CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1La Belgique germanophone a cent ans. Selon le droit international en effet, c’est le 20 septembre 1920 que l’actuelle région de langue allemande a été détachée de l’Allemagne et transférée sous la souveraineté de l’État belge. En droit belge, cette annexion a été immédiate s’agissant de l’ancien territoire de Moresnet-neutre (qui a alors reçu le statut de commune sous le nom de La Calamine et a été intégré au canton d’Aubel) ; en revanche, elle n’a été effective que le 7 mars 1925 s’agissant des anciens Kreise d’Eupen et de Malmedy (constitués au total de 30 communes et redivisés par la Belgique en trois cantons : Eupen, Saint-Vith et Malmedy).

2Depuis son rattachement à la Belgique, l’actuelle région de langue allemande a vu ses habitants prendre part à pas moins de 125 scrutins [1] : 28 élections de la Chambre des représentants entre 1925 et 2019 [2], 26 élections du Sénat entre 1925 et 2010 [3] (ainsi que deux élections indirectes en 2014 et 2019), 25 élections du conseil provincial de Liège entre 1925 et 2018 [4], 17 élections des conseils communaux entre 1922 et 2018 [5], 12 élections du Parlement de la Communauté germanophone entre 1974 et 2019, 9 élections de la représentation belge au Parlement européen entre 1979 et 2019, et 6 élections du Parlement wallon entre 1995 et 2019.

3Le présent Courrier hebdomadaire est consacré à la période 1920-1974, c’est-à-dire celle pour laquelle il n’est pas possible d’établir de statistiques électorales qui porteraient à la fois sur l’ensemble des communes formant l’actuelle région de langue allemande et uniquement sur celles-ci. À cette époque en effet, les communes germanophones (alors au nombre de 25) n’avaient pas encore été regroupées au sein de deux cantons électoraux qui leur soient spécifiques ; tel n’a été le cas qu’à partir de 1977, lorsqu’une réforme a donné aux cantons d’Eupen et de Saint-Vith la composition qui est toujours la leur aujourd’hui. Au contraire, ces communes étaient alors réparties entre quatre cantons électoraux : Eupen, Eynatten, Hauset, Hergenrath, Kettenis, Lontzen, Neu-Moresnet, Raeren et Walhorn composaient le canton d’Eupen ; Amblève, Burg-Reuland, Crombach, Heppenbach, Lommersweiler, Manderfeld, Meyerode, Recht, Schoenberg, Saint-Vith et Thommen constituaient le canton de Saint-Vith ; Bullange, Butgenbach, Elsenborn et Rocherath faisaient partie du canton de Malmedy (avec six communes francophones également annexées après la Première Guerre mondiale : Bellevaux-Ligneuville, Bevercé, Faymonville, Malmedy, Robertville et Waismes) ; et La Calamine appartenait au canton d’Aubel (qui comprenait également dix communes francophones). Or les résultats officiels des élections étaient alors ventilés par arrondissement et par canton, sans descendre jusqu’au niveau communal.

4Dès lors, le cadre géographique considéré dans cette étude est celui des cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy, tels qu’ils ont existé jusqu’à l’homogénéisation linguistique opérée en 1977. Et cela bien que, à cette époque, ces trois cantons, d’une part, comprenaient une partie de l’actuelle région de langue française (puisque, le canton de Malmedy était alors composé non seulement de quatre communes germanophones mais également de six communes francophones) et, d’autre part, n’englobaient pas la commune de La Calamine (puisque celle-ci faisait partie du canton d’Aubel) [6].

5L’étude porte sur les élections de la Chambre des représentants qui se sont tenues en Belgique germanophone entre 1920 et 1974. À la vérité, son champ chronologique est quelque peu plus réduit, puisque les « nouveaux Belges » ont certes pris part aux scrutins nationaux dès 1921 s’agissant des habitants de La Calamine (commune qui, comme on vient de l’indiquer, ne sera pas prise en considération ici), mais seulement à partir de 1925 en ce qui concerne les habitants des cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy. Au final, quinze échéances électorales sont donc passées en revue : 1925, 1929, 1932, 1936, 1939, 1946, 1949, 1950, 1954, 1958, 1961, 1965, 1968, 1971 et 1974. Trois indicateurs sont analysés, à savoir la participation des électeurs aux différents scrutins, la hiérarchie des formations politiques issue des urnes et les scores obtenus par les formations politiques.

6Il n’est rendu compte ici ni des élections du Sénat ni des élections provinciales. D’une part, parce que ces élections se tiennent soit aux mêmes dates que les élections de la Chambre des représentants [7], soit au moins à des dates fort proches [8]. D’autre part, parce que les formations politiques qui déposent des listes pour ces élections sont toujours soit identiques à celles qui font de même pour les élections de la Chambre, soit moins nombreuses. Enfin, les élections communales ne sont pas non plus retenues, en raison de la grande diversité des configurations politiques locales.

7Les données relatives aux années 1925-1950 sont extraites de la compilation réalisée par l’Administration des Affaires électorales du Ministère de l’Intérieur (telle que vérifiée et rectifiée par R. E. De Smet, R. Evalenko, W. Fraeys, Atlas des élections belges, 1919-1954, Bruxelles, Institut de sociologie Solvay (Université libre de Bruxelles), 1958, p. 219, 222 et 223) [9] ; celles relatives aux années 1954-1974 proviennent de documents émis par le Ministère de l’Intérieur entre 1958 et 1977.

1. Jalons historiques et institutionnels

8Les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy ont une histoire fort mouvementée et tout à fait spécifique, qu’il convient de retracer brièvement avant de se pencher sur les évolutions électorales ayant eu cours dans cette région.

1.1. Le Traité de Versailles (1919)

9À la sortie de la Première Guerre mondiale, la Belgique exige de pouvoir bénéficier, à l’instar d’autres pays alliés (à commencer par la France), de réparations de la part de l’Allemagne vaincue pour les dommages que les troupes armées de celle-ci ont commis sur son sol entre août 1914 et novembre 1918. En l’occurrence, elle réclame un accroissement de territoire aux dépens du Reich [10].

10La Conférence de la paix qui se tient à Paris à partir de la mi-janvier 1919 lui donne satisfaction. Le 28 juin 1919, jour de la signature du traité qui clôt les travaux de cette assemblée diplomatique internationale, la Belgique obtient de s’agrandir de quelque 1 050 kilomètres carrés sur sa frontière orientale. Plus précisément, en vertu des articles 27, 1°, et 31 à 39 du Traité de Versailles, la Belgique reçoit la souveraineté sur les cercles administratifs (Kreise) d’Eupen et de Malmedy [11], ainsi que sur le territoire contesté de Moresnet, dit Moresnet-neutre [12]. La région est riche de quelques industries et, ce qui intéresse spécialement la Belgique à cette époque, de forêts.

11Les Kreise d’Eupen et de Malmedy correspondent aux cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy qui avaient anciennement fait partie du département de l’Ourthe (actuelle province de Liège) jusqu’à ce qu’ils en soient soustraits, au profit du royaume de Prusse, par le Traité de Vienne du 9 juin 1815 ayant redessiné la carte de l’Europe à l’issue des guerres napoléoniennes. En 1820, la Prusse avait maintenu le Kreis d’Eupen mais avait supprimé celui de Saint-Vith pour l’englober dans celui de Malmedy. De longue date (et surtout depuis la fin du XIXe siècle, lorsque la Prusse avait entrepris de la germaniser à marche forcée), la région malmedienne, largement romane, aspirait à pouvoir regagner le giron belge ; en Belgique, ce mouvement a trouvé un écho tout particulièrement favorable au sortir de la Grande Guerre (il s’est agi de récupérer la « Wallonie prussienne »). Dans le cas des territoires de langue allemande, les revendications belges répondent à des motifs purement économiques et, dans une moindre mesure, militaro-stratégiques [13].

12Pour sa part, le territoire de Moresnet-neutre a une histoire toute spéciale. En dépit de plusieurs mois de tractations entre janvier et juin 1816, le royaume des Pays-Bas et le royaume de Prusse n’étaient pas parvenus à convenir du tracé de leur frontière commune dans la région de Moresnet, en raison du fait que celle-ci comprenait une mine de zinc particulièrement riche (connue sous le nom d’Altenberg ou de Vieille Montagne). L’article 17 du Traité d’Aix-la-Chapelle du 26 juin 1816 avait dès lors divisé la commune de Moresnet en trois entités distinctes : une zone hollandaise (Moresnet), une zone prussienne (Preußisch-Moresnet) et une zone dite neutre d’une superficie de 344 hectares. Cette troisième zone était neutre sur le plan militaire, mais elle n’était pas indépendante ni même autonome sur le plan civil. Elle était administrée conjointement par les deux États limitrophes : d’une part, les Pays-Bas (puis la Belgique) et, d’autre part, la Prusse (puis l’Empire allemand). Cette situation était censée n’être que provisoire, le temps qu’une solution définitive soit trouvée. Toutefois, même après que le gisement de zinc avait été épuisé, à la fin du XIXe siècle, les deux pays voisins étaient restés incapables de conclure un accord, n’ayant ni l’un ni l’autre renoncé à leur revendication territoriale. La Belgique refusait même d’ouvrir toute négociation à ce propos, ce qui accroissait l’irritation de l’Empire allemand. Au cours de la Grande Guerre, ce dernier avait envahi Moresnet-neutre dès le 4 août 1914, avant de l’annexer unilatéralement le 27 juin 1915.

13Certains responsables politiques belges se montrent déçus de cette issue des délibérations de la Conférence de la paix. En effet, ils avaient espéré que la Belgique puisse se voir accorder une expansion territoriale plus substantielle, comprenant notamment d’autres secteurs allemands dont Montjoie [14]. Cependant, l’État belge est conscient qu’il ne peut escompter davantage. Confrontés en particulier aux réticences des négociateurs britanniques et états-uniens à Paris, les diplomates belges ont d’ailleurs craint un temps de n’obtenir que Moresnet-neutre. Dès lors, la Belgique approuve le Traité de Versailles dès le 15 septembre 1919 [15].

1.2. Le processus d’incorporation à la Belgique (1920-1925)

14La Conférence de la paix a établi une distinction de statut entre, d’une part, Moresnet-neutre et, d’autre part, les Kreise d’Eupen et de Malmedy.

15Moresnet-neutre passera sous la souveraineté de la Belgique dès la promulgation du Traité de Versailles, et cette incorporation sera directement pleine et entière. En prévision de cette époque, la Belgique adopte une loi d’annexion le 15 septembre 1919 [16]. Cette loi stipule que, sitôt le Traité de Versailles entré en vigueur, les habitants de ce territoire deviendront « Belges de plein droit » (article 2) et la Constitution et la législation belges y seront d’application (article 3). Par ailleurs, elle rebaptise le territoire en La Calamine, lui donne le statut de commune et le rattache au canton d’Aubel. Le Traité de Versailles est promulgué le 10 janvier 1920 ; prend alors fin l’histoire centenaire, et si singulière [17], de l’ancien territoire contesté de Moresnet-neutre.

16En revanche, l’annexion des Kreise d’Eupen et de Malmedy par l’État belge [18] ne sera pas immédiate. Elle sera conditionnée à la tenue d’une consultation populaire locale par laquelle, durant les six mois qui suivront l’entrée en vigueur du Traité de Versailles, les habitants des deux cercles concernés pourront « exprimer par écrit leur désir de voir tout ou partie de ces territoires maintenu sous la souveraineté allemande ». Le gouvernement belge devra ensuite « porter le résultat de cette consultation populaire à la connaissance de la Société des Nations, dont la Belgique s’engage à accepter la décision » [19].

17Dès lors, pour les Kreise d’Eupen et de Malmedy, la date de l’entrée en application du Traité de Versailles est celle, non pas de l’incorporation dans l’État belge, mais de l’ouverture d’une période de transition. Certes, la région cesse d’être allemande pour entrer dans le giron belge [20]. Mais son passage sous souveraineté belge n’est alors pas encore nécessairement définitif : il reste susceptible d’être révoqué par la Société des Nations à l’issue de la consultation populaire.

18Par une loi du 15 septembre 1919, la Belgique a décidé que, en attendant leur annexion, les cercles d’Eupen et de Malmedy seraient soumis à un régime d’administration provisoire [21]. Il s’agit d’une administration militaire placée sous l’autorité du lieutenant-général Herman Baltia. En sa qualité de haut-commissaire du Roi (c’est-à-dire de gouverneur responsable, non devant les Chambres, mais directement devant le seul Premier ministre [22]), celui-ci dispose de la plénitude des pouvoirs législatifs et exécutifs. Ce régime provisoire est installé dès le 10 janvier 1920. Il est d’emblée autoritaire, s’apparentant, selon les instructions données en janvier 1920 par le Premier ministre Léon Delacroix au haut-commissaire H. Baltia, à celui d’une « colonie » [23].

19Quant à elle, la consultation populaire locale exigée par le Traité de Versailles est organisée par l’État belge dans les deux cercles entre le 26 janvier et le 23 juillet 1920, mais elle se déroule d’une manière très éloignée des critères démocratiques. Elle entrera d’ailleurs dans l’Histoire sous le nom de « petite farce belge » (« kleine belgische Farce »). Les modalités en sont que les opposants à l’annexion doivent faire inscrire leur nom dans l’un des deux « registres de protestataires » ouverts à Eupen et à Malmedy. Les conditions à remplir pour pouvoir voter sont d’avoir atteint l’âge de 21 ans (ou de l’atteindre pendant la consultation) et de résider dans un des cercles depuis le 1er août 1914 au moins. Par le moyen de diverses tracasseries et irrégularités administratives, les représentants de l’État belge œuvrent à décourager les éventuels protestataires de prendre part à la consultation ; au besoin, ils n’hésitent pas à faire pression sur eux, en recourant à des manœuvres d’intimidation voire en usant de mesures de rétorsion. Au final, seuls 271 des 33 726 électeurs potentiels osent se prononcer en faveur du maintien à l’Allemagne (dont une majorité de fonctionnaires allemands de toute façon décidés à retourner dans ce pays en cas d’annexion par la Belgique).

20Le 20 septembre suivant, eu égard aux résultats de cette consultation populaire et en dépit des protestations de l’Allemagne, la Société des Nations nouvellement créée proclame le rattachement des deux cercles à la Belgique. En droit international, le transfert de souveraineté est donc reconnu comme définitif à cette date.

21Toutefois, l’État belge attend plusieurs années avant d’adopter la loi d’annexion qui transposera cette décision de la Société des Nations dans son droit national. Datée du 6 mars 1925 [24], cette loi entre en application le lendemain. Toutefois, le régime d’administration provisoire dirigé par H. Baltia continue à être d’application dans les cercles d’Eupen et de Malmedy – que la Belgique a désormais redivisés en trois cantons : Eupen, Saint-Vith et Malmedy [25] – jusqu’au 31 mai suivant [26]. En outre, la législation ayant jusqu’alors régi ces territoires demeure en vigueur jusqu’à la fin de l’année. Ce n’est que le 1er janvier 1926 que se produit le passage sous le régime constitutionnel et légal belge ordinaire [27].

22Entre-temps, par le Traité de Locarno du 16 octobre 1925, l’Allemagne a accepté de ne pas remettre en cause la nouvelle frontière belgo-allemande fixée par le Traité de Versailles (et déterminée de façon précise par l’accord belgo-allemand signé à Aix-la-Chapelle le 6 novembre 1922, qui sera ensuite révisé par un traité du 7 novembre 1929 puis par son arrangement additionnel du 10 mai 1935).

1.3. L’entre-deux-guerres

23D’emblée, un important mouvement d’opposition à l’intégration à la Belgique et de volonté de retour à l’Allemagne voit le jour dans les trois cantons de l’Est – et en particulier dans ceux d’Eupen et de Saint-Vith.

24Durant tout l’entre-deux-guerres, ce mouvement subsiste dans la région (spécialement parmi les habitants de langue allemande) et, même, il va en grandissant. À de multiples reprises en effet, les autorités belges prennent des décisions et posent des actes que la population locale considère comme autant de marques de condescendance voire de mépris, de négligence voire d’hostilité, de vexation voire d’humiliation, de défiance voire de méfiance : régime transitoire militaire et autoritaire prévalant jusqu’à la fin du mois de mai 1925 (cf. supra), politique de francisation (usage exclusif du français dans l’enseignement secondaire supérieur, entraves à l’expression de la langue et de la culture allemandes, etc.), suspicion de manque de loyauté des élus locaux, etc.

25En outre, au cours des années 1925 et 1926, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique et l’ancien Premier ministre L. Delacroix nouent des contacts officieux et secrets avec le président de la Reichsbank, visant à ce que les anciens Kreise d’Eupen et de Malmedy soient rétrocédés à l’Allemagne moyennant le versement à la Belgique, alors confrontée à de graves problèmes financiers, d’une importante compensation pécuniaire (on parle de 200 millions de marks-or) [28]. L’opération échoue en raison du refus catégorique de la France, qui a eu vent du projet, de voir le Traité de Versailles connaître la moindre modification. Dans les cantons de l’Est, la révélation de ces tractations belgo-allemandes contribue tout à la fois à renforcer la position des pro-allemands et à affaiblir celle des pro-belges.

26La population belge elle-même n’accueille guère avec enthousiasme ceux et celles que la propagande leur avait présentés comme les « frères et sœurs retrouvés ». Emblématique de cette difficulté qu’éprouve alors la Belgique à considérer les habitants des cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy comme étant désormais des citoyens belges à part entière est la persistance, dans le langage courant, de l’habitude de désigner cette région par l’expression péjorative de « cantons rédimés ». En effet, le verbe rédimer désigne soit le fait de racheter une obligation par le versement d’une contribution (ce qui implique que les trois cantons de l’Est ne seraient rien de plus qu’une compensation aux pertes matérielles et humaines que la Belgique a subies en 1914-1918), soit celui d’acheter le pardon de ses fautes ou de ses erreurs par le moyen d’une bonne conduite ou de sacrifices (ce qui induit que les habitants des trois cantons auraient à se faire pardonner d’avoir porté les armes contre la Belgique durant la Première Guerre mondiale, ayant alors appartenu au camp ennemi).

27Pour les habitants des trois cantons, les difficultés d’intégration sont donc légion. Aux barrières de la langue, s’ajoute notamment l’attitude d’un État qui refuse de prendre en compte leurs attentes politiques spécifiques (parfois totalement différentes de celles du reste des Belges), au mieux par indifférence et au pire par hostilité. À plusieurs reprises, ils réclament la tenue d’un référendum d’autodétermination, mais en vain.

28S’ajoute à cela le fait que l’Allemagne n’a pas renoncé à recouvrir ces territoires. La République de Weimar y mène une propagande secrète, visant à exploiter et à accroître le sentiment de ses anciens citoyens de n’être que des « Belges de seconde zone » dans le nouveau pays que leur a imposé le « Diktat de Versailles » [29]. Elle y promeut la langue et la culture allemandes et y appuie le désir d’un retour à la patrie allemande. Des organisations et associations politiques, sociales, économiques et culturelles, parfois créées de toute pièce dans ce but par les agences gouvernementales du Reich, y reçoivent un soutien financier et idéologique. Ce mouvement est même accentué à partir de 1933, année de l’arrivée des nazis au pouvoir à Berlin. Le parti d’Adolf Hitler joue entre autres du fait que les conséquences de la crise économique mondiale déclenchée en 1929 sont réputées se faire désormais moins ressentir en Allemagne qu’en Belgique.

29Afin de contrer la propagande pro-allemande qui se déploie de manière croissante dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy – et qui est désormais portée par des organes appuyés voire dirigés par la dictature hitlérienne –, la Belgique se dote en 1934 d’une loi lui permettant de prononcer des peines de déchéance de la nationalité belge et d’expulsion hors du pays à l’encontre de ses ressortissants dont elle estimerait qu’ils « manquent gravement à leurs devoirs de citoyens belges » [30]. Cette loi est clairement dirigée contre les habitants des trois cantons de l’Est qui mèneraient une propagande visant au démantèlement du territoire national, puisque – allant par ailleurs en cela à l’encontre du principe constitutionnel de l’égalité des citoyens – elle instaure la perte de la qualité de Belge dans le cas d’un manquement grave au devoir civique, mais uniquement pour les personnes n’ayant pas acquis la nationalité belge par la naissance [31]. Elle n’est toutefois appliquée que dans quelques rares cas.

30La division des deux anciens Kreise d’Eupen et de Malmedy en trois cantons opérée en 1925 est d’application tant sur le plan administratif que sur le plan judiciaire et sur le plan électoral. Pour sa part, la commune de La Calamine (ancien territoire de Moresnest-neutre) a été incorporée au canton d’Aubel dans les trois mêmes domaines dès 1920 [32]. Les quatre cantons font partie de l’arrondissement (administratif, judiciaire ou électoral) de Verviers.

31Sur le plan administratif, les 31 communes nouvellement belges sont toutes rattachées à la province de Liège et, au sein de celle-ci, sont fondues dans l’arrondissement administratif de Verviers. Les autorités belges avaient envisagé un temps d’inclure le canton d’Eupen dans la province de Limbourg et celui de Saint-Vith dans la province de Luxembourg ; cependant, elles se sont finalement ralliées au souhait exprimé par la population des trois nouveaux cantons de rester administrativement unie. Le débat politique s’était alors porté sur la question de savoir si ces territoires allaient constituer ou non une subdivision administrative spécifique ; l’option retenue a été celle d’une incorporation dans l’arrondissement administratif de Verviers.

32Sur le plan de la législation linguistique, toutes ces communes sont incluses dans la région unilingue française. Toutefois, par dérogation à la loi ordinaire, les communes des trois cantons de l’Est reçoivent un statut linguistique particulier, instauré par un arrêté royal du 4 octobre 1925 (pris par le gouvernement belge en vertu des pouvoirs dont il a été investi par la loi d’annexion du 6 mars précédent) [33]. Les 24 communes majoritairement germanophones sont unilingues allemandes avec un régime de facilités linguistiques pour les habitants francophones ; il s’agit de l’ensemble des communes des cantons d’Eupen et de Saint-Vith et de quatre communes du canton de Malmedy (Amblève, Bullange, Burg-Reuland, Butgenbach, Crombach, Elsenborn, Eupen, Eynatten, Hauset, Heppenbach, Hergenrath, Kettenis, Lommersweiler, Lontzen, Manderfeld, Meyerode, Neu-Moresnet [34], Raeren, Recht, Rocherath, Saint-Vith, Schoenberg, Thommen et Walhorn). Les 6 dernières communes, majoritairement francophones et appartenant toutes au canton de Malmedy, sont unilingues françaises avec un régime de facilités linguistiques pour les habitants germanophones (Bellevaux-Ligneuville, Bevercé, Faymonville, Malmedy, Robertville et Waismes). En revanche, et cela bien que sa population soit très majoritairement germanophone, la commune de La Calamine ne bénéficie d’aucun statut linguistique d’exception puisque, dans ce domaine comme dans tous les autres, elle est soumise à la loi ordinaire depuis janvier 1920.

33Sur le plan électoral, les habitants de la commune de La Calamine prennent part aux élections dans leur nouveau cadre belge à partir de 1921 : scrutin communal le 24 avril [35], scrutin national le 20 novembre (Chambre des représentants et Sénat) et scrutin provincial le 27 novembre. En revanche, ils n’ont pu être électeurs lors du tout premier scrutin qui a suivi la fin de la Première Guerre mondiale en Belgique, à savoir le scrutin national du 16 novembre 1919, puisqu’ils n’avaient alors pas encore été intégrés à ce pays. Pour leur part, les habitants des trente communes constituant les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy doivent attendre plus longtemps avant de pouvoir faire usage du droit de vote. Le 21 mai 1922, ils votent à leur tour pour renouveler leurs conseils communaux [36]. Et c’est le 5 avril 1925 qu’ils peuvent participer pour la première fois à un scrutin national, puis le 7 novembre suivant à un scrutin provincial. Jusqu’alors, il leur avait été impossible de prendre part à la vie politique de leur nouveau pays.

1.4. La Seconde Guerre mondiale et les lendemains de la Libération

34Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie procède à la réannexion des anciens Kreise d’Eupen et de Malmedy ainsi que de l’ancien territoire de Moresnet-neutre [37]. Cette décision est prise par Adolf Hitler dès le 18 mai 1940 [38], soit alors même que l’armée belge n’a pas encore capitulé. Elle est d’application directe, le Führer estimant que ces territoires avaient été indûment détachés du Reich et sont partie intégrante de la patrie allemande [39]. Dès lors, la région est immédiatement incluse dans la division administrative (Gau) de Cologne–Aix-la-Chapelle, au sein de la Province de Rhénanie. Le 23 septembre 1941, le Reich donne en outre la nationalité allemande aux habitants d’Eupen-Malmedy et de Moresnet [40] (mais sans pour autant leur retirer leur nationalité belge) [41]. L’Allemagne s’octroie ainsi le droit d’enrôler les jeunes hommes dans la Wehrmacht à partir du mois de novembre suivant.

35Le gouvernement belge en exil à Londres ne prend à aucun moment l’initiative de protester contre cette annexion unilatérale de la région [42]. Il est vrai que la décision d’A. Hitler est invalide au regard du droit international, la Belgique restant toujours en guerre. Mais ce silence donne l’impression d’une acceptation tacite. Le décret d’annexion du Führer du 18 mai 1940 ne sera formellement frappé de nullité en droit belge que le 16 juin 1947, par un arrêt de la 2e chambre de la Cour de cassation [43].

36Les trois cantons sont reconquis par les troupes américaines entre le 11 et le 13 septembre 1944, puis rendus à la Belgique. Pour eux toutefois, la Seconde Guerre mondiale ne prend fin qu’après la bataille des Ardennes. Entre le 16 décembre 1944 et le 1er février 1945, la région est au cœur des combats dus à l’offensive Von Rundstedt ; la ville de Saint-Vith en sort particulièrement dévastée. Après la guerre, la frontière belgo-allemande rétablie sera légèrement modifiée par le Protocole de Paris du 22 mars 1949, puis par les accords belgo-allemands du 24 septembre 1956, du 6 septembre 1960, du 10 décembre 1973 et du 26 mars 1982 [44].

37À la libération, l’État belge mène une répression particulièrement sévère des « faits de collaboration » dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy. En effet, l’auditorat militaire spécial ne tient pas compte de la contrainte particulière à laquelle les habitants de cette contrée ont été soumis entre 1940 et 1944. Les deux conseils de guerre siégeant à Eupen et à Malmedy de février 1946 à juin-juillet 1947 ouvrent 15 623 dossiers d’instruction, touchant ainsi près d’un quart de la population locale (chiffre loin au-dessus de la moyenne nationale, laquelle se situe à 4,15 %), et condamnent 1 503 personnes, ce qui représente 2,41 % des habitants (soit quatre fois plus que dans le reste du pays) [45]. Cette répression atteint un point tel que, lors des élections législatives du 17 février 1946, la moitié des électeurs des trois cantons de l’Est ne peuvent pas voter car ils sont déchus de leurs droits civils et politiques. Cette situation mettra quelque temps à se résorber.

38Les relations entre l’État belge et les habitants des trois cantons de l’Est s’apaisent à partir du début des années 1960 [46]. Ainsi, suite à un accord conclu entre la Belgique et l’Allemagne de l’Ouest, la région peut enfin percevoir à son tour des dommages de guerre en 1962. Surtout, par la loi du 2 août 1963 créant la région de langue allemande (cf. infra) et par la loi du 30 juillet 1963 réglant l’emploi de la langue allemande dans les écoles [47], il est mis fin à la politique de francisation qui avait de facto continué à prévaloir jusqu’alors dans les communes germanophones.

1.5. La création des régions linguistiques (1963)

39La région de langue allemande est créée le 1er septembre 1963, en vertu de la loi du 2 août précédent sur l’emploi des langues en matière administrative [48]. Cette région linguistique est constituée des 25 communes germanophones que la Belgique avait annexées en vertu du Traité de Versailles : les 9 communes du canton d’Eupen (Eupen, Eynatten, Hauset, Hergenrath, Kettenis, Lontzen, Neu-Moresnet, Raeren et Walhorn), les 11 communes du canton de Saint-Vith (Amblève, Burg-Reuland, Crombach, Heppenbach, Lommersweiler, Manderfeld, Meyerode, Recht, Schoenberg, Saint-Vith et Thommen), 4 des 10 communes du canton de Malmedy (Bullange, Butgenbach, Elsenborn et Rocherath) et la commune de La Calamine (appartenant au canton d’Aubel).

40Quant à elles, les 6 communes francophones, qui toutes font partie du canton de Malmedy, appartiennent à la région de langue française. Il s’agit des communes de Bellevaux-Ligneuville, Bévercé, Faymonville, Malmedy, Robertville et Waismes, communément appelées les communes malmediennes.

41Les communes de la région de langue allemande – en ce compris désormais La Calamine – restent toutes des communes à facilités linguistiques en faveur de leurs habitants de langue française, de même que les communes dites malmediennes demeurent des communes à facilités linguistiques en faveur de leurs habitants de langue allemande [49].

42Le 24 décembre 1970, la région de langue allemande devient le territoire de l’actuelle Communauté germanophone (alors appelée Communauté culturelle allemande), dont l’assemblée est mise en place le 23 octobre 1973. Au fil des réformes de l’État successives, la Communauté germanophone deviendra une authentique entité fédérée, institutionnellement mise sur le même pied que les deux autres Communautés.

1.6. L’homogénéisation linguistique des cantons (1977)

43Le 1er janvier 1977, les 25 communes de la région de langue allemande connaissent une opération de fusion [50] qui réduit leur nombre à neuf : Amblève (constituée des anciennes communes d’Amblève, Heppenbach et Meyerode), Bullange (Bullange, Manderfeld et Rocherath), Burg-Reuland (Reuland et Thommen), Butgenbach (Butgenbach et Elsenborn), La Calamine (La Calamine, Hergenrath et Neu-Moresnet), Eupen (Eupen et Kettenis), Lontzen (Lontzen et Walhorn), Raeren (Eynatten, Hauset et Raeren) et Saint-Vith (Crombach, Lommersweiler, Recht, Saint-Vith et Schoenberg) [51].

44Le même jour, les six communes malmediennes fusionnent pour leur part en deux nouvelles entités : Malmedy (constituée des anciennes communes de Bellevaux-Ligneuville, Bévercé et Malmedy) et Waismes (Faymonville, Robertville et Waismes).

45Peu après, en mars 1977, afin d’assurer l’homogénéité linguistique des cantons, l’ancienne commune de La Calamine est transférée du canton d’Aubel vers celui d’Eupen, et les nouvelles communes de Bullange et de Butgenbach passent du canton de Malmedy à celui de Saint-Vith [52].

46Cette nouvelle carte électorale sera appliquée pour la première fois à l’occasion des élections nationales et provinciales du 17 avril 1977. À partir de cette époque, donc, sur le plan électoral, la région de langue allemande sera entièrement comprise dans deux cantons qui lui seront propres et exclusifs, plutôt que d’être éclatée entre quatre cantons dont deux majoritairement ou presque exclusivement francophones.

2. La participation aux élections

47Étudier la participation aux élections nécessite de disposer de trois types de données : le nombre d’électeurs inscrits, le nombre de bulletins de vote valables et le nombre de bulletins blancs ou nuls.

48S’agissant de l’élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy, seuls le nombre des bulletins valables et celui des bulletins blancs ou nuls ont pu être obtenus pour l’ensemble de la période 1920-1974. En revanche, le nombre d’électeurs inscrits n’a pu être établi que de façon incomplète, à savoir uniquement pour les années 1954-1974.

2.1. Le nombre de bulletins valables

49À l’occasion de la première participation des cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy à une élection de la Chambre des représentants, en 1925, le nombre de bulletins valablement remplis qui sont déposés dans les urnes est de 13 204 (cf. le graphique 1 et, en annexe, le tableau A2). Il s’accroît lors des deux scrutins nationaux suivants : 14 843 en 1929 et 16 262 en 1932. Sans doute cet accroissement est-il dû, au moins partiellement, au fait qu’une formation politique s’adressant spécifiquement aux habitants des cantons de l’Est se présente alors aux électeurs : le Christliche Volkspartei Eupen-Malmedy-Sankt Vith (CVP, Parti populaire chrétien pour Eupen - Malmedy - Saint-Vith). Le CVP a été fondé en janvier 1929, en réaction à l’opposition du parti catholique à toute décentralisation en faveur de la région. Plus encore, il s’agit là d’une formation pro-allemande : le CVP revendique une nouvelle consultation populaire locale et, sur la base des résultats de celle-ci, une éventuelle rétrocession des trois cantons à l’Allemagne.

50En 1936, le nombre de voix valablement exprimées dans les cantons de l’Est s’effondre d’un coup à 9 275. C’est que, en quatre ans, la situation a sensiblement changé. En effet, le CVP a fait place en 1935 au Heimattreue Front (HF : littéralement, Front fidèle à la patrie). Tout comme son prédécesseur, le HF réclame la rétrocession d’Eupen - Malmedy - Saint-Vith à l’Allemagne. Mais à la différence du CVP, qui se situait dans le milieu catholique, le HF est proche du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP) allemand : ouvertement dirigé et financé par le parti nazi d’Adolf Hitler, il a pour objectif de répandre l’idéologie nationale-socialiste en Belgique germanophone. Très vite, il constitue la principale des organisations qui, appuyées par le IIIe Reich, tentent de saper le régime belge dans les anciens Kreise et œuvrent à un retour de ceux-ci à l’Allemagne (cf. supra). Or en 1936, le HF n’est pas en mesure de concourir aux élections en raison de problèmes d’organisation interne (dus notamment au fait que plusieurs des cadres du parti – dont Josef Dehottay, qui avait été la principale figure du CVP – ont été récemment privés de leur nationalité belge et expulsés de Belgique vers l’Allemagne) ; il appelle donc les électeurs des cantons de l’Est à voter blanc. Son appel est largement entendu et suivi : cette année-là, dans les trois cantons anciennement allemands, les bulletins blancs ou nuls constituent près de la moitié des bulletins déposés dans les urnes (cf. infra).

51Trois ans plus tard, en 1939, le HF se présente aux élections. Le nombre de bulletins valables retrouve alors un niveau normal : 16 927.

Graphique 1. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Nombre de bulletins valables

Graphique 1. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Nombre de bulletins valables

Graphique 1. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Nombre de bulletins valables

52En 1946, lors des premières élections nationales qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de votes valablement exprimés connaît une nouvelle chute marquée dans les cantons de l’Est : il tombe à 9 919. Cet état de fait s’explique par le contexte particulier de l’époque, à savoir la répression des « faits de collaboration » que mènent alors, d’une manière particulièrement sévère, les autorités belges dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy et qui prive alors la moitié des électeurs de ces trois cantons de leurs droits civils et politiques (cf. supra).

53En 1949, la majorité des personnes ainsi condamnées ont recouvré le droit de vote. En outre, celui-ci n’est désormais plus l’apanage des seuls hommes : pour la première fois, les femmes en disposent également. En effet, par la loi du 27 mars 1948 [53], les femmes belges ont acquis le droit de prendre part aux élections nationales [54]. Dans les cantons de l’Est, le nombre de bulletins valables bondit dès lors d’un seul coup à 28 597.

54Par la suite, les évolutions sont moins marquées. Elles sont faites d’une croissance globalement continue : 28 970 en 1950, 31 623 en 1954, 34 878 en 1958, 34 904 en 1961, 34 495 en 1965, 35 143 en 1968 et 36 046 en 1971. Cependant, le scrutin du 10 mars 1974 connaît une baisse prononcée du nombre de voix valablement exprimées : 34 173.

55De 1925 à 1974, les courbes des trois cantons ont une allure presque identique, reflétant des évolutions largement parallèles. La seule différence à pointer est le fait que, en 1936, celle du canton de Malmedy connaît un creux moins marqué que celles des cantons d’Eupen et de Saint-Vith : l’appel au vote blanc lancé par le HF y a donc reçu un écho un peu moindre que dans les deux autres cantons. D’ailleurs, il s’agit du seul scrutin pour lequel les cantons d’Eupen et de Saint-Vith ne représentent pas à eux deux entre 65,7 % et 67,8 % du total des votes valablement exprimés à l’échelle de l’ensemble des trois cantons de l’Est, mais à peine 62,5 % [55].

2.2. La proportion de bulletins blancs ou nuls

56En 1925, les bulletins blancs ou nuls [56] représentent 10,8 % de l’ensemble des bulletins de vote déposés dans les urnes des cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (cf. le graphique 2 et, en annexe, le tableau A3). Cette proportion va en diminuant lors des deux scrutins suivants : 8,6 % en 1929 et 5,1 % en 1932. Le canton d’Eupen est globalement celui qui présente le taux de bulletins non valables le plus haut (il s’y élève jusqu’à 13,9 % en 1925), tandis que le canton de Malmedy est systématiquement celui qui connaît le taux le plus bas.

57En 1936, en conséquence directe de l’appel lancé en ce sens par le HF, la proportion de bulletins blancs ou nuls atteint un sommet rarement enregistré dans les annales électorales belges [57] : 54,3 % dans le canton d’Eupen (c’est-à-dire donc la majorité absolue des bulletins déposés), 48,7 % dans celui de Saint-Vith et 42,8 % dans celui de Malmedy. Soit une moyenne de 52,0 % à l’échelle des deux premiers cantons, et de 48,9 % pour l’ensemble du territoire des anciens Kreise.

58Dès 1939, le taux de bulletins non valables retrouve un niveau normal, tout en demeurant un peu plus élevé qu’en 1932 (entre 5,5 % à Malmedy et 6,1 % à Eupen, pour une moyenne de 5,8 %).

Graphique 2. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls, en % des bulletins déposés

Graphique 2. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls, en % des bulletins déposés

Graphique 2. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls, en % des bulletins déposés

59Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1946, la proportion de bulletins blancs ou nuls est à nouveau basse dans la région (5,3 % à l’échelle des trois entités), spécialement dans le canton de Saint-Vith. Mais ce scrutin – très particulier eu égard au fait que le corps électoral est alors réduit de moitié dans les cantons de l’Est (cf. supra) – sera le dernier à présenter une telle configuration.

60À partir de 1949 en effet, les bulletins blancs ou nuls représentent à chaque fois au moins un dixième des votes exprimés. Ce phénomène est particulièrement marqué en 1949 (14,3 %), en 1954 (15,0 %), en 1965 (15,6 %) et, surtout, en 1974 (16,4 %). En moyenne, la proportion est de 13,3 % sur la période 1949-1974.

61Au cours de cette même période, les courbes des trois cantons ont des allures très similaires. Elles se rejoignent particulièrement en 1965 et en 1968. En moyenne, le taux de bulletins blancs ou nuls est de 14,4 % pour le canton d’Eupen et de 12,7 % pour celui de Saint-Vith (soit 13,7 % pour ces deux cantons réunis), et de 12,4 % pour celui de Malmedy. Le canton d’Eupen est celui qui présente la plus forte proportion de bulletins blancs ou nuls entre 1949 et 1968 ; cette place est celle du canton de Malmedy en 1971 puis du canton de Saint-Vith en 1974. La position inverse est disputée entre les cantons de Malmedy et de Saint-Vith jusqu’en 1971 ; ensuite, c’est le canton d’Eupen qui enregistre le pourcentage le moins élevé en 1974.

2.3. Le taux d’absentéisme

62À partir de 1954, nous disposons du nombre d’électeurs inscrits. Il est donc possible de calculer le taux d’absentéisme, c’est-à-dire la proportion d’électeurs inscrits qui n’ont pas exprimé de vote (ni en se présentant en personne dans un bureau de vote, ni en votant par procuration).

63Le taux d’absentéisme varie dans une fourchette comprise entre 5,5 % et 9,7 % ; ces minimum et maximum sont enregistrés respectivement en 1958 et en 1968 (cf. le graphique 3 et, en annexe, le tableau A4). En moyenne, la proportion d’électeurs absents est de 8,1 %.

Graphique 3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’absentéisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’absentéisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’absentéisme, en % des électeurs inscrits

64Les trois courbes cantonales ont une allure fort proche. Elles convergent particulièrement en 1958 et en 1974. En moyenne, 8,4 % des électeurs inscrits sont absents au vote dans le canton d’Eupen, 8,2 % dans le canton de Saint-Vith et 7,7 % dans le canton de Malmedy. Les cantons d’Eupen et de Malmedy sont les entités qui présentent le plus souvent le taux d’absentéisme respectivement le plus haut et le plus bas.

2.4. Le taux d’abstentionnisme

65À partir de 1954, toutes les données étant disponibles, il est possible de calculer le taux d’abstentionnisme, c’est-à-dire la proportion d’électeurs inscrits qui n’ont pas exprimé un vote valable (soit parce qu’ils n’ont pas voté, soit parce qu’ils ont rendu un bulletin blanc ou nul).

66In fine, au cours de la période 1954-1974, ce sont en moyenne pas moins de 20,4 % des électeurs inscrits dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy qui n’expriment pas de vote valable pour l’élection de la Chambre des représentants (cf. le graphique 4 et, en annexe, le tableau A5). Le phénomène est particulièrement marqué en 1954 (21,4 %), en 1965 (22,4 %) et, surtout, en 1974 (24,3 %).

67Les moyennes cantonales sont les suivantes : 21,4 % à Eupen, 20,0 % à Saint-Vith et 19,4 % à Malmedy. L’évolution est identique à celle constatée supra relativement aux bulletins blancs ou nuls.

Graphique 4. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’abstentionnisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 4. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’abstentionnisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 4. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’abstentionnisme, en % des électeurs inscrits

2.5. Mise en perspective

68Le taux d’abstentionnisme que présentent les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy pour les élections nationales qui se sont tenues entre 1954 et 1974 apparaît particulièrement élevé, au regard de la situation qui prévaut à la même époque à l’échelle de l’ensemble de la Belgique (cf. Graphique 7).

69Le taux d’absentéisme n’est pas en cause : de ce point de vue, le comportement des électeurs des trois cantons de l’Est est fort similaire à celui constaté dans le reste de la Belgique (cf. Graphique 6).

70C’est la proportion de bulletins blancs ou nuls qui induit la différence : elle est systématiquement, et souvent nettement, plus importante dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy qu’elle ne l’est en moyenne dans le pays (cf. Graphique 5). Ce dernier constat dépasse même la seule période 1954-1974, pour s’appliquer à l’ensemble des scrutins considérés dans cette étude ; la seule et unique exception est celui de 1939.

Graphique 5. Élection de la Chambre des représentants (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls, en % des bulletins déposés

Graphique 5. Élection de la Chambre des représentants (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls, en % des bulletins déposés

Graphique 5. Élection de la Chambre des représentants (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls, en % des bulletins déposés

Graphique 6. Élection de la Chambre des représentants (1954-1974). Taux d’absentéisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 6. Élection de la Chambre des représentants (1954-1974). Taux d’absentéisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 6. Élection de la Chambre des représentants (1954-1974). Taux d’absentéisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 7. Élection de la Chambre des représentants (1954-1974). Taux d’abstentionnisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 7. Élection de la Chambre des représentants (1954-1974). Taux d’abstentionnisme, en % des électeurs inscrits

Graphique 7. Élection de la Chambre des représentants (1954-1974). Taux d’abstentionnisme, en % des électeurs inscrits

3. La hiérarchie des formations politiques

71Pour étudier l’évolution de la hiérarchie des formations politiques issue des élections de la Chambre des représentants dans les cantons de l’Est entre 1924 et 1974, il est instructif de procéder en deux temps : d’abord à l’échelle des trois cantons, puis en comparant ceux-ci entre eux.

3.1. La hiérarchie à l’échelle des trois cantons

72Entre 1925 et 1974, le nombre de formations politiques qui se présentent à l’élection de la Chambre des représentants dans la circonscription de Verviers – et, partant, dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy – varie entre quatre et sept (cf. le tableau 1).

73Le parti catholique puis social-chrétien – qui est successivement dénommé Union catholique belge (UCB) [58], puis Parti catholique social (PCS) à la veille de la Seconde Guerre mondiale [59] et enfin Parti social chrétien (PSC) au lendemain de celle-ci [60] – occupe le plus souvent la 1re place dans les cantons de l’Est entre 1925 et 1974. Tel est notamment le cas en 1925 (année de la première participation des trois cantons nouvellement belges à un scrutin national) et en 1936 (année du vote blanc massif). Trois exceptions sont toutefois à pointer dans l’entre-deux-guerres : en 1929 – ce qui doit être mis en rapport direct avec le mécontentement de la population à l’égard d’un parti qui refuse de donner satisfaction à ses revendications de décentralisation en faveur de la région –, en 1932 et en 1939, il est précédé par un parti pro-allemand ainsi que, dans le premier cas, par le parti socialiste.

74Le parti socialiste – nommé Parti ouvrier belge (POB) dans l’entre-deux-guerres puis Parti socialiste belge (PSB) après la Libération – occupe la 2e place en 1925 et en 1929, c’est-à-dire à l’époque où il défend l’idée d’organiser un référendum d’autodétermination et le projet de création d’un arrondissement d’Eupen-Malmedy. Par la suite, il est rétrogradé à la 3e position en 1932 et en 1936, et même à la 4e en 1939 ; cela s’explique entre autres par le fait que le parti a, suite à l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne en 1933, abandonné sa position révisionniste. Après la guerre, le PSB occupe le 2e rang sans discontinuer entre 1946 et 1961. Il cède ensuite cette place au parti libéral en 1965 et 1968, avant d’être dépassé également par le nouveau parti régionaliste germanophone (CUW en 1971 puis PDB en 1974).

75Le parti libéral – appelé tout d’abord Parti libéral (PL), puis Parti de la liberté et du progrès (PLP) à dater du 8 octobre 1961 – occupe tout d’abord la 4e place de 1925 à 1932. Ensuite, il figure en 5e position en 1936 et en 1939 [61] puis à nouveau en 1946, avant de monter à la 3e à partir de 1949 et même à la 2e à partir de 1965. Toutefois, il n’est plus que le 3e parti en 1974 ; ce recul ne peut être attribué à la présence, lors de ce scrutin, d’une dissidence (à savoir le Parti libéral wallon - PLW), celle-ci ne réalisant qu’un score très faible et n’arrivant d’ailleurs qu’à la 7e et dernière place.

76À trois reprises dans l’entre-deux-guerres, un parti pro-allemand se présente au suffrage des électeurs des cantons de l’Est. À chaque fois, il y conquiert la position de 1er parti. Il s’agit du Christliche Volkspartei Eupen-Malmedy-Sankt Vith (CVP) en 1929 et en 1932, et de son successeur, le Heimattreue Front (HF), en 1939. Rappelons en outre que, en 1936, le HF parvient à convaincre près de la moitié des électeurs de ces cantons de voter blanc ; c’est donc lui qui, en réalité, apparaît comme y étant le vainqueur de ce scrutin.

77Après la Seconde Guerre mondiale, il faut attendre le début des années 1970 pour qu’apparaisse à nouveau un parti s’adressant spécifiquement aux Belges germanophones. Il s’agit de la Christliche Unabhängige Wählerverband (CUW, Union des électeurs chrétiens indépendants) [62], qui, fruit d’une dissidence survenue au sein du PSC, naît afin de réclamer un statut spécial pour les cantons de l’Est dans le cadre belge. En 1971, année de sa première participation à un scrutin, elle parvient à occuper le 3e rang. L’année suivante, ce parti prend le nom de Partei der Deutschsprachigen Belgier (PDB, Parti des Belges de langue allemande) ; en 1974, cette formation arrive en 2e place.

78Le Parti communiste de Belgique (PCB) oscille entre la 4e et la 6e place dans l’entre-deux-guerres [63] ; hormis en 1936, cela signifie qu’il arrive en dernière position du classement. En 1946, c’est-à-dire à l’occasion du premier scrutin national qui se tient après la Libération, il atteint le 3e rang. Cependant, il ne dépasse plus la 4e position par la suite ; telle est sa place entre autres en 1965, année où une autre formation d’extrême gauche se présente également mais n’arrive pour sa part que 6e (le Parti wallon des travailleurs - PWT).

79Outre le HF, deux autres partis fascisants se présentent dans l’entre-deux-guerres : la Légion nationale (LN), 5e en 1925, et surtout Rex, 2e en 1936 et 3e en 1939.

80Les partis régionalistes wallons n’obtiennent guère les suffrages des électeurs des cantons de l’Est. Le Rassemblement wallon (RW) parvient toutefois à se hisser à la 4e place en 1968 et encore à la 5e en 1971 et en 1974. Avant lui, le Parti d’unité wallonne (PUW) a été 6e en 1949, en 1958 et en 1961.

81Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’éphémère Union démocratique belge (UDB) figure à la 5e place, derrière le PCB mais devant le Parti libéral.

Tableau 1. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Ordre des formations politiques, selon les voix obtenues

Tableau 1. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Ordre des formations politiques, selon les voix obtenues

Tableau 1. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Ordre des formations politiques, selon les voix obtenues

3.2. Comparaison entre les trois cantons

82Des différences se marquent entre les trois cantons, comme le montre le tableau 2 (qui ne reprend que les listes arrivées dans une des trois premières positions). Cependant, ces différences ne concernent guère la 1re place. En effet, lors de la majorité des scrutins, la liste qui arrive en tête est la même dans les trois cantons. Dans l’entre-deux-guerres, la seule exception à cette situation se produit en 1932 : le CVP est alors 1er dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith, alors qu’il est 2e dans le canton de Malmedy (l’UCB étant respectivement 2e dans les deux premiers cantons et 1er dans le troisième). Après la Libération, le PSC arrive partout en tête sans interruption entre 1946 et 1968. Ensuite, lors des deux derniers scrutins de la période ici passée en revue, il ne l’est plus que dans les cantons d’Eupen et de Malmedy, tandis qu’il figure en 2e position dans le canton de Saint-Vith (derrière le PLP en 1971 puis derrière le PDB en 1974).

83La hiérarchie aux trois premières places n’est strictement la même dans les trois cantons qu’à six reprises : en 1936, en 1939, en 1949, en 1950, en 1954 et en 1968. Toutefois, dans les autres cas, les différences ne sont le plus souvent que peu marquées : hormis en 1925, en 1946, en 1971 et en 1974, les listes formant le trio de tête sont partout les mêmes.

Tableau 2. Élections de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Listes arrivées dans les trois premières positions

Tableau 2. Élections de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Listes arrivées dans les trois premières positions

Tableau 2. Élections de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Listes arrivées dans les trois premières positions

4. Les scores des formations politiques

84Pour étudier l’évolution des scores des principales formations politiques, nous procédons en trois temps [64]. Tout d’abord, nous nous penchons sur les scores à l’échelle des trois cantons considérés ensemble. Ensuite, nous procédons à une comparaison entre les scores enregistrés dans les deux cantons exclusivement germanophones : Eupen et Saint-Vith. Enfin, nous réalisons une comparaison entre ceux-ci et les scores advenus dans l’entité bilingue français-allemand qu’est le canton de Malmedy.

4.1. Les scores à l’échelle des trois cantons

85L’évolution des scores des formations politiques en lice entre 1925 et 1974 pour l’élection de la Chambre des représentants à l’échelle des trois cantons de l’Est est présentée dans le graphique 8 et le tableau 3. Le commentaire qui suit distingue la période de l’entre-deux-guerres des années 1946-1974.

4.1.1. L’entre-deux-guerres

86Dans l’entre-deux-guerres, les électeurs des cantons de l’Est dispersent fort peu leurs votes. Quel que soit le nombre de listes en présence, ils concentrent essentiellement leurs suffrages sur deux ou trois d’entre elles. Ces formations politiques prédominantes sont les suivantes : en 1925, l’UCB et le POB (qui totalisent ensemble 91,8 % des voix) ; en 1929, le CVP, le POB et l’UCB (94,9 %) [65] ; en 1932, le CVP, l’UCB et le POB (94,8 %) [66] ; en 1936, l’UCB, Rex et le POB (92,9 %) [67] ; en 1939, le HF et le PCS (84,3 %). Par trois fois, un parti obtient même à lui seul la majorité absolue des voix : l’UCB en 1925 (66,5 %) et en 1936 (53,8 %), et le CVP en 1929 (52,1 %). Aux deux autres reprises, une telle position majoritaire n’est pas loin d’être remportée : le CVP recueille 45,9 % des voix en 1932 et le HF 45,7 % en 1939.

87Le parti catholique remporte largement le premier scrutin auquel prennent part les trois cantons nouvellement annexés, avec 66,5 % des voix en 1925. Quatre ans plus tard, son opposition à l’octroi de toute forme d’autonomie à la région (et, consécutivement, l’apparition du CVP) lui vaut de chuter à 19,4 %. Il parvient à remonter à 31,1 % en 1932 (en dépit de la présence toujours très vigoureuse – quoiqu’un peu affaiblie – du CVP qui le dépasse de près de 15 %). En 1936, année d’absence de tout parti pro-allemand (et année du vote blanc massif), il voit plus d’un électeur votant sur deux se prononcer en sa faveur : 53,8 %. En 1939, il récolte 38,6 % (soit quelque 7 % de moins que le HF).

88Le parti socialiste voit son score diminuer sans cesse dans l’entre-deux-guerres : alors qu’il récolte environ un quart des voix lors des deux premiers scrutins (25,3 % en 1925 et 23,3 % en 1929), il tombe à 17,8 % en 1932 puis à 12,7 % en 1936. En 1939, son résultat n’est que de 4,1 %.

89Le parti libéral réalise des scores fort bas tout au long de la période : entre 2,9 % et 4,6 %.

90À trois reprises, un parti pro-allemand se présente aux électeurs des cantons de l’Est. À chaque fois, il réalise de très hauts scores : 52,1 % en 1929 et 45,9 % en 1932 pour le CVP, et 45,7 % pour le HF en 1939.

91Le PCB n’enregistre que des scores insignifiants : entre 0,3 % et 3,2 %.

92Le parti fascisant LN n’obtient que 0,7 % en 1925. Pour sa part, Rex réalise une percée importante en 1936 (26,8 %) mais voit son score divisé par quatre dès 1939 (6,8 %).

4.1.2. Les années 1946-1974

93Après la Seconde Guerre mondiale, le paysage politique des cantons de l’Est est très largement dominé par le PSC. Jusqu’en 1968, les sociaux-chrétiens obtiennent sans discontinuer une majorité absolue des voix. Leurs scores sont même compris entre 81,3 % et 84,9 % entre 1946 et 1950, puis encore entre 71,1 % et 76,5 % entre 1954 et 1961. En 1965, le résultat du PSC reste encore de 64,6 %. Trois ans plus tard, le parti dépasse pour la dernière fois de son histoire la barre de la moitié des voix (51,8 %). Il connaît un creux marqué en 1971 (37,9 %), puis remonte quelque peu pour le dernier scrutin de la période (39,9 % en 1974).

94Le parti socialiste enregistre des résultats croissants lors des quatre premiers scrutins qui suivent la Libération (de 7,7 % en 1946 à 19,2 % en 1954). Il connaît ensuite une période de régression constante durant quatre autres scrutins, qui l’amène à 8,7 % en 1968. Il se redresse ensuite : 9,3 % en 1971 et 13,9 % en 1974.

95Le parti libéral connaît une croissance presque continue entre 1946 (où il obtient à peine 2,5 % des voix) et 1968 (où il atteint, et de loin, le score le plus élevé qu’un parti autre que le PSC ait obtenu entre 1946 et 1974 : 34,7 %). Il enregistre ensuite un ressac : 25,4 % en 1971 et 15,3 % en 1974.

96Les partis régionalistes germanophones apparaissent en toute fin de période. Ils se voient attribuer entre un cinquième et un quart des voix : 20,0 % pour la CUW en 1971 et 24,3 % pour le PDB en 1974. Cette arrivée d’un nouveau type de formation politique sur l’échiquier électoral a un impact sensible. Entre 1946 et 1968, les trois partis dits traditionnels (social-chrétien, socialiste et libéral) avaient en moyenne recueilli ensemble 96,6 % des votes valables dans les trois cantons [68]. Désormais, ils ne totalisent plus que 72,6 % en 1971 et 69,1 % en 1974 [69]. Ce mouvement de ressac se produit essentiellement au détriment du PSC et du PLP (puisque, dans le même temps et contrairement à ceux-ci, le PSB accroît ses scores).

97Le PCB obtient 3,2 % des suffrages en 1946 et encore 2,2 % trois ans plus tard. Par la suite, son score oscille entre à peine 0,3 % et 1,5 %.

98Les partis régionalistes wallons échouent également à s’implanter électoralement dans les cantons de l’Est. Le PUW n’y dépasse pas le demi-pourcent lors des trois scrutins auxquels il concourt (1949, 1958 et 1961). Le RW obtient 2,1 % en 1968, 6,1 % en 1971 et 5,3 % en 1974.

99Pour son unique participation à un scrutin national, en 1946, l’UDB récolte 2,7 % des voix.

Graphique 8. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, en % des votes valables

Graphique 8. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, en % des votes valables

Graphique 8. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, en % des votes valables

Pour l’identification des formations politiques, cf. le tableau 3.

Tableau 3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, en % des votes valables

Tableau 3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, en % des votes valables

Tableau 3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, en % des votes valables

4.2. Comparaison entre le canton d’Eupen et le canton de Saint-Vith

100Si les tendances sont globalement les mêmes entre le canton d’Eupen et celui de Saint-Vith, il n’empêche que ces deux entités présentent de nombreuses et parfois sensibles différences, notamment d’échelle, sur le plan des comportements électoraux (cf. le graphique 9 et le tableau 4).

101Entre 1925 et 1965, le score du parti catholique puis social-chrétien est presque toujours plus élevé dans le canton de Saint-Vith que dans celui d’Eupen (la seule exception est le scrutin de 1929), et cela de manière souvent marquée. Ainsi, en 1925, le score de l’UCB est de 82,7 % dans le premier, contre 57,8 % dans le second. La différence se monte à une dizaine de pourcents voire plus à cinq autres reprises : en 1932 (33,8 % contre 23,3 %), en 1936 (61,0 % contre 50,0 %), en 1949 (91,1 % contre 78,2 %), en 1950 (94,0 % contre 81,3 %) et en 1954 (82,4 % contre 69,3 %). Il est notamment vrai que, durant les trois premiers scrutins qui suivent la Libération, les résultats du PSC sont particulièrement élevés dans le canton de Saint-Vith : pas moins de 93,1 % en 1946, 91,1 % en 1949 et même 94,0 % en 1950. En revanche, à partir de 1968, c’est dans le canton d’Eupen que le parti social-chrétien récolte les plus importantes proportions de voix (la différence avec le canton de Saint-Vith étant particulièrement marquée en 1971 et en 1974 : respectivement 46,2 % contre 24,3 % lors du premier scrutin et 48,3 % contre 29,5 % lors du second).

102Le parti socialiste réalise systématiquement un meilleur score dans le canton d’Eupen que dans celui de Saint-Vith jusqu’en 1971. Dans ce cas également, la différence se monte plusieurs fois à une dizaine de pourcents ou plus : en 1925 (33,9 % contre 13,4 %), en 1929 (25,7 % contre 15,6 %) et en 1958 (17,7 % contre 6,7 %). Il n’est même pas rare que le score enregistré à Eupen soit le double voire le triple de celui constaté à Saint-Vith : en 1925 (33,9 % contre 13,4 %), en 1946 (7,8 % contre 3,6 %), en 1949 (11,0 % contre 3,9 %), en 1950 (13,0 % contre 3,6 %), en 1958 (17,7 % contre 6,7 %), en 1961 (15,9 % contre 6,0 %), en 1965 (14,8 % contre 6,6 %), en 1968 (9,9 % contre 3,3 %) et en 1971 (10,9 % contre 3,4 %). Lors du dernier scrutin de la période envisagée ici, en 1974, les deux cantons accordent à l’inverse des scores très proches au PSB : 12,4 % pour Eupen et 12,6 % pour Saint-Vith.

103Le parti libéral enregistre de meilleurs résultats dans le canton d’Eupen que dans celui de Saint-Vith jusqu’en 1950. La différence est souvent sensible, mais les scores restent toujours fort bas : le PL recueille entre 1,8 % et 6,2 % à Eupen (pour une moyenne de 4,3 %) et entre 0,6 % et 2,6 % à Saint-Vith (avec une moyenne de 1,4 %). En 1954, le score du PL atteint un niveau jusqu’alors inédit dans les deux cantons, mais demeure plus élevé à Eupen (7,4 %) qu’à Saint-Vith (4,1 %). À partir de 1958, la tendance s’inverse : désormais, le parti libéral est mieux implanté en région saint-vithoise (8,0 %) qu’en région eupenoise (5,9 %). Cette tendance se poursuit au cours des scrutins suivants : 14,8 % contre 7,6 % en 1961, 18,0 % contre 11,6 % en 1965, 42,3 % contre 29,7 % en 1968, et même 54,5 % contre 8,7 % en 1971. Tout comme pour le parti socialiste, les courbes des deux cantons se rejoignent en 1974 : 13,1 % pour Eupen et 12,9 % pour Saint-Vith.

104Le CVP est mieux implanté dans le canton de Saint-Vith que dans celui d’Eupen en 1929 (66,5 % contre 50,2 %) ainsi que, mais dans une moindre mesure, en 1932 (52,7 % contre 49,7 %). C’est l’inverse pour le HF en 1939 (48,7 % à Eupen contre 44,7 % à Saint-Vith).

105De même, la CUW réalise un meilleur score à Eupen qu’à Saint-Vith en 1971 (29,9 % contre 16,1 %), alors que c’est le contraire pour le PDB trois ans plus tard (43,2 % dans le Sud contre 22,8 % dans le Nord). L’arrivée de formations politiques spécifiquement germanophones sur la scène politique amène à un net recul de la place globale que les trois partis dits traditionnels occupent dans les deux entités. De 1946 à 1968, ceux-ci avaient totalisé en moyenne 96,9 % des voix dans le canton d’Eupen et 98,1 % dans celui de Saint-Vith ; pour les scrutins de 1971 et 1974, ce chiffre descend respectivement à 69,8 % (soit – 27,1 %) et à 68,6 % (– 29,5 %) [70].

106Le PCB peut systématiquement compter sur une proportion de voix plus importante dans le canton d’Eupen que dans celui de Saint-Vith. À Eupen, il récolte même 5,2 % en 1936 et 5,5 % en 1946 ; le reste du temps, il n’y recueille cependant qu’entre 0,4 % et 2,6 % (pour une moyenne de 1,2 %). À Saint-Vith, ses scores entre 1925 et 1974 oscillent entre 0,1 % et 1,5 % (avec une moyenne globale de 0,6 %). En 1965, le PWT ne convainc pour sa part que respectivement 0,6 % des électeurs dans le canton d’Eupen et 0,3 % dans celui de Saint-Vith.

107Le parti fascisant LN obtient un peu plus de suffrages à Saint-Vith (1,1 %) qu’à Eupen (0,4 %) en 1925. Quant à Rex, il enregistre le même score dans les deux cantons en 1936 (23,6 %), mais il se maintient ensuite un peu mieux à Saint-Vith (9,5 %) qu’à Eupen (4,2 %).

108Le parti régionaliste wallon PUW ne décroche que des pourcentages de voix insignifiants dans les deux cantons (entre 0,1 % et 0,3 %). Pour sa part, le RW a une audience légèrement supérieure à Eupen qu’à Saint-Vith : la moyenne est de 2,3 % dans le Nord et de 0,8 % dans le Sud.

109En 1946, l’UDB ne réalise pas un score fort différent à Eupen (1,0 %) qu’à Saint-Vith (0,6 %).

Graphique 9. Élection de la Chambre des représentants dans le canton d’Eupen et dans le canton de Saint-Vith (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Graphique 9. Élection de la Chambre des représentants dans le canton d’Eupen et dans le canton de Saint-Vith (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Graphique 9. Élection de la Chambre des représentants dans le canton d’Eupen et dans le canton de Saint-Vith (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Pour l’identification des formations politiques, cf. le tableau 3.

Tableau 4. Élection de la Chambre des représentants dans le canton d’Eupen et dans le canton de Saint-Vith (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Tableau 4. Élection de la Chambre des représentants dans le canton d’Eupen et dans le canton de Saint-Vith (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Tableau 4. Élection de la Chambre des représentants dans le canton d’Eupen et dans le canton de Saint-Vith (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

4.3. Comparaison entre les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et le canton de Malmedy

110Les différences entre, d’une part, les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et, d’autre part, le canton de Malmedy sont peu importantes en ce qui concerne le parti catholique puis parti social-chrétien, le parti socialiste, le parti libéral et le PCB (cf. le graphique 10 et le tableau 5). Elles sont même moindres que celles constatées dans le point précédent, relativement aux quatre mêmes partis, entre le canton d’Eupen et le canton de Saint-Vith. C’est au niveau des partis pro-allemands de l’entre-deux-guerres, des partis régionalistes germanophones, de Rex, du RW et de l’UDB que les principales différences se marquent entre les cantons d’Eupen et de Saint-Vith, d’un côté, et le canton de Malmedy, de l’autre côté.

111La plupart du temps, le parti catholique puis parti social-chrétien obtient une proportion des suffrages un peu moins importante dans le canton de Malmedy que dans ceux globalisés d’Eupen et de Saint-Vith ; la différence atteint cependant la dizaine de pourcents en 1946 (75,9 % contre 87,6 %) et en 1961 (64,0 % contre 74,8 %) et même presque la vingtaine en 1965 (51,6 % contre 71,4 %). À l’inverse, le taux enregistré est par trois fois supérieur à Malmedy qu’il ne l’est à Eupen - Saint-Vith : en 1929 et en 1932 (ce qui semble dû au fait que la formation pro-allemande CVP, dissidence du parti catholique UCB, connaît alors une implantation inverse), ainsi que, de façon bien moins marquée, en 1971.

112Le parti socialiste réalise des scores légèrement meilleurs dans le canton de Malmedy que dans ceux réunis d’Eupen et de Saint-Vith durant toute la période passée ici en revue. La seule exception à cette situation est le scrutin de 1936, qui voit la situation inverse.

113La configuration est globalement la même dans le cas du parti libéral. On note seulement que la différence s’élève à quelque 15 % en 1965 (à savoir 29,2 % dans le canton de Malmedy contre 14,1 % dans ceux globalisés d’Eupen et de Saint-Vith), que les scores sont identiques en 1968 (34,7 %) et que les exceptions sont ici au nombre de deux (1925 et 1971).

114Les scores du CVP sont loin d’être négligeables dans le canton de Malmedy en 1929 (43,1 %) et en 1932 (35,6 %), mais ils n’en sont pas moins sensiblement inférieurs à ceux enregistrés dans les cantons réunis d’Eupen et de Saint-Vith aux mêmes époques (respectivement 56,8 % et 50,9 %). La situation est la même, à cela près que la différence est moindre, dans le cas du HF en 1939 (43,0 % à Malmedy contre 47,0 % à Eupen - Saint-Vith).

115Les partis régionalistes germanophones qui se présentent au début des années 1970 voient une proportion bien moindre des électeurs leur accorder leurs suffrages dans le canton de Malmedy que dans les cantons globalisés d’Eupen et de Saint-Vith : respectivement 11,3 % contre 24,4 % pour la CUW en 1971, et 12,1 % contre 30,7 % pour le PDB en 1974. Les trois partis dits traditionnels se maintiennent dès lors davantage dans le canton bilingue que dans les deux autres : en moyenne, leur score cumulé y reste de 73,6 % (soit tout de même – 21,6 % par rapport à la moyenne de la période 1946-1968, qui était de 95,2 %) [71].

116Les résultats du PCB sont fort semblables de part et d’autre [72] ; il est juste à signaler qu’ils sont un peu plus importants à Malmedy qu’à Eupen - Saint-Vith en 1932, alors que c’est l’inverse en 1936 et en 1946.

117En 1925, la LN est aussi faible dans le canton de Malmedy (0,9 %) qu’elle l’est dans les cantons réunis d’Eupen et de Saint-Vith (0,7 %). Pour sa part, Rex y bénéficie au contraire d’une meilleure audience que dans les deux autres cantons : 31,1 % en 1936 et 7,7 % en 1939 à Malmedy, contre respectivement 23,6 % et 6,4 % à Eupen - Saint-Vith.

118Le PUW ne parvient pas plus à convaincre les électeurs de Malmedy que ceux d’Eupen - Saint-Vith lorsqu’il sollicite leurs suffrages en 1949, 1958 et 1961. Par contre, le RW perce bien davantage dans le canton de Malmedy que dans les deux autres entités : il y récolte deux fois plus de voix en 1968 (3,3 % contre 1,5 %), sept fois plus en 1971 (14,0 % contre 2,0 %) et même près de huit fois plus en 1974 (12,4 % contre 1,6 %).

119Enfin, l’UDB obtient un score bien moins important à Eupen - Saint-Vith qu’à Malmedy en 1946 : 0,8 % contre 6,8 %.

Graphique 10. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans le canton de Malmedy (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Graphique 10. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans le canton de Malmedy (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Graphique 10. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans le canton de Malmedy (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Pour l’identification des formations politiques, cf. le tableau 3.

Tableau 5. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans le canton de Malmedy (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Tableau 5. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans le canton de Malmedy (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Tableau 5. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans le canton de Malmedy (1925-1974). Scores des principales formations politiques, en % des votes valables

Annexes

120Tableau A1. Calendrier des élections en Belgique (1919-2019)

121Tableau A2. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Nombre de bulletins valables

122Tableau A3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls

123Tableau A4. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’absentéisme

124Tableau A5. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’abstentionnisme

125Tableau A6. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, par scrutin

Tableau A1. Calendrier des élections en Belgique (1919-2019)

Tableau A1. Calendrier des élections en Belgique (1919-2019) Tableau A1. Calendrier des élections en Belgique (1919-2019)Tableau A1. Calendrier des élections en Belgique (1919-2019) Tableau A1. Calendrier des élections en Belgique (1919-2019)

Tableau A1. Calendrier des élections en Belgique (1919-2019)

* À l’exception des communes des cantons d’Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith.
** Uniquement les communes des cantons d’Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith.
En grisé : Scrutins pris en considération dans la présente livraison du Courrier hebdomadaire.

Tableau A2. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Nombre de bulletins valables

Tableau A2. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Nombre de bulletins valables Tableau A2. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Nombre de bulletins valables

Tableau A2. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Nombre de bulletins valables

Sources : Les données relatives aux années 1925-1950 sont extraites de la compilation réalisée par l’Administration des Affaires électorales du Ministère de l’Intérieur (telle que vérifiée et rectifiée par R. E. De Smet, R. Evalenko, W. Fraeys, Atlas des élections belges, 1919-1954, Bruxelles, Institut de sociologie Solvay (Université libre de Bruxelles), 1958, p. 219, 222 et 223). Les données relatives aux années 1954-1974 proviennent de documents émis par le Ministère de l’Intérieur entre 1958 et 1977.

Tableau A3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls

Tableau A3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls Tableau A3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls

Tableau A3. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Proportion de bulletins blancs ou nuls

Sources : Les données relatives aux années 1925-1950 sont extraites de la compilation réalisée par l’Administration des Affaires électorales du Ministère de l’Intérieur (telle que vérifiée et rectifiée par R. E. De Smet, R. Evalenko, W. Fraeys, Atlas des élections belges, 1919-1954, Bruxelles, Institut de sociologie Solvay (Université libre de Bruxelles), 1958, p. 219, 222 et 223), à l’exception des données relatives aux bulletins blancs ou nuls, qui sont extraites des procès-verbaux des bureaux de dépouillement (documents conservés par le Service des Affaires juridiques et de la Documentation parlementaire de la Chambre des représentants : Fonds d’archives « Dossiers relatifs aux élections législatives, 1884-1961 », liasses n° 570, 634, 688, 747, 803, 861, 942, 944, 945 et 1018). Les données relatives aux années 1954-1974 proviennent de documents émis par le Ministère de l’Intérieur entre 1958 et 1977.

Tableau A4. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’absentéisme

Tableau A4. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’absentéisme

Tableau A4. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’absentéisme

Sources : Documents émis par le Ministère de l’Intérieur entre 1958 et 1977.

Tableau A5. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’abstentionnisme

Tableau A5. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’abstentionnisme

Tableau A5. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1954-1974). Taux d’abstentionnisme

Sources : Documents émis par le Ministère de l’Intérieur entre 1958 et 1977.

Tableau A6. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, par scrutin

Tableau A6. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, par scrutin

Tableau A6. Élection de la Chambre des représentants dans les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy (1925-1974). Scores des formations politiques, par scrutin

Sources : Les données relatives aux années 1925-1950 sont extraites de la compilation réalisée par l’Administration des Affaires électorales du Ministère de l’Intérieur (telle que vérifiée et rectifiée par R. E. De Smet, R. Evalenko, W. Fraeys, Atlas des élections belges, 1919-1954, Bruxelles, Institut de sociologie Solvay (Université libre de Bruxelles), 1958, p. 219, 222 et 223). Les données relatives aux années 1954-1974 proviennent de documents émis par le Ministère de l’Intérieur entre 1958 et 1977.

Notes

  • [1]
    Pour un calendrier des élections en Belgique entre 1919 et 2019, cf. le tableau A1 reproduit en annexe du présent Courrier hebdomadaire.
  • [2]
    Dans le cas des habitants de l’ancien Moresnet-neutre : 29 élections entre 1921 et 2019.
  • [3]
    Dans le cas des habitants de l’ancien Moresnet-neutre : 27 élections entre 1921 et 2010.
  • [4]
    Dans le cas des habitants de l’ancien Moresnet-neutre : 26 élections entre 1921 et 2018.
  • [5]
    Dans le cas des habitants de l’ancien Moresnet-neutre : 17 élections entre 1921 et 2018.
  • [6]
    À titre d’information, au 31 décembre 1970, la commune de La Calamine comptait 5 479 habitants, contre 56 493 pour les 24 autres communes germanophones (à savoir 29 158 pour les 9 communes du canton d’Eupen, 18 637 pour les 11 communes du canton de Saint-Vith et 8 698 pour les 4 communes germanophones du canton de Malmedy) ; cette commune représente donc alors 8,8 % des 61 972 habitants des 25 communes germanophones.
  • [7]
    Cela est systématique pour les élections du Sénat, et est également de mise pour les élections provinciales à partir de 1949.
  • [8]
    À savoir que, jusqu’en 1946, les élections provinciales se tiennent une ou deux semaines après les élections de la Chambre des représentants. Les deux seules exceptions sont 1925 (où le décalage est de sept mois) et 1939 (où les élections provinciales ne sont pas organisées, leur tenue ayant été maintenue, malgré la dissolution anticipée des Chambres, à l’année 1940 comme cela avait été initialement prévu ; elles seront ensuite annulées en raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale).
  • [9]
    À l’exception des données relatives aux bulletins blancs ou nuls, qui sont extraites des procès-verbaux des bureaux de dépouillement (documents conservés par le Service des Affaires juridiques et de la Documentation parlementaire de la Chambre des représentants : Fonds d’archives « Dossiers relatifs aux élections législatives, 1884-1961 », liasses n° 570, 634, 688, 747, 803, 861, 942, 944, 945 et 1018). Nous adressons nos plus vifs remerciements à Frederik Verleden et Joris Vanderborght, qui nous ont permis d’avoir accès à cette source.
  • [10]
    À la même époque, d’autres projets belges visent par ailleurs à l’incorporation de l’ensemble du Grand-Duché de Luxembourg et de deux parties du territoire des Pays-Bas (la Flandre zélandaise et la province du Limbourg) – et ce alors même que ces deux pays voisins sont pourtant restés neutres durant le conflit et ne peuvent donc nullement être considérés comme des ennemis vaincus ni même redevables de réparations de guerre.
  • [11]
    Le Kreis d’Eupen est toutefois amputé d’une petite partie de la commune de Preußisch-Moresnet (bientôt renommée Neu-Moresnet par la Belgique), quelques villages de celle-ci demeurant allemands.
  • [12]
    En outre, s’appuyant sur les articles 371 et 372 du Traité de Versailles, la Belgique obtient la souveraineté sur les voies ferrées, stations et installations de la ligne de chemin de fer dite Vennbahn reliant les territoires nouvellement acquis sur l’Allemagne.
  • [13]
    Entre autres, il s’agit de mettre la main sur le Haut-Plateau des Fagnes, afin de pouvoir menacer directement la ville d’Aix-la-Chapelle en cas de nouveau conflit armé, ainsi que sur le camp militaire et sur le champ de manœuvres et de tir d’Elsenborn.
  • [14]
    Commune dont, par crainte d’une annexion belge après la guerre, le Kaiser Guillaume II avait pris soin de germaniser le nom en « Monschau » par décret du 9 août 1918.
  • [15]
    Loi du 15 septembre 1919 approuvant le traité de paix conclu à Versailles, le 28 juin 1919, entre les puissances alliées et associées, d’une part, et l’Allemagne, d’autre part, ainsi que le protocole du même jour, précisant les conditions d’exécution de certaines clauses de ce traité, Moniteur belge, 17 octobre 1919.
  • [16]
    Loi du 15 septembre 1919 réglant le statut du territoire de Moresnet-neutre, Moniteur belge, 17 octobre 1919.
  • [17]
    Sur celle-ci, cf. D. Van Reybrouck, Zinc, s.l. [Arles], Actes Sud, 2016 et la bibliographie y renseignée aux p. 71-74.
  • [18]
    Ce processus d’annexion n’est ici que brièvement esquissé. Pour plus d’informations, cf. notamment K. Pabst, « Eupen-Malmedy in der belgischen Regierungs- und Parteienpolitik 1914-1940 », Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, n° 76, 1964, p. 206-515 ; S. Marks, Innocent Abroad. Belgium at the Paris Peace Conference of 1919, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1981 ; R. Collinet, L’annexion des cercles d’Eupen et Malmedy à la Belgique en 1920, Verviers/Stavelot, La Dérive/Chauveheid, 1986 ; R. Depoortere, La question des réparations allemandes dans la politique étrangère de la Belgique après la Première Guerre mondiale, 1919-1925, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1998 ; C. Brüll, « Un passé mouvementé : l’histoire de la Communauté germanophone de Belgique », in K. Stangherlin (dir.), La Communauté germanophone de Belgique. Die Deutschsprachige Gemeinschaft Belgiens, Bruxelles, La Charte, 2005, p. 17-47 ; A. Minke, « Les cantons de l’Est et les Belges germanophones », in L. Courtois, J. Pirotte (dir.), Apports de l’histoire aux constructions identitaires. Appartenances, frontières, diversité et universalisme, Louvain-la-Neuve, Fondation wallonne P.-M. et J.-F. Humblet, 2013, p. 213-228 (cf. aussi A. Minke, « La Communauté germanophone : l’évolution d’une terre d’entre-deux », Institut Jules Destrée, 1995, www.wallonie-en-ligne.net) ; R. Coolsaet, V. Dujardin, C. Roosens, Les Affaires étrangères au service de l’État belge, de 1830 à nos jours, Bruxelles, Mardaga, 2014, p. 138-148 ; C. Lanneau, « Les traités de paix d’après-guerre » et C. Brüll, « De “nouveaux Belges” habitant une ancienne terre belge ? L’annexion et l’intégration des cantons de l’Est », in P. Lierneux, N. Peeters (dir.), Au-delà de la Grande Guerre. La Belgique, 1918-1928, Tielt, Lannoo, 2018, p. 61-70 et 181-188 ; V. O’Connell, The Annexion of Eupen-Malmedy. Becoming Belgian, 1919-1929, New York, Palgrave Macmillan, 2018 et la bibliographie y renseignée.
  • [19]
    Les citations de ce paragraphe sont extraites de l’article 34 du Traité de Versailles.
  • [20]
    Sur le plan militaire, les cercles d’Eupen et de Malmedy ont été de facto détachés de l’Allemagne dès novembre 1918 : ils ont tout d’abord été occupés par les troupes alliées (françaises pour l’un et britanniques pour l’autre), et ils sont contrôlés par l’armée belge depuis respectivement le 27 mai et le 24 août 1919.
  • [21]
    Loi du 15 septembre 1919 concernant le gouvernement des territoires annexés à la Belgique par le Traité de Versailles du 28 juin 1919, Moniteur belge, 17 octobre 1919.
  • [22]
    Par la suite, le haut-commissaire royal pour Eupen et Malmedy est placé sous l’autorité directe du ministre de l’Intérieur et plus sous celle du Premier ministre (cf. la loi du 17 juillet 1921 ayant pour objet de modifier certaines dispositions de la loi du 15 septembre 1919 relative au gouvernement des territoires annexés à la Belgique par le Traité de Versailles du 28 juin 1919, Moniteur belge, 25-26 juillet 1921).
  • [23]
    E. Herrebout (éd.), Generalgouverneur Herman Baltia: Memoiren, 1920-1925, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2011, p. 9.
  • [24]
    Loi du 6 mars 1925 de rattachement des cantons d’Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith, Moniteur belge, 7 mars 1925.
  • [25]
    En cela, la Belgique restaure donc la configuration qui avait prévalu jusqu’en 1820.
  • [26]
    En vertu de l’arrêté royal d’exécution du 28 mai 1925 (Moniteur belge, 30 mai 1925).
  • [27]
    En vertu de l’arrêté royal du 4 octobre 1925 réglant, au point de vue de la législation, le statut des cantons d’Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith (Moniteur belge, 25 octobre 1925), tel que modifié par un arrêté royal du 22 décembre 1925 (Moniteur belge, 31 décembre 1925). Cf. aussi l’arrêté royal du 28 août 1926 relatif à la mise en vigueur des lois civiles et commerciales dans les cantons d’Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith (Moniteur belge, 4 septembre 1926) et les arrêtés royaux du 14 janvier 1928 et du 12 avril 1928 modifiant l’arrêté royal du 4 octobre 1925 (Moniteur belge, 25 janvier 1928 et 6 mai 1928).
  • [28]
    Sur cet épisode et le contexte dans lequel il prend place, cf. notamment J. Bariéty, « Le projet de rétrocession d’Eupen-Malmedy par la Belgique à l’Allemagne, et la France (1925-1926). Un cas d’utilisation de l’arme financière en politique internationale », in Les relations franco-belges de 1830 à 1934, Metz, Centre de recherches Relations internationales de l’Université de Metz, 1975, p. 325-334 ; M. Poulain, « Querelles d’Allemands entre locarnistes : la question d’Eupen-Malmedy », Revue historique, volume 258, n° 2, 1977, p. 393-439 ; V. O’Connell, « “Left to Their Own Devices”. Belgium’s Ambigious Assimilation of Eupen-Malmedy (1919-1940) », Revue belge d’histoire contemporaine, volume 43, n° 4, 2013, p. 10-45 ; C. Brüll, « La référence à l’Alsace-Lorraine dans le rattachement et l’intégration d’Eupen-Malmedy à la Belgique (1918-1925) », Revue d’Alsace, n° 144, 2018, p. 29-48.
  • [29]
    Cf. notamment P. Beck, E. Verhoeyen, « Agents secrets à la frontière belgo-allemande. Des services de renseignements belges, alliés et allemands entre 1920 et 1940 dans la région d’Eupen », Cahiers d’histoire du temps présent, n° 21, 2009, p. 93-134 ; D. Mennicken, Die Heimattreue Front 1936-1940. Geschichte Der “Heim-Ins-Reich”-Bewegung in Eupen-Malmedy, Eupen, Förderverein des Archivwesens in der Deutschsprachigen Gemeinschaft Belgiens, 2016.
  • [30]
    Loi du 30 juillet 1934 concernant la déchéance de la nationalité, Moniteur belge, 5 août 1934.
  • [31]
    Cf. M. Roberti-Lintermans, « Le centre d’internement pour inciviques de Verviers (septembre 1944-novembre 1945) : la répression des collaborations dans les cantons de l’Est », Revue belge d’histoire contemporaine, volume 48, n° 3, 2018, p. 15.
  • [32]
    Onze communes font alors partie du canton d’Aubel : Aubel, Clermont, Gemmenich, Hombourg, Julémont, La Calamine, Montzen, Moresnet, Neufchâteau et Sippenaken.
  • [33]
    Arrêté royal du 4 octobre 1925 réglant, au point de vue de la législation, le statut des cantons d’Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith, Moniteur belge, 25 octobre 1925. À ce sujet, cf. S. Rillaerts, « La frontière linguistique, 1878-1963 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2069-2070, 2010, p. 21, 28-30, 34, 38 et 103.
  • [34]
    Anciennement Preußisch-Moresnet (cf. supra). Cette commune ne doit être confondue ni avec l’ancien territoire de Moresnet-neutre (commune de La Calamine) ni avec la commune de Moresnet (qui appartient au canton d’Aubel et qui deviendra, le 1er janvier 1977, une section de la commune de Plombières).
  • [35]
    Jusqu’à cette époque, les membres du corps communal de La Calamine qui avaient accepté de prêter serment à la Constitution belge ont été maintenus en fonction (le gouvernement belge pourvoyant aux éventuelles places devenues vacantes).
  • [36]
    En vertu de deux décrets du haut-commissaire : celui du 13 octobre 1921 instituant la loi communale dans ces cantons (en vigueur le 1er janvier 1922) et celui du 22 mars 1922 y promulguant une loi électorale municipale. Jusqu’alors, dans la mesure où ils avaient prêté serment à la Constitution belge et faisaient preuve de loyauté à l’égard de l’État belge, les membres des corps communaux avaient été maintenus dans leurs fonctions. Plus précisément, un décret du haut-commissaire du 23 janvier 1920 avait prolongé les mandats des personnes encore élues sous le gouvernement allemand (mandats qui avaient expiré le 31 décembre 1919) jusqu’aux premières élections tenues en vertu de la loi communale belge, et un décret du haut-commissaire du 10 mars 1920 avait retiré leurs fonctions aux bourgmestres nommés par le gouvernement allemand et les avait réintégrés dans le même temps comme bourgmestres belges. Le haut-commissaire pourvoyait aux places éventuellement vacantes (selon les dispositions de la loi allemande jusqu’au 31 décembre 1921).
  • [37]
    Sur l’histoire de la région durant la Seconde Guerre mondiale, cf. notamment M. R. Schärer, Deutsche Annexionspolitik im Westen. Die Wiedereingliederung Eupen-Malmedys im Zweiten Weltkrieg, 2e édition, Francfort-sur-le-Main/Berne, Peter Lang, 1978 ; K. Fagnoul, « Aspects de la Seconde Guerre mondiale au pays de Saint-Vith », Cahiers d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, volume 7, n° 1, 1982, p. 185-211 ; J. Wynants, « Les autorités belges et la situation des cantons de l’Est, 1940-1944 », Bulletin d’information du Centre liégeois d’histoire et d’archéologie militaires, volume 9, n° 1, 2004, p. 15-26 (cf. aussi J. Wynants, « Les cantons de l’Est et les dix communes », in P. Aron, J. Gotovitch (dir.), Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, Bruxelles, André Versaille, 2008, p. 83-84) ; P. M. Quadflieg, “Zwangssoldaten” und “Ons Jongen”. Eupen-Malmedy und Luxemburg als Rekrutierungsgebiet der deutschen Wehrmacht im Zweiten Weltkrieg, Aix-la-Chapelle, Shaker Verlag, 2008 (cf. aussi P. Quadflieg, « Die Rehabilitation der ostbelgischen “Zwangssoldaten” nach dem Zweiten Weltkrieg », in K. Velle, C. de Moreau de Gerbehaye, E. Herrebout (dir.), Liber Amicorum Alfred Minke, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2011, p. 215-229) ; C. Brüll, « Les “enrôlés de force” dans la Wehrmacht : un symbole du passé mouvementé des Belges germanophones au XXe siècle », Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 241, 2011, p. 63-74 (cf. aussi C. Brüll, « Les soldats de la Wehrmacht d’Eupen-Malmedy : histoire, postérité et mémoire », in F. Stroh, P. M. Quadflieg (dir.), L’incorporation de force dans les territoires annexés par le IIIe Reich. Die Zwangsrekrutierung in den vom Dritten Reich annektierten Gebieten. 1939-1945, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2016, p. 147-159) et la bibliographie y renseignée.
  • [38]
    Erlaß des Führers und Reichskanzlers über die Wiedervereinigung der Gebiete von Eupen, Malmedy und Moresnet mit dem Deutschen Reich vom 18. Mai 1940 [Décret du Führer et chancelier du Reich du 18 mai 1940 concernant la réunification des territoires d’Eupen, Malmedy et Moresnet au Reich allemand], Reichsgesetzblatt, 1re partie, n° 87, 20 mai 1940. Cf. aussi Erlaß des Führers und Reichskanzlers zur Durchführung der Wiedervereinigung der Gebiete von Eupen, Malmedy und Moresnet mit dem Deutschen Reich vom 23. Mai 1940 [Décret d’exécution du Führer et chancelier du Reich du 23 mai 1940 concernant la réunification des territoires d’Eupen, Malmedy et Moresnet au Reich allemand], Reichsgesetzblatt, 1re partie, n° 92, 27 mai 1940.
  • [39]
    A. Hitler décrète également l’annexion de diverses localités des provinces de Liège et de Luxembourg n’ayant pourtant jamais appartenu auparavant à l’Allemagne : Baelen, Beho, Gemmenich, Henri-Chapelle, Hombourg, Membach, Montzen, Moresnet, Sippenaeken et Welkenraed (ainsi que plusieurs parcelles des communes d’Aubel, Bilstain, Clermont, Goé, Jalhay, Limbourg, Remersdaal et Sart). Durant la guerre, ces communes feront l’objet d’une politique de germanisation ; cependant, leurs habitants ne recevront que le statut de « Deutsche auf Widerruf » (ce que l’on pourrait traduire par « Allemands sous réserve » ou « Allemands jusqu’à nouvel ordre ») et non la nationalité allemande. Cf. C. Brüll, « Conséquences d’une annexion injuste : l’enrôlement de force dans la Wehrmacht et les réfractaires dans les “dix communes”. Une mise en perspective », in M. Simons (dir.), Plombières dans la tourmente, Montzen, Espace Culturel Montzen, 2012, p. 85-92.
  • [40]
    Au sein du IIIe Reich, la commune de La Calamine reprend le nom de « Moresnet » (tandis que celle de Moresnet devient « Alt-Moresnet »).
  • [41]
    Verordnung des Reichsministers des Innern über die Staatsangehörigkeit der Bewohner von Eupen, Malmedy und Moresnet vom 23. September 1941 [Ordonnance du Reichsminister de l’Intérieur du 23 septembre 1941 concernant la nationalité des habitants d’Eupen, Malmedy et Moresnet], Reichsgesetzblatt, 1re partie, n° 109, 29 septembre 1941.
  • [42]
    Longtemps, les historiens ont cru que le Premier ministre belge Hubert Pierlot avait émis une tardive et indirecte protestation en juillet 1943 sur les ondes de Radio Londres ; en réalité, il n’en a rien été (cf. C. Lejeune, Die Säuberung, tome 1 : Ernüchterung, Befreiung, Ungewissheit (1920-1944), Bullange, Lexis, 2005, p. 63-75 ; C. Brüll, « “L’identité des Belges germanophones est une non-identité”. Quelques réflexions à propos de publications récentes sur l’histoire de la Communauté germanophone de Belgique », Cahiers d’histoire du temps présent, n° 21, 2009, p. 220).
  • [43]
    Pasicrisie belge. Recueil général de la jurisprudence des cours et tribunaux de Belgique. Année 1947, 1re partie : Arrêts de la Cour de cassation, Bruxelles, Bruylant, 1948, p. 268-275.
  • [44]
    Cf. K. Pabst, « Das Problem der deutsch-belgischen Grenze in der Politik der letzten 150 Jahre », Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, n° 77, 1965, p. 183-210 ; C. Brüll, « Réparations, annexions ou rectifications ? Le problème de la frontière belgo-allemande après la Seconde Guerre mondiale, 1945-1949 », Cahiers d’histoire du temps présent, n° 16, 2005, p. 91-131 ; C. Brüll, Belgien im Nachkriegsdeutschland. Besatzung, Annäherung, Ausgleich (1944-1958), Essen, Klartext, 2009 ; C. Behrendt, « Les modifications des limites de l’espace souverain belge depuis 1830 », in A. Alen, F. Daoût, P. Nihoul (dir.), Libertés, (l)égalité, humanité. Mélanges offerts à Jean Spreutels, Bruxelles, Bruylant, 2019, p. 1241-1254 et la bibliographie y renseignée.
  • [45]
    Cf. P. Maxence, Les atouts gaspillés ou le drame des cantons de l’Est, Saint-Nicolas, D’Hondt, 1951 ; J. Gilissen, « Étude statistique sur la répression de l’incivisme », Revue de droit pénal et de criminologie, volume 32, n° 5, 1951, p. 513-628.
  • [46]
    Des points de friction persistent toutefois jusqu’à aujourd’hui. Ceux-ci portent essentiellement, d’une part, sur le manque de garanties juridiques de représentation de la population de la région de langue allemande aux niveaux fédéral, régional et provincial et, d’autre part, sur la place de la langue allemande en Belgique (en particulier en ce qui concerne l’emploi des langues en matière administrative). Cf. F. Bouhon, C. Niessen, M. Reuchamps, « La Communauté germanophone après la sixième réforme de l’État : état des lieux, débats et perspectives », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2266-2267, 2015, notamment p. 51-64 ; C. Istasse, « Histoire, mémoire et identité : les fêtes nationales, régionales et communautaires en Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2412-2413, 2019, p. 58-61 ; B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, S. Govaert, C. Istasse, « La formation des gouvernements régionaux et communautaires après les élections du 26 mai 2019 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2444-2445, 2019, p. 10.
  • [47]
    Loi du 30 juillet 1963 concernant le régime linguistique dans l’enseignement, Moniteur belge, 22 août 1963.
  • [48]
    Moniteur belge, 22 août 1963. Cf. S. Rillaerts, « La frontière linguistique, 1878-1963 », op. cit., p. 74-75, 80-81 et 103.
  • [49]
    Cf. C. Istasse, « Les circulaires flamandes relatives à l’emploi des langues en matière administrative », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2286-2287, 2016, p. 7-18.
  • [50]
    En application de la loi du 23 juillet 1971 concernant la fusion des communes et la modification de leurs limites (Moniteur belge, 6 août 1971).
  • [51]
    En allemand, les communes d’Amblève, Bullange, Butgenbach, La Calamine et Saint-Vith portent respectivement les noms d’Amel, Büllingen, Bütgenbach, Kelmis et Sankt Vith.
  • [52]
    En vertu de l’arrêté royal du 10 mars 1977 apportant des modifications au tableau déterminant la composition des cantons électoraux [et] au tableau groupant les cantons électoraux, désignant les chefs-lieux de districts et attribuant le nombre de conseillers à chaque district (Moniteur belge, 12 mars 1977).
  • [53]
    Loi du 27 mars 1948 attribuant le droit de vote aux femmes pour les Chambres législatives, Moniteur belge, 22 avril 1948. Il est à noter que, au sortir de la Première Guerre mondiale, une exception avait déjà été instaurée à la règle voulant que le droit de vote soit exclusivement masculin. Toutefois, elle était d’ampleur très restreinte. En outre, elle trouvait encore moins à s’appliquer dans les cantons anciennement allemands que dans le reste de la Belgique. En l’occurrence, cette exception – qui avait été instaurée par une loi du 9 mai 1919 (puis par les modifications constitutionnelles ad hoc du 7 février 1921 pour l’élection de la Chambre des représentants et du 15 octobre 1921 pour celle du Sénat) – ne concernait que deux catégories très limitées de femmes. D’une part, les veuves (non remariées) – ou, à leur défaut, les mères (pour autant qu’elles fussent elles-mêmes veuves) – des militaires morts au cours de la Première Guerre mondiale et des civils fusillés ou tués par l’ennemi. D’autre part, les femmes qui, pour des motifs d’ordre patriotique, avaient été condamnées à la prison ou avaient été détenues préventivement au cours de l’occupation allemande de 1914-1918.
  • [54]
    Peu après, les femmes acquièrent par ailleurs le même droit pour l’élection des conseils provinciaux (par la loi du 26 juillet 1948 fixant la composition du corps électoral provincial : Moniteur belge, 9-10 août 1948). Par ailleurs, elles l’avaient déjà acquis pour l’élection des conseils communaux au lendemain de la Première Guerre mondiale (par la loi du 15 avril 1920 relative à la formation des listes des électeurs communaux et modifiant certaines dispositions de la loi du 12 septembre 1895 : Moniteur belge, 18 avril 1920).
  • [55]
    Les chiffres sont les suivants : 67,1 % en 1925, 66,3 % en 1929, 67,0 % en 1932, 62,5 % en 1936, 66,5 % en 1939, 67,8 % en 1946, 66,5 % en 1949 et en 1950, 66,1 % en 1954, 66,3 % en 1958, 66,0 % en 1961, 65,7 % en 1965 et en 1968, 66,2 % en 1971 et 65,8 % en 1974.
  • [56]
    Il n’est pas possible de distinguer les refus volontaires d’exprimer un vote valable des erreurs involontaires invalidant le suffrage.
  • [57]
    Seul le canton de Fourons a connu des taux de bulletins blancs ou nuls plus élevés (à savoir 59,7 % en 1971, 55,4 % en 1978, 53,9 % en 1981, 50,8 % en 1985 et 50,0 % en 1987), en guise de protestation contre son transfert de la province de Liège vers la province de Limbourg opéré lors de la fixation de la frontière linguistique (cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, C. Sägesser, « Les résultats des élections fédérales du 26 mai 2019 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2433-2434, 2019, p. 62-63 et 142).
  • [58]
    C’est le 29 août 1921 que le Parti catholique s’est rebaptisé UCB.
  • [59]
    L’UCB est dissoute le 11 octobre 1936. Elle fait alors place au Bloc catholique qui, bien que communément appelé Parti catholique, n’est plus un parti politique stricto sensu mais plutôt un groupe parlementaire formé de deux partis catholiques distincts, constitués sur une base linguistique : le Parti catholique social (PCS) du côté francophone et le Katholieke Vlaamse Volkspartij (KVV) du côté néerlandophone.
  • [60]
    C’est lors d’un congrès tenu les 17 et 18 août 1945 que le PSC voit le jour. Il s’agit d’un parti à nouveau unitaire.
  • [61]
    En 1936, il ne lui manque qu’une seule voix pour égaler le score du PCB (299 contre 300).
  • [62]
    Ou, selon certaines sources, Christliche Unabhängige Wählerunion ou Christliche Unabhängige Wählerpartei.
  • [63]
    Il n’est 4e qu’en 1936, année où il ne dépasse le parti libéral que d’une seule voix (cf. supra, note 61).
  • [64]
    Les résultats complets sont reproduits, en annexe, dans le tableau A6.
  • [65]
    À eux seuls, le CVP et le POB recueillent ensemble 75,5 %.
  • [66]
    À eux seuls, le CVP et l’UCB récoltent ensemble 77,0 %.
  • [67]
    À eux seuls, l’UCB et Rex obtiennent ensemble 80,2 %.
  • [68]
    À savoir 94,0 % en 1946 (minimum), 95,9 % en 1949, 98,8 % en 1950, 99,3 % en 1954 (maximum), 97,4 % en 1958, 95,4 % en 1961, 96,8 % en 1965 et 95,2 % en 1968.
  • [69]
    Une petite comparaison avec l’élection du Sénat est ici fort instructive en raison du fait que, pour cette assemblée, la CUW ne se présente pas en 1971 alors que le PDB dépose une liste en 1974. Or en 1971, le score cumulé des trois partis dits traditionnels est de 92,1 %, alors qu’il n’est plus que de 67,7 % en 1974.
  • [70]
    Canton d’Eupen : 93,5 % en 1946, 95,4 % en 1949, 98,4 % en 1950, 99,2 % en 1954, 99,3 % en 1958, 97,5 % en 1961, 96,3 % en 1965, 95,3 % en 1968, 65,8 % en 1971 et 73,8 % en 1974. Canton de Saint-Vith : 98,3 % en 1946, 97,6 % en 1949, 99,5 % en 1950, 99,5 % en 1954, 97,7 % en 1958, 96,7 % en 1961, 98,4 % en 1965, 97,2 % en 1968, 82,2 % en 1971 et 55,0 % en 1974.
  • [71]
    À savoir 91,0 % en 1946, 95,3 % en 1949, 98,7 % en 1950, 99,1 % en 1954, 95,0 % en 1958, 92,1 % en 1961, 96,4 % en 1965, 93,7 % en 1968, 73,2 % en 1971 et 74,1 % en 1974.
  • [72]
    Il en va de même pour ceux du PWT en 1965.

Les cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy ont une histoire fort mouvementée et tout à fait spécifique.

Prussiens depuis le début du 19e siècle, les trois cantons sont réclamés par la Belgique au lendemain du premier conflit mondial, à titre de réparation de guerre. Le Traité de Versailles les détache de l’Allemagne pour les transférer sous souveraineté belge. Confirmée par la Société des Nations le 20 septembre 1920 au terme d’une consultation populaire locale contestée, cette décision est effective en droit belge à la date du 7 mars 1925. Entre-temps, les « cantons de l’Est » ont vécu sous un régime d’administration militaire, s’apparentant à celui d’une colonie.

Cette spécificité a notamment des répercussions sur le plan électoral. D’emblée, un important mouvement d’opposition à l’intégration à la Belgique et de volonté de retour à l’Allemagne prend corps dans la région. Il s’incarne dans la création de partis pro-allemands : d’abord le Christliche Volkspartei Eupen-Malmedy-Sankt Vith (CVP), de tendance chrétienne, puis le Heimattreue Front (HF), téléguidé et financé par l’Allemagne nazie. À partir de 1929, ces partis constituent la première force politique des trois cantons. Durant la Seconde Guerre mondiale, Hitler annexe la région sans que l’État belge ne proteste. À la libération, les autorités belges y mènent une répression des « faits de collaboration » particulièrement sévère, qui prive un temps la moitié des électeurs des trois cantons de leurs droits civils et politiques.

Les relations entre la Belgique et les cantons de l’Est s’apaisent à partir des années 1960. Parallèlement, des volontés d’autonomie au sein du cadre belge voient le jour, ce dont témoigne la naissance de partis régionalistes germanophones : la Christliche Unabhängige Wählerverband (CUW) puis le Partei der Deutschsprachigen Belgier (PDB).

Mis en ligne sur Cairn.info le 05/10/2020
https://doi.org/10.3917/cris.2465.0005
ISBN 9782870752449
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