CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Deux récentes livraisons du Courrier hebdomadaire ont retracé les évolutions électorales des principaux partis politiques belges durant les trois derniers quarts de siècle, soit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au dernier scrutin en date  [1]. La présente livraison se propose de reprendre les données qui ont été collectées et exploitées à cette occasion, mais en adoptant un angle d’approche différent : il s’agit de se concentrer, non plus sur les formations politiques, mais sur les familles politiques. Plus précisément, seront étudiées ici les évolutions électorales qu’ont connues, de façon individuelle ou collective, la famille socialiste, la famille libérale, la famille de tradition sociale-chrétienne et la famille écologiste.

2Les partis constituant actuellement, par-delà la frontière linguistique, les trois familles politiques communément dites traditionnelles – à savoir les familles socialiste (PS du côté francophone et SP.A du côté néerlandophone), libérale (MR et Open VLD) et de tradition sociale-chrétienne (CDH et CD&V) – sont issus d’autant de partis politiques ayant été unitaires jusque dans les années 1970 (respectivement le PSB-BSP, le PLP-PVV et le PSC-CVP). Ils entretiennent parfois, aujourd’hui encore, des liens privilégiés entre « partis frères » ; cette survivance se manifeste notamment à l’occasion des processus de formation du gouvernement fédéral et lors de la confection des listes de candidats pour les élections communales en Région bruxelloise. Quant aux partis composant la famille écologiste (Écolo et Groen), ils ne partagent certes aucun ancêtre commun, mais ils n’en sont pas moins ceux qui revendiquent une identité idéologique commune de la façon la plus marquée. En témoigne entre autres le fait que, depuis 1981 – soit l’année de l’apparition de cette quatrième famille politique sur la scène électorale belge –, ils constituent aussi souvent que possible un même groupe à la Chambre des représentants.

3À l’inverse, jamais aucune des autres tendances politiques ne s’est à proprement parler constituée en une « famille » en Belgique (partis de droite radicale et d’extrême droite, partis de gauche radicale et d’extrême gauche, partis communautaristes et régionalistes, etc.) : soit qu’elle n’y soit pas parvenue soit, pour certaines d’entre elles, qu’elle n’y avait pas même vocation. Ainsi, la gauche radicale est essentiellement constituée de partis restés nationaux et non de partis frères formant les deux composantes linguistiquement distinctes d’une même famille politique. Ces autres tendances ne seront donc pas prises en considération ici.

4Le présent Courrier hebdomadaire procède en deux temps. Le premier chapitre examine dans quelle mesure chacune des familles politiques a connu des évolutions électorales similaires ou différentes dans les trois régions du pays (Wallonie, Région bruxelloise et Flandre). Le second chapitre analyse les résultats électoraux des quatre familles globalisés à l’échelle de l’ensemble de la Belgique.

5Cette recherche prend pour base première les résultats enregistrés à l’occasion des élections de la Chambre des représentants qui se sont tenues depuis la Libération, soit 23 scrutins entre 1946 et 2019. Pour le dernier quart de siècle, elle s’appuie également sur une autre série de données, à savoir les élections du Parlement wallon, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du Parlement flamand  [2] depuis que ces trois assemblées sont toutes élues au suffrage direct  [3], soit 6 scrutins de 1995 à 2019  [4] ; cela permet de suivre de manière plus fine les évolutions récentes.

6Pour les précautions critiques, nous nous permettons de renvoyer le lecteur aux deux volumes dont la présente étude constitue le prolongement  [5]. Rappelons seulement que ce n’est que depuis le scrutin législatif du 21 mai 1995 que les huit cantons dits bruxellois – ici regroupés, toutes périodes confondues, sous l’appellation commune de « Région bruxelloise » – sont composés exclusivement des communes appartenant à l’arrondissement administratif de Bruxelles-Capitale ; lors des scrutins législatifs antérieurs, tel n’était le cas que pour trois cantons, les cinq autres comprenant alors aussi des communes ou sections de communes flamandes.

1. Les évolutions électorales selon les régions

7Dans ce premier chapitre, nous examinons les évolutions électorales que les familles politiques belges ont connues depuis 1944 dans les trois régions du pays, d’abord de façon individuelle (en nous intéressant successivement à la famille socialiste, à la famille libérale, à la famille de tradition sociale-chrétienne et à la famille écologiste)  [6] puis de façon collective (en nous penchant sur leur score électoral cumulé).

1.1. La famille socialiste

8Dernier des trois partis dits traditionnels à être demeuré unitaire, le Parti socialiste belge - Belgische Socialistische Partij (PSB-BSP) se scinde entre ses deux ailes linguistiques le 26 novembre 1978  [7]. La formation francophone prend alors le nom de Parti socialiste (PS), qu’elle a conservé depuis lors  [8]. Quant à elle, la formation néerlandophone s’appelle successivement le Belgische Socialistische Partij (BSP), puis le Socialistische Partij (SP) à partir du 9 mars 1980, et enfin le Socialistische Partij Anders (SP.A) à dater du 13 octobre 2001  [9]. De novembre 2002 à novembre 2008, le SP.A forme un cartel avec le petit parti Sociaal, Progressief, Internationaal, Regionalistisch, Integraal-democratisch en Toekomstgericht (Spirit)  [10].

Graphique 1. Résultats électoraux de la famille socialiste (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 1. Résultats électoraux de la famille socialiste (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 1. Résultats électoraux de la famille socialiste (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Formations politiques prises en considération :
Wallonie : PSB jusqu’en 1977 (en cartel avec les libéraux en province de Luxembourg en 1946, 1950, 1954 et 1958 ; en cartel avec le RW en province de Luxembourg en 1977) ; PS depuis 1978.
Région bruxelloise : PSB-BSP de 1946 à 1974 (en ce compris les Rode Leeuwen de 1968 à 1974) ; PSB et BSP en 1977 ; PS et BSP en 1978 ; PS et SP de 1981 à 1999 (sauf en 1999 pour le Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale : PS et cartel SP–Aga) ; PS et cartel SP.A–Spirit de 2003 à 2007 ; PS et SP.A depuis 2009 (sauf en 2019 pour le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale : PS et one.brussels-sp.a).
Flandre : BSP de 1946 à 1978 (en cartel avec les libéraux en province de Limbourg en 1946, 1950, 1954 et 1958) ; SP de 1991 à 1999 ; cartel SP.A–Spirit de 2003 à 2007 ; SP.A depuis 2009.

9C’est systématiquement la Wallonie qui offre aux socialistes leur meilleure implantation régionale. Logiquement, c’est dans cette région qu’ils enregistrent donc leur maximum absolu, à savoir que, en 1954, ils recueillent environ la moitié des voix wallonnes  [11]. À l’inverse, c’est généralement en Flandre que les socialistes peinent le plus à recueillir les suffrages de l’électorat. De 1946 à 1965, en 1987 et sans discontinuer depuis 1995, cette région est celle dans laquelle la plus faible proportion des votants leur accordent leurs voix. Lors des autres échéances électorales ici passées en revue, c’est-à-dire entre 1968 et 1985 ainsi qu’en 1991, c’est la Région bruxelloise qui voit la famille rouge récolter son plus faible score régional. Le minimum absolu est observé en Flandre : les socialistes n’y obtiennent que 10,3 % lors de l’élection régionale et communautaire de 2019.

10En moyenne, l’écart entre le score que la famille socialiste obtient en Wallonie et celui qu’elle décroche en Région bruxelloise se monte à 10,6 % (il est compris entre 2,4 % en 1946 et 21,8 % en 1977) ; il est de 15,6 % entre la Wallonie et la Flandre (entre 8,5 % en 1968 et 23,0 % en 2010) – il s’agit là de la différence moyenne entre deux régions la plus élevée qui sera à observer dans ce Courrier hebdomadaire –, et est de 7,1 % entre la Région bruxelloise et la Flandre (entre 1,2 % en 1991 et 14,8 % en 1954). Il est à noter que l’écart entre la Wallonie et la Flandre n’est inférieur à 10 % qu’à trois reprises : en 1946 (9,2 %), en 1968 (8,5 %) et en 1971 (9,8 %). C’est en 1946 que les trois régions présentent les chiffres les plus similaires.

11Dans les trois partis du pays, les socialistes ont connu leur période la plus faste en 1954 : ils récoltaient alors quelque 50 % des voix en Wallonie  [12], 45,1 % en Région bruxelloise et aux alentours de 30 % en Flandre  [13]. Depuis cette époque, ils ont perdu environ la moitié de leurs électeurs dans les deux premières régions et les deux tiers dans la troisième.

1.2. La famille libérale

12Le 8 octobre 1961, le Parti libéral - Liberale Partij (PL-LP) devient le Parti de la liberté et du progrès - Partij voor Vrijheid en Vooruitgang (PLP-PVV)  [14]. Entamé au début de la décennie suivante, le processus de scission entre les deux ailes linguistiques du parti trouve son aboutissement le 24 novembre 1976. La formation francophone prend alors divers noms successifs au fil de son histoire : Parti pour les réformes et la liberté en Wallonie (PRLW)  [15], Parti réformateur libéral (PRL) à partir du 19 mai 1979, Fédération PRL FDF à dater du 14 septembre 1993  [16], Fédération PRL FDF MCC à partir du 1er décembre 1998  [17], et enfin Mouvement réformateur (MR) depuis le 24 mars 2002  [18]. Pour sa part, la formation néerlandophone porte tour à tour le nom de Partij voor Vrijheid en Vooruitgang (PVV), puis de Vlaamse Liberalen en Democraten (VLD) à partir du 15 novembre 1992  [19], et enfin d’Open Vlaamse Liberalen en Democraten (Open VLD) depuis le 11 février 2007  [20].

Graphique 2. Résultats électoraux de la famille libérale (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 2. Résultats électoraux de la famille libérale (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 2. Résultats électoraux de la famille libérale (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Formations politiques prises en considération :
Wallonie : PL de 1946 à 1961 (en cartel avec les socialistes en province de Luxembourg en 1946, 1950, 1954 et 1958) ; PLP de 1965 à 1974 ; PRLW et PLPW en 1977 ; PRLW en 1978 ; PRL de 1981 à 1991 ; Fédération PRL FDF en 1995 ; Fédération PRL FDF MCC en 1999 ; MR depuis 2003. Le MR comprend le FDF de 2003 à 2010.
Région bruxelloise : PL-LP jusqu’en 1961 ; PLP-PVV en 1965 et 1968 ; cartel PLP–PVV, PLP de la Région bruxelloise et LIB en 1971 ; PLP, PVV et cartel FDF–PLDP en 1974 ; PL et PVV en 1977 et 1978 ; PRL et PVV de 1981 à 1991 ; Fédération PRL FDF et VLD en 1995 ; Fédération PRL FDF MCC et VLD en 1999 (sauf pour le Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale : Fédération PRL FDF MCC et cartel VLD–VU–O) ; MR et VLD en 2003 ; MR et cartel VLD–Vivant en 2004 ; MR et Open VLD depuis 2007. Le MR comprend le FDF de 2003 à 2010.
Flandre : LP de 1946 à 1961 (en cartel avec les socialistes en province de Limbourg en 1946, 1950, 1954 et 1958) ; PVV de 1965 à 1991 ; VLD de 1995 à 2003 ; cartel VLD–Vivant en 2004 ; Open VLD depuis 2007.

13Le plus souvent, c’est en Région bruxelloise que la famille bleue parvient à rallier la plus forte proportion des suffrages. Telle est la situation observée entre 1946 et 1965, en 1974 et de 1985 à 2010  [21]. C’est également dans cette région que les libéraux connaissent leur maximum absolu, à savoir 45,5 % en 1974 ; il convient cependant de noter que ce score résulte notamment de l’association d’une des composantes du mouvement libéral  [22] avec le parti communautariste FDF. À plusieurs reprises, c’est en Wallonie que les libéraux réalisent leur meilleure implantation régionale (en 1968, en 1971, en 1977, en 1981 et lors des différents scrutins de 2014 et de 2019)  [23], contre une seule et unique fois en Flandre (en 1978). Hormis entre 1971 et 1978, c’est d’ailleurs dans cette dernière région qu’ils enregistrent systématiquement leur score régional le moins élevé. C’est également en Flandre que l’on relève le minimum absolu des bleus : environ 8 % en 1946  [24].

14L’écart entre la Wallonie et la Région bruxelloise s’élève en moyenne à 7,5 % – à savoir qu’il oscille entre 0,2 % en 1981 et 30,4 % en 1974 (ou, si l’on ne tient pas compte du scrutin atypique de 1974 s’agissant du résultat des bleus bruxellois, 15,9 % en 2007) –, celui entre la Wallonie et la Flandre à 4,6 % – entre 0,2 % en 1961 et 12,7 % à l’occasion des élections régionales de 2014 –, et celui entre la Région bruxelloise et la Flandre à 10,4 % – entre 0,2 % en 1971 et 28,3 % en 1974 (ou 17,5 % lors des élections régionales de 1995). En 1971 et en 1981, les trois régions présentent des chiffres fort proches.

15La famille libérale a obtenu ses maximas régionaux historiques en Wallonie en 2007 (31,2 %), en Région bruxelloise en 1974 (45,5 %) – ou, si l’on laisse de côté ce score résultant de circonstances particulières, lors de l’élection régionale de 1995 (37,7 %) – et en Flandre en 2003 (24,2 %). En 2019, elle a enregistré ses moins bons résultats depuis 1991 dans la première région, depuis 1978 dans la deuxième et depuis 1961 dans la troisième.

1.3. La famille de tradition sociale-chrétienne

16Au sein du Parti social chrétien - Christelijke Volkspartij (PSC-CVP)  [25], le processus de séparation entre les deux ailes linguistiques est à l’œuvre à partir de 1965  [26]. Mais de jure, la scission se produit le 24 novembre 1972, lorsque disparaît la structure de coordination unitaire. La formation francophone est alors dénommée Parti social chrétien (PSC)  [27], avant de se rebaptiser Centre démocrate humaniste (CDH) le 18 mai 2002. La formation néerlandophone conserve d’abord le nom Christelijke Volkspartij (CVP), puis prend celui de Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V) le 29 septembre 2001. Le CD&V forme un cartel avec le parti nationaliste flamand Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) de février 2004 à septembre 2008.

Graphique 3. Résultats électoraux de la famille de tradition sociale-chrétienne (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 3. Résultats électoraux de la famille de tradition sociale-chrétienne  (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 3. Résultats électoraux de la famille de tradition sociale-chrétienne (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Formations politiques prises en considération :
Wallonie : PSC jusqu’en 1999 ; CDH depuis 2003.
Région bruxelloise : PSC-CVP jusqu’en 1971 (sauf en 1968 : PSC et liste VDB–CVP) ; PSC et CVP de 1974 à 1985 ; cartel PSC–APB et CVP en 1987 ; PSC et CVP de 1991 à 1999 ; CDH et CD&V en 2003 ; CDH et cartel CD&V–N-VA en 2004 et 2007 ; CDH et CD&V depuis 2009.
Flandre : CVP jusqu’en 1999 ; CD&V en 2003 ; cartel CD&V–N-VA en 2004 et 2007 ; CD&V depuis 2009.

17De même que les socialistes en Wallonie (cf. supra), c’est invariablement en Flandre que les sociaux-chrétiens obtiennent leur plus haut score régional. Le maximum absolu qu’ils décrochent y est de pas moins de 60,3 % (en 1950) ; il s’agit là du plus haut résultat régional jamais enregistré, toutes régions et toutes tendances politiques confondues, pour la période passée ici en revue. À l’inverse, c’est en règle générale en Région bruxelloise que la famille orange réalise sa moins bonne implantation régionale : en 1949, de 1954 à 1965, et sans interruption de 1971 à nos jours (à deux légères exceptions près : 1974 et 2007), cette région est celle dans laquelle le plus faible pourcentage d’électeurs choisissent d’accorder leur voix aux sociaux-chrétiens. À seulement cinq reprises, cette place revient à la Wallonie : en 1946, en 1950, en 1968, en 1974 (mais de très peu : l’écart entre Wallonie et Région bruxelloise n’est que de 0,1 %) et en 2007. Le minimum absolu est observé dans la région centrale à l’occasion du scrutin fédéral de 2019 : 7,2 % (soit le résultat régional le plus bas obtenu par l’une des trois familles politiques dites traditionnelles depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale).

18L’écart moyen entre la Wallonie et la Région bruxelloise est très faible : à peine 3,7 % (il varie entre 0,1 % en 1974 et 9,9 % lors du scrutin fédéral de 1999). En revanche, il est bien davantage marqué entre la Wallonie et la Flandre : 12,4 % (entre 2,7 % en 2010 et 29,2 % en 1946). Surtout, il l’est encore davantage entre la Région bruxelloise et la Flandre : 15,4 % (entre 3,5 % en 2010 et 27,4 % en 1954). Le scrutin de 2010 est celui qui a vu les trois régions avoir le comportement électoral le plus similaire à l’égard de la famille orange.

19Partout en Belgique, les fifties constituent la décennie qui a vu les sociaux-chrétiens atteindre le sommet de leur popularité dans les urnes : 35,1 % en Wallonie en 1958, 34,7 % en Région bruxelloise en 1950 et, comme déjà indiqué, 60,3 % en Flandre la même année. Depuis lors, la courbe des résultats électoraux de la famille orange est tendanciellement en baisse dans les trois régions  [28]. À tel point que, lors des élections de 2019, elle a atteint son plus bas niveau historique, toutes régions et tous types de scrutin confondus. En un peu plus d’un demi-siècle, le nombre d’électeurs se prononçant en faveur des sociaux-chrétiens a été divisé environ par 3,2 dans le sud du pays, par 4,7 dans la région centrale et par 4,1 dans le nord.

1.4. La famille écologiste

20Le parti Écolo est fondé les 8 et 23 mars 1980. Pour sa part, le mouvement écologiste néerlandophone Anders Gaan Leven (AGL) participe aux élections à partir de 1977 (mais uniquement en Flandre jusqu’en 1978), avant de devenir un parti politique les 27-28 mars 1982 sous le nom d’Agalev  [29] ; celui-ci change son appellation le 15 novembre 2003 pour devenir Groen!, dénomination dont il retire ensuite le point d’exclamation le 10 janvier 2012.

Graphique 4. Résultats électoraux de la famille écologiste (par région, 1981-2019), en % des votes valables

Graphique 4. Résultats électoraux de la famille écologiste (par région, 1981-2019), en % des votes valables

Graphique 4. Résultats électoraux de la famille écologiste (par région, 1981-2019), en % des votes valables

Formations politiques prises en considération :
Wallonie : Écolo.
Région bruxelloise : Écolo et AGL en 1981 ; Écolo et Agalev de 1985 à 2003 (sauf en 1999 pour le Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale : Écolo et cartel SP–Aga) ; Écolo et Groen! de 2004 à 2010 ; Écolo et Groen depuis 2014.
Flandre : AGL en 1981 ; Agalev de 1985 à 2003 ; Groen! de 2004 à 2010 ; Groen depuis 2014.

21Sauf rares exceptions, c’est la Région bruxelloise qui constitue la meilleure terre d’implantation électorale de la famille verte. Celle-ci s’y voit d’ailleurs attribuer son maximum absolu : 23,0 % à l’occasion du scrutin fédéral de 1999. La Wallonie est par trois fois la région la plus favorable aux écologistes (en 1981, en 1991 et, de peu, lors du scrutin régional de 1995), tandis que la Flandre ne l’est qu’à une seule et unique reprise (en 1987, mais de façon peu marquée). Inversement, le nord du pays est non seulement la région où les écologistes enregistrent leur minimum absolu (3,9 % en 1981 puis à nouveau en 2003) mais également celle où ils éprouvent généralement le plus de difficulté à convaincre les électeurs : hormis à trois occasions (en 1981, en 1987 et lors du scrutin fédéral de 2014  [30]), c’est en Flandre que la famille verte doit constater sa plus faible audience électorale.

22En moyenne, l’écart entre les scores engrangés par les écologistes respectivement en Wallonie et en Région bruxelloise est de seulement 2,3 % (il va de 0,2 % en 1987 à 6,4 % à l’occasion du scrutin fédéral de 2019) – il s’agit là de l’écart moyen entre deux régions le plus faible qui est à relever dans le présent Courrier hebdomadaire – ; il se monte à 4,0 % entre la Wallonie et la Flandre (entre une quasi-égalité lors des élections régionales de 2014 et 11,8 % en 2009), et à 5,6 % entre la Région bruxelloise et la Flandre (entre 0,2 % en 1981 et 12,5 % en 2009). Hormis en 2009, les trois courbes régionales offrent globalement le même profil ; l’année électorale 1985 est celle où elles se rejoignent le plus.

23C’est en 1999 que la famille verte a bénéficié de sa plus grande aura électorale, quelle que soit la région considérée : à l’occasion du scrutin fédéral en ce qui concerne la Wallonie (18,3 %) et la Région bruxelloise (23,0 %), et lors de l’élection régionale et communautaire pour ce qui a trait à la Flandre (11,6 %). En 2019, les scores ont partout été inférieurs de quelques pourcents à ces maximas régionaux historiques.

1.5. Le score cumulé des familles politiques

24Si l’on s’intéresse au score cumulé des trois puis, à partir de 1981, quatre familles politiques, on observe que la Wallonie est la région la plus stable à cet égard, la Flandre celle qui présente la courbe tendanciellement la plus à la baisse, et la Région bruxelloise celle qui connaît les plus grandes variations d’un scrutin à un autre.

25La plupart du temps, les familles politiques rassemblent entre 80 % et 90 % de l’électorat en Wallonie. À neuf occasions, ce score cumulé est supérieur à cette tranche (en 1950, en 1954, en 1958, en 1985, en 1987 – à savoir 95,8 %, ce qui constitue le maximum historique dans cette région –, en 1991, lors des deux scrutins de 1995 et en 2009). À cinq autres, il lui est inférieur : en 1946, en 1971, en 1974 et lors des deux scrutins de 2019 (dont 72,2 % pour l’élection fédérale, soit le minimum historique wallon à cet égard). Au sud du pays, les principaux concurrents électoraux de ces familles politiques (c’est-à-dire les formations obtenant au moins 5 % des voix) ont été historiquement le Parti communiste de Belgique (PCB) entre 1946 et 1978  [31], le cartel RW–FDF entre 1968 et 1981, et le Front national (FN) en 1995 ainsi qu’entre 2003 et 2007 ; aujourd’hui, et depuis 2014, il s’agit du Parti du travail de Belgique (PTB)  [32].

26Les valeurs extrêmes sont toutes deux enregistrées en Flandre. En 1950, 97,4 % de l’électorat flamand votait pour le CVP, le BSP ou le LP. En 2019, moins de la moitié a fait de même en faveur du CD&V, de l’Open VLD, du SP.A ou de Groen (plus précisément, le chiffre est de 48,7 % pour l’élection régionale et communautaire et de 48,3 % pour le scrutin fédéral), ce qui constitue un résultat inédit. Le dernier score cumulé supérieur à 90 % date de 1961, celui supérieur à 80 % de 1987, et celui supérieur à 60 % de 2007  [33]. Par le passé, les principales concurrences électorales auxquelles ont dû faire face les familles politiques au nord du pays ont été incarnées par le Kommunistische Partij van België (KPB) en 1946, la Volksunie (VU) entre 1961 et 1999  [34], Radicale Omvormers en Sociale Strijders voor een Eerlijker Maatschappij (ROSSEM) en 1991, et la Lijst Dedecker (LDD) entre 2007 et 2009 ; de nos jours et parfois en parallèle, il s’agit du Vlaams Blok puis Vlaams Belang (VB) depuis 1991  [35], de la N-VA depuis 2009  [36] et du Partij van de Arbeid van België (PVDA) depuis 2019  [37].

Graphique 5. Résultats électoraux cumulés des familles politiques (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 5. Résultats électoraux cumulés des familles politiques (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 5. Résultats électoraux cumulés des familles politiques (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Formations politiques prises en considération : cf. les graphiques 1 à 4.

27La Région bruxelloise offre une situation très contrastée selon les époques. Le score cumulé des familles ne se situe au-delà de 90 % qu’à deux reprises, qui plus est anciennes : en 1950 et en 1958 (respectivement 94,5 % et 94,6 %). À l’opposé, il est par six fois inférieur à 70 % : en 1971, en 1977, en 1978 (élection lors de laquelle ce score n’est que de justesse supérieur à la moitié : 50,5 %), en 1981 et lors des deux scrutins de 2019. Dans la région centrale, la concurrence sur le champ électoral a anciennement été le fait du PCB-KPB jusqu’en 1950, du FDF entre 1965 et 1991  [38], de la VU entre 1971 et 1977, de l’Union démocratique pour le respect du travail - Respekt voor Arbeid en Democratie (UDRT-RAD) en 1981 et en 1985, du FN en 1991 et en 1995, et du VB en 2003 ; actuellement, il s’agit des FDF puis des Démocrates fédéralistes indépendants (nouvelle dénomination adoptée par les FDF le 13 novembre 2015) depuis 2014  [39] et du PTB-PVDA depuis 2019  [40].

Tableau 1. Résultats électoraux de la famille socialiste (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Tableau 1. Résultats électoraux de la famille socialiste (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Tableau 1. Résultats électoraux de la famille socialiste (par région, 1944-2019), en % des votes valables

A Cartel libéral–socialiste en province de Luxembourg.
B Cartel PSB–RW en province de Luxembourg.
C Cartel entre le SP et Agalev (sous le nom de SP–Aga).
D Cartel libéral–socialiste en province de Limbourg.
Formations politiques prises en considération :
Wallonie : PSB jusqu’en 1977 ; PS depuis 1978.
Région bruxelloise : PSB-BSP de 1946 à 1974 (en ce compris les Rode Leeuwen de 1968 à 1974) ; PSB et BSP en 1977 ; PS et BSP en 1978 ; PS et SP de 1981 à 1999 ; PS et cartel SP.A–Spirit de 2003 à 2007 ; PS et SP.A depuis 2009 (sauf en 2019 pour le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale : PS et one.brussels-sp.a).
Flandre : BSP de 1946 à 1978 ; SP de 1991 à 1999 ; cartel SP.A–Spirit de 2003 à 2007 ; SP.A depuis 2009.

Tableau 2. Résultats électoraux de la famille libérale (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Tableau 2. Résultats électoraux de la famille libérale (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Tableau 2. Résultats électoraux de la famille libérale (par région, 1944-2019), en % des votes valables

A Cartel libéral–socialiste en province de Luxembourg.
B Cartel FDF–PLDP.
C Cartel VLD–VU–O.
D Cartel libéral–socialiste en province de Limbourg.
Formations politiques prises en considération :
Wallonie : PL de 1946 à 1961 ; PLP de 1965 à 1974 ; PRLW et PLPW en 1977 ; PRLW en 1978 ; PRL de 1981 à 1991 ; Fédération PRL FDF en 1995 ; Fédération PRL FDF MCC en 1999 ; MR depuis 2003. Le MR comprend le FDF de 2003 à 2010.
Région bruxelloise : PL-LP jusqu’en 1961 ; PLP-PVV en 1965 et 1968 ; cartel PLP–PVV, PLP de la Région bruxelloise et LIB en 1971 ; PLP et PVV en 1974 ; PL et PVV en 1977 et 1978 ; PRL et PVV de 1981 à 1991 ; Fédération PRL FDF et VLD en 1995 ; Fédération PRL FDF MCC et VLD en 1999 ; MR et VLD en 2003 ; MR et cartel VLD–Vivant en 2004 ; MR et Open VLD depuis 2007. Le MR comprend le FDF de 2003 à 2010.
Flandre : LP de 1946 à 1961 ; PVV de 1965 à 1991 ; VLD de 1995 à 2003 ; cartel VLD–Vivant en 2004 ; Open VLD depuis 2007.

Tableau 3. Résultats électoraux de la famille de tradition sociale-chrétienne (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Tableau 3. Résultats électoraux de la famille de tradition sociale-chrétienne  (par région, 1944-2019), en % des votes valables

Tableau 3. Résultats électoraux de la famille de tradition sociale-chrétienne (par région, 1944-2019), en % des votes valables

A Cartel PSC–APB.
B Cartel CD&V–N-VA.
Formations politiques prises en considération :
Wallonie : PSC jusqu’en 1999 ; CDH depuis 2003.
Région bruxelloise : PSC-CVP jusqu’en 1971 (dont liste VDB–CVP en 1968) ; PSC et CVP de 1974 à 1999 ; CDH et CD&V depuis 2003.
Flandre : CVP jusqu’en 1999 ; CD&V depuis 2003.

Tableau 4. Résultats électoraux de la famille écologiste (par région, 1981-2019), en % des votes valables

Tableau 4. Résultats électoraux de la famille écologiste (par région, 1981-2019), en % des votes valables

Tableau 4. Résultats électoraux de la famille écologiste (par région, 1981-2019), en % des votes valables

A Cartel entre le SP et Agalev (sous le nom de SP–Aga).
Formations politiques prises en considération :
Wallonie : Écolo.
Région bruxelloise : Écolo et AGL en 1981 ; Écolo et Agalev de 1985 à 2003 ; Écolo et Groen! de 2004 à 2010 ; Écolo et Groen depuis 2014.
Flandre : AGL en 1981 ; Agalev de 1985 à 2003 ; Groen! de 2004 à 2010 ; Groen depuis 2014.

2. Les évolutions électorales au niveau national

28Dans ce second chapitre, nous analysons les résultats électoraux des familles politiques globalisés à l’échelle de l’ensemble de la Belgique  [41]. Logiquement, nous distinguons dans nos commentaires l’époque au cours de laquelle seules sont présentes les trois familles dites traditionnelles (socialistes, libéraux et sociaux-chrétiens) de celle durant laquelle ces familles sont au nombre de quatre (suite à l’arrivée des écologistes dans le jeu électoral en 1981).

2.1. La hiérarchie des familles politiques

29Intéressons-nous tout d’abord à la hiérarchie des trois puis quatre familles politiques telle qu’elle a évolué à l’échelle de la Belgique entre 1944 et 2019. Le tableau 5 récapitule l’ensemble de ces mouvements.

30Durant toute l’époque où ne sont encore concernées que les trois familles politiques dites traditionnelles, c’est-à-dire jusqu’en 1978, la hiérarchie électorale de celles-ci est invariablement la suivante à l’échelle du pays : les sociaux-chrétiens arrivent en 1re place (cela essentiellement, comme on l’a vu, grâce à la configuration électorale privilégiée dont ils jouissent en Flandre), suivis des socialistes au 2e rang (entre autres du fait que ceux-ci bénéficient, comme on le sait, de la majeure part des voix wallonnes), tandis que les libéraux occupent la 3e marche du podium (leur préséance en Région bruxelloise étant insuffisante pour leur assurer une plus haute position au plan national).

31L’écart électoral entre la famille orange et la famille rouge n’est alors guère important : entre 2,6 % (en 1954) et 13,8 % (en 1949), pour une moyenne de 7,4 %. En revanche, les résultats que la famille bleue réalise dans les urnes sont nettement en deçà de ceux des deux autres tendances politiques, en particulier jusqu’en 1961 ainsi que, quoique dans une moindre mesure, en 1977 et en 1978. Au total, l’écart entre les 1re et 3e places s’échelonne entre 10,8 % (en 1968) et 36,3 % (en 1950). En moyenne, il est de 23,3 %, mais trois périodes particulières sont à distinguer à cet égard : cette moyenne est de 31,2 % entre 1956 et 1961, de 12,1 % entre 1965 et 1974, et de 20,2 % en 1977 et en 1978.

32Certes, les sociaux-chrétiens n’obtiennent aucune fois la majorité absolue des voix à l’échelle du pays (leur maximum historique, qui date de 1950, est de 47,7 %). Cependant, une addition de leur score avec celui des socialistes atteint en moyenne 79,1 % jusqu’en 1961 (entre 73,4 % en 1949 et 83,3 % en 1958) et encore 60,9 % par la suite. En cas d’alliance des sociaux-chrétiens avec les libéraux, la somme est d’au moins 51,5 %, hormis en 1971 (où elle est inférieure à la moitié des voix : 46,9 %).

Tableau 5. Ordre des familles politiques (Belgique, 1944-2019), selon les voix obtenues

Tableau 5. Ordre des familles politiques (Belgique, 1944-2019), selon les voix obtenues

Tableau 5. Ordre des familles politiques (Belgique, 1944-2019), selon les voix obtenues

Formations politiques prises en considération : cf. les graphiques 1 à 4.

33À partir de 1981, une quatrième famille est à prendre en considération dans le paysage électoral belge : la famille écologiste. Jusqu’à présent, celle-ci n’est jamais parvenue à occuper que la 4e position dans la hiérarchie des familles politiques au niveau national (en raison, notamment, de la difficulté qu’elle éprouve à s’implanter en Flandre). Cependant, jamais l’écart entre la famille figurant à la 3e place et les verts n’a été aussi ténu qu’en 2019 (cf. infra) : cette année-là, le score de la 3e famille n’a été supérieur à celui des verts que de 1,7 % aux élections régionales, et même d’à peine 0,4 % au scrutin fédéral.

34Entre les trois familles dites traditionnelles, la place de tête est âprement disputée. De ce combat, la famille de tradition sociale-chrétienne ne sort plus guère souvent victorieuse. En effet, tel n’est le cas qu’en 1981, en 1985, au scrutin fédéral de 1995 et en 2007 ; et encore n’est-ce que de fort peu (parfois, elle ne dépasse la famille arrivée au 2e rang que d’une poignée de dixièmes de pourcent) et, dans le cas de 2007, grâce au cartel que sa composante néerlandophone forme alors avec la N-VA. Pour la première fois de son histoire, la famille socialiste monte sur la plus haute marche du podium national en 1987. Elle réitère ensuite cette performance à neuf occasions : en 1991, aux élections régionales de 1995 (en dépassant de peu la famille orange), en 2003, en 2004, en 2009, en 2010, aux deux scrutins de 2014 et à l’élection fédérale de 2019 (dans ce dernier cas, en ne surpassant cependant la famille bleue que d’à peine 0,06 %). Pour sa part, la famille libérale ne parvient à accéder à cette position convoitée qu’aux deux scrutins de 1999. Aux élections régionales de 2019, l’avance des libéraux sur les socialistes n’étant que d’une seule et unique voix  [42], il convient de considérer que ces deux familles sont à ex aequo.

35À l’inverse, si la 3e place continue, comme durant l’époque précédente, à échoir à la famille libérale jusqu’en 1995, celle-ci n’y est par la suite plus reléguée qu’en 2004 et en 2009. Cette position est celle de la famille socialiste aux deux scrutins de 1999 (la famille orange ne se maintenant cependant alors au 2e rang que de fort peu) et en 2007. Surtout, elle est celle de l’ancien numero uno, à savoir la famille de tradition sociale-chrétienne, d’abord ponctuellement en 2003 puis de manière systématique à partir de 2010.

36L’écart entre la 1re et la 3e places est bien plus étroit que précédemment. Alors qu’il n’était jamais descendu sous la barre des 10 % avant 1978, il ne dépasse jamais celle-ci après 1981. En moyenne, cet écart est de 4,6 % ; plus précisément, il oscille entre 1,4 % (à l’occasion du scrutin fédéral de 1995) et 9,5 % (en 1987). Entre le score des socialistes et celui des libéraux, la différence moyenne se monte à 3,3 % (outre les écarts minimes déjà signalés pour les deux scrutins de 2019, elle varie entre 1,0 % lors des élections fédérales de 1995 et 9,5 % en 1987) ; entre le résultat des socialistes et celui des sociaux-chrétiens, elle est de 2,5 % (entre 0,2 % lors des élections régionales de 1999 et 9,1 % en 2003) ; enfin, entre le score des libéraux et celui des sociaux-chrétiens, elle est de 3,4 % (entre 0,3 % en 2007 et aux élections régionales de 2014, et 8,3 % en 1985).

37Quant à l’écart entre les 3e et 4e positions – cette dernière étant, pour rappel, occupée sans interruption par les écologistes –, il est à la fois plus fluctuant et globalement plus élevé que ceux qui viennent d’être passés en revue : il est compris entre 0,4 % (au moment du scrutin fédéral de 2019) et 17,0 % (en 1981), pour une moyenne de 9,9 %.

Graphique 6. Résultats électoraux des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 6. Résultats électoraux des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 6. Résultats électoraux des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

Formations politiques prises en considération : cf. les graphiques 1 à 4.

2.2. Le score cumulé des familles politiques

38Lors des deux premiers scrutins qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale, le score cumulé des trois familles politiques dites traditionnelles est respectivement de 84,6 % et de 88,7 % ; se ressentent là les effets de la concurrence du PCB-KPB  [43] et, dans une moindre mesure, de l’Union démocratique belge - Belgische Democratische Unie (UDB)  [44]. Au cours de la décennie suivante, le total des résultats électoraux additionnés des trois familles est compris entre 92,5 % et 95,4 % (ce dernier chiffre, enregistré en 1958, constituant le maximum historique). Ensuite, il décline progressivement : 90,5 % en 1961, 84,3 % en 1965, 80,6 % en 1968 et 74,2 % en 1971. Il convient de mettre cette évolution en parallèle direct avec l’apparition progressive des partis régionalistes et communautaristes (VU, FDF et RW) et avec leur montée en puissance dans les urnes  [45]. Le score cumulé des trois familles connaît une certaine remontée dans la suite des seventies, grâce au sursaut électoral dont bénéficie alors la famille orange dans les trois régions : 81,6 % en 1974 (année où, pour rappel, les libéraux bruxellois réalisent en outre un score atypiquement haut grâce à l’alliance nouée par une partie d’entre eux avec le FDF), et encore 78,5 % en 1977 et 78,0 % en 1978  [46].

39L’époque des trois familles (1944-1978) se subdivise donc en deux sous-périodes : celle de la toute-puissance de ces familles puis, progressivement à partir de la première moitié des années 1960, celle de leur simple prédominance.

Graphique 7. Résultats électoraux cumulés des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 7. Résultats électoraux cumulés des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

Graphique 7. Résultats électoraux cumulés des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

Formations politiques prises en considération : cf. les graphiques 1 à 4.

40Entre 1981 et 2007, le score cumulé des quatre familles politiques est fort stable. En moyenne, il se chiffre à 80,2 %. L’effet de l’arrivée d’une quatrième famille sur la scène électorale belge, en sus des trois dites traditionnelles, se fait directement sentir. Dès 1981, la baisse constatée à la fin de l’époque précédente se trouve pour ainsi dire jugulée (77,6 %). Ensuite, le score cumulé des familles connaît un certain sursaut entre 1985 et 1995, puisque sa moyenne dépasse à nouveau la barre des 80 % : elle est de 82,4 %. Le pic de toute cette période est d’ailleurs enregistré en 1987 (86,1 %). Enfin, le total des résultats électoraux additionnés des quatre familles se maintient encore à 78,5 % en moyenne entre 1999 et 2007, avec de faibles variations.

41Durant cette période, les principaux concurrents électoraux de ces quatre familles politiques (c’est-à-dire les formations obtenant au moins 3 % des voix à l’échelle nationale) sont tous situés du côté néerlandophone et sur la droite de l’échiquier politique : la VU jusqu’en 1999  [47], le VB à partir du « dimanche noir » de 1991  [48], la N-VA en 2003  [49] et la LDD en 2007  [50]. Du côté francophone, seuls deux partis atteignent à une reprise la barre des 2,5 % : le FDF en 1981  [51] et le FN en 2004  [52].

42À partir de 2009, en revanche, le recul du score cumulé des quatre familles politiques est marqué et continu. De scrutin en scrutin, ce score va en s’amenuisant toujours plus : 71,3 % en 2009, 66,4 % en 2010, 65,6 % et 65,1 % en 2014 (respectivement pour l’élection des parlements régionaux et pour celle de la Chambre des représentants), et 57,3 % et 57,1 % en 2019 (respectivement aux élections régionales et au scrutin fédéral). Cette chute est due à chacune des trois familles dites traditionnelles ; seule la famille écologiste permet parfois que la pente ne soit pas plus raide encore.

43Ainsi, en 2019, deux des familles dites traditionnelles connaissent leurs pires résultats électoraux depuis la Libération. D’une part, la famille socialiste n’enregistre que 15,9 % aux élections régionales et 16,2 % au scrutin fédéral ; par rapport à son maximum national historique (à savoir environ 38,5 %, en 1954  [53]), son assise électorale a donc été divisée par 2,3. D’autre part et surtout, la famille de tradition sociale-chrétienne ne rassemble plus derrière ses listes que 13,6 % des votants pour l’élection des parlements régionaux et 12,6 % pour celle de la Chambre des représentants ; dans ce cas, il est dès lors permis de parler de dégringolade puisque, par rapport à son maximum national historique (soit 47,7 %, en 1950), la famille orange a vu son audience électorale fondre d’un facteur 3,6. Quant à elle, avec 15,9 % aux élections régionales et 16,1 % au scrutin fédéral, la famille libérale n’est pas au plus bas de sa courbe électorale puisque, au sortir de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’au début des années 1960 (puis encore, plus ponctuellement, en 1977), elle avait été confrontée à des scores encore moins importants ; elle n’en enregistre pas moins son moins bon score depuis quatre décennies ainsi que, par rapport à son maximum national historique (à savoir 26,8 % en 2003), une division par 1,7 de son électorat.

44Depuis 2009, les principales concurrences électorales auxquelles font face ces quatre familles politiques sont essentiellement néerlandophones et de droite : la N-VA  [54] et le VB  [55], ainsi que la LDD en 2009  [56]. S’y est cependant ajouté le parti unitaire de gauche radicale PTB-PVDA à dater de 2014  [57].

45La concurrence que représente la N-VA est particulièrement à souligner ici. À plusieurs reprises, le parti nationaliste flamand parvient en effet à récolter, seul et alors même qu’il ne s’adresse qu’à une seule des deux grandes communautés linguistiques et culturelles du pays, un score électoral supérieur à celui de certaines familles. En 2010, avec 17,4 %, la N-VA surpasse la famille écologiste (9,2 %) et celle de tradition sociale-chrétienne (16,4 %). Lors des élections régionales de 2014, avec 20,1 %, elle dépasse chacune des quatre familles (19,9 % pour les socialistes, 18,6 % pour les libéraux, 18,3 % pour les sociaux-chrétiens et 8,8 % pour les écologistes) ; à l’occasion du scrutin fédéral de la même année, avec 20,3 %, elle en domine trois sur quatre (la famille bleue et ses 19,4 %, la famille orange et ses 16,6 % et la famille verte et ses 8,6 %)  [58]. En 2019, elle l’emporte encore sur deux d’entre elles aux deux scrutins : elle obtient 15,8 % au niveau régional et 16,0 % au niveau fédéral, contre respectivement 13,6 % et 12,6 % pour la famille de tradition sociale-chrétienne et 11,9 % et 12,2 % pour la famille écologiste  [59].

46Or ce fait est largement inédit. Certes, il est régulièrement arrivé que, seul, un parti parvienne à obtenir un score supérieur à celui de la famille écologiste. À vrai dire, il n’y a que lors des deux scrutins de 1999 qu’une telle situation ne s’est pas présentée. Pas moins de neuf partis ont individuellement dépassé la famille verte (à savoir les six partis dits traditionnels, ainsi que la VU, le VB et la N-VA), et chacun à plusieurs reprises  [60]. En revanche, une telle configuration est exceptionnelle s’agissant d’une des trois familles dites traditionnelles. Pour être précis, seuls trois cas étaient à mentionner avant la survenance du « phénomène N-VA »  [61]. Primo, en 1946, la famille libérale (qui recueillait alors quelque 9 % des voix  [62]) a été dépassée par le PCB-KPB (12,7 %) ; cependant, il convient de souligner que le parti communiste avait alors présenté des listes dans l’ensemble des circonscriptions du pays (alors que, quant à elle, la N-VA ne récolte ses voix qu’en Flandre et – dans une bien moindre mesure – en Région bruxelloise, mais nullement en Wallonie). Secundo, en 1978, en remportant 26,1 % des suffrages, le CVP a surclassé à lui seul tout à la fois la famille libérale (16,4 %) et la famille socialiste (25,4 %). Tertio et enfin, en 1985, le même parti a réalisé un score légèrement supérieur à celui des bleus (21,3 % contre 21,0 %).

47L’époque des quatre familles se subdivise donc en deux sous-périodes : celle du maintien électoral des familles (et même, durant un temps, d’un certain renouveau) puis, à partir de 2009, celle de leur déclin global.

Tableau 6. Résultats électoraux des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

Tableau 6. Résultats électoraux des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

Tableau 6. Résultats électoraux des familles politiques (Belgique, 1944-2019), en % des votes valables

A Cartel libéral–socialiste en province de Luxembourg et en province de Limbourg.
B Cartel PSB–RW en province de Luxembourg.
C Cartel SP–Agalev (sous le nom de SP–Aga) pour l’élection du Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale.
D Cartel FDF–PLDP en Région bruxelloise.
E Cartel VLD–VU–O pour l’élection du Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale.
F Cartel CD&V–N-VA.
Formations politiques prises en considération : cf. les tableaux 1 à 4.

Conclusion

48La logique des familles politiques est encore bien vivace aujourd’hui  [63]. Les marques de liens privilégiés entre « partis frères » restent nombreuses, même dans l’histoire récente. Ainsi, à l’occasion des élections locales du 14 octobre 2018, Écolo et Groen ont présenté une liste commune dans pas moins de 18 des 19 communes de la Région bruxelloise  [64], tandis que les candidats du MR et de l’Open VLD ont figuré sur une même liste dans 17 communes, ceux du PS et du SP.A dans 15 communes, et ceux du CDH et du CD&V dans 12 communes  [65]. Quelques mois plus tard, dans la circonscription électorale de Bruxelles-Capitale, la liste Écolo a accueilli les candidats de Groen et la liste PS ceux du SP.A lors du scrutin fédéral du 26 mai 2019  [66]. Au lendemain de celui-ci, les processus de formation des deux exécutifs réunissant des partis issus des deux principales communautés linguistiques et culturelles du pays, à savoir le gouvernement fédéral  [67] et le gouvernement bruxellois  [68], ont montré la préférence affichée des partis socialistes, libéraux et écologistes pour des coalitions dans lesquelles leur famille politique respective figurerait au complet.

49Il n’en reste pas moins que, au fil du temps, les liens ont une tendance nette à se relâcher au sein des familles politiques. Il est de plus en plus fréquent de voir deux « partis frères » adopter des positions idéologiques différentes voire divergentes, que ce soit en matière institutionnelle, sur le plan économique ou social, dans le domaine éthique, etc.  [69]. Les espaces de dialogue structurels et autres liens organisationnels disparaissent. Les contacts privilégiés entre chefs de file se raréfient. Les stratégies de communication se distancient. Ce constat ne s’applique cependant qu’aux trois familles dites traditionnelles. Au sein de la famille écologiste, la communauté d’identité est bien davantage ressentie, incarnée, revendiquée et même valorisée. Ainsi, les deux partis verts, francophone et néerlandophone, se réunissent au sein d’un groupe commun dans les deux chambres du Parlement fédéral lorsque cela est possible : à la Chambre des représentants depuis 1981  [70] et au Sénat depuis que le règlement de cette assemblée le permet, soit depuis 2014. Cette famille est pourtant la seule à n’être pas née du « splitsing » d’un ancien parti national il y a un peu plus d’un demi-siècle, mais de la réunion volontaire de deux partis d’emblée constitués chacun distinctement sur une base linguistique.

50Le présent Courrier hebdomadaire s’est concentré sur un aspect particulier de l’histoire des familles politiques : leurs évolutions électorales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le constat qui s’impose est celui d’un déclin global, d’abord somme toute limité jusqu’au début du XXIe siècle mais qui s’amplifie et s’accélère depuis une dizaine d’années. En 1958, le score cumulé des familles dans les urnes a culminé à 95,4 %. En 2019, et alors même qu’il est désormais question de quatre et non plus de trois familles, il est de 57,3 % pour l’élection des parlements régionaux et de 57,1 % pour celle de la Chambre des représentants ; en six décennies, le chiffre a donc été divisé par 1,7. Bien plus, si l’on ne s’intéresse qu’aux familles dites traditionnelles (rouge, bleue et orange), les chiffres chutent – ce qui constitue un fait sans précédent – sous la barre des 50 % en 2019, puisqu’ils sont alors respectivement de 45,4 % et de 44,9 %, soit cette fois une division par 2,1 par rapport à 1958.

51Cette évolution est particulièrement marquée en Flandre. Non seulement, cette région part de plus haut : le maximum historique du score cumulé des familles y a été de 97,4 % en 1950 (contre 94,3 % en Wallonie et 94,6 % en Région bruxelloise, dans ces deux cas en 1958). Mais surtout, elle enregistre aujourd’hui le taux le plus bas : en 2019, les quatre familles n’y récoltent ensemble que 48,7 % ou 48,3 % des suffrages (selon que l’on considère les élections régionales ou le scrutin fédéral), soit, pour la première fois dans l’histoire électorale flamande, moins de la moitié des votes valablement exprimés. Plus encore, si l’on limite le calcul aux sociaux-chrétiens, aux libéraux et aux socialistes (à l’exclusion donc des écologistes), le total tombe même à respectivement 38,9 % et 38,5 %  [71].

52La Wallonie enregistre également ses minima historiques en 2019 : 73,1 % aux élections régionales et 72,2 % au scrutin fédéral si l’on considère l’ensemble des quatre familles, et respectivement 58,6 % et 57,3 % si l’on concentre le regard sur les seuls PS, MR et CDH.

53Pour sa part, la Région bruxelloise ne connaît pas en 2019 ses taux les plus bas : ils sont de 64,6 % aux élections régionales et de 67,7 % au scrutin fédéral, alors la courbe de cette région était déjà descendue plus bas en 1971 (à savoir 57,0 %) ainsi qu’entre 1977 et 1981 (53,2 % en 1977, 50,5 % en 1978 et 57,1 % en 1981). Cela n’en constitue pas moins les résultats les plus bas depuis 1985. Surtout, si l’on ne prend en compte que les familles rouge, bleue et orange, on obtient en 2019 des totaux cumulés de respectivement 45,2 % et 46,4 % ; soit, pour la première fois, moins d’un électeur sur deux.

54Au cours de la dernière décennie électorale, le score de chacune des trois familles dites traditionnelles a été globalement en recul dans chacune des trois régions. Le fait est particulièrement marqué pour les socialistes en Wallonie, pour les libéraux en Région bruxelloise et pour les sociaux-chrétiens en Flandre. L’évolution électorale des écologistes a, pour sa part, été faite de son habituel mouvement en « dents de scie », particulièrement en ce qui concerne la composante francophone.

55Arrivé au terme de ce Courrier hebdomadaire, le lecteur ne commettra donc pas d’erreur en concluant que la distribution des forces politiques issues des élections du 26 mai 2019 est inédite à plusieurs égards, en particulier lorsque l’on considère le résultat du scrutin fédéral du côté flamand. Sans nul doute, cette configuration est à l’origine, pour une large part, des difficultés actuellement rencontrées dans la formation d’un nouveau gouvernement fédéral de plein exercice.

Annexes

Annexe 1. Partis politiques dont le score électoral individuel a été supérieur à celui de la famille écologiste (1981-2019), en % des votes valables au niveau national

Annexe 1. Partis politiques dont le score électoral individuel a été supérieur à celui de la famille écologiste (1981-2019), en % des votes valables au niveau national

Annexe 1. Partis politiques dont le score électoral individuel a été supérieur à celui de la famille écologiste (1981-2019), en % des votes valables au niveau national

Formations politiques prises en considération pour la composition de la famille écologiste : cf. le graphique 4.
PS : PS depuis 1981.
SP.A : SP de 1981 à 1999 (sauf en 1999 pour le Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale : PS et cartel SP–Aga) ; cartel SP.A–Spirit de 2003 à 2007 ; SP.A depuis 2009 (sauf en 2019 pour le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale : one.brussels-sp.a).
MR : PRL de 1981 à 1991 ; Fédération PRL FDF en 1995 ; Fédération PRL FDF MCC en 1999 ; MR depuis 2003. Le MR comprend le FDF de 2003 à 2010.
Open VLD : PVV de 1981 à 1991 ; VLD de 1995 à 2003 (sauf en 1999 pour le Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale : cartel VLD–VU–O) ; cartel VLD–Vivant en 2004 ; Open VLD depuis 2007.
CDH : PSC de 1981 à 1999 (sauf en 1987 en Région bruxelloise : cartel PSC–APB) ; CDH depuis 2003.
CD&V : CVP de 1981 à 1999 ; CD&V en 2003 ; cartel CD&V–N-VA en 2004 et 2007 ; CD&V depuis 2009.
VU / N-VA : VU de 1981 à 1995 ; VU–ID pour la Chambre des représentants et le Parlement flamand en 1999 ; cartel VLD–VU–O pour le Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale en 1999 ; N-VA depuis 2003.
VB : Vlaams Blok de 1981 à 2004 ; Vlaams Belang depuis 2007 (en ce compris FpN en 2014).

Annexe 2. Partis politiques dont le score électoral individuel a été supérieur à celui d’une des trois familles dites traditionnelles (1944-2019), en % des votes valables au niveau national

Annexe 2. Partis politiques dont le score électoral individuel a été supérieur à celui d’une des trois familles dites traditionnelles (1944-2019), en % des votes valables au niveau national

Annexe 2. Partis politiques dont le score électoral individuel a été supérieur à celui d’une des trois familles dites traditionnelles (1944-2019), en % des votes valables au niveau national

Formations politiques prises en considération pour la composition des familles : cf. les graphiques 1 à 3.
CVP / CD&V : CVP de 1974 à 1999 ; CD&V en 2003 ; cartel CD&V–N-VA en 2004 et 2007 ; CD&V depuis 2009.

Annexe 3. Calendrier des élections en Belgique (1944-2019)

Annexe 3. Calendrier des élections en Belgique (1944-2019)

Annexe 3. Calendrier des élections en Belgique (1944-2019)

En grisé : Scrutins pris en considération dans le présent Courrier hebdomadaire.

Notes

  • [1]
    * Ce Courrier hebdomadaire est dédié à la mémoire de Paul Wynants (1954-2018).
    C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). I. Analyse par région » et « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). II. Analyse nationale », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2416-2417 et 2418-2419, 2019.
  • [2]
    Dans ce dernier cas, compte non tenu des voix émises en Région bruxelloise pour l’élection du Parlement flamand (depuis 2004).
  • [3]
    N’est donc pas pris en considération le premier scrutin régional bruxellois, qui s’est tenu en 1989.
  • [4]
    Pour un calendrier des élections en Belgique entre 1944 et 2019, cf. l’annexe 3 du présent Courrier hebdomadaire.
  • [5]
    Pour le premier chapitre, cf. C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). I. Analyse par région », op. cit., p. 7-13. Pour le second chapitre, cf. C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). II. Analyse nationale », op. cit., p. 7-10.
  • [6]
    Pour le détail des pourcentages, cf. les tableaux 1 à 4 reproduits en fin de chapitre. Cf. aussi C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). I. Analyse par région », op. cit., p. 15-85.
  • [7]
    En 1946, 1950, 1954 et 1958, les socialistes se présentent en cartel avec les libéraux dans les provinces de Luxembourg et de Limbourg. En 1968, 1971 et 1974, deux formations socialistes concurrentes se présentent aux électeurs bruxellois : le PSB-BSP et la dissidence néerlandophone Rode Leeuwen (également appelée Vlaamse Socialisten ou Vlaamse BSP).
  • [8]
    En 1977, le PSB se présente en cartel avec le Rassemblement wallon (RW) en province de Luxembourg.
  • [9]
    En 1999, le SP se présente en cartel avec Agalev pour l’élection du Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale. En 2019, le SP.A se présente sous le nom de one.brussels-sp.a pour l’élection du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale.
  • [10]
    Spirit se rebaptise VlaamsProgressieven (Vl.Pro) le 19 avril 2008.
  • [11]
    L’existence d’un cartel libéral–socialiste en province de Luxembourg empêche de disposer d’un chiffre précis.
  • [12]
    Cf. note précédente.
  • [13]
    L’existence d’un cartel libéral–socialiste en province de Limbourg empêche de disposer d’un chiffre précis.
  • [14]
    En 1946, 1950, 1954 et 1958, les libéraux se présentent en cartel avec les socialistes dans les provinces de Luxembourg et de Limbourg. En 1971 et en 1974, trois listes libérales concurrentes se présentent aux électeurs bruxellois : dans le premier cas, il s’agit de celle du cartel PLP–PVV, de celle du PLP de la Région bruxelloise et de celle du Parti libéral indépendant (LIB) ; dans le second cas, il s’agit de celle du PLP, de celle du PVV et de celle du cartel formé entre le Parti libéral, démocrate et pluraliste (PLDP) et le FDF.
  • [15]
    En Région bruxelloise, le parti est alors dénommé Parti libéral (PL).
  • [16]
    Suite au rapprochement entre le PRL et le Front démocratique des francophones (FDF).
  • [17]
    Suite à l’arrivée du Mouvement des citoyens pour le changement (MCC).
  • [18]
    Outre le MCC, le MR comprend le FDF – parti qui est renommé Fédéralistes démocrates francophones (même sigle) le 24 janvier 2010 – jusqu’en septembre 2011.
  • [19]
    En 1999, le VLD se présente en cartel avec la formation nationaliste flamande Volksunie (VU) et des candidats indépendants (en néerlandais, « onafhankelijke [kandidaten] ») pour l’élection du Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale (sous le nom de VLD–VU–O).
  • [20]
    Ce dernier changement de nom intervient suite à la fusion du VLD et du petit parti Voor Individuele Vrijheid en Arbeid in een Nieuwe Toekomst (Vivant), lesquels formaient ensemble un cartel depuis le début de l’année 2004.
  • [21]
    Il est à noter que c’est en Région bruxelloise que les libéraux ont le plus pâti électoralement du départ des FDF intervenu au début de la décennie 2010.
  • [22]
    À savoir le PLDP (cf. supra), qui est une dissidence bruxelloise du PLP.
  • [23]
    En 1977, en ce compris le score du Parti de la liberté et du progrès en Wallonie (PLPW).
  • [24]
    L’existence d’un cartel libéral–socialiste en province de Limbourg empêche de disposer d’un chiffre précis.
  • [25]
    Jusqu’au congrès des 17 et 18 août 1945, cette formation politique est dénommée Bloc catholique belge - Blok der Katholieken van België (ou Katholiek Blok). Bien qu’elle soit communément appelée Parti catholique - Katholieke Partij, il ne s’agit pas stricto sensu d’un parti politique, mais plutôt d’un groupe parlementaire formé de deux partis distincts, constitués sur une base linguistique : le Parti catholique social (PCS) et le Katholieke Vlaamse Volkspartij (KVV).
  • [26]
    En 1968, deux listes sociales-chrétiennes concurrentes se présentent aux électeurs bruxellois : la liste VDB–CVP (le sigle « VDB » faisant référence à Paul Vanden Boeynants, alors Premier ministre) et la liste PSC.
  • [27]
    En 1987, le PSC se présente en cartel avec Action pour Bruxelles (APB) dans les cantons bruxellois.
  • [28]
    Le sursaut temporaire observé en Flandre en 2004 et 2007 est à mettre en rapport direct avec le fait que les sociaux-chrétiens flamands étaient alors en cartel avec la N-VA.
  • [29]
    En 1999, Agalev se présente en cartel avec le SP pour l’élection du Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale.
  • [30]
    Dans le cas des élections régionales de 2014, la différence entre la Wallonie et la Flandre ne s’élève toutefois qu’à 0,06 %, soit une quasi-égalité.
  • [31]
    Exception faite du scrutin de 1958.
  • [32]
    Cf. C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). I. Analyse par région », op. cit., p. 15-33.
  • [33]
    Au sujet de l’éphémère sursaut observé en 2004 et 2007, cf. la note 28 supra.
  • [34]
    Il est à noter que la VU est issue d’une dissidence du CVP.
  • [35]
    Il est à noter que le VB est lui-même issu de dissidences de la VU.
  • [36]
    Il est à noter que la N-VA est la principale héritière de la VU, disparue par implosion le 15 septembre 2001.
  • [37]
    Cf. ibidem, p. 53-85.
  • [38]
    Hormis en 1974, année de son association électorale avec une des composantes du mouvement libéral en Région bruxelloise (cf. supra).
  • [39]
    Pour rappel, lors des élections s’étant déroulées entre 1995 et 2010, le FDF était membre de la Fédération PRL FDF, puis Fédération PRL FDF MCC puis MR. Durant cette période, il a donc contribué aux scores de la famille libérale.
  • [40]
    Cf. ibidem, p. 35-52.
  • [41]
    Pour le détail des pourcentages, cf. le tableau 6 reproduit en fin de chapitre. Cf. aussi C. Istasse, « Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019). II. Analyse nationale », op. cit., p. 11-43.
  • [42]
    Les libéraux totalisent 1 058 124 voix, contre 1 058 123 pour les socialistes.
  • [43]
    Le PCB-KPB recueille 12,7 % des voix au niveau national en 1946, puis 7,5 % en 1949. Par la suite, le score électoral national de ce parti sera compris entre 3,1 % et 4,8 % jusqu’en 1978 (hormis en 1958 : 1,9 %). À partir des années 1980, il deviendra insignifiant.
  • [44]
    Issu de la Résistance, cet éphémère parti avait pour objectif de rapprocher les sociaux-chrétiens (des rangs desquels était issue la majorité de ses membres) et les socialistes. Au scrutin de 1946, qui fut le seul auquel il prit part, il récolta 2,2 % des voix (essentiellement glanées en Wallonie).
  • [45]
    Ces trois partis – qui s’adressent essentiellement aux francophones de la Région bruxelloise et de sa périphérie pour le premier, aux néerlandophones pour le deuxième et aux Wallons pour le troisième – récoltent les scores suivants au niveau national durant cette période : la VU, 3,5 % en 1961, 6,7 % en 1965, 9,8 % en 1968 et 11,1 % en 1971 ; le FDF, 1,3 % en 1965, 3,0 % en 1968 et 4,5 % en 1971 ; le RW, 2,9 % en 1968 et 6,7 % en 1971.
  • [46]
    De son côté, la VU recueille 10,2 % en 1974, 10,4 % en 1977 et 7,0 % en 1978 ; pour sa part, le FDF obtient 5,7 % en 1974 (mais cela notamment grâce au cartel formé avec une partie des libéraux francophones en Région bruxelloise) et 4,3 % tant en 1977 qu’en 1978 ; quant à lui, le RW remporte 5,1 % en 1974, 2,8 % en 1977 (score auquel s’ajoutent les 0,6 % du cartel PS–RW en province de Luxembourg) et 0,8 % en 1978.
  • [47]
    La VU recueille 9,8 % en 1981, 7,9 % en 1985, 8,1 % en 1987, 5,9 % en 1991, 5,7 % (élections régionales) et 4,7 % (scrutin fédéral) en 1995, 5,8 % (élections régionales ; s’y ajoutent les 0,2 % du cartel VLD–VU–O en Région bruxelloise) et 5,6 % (scrutin fédéral) en 1999. Ensuite, l’implosion de ce parti laissera place à la N-VA (ainsi que, dans une moindre mesure, à Spirit).
  • [48]
    Le VB récolte 6,6 % en 1991, 7,9 % (élections régionales) et 7,8 % (scrutin fédéral) en 1995, 10,0 % (élections régionales) et 9,9 % (scrutin fédéral) en 1999, 11,6 % en 2003, 15,3 % en 2004 et 12,0 % en 2007. Avant cela, le score de ce parti avait été de 1,4 % en 1981, de 1,1 % en 1981, de 1,4 % en 1985 et de 1,9 % en 1987.
  • [49]
    La N-VA glane 3,1 % en 2003. En 2004 et en 2007, ce parti sera en cartel avec le CD&V.
  • [50]
    La LDD obtient 4,0 % en 2007.
  • [51]
    Le FDF recueille 2,5 % en 1981. Par la suite, ce parti obtiendra 1,2 % en 1985 et en 1987 et 1,5 % en 1991, puis sera allié aux libéraux (au sein de la Fédération PRL FDF, puis Fédération PRL FDF MCC puis MR) de 1995 à 2010 ; enfin, se présentant à nouveau seul, il obtiendra 1,7 % (élections régionales) et 1,8 % (scrutin fédéral) en 2014, et 2,1 % (élections régionales) et 2,2 % (scrutin fédéral) en 2019.
  • [52]
    Le FN totalise 2,8 % en 2004. Précédemment, son score avait été de 0,1 % en 1985 et en 1987, de 1,1 % en 1991, de 2,1 % (élections régionales) et 2,3 % (scrutin fédéral) en 1995, de 1,4 % (élections régionales) et 1,5 % (scrutin fédéral) en 1999, et de 2,0 % en 2003 ; par la suite, il sera de 2,0 % en 2007, de 1,0 % en 2009 et de 0,5 % en 2010.
  • [53]
    L’existence d’un cartel libéral–socialiste en provinces de Luxembourg et de Limbourg empêche de disposer d’un chiffre précis.
  • [54]
    La N-VA recueille 8,2 % en 2009, 17,4 % en 2010, 20,1 % (élections régionales) et 20,3 % (scrutin fédéral) en 2014, et 15,8 % (élections régionales) et 16,0 % (scrutin fédéral) en 2019.
  • [55]
    Le VB récolte 9,6 % en 2009, 7,8 % en 2010, 3,7 % (élections régionales) et 3,9 % (scrutin fédéral) en 2014, et 11,8 % (élections régionales) et 12,0 % (scrutin fédéral) en 2019.
  • [56]
    La LDD obtient 4,8 % en 2009. Par la suite, le parti n’obtiendra que 2,3 % en 2010 et 0,4 % au scrutin fédéral de 2014.
  • [57]
    Le PTB-PVDA totalise 3,6 % (élections régionales) et 3,7 % (scrutin fédéral) en 2014, et 8,3 % (élections régionales) et 8,6 % (scrutin fédéral) en 2019. Précédemment, le score de ce parti avait été de 0,8 % au maximum jusqu’en 2007, puis de 1,1 % en 2009 et de 1,6 % en 2010.
  • [58]
    En outre, elle n’est qu’à une petite encablure de la famille arrivée en tête (à savoir la famille rouge et ses 20,5 %).
  • [59]
    Cependant, les familles socialiste et libérale ne dépassent que de fort peu la N-VA : aux élections régionales, toutes deux obtiennent 15,9 % et, au scrutin fédéral, leurs scores sont de respectivement 16,2 % et 16,1 %.
  • [60]
    Cf. le graphique reproduit en annexe 1 du présent Courrier hebdomadaire.
  • [61]
    Cf. le graphique reproduit en annexe 2 du présent Courrier hebdomadaire.
  • [62]
    L’existence d’un cartel libéral–socialiste en provinces de Luxembourg et de Limbourg empêche de disposer d’un chiffre précis.
  • [63]
    Sur la question de savoir si la notion de famille politique a encore un sens dans la Belgique actuelle, cf. la réponse apportée par K. Deschouwer, J.-B. Pilet, É. vanHaute, « Party Families in a Split Party System », in K. Deschouwer (dir.), Mind the Gap. Participation and Representation in Belgium, Colchester, ECPR Press, 2017, p. 91-112 (pour un résumé en français, cf. K. Deschouwer, J.-B. Pilet, É. vanHaute, « Y a-t-il encore des partis frères en Belgique ? », BePolitix, s.d. [13 juillet 2018], https://absp.be).
  • [64]
    À chaque fois, sous un intitulé explicite mentionnant le nom des deux partis (le plus souvent, « Écolo-Groen »). Cf. P. Blaise, V. Demertzis, J. Faniel, C. Istasse, J. Pitseys, « La préparation des élections communales et provinciales du 14 octobre 2018 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2381-2382, 2018, p. 92-96 et 98.
  • [65]
    Le plus souvent, les candidats du parti néerlandophone ont figuré soit sur la liste du parti francophone frère (avec, dans certains cas mais pas de façon systématique, un intitulé renseignant leur présence : « MR Open Vld », « Open MR », « PS - sp.a », « PS+sp.a », « CDH-CD&V+ », « CDH + CD&V », etc.), soit sur la liste du bourgmestre appartenant à ce même parti. Cf. ibidem, p. 76-80, 84-92 et 95-98.
  • [66]
    Cf. B. Biard, P. Blaise, J. Faniel, C. Istasse, V. Lefebve, C. Sägesser, « La préparation des élections fédérales et européennes du 26 mai 2019 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2406-2407, 2019, p. 46-48. Le résultat a été qu’un candidat Groen a été élu sur la liste Écolo déposée dans la circonscription de Bruxelles-Capitale, diminuant ainsi d’une unité le nombre de sièges du groupe linguistique français à la Chambre des représentants ; dans ce cas, la logique des familles l’a donc emporté sur la logique communautaire.
  • [67]
    Au niveau fédéral, le processus de formation du gouvernement est toujours en cours à l’heure de publier ces lignes. Il est toutefois à noter qu’il est exceptionnel qu’un exécutif national ne compte que l’un des deux partis d’une même famille politique ; cela ne s’est encore produit que durant deux périodes, à savoir entre décembre 2007 et décembre 2011 (gouvernements Verhofstadt III, Leterme I, Van Rompuy et Leterme II, tous de composition CD&V/MR/PS/Open VLD/CDH : le SP.A était absent, ayant opté pour l’opposition au niveau fédéral à la suite de ses résultats, jugés décevants, enregistrés lors du scrutin du 10 juin 2007) et depuis octobre 2014 (gouvernements Michel I, Michel II et Wilmès, de composition N-VA/MR/CD&V/Open VLD pour le premier et MR/CD&V/Open VLD pour les deux suivants : le CDH est absent, ayant refusé au lendemain du scrutin du 25 mai 2014 de rejoindre une coalition comprenant la N-VA).
  • [68]
    Au niveau régional bruxellois (gouvernement Vervoort III : PS/Écolo/Défi/Groen/Open VLD/one.brussels-sp.a), les familles socialiste et écologiste sont parvenues à avoir chacune leurs deux composantes, à l’inverse de la famille libérale qui a échoué dans sa tentative de faire de même ; ici, c’est la logique régionale qui l’a emporté sur la logique des familles.
  • [69]
    Cf., par exemple, C. Meulewaeter, B. Rihoux, S. Walgrave, C. Lesschaeve, « Opinion(s) publique(s), familles politiques et formations de coalition », in K. Deschouwer, P. Delwit, M. Hooghe, B. Rihoux, S. Walgrave (dir.), « Attitudes et comportements des électeurs lors du scrutin du 25 mai 2014 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2225, 2014, p. 35-37.
  • [70]
    Hormis une interruption en 2003-2007, législature durant laquelle le parti écologiste flamand ne disposait d’aucun député fédéral.
  • [71]
    Le score cumulé des sociaux-chrétiens, libéraux et socialistes flamands avait déjà été inférieur à 50 % en 2010 (45,5 %) et lors des deux scrutins de 2014 (48,5 % au niveau régional et 48,1 % au niveau fédéral).

La logique des familles politiques est encore bien vivace dans la Belgique d’aujourd’hui. Les liens privilégiés entre « partis frères » par-delà la frontière linguistique restent nombreux, même si c’est de manière variable pour la famille socialiste, la famille libérale, la famille de tradition sociale-chrétienne et la famille écologiste.

Ce Courrier hebdomadaire se penche sur un aspect particulier de l’histoire des familles politiques : leurs évolutions électorales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le constat qui s’impose est celui d’un déclin global, d’abord somme toute limité jusqu’au début du 21e siècle mais qui s’amplifie et s’accélère depuis une dizaine d’années. En 1958, le score électoral cumulé des familles culminait à 95 %. En 2019, il est d’à peine 57 %. Bien plus, si l’on ne s’intéresse qu’aux trois familles dites traditionnelles (rouge, bleue et orange), le chiffre chute désormais – ce qui constitue un fait sans précédent – sous la barre des 50 %. Cette évolution est particulièrement marquée pour les socialistes en Wallonie, pour les libéraux en Région bruxelloise et pour les sociaux-chrétiens en Flandre. Pour leur part, les écologistes ont connu un mouvement « en dents de scie ».

Cette étude rappelle la force électorale qu’ont connue les familles pendant des décennies. Elle montre par ailleurs que la distribution des forces politiques issues des élections du 26 mai 2019 est inédite à plusieurs égards, en particulier lorsque l’on considère le résultat du scrutin fédéral du côté flamand. Sans nul doute, cette configuration est à l’origine, pour une large part, des difficultés actuellement rencontrées dans la formation d’un nouveau gouvernement fédéral de plein exercice.

Mis en ligne sur Cairn.info le 04/02/2020
https://doi.org/10.3917/cris.2435.0003
ISBN 9782870752265
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