, en pointant la distanciation croissante entre le parti et ces organisations du pilier chrétien. Le rapport propose alors de renforcer la confiance entre eux et de renouer les contacts qui se sont dégradés ces dernières années, particulièrement depuis l’entrée du CD&V dans le gouvernement fédéral Michel I en 2014. Du côté du CDH, les premiers propos tenus par le président M. Prévot en amont du processus de refondation du parti vont dans une tout autre direction puisqu’ils suggèrent d’accroître l’autonomie existant entre le parti et les organisations du pilier chrétien. Néanmoins, il est à noter que cette distanciation s’est d’abord produite en conséquence d’un choix (le pluralisme politique) posé non pas par le PSC/CDH mais par les organisations du pilier chrétien. Par ailleurs, la volonté du CDH n’est pas d’abandonner son rôle de relais politique au profit d’une autre formation politique, mais de permettre à ces organisations de s’autonomiser davantage par rapport aux partis politiques, comme en matière d’enseignement à travers l’institutionnalisation progressive des négociations entre les pouvoirs organisateurs (dont le SEGEC) et les autorités publiques.

6. Les liens entre le CDH et le CD&V

156Le CDH et le CD&V étant deux formations politiques distinctes, aucun lien institutionnalisé n’existe aujourd’hui entre eux sur le plan purement organisationnel. Cela signifie qu’aucun cadre ou élu du CDH ne fait partie (par exemple en tant qu’invité permanent) du bureau politique du CD&V, et inversement. Plus largement, tel est le cas pour l’ensemble des instances des deux partis. Les rapports éventuels entre le CDH et le CD&V sont donc à trouver ailleurs. Ceux-ci peuvent être de nature formelle mais aussi de nature informelle. Ils peuvent se retrouver à différents temps du politique, comme en période de campagne électorale, lors de l’adoption de décisions publiques ou lors de leur mise en œuvre. Ces liens peuvent s’opérer à travers les centres d’étude des partis ou les associations qui gravitent autour des partis, mais aussi entre leurs cadres ou élus ou encore entre les cabinets ministériels. Enfin, ces rapports peuvent se retrouver au niveau national ou régional voire communal (en Région bruxelloise), mais aussi au niveau international, et plus particulièrement européen.

6.1. L’absence de relations institutionnelles entre le CDH et le CD&V

157À la suite de la scission de facto du PSC-CVP en 1968, les bureaux des comités directeurs du PSC et du CVP sont régulièrement invités à se réunir en commun afin de mettre en place un organe de concertation entre les deux nouvelles formations politiques  [187]. En décembre 1969, un projet de résolution consacrant l’autonomie de chaque parti mais aussi un principe de collaboration mutuelle et structurelle est arrêté. Le comité permanent de concertation politique est ainsi né. Son objectif est de permettre aux deux formations d’adopter des positions communes en vue de négociations pré-gouvernementales, en se comportant comme une formation homogène  [188]. Rapidement, il devient nécessaire de revoir le mode de fonctionnement de cette structure commune et une structure plus restreinte est créée : le praesidium. Celui-ci regroupe les présidents, secrétaires, présidents de la Chambre des représentants ou du Sénat (lorsqu’ils sont PSC ou CVP) et chefs des groupes parlementaires du PSC et du CVP afin d’harmoniser les positions entre les deux partis politiques.

158Le praesidium se réunit à intervalles réguliers pour aborder des thématiques variées, par exemple en matière d’éthique, de défense ou encore d’économie, jusque 1979, année durant laquelle P. Vanden Boeynants devient le président du PSC et L. Tindemans devient celui du CVP. Les relations entre les deux hommes forts des partis sociaux-chrétiens se distendent dès lors, notamment autour des nominations du commissaire européen et du secrétaire général du Parti populaire européen (PPE). Dans ce contexte, le praesidium cesse de se réunir. C’est la fin des rencontres institutionnalisées entre les deux partis.

159Néanmoins, des contacts informels se nouent rapidement, particulièrement à partir de 1981 et l’accession de F. Swaelen à la présidence du CVP et de G. Deprez à celle du PSC  [189]. Ces rapports sont réguliers mais se déroulent dans la plus grande discrétion, dans la demeure de l’ancien ministre PSC Arthur Gilson  [190]. Les réunions ont pour objectif principal d’éviter des crises trop brutales entre les deux formations sociales-chrétiennes et, in fine, au sein du gouvernement national. C’est précisément parce que les deux partis gouvernent ensemble qu’ils trouvent à se réunir de façon informelle  [191]. Pourtant, de graves tensions marquent les relations entre le PSC et le CVP entre 1985 et 1987, particulièrement autour de la communautarisation de l’enseignement et de l’affaire Happart  [192]. Dans ce contexte, les rencontres informelles organisées entre les principaux leaders des deux partis sont suspendues. Celles-ci reprennent par la suite, lorsque H. Van Rompuy devient le président du CVP, en 1988, et se prolongent dans les années 1990. Bien que non institutionnalisées et même secrètes, ces rencontres sont réputées être davantage constructives pour le PSC et pour le CVP que les réunions qui avaient été organisées au sein du praesidium [193].

160Ce détour par l’histoire des relations entre le PSC et le CVP permet de mesurer l’ampleur du manque de relations qui caractérise aujourd’hui le CDH et le CD&V. En effet, aucune structure institutionnelle facilitant la communication entre les deux partis n’existe à l’heure actuelle. Depuis au moins le début des années 2000, plus aucune forme de réunions informelles mais relativement régulières n’existe entre cadres du CDH et du CD&V – et ce malgré la volonté de certains, de part et d’autre, de retisser des liens plus étroits  [194]. Plus encore, les chefs de cabinets, les ministres et les présidents des deux partis se connaissent à peine  [195]. Depuis 1997, date à laquelle le CVP a quitté la rue des Deux-Églises à Bruxelles, où le PSC a maintenu ses locaux et où le CDH est resté établi jusqu’au printemps 2020  [196], les deux formations politiques n’ont même plus leurs locaux dans un même bâtiment. Le résultat de tout cela est que les opportunités d’entretenir un contact privilégié ou même tout simplement régulier avec le parti frère sont fort réduites. Symptomatique à cet égard est le fait que le site Internet du CDH ne renvoie pas vers celui du CD&V, et inversement.

161La communication entre les deux partis est réputée particulièrement interrompue entre 2014 – année durant laquelle le CD&V rejoint le gouvernement fédéral sans le CDH, ce qui constitue un fait inédit – et 2019  [197]. Cela s’explique d’autant plus aisément que, malgré des rapports interpersonnels parfois privilégiés entre certains cadres et élus de ces partis (cf. infra), c’est la logique majorité-opposition qui s’impose désormais  [198]. Ces propos semblent un temps devoir être quelque peu nuancés dans le cadre de la crise politique de 2019-2020. Au début de l’année 2020, le président du CDH, M. Prévot, indique en effet que les contacts avec son homologue du CD&V, J. Coens, sont réguliers et souhaités, par-delà les divergences qui divisent les deux hommes  [199]. De même, au cours de l’été 2020, J. Coens et M. Prévot intègrent ce que les médias appellent la « bulle des cinq », un temps constituée autour des missionnaires royaux P. Magnette et B. De Wever (cf. supra). Le rassemblement des deux partis au sein de cette « bulle » ne contribue toutefois pas à rapprocher le CDH et le CD&V : c’est séparément que chacun de ces deux partis s’exprime, d’abord oralement puis à travers le dépôt de notes distinctes auprès des missionnaires royaux, et les points de divergence semblent nombreux  [200].

162Plusieurs facteurs permettent de comprendre cet amenuisement des relations entre les deux formations de tradition sociale-chrétienne. Le premier est d’ordre personnel. Alors que les relations formelles entre les partis sont peu nombreuses, c’est principalement à travers les présidents de parti et les directeurs des centres d’étude qu’elles s’opèrent. En ce sens, les relations entre les partis sont au moins partiellement fonction des relations entre leurs cadres. Le deuxième facteur est lié à l’évolution électorale des partis. Alors que, jusqu’à la fin des années 1990, le PSC et le CVP avaient « une même conscience de ce qu’ils représentaient en conséquence de leur puissance politique et sociétale »  [201], ce n’est plus tant le cas aujourd’hui. Au CD&V, le CDH est ainsi perçu comme étant une formation politique « trop dégradée »  [202] sur le plan électoral, « tellement affaiblie »  [203] qu’apparaître uni avec lui ne semble plus aussi capital pour le CD&V  [204] (bien que, en 2014, il regrette la cure d’opposition fédérale décidée par le CDH). Par ailleurs, la participation du CD&V aux coalitions gouvernementales fédérales qui se sont succédé depuis 2014 et la non-participation du CDH à ces mêmes coalitions a réduit davantage encore la communication entre les deux partis. Le troisième facteur tient dans les différences idéologiques qui existent entre les deux partis à l’égard de certains enjeux. Les relations des partis avec les autres partis du spectre politique ont aussi une influence considérable. Ainsi, la constitution d’un cartel entre le CD&V et la N-VA entre février 2004 et septembre 2008 a rendu plus complexe l’effort de collaboration  [205].

163Cet ensemble de facteurs est explicité dans les sections suivantes.

6.2. Les centres d’étude des partis : le CEPESS et le CEDER

164En 2001, la dernière structure unissant formellement le PSC et le CVP disparaît. Fondé le 19 février 1960 sous la forme d’une association sans but lucratif (asbl), le CEPESS avait été créé afin de rédiger les programmes électoraux du PSC-CVP, d’aider les élus et dirigeants du parti dans l’élaboration de dossiers, et de publier des études dans différents domaines. Resté commun jusqu’alors, il se scinde en 2001 pour laisser la place à deux centres d’étude : le Centre d’études politiques, économiques et sociales (CEPESS) relié au PSC et le CEDER lié au CVP. Le CEDER est alors le seul centre d’étude de parti néerlandophone à s’être doté d’un nom  [206].

165Cette scission intervient alors que viennent d’être négociés les accords dits du Lambermont, en octobre 2000 et en janvier 2001, ainsi que les accords du Lombard, conclus en avril 2001, et qui organisent la cinquième réforme de l’État belge. Alors que le CVP est fermement opposé à ces textes, le PSC leur apporte son soutien lorsqu’ils sont votés au Parlement, ce qui permet leur adoption (cf. supra). Les tensions entre le PSC – qui deviendra CDH quelques mois plus tard – et le CVP – qui deviendra bientôt le CD&V – sont alors des plus vives, d’autant que le climat communautaire est devenu particulièrement tendu durant les 18 mois précédents et a déjà contribué à créer des tensions entre les deux formations sociales-chrétiennes  [207]. Un cadre du CDH se souvient : « La tension à ce moment-là a été extrême entre les deux partis. On est arrivé à une situation amusante ou tragi-comique où H. Van Rompuy (alors député fédéral) refusait de serrer la main tendue par Jean-Pol Poncelet  [208] dans les petits corridors de la Chambre »  [209].

166C’est dans ce contexte que le CVP décide, en juillet 2001, de se doter d’un centre d’étude qui lui est propre (et, donc, de mettre fin à la structure commune qui existait jusqu’alors). Il est toutefois à noter que ce momentum est davantage un catalyseur, une cristallisation qu’une cause directe : l’existence d’un unique centre d’étude paraissait déjà « absurde » pour beaucoup, en conséquence du travail différent qu’il accomplissait selon qu’il était mobilisé par le PSC ou par le CVP  [210]. Si les collaborateurs du PSC et du CVP travaillaient dans le même bâtiment et si certaines réunions étaient parfois organisées afin de développer des réflexions communes, les travaux que ces collaborateurs menaient étaient en effet déjà bien distincts et s’organisaient la plupart du temps en groupes de travail unilingues  [211].

167Les deux structures fonctionnent désormais indépendamment l’une de l’autre et aucun organe de coordination officiel n’existe entre elles, même si des réunions sont néanmoins ponctuellement organisées entre les équipes de chacun de ces centres d’étude, surtout depuis 2016. Eu égard aux bonnes relations unissant le directeur du CEPESS (Antoine de Borman, en poste de 2011 à décembre 2019)  [212] et le directeur du CEDER (Benjamin Dalle, en poste de mars 2016 à octobre 2019) et en conséquence de l’évolution du CD&V – qui n’est plus en cartel avec la N-VA depuis plusieurs années –, un travail de coopération ponctuel reprend alors. Cette coopération est aussi encouragée par les directions des deux centres d’étude à l’extérieur de ces structures  [213]. Concrètement, des sessions de travail – certes peu nombreuses – entre les deux équipes voient le jour afin de réfléchir ensemble à certains axes programmatiques. D’autres événements à portée plus symbolique se déroulent aussi à la croisée du CEPESS et du CEDER. En 2012, l’ancien président du CVP W. Martens est ainsi présent lors de l’inauguration des nouveaux locaux du CEPESS. En 2017, l’ouvrage De mens centraal dirigé par Dries Deweer et Steven Van Hecke et considéré comme étant la base idéologique du CD&V, est présenté au siège du CEPESS. La même année, lors de l’université d’été du CEDER, l’invité d’honneur n’est autre que M. Prévot (CDH), député wallon et ancien vice-président du gouvernement wallon (de juillet 2014 à juillet 2017).

168Néanmoins, ces rencontres sont davantage une ouverture à l’égard du parti frère qu’une véritable collaboration durable et formelle entre les partis. En effet, c’est une étanchéité entre les deux formations politiques et, plus spécifiquement, entre les centres d’étude qui est de mise lors des événements plus importants tels que les congrès programmatiques ou les congrès de réforme.

6.3. Le CDH et le CD&V lors des congrès et autres moments de réflexion

169Les congrès sont des moments importants dans la vie d’un parti politique puisqu’ils permettent d’affirmer les orientations politiques du parti et d’avaliser un programme ou des choix posés par les hautes instances. Toutefois, il ressort de l’analyse des programmes de l’ensemble des congrès tenus par le PSC/CDH depuis le début des années 1990 qu’aucun cadre ou élu du CVP/CD&V n’a été invité à s’exprimer lors d’un congrès organisé par le parti frère  [214]. Si deux invités extérieurs figurent sur le programme du congrès du 11 janvier 1997, à savoir Marc-Philippe Daubresse et François Bayrou, il ne s’agit pas d’élus du CVP mais de Force démocrate, un parti centriste français. L’étanchéité semble donc importante à ce niveau.

170Par ailleurs, les deux partis ne se consultent jamais mutuellement lors de leurs moments de réflexion interne visant à faire évoluer leurs structures respectives. Ainsi, lorsque le CD&V lance en 2010 une réflexion organisée autour de plusieurs groupes de travail afin de revoir sa stratégie, le CDH et ses représentants ne sont pas invités à prendre part aux travaux.

171À la suite du recul électoral considérable enregistré tant par le CDH que par le CD&V lors du scrutin multiple du 26 mai 2019, chacun des deux partis met à nouveau en place une structure temporaire afin de réfléchir à son évolution stratégique et idéologique. Au CD&V, cette structure est mise sur pied dès le mois de juin 2019 ; elle est composée de douze parlementaires, chargés de remettre un rapport sur les raisons du déclin électoral du CD&V et les réponses à y apporter en septembre de la même année (cf. supra). Au CDH, le processus (connu sous le nom « Il fera beau demain ») est plus long. Le parti se donne deux ans pour se repenser et se refonder, sous la responsabilité de Laurent de Briey, ex-directeur du CEPESS (d’octobre 2007 à décembre 2011) et ex-chef de cabinet de Marie-Martine Schyns (CDH) lorsqu’elle était ministre de l’Éducation (de mai 2016 à septembre 2019). Durant cette période, des enquêtes en ligne auprès du grand public sont initiées, une plateforme numérique participative et ouverte aux citoyens est développée, un porte-à-porte est prévu  [215] et des mises au vert visant à réfléchir à la réorganisation du parti et des groupes parlementaires sont organisées, et cela dès le mois d’août 2019  [216]. Lors de ces événements, nombreux sont aussi les spécialistes et experts appelés à intervenir. Néanmoins, aucun cadre ou élu du CD&V n’est invité à participer aux réflexions internes au CDH et, à l’inverse, aucun cadre ou élu du CDH n’est invité à prendre part aux échanges internes au CD&V. Les premiers fruits de ces processus montrent en outre à quel point la distance entre les deux formations est importante : alors que le CD&V suggère de renforcer ses liens avec le pilier chrétien, le président du CDH propose de s’en autonomiser davantage (cf. supra).

172Cette situation tiendrait au moins partiellement au fait que, aux yeux du CD&V, le CDH est davantage un contre-modèle qu’un modèle  [217]. Au CD&V, il est ainsi admis que les problèmes que rencontre le CDH sont d’un tout autre ordre et que l’objectif est « de ne pas finir comme eux »  [218]. En conséquence, il apparaît normal pour le CD&V de ne pas associer le CDH à ses réflexions internes. En outre, les deux formations se distinguent partiellement sur le plan idéologique (cf. infra), ce qui apparaît comme étant un facteur de désunion, notamment lors de réflexions internes.

6.4. Le CDH et le CD&V en campagne électorale

173Le CDH et le CD&V forment deux partis politiques distincts mais ils se présentent régulièrement en commun auprès des électeurs lors des élections communales en Région bruxelloise. Dans un certain nombre de cas, ce sont des candidats CD&V qui se présentent sur des listes CDH ou des listes du bourgmestre CDH. C’est par exemple le cas, en 2006, à Berchem-Sainte-Agathe, Bruxelles, Ixelles, Jette, Saint-Josse-ten-Noode, Saint-Gilles, Schaerbeek et Woluwe-Saint-Pierre  [219]. Pareille situation se reproduit à nouveau lors des scrutins communaux ultérieurs. Plus récemment, sont apparues des listes associant les deux formations politiques de façon plus explicite. C’est le cas à Molenbeek-Saint-Jean, lors des élections communales de 2012, avec la liste CDH-CD&V  [220]. À Bruxelles, Molenbeek-Saint-Jean, à Saint-Gilles et à Schaerbeek, c’est sous l’appellation CDH-CD&V+ ou CDH+CD&V que les deux formations se rassemblent en 2018  [221]. Selon les cadres du CDH et du CD&V, l’évacuation des questions communautaires – sur la base desquelles peuvent se créer des tensions entre eux – facilite ce rapprochement sur le plan strictement local  [222]. Il est à noter que ce rapprochement trouve aussi une explication davantage stratégique : pour le CD&V, il constitue une possibilité d’obtenir au moins un élu et, pour le CDH, il permet de bénéficier d’un vivier pour le choix d’un échevin surnuméraire  [223].

174Néanmoins, hormis pour les scrutins locaux bruxellois, le CDH et le CD&V se présentent chacun à leur électorat de façon distincte et la préparation de leur campagne électorale respective se fait de façon cloisonnée. Au-delà des échanges généralement informels qui s’opèrent entre les centres d’étude des partis et quelques sorties médiatiques concertées entre les présidents du CDH et du CD&V  [224], il n’y a pas de collaboration entre les deux partis dans la confection des programmes électoraux, dans l’élaboration de tracts, dans la définition de stratégies électorales ou encore dans la mise en œuvre des campagnes électorales respectives.

175Cette absence quasi totale de collaboration entre les deux partis n’est pas récente, puisque le PSC et le CVP ne collaboraient déjà pas en vue des campagnes électorales  [225]. Cela résulte du fait que les deux organisations partisanes s’adressent à un électorat distinct (à l’exception de celui habitant en Région bruxelloise) et ayant des affinités politiques perçues comme étant différentes.

6.5. Les cabinets ministériels du CDH et du CD&V

176Au niveau ministériel, des mouvements peuvent s’opérer entre les deux partis à travers leurs cabinets respectifs. Ainsi, le cabinet d’un Premier ministre issu du CD&V intègre généralement des collaborateurs francophones issus du CDH et, à l’inverse (bien qu’il faille remonter davantage dans le temps pour retrouver pareille situation), des collaborateurs issus du parti social-chrétien flamand intègrent généralement le cabinet d’un Premier ministre social-chrétien francophone  [226]. Par exemple, le porte-parole adjoint des Premiers ministres H. Van Rompuy et Y. Leterme (tous deux CD&V) entre 2008 et 2011, Jérôme Hardy, avait d’abord été attaché en communication auprès du CDH et, de 2016 à 2018, sera le porte-parole d’A. Greoli (CDH), vice-présidente du gouvernement de la Communauté française. Une telle collaboration se retrouve aussi dans d’autres cabinets. Ainsi, Peter Vansintjan a non seulement été membre des cabinets des ministres fédéraux K. Peeters, W. Beke et Nathalie Muylle (tous trois CD&V), mais aussi chef de cabinet de J. Milquet (CDH) lorsqu’elle était vice-Première ministre. De même, Aart Geens a travaillé dans le cabinet du Premier ministre Y. Leterme (CD&V) entre 2010 et 2011, puis dans celui du secrétaire d’État fédéral Melchior Wathelet (CDH) entre 2011 et 2014. Dans de tels cas, généralement, cette collaboration repose plutôt sur des accords tacites que sur de véritables accords garantis et négociés.

177L’intégration de certains collaborateurs ministériels issus d’un parti dans un cabinet dirigé par un ministre issu d’un autre parti s’explique principalement par la capacité qui est alors offerte au cabinet de bénéficier de relais au sein de l’opinion publique de l’autre côté de la frontière linguistique  [227]. Elle s’explique aussi par la possibilité, pour les cabinets ministériels, de bénéficier des compétences et/ou de l’expérience spécifiques de collaborateurs potentiellement issus d’une autre communauté linguistique et culturelle  [228]. Les cabinets se composent en effet aussi sur la base d’un vivier d’experts dans des domaines spécifiques  [229]. Il s’agit en outre d’un moyen de mieux communiquer avec les citoyens de l’ensemble du pays, via les médias francophones et néerlandophones. Enfin, cela permet de faciliter les échanges entre cabinets afin d’obtenir certaines informations ou de faciliter le développement de certains dossiers  [230]. À ce niveau, l’apport concerne donc principalement les cabinets ministériels, plus que les partis politiques eux-mêmes.

178Dans les années 2000 et après que les deux partis ont été relégués pendant plusieurs années dans l’opposition, les relations entre le CDH et le CD&V au niveau des cabinets ministériels deviennent toutefois très ténues. Particulièrement lors des négociations en vue de la cinquième réforme de l’État, les deux partis orange sont à couteaux tirés (cf. supra). Cette période de tensions extrêmes entre le CDH et le CD&V (mais aussi entre le CDH et le MR) marque non seulement les instances de chacun des partis, mais aussi le fonctionnement des cabinets ministériels sociaux-chrétiens dès le retour du CDH et du CD&V au pouvoir au niveau fédéral, le 21 décembre 2007 (avec le gouvernement Verhofstadt III associant le CD&V, le MR, le PS, l’Open VLD et le CDH). Les relations entre les cabinets CD&V et les cabinets MR sont alors plus intenses – bien que toujours marquées par une certaine forme de méfiance – que celles entre les cabinets CD&V et les cabinets CDH  [231]. Par ailleurs, alors que des francophones issus du CDH sont intégrés au sein de cabinets CD&V, le CDH n’en tire pas profit pour s’informer quant à ce qui passe ou se dit dans ces cabinets  [232].

179Si les relations entre les deux partis et les cabinets qu’ils détiennent s’améliorent à partir de 2011  [233] – année lors de laquelle Elio Di Rupo (PS) succède à Y. Leterme comme chef du gouvernement fédéral et B. Lutgen à J. Milquet à la présidence du CDH –, elles se rompent à nouveau et de façon d’autant plus nette dès 2014, le CD&V prenant part au gouvernement fédéral (gouvernement Michel I) et non le CDH  [234].

6.6. Le CDH et le CD&V dans l’arène parlementaire

180Alors que les partis écologistes francophone (Écolo) et néerlandophone (actuellement, Groen) sont deux formations distinctes depuis leur naissance – et cela contrairement aux formations libérales, sociales-chrétiennes et socialistes –, il s’agit des seuls partis frères à former un groupe politique commun à la Chambre des représentants et au Sénat. Ainsi, le CDH et le CD&V disposent chacun de leur propre groupe politique au sein de ces assemblées, et ce depuis 1985  [235]. Cela s’explique, d’une part, par les différences idéologiques qui subsistent au regard de certains enjeux – non seulement en matière institutionnelle mais aussi, dans une certaine mesure, dans le domaine socio-économique, par exemple – et, d’autre part, par la force de la tradition. Du côté du CDH, « personne n’a même sans doute pensé un jour à créer un groupe commun ; ce n’est pas la logique »  [236]. Dans les rangs du CD&V, « si la question a été abordée en interne, elle a été réglée en cinq secondes »  [237].

181Cette division en deux groupes politiques n’est pas qu’organisationnelle et se reflète aussi lors des débats et votes qui ont lieu au sein des commissions et lors des séances plénières  [238]. Comme le suggère le tableau 8, lorsque le CD&V et le CDH gouvernent ensemble, leurs votes sont – sans surprise – généralement identiques. Ainsi, de 1995 à 1999 et de 2007 à 2014, le nombre de textes sur lesquels votent différemment le PSC/CDH et le CVP/CD&V est particulièrement faible. Lorsque les deux formations se retrouvent dans l’opposition ensemble, par contre, la cohésion de vote est nettement moins importante. Ainsi, entre 1999 et 2007, le CD&V et le CDH se positionnent différemment au regard des textes soumis au vote des députés dans près d’un quart des cas (24,3 %)  [239]. Enfin, durant la législature 2014-2019 – le CD&V étant membre de la coalition gouvernementale et le CDH dans l’opposition – seuls 44,2 % des textes votés en séance plénière à la Chambre des représentants le sont identiquement par le CD&V et par le CDH ; les deux partis votent donc différemment dans plus de la moitié des cas (55,8 %). La logique majorité-opposition semble donc largement s’imposer, indépendamment de l’appartenance à une même famille politique.

182Il en va ainsi, par exemple, dans le cas du projet de loi visant à autoriser les visites domiciliaires afin d’arrêter un étranger en séjour illégal  [240]. Déposé au nom du gouvernement fédéral en décembre 2017 par le ministre de la Justice, K. Geens (CD&V), ce texte est soutenu par le CD&V mais se heurte aux critiques des députés CDH. En outre, ce dernier soutient une proposition de résolution déposée au Parlement wallon par le PS et Écolo réclamant du gouvernement wallon qu’il demande au gouvernement fédéral d’abandonner son projet de loi  [241]. De même, en matière d’emploi, le CD&V a soutenu un projet de loi relatif à la flexibilité du travail déposé le 4 janvier 2017 par le ministre K. Peeters (CD&V)  [242], alors que le CDH n’a pas voté en sa faveur. Ces deux exemples illustrent que, entre 2014 et 2019, le CDH a très souvent, en tant que parti d’opposition, combattu des projets de loi déposés par un gouvernement incluant le CD&V. Cette situation explique pourquoi les contacts entre les deux partis se sont alors considérablement réduits sur le plan parlementaire. À cette époque, les liens que le CDH entretient avec le MR (pourtant également membre du gouvernement fédéral, mais également partenaire du CDH au sein du gouvernement wallon à partir du mois de juillet 2017) sont même plus intenses que ceux qu’il a avec le CD&V, principalement pour des raisons idéologiques  [243].

Tableau 8. Votes nominatifs en séance plénière de la Chambre des représentants et position des PSC/CDH et CVP/CD&V (1995-2019)

Tableau 8. Votes nominatifs en séance plénière de la Chambre des représentants et position des PSC/CDH et CVP/CD&V (1995-2019)

Tableau 8. Votes nominatifs en séance plénière de la Chambre des représentants et position des PSC/CDH et CVP/CD&V (1995-2019)

Source : Frederik Verleden (KU Leuven).

183Au-delà de la question de la cohésion des votes, l’année 2014 marque une étape supplémentaire dans le sens d’une distanciation croissante entre le CD&V et le CDH. En effet, avant 2014, des concertations – non institutionnalisées – étaient ponctuellement organisées au regard de certains dossiers, parfois même avant les réunions de majorité (lorsque les deux partis faisaient partie de la majorité gouvernementale). Concrètement, ces réunions étaient surtout organisées lorsque des tensions étaient perçues au sein de la majorité autour d’un projet spécifique, afin de développer une stratégie commune le cas échéant. Toutefois, l’objectif de ces réunions n’était pas de rechercher des positions communes entre le CDH et le CD&V, de former un bloc commun. Il s’agissait plutôt, en tant que partis ayant déjà une même position sur un dossier, de s’entendre en amont pour être « plus forts ensemble » lors des réunions de majorité  [244]. Ces rencontres entre les deux partis étaient néanmoins peu nombreuses  [245].

184Depuis 2014, ces réunions ont cessé et les relations entre parlementaires ou collaborateurs parlementaires (tant à la Chambre des représentants qu’au Sénat) du CDH et du CD&V sont extrêmement limitées. Tout au plus, des contacts interpersonnels et informels permettent à certains élus CDH d’obtenir des informations issues d’un cabinet CD&V qui puissent leur être utiles dans leur travail  [246]. Ces contacts résultent surtout des rapports préexistants entre les élus ou collaborateurs CDH et CD&V. En outre, la proximité géographique entre les parlementaires des deux partis au sein des assemblées fédérales (placement dans l’hémicycle) facilite la communication entre eux  [247].

185Dans de rares cas, depuis 2014, des contacts ont permis le dépôt de propositions communes au sein d’une assemblée. Ces propositions portent sur des dossiers qui n’entrent pas dans le cadre de l’accord de gouvernement fédéral, ce qui en limite le nombre  [248]. Par exemple, le 23 janvier 2019, la députée Vanessa Matz (CDH) a déposé deux propositions de loi prévoyant la taxation des géants numériques (Google, Amazon, Facebook, Apple)  [249]. Chacune d’elles a été co-signée par Olivier Maingain (Défi) et Eric Van Rompuy (CD&V). Autre exemple : le 22 février 2019, le CD&V a déposé une proposition visant à créer un Centre d’expertise pour les Affaires institutionnelles  [250], texte auquel, à la suite d’échanges informels, le CDH a apporté son soutien.

6.7. Le CDH et le CD&V à travers leurs organisations internes

186Chacun des partis est composé de plusieurs organisations, à savoir une organisation de jeunes, une organisation d’aînés et une organisation de femmes. À ces niveaux, des liens peuvent potentiellement être observés entre le CDH et le CD&V.

187Les organisations d’aînés et de femmes comptent davantage de membres que les organisations de jeunesse, bien que les moyens dont elles disposent soient moindres. Cette différence en termes de moyens contribue à expliquer pourquoi les organisations d’aînés et de femmes du sud et du nord du pays développent des relations particulièrement limitées et pourquoi presque aucune activité commune n’est généralement développée.

188Pour leur part, tant les Jeunes CDH que les Jong CD&V sont reconnus comme organisations de jeunesse et, à ce titre, bénéficient d’un financement public ; dès lors, ils disposent de locaux et de personnel (plusieurs équivalents temps plein). Toutefois, en dépit des moyens supérieurs dont elles disposent, les organisations de jeunesse du CDH et du CD&V ne développent elles aussi que de très faibles liens entre elles. Certes, à plusieurs reprises, des tentatives de rapprochement ont été envisagées. En 2013, par exemple, à l’initiative du président des Jong CD&V, un bureau politique commun entre les Jeunes CDH et les Jong CD&V a été organisé, avec pour objectif de « voir ce qui peut être fait ensemble – comme la rédaction de communiqués de presse en commun – dans la perspective des élections du 25 mai 2014 »  [251]. De telles initiatives existent encore aujourd’hui  [252]. Néanmoins, ces rapprochements ne parviennent pas à donner lieu à de véritables collaborations structurelles. Concrètement, les contacts sont peu réguliers, quasiment aucun événement commun n’est organisé  [253] et très rares sont les textes co-signés par les deux organisations de jeunesse.

189Les relations entre les Jeunes CDH et les autres organisations de jeunesse politique du sud du pays sont plus étroites qu’entre les Jeunes CDH et les Jong CD&V  [254], de même que celles entre les Jong CD&V et les autres organisations de jeunesse politique du nord du pays sont plus étroites qu’entre les Jong CD&V et les Jeunes CDH  [255]. Ainsi, des événements communs sont parfois organisés par plusieurs organisations de jeunesse politique en Wallonie, en Région bruxelloise ou en Flandre.

190Les liens les plus intenses qui s’opèrent entre les jeunesses politiques du CDH et du CD&V se nouent au niveau européen, principalement à travers les Youth EPP (YEPP, Jeunes du Parti populaire européen – PPE). Alors que certaines organisations de jeunesse membres des YEPP sont parfois considérées comme étant particulièrement conservatrices ou particulièrement progressistes, les Jeunes CDH et les Jong CD&V considèrent qu’ils partagent une sensibilité commune sur de nombreux points à ce niveau  [256]. En ce sens, des rencontres sont ponctuellement organisées – d’ailleurs parfois élargies aux jeunesses politiques sœurs du Luxembourg et des Pays-Bas – et se concrétisent par le dépôt d’amendements communs ou par la signature de motions communes, par exemple. Plus encore, des accords formels ont parfois été signés entre les Jeunes CDH et les Jong CD&V afin de se soutenir mutuellement lors des élections aux fonctions dirigeantes des YEPP. Ainsi, de 2009 à 2013, un accord prévoyant une rotation entre les Jeunes CDH et les Jong CD&V a été conclu  [257]. Néanmoins, les liens entre les organisations de jeunesse à l’international demeurent fort limités. Par exemple, alors que les Jeunes CDH et les Jong CD&V ont chacun envoyé une délégation lors de la COP25 à Madrid, du 2 au 13 décembre 2019, aucun échange n’a eu lieu entre eux à cette occasion  [258].

191Deux éléments principaux permettent de comprendre la teneur des relations entre les Jeunes CDH et les Jong CD&V. Le premier est d’ordre interpersonnel. Alors que les relations entre ces organisations de jeunesse politique ne sont pas institutionnalisées et alors que – à l’inverse du CDH et du CD&V eux-mêmes –, elles ne se retrouvent jamais forcées d’interagir, elles dépendent fortement des personnes qui les composent et des relations humaines qui se nouent entre elles. Le deuxième élément est d’ordre linguistique. La différence de langue entre les Jeunes CDH et les Jong CD&V complexifie le développement de relations fortes et, surtout, d’activités communes. Selon que les responsables d’une jeunesse politique sont capables ou non de s’exprimer dans la langue de l’autre communauté linguistique ou de converser ensemble en anglais, les rapports entre les organisations en question sont susceptibles d’évoluer sensiblement. En ce sens, les relations entre les Jeunes CDH et les Jong CD&V sont, certes, particulièrement faibles, mais aussi fortement variables. Il est à noter que cela vaut aussi pour les organisations d’aînés et de femmes de chacun de ces partis.

6.8. Les relations entre CDH et CD&V à l’international

192Les liens les plus intenses que nourrissent le CDH et le CD&V s’opèrent au niveau international, et particulièrement au plan européen  [259]. Siégeant tous les deux au sein du même groupe politique au Parlement européen, à savoir le Parti populaire européen (PPE), la nature des relations entre les partis est particulièrement collaborative.

193Au sein du groupe PPE du Parlement européen, le CDH et le CD&V constituent une seule et même délégation belge. Actuellement, celle-ci est composée de quatre eurodéputés (1 CDH, 1 CSP – branche germanophone du CDH – et 2 CD&V), qui ont élu en leur sein K. Peeters (CD&V) comme chef de délégation. La collaboration entre les quatre eurodéputés apparaît bonne. Ils échangent régulièrement à travers des courriels et des discussions, se rencontrent systématiquement une à deux fois par mois à Strasbourg en session plénière autour d’un déjeuner (leurs assistants s’étant pour leur part rencontrés au préalable une semaine auparavant afin d’évoquer les sujets et votes à venir et échanger sur les positionnements de part et d’autre). En général, lorsqu’il s’agit d’amender ou de rédiger des manifestes du PPE en prévision d’un congrès du PPE à venir, soit ils remettent des amendements en commun, soit ils soutiennent les mêmes amendements après en avoir discuté au préalable  [260].

194Cette collaboration et la constitution d’une « délégation belge pour le PPE » ne signifie toutefois pas que le CDH et le CD&V forment une seule et même entité dans l’arène européenne. Ainsi, ces deux partis ne votent pas systématiquement de la même façon, en raison de leurs préférences idéologiques parfois distinctes  [261]. Mais les contacts entre les présidents de parti, entre les députés européens et entre les collaborateurs sont intenses et se concrétisent par la co-signature de questions parlementaires ou d’amendements ou par un soutien politique en réunions.

195Plus largement, le CDH et le CD&V collaborent étroitement avec leurs homologues luxembourgeois (Chrëschtlech-Sozial Vollekspartei/Parti populaire chrétien-social, CSV) et néerlandais (Christen-Democratisch Appèl, CDA). Cela leur permet de s’assurer d’un soutien réciproque et d’accroître leur poids au sein du PPE – parti caractérisé par des tendances idéologiques variées. Sachant qu’une initiative a toujours plus de poids quand elle émane de plusieurs partis ou de plusieurs pays, consolider ainsi un « noyau dur Benelux » est utile en termes de force de frappe, de stratégie lors des votes et de positionnement  [262].

6.9. Conclusion : entre volonté de renforcement des liens et distanciation continue

196Les relations entre le CDH et le CD&V sont très peu soutenues. Il n’existe aujourd’hui plus de concertation ou de collaboration formelle entre les deux partis. Néanmoins, que ce soit au sein des centres d’étude, des cabinets ministériels, du Parlement fédéral, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, des organisations internes aux partis ou encore sur la scène internationale, subsiste une volonté de la part du CDH comme du CD&V de renforcer les collaborations. Ce volontarisme tient au fait que les deux partis partagent un passé commun, font face à un destin électoral similaire et reposent sur une base sociologique et idéologique (malgré des différences, cf. supra) semblable.

197Malgré ce volontarisme, la collaboration entre eux s’avère être très faible dans les faits. Ainsi, depuis la scission du centre d’étude commun, les rencontres entre les collaborateurs du CEPESS et du CEDER sont rares, et très peu de projets sont menés en commun. Au niveau des cabinets ministériels, au-delà des relations interpersonnelles liées à certains dossiers précis, l’absence de communication entre le CDH et le CD&V semble être la norme depuis le début des années 2000, et ce malgré la participation de certains collaborateurs issus du parti frère au sein de cabinets CDH et CD&V. Sur le plan parlementaire, des contacts surtout informels existent mais ils semblent aussi freinés avec le temps. Il en va de même au sein des organisations internes aux partis, principalement des organisations de jeunesse politique. Les liens les plus intenses et les plus formalisés se retrouvent sur la scène internationale, et principalement au niveau européen, à travers le groupe PPE. À l’inverse, les liens les moins intenses se retrouvent en période de campagne électorale et lors des moments de réflexion internes aux partis. Dans ces deux cas, le CDH et le CD&V ne développent aucune relation (à l’exception de quelques listes communes en Région bruxelloise lors des élections communales). Cette faiblesse des liens entre les deux partis relève d’une différence identitaire qui caractérise le CDH et le CD&V et, plus fondamentalement, de divergences idéologiques. À échéances régulières, ces différences donnent lieu à des périodes de tensions particulièrement intenses. Mais cette faiblesse des relations s’explique aussi par des rapports variés au pilier chrétien et aux organisations qui le composent. Enfin, l’intensité des liens qui unissent le CDH et le CD&V relève aussi, dans une certaine mesure, des relations interpersonnelles qui se développent entre les présidents et les cadres des deux partis.

198Ce paradoxe entre volonté de rapprochement et distanciation entre les partis résulterait du fait que la volonté de rapprochement affichée consiste davantage en une stratégie de communication qu’en une réelle volonté de se rapprocher, notamment en raison de positionnements distincts en matière communautaire, socio-économique et même bioéthique  [263]. Ainsi, lors d’un bureau de parti au printemps 2019 (mais également à plusieurs reprises depuis lors  [264]), le président du CDH, M. Prévot, indiquait : « Il n’y a pas deux partis frères plus éloignés que le CDH et le CD&V »  [265].

Conclusion

199L’ambition de ce Courrier hebdomadaire a été de souligner quelles sont les relations qui demeurent entre le CDH et le CD&V, deux formations sociales-chrétiennes qui partagent une histoire commune et qui ont exercé un rôle significatif dans l’histoire politique de la Belgique depuis le XIXe siècle.

200Les résultats de cette recherche – qui a été menée à travers la collecte et l’analyse de nombreuses archives ainsi que par la réalisation de 24 entretiens principalement avec des cadres et élus de ces partis ainsi qu’avec des cadres d’organisations du pilier chrétien – permettent de pointer que les relations entre le CDH et le CD&V se sont fortement dégradées dans le temps. Si ce sont des tensions internes qui sont à l’origine de leur scission, en 1968, les rapports qu’ils ont entretenus durant les années suivantes demeuraient pourtant importants, et étaient même institutionnalisés à travers la mise en place de structures de concertation. Progressivement, c’est dans le sens d’une distanciation accrue de leurs rapports que ces partis ont néanmoins évolué.

201Aujourd’hui, alors qu’aucune structure commune ne permet de faciliter un rapprochement entre les deux partis sociaux-chrétiens, subsiste la volonté d’opérer un tel rapprochement, que ce soit au niveau des centres d’étude, des cabinets ministériels, du Parlement fédéral et du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, des organisations internes ou encore sur la scène internationale. Néanmoins, les collaborations qui se produisent entre cadres et élus du CDH et du CD&V ne peuvent être considérées comme étant la traduction d’efforts visant à concrétiser cette volonté de rapprochement entre les deux partis. Il s’agit en effet davantage de collaborations (certes, parfois étroites) entre des personnes issues du CDH et issues du CD&V que de collaborations entre les structures partisanes elles-mêmes. Les relations sont donc essentiellement d’ordre informel et interpersonnel. Le divorce scellé en 1968 et les nombreuses fractures ultérieures qui s’y sont ajoutées (à travers l’affaire des Fourons, la négociation de la cinquième réforme de l’État ou les négociations de l’orange bleue, pour ne citer que trois exemples) semblent avoir enterré toute possibilité de renforcement structurel des liens entre les deux formations, et ce malgré les similitudes – historiques, sociologiques ou idéologiques – entre elles. Plutôt, ce sont les différences entre ces formations – sur le plan de leur identité, de leur idéologie ou de leur ancrage dans le pilier chrétien – qui tendent à dominer et qui éloignent tous les jours un peu plus les possibilités de rapprochement. Sur le plan interpersonnel aussi, la distance géographique (la dernière institution commune étant le CEPESS, scindé en 2001), le recul électoral important tant du CD&V que du CDH (et donc l’affaiblissement de leur représentation parlementaire) et la participation asymétrique de ces partis au pouvoir dès 2014  [266] réduit les possibilités pour les nouveaux cadres et élus de ces partis de développer des relations privilégiées. Comme l’indique la majorité des interviewés, les élus et les cadres de ces partis se connaissent de moins en moins. La probabilité que les échanges qui subsistent aujourd’hui se réduisent considérablement dans les années à venir est donc sérieuse. Fondamentalement, c’est donc la pertinence de la notion de partis frères qui, lorsqu’elle s’applique aux partis sociaux-chrétiens en Belgique, est remise en cause.

202À ce stade, quelles sont les conclusions qui peuvent être tirées au regard de ce constat ? Alors que le PSC et le CVP ont exercé une fonction historiquement reconnue comme permettant d’apaiser le système politique belge et d’absorber des tensions qui se développent en son sein  [267], la disparition progressive de la famille sociale-chrétienne (en tant qu’association de deux partis sociaux-chrétiens) peut-elle raviver ces tensions en Belgique ? S’il n’est pas de réponse univoque à cette question, plusieurs éléments – soulignés par É. Michel, directeur général du SEGEC, dans une note inédite rédigée en 2011  [268] – méritent d’être soulignés. Tout d’abord, l’affaiblissement électoral de ces partis accélère la disparition des partis sociaux-chrétiens en tant que partis pivots, qui furent pourtant indispensables à la constitution de coalitions gouvernementales dans le temps. L’absence du CDH au sein des majorités gouvernementales en Communauté germanophone depuis plusieurs législatures ainsi qu’en Région de Bruxelles-Capitale et en Région wallonne suite au scrutin du 26 mai 2019 mais aussi l’absence du CDH au sein des majorités gouvernementales au niveau fédéral depuis le 11 octobre 2014 illustrent ce propos. Ensuite, le caractère centriste de cette famille politique permet d’absorber une part importante des tensions le long du clivage socio-économique, le CDH et le CD&V rassemblant des tenants d’une approche de droite mais aussi des défenseurs d’une approche plus ancrée à gauche. L’affaiblissement de la famille sociale-chrétienne conduirait donc à une diminution de l’absorption de ces tensions, observables notamment à travers le face-à-face N-VA–PS qui s’est à nouveau imposé suite au scrutin fédéral de 2019. Enfin, en tant que première famille politique du pays pendant de très nombreuses années, c’est au sein des formations sociales-chrétiennes réunies que se sont résolus dans un premier temps bon nombre de conflits de nature politique. Ce fut par exemple le cas lors de nombreuses réunions organisées chez A. Gilson jusqu’à la fin des années 1990. Ces réunions, généralement peu médiatisées voire secrètes, permettaient d’apaiser, en amont, un certain nombre de tensions. Aujourd’hui, en conséquence non seulement de la faiblesse électorale de cette famille politique  [269] mais aussi du manque de relations entre les partis qui la composent, cette possibilité d’apaisement en amont des tensions se retrouve elle aussi réduite.

Notes

  • [1]
    B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections régionales et communautaires du 26 mai 2019 » et « Les résultats des élections fédérales et européennes du 26 mai 2019 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2414-2415 et 2433-2434, 2019 ; C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). III. Les familles politiques », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2435, 2019, p. 11-13.
  • [2]
    C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). I. Analyse par région » et « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). II. Analyse nationale », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2416-2417 et 2418-2419, 2019.
  • [3]
    D.-L. Seiler, Clivages et familles politiques en Europe, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2011, p. 179-185.
  • [4]
    B. Biard, L. Bernhard, H.-G. Betz, Do They Make a Difference? The Policy Influence of Radical Right Populist Parties in Western Europe, Londres, ECPR Press, 2019.
  • [5]
    Bien que, de jure, la scission entre les deux ailes du PSC-CVP ne se soit produite qu’à l’occasion du non-remplacement du dernier président unitaire (Robert Houben), démissionnaire le 24 novembre 1972.
  • [6]
    X. Mabille, Nouvelle histoire politique de la Belgique, Bruxelles, CRISP, 2011, p. 91.
  • [7]
    P. Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, 2e édition, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2010.
  • [8]
    S. M. Lipset, S. Rokkan, Structures de clivages, systèmes de partis et alignement des électeurs : une introduction, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2008, p. 82.
  • [9]
    Un gouvernement unioniste (gouvernement De Decker) dirigera encore le pays entre 1855 et 1857.
  • [10]
    T. Balzacqet al., Fondements de science politique, Louvain-la-Neuve, De Boeck, 2014, p. 311.
  • [11]
    V. de Coorebyter, « Clivages et partis en Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2000, 2008, p. 26.
  • [12]
    V. de Coorebyter, Les partis et la démocratie, Bruxelles, CRISP (Dossier n° 64), 2005, p. 29.
  • [13]
    Cf. S. N. Kalyvas, « From Pulpit to Party: Party Formation and the Christian Democratic Phenomenon », Comparative Politics, volume 30, n° 3, 1998, p. 294.
  • [14]
    L’appellation en néerlandais n’est qu’officieuse : Federatie van Katholieke Kringen en Conservatieve Verenigingen.
  • [15]
    En néerlandais, Katholieke Partij.
  • [16]
    V. de Coorebyter, « Clivages et partis en Belgique », op. cit., p. 28.
  • [17]
    É. van Haute, « Le CD&V (Christen-Democratisch & Vlaams) », in P. Delwit, J.-B. Pilet, É. van Haute (dir.), Les partis politiques en Belgique, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2011, p. 35-61.
  • [18]
    M. Beyen, « Le Mouvement flamand, produit de la géopolitique européenne », Outre-Terre, volume 3, n° 40, 2014, p. 71-82.
  • [19]
    V. de Coorebyter, « Les partis et la démocratie », op. cit., p. 30.
  • [20]
    V. de Coorebyter, « Clivages et partis en Belgique », op. cit., p. 28.
  • [21]
    X. Mabille, Nouvelle histoire politique de la Belgique, op. cit., p. 210.
  • [22]
    F. Verleden, Aux sources de la particratie. Les relations entre les partis politiques belges et leurs parlementaires (1918-1970), Bruxelles, CRISP, 2019, p. 109.
  • [23]
    É. van Haute, « Le CD&V (Christen-Democratisch & Vlaams) », op. cit., p. 37.
  • [24]
    M. Van den Wijngaert, « De catholique à chrétien et populaire (1936-1951) », in W. Dewachteret al. (dir.), Un parti dans l’histoire : 50 ans d’action du Parti social chrétien, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1996, p. 33-51.
  • [25]
    Ibidem, p. 34.
  • [26]
    Ou Blok der Katholieken.
  • [27]
    J. Beaufays, Les partis catholiques en Belgique et aux Pays-Bas, 1918-1958, Bruxelles, Bruylant, 1973, p. 113-129.
  • [28]
    F. Verleden, Aux sources de la particratie. Les relations entre les partis politiques belges et leurs parlementaires (1918-1970), op. cit., p. 82.
  • [29]
    É. van Haute, « Le CD&V (Christen-Democratisch & Vlaams) », op. cit., p. 38.
  • [30]
    V. de Coorebyter, « Les partis et la démocratie », op. cit., p. 30.
  • [31]
    B. De Wever, F.-J. Verdoodt, A. Vrints, « Les patriotes flamands et la construction de la nation », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2316, 2016, p. 69.
  • [32]
    P. Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, op. cit., p. 171.
  • [33]
    Pour les élections législatives des 7 novembre 1971 et 10 mars 1974, le PSC et le CVP présentent un programme commun concernant les thématiques nationales (mais divergent dès cette époque quant aux thématiques régionales et communautaires).
  • [34]
    « L’évolution récente des structures du CVP-PSC », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 484, 1970 ; D. Dustin, « Les structures du Parti social chrétien de la distanciation de 1968 à nos jours », in W. Dewachteret al. (dir.), Un parti dans l’histoire : 50 ans d’action du Parti social chrétien, op. cit., p. 232.
  • [35]
    Qui demeure aujourd’hui l’institution de gestion et entité consolidante du CDH, à savoir l’asbl visée à l’article 22 de la loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection de la Chambre des représentants, ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques (Moniteur belge, 20 juillet 1989).
  • [36]
    Le 19 juillet 1989, en vertu de la loi du 4 juillet 1989 précitée, le CVP se dote d’une institution de gestion du parti à travers l’asbl Agora, qui est encore aujourd’hui l’entité consolidante du CD&V.
  • [37]
    P. Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, op. cit., p. 174.
  • [38]
    Sur les structures et l’histoire du monde chrétien, cf. E. Gerard, P. Wynants (dir.), Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, Louvain, Leuven University Press, 1994.
  • [39]
    F. Bismans, P. Verjans, « Années faciles et difficiles », in W. Dewachteret al. (dir.), Un parti dans l’histoire : 50 ans d’action du Parti social chrétien, op. cit., p. 88-89.
  • [40]
    40 J. Moden, J. Sloover, « Le Centre politique des indépendants et cadres chrétiens (CEPIC) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 787, 1978.
  • [41]
    J. Smits, « Les standen dans les partis sociaux-chrétiens », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1134-1135, 1986, p. 32.
  • [42]
    Cependant, le gouvernement Vanden Boeynants II n’est un gouvernement de plein exercice que jusqu’en décembre 1978 ; ensuite, il est en affaires courantes car démissionnaire.
  • [43]
    P. Wynants, « Du PSC au CDH. I. 1981-1999 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1889, 2005, p. 9-15.
  • [44]
    R. Falter, « Crise et mutation (1981-1994) », in W. Dewachteret al. (dir.), Un parti dans l’histoire : 50 ans d’action du Parti social chrétien, op. cit., p. 135-157.
  • [45]
    P. Wynants, « Du PSC au CDH. I. 1981-1999 », op. cit., p. 15.
  • [46]
    Centre permanent pour la citoyenneté et la participation (CPCP), Correspondances de G. Deprez.
  • [47]
    X. Mabille, Nouvelle histoire politique de la Belgique, op. cit., p. 389-391.
  • [48]
    P. Blaise, « Les résultats des élections législatives du 13 juin 1999. La Chambre et le Sénat », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1653-1654, 1999.
  • [49]
    P. Wynants, « Du PSC au CDH. II. 1999-2004 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1895-1896, 2005, p. 7.
  • [50]
    CPCP, Discours prononcé par P. Maystadt lors du congrès de Namur le 27 février 1999.
  • [51]
    La référence à l’humanisme ne va pas sans provoquer nombre de réactions sarcastiques de la part du monde laïque.
  • [52]
    CPCP, Documents préparatoires et organisationnels du congrès de fondation du CDH.
  • [53]
    F. Bismans, P. Verjans, « Années faciles et difficiles », op. cit., p. 88-90.
  • [54]
    C.-F. Nothomb, Un plan de paix pour la Belgique, Bruxelles, Racine, 2009, p. 44.
  • [55]
    P. Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, op. cit., p. 206.
  • [56]
    X. Mabille, « L’évolution récente des partis politiques », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1759, 2002, p. 12.
  • [57]
    R. Falter, « Crise et mutation (1981-1994) », op. cit., p. 153.
  • [58]
    L. De Winter, « Le CVP : entre gestion et conviction », in P. Delwit, J.-M. De Waele (dir.), Les partis politiques en Belgique, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1996, p. 68.
  • [59]
    X. Mabille, « L’évolution récente des partis politiques », op. cit., p. 376.
  • [60]
    Le Soir, 6 juin 1996.
  • [61]
    Le Soir, 30 novembre 1996.
  • [62]
    B. Rihoux, S. Walgrave, A.-P. Frognier, « Les mobilisations blanches : d’une crise de légitimité
    à l’émergence de nouveaux mouvements émotionnels ? », in J. Faniel, C. Gobin, D. Paternotte (dir.), Se mobiliser en Belgique. Raisons, cadres et formes de la contestation sociale contemporaine, Louvain-la-Neuve, Academia-L’Harmattan, 2020, p. 63-81.
  • [63]
    B. Biard, « The Influence of Radical Right Populist Parties on Law and Order Policy-Making », Policy Studies, volume 40, n° 1, 2019, p. 50.
  • [64]
    Cf. G. Pagano, « Les résolutions du Parlement flamand pour une réforme de l’État », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1670-1671, 2000.
  • [65]
    J.-B. Pilet, « Le Centre démocrate humaniste (CDH) », in P. Delwit, J.-B. Pilet, É. van Haute (dir.), Les partis politiques en Belgique, op. cit., p. 79.
  • [66]
    P. Blaise, « Les résultats des élections législatives du 13 juin 1999. La Chambre et le Sénat », op. cit., p. 33.
  • [67]
    S. Govaert, « La Volksunie. Du déclin à la disparition (1993-2001) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1748, 2002.
  • [68]
    X. Mabille, « L’évolution récente des partis politiques », op. cit., p. 15.
  • [69]
    É. van Haute, « Le CD&V (Christen-Democratisch & Vlaams) », op. cit., p. 40-41.
  • [70]
    P. Wynants, « Du PSC au CDH. II. 1999-2004 », op. cit., p. 45-47.
  • [71]
    Cela n’empêchera pas les CDF de prendre part à d’autres scrutins ultérieurement (parfois en se présentant en cartel avec Belgische Unie-Union belge-Belgische Union (BUB) sous la dénomination Belg.Unie). Le parti – devenu les Chrétiens démocrates fédéraux (CDF) en 2007 – sera néanmoins dissous le 10 mars 2013. Cf. J. Dohet, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, J.-P. Nassaux, P. Wynants, « Les partis sans représentation parlementaire fédérale », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2206-2207, 2014, p. 94-97.
  • [72]
    P. Wynants, « Du PSC au CDH. II. 1999-2004 », op. cit., p. 58.
  • [73]
    Cf. S. Govaert, « Bruxelles-Hal-Vilvorde : du quasi-accord de 2005 à la procédure en conflit d’intérêts », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1974, 2007 ; S. Govaert, « Les discussions communautaires sous les gouvernements Verhofstadt III, Leterme et Van Rompuy », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2024-2025, 2009.
  • [74]
    Le Soir, 13 juin 2007.
  • [75]
    P. Blaise, V. Demertzis, J. Faniel, J. Pitseys, « L’évolution des partis politiques francophones (2007-2013) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2244-2245, 2014.
  • [76]
    Cf. S. Govaert, « Les discussions communautaires sous le gouvernement, Leterme II (2009-2010) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2126, 2012 ; S. Govaert, « Les négociations communautaires et la formation du gouvernement Di Rupo (juin 2010-décembre 2011) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2144-2145, 2012.
  • [77]
    V. Demertzis, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, « La formation des gouvernements après les scrutins du 25 mai 2014 », Courrier hebdomadaire, n° 2275-2276, 2015, p. 55.
  • [78]
    J. Faniel, C. Istasse, « Le “coup” du 19 juin 2017 : premier bilan », Les @nalyses du CRISP en ligne, 19 juin 2018, www.crisp.be.
  • [79]
    RTBF Info, 15 juin 2017, www.rtbf.be.
  • [80]
    Cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, « La formation des gouvernements régionaux et communautaires après les élections du 26 mai 2019 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2444-2445, 2019.
  • [81]
    Cf. J. Faniel, C. Sägesser, « La Belgique entre crise politique et crise sanitaire (mars-mai 2020) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2447, 2020.
  • [82]
    Le Soir, 26 août 2020.
  • [83]
    Lors d’une interview accordée à La Première (RTBF) le 2 octobre 2020, soit au lendemain de la prestation de serment du gouvernement fédéral De Croo, P. Magnette indique d’ailleurs : « Une seule bonne nouvelle des seize derniers mois, c’est qu’on a redécouvert l’importance des familles politiques (…). Dès les premiers jours de mon mandat de président, à l’époque avec John Crombez puis, tout de suite, avec Conner Rousseau, on a vraiment travaillé à réunifier notre famille politique. Pendant toute
    la négociation, du début à la fin, on a fusionné nos équipes de négociation, on a toujours écrit des mémorandums de négociation communs ».
  • [84]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 28 septembre 2020.
  • [85]
    A. Tréfois, J. Faniel, « L’évolution des partis politiques flamands », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1971, 2007, p. 7-8.
  • [86]
    En outre, H. Van Rompuy devient le premier président du Conseil européen en décembre 2009, fonction qu’il occupera durant le terme maximal de cinq ans.
  • [87]
    Le CD&V a renoncé au poste de Premier ministre afin que M. Thyssen puisse devenir commissaire européenne (V. Demertzis, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, « La formation des gouvernements après les scrutins du 25 mai 2014 », op. cit., p. 60-62).
  • [88]
    De Standaard, 13 septembre 2019.
  • [89]
    Ancien secrétaire d’État puis ministre national, et ancien ministre flamand.
  • [90]
    Cf., par exemple, R. Dandoy, N. De Decker, « Peut-on encore parler de partis frères en Belgique ? », in J.-B. Pilet, J.-M. De Waele, S. Jaumain (dir.), L’absence de partis nationaux : menace ou opportunité ?, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2009, p. 28.
  • [91]
    Qui voit le PSC gagner + 0,3 % des voix alors que son homologue néerlandophone en perd – 0,1 %.
  • [92]
    Qui voit le PSC réaliser un statu quo alors que son homologue néerlandophone perd – 1,8 % des voix.
  • [93]
    Qui voit le PSC réaliser un statu quo alors que son homologue néerlandophone remporte + 0,4 % des voix.
  • [94]
    Au niveau régional bruxellois, les deux formations ont fait partie ensemble du gouvernement entre 1989 et 1995 et entre 2004 et 2019, mais le CVP/CD&V a été le seul parti orange de cet exécutif entre 1995 et 2004.
  • [95]
    V. de Coorebyter, « Clivages et partis en Belgique », op. cit., p. 27-29.
  • [96]
    K. Deschouwer, J.-B. Pilet, É. van Haute, « Party Families in a Split Party System », in K. Deschouwer (dir.), Mind the Gap. Political Participation and Representation in Belgium, Londres, ECPR Press, 2017, p. 100-102.
  • [97]
    É. van Hauteet al., « Party Members in a Pillarised Partitocracy. An Empirical Overview of Party Membership Figures and Profiles in Belgium », Acta Politica, volume 48, n° 1, 2013, p. 68-91 ; É. van Haute, B. Wauters, « Do Characteristics of Consociational Democracies Still Apply to Belgian Parties? », Politics of the Low Countries, n° 1, 2019, p. 6-26.En ligne
  • [98]
    V. de Coorebyter, « Clivages et partis en Belgique », op. cit., p. 31.
  • [99]
    99 L. Bruyère, A.-S. Crosetti, J. Faniel, C. Sägesser, « Introduction. Sécularisation, déconfessionnalisation et pluralisme : les piliers résistent », in L. Bruyère, A.-S. Crosetti, J. Faniel, C. Sägesser (dir.), Piliers, dépilarisation et clivage philosophique en Belgique, Bruxelles, CRISP, 2019, p. 5-22.
  • [100]
    K. Deschouwer, J.-B. Pilet, É. van Haute, « Party Families in a Split Party System », op. cit., p. 101.
  • [101]
    101 A. Vandeleene, K. Celis, S. Erzeel, E. Severs, « Genre et intérêts politiques », in K. Deschouwer, P. Delwit, M. Hooghe, P. Baudewyns, S. Walgrave (dir.), Décrypter l’électeur. Le comportement électoral et les motivations de vote, Louvain, Lannoo Campus, 2015, p. 273-291.
  • [102]
    I. Goovaerts, A. Kern, S. Marien, L. Van Dijk, É. van Haute, K. Deschouwer, « Vote protestataire ou idéologique ? Les déterminants des choix électoraux au 26 mai 2019 » (Note sur la base des données du projet EoS RepResent), juillet 2019, p. 7-8.
  • [103]
    CPCP, Note de la conférence de presse du PSC du 24 avril 2001.
  • [104]
    Manifesto Project, « Data », 28 novembre 2019, https://manifesto-project.wzb.eu.
  • [105]
    N. Merz, S. Regel, J. Lewandowski, « The Manifesto Corpus: A New Resource for Research on Political Parties and Quantitative Text Analysis », Research and Politics, 2016, p. 1-8, https://journals.sagepub.com.
  • [106]
    R. Dandoy, N. De Decker, « Peut-on encore parler de partis frères en Belgique ? », op. cit., p. 19-35.
  • [107]
    Le PSC et le CVP présentant un programme commun lors des scrutins législatifs de 1971 et de 1974, ce sont les programmes complémentaires de chacun – les programmes d’action régionale, visant à présenter la politique qui sera poursuivie dans les domaines qui sont de la compétence autonome des communautés culturelles – qui sont pris en compte dans l’analyse. Les résultats pour 1971 et 1974 se retrouvent donc biaisés en conséquence.
  • [108]
    Exception faite de 1971, pour la raison susmentionnée.
  • [109]
    109 S. Walgrave, I. Jennart, « Paars-groen of paars-geel? Beleid vs. toekomstige kiezers », 18 décembre 2019, https://fr.scribd.com.
  • [110]
    CPCP, Discours prononcé par P. Maystadt lors du congrès de Namur le 27 février 1999.
  • [111]
    B. Blero, « La scission de la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde », « Les réformes liées
    à la scission de BHV : la pacification communautaire, la communauté métropolitaine et le refinancement de Bruxelles » et « La réforme de l’arrondissement judiciaire de Bruxelles », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2279, 2280-2281 et 2282-2283, 2015.
  • [112]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 15 octobre 2019.
  • [113]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 30 août 2019.
  • [114]
    Entretien avec un parlementaire CD&V réalisé le 25 septembre 2019.
  • [115]
    Le Soir, 18 janvier 2014.
  • [116]
    Ibidem.
  • [117]
    Entretien avec un parlementaire CDH réalisé le 25 septembre 2019.
  • [118]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 30 août 2019.
  • [119]
    Entretien avec un ex-cadre, ex-député et ex-ministre CDH réalisé le 23 septembre 2019.
  • [120]
    La Libre Belgique, 11 mai 2019.
  • [121]
    Sur l’ancrage du CDH et du CD&V au sein du pilier chrétien, cf. aussi B. Biard, « CDH et CD&V, un ancrage contrasté au sein du pilier chrétien », Politique, revue belge d’analyse et de débat, n° 110, 2019, p. 22-27.
  • [122]
    Le Mouvement ouvrier chrétien (MOC) est une coupole rassemblant des organisations constitutives du pilier chrétien, à savoir, à l’heure actuelle, le syndicat (la CSC), la mutualité (les Mutualités chrétiennes), un mouvement de jeunesse (les Jeunes organisés et combatifs - JOC), un mouvement de femmes (Vie féminine) et un mouvement d’éducation permanente (les Équipes populaires).
  • [123]
    Le nombre de députés et sénateurs PSC membres du CEPIC a toujours été bien plus faible que le nombre d’élus membres du MOC ou « sans famille » (cf. J. Smits, « Les standen dans les partis sociaux-chrétiens », op. cit., p. 37-39).
  • [124]
    E. Gerard, « Le MOC-ACW », in E. Gerard, P. Wynants (dir.), Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, op. cit., p. 623.
  • [125]
    J. Faniel, P. Reman, « Le paysage syndical : un pluralisme dépilarisé ? », in L. Bruyère, A.-S. Crosetti, J. Faniel, C. Sägesser (dir.), Piliers, dépilarisation et clivage philosophique en Belgique, op. cit., p. 171 ; J. Faniel, C. Gobin, « Les relations entre syndicats et partis politiques : un frein à la mobilisation sociale ? », in J. Faniel, C. Gobin, D. Paternotte (dir.), Se mobiliser en Belgique. Raisons, cadres et formes de la contestation sociale contemporaine, op. cit., p. 132.
  • [126]
    L. Roussel, « Le MOC et l’engagement politique : rapports changeants et délicats », Dynamiques. Histoire sociale en revue, n° 9, 4 avril 2019, www.carhop.be.
  • [127]
    E. Gerard, « Le MOC-ACW », op. cit., p. 623.
  • [128]
    P. Wynants, « Le centre : histoire et sens d’un positionnement politique pour le PSC », in P. Delwit (dir.), Le Parti social chrétien : mutations et perspectives, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2002, p. 55.
  • [129]
    CPCP, Procès-verbal du comité exécutif du MOC du 17 mars 1984.
  • [130]
    T. Durant, « Solidarité et Participation (SeP). Approche chronologique du mouvement et du parti politique (1982-1988) », Dynamiques. Histoire sociale en revue, n° 9, 4 avril 2019, www.carhop.be.
  • [131]
    Ibidem.
  • [132]
    Entretien avec un cadre du MOC réalisé le 25 septembre 2019.
  • [133]
    Entretien avec un cadre du MOC réalisé le 25 septembre 2019.
  • [134]
    Entretien avec un cadre de beweging.net réalisé le 24 octobre 2019.
  • [135]
    A. Greoli n’en dirigera pas moins le cabinet du vice-président CDH du gouvernement wallon, M. Prévot, de 2014 à 2016. Qui plus est, elle sera choisie par le président du CDH, B. Lutgen, pour occuper (dans les deux cas avec le titre de vice-présidente de l’exécutif concerné), à partir d’avril 2016, l’un des deux postes ministériels dévolus à ce parti dans le gouvernement de la Communauté française Demotte III (PS/CDH) et, à partir de juillet 2017, également l’un des trois postes ministériels dévolus à ce même parti dans le gouvernement wallon Borsus (MR/CDH).
  • [136]
    MOC, « François Martou au PS : un choix personnel », Communiqué de presse, 5 mars 2007.
  • [137]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 12 septembre 2019.
  • [138]
    L’olivier est le surnom donné en Belgique francophone à une coalition gouvernementale qui réunit le PS, Écolo et le CDH.
  • [139]
    L’Écho, 8 juin 2019.
  • [140]
    Cf. supra.
  • [141]
    Secrétaire général de la CSC de 2006 à 2014, et député européen (CDH) de 2014 à 2019.
  • [142]
    Secrétaire général de la CSC de 1991 à 2005, bourgmestre (CDH) de Bassenge de 2006 à 2018, et ministre fédéral dans le gouvernement Verhofstadt III de décembre 2007 à mars 2008.
  • [143]
    Ancienne permanente de Vie féminine, elle a rejoint – sans pour autant devenir membre du CDH et tout en revendiquant une indépendance politique – le cabinet ministériel d’A. Greoli au gouvernement de la Communauté française et est devenue présidente du MOC en janvier 2019.
  • [144]
    C’est toujours sous les couleurs du MR qu’elle est devenue députée wallonne et de la Communauté française puis présidente du Sénat en 2019.
  • [145]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH et un cadre du SEGEC réalisé le 2 octobre 2019.
  • [146]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH et un cadre du SEGEC réalisé le 2 octobre 2019.
  • [147]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH et un cadre du SEGEC réalisé le 2 octobre 2019.
  • [148]
    S. Kwaschin, « La négociation sectorielle dans l’enseignement », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2168-2169, 2013, p. 5.
  • [149]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH et un cadre du SEGEC réalisé le 2 octobre 2019.
  • [150]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH et un cadre du SEGEC réalisé le 2 octobre 2019.
  • [151]
    Lors du changement de nom, la référence chrétienne a disparu même si beweging.net reconnaît toujours le christianisme comme source d’inspiration. Depuis 2014, l’organisation continue d’assurer la coordination des composantes du pilier chrétien mais elle se conçoit moins comme une « coupole » que comme l’« animatrice d’un réseau » constitué non seulement d’un syndicat (la CSC) et d’une mutualité (les Mutualités chrétiennes), mais aussi d’un ensemble de neuf autres organisations, notamment de type socio-éducatif. Elle développe par ailleurs des liens privilégiés avec quatre partenaires associés, dont Pax Christi.
  • [152]
    J. Renders, Macht of kracht? Waarom een sociale beweging nodig is, Louvain, Davidsfonds, 2010, p. 108-109.
  • [153]
    Ibidem, p. 104-105.
  • [154]
    É. Arcq, P. Reman, « Les interlocuteurs sociaux et la modernisation de la sécurité sociale », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1508-1509, 1996, p. 20.
  • [155]
    Theo Rombouts (président de l’ACW de 1988 à 2002), interviewé dans La Cité, 23 juin 1994.
  • [156]
    P. Wynants, « Les partis politiques », in M.-T. Coenen, S. Govaert, J. Heinen (dir.), L’état de la Belgique, 1989-2004 : quinze années à la charnière du siècle, Bruxelles, De Boeck/Larcier, p. 109-203.
  • [157]
    Entretien avec un cadre de beweging.net réalisé le 24 octobre 2019.
  • [158]
    A. Tréfois, J. Faniel, « L’évolution des partis politiques flamands », op. cit., p. 7-8.
  • [159]
    Entretien avec un parlementaire CD&V réalisé le 25 septembre 2019.
  • [160]
    L. De Winter, « Le CVP : entre gestion et conviction », op. cit., p. 63-80.
  • [161]
    A. Vandeleene, « La sélection des candidats aux élections par les partis politiques. L’exemple du scrutin du 25 mai 2014 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2398, 2018, p. 24-27.
    Entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 30 août 2019.
  • [162]
    L. De Winter, C. Van Wynsberghe, « Kingdom of Belgium: Partitocracy, Corporatist Society, and Dissociative Federalism », in R. Wolfgang, K. Detterbeck, J. Kincaid (dir.), Dialogues on Political Parties and Civil Society in Federal Countries, Oxford, Oxford University Press, 2015, p. 40-69.
  • [163]
    L. Van Molle, « Le Boerenbond : un (sous-)pilier, malgré tout ? », in L. Bruyère, A.-S. Crosetti, J. Faniel, C. Sägesser, (dir.), Piliers, dépilarisation et clivage philosophique en Belgique, op. cit., p. 197-212.
  • [164]
    Humo, 21 mars 2000.
  • [165]
    L. Van Molle, « Le Boerenbond : un (sous-)pilier, malgré tout ? », op. cit., p. 197-212.
  • [166]
    Entretien avec un cadre de beweging.net réalisé le 24 octobre 2019.
  • [167]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019.
  • [168]
    Données récoltées le 5 novembre 2019 auprès de beweging.net.
  • [169]
    L. De Winter, « Le CVP : entre gestion et conviction », op. cit., p. 68.
  • [170]
    Entretien avec un cadre de beweging.net réalisé le 24 octobre 2019.
  • [171]
    B. Wauters, T. Schamp, « Standen binnen CD&V: een analyse op niveau van de partijleden », Note de recherche, Universiteit Gent, 2013.
  • [172]
    Knack, 19 septembre 2019.
  • [173]
    Entretien avec un cadre de beweging.net réalisé le 24 octobre 2019.
  • [174]
    Le groupe Arco est le bras financier du mouvement ouvrier chrétien. En 2008, 780 000 particuliers détiennent des obligations de cette coopérative. Alors qu’Arco place la grande majorité de ses fonds chez Dexia SA, la valeur des titres Arco chute avec l’effondrement de la banque. En 2011, l’État belge octroie une garantie de 100 000 euros sur leurs parts aux coopérateurs Arco. Néanmoins, en 2016, la Cour de justice de l’Union européenne déclare cette garantie contraire au droit européen. De longs débats relatifs au remboursement – ou non – des coopérateurs d’Arco s’ouvrent alors. Cf. S. Govaert, « Le dossier Arco », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2361-2362, 2017.
  • [175]
    Ibidem, p. 53.
  • [176]
    Ibidem, p. 53-56 ; V. Demertzis, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, « La formation des gouvernements après les scrutins du 25 mai 2014 », op. cit., p. 53-66.
  • [177]
    De Tijd, 13 novembre 2018.
  • [178]
    Entretien avec un cadre de beweging.net réalisé le 24 octobre 2019.
  • [179]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019.
  • [180]
    De Morgen, 12 septembre 2019.
  • [181]
    Entretien avec un cadre du KOV réalisé le 26 novembre 2019.
  • [182]
    Entretien avec un cadre du KOV réalisé le 26 novembre 2019.
  • [183]
    Entretien avec un cadre du KOV réalisé le 26 novembre 2019.
  • [184]
    J. Smits, « Les standen dans les partis sociaux-chrétiens », op. cit.
  • [185]
    Ibidem, p. 8.
  • [186]
    Ibidem, p. 12.
  • [187]
    CPCP, Ordres du jour et procès-verbaux du secrétariat national du PSC.
  • [188]
    W. Dewachter, « Un projet fort, saisi entre positions de pouvoir établies et tendances nouvelles : organisation et fonctionnement du PSC-CVP de 1945 à 1968 », in W. Dewachteret al. (dir.), Un parti dans l’histoire : 50 ans d’action du Parti social chrétien, op. cit., p. 161-264.
  • [189]
    CPCP, Correspondance entre G. Deprez et F. Swaelen, 7 mars 1983.
  • [190]
    Entretien avec un ex-cadre du PSC réalisé le 5 septembre 2019.
  • [191]
    Entretien avec un ex-ministre du PSC réalisé le 10 octobre 2019.
  • [192]
    Lors du scrutin communal du 10 octobre 1982, des listes francophones obtiennent une majorité de sièges dans six localités flamandes situées le long de la frontière linguistique (communes à facilités). À Fourons, c’est José Happart – un agriculteur qui ne parle pas le néerlandais – qui obtient le plus grand nombre de voix de préférence et qui est proposé comme bourgmestre, puis premier échevin et bourgmestre faisant fonction. Les Flamands étant opposés à ces nominations, elles sont successivement cassées (on parle alors de « carrousel fouronnais ») et finissent par faire chuter le gouvernement de W. Martens.
  • [193]
    Entretien avec un ex-cadre du PSC réalisé le 5 septembre 2019.
  • [194]
    Entretien avec un ex-cadre, ex-député et ex-ministre CDH réalisé le 23 septembre 2019.
  • [195]
    Entretien avec un collaborateur ministériel CD&V réalisé le 6 septembre 2019.
  • [196]
    Depuis lors, le siège du CDH a déménagé pour s’installer rue du Commerce à Bruxelles.
  • [197]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019 ; Entretien avec un ex-ministre du PSC réalisé le 10 octobre 2019 ; entretien avec un cadre du CDH réalisé le 28 septembre 2020. Des contacts ont cependant subsisté entre le CEPESS et le CEDER par l’intermédiaire de leurs directeurs respectifs, particulièrement au printemps 2019.
  • [198]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 15 octobre 2019.
  • [199]
    La Province, 8 janvier 2020 ; La Première (RTBF), 13 janvier 2020.
  • [200]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 28 septembre 2020.
  • [201]
    Entretien avec un ex-cadre du PSC réalisé le 5 septembre 2019.
  • [202]
    Entretien avec un collaborateur ministériel du CD&V réalisé le 6 septembre 2019.
  • [203]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019.
  • [204]
    Entretien avec un collaborateur ministériel du CDH et du CD&V réalisé le 11 septembre 2019.
  • [205]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 30 août 2019.
  • [206]
    V. Pattynet al., « Ideas as Close as Possible to Power: Belgian Political Parties and Their Study Centers », in M. Brans, D. Aubin (dir.), Policy Analysis in Belgium, Bristol, Policy Press, 2017, p. 173-191.
  • [207]
    P. Delwit, B. Hellings, « Les accords du Lambermont - Saint-Polycarpe », L’année sociale, 2002, p. 43-58.
  • [208]
    Ancien vice-Premier ministre et ancien ministre fédéral (PSC), J.-P. Poncelet a été vice-président du PSC et a quitté la scène politique belge durant l’été 2001, après la signature des accords dits de la Saint-Boniface et de la Saint-Polycarpe et alors qu’il était nommé à la direction de la stratégie et des relations internationales de l’Agence spatiale européenne (ASE).
  • [209]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 15 octobre 2019.
  • [210]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 20 août 2019.
  • [211]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 12 septembre 2019.
  • [212]
    Depuis janvier 2020, le directeur du CEPESS est Stéphane Nicolas.
  • [213]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 20 août 2019 ; entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 30 août 2019.
  • [214]
    CPCP, Programmes de congrès du PSC et du CDH.
  • [215]
    Il est actuellement postposé, en raison de la crise sanitaire que connaît la Belgique depuis le printemps 2020.
  • [216]
    Le Soir, 28 août 2019.
  • [217]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019.
  • [218]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019.
  • [219]
    P. Blaise, V. de Coorebyter, J. Faniel, « La préparation des élections communales et provinciales du 8 octobre 2006 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1922-1923, 2006, p. 39.
  • [220]
    P. Blaise, V. de Coorebyter, J. Faniel, « La préparation des élections communales et provinciales du 14 octobre 2012 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2150-2151, 2012, p. 67.
  • [221]
    P. Blaise, V. Demertzis, J. Faniel, C. Istasse, J. Pitseys, « La préparation des élections communales et provinciales du 14 octobre 2018 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2381-2382, 2018, p. 92.
  • [222]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 20 août 2019.
  • [223]
    Dans la Région de Bruxelles-Capitale, un échevin supplémentaire peut être élu, néerlandophone ou francophone, si tous les autres échevins sont de l’autre rôle linguistique, afin d’encourager la mixité linguistique au sein des collèges des bourgmestre et échevins. Dans la pratique, cet échevin communément dit surnuméraire est presque toujours néerlandophone.
  • [224]
    Par exemple, cf. La Libre Belgique, 11 mai 2019.
  • [225]
    Entretien avec un ex-cadre du PSC réalisé le 5 septembre 2019.
  • [226]
    Entretien avec un collaborateur ministériel CD&V réalisé le 6 septembre 2019 ; entretien avec un ex-cadre, ex-député et ex-ministre CDH réalisé le 23 septembre 2019.
  • [227]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 30 août 2019 ; entretien avec un ex-cadre, ex-député et ex-ministre CDH réalisé le 23 septembre 2019.
  • [228]
    Entretien avec un parlementaire CDH réalisé le 30 septembre 2019.
  • [229]
    B. Connaughton, « Navigating the Borderlines of Politics and Administration: Reflections on the Role of Ministerial Advisers », International Journal of Public Administration, volume 38, n° 1, 2015, p. 37-45.
  • [230]
    Entretien avec un parlementaire CD&V réalisé le 25 septembre 2019 ; entretien avec un parlementaire CDH réalisé le 30 septembre 2019.
  • [231]
    Entretien avec un collaborateur ministériel du CDH et du CD&V réalisé le 11 septembre 2019.
  • [232]
    Entretien avec un collaborateur ministériel du CDH et du CD&V réalisé le 11 septembre 2019.
  • [233]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 30 août 2019.
  • [234]
    Entretien avec un collaborateur ministériel CD&V réalisé le 6 septembre 2019.
  • [235]
    À l’instar des formations socialistes (PS et SP) et libérales (PRL et PVV), le PSC et le CVP forment deux groupes politiques distincts au sein de la Chambre des représentants et du Sénat à partir de 1985.
  • [236]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 6 août 2019.
  • [237]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019.
  • [238]
    Les données analysées dans cette section ont été collectées et fournies par Frederik Verleden (KU Leuven).
  • [239]
    Leurs votes sont identiques sur des sujets comme, par exemple, la légalisation de l’euthanasie (cf.
    M.-L. Delfosse, « Vers la loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie (II). Une approche des débats parlementaires et de leurs prolongements », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2429-2430, 2019,
    p. 70, 89-90 et 96-98).
  • [240]
    Chambre des représentants, Projet de loi modifiant la loi du 15 décembre 1980 sur l’accès au territoire, le séjour, l’établissement et l’éloignement des étrangers afin de garantir l’exécution des mesures d’éloignement, n° 2798/1, 7 décembre 2017.
  • [241]
    Parlement wallon, Résolution visant à inviter le gouvernement fédéral à retirer le projet de loi autorisant les visites domiciliaires, n° 1049, 25 avril 2018.
  • [242]
    Loi du 5 mars 2017 concernant le travail faisable et maniable, Moniteur belge, 15 mars 2017.
  • [243]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019.
  • [244]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 12 septembre 2019.
  • [245]
    Entretien avec un ex-cadre, ex-député et ex-ministre CDH réalisé le 23 septembre 2019.
  • [246]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 12 septembre 2019.
  • [247]
    Entretien avec un ex-cadre, ex-député et ex-ministre CDH réalisé le 23 septembre 2019.
  • [248]
    Entretien avec un parlementaire CDH réalisé le 30 septembre 2019.
  • [249]
    Chambre des représentants, Proposition de loi relative aux règles d’imposition des bénéfices des sociétés ayant une présence numérique significative, n° 3483/1, 23 janvier 2019 ; Chambre des représentants, Proposition de loi relative à la création d’une taxe provisoire (TSN) portant sur les produits générés par certaines activités des géants du numérique, n° 3485/1, 23 janvier 2019.
  • [250]
    Sénat, Proposition visant à compléter le titre VI du règlement du Sénat par un chapitre VI/1 portant création d’un Centre d’expertise pour les affaires institutionnelles, n° 497/1, 22 février 2019.
  • [251]
    Entretien avec un ancien cadre du CDH réalisé le 21 août 2019.
  • [252]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 19 décembre 2019.
  • [253]
    Notons toutefois l’organisation conjointe d’une récolte de fonds pour l’hôpital Geitaoui de Beyrouth, le 6 août 2020, par les Jeunes CDH et les Jong CD&V, dans la foulée de la double explosion ayant touché la capitale libanaise le 4 août 2020.
  • [254]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 19 décembre 2019.
  • [255]
    Entretien avec un cadre du CD&V réalisé le 29 août 2019.
  • [256]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 19 décembre 2019.
  • [257]
    CPCP, Accord portant sur une tournante entre Jeunes CDH et Jong CD&V au sein du YEPP.
  • [258]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 19 décembre 2019.
  • [259]
    Entretien avec un ex-cadre du CDH réalisé le 30 août 2019.
  • [260]
    Entretien avec un collaborateur parlementaire européen (PPE) réalisé le 17 janvier 2020.
  • [261]
    Entretien avec un collaborateur parlementaire européen (PPE) réalisé le 17 janvier 2020.
  • [262]
    Entretien avec un collaborateur parlementaire européen (PPE) réalisé le 17 janvier 2020.
  • [263]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 19 décembre 2019.
  • [264]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 28 septembre 2020.
  • [265]
    Entretien avec un cadre du CDH réalisé le 19 décembre 2019.
  • [266]
    Au niveau fédéral mais aussi au niveau régional et communautaire puisque la négociation d’accords de coopération nécessite un rapprochement entre ministres issus des différentes Régions et/ou Communautés.
  • [267]
    J. Ladrière, « Le système politique belge : situation 1970 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 500, 1970, p. 21-22.
  • [268]
    É. Michel, « Transformation politique : l’épicentre chrétien », Note inédite, 13 mai 2011.
  • [269]
    C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). III. Les familles politiques », op. cit.
Benjamin Biard
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Le CDH et le CD&V sont tous deux les héritiers du Parti catholique, fondé au 19e siècle, devenu le PSC-CVP au lendemain de la Seconde Guerre mondiale puis divisé sur une base linguistique à la fin des années 1960 à la suite de vives tensions internes. Les liens qui unissent les deux partis frères qu’ont été le PSC et le CVP et que sont aujourd’hui le CDH et le CD&V ont sensiblement évolué dans le temps : des moments de forts désaccords ont alterné avec des épisodes de rapprochement. Tendanciellement, l’évolution des relations entre les deux partis de tradition sociale-chrétienne a cependant consisté en une progressive distanciation de leurs structures, de leurs dirigeants, de leurs programmes et de leurs actions. B. Biard interroge les rapports qu’entretiennent les deux descendants du PSC-CVP unitaire, en se focalisant sur la période entamée au début des années 2000, c’est-à-dire depuis la fondation du CDH et du CD&V dans leurs moutures actuelles. Ce faisant, il questionne plus largement ce que recouvre encore aujourd’hui la notion de « partis frères » en Belgique. Tous les types de liens, formels ou informels, entre les deux formations sont investigués, qu’il s’agisse des rapports entre dirigeants des partis, de ceux établis au niveau des ministres et des parlementaires, ou même, dans une certaine mesure, des liens existant au niveau des militants. Sont également prises en compte les relations susceptibles d’être entretenues entre ces partis politiques à travers leurs centres d’étude, leurs organisations de jeunesse et toutes les autres associations gravitant autour d’eux, dont celles constituant le pilier chrétien.

Cette étude se base notamment sur 24 entretiens, réalisés principalement avec des (ex-)cadres et élus des partis orange de Belgique.

Mis en ligne sur Cairn.info le 22/10/2020
https://doi.org/10.3917/cris.2467.0005
ISBN 9782870752463
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