CAIRN.INFO : Matières à réflexion

INTRODUCTION

1 Le paysage syndical belge se distingue notamment par le nombre élevé de travailleurs syndiqués [1], par le poids de la confédération chrétienne et par l’existence d’une organisation se proclamant libérale, cas devenu unique [2]. Cette dernière originalité n’a pourtant pas suscité un très vif intérêt scientifique et le nombre de publications abordant en profondeur la Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB), son histoire et ses caractéristiques est extrêmement limité [3]. Par ailleurs, le profil des membres des trois syndicats a lui aussi été relativement peu examiné. Les dernières études menées en la matière remontent à plus de deux décennies et ne concernent pas le syndicat libéral [4]. La présente livraison du Courrier hebdomadaire entend combler quelque peu cette double lacune dans la recherche consacrée au syndicalisme en Belgique.

2 À l’été 2009, le Ghent Institute for Political Studies (GhIPS) de l’Université de Gand et le CRISP ont été chargés par la CGSLB de mener une grande enquête auprès de ses affiliés. Le syndicat libéral voulait savoir dans quelle mesure ses membres sont satisfaits des services proposés et de la politique menée, avec la volonté d’identifier les points sur lesquels il est possible d’apporter des améliorations. La CGSLB voulait également évaluer dans quelle mesure les convictions sociopolitiques des affiliés concordent avec les idéaux et les orientations qu’elle défend par son action. Les résultats de cette étude, menée en février et mars 2010, forment la base de la présente publication [5].

3 Nous commencerons par présenter succinctement les caractéristiques actuelles de la CGSLB. La description de la méthodologie de l’enquête sera l’objet de la deuxième partie. Signalons dès à présent le taux global très élevé de réponse au questionnaire d’enquête envoyé aux affiliés du syndicat, à l’exclusion des membres du Syndicat libre de la fonction publique (SLFP) [6]. Les résultats présentés ci-après concernent donc principalement, mais pas uniquement, des travailleurs actifs (ou précédemment actifs) dans le secteur privé. Dans la présentation des résultats de l’enquête, nous nous concentrerons sur le profil des membres de la CGSLB, sur leur rapport à leur syndicat et au syndicalisme en général, ainsi que sur leurs opinions sur la société et sur la politique (troisième, quatrième et cinquième parties).

1. LA CENTRALE GÉNÉRALE DES SYNDICATS LIBÉRAUX DE BELGIQUE (CGSLB)

4 Dans le paysage syndical belge, l’histoire et les caractéristiques de la CGSLB restent nettement moins étudiées que celles de ses deux grandes rivales, la CSC et la FGTB. Cette histoire est pourtant longue de plus d’un siècle. La création, en 1893 [7], de la Liberale Werkersverdediging (Défense libérale des ouvriers) à Gand est en effet l’événement communément retenu comme fondateur du syndicalisme libéral interprofessionnel. Il faut attendre 1904 pour que le mouvement s’étende à Anvers et à Malines, et 1920 pour que soit créée la Nationale Centrale der Liberale Vakbonden, dont un des objectifs est de centraliser les caisses de grève des différents syndicats libéraux au niveau interprofessionnel. Ce n’est qu’en 1923, avec l’adhésion de la fédération de Soignies, que la centrale libérale commence son implantation hors de Flandre et que son nom est officiellement traduit en français en Centrale nationale des syndicats libéraux. Le terme « de Belgique » est ajouté au nom de l’organisation en 1927, année marquée également par l’adhésion d’une organisation active dans le secteur public, l’Association libérale du personnel de l’État et des chemins de fer. En 1937 ou 1938 [8] apparaît le nom actuel : Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB, en néerlandais : Algemene Centrale der Liberale Vakbonden van België).

5 Historiquement, la Belgique a été marquée par une forte pilarisation. Cette structuration de la société repose sur un tissu d’organisations de divers types (organisations politiques et partis, syndicats, mutualités, coopératives, mouvements de femmes ou de jeunesse, associations de loisirs, etc.) liées entre elles au sein de différents univers relativement cloisonnés. Organisation originale, et actuellement unique, de par sa dénomination, dans le paysage syndical européen, le syndicat libéral belge est apparu dans ce contexte.

1.1. DOCTRINE

6 Le syndicalisme libéral s’est donc construit à côté et, dans une certaine mesure, en opposition au syndicalisme socialiste, qui reconnaît la lutte des classes comme fondement de son action et qui entend transformer la société, et du syndicalisme chrétien, dont la perspective est d’améliorer la situation des travailleurs sans abolir le capitalisme, dans une perspective de collaboration entre employeurs et travailleurs intégrant une dimension chrétienne affirmée [9]. Ainsi, le programme de la Liberale Werkersverdediging insistait à l’origine sur quatre points : « La promotion de la situation matérielle, morale et intellectuelle des ouvriers, la recherche d’un rapprochement entre les classes et en particulier entre employeurs et travailleurs, l’encouragement de la confraternité et de la solidarité entre les classes actives et la lutte contre les systèmes éducatifs cléricaux et socialistes par la propagation du libéralisme. » [10]

7 Aujourd’hui, la base doctrinale du syndicat libéral est la Charte sociale adoptée en 1945 par le Parti libéral et par la CGSLB. Ce texte souligne la nécessité de compléter la démocratie politique par une démocratie sociale, conformément à la philosophie du Projet d’accord de solidarité sociale négocié durant l’occupation allemande. Cela implique d’une part l’attachement à la sécurité sociale, créée pour se substituer à l’assistance, et d’autre part l’association des travailleurs et des employeurs au sein de différents organes de concertation sociale. La CGSLB prône en outre l’association des travailleurs à la gestion des entreprises privées, soit la cogestion, et se prononce en faveur de la participation des travailleurs aux bénéfices de leur entreprise. Les statuts de la CGSLB adoptés à la même époque établissent le principe de la propriété comme « quelque chose d’intangible, comparable à un droit naturel, inhérent à l’existence même de l’être humain. C’est un corollaire immédiat de la liberté individuelle » [11]. La Charte sociale dénonce le chômage comme « la plaie du siècle » et affirme le droit au travail pour chacun. Enfin, elle attache une importance particulière à la famille [12].

8 De la sortie de la guerre à la fin des années 1980, la CGSLB a tenu des congrès de manière assez irrégulière. Le congrès de 1975 a notamment abordé le rapport entre libéralisme et syndicalisme et a affirmé « que le libéralisme et le syndicalisme ne s’excluent pas mais, au contraire, qu’ils s’impliquent mutuellement : que dans la lutte pour une société plus libre, objectif libéral par excellence, le syndicalisme libre est un instrument irremplaçable ; qu’en outre un syndicalisme authentique, interprète et arme de la classe ouvrière ne peut s’épanouir que dans un régime libéral démocratique sans trahir sa nature et sa mission » [13]. Depuis 1989, date d’une importante réforme des statuts de l’organisation, les congrès se sont tenus à un rythme plus soutenu. Le congrès organisé en 2008 sur le thème « Notre libéralisme social » a rappelé les valeurs fondamentales de la CGSLB : « Liberté, solidarité, responsabilité et tolérance. »

1.2. RAPPORTS AVEC LES PARTIS LIBÉRAUX ET RECONNAISSANCE INSTITUTIONNELLE

9 Les résolutions ont notamment réaffirmé l’indépendance de la CGSLB par rapport aux partis politiques [14].

10 Cette indépendance n’a pas toujours été de soi. Au XIXe siècle, des dirigeants de premier plan du Parti libéral ont été impliqués, à divers titres, dans la création du syndicalisme libéral. Par ailleurs, Paul Lamborelle, président de la CNSL de 1920 à 1942, et Adolphe Van Glabbeke, président de la CGSLB de 1944 à 1959, cumulèrent leur fonction avec un mandat de député. Le second fut même ministre à plusieurs reprises durant sa présidence du syndicat [15]. Les relations entre le parti et le syndicat n’étaient pas toujours sereines pour autant. Le repositionnement et l’ouverture confessionnelle du Parti libéral d’une part, les tensions autour du projet de Loi unique et de la grève de 1960-1961 d’autre part, qui ont notamment conduit le parti à mener une campagne électorale antisyndicale en mars 1961, ont fini par entraîner la rupture des liens entre parti et syndicat libéraux [16]. Les statuts actuels proclament que « la CGSLB est indépendante de tout parti politique » (article 5).

11 Ces liens privilégiés ont néanmoins permis à la CGSLB de recevoir un soutien politique décisif dans sa recherche de reconnaissance légale au sein des relations collectives de travail. Le syndicat libéral avait en effet beaucoup de mal, vu son faible poids par rapport à ses concurrents socialiste et chrétien, à se faire reconnaître comme interlocuteur social à part entière au sein des commissions paritaires et dans différents organismes officiels. L’arrêté du Régent du 27 juillet 1946, adopté par un gouvernement à participation libérale, reconnut la CGSLB comme troisième organisation représentative des travailleurs. Cependant, le syndicat libéral n’était présent que dans treize commissions paritaires sur la quarantaine existant au début de 1954. Cette année-là, le gouvernement socialiste-libéral (au sein duquel A. Van Glabbeke était ministre) adopta l’arrêté royal du 23 octobre déterminant les commissions paritaires nationales dans lesquelles chaque organisation représentative des travailleurs disposera d’un représentant au moins [17], qui introduisit des représentants du syndicat libéral dans une trentaine de commissions paritaires, au grand dam des dirigeants de la FGTB et de la CSC [18].

12 Actuellement, la CGSLB est représentée dans 80 des 97 commissions paritaires et dans 32 des 65 sous-commisssions paritaires effectivement composées [19]. Des représentants du syndicat libéral siègent dans les grands conseils fédéraux tels que le Conseil central de l’économie, le Conseil national du travail, le Conseil supérieur pour la prévention et la protection au travail, le Conseil de l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, ainsi que dans la Commission de l’indice ou au Collège des censeurs de la Banque nationale de Belgique. La CGSLB dispose également de représentants dans le comité de gestion des différents organismes de sécurité sociale (ONSS, Fonds des accidents du travail, Fonds des maladies professionnelles, Inami, ONAFTS, Onem, ONP et ONVA). Au niveau régional et communautaire, elle dispose de mandats dans divers organes de concertation sociale. Notons cependant qu’elle ne siège au Conseil économique et social de la Région wallonne (CESRW) que depuis avril 2005. Enfin, le président du syndicat libéral participe aux réunions du Groupe des dix, qui négocie notamment tous les deux ans un accord interprofessionnel.

1.3. STRUCTURE

13 En termes d’organisation, la CGSLB présente une certaine originalité par rapport à la CSC et à la FGTB. Alors que celles-ci sont constituées à partir de leurs centrales professionnelles, dont le poids est prépondérant au sein des organes de décision interprofessionnels, le syndicat libéral est essentiellement structuré de manière interprofessionnelle à tous les niveaux. Néanmoins, les travailleurs actifs dans les services publics sont affiliés au Syndicat libre de la fonction publique (SLFP) qui est lui-même affilié à la CGSLB. En outre, les enseignants sont regroupés au sein de l’Association professionnelle du personnel de l’enseignement libre (APPEL).

14 La CGSLB est organisée sur la base de trois niveaux. Le territoire national est découpé en 17 zones : Bruxelles ; Anvers-métropole et Malines-Rupel-Campine en province d’Anvers ; Hal-Vilvorde et Brabant flamand (soit l’arrondissement de Louvain) en province de Brabant flamand ; Région de Gand, Waas et Dendre, Alost-Ninove et Ardennes flamandes en province de Flandre orientale ; Flandre occidentale ; Limbourg ; Brabant wallon ; Charleroi, Hainaut central et Hainaut occidental en province de Hainaut ; Liège ; Namur-Luxembourg. Ces zones sont regroupées au sein de trois régionales, dont le découpage correspond aux trois régions du pays [20]. Selon les statuts de la CGSLB, ces régionales « sont compétentes pour les matières qui constitutionnellement sont conférées aux Régions » (article 21). Le comité régional de la régionale flamande et celui de la régionale wallonne sont élargis à des représentants de la régionale bruxelloise pour l’examen des matières attribuées par la Constitution à la Communauté flamande et aux Communautés française et germanophone respectivement. Au niveau national, les services du secrétariat central chapeautent cette structuration. Le siège social de la CGSLB est établi à Bruxelles tandis que le siège administratif est à Gand. Cette caractéristique, ainsi que le nombre plus élevé de zones et la densité plus importante de secrétariats locaux en Flandre orientale et dans la province d’Anvers témoignent du poids persistant des origines historiques du syndicalisme libéral.

15 Le congrès national « constitue la plus haute autorité de la CGSLB » (article 26 des statuts). Un congrès ordinaire est organisé au moins tous les quatre ans, mais des congrès extraordinaires peuvent aussi être convoqués. Entre deux congrès, les « prises de position de principe de la CGSLB en matière d’action syndicale et sociale » sont déterminées par le comité national (article 35 des statuts). Il se réunit au moins deux fois par an. Le bureau national exerce la direction générale, notamment financière, de la CGSLB. Il se réunit au moins dix fois par an (article 43 des statuts). Notons que le SLFP est représenté dans chacune de ces trois instances. Enfin, le comité exécutif « est chargé de tout ce qui concerne directement ou indirectement la gestion journalière de la CGSLB ». C’est à lui qu’appartient notamment « la décision relative à la reconnaissance de grèves et à l’octroi d’indemnités de grève » (article 45 des statuts).

1.4. IMPLANTATION

16 La CGSLB est le plus petit des trois syndicats remplissant les critères de représentativité énoncés par la loi [21]. À l’instar de ses deux grands concurrents, le syndicat libéral a cependant connu une progression considérable de ses effectifs depuis ses origines. Alors qu’il revendiquait quelque 50 000 membres en 1945 et 111 407 quinze ans plus tard, il avançait le chiffre de 268 455 affiliés en 2009. Parmi ceux-ci, quelque 70 000 sont membres du SLFP. En 1945, un peu plus de 5 % du total des travailleurs syndiqués dénombrés par la CGSLB, par la CSC et par la FGTB étaient membres du syndicat libéral. Depuis une trentaine d’années, la part de la CGSLB au sein de ce nombre total oscille entre 7 % et 8 %. En 2005, les effectifs se répartissaient comme suit : 30 183 membres dans la régionale bruxelloise, 171 004 dans la régionale flamande et 50 325 dans la régionale wallonne.

17 Les élections sociales permettent aux travailleurs de désigner leurs représentants au conseil d’entreprise (CE) et au comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT). L’installation d’un CE requiert la présence de 100 travailleurs, celle d’un CPPT nécessite d’en occuper 50. Bien qu’elles concernent moins de la moitié des travailleurs en activité, les élections sociales permettent aux syndicats de mesurer leur popularité et leurs forces sur une base différente du nombre de leurs affiliés. Sur le long terme, la CGSLB a nettement progressé depuis les années 1950. Alors qu’elle récoltait 2,7 % des voix et 2,2 % des sièges lors de la première élection des CE en 1950, la CGSLB en a recueilli 9,7 % (9,8 % pour l’élection des CPPT) et 6,5 % en 2008. C’est dans la Région de Bruxelles-Capitale que le syndicat libéral réalise son meilleur score, remportant 12,6 % des voix exprimées pour le CE (contre 9,8 % en Région flamande et 6,2 % en Région wallonne). Le syndicat libéral est mieux implanté dans les entreprises industrielles et commerciales (10,5 % au CE en 2008) que dans le secteur non marchand (7,2 %). Bien qu’elle y ait légèrement reculé par rapport à 2004 (–0,3 %), c’est dans les entreprises industrielles et commerciales établies en Région de Bruxelles-Capitale que la CGSLB remporte son meilleur score (13 % au CE en 2008). Pour ces élections, les travailleurs sont répartis en quatre collèges distincts. C’est au sein du collège jeunes travailleurs que la CGSLB réalise son moins bon résultat (8,1 % au CE en 2008). Elle engrange quasiment la même proportion de suffrages dans le collège ouvriers (9,3 %) que dans le collège employés (9,2 %). Les cadres lui offrent son meilleur résultat (14,7 %). Notons qu’en 2008, 32,1 % des candidats élus pour le compte de la CGSLB étaient des femmes (+3,4 % par rapport à 2004).

2. PRÉSENTATION DE L’ENQUÊTE MENÉE AUPRÈS DES AFFILIÉS

2.1. ÉCHANTILLON ET TAUX DE RÉPONSE

18 L’enquête dont les principaux résultats sont présentés dans la présente livraison du Courrier hebdomadaire a été menée à la demande de la CGSLB et a été financée par celle-ci. Pour des raisons évidentes de faisabilité et de coût, la méthode qui a été retenue pour récolter les données requises a consisté en l’envoi par voie postale d’un questionnaire écrit à un échantillon de membres du syndicat aléatoirement tirés au sort dans le fichier des affiliés [22]. Deux lettres de rappel ont été envoyées, respectivement deux et cinq semaines après l’envoi initial du questionnaire. Le dernier Courrier était accompagné d’un nouvel exemplaire du questionnaire. Un système de traçabilité des enveloppes-réponses a permis de n’envoyer ce troisième Courrier qu’aux personnes n’ayant pas encore rentré le questionnaire et d’éviter l’encodage de deux questionnaires remplis par une seule et même personne – tout en garantissant à tout moment l’anonymat des répondants.

19 À la demande de la CGSLB, la sélection de l’échantillon a été réalisée dans le fichier des adhérents du syndicat libéral (à l’exclusion des permanents et du personnel du syndicat), y compris sans emploi ou prépensionnés, sans inclure celui des membres du SLFP exerçant un emploi ou retraités [23]. Au total, 199 477 personnes étaient susceptibles d’être tirées au sort pour participer à l’enquête.

20 Afin de disposer de statistiques satisfaisantes pour effectuer des analyses détaillées, nous avons choisi de prendre un échantillon de base de 10 000 membres, soit 5 % du total des membres examinés. Malgré son ampleur, un tel échantillon risquait cependant d’inclure trop peu de mandataires et de candidats non élus aux élections sociales pour permettre une analyse différenciée de ceux-ci d’une part et des membres ordinaires (cet adjectif ne devant pas être entendu dans un sens péjoratif) d’autre part. Par conséquent, nous avons tiré au sort 800 mandataires et 800 candidats que nous avons adjoints aux 10 000 membres déjà sélectionnés, constituant ainsi un échantillon total de 11 600 personnes. Dans les pages qui suivent, quand des analyses sont menées sans distinction entre les membres, les mandataires et les candidats, l’échantillon est pondéré. Cela signifie qu’un poids moindre est donné aux candidats et aux mandataires qu’aux affiliés ordinaires, de manière à ce que la surreprésentation des candidats et des mandataires ne déforme pas les résultats.

21 Au total, 4 772 réponses ont été reçues, ce qui signifie que 41,14 % des personnes sélectionnées dans l’échantillon ont renvoyé le questionnaire. Après un contrôle de qualité, quelques questionnaires se sont avérés inutilisables (par exemple parce qu’ils étaient vierges). En définitive, 4 759 formulaires étaient utilisables pour l’analyse, ce qui représente 41,07 % de l’échantillon. Ce chiffre peut être considéré comme satisfaisant. Il est légèrement supérieur à cette moyenne parmi les répondants néerlandophones et inférieur parmi les francophones.

Tableau 1

Taux de réponse par rôle linguistique

Réponses Envois % réponses
Néerlandophones
Francophones
Total
3 257
1 515
4 772
7 755
3 845
11 600
42,0
39,4
41,1
figure im1

Taux de réponse par rôle linguistique

22 Le taux de réponse est plus faible parmi les membres ordinaires (37,9 %) que parmi les candidats non élus (52,1 %) et parmi les mandataires (69,1 %). Ces fortes différences traduisent probablement un attachement plus grand des deux dernières catégories de membres à leur syndicat et une volonté affirmée de contribuer à l’amélioration de son fonctionnement par une meilleure connaissance de ses effectifs. Elles peuvent aussi être liées à un sentiment de loyauté plus fort à l’égard du syndicat, amenant ces répondants à se sentir davantage obligés, moralement, de répondre au questionnaire. Elles peuvent également être dues à un niveau de scolarité plus élevé des mandataires et des candidats, constat sur lequel nous reviendrons infra. On peut enfin penser que ces militants ont été mieux informés du déroulement de l’enquête, leurs rapports avec le syndicat étant en principe plus fréquents.

23 Le taux de réponse ne suffit pas à garantir la représentativité de l’échantillon formé par les répondants. Pour trois caractéristiques, nous pouvons vérifier la conformité du profil des répondants avec celui des personnes auxquelles le questionnaire a été adressé. En ce qui concerne le sexe, le test du chi-carré indique que la légère différence n’est pas statistiquement significative (p>0,05). Elle l’est par contre pour le rôle linguistique, mais de manière limitée, et surtout pour l’âge ; la sous-représentation du groupe des jeunes parmi les répondants, non négligeable, n’est donc pas due au hasard.

Tableau 2

Représentativité de l’échantillon des répondants par rapport au sexe, au rôle linguistique et à l’âge1

Échantillon prévu
n %
Échantillon obtenu
n %
Sexe masculin
féminin
df=1 p=0,263
?2=1,25
6 903 59,5
4 697 40,5
2 760 58,6
1 942 41,4
Rôle linguistique néerlandais
français
df=1 p=0,000
?2=142,83
7 755 66,9
3 845 33,1
3 214 68,2
1 498 31,8
Âge – 30 ans
30-60 ans
+60 ans
?2=109,07 df=2 p=0,000
2 062 17,8
8 360 72,1
1 178 10,2
580 12,3
3 547 75,3
585 12,4
figure im2

Représentativité de l’échantillon des répondants par rapport au sexe, au rôle linguistique et à l’âge1

1 Les données présentées dans ce tableau n’ont pas été pondérées ; le poids d’un candidat ou d’un mandataire y est donc supérieur à celui d’un membre ordinaire.

2.2. QUESTIONNAIRE

24 La liste des questions adressées aux répondants a été établie de commun accord entre, d’une part, les équipes de recherche de l’Université de Gand et du CRISP, et, d’autre part, le groupe d’accompagnement de l’enquête constitué par la CGSLB en son sein. Les chercheurs ont identifié une série de thématiques à explorer et ont proposé des questions dont la formulation a été affinée en concertation avec les représentants syndicaux.

25 Au total, le questionnaire de 24 pages adressé aux membres de la CGSLB sélectionnés pour participer à l’enquête comportait 63 questions, subdivisées de manière telle que 243 choix étaient à effectuer.

26 Les questions ont été réparties en cinq thématiques : interrogations relatives à l’emploi occupé ou, à défaut, à la situation personnelle ; interrogations relatives à l’affiliation à la CGSLB ; interrogations relatives au fonctionnement et à l’image de la CGSLB ; questions d’opinion sur divers thèmes (société, politique, syndicalisme, relations collectives de travail) ; interrogations relatives au profil personnel du répondant.

27 Disponible en français ou en néerlandais, le questionnaire a été envoyé à chaque répondant dans la langue dans laquelle il communique généralement avec la CGSLB, avec la possibilité de le recevoir dans l’autre langue.

3. PROFIL DES MEMBRES

3.1. PROFIL SOCIODÉMOGRAPHIQUE

28 Plusieurs questions adressées aux personnes interrogées dans l’enquête visent à cerner le profil des membres de la CGSLB (à l’exclusion, rappelons-le, de ceux affiliés au SLFP). Nous examinerons d’abord le profil sociodémographique des répondants, en nous penchant sur les indicateurs classiques en la matière. Ensuite, nous nous intéresserons aux variables liées à la situation professionnelle.

29 Parmi les membres de la CGSLB qui ont répondu à l’enquête, la proportion d’hommes s’élève à quelque 55 % dans le groupe formé par les membres ordinaires [24]. La proportion d’hommes est nettement supérieure parmi les militants qu’on peut qualifier d’actifs. Ainsi, seulement 26,9 % des mandataires qui ont répondu à l’enquête sont des femmes et cette proportion est encore légèrement inférieure parmi les candidats non élus (26,6 %). Ces pourcentages reflètent les difficultés que rencontrent généralement les femmes à s’insérer dans le militantisme syndical et celles que les organisations syndicales (la CSC et la FGTB sont globalement confrontées au même type de problème) éprouvent à attirer des femmes sur les listes qu’elles présentent lors des élections sociales.

30 La moyenne d’âge des répondants est de 46,4 ans. Cela peut paraître relativement élevé si on considère que la vie active sur le plan professionnel s’étend globalement de 18 à 65 ans. Rappelons cependant que les membres de moins de trente ans sont significativement sous-représentés parmi les répondants (cf. supra). La moyenne d’âge des mandataires est à peine plus élevée, s’établissant à 47 ans. Une approche plus fine fait cependant apparaître des différences notables entre les affiliés ordinaires d’une part et les candidats et mandataires d’autre part.

Tableau 3

Répartition des membres de la CGSLB par catégorie d’âge en fonction de leur statut militant1

Global Membres ordinaires Candidats Mandataires
% N % N % N %
- 25 ans
25-34 ans
35-44 ans
45-54 ans
55-64 ans
65 ans et +
5,2
16,5
21,6
26,6
23,5
6,6
198 5,5
613 17,0
764 21,2
922 25,6
859 23,8
252 7,0
6 1,5
42 10,3
109 26,8
171 42,0
76 18,7
3 0,7
4 0,7
41 7,6
148 27,4
236 43,6
111 20,5
1 0,2
Total 100,0 3 608 100,0 407 100,0 541 100,0
figure im3

Répartition des membres de la CGSLB par catégorie d’âge en fonction de leur statut militant1

1 Les données globales sont pondérées, tandis que celles présentées en regard de chaque catégorie de membres ne le sont pas.

31 Le tableau 3 fait clairement apparaître une surreprésentation des affiliés âgés de 35 à 44 ans, et plus encore de ceux âgés de 45 à 54 ans parmi les candidats non élus aux élections sociales. Cette tendance est encore plus marquée parmi les mandataires de la CGSLB. Assez logiquement, les personnes de 65 ans et plus apparaissent presque uniquement parmi les membres ordinaires, étant en principe retirées de l’emploi actif. En revanche, il est plus frappant de constater la quasi-absence de jeunes de moins de 25 ans parmi les candidats et les mandataires. Rappelons en effet que dans les entreprises comptant plus de 25 travailleurs âgés de moins de 25 ans, un collège spécial est prévu lors des élections sociales afin de désigner des représentants jeunes au comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT) et au conseil d’entreprise (CE). Mais la CGSLB n’est guère représentée dans ce type de collège : seuls 36 des 791 mandats (4,6 %) à pourvoir dans le collège jeunes pour l’élection des CPPT en 2008 ont été décrochés par des candidats du syndicat libéral, et 30 des 745 mandats (4,0 %) à pourvoir pour l’élection des CE [25]. Vu leur faible nombre, ces mandataires avaient statistiquement peu de chances de figurer dans notre échantillon. Ces constats traduisent l’insertion plus difficile des jeunes dans le militantisme syndical.

32 La majorité (55,4 %) des répondants a terminé des études secondaires supérieures, qu’il s’agisse d’une formation générale, technique ou professionnelle. Les candidats non élus aux élections sociales disposent d’un niveau moyen de scolarité plus élevé que les membres ordinaires puisque 60,3 % d’entre eux détiennent un tel diplôme. La proportion est encore plus forte parmi les mandataires, atteignant 68,9 %. Parmi les mandataires, on recense également nettement plus de personnes qui ont terminé des études supérieures (universitaires ou non) que parmi les membres ordinaires : respectivement 31,4 % et 19,7 %. De ce point de vue, les candidats (21,3 % de diplômés de l’enseignement supérieur ou universitaire) se rapprochent davantage des membres ordinaires que des mandataires. À l’inverse, le tableau 4 indique qu’on recense très peu de personnes sans diplôme parmi les mandataires, deux fois plus parmi les candidats non élus et pratiquement trois fois plus parmi les membres ordinaires.

Tableau 4

Dernier diplôme obtenu par les membres de la CGSLB en fonction de leur statut militant1

Global Membres ordinaires Candidats Mandataires
% N % N % N %
Sans diplôme
Primaire
Sec. inf. professionnel
Sec. inf. technique
Sec. inf. général
Sec. sup. professionnel
Sec. sup. technique
Sec. sup. général
Supérieur type court
Supérieur type long
Universitaire
Autre
9,2
9,5
11,4
8,9
3,6
11,3
16,4
7,6
11,9
3,4
4,7
2,1
328 9,5
337 9,7
400 11,6
301 8,7
122 3,5
397 11,5
558 16,1
262 7,6
406 11,7
117 3,4
159 4,6
75 2,2
26 6,6
27 6,8
36 9,1
46 11,6
17 4,3
40 10,1
82 20,8
32 8,1
49 12,4
15 3,8
20 5,1
5 1,3
18 3,3
19 3,5
45 8,3
58 10,7
18 3,3
37 6,8
116 21,4
50 9,2
105 19,4
22 4,1
43 7,9
10 1,8
Total 100,0 3 462 100,0 395 100,0 541 100,0
figure im4

Dernier diplôme obtenu par les membres de la CGSLB en fonction de leur statut militant1

1 Les données globales sont pondérées, tandis que celles présentées en regard de chaque catégorie de membres ne le sont pas.

33 Nous avons également voulu cerner les origines ethnoculturelles des affiliés. Pour ce faire, nous avons inséré une question sur la langue maternelle, indicateur préféré à celui, jugé moins précis, de nationalité. Parmi les répondants, 64,2 % parlent ou parlaient le néerlandais avec leur mère, 26,6 % le français et 0,4 % l’allemand. Ces proportions ne varient pas significativement quand on distingue les membres ordinaires, les candidats non élus et les mandataires. Les autres répondants se répartissent entre les affiliés qui n’ont jamais connu leur mère (0,6 %) et ceux dont la langue maternelle est autre qu’une des trois langues nationales (8,2 %). Ces derniers sont en proportion plus forte parmi les membres ordinaires (8,3 %) que parmi les candidats (7,0 %) et les mandataires (6,2 %). En l’absence de statistiques officielles concernant l’emploi des langues en Belgique, il est difficile de comparer ces résultats à l’ensemble de la population vivant dans le pays. Néanmoins, il est possible de connaître la répartition de la population par région. Au 1er janvier 2010, la Flandre comptait 57,7 % du total des habitants du pays, la Wallonie 32,3 % et la Région de Bruxelles-Capitale 10,1 %. Nous pouvons par conséquent présumer que les affiliés dont la langue maternelle est le néerlandais sont surreprésentés parmi les membres de la CGSLB. Cela concorde avec les origines historiques du syndicat libéral, situées principalement en Flandre. Rappelons par ailleurs que le taux de réponse a été légèrement supérieur parmi les personnes qui ont reçu le questionnaire en néerlandais.

34 Nous pouvons enfin évaluer la situation financière des affiliés de la CGSLB, ainsi que la perception que ceux-ci ont de leur propre statut socio-économique. Ainsi, nous avons d’une part demandé aux affiliés de préciser le revenu net mensuel de leur ménage, tous revenus confondus. D’autre part, nous leur avons demandé de se situer personnellement dans une des quatre catégories reprises dans le tableau 5.

Tableau 5

Autopositionnement des membres de la CGSLB selon la classe sociale par catégorie de membres1

Global Membres ordinaires Candidats Mandataires
% N % N % N %
Classe ouvrière
Classe moyenne inférieure
Classe moyenne supérieure
Classe supérieure
Je ne sais pas
44,3
25,9
18,9
1,0
9,8
1 596 44,5
919 25,6
672 18,8
37 1,0
359 10,0
178 44,3
119 29,6
77 19,2
5 1,2
23 5,7
178 33,0
174 32,2
151 28,0
8 1,5
29 5,4
Total 100,0 3 583 100,0 402 100,0 540 100,0
figure im5

Autopositionnement des membres de la CGSLB selon la classe sociale par catégorie de membres1

1 Les données globales sont pondérées, tandis que celles présentées en regard de chaque catégorie de membres ne le sont pas.

35 Il ressort du tableau 5 que les membres ordinaires ont plus de difficultés que les candidats non élus et les mandataires à se situer en termes de classes sociales. Le détail de la proportion de personnes qui n’ont pas répondu à cette question (5,4 % des membres ordinaires, 3,6 % des candidats et 2,4 % des mandataires) renforce ce constat. On note par ailleurs le faible pourcentage de répondants qui se situent dans la classe supérieure. Il est surtout frappant de constater que la répartition entre les trois autres classes diffère sensiblement selon le statut syndical. Alors que quelque 44 % des membres ordinaires et des candidats se situent dans la classe ouvrière, seulement 33 % des mandataires (soit un quart de moins) disent appartenir à cette catégorie, qui n’arrive que de peu en tête des réponses pour cette catégorie d’affiliés. À l’inverse, les mandataires s’identifient bien davantage que les autres affiliés à la classe moyenne inférieure et, proportionnellement, plus encore à la classe moyenne supérieure. Alors que les membres ordinaires s’identifient davantage à la classe ouvrière qu’aux trois autres classes réunies, les mandataires se répartissent presque équitablement entre la classe ouvrière, la classe moyenne inférieure et la classe moyenne supérieure.

36 Ces différences peuvent être dues à plusieurs facteurs. Elles peuvent traduire une meilleure implantation de la CGSLB, à travers ses mandataires, dans des secteurs où le niveau de revenu est supérieur. Elles peuvent également traduire une perception plus optimiste de leur situation par les mandataires que par les autres membres du syndicat libéral. Elles peuvent enfin être le signe que les mandataires bénéficient d’une meilleure situation que les autres affiliés. Le graphique 1 incite à écarter l’hypothèse d’un décalage uniquement subjectif entre la situation des mandataires telle que ceux-ci l’évaluent et celle des autres adhérents. Globalement, les mandataires vivent en effet au sein d’un ménage qui bénéficie de revenus plus importants que les candidats non élus et, plus encore, que les membres ordinaires.

Graphique 1

Répartition des membres de la CGSLB selon les revenus mensuels nets de leur ménage en fonction de leur statut militant

figure im6

Répartition des membres de la CGSLB selon les revenus mensuels nets de leur ménage en fonction de leur statut militant

37 De manière très schématique, on peut synthétiser comme suit le profil des adhérents de la CGSLB tel qu’il découle de l’enquête : les membres sont davantage des hommes, majoritairement quadragénaires ou quinquagénaires, bénéficiant pour la plupart au moins d’un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur, ayant en majorité le néerlandais pour langue maternelle, se percevant avant tout comme membres de la classe ouvrière et dont les revenus du ménage se situent en majorité entre 1 000 et 2 500 euros nets par mois. Par rapport à ce tableau, les mandataires sont proportionnellement moins des femmes, moins des personnes âgées de moins de 35 ans, et un peu moins des personnes dont la langue maternelle est autre qu’une des trois langues nationales ; ils disposent d’un niveau de scolarité plus important que l’ensemble des affiliés, leur ménage bénéficie de revenus plus importants et, bien qu’ils soient un tiers à affirmer leur appartenance à la classe ouvrière, ils disent davantage que les autres affiliés appartenir à la classe moyenne, inférieure ou supérieure. Selon les indicateurs, les candidats non élus aux élections sociales se rapprochent davantage des mandataires ou des membres ordinaires.

3.2. PROFIL SOCIOPROFESSIONNEL

38 Parmi les répondants à l’enquête, 61,3 % des affiliés (toutes catégories confondues) exerçaient, au moment de remplir le questionnaire, un emploi rémunéré. Quelque 36,8 % ont exercé un emploi auparavant tandis que les quelques membres restants n’ont jamais exercé d’emploi rémunéré. Parmi les 61,3 % de travailleurs en activité, 74,7 % exercent leur emploi à temps plein et 25,3 % travaillent à temps partiel. Ce dernier chiffre reflète assez fidèlement la proportion de 25 % d’emplois à temps partiel, tous secteurs confondus, observée en 2009 en Belgique [26]. Parmi ces mêmes travailleurs actifs, près de 90 % travaillent sous contrat à durée indéterminée (CDI, 86,1 %) ou comme statutaires dans la fonction publique (2,2 %) [27]. Cette proportion reflète également la situation observée globalement sur le marché de l’emploi en Belgique [28]. Les mandataires et les candidats non élus aux élections sociales présentent un profil attestant de leur plus grande proximité avec le modèle de l’emploi à temps plein exercé avec un contrat stable (CDI ou emploi statutaire dans le secteur public) : 85,6 % des mandataires en emploi travaillent à temps plein (pour 84,0 % des candidats) et 96,2 % d’entre eux travaillent sous CDI, auxquels on peut ajouter les 1,9 % de statutaires de la fonction publique (parmi les candidats, ces proportions sont de 96,8 % et de 0,8 %).

39 Plus de la moitié des personnes qui ont répondu à l’enquête travaillent ou ont travaillé en dernier lieu sous contrat d’ouvrier (55,1 %). L’ampleur de cette proportion reflète le taux de syndicalisation lui-même, qui est nettement plus élevé parmi les ouvriers que parmi les employés [29]. Cette proportion est globalement identique parmi les membres ordinaires et parmi les candidats non élus. En revanche, les employés sont sensiblement plus nombreux que les ouvriers parmi les mandataires, et les cadres sont proportionnellement deux fois plus nombreux parmi les mandataires que dans les deux autres catégories de membres (cf. tableau 6).

Tableau 6

Répartition des membres de la CGSLB par statut professionnel en fonction de leur statut militant1

Global Membres ordinaires Candidats Mandataires
% N % N % N %
Ouvrier
Employé
Cadre
Enseignant
Fonctionnaire
Autre
55,1
33,9
4,1
2,2
1,9
2,7
1 890 55,4
1 149 33,7
135 4,0
74 2,2
68 2,0
98 2,9
233 58,4
135 33,8
20 5,0
7 1,8
2 0,5
2 0,5
202 38,3
251 47,5
57 10,8
13 2,5
2 0,4
3 0,6
Total 100,0 3 414 100,0 399 100,0 528 100,0
figure im7

Répartition des membres de la CGSLB par statut professionnel en fonction de leur statut militant1

1 Les données globales sont pondérées, tandis que celles présentées en regard de chaque catégorie de membres ne le sont pas.

40 En ce qui concerne les cadres, le décalage entre la proportion parmi les membres ordinaires et les candidats d’une part et les mandataires d’autre part est très probablement dû aux bons résultats de la CGSLB au sein du collège cadres lors des élections sociales. Le décalage assez net entre la proportion de candidats non élus et celle de mandataires parmi les trois statuts professionnels permet par ailleurs de formuler l’hypothèse suivante : plus que d’un manque de candidatures dans le collège ouvrier, c’est plutôt d’un manque de succès de ses candidats dans ce collège que souffre la CGSLB.

41 L’enquête nous permet également de savoir dans quels secteurs sont ou étaient actifs les membres de la CGSLB qui ont été interrogés. Pour éviter de soumettre aux répondants une longue liste très détaillée de secteurs d’activité, nous avons rassemblé les activités en dix grandes catégories. Peut-être cette liste apparaît-elle trop limitée à certains répondants, ce qui pourrait expliquer que la catégorie autres est mentionnée dans près de 30 % des cas, tous types d’affiliés confondus. Cette proportion est toutefois nettement plus faible parmi les candidats non élus (17,3 %) et parmi les mandataires (20,9 %), ce qui laisse penser qu’au-delà de l’imprécision des catégories proposées ou de leur caractère arbitraire, c’est sans doute aussi la difficulté qu’éprouvent certains affiliés à indiquer dans quel secteur ils sont actifs qui explique ce taux élevé. On peut en effet supposer que les candidats et les mandataires sont mieux informés que les membres ordinaires du secteur d’activité, voire de la commission paritaire à laquelle leur entreprise ressortit.

Graphique 2

Répartition des membres de la CGSLB selon le secteur d’activité en fonction de leur statut militant

figure im8

Répartition des membres de la CGSLB selon le secteur d’activité en fonction de leur statut militant

42 Les principaux secteurs dans lesquels sont occupés les affiliés, et en particulier les membres ordinaires, sont le métal ; le bois, la construction et l’industrie ; l’alimentation et la distribution ; les services (46,1 % à eux quatre). L’importance de ces secteurs dans l’économie, ainsi que la forte proportion d’ouvriers parmi les membres de la CGSLB, expliquent probablement cette prépondérance. Les candidats non élus et les mandataires sont sous-représentés, parfois nettement, dans le secteur du bois, de la construction et de l’industrie, ainsi que dans celui des services. En revanche, ils sont fortement surreprésentés dans ceux de la chimie et des services financiers. On peut également observer une surreprésentation importante des candidats dans le secteur du textile et, surtout, dans celui du métal. Ce constat affine l’hypothèse posée plus haut à propos du poids des ouvriers dans les effectifs du syndicat libéral : dans le métal, la CGSLB semble à même de présenter beaucoup de candidats lors des élections sociales, mais elle ne parvient pas à obtenir des sièges dans une proportion équivalente. Les mandataires sont pour leur part également surreprésentés dans le secteur non-marchand et dans le secteur de l’alimentation et de la distribution.

43 La présence des syndicats dans les petites et moyennes entreprises fait l’objet de débats récurrents entre interlocuteurs sociaux. Pour rappel, l’installation d’un CPPT n’est pas prévue dans les entreprises qui comptent moins de 50 travailleurs et celle d’un CE requiert la présence de 100 travailleurs au moins. Cela n’empêche cependant pas des travailleurs actifs dans des PME de s’affilier à un syndicat. Parmi les membres ordinaires qui ont répondu à l’enquête, près de la moitié (47,1 %) sont ou étaient actifs en dernier lieu dans une entreprise de moins de 50 travailleurs. À l’inverse, environ 97 % des candidats et des mandataires étaient occupés dans une entreprise comptant au moins 50 travailleurs. Reflétant logiquement l’organisation des instances de concertation sociale, cette situation pose la question de la représentation des différentes catégories d’affiliés. Comment les 47 % des membres actifs dans les PME sont-ils représentés et défendus par leur syndicat dans leur entreprise ? Et comment leur voix est-elle relayée au sein de leur organisation syndicale ?

Tableau 7

Répartition des membres de la CGSLB par taille de l’entreprise en fonction de leur statut militant1

Global Membres ordinaires Candidats Mandataires
% N % N % N %
- de 20 travailleurs
20-49 travailleurs
50-99 travailleurs
100-499 travailleurs
500-999 travailleurs
+ de 1 000 travailleurs
28,0
15,4
12,0
20,1
6,2
18,2
987 29,8
540 16,3
397 12,0
614 18,6
191 5,8
580 17,5
5 1,3
9 2,3
47 11,9
165 41,9
46 11,7
122 31,0
5 0,9
11 2,1
75 14,2
243 46,0
66 12,5
128 24,2
Total 100,0 3 309 100,0 394 100,0 528 100,0
figure im9

Répartition des membres de la CGSLB par taille de l’entreprise en fonction de leur statut militant1

1 Les données globales sont pondérées, tandis que celles présentées en regard de chaque catégorie de membres ne le sont pas.

44 Occupant davantage un emploi stable (CDI ou emploi statutaire dans la fonction publique) que les membres ordinaires, les candidats non élus et les mandataires sont également moins concernés que ceux-ci par le chômage. Alors que 18,7 % des membres ordinaires qui ont répondu à l’enquête ont connu le chômage à plusieurs reprises dans leur carrière, et que seulement 29,9 % d’entre eux n’ont jamais connu de période de chômage, 7,9% seulement des mandataires ont été confrontés personnellement à cette réalité à plusieurs reprises et 42,5 % d’entre eux n’ont jamais dû y faire face. Parmi les candidats non élus, les proportions sont de 12 % et de 34,2 %.

45 Si 61,3 % des affiliés exerçaient un emploi rémunéré au moment de l’enquête, près de deux cinquièmes des répondants n’exerçaient pas, n’exerçaient plus ou n’exerçaient pas encore une activité professionnelle. Parmi ceux-ci figure, pour ceux à propos desquels nous possédons l’information, une majorité de chômeurs (53,3 %). Parmi ces derniers, plus de la moitié (53,1 %) sont des chômeurs de longue durée (au chômage depuis plus de deux ans). Les autres répondants n’exerçant pas d’activité professionnelle sont essentiellement des pensionnés ou des prépensionnés (14,7 % pour chacune de ces deux catégories, soit près de 30 % ensemble), des invalides (12,0%), des étudiants (2,5 %) ou des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (0,6 %).

3.3. CONCLUSION

46 L’examen du profil des affiliés de la CGSLB qui ont participé à l’enquête met en évidence une certaine diversité dans les rangs du syndicat libéral. Il souligne également le poids particulier d’affiliés présentant certaines caractéristiques, telles le sexe, les affiliés masculins étant sensiblement plus nombreux, l’âge, les jeunes n’étant représentés que dans une mesure assez limitée, ou la langue, les affiliés néerlandophones étant largement majoritaires [30].

47 En observant plus spécifiquement les caractéristiques des mandataires et en les comparant à celles des membres ordinaires, on voit apparaître certaines spécificités. Ainsi, par rapport à leurs collègues qu’ils représentent, les mandataires syndicaux sont davantage des hommes, moins jeunes, dont la langue maternelle est plus souvent une des langues nationales, plus scolarisés, bénéficiant d’une situation professionnelle plus stable et travaillant rarement à temps partiel, vivant par conséquent au sein d’un ménage qui bénéficie de meilleurs revenus, moins touchés par l’expérience du chômage, et actifs dans des entreprises de taille moyenne ou grande. En cela, les mandataires de la CGSLB correspondent globalement au « noyau dur » des militants syndicaux souvent décrit dans la recherche sur le syndicalisme [31]. De par leur poids au sein des instances de décision de leur syndicat, ces militants exercent une certaine influence sur l’établissement des priorités syndicales. Leur influence peut notamment avoir pour effet de limiter l’attention accordée aux problèmes touchant spécifiquement les femmes, les jeunes, les travailleurs immigrés, ceux placés en situation précaire ou les salariés employés dans les petites et moyennes entreprises.

4. VIE SYNDICALE

48 Une part importante de l’enquête a porté sur le profil syndical des affiliés de la CGSLB, sur leur satisfaction par rapport aux services proposés par le syndicat libéral, et sur l’opinion des répondants à l’égard des syndicats en général et de la CGSLB en particulier.

4.1. PROFIL MILITANT

49 La moitié des répondants (50,2 %) sont affiliés à la CGSLB depuis plus de dix ans. Un cinquième environ (19,3 %) le sont depuis cinq à dix ans. On peut donc estimer que l’affiliation au syndicat libéral est relativement stable.

50 Cette appartenance à une organisation est assez exclusive. En effet, 86,9 % des répondants disent n’appartenir à aucune association autre que la CGSLB. On remarque cependant que les candidats non élus et les mandataires sont davantage impliqués dans la vie associative que les membres ordinaires puisqu’ils sont respectivement 25,6 % et 30,0 % à être membres d’une ou de plusieurs autres associations. En outre, ils y sont plus actifs puisqu’ils le sont davantage comme membres actifs ou comme dirigeants que comme simples membres. Ces constats confirment une tendance bien étayée dans la littérature sur la participation politique. Les personnes qui sont qualitativement plus engagées dans le militantisme (comme les candidats non élus ou les mandataires dans notre échantillon) ont une plus forte tendance à également être plus investies quantitativement dans la vie associative ou militante au sens large. Pour le dire autrement, les militants plus actifs ont également tendance à être en quelque sorte des multimilitants [32].

4.1.1. Affiliation à la CGSLB

51 Les raisons potentielles d’adhérer à un syndicat sont nombreuses. L’enquête a cherché à comprendre quelle importance neuf raisons revêtent aux yeux des membres de la CGSLB. Les répondants ont été invités à évaluer chaque raison sur une échelle graduée de 1 à 5, 1 signifiant que la raison paraît totalement négligeable aux yeux du répondant, 5 qu’elle est très importante ; 3 est une valeur neutre. La comparaison des moyennes indique qu’une seule raison est majoritairement jugée négligeable, celle correspondant à la proposition « Dans ma famille, parmi mes amis et mes collègues, beaucoup de gens sont affiliés à la CGSLB » (moyenne : 2,94). À l’inverse, les raisons les plus valorisées sont « La CGSLB défend les intérêts collectifs des travailleurs (conditions de travail, salaires, etc.) » (4,23), « La CGSLB propose des services de qualité » (4,19), « L’affiliation à la CGSLB me donne plus de sécurité au travail (assistance en cas de problème éventuel) » (4,07), « L’affiliation à la CGSLB permet de mieux défendre la sécurité sociale » (3,99) et « L’affiliation à la CGSLB permet de mieux défendre les intérêts des plus faibles dans la société » (3,95). Cette évaluation valorise donc différents aspects du syndicalisme, au moins tel qu’il est pratiqué traditionnellement en Belgique, alliant dimensions collective et individuelle, de lutte et d’assurance ou de service. Invités à choisir entre les neuf raisons proposées celle qui revêt le plus d’importance à leurs yeux, les répondants confirment cette alchimie, mettant en avant la sécurité au travail (entendue comme assistance en cas de problème éventuel – 37,9 %), la défense des intérêts collectifs des travailleurs (22,7 %) et la qualité des services proposés (13,2 %). À l’inverse, les raisons jugées les moins importantes sont l’environnement familial, amical et professionnel (35,6 %), les avantages complémentaires (accès à des maisons de vacances, etc. – 27,8 %), les convictions libérales (14 %) et l’accès à une prime syndicale sectorielle (13,6 %) [33].

52 Si la plupart des répondants jugent négligeable le rôle de leur environnement dans leur décision d’adhérer à la CGSLB, c’est néanmoins par le biais de leur famille (38,1 %) ou de leurs amis (10,6 %) que près de la moitié d’entre eux sont devenus membres du syndicat libéral. Un cinquième s’est affilié par le biais d’une démarche individuelle (internet, etc.) et 11,4 % par l’entremise d’un délégué syndical. Les autres membres sont arrivés dans les rangs de l’organisation essentiellement par l’intermédiaire d’autres affiliés (8,2 %), d’un secrétariat local de la CGSLB (3,5 %) ou d’un permanent syndical (1,3 %).

53 Cependant, l’affiliation à la CGSLB n’apparaît pas prioritairement comme un phénomène héréditaire. À peine 44 % des répondants indiquent que leur père est ou était lui-même membre d’un syndicat (de la CGSLB dans un peu moins de la moitié de ces cas) et cette proportion descend à 25 % dans le cas de leur mère (un peu plus de la moitié au syndicat libéral). La grande majorité des répondants savent que leur père ou leur mère n’était pas syndiqué (34 % pour le père et 56,1 % pour la mère) ou l’ignorent (respectivement 21,9 % et 19 %).

54 Plus largement, on constate que les répondants sont assez peu au courant de l’appartenance ou non à un syndicat des membres de leur entourage. Interrogés à ce propos, 30 % des répondants ne savent pas ce qu’il en est des membres de leur famille, cette proportion monte à 46,8 % pour leurs collègues, à 51,2 % pour leurs amis et à 60,3 % pour leurs connaissances. Cela indique d’une part que l’appartenance ou non à un syndicat n’est pas nécessairement un sujet de conversation courant, dans un pays où le taux de syndicalisation dépasse pourtant 50 % de la population active [34], et d’autre part que les syndicats n’utilisent peut-être pas intensivement leurs membres pour faire des émules.

55 La CGSLB est parfois perçue par ses concurrents syndicaux comme le réceptacle de membres déçus par leur organisation syndicale précédente ou en conflit avec celle-ci. L’enquête montre que 64,6 % des répondants n’ont jamais été inscrits à un autre syndicat, ni à la Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage (CAPAC) avant d’adhérer à la CGSLB. Quelque 13,9 % des répondants ont été membres auparavant de la FGTB et 14,5 % de la CSC, tandis que 5,5 % viennent de la CAPAC. Néanmoins, parmi ce tiers de répondants qui ont d’abord été inscrits ailleurs qu’au syndicat libéral, tous n’ont pas changé de syndicat pour des motifs idéologiques ou suite à un désaccord ou à un conflit. La modification de la situation familiale (9,8 %), un déménagement (4,3 %), une modification de la situation professionnelle (16,9 %) ou l’environnement de travail (les collègues – 7,6 %) expliquent une proportion importante de transferts d’une autre organisation vers la CGSLB. Le premier motif de changement d’affiliation au profit de la CGSLB est le mécontentement face aux services reçus auparavant (26,8 %). Les autres motifs concernant directement les autres organisations sont le désaccord avec la vision du syndicat auquel le répondant était préalablement affilié (16,6 %), la situation de conflit avec des personnes de ce syndicat (5,6 %) ou le montant de la cotisation (1,4 %). La réponse « Autre » a été choisie par 11,1 % des répondants qui ont été affiliés à une organisation auparavant. Ces indications poussent donc à relativiser le jugement selon lequel la CGSLB serait surtout constituée de personnes déçues par les autres organisations. En soi, ce constat s’avère rassurant tant pour le syndicat libéral que pour ses deux grands concurrents syndicaux, la CSC et la FGTB.

4.1.2. Militantisme et rapport à la CGSLB

56 Parmi les affiliés, tous n’ont pas le même degré d’implication dans la vie du syndicat. L’enquête nous permet de détailler quelque peu l’engagement des membres et ce, de deux façons.

57 D’une part, 3,4 % des répondants sont membres de la délégation syndicale, du CPPT ou du CE de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Parmi eux, 17 % exercent deux de ces mandats et 38,5 % exercent les trois types de fonction. Au-delà de ce premier cercle, 1,5 % des répondants disent appartenir à un groupe de militants syndicaux non élus sans pour autant détenir l’un des trois mandats susmentionnés. Les 95,1 % de répondants restants sont donc des affiliés que l’on peut davantage qualifier de passifs.

58 D’autre part, nous avons interrogé les répondants sur leur participation à des réunions du personnel ou du syndicat. Quelque 33,2% des répondants ont déjà discuté avec un représentant syndical (de la CGSLB ou d’une autre organisation, sans précision) dans leur entreprise. Seulement 17,4 % des répondants ont participé à une réunion syndicale dans leur entreprise. Ils sont 10,7 % à avoir pris part, fréquemment ou plus occasionnellement, à une réunion syndicale au sujet de leur entreprise mais se tenant en dehors de celle-ci. Enfin, 9,8 % des répondants ont participé à une autre réunion syndicale en dehors de leur entreprise. Signalons que 30,6 % des répondants indiquent qu’il n’y a pas eu de réunion ou qu’ils n’étaient pas au courant de la tenue d’une réunion éventuelle.

59 Ces deux façons de mesurer le degré de participation à la vie syndicale soulignent que le militantisme ne se réduit pas au seul exercice d’un mandat de délégué ou d’élu au CPPT ou au CE. Une proportion bien supérieure de membres prend part à des activités, fussent-elles occasionnelles. La passivité des quelque 95 % de membres relevée ci-avant est donc à relativiser au vu de la seconde approche détaillée.

60 L’enquête permet par ailleurs d’évaluer la fidélité des affiliés du syndicat libéral lors des élections sociales. Environ 30 % des répondants qui avaient un emploi rémunéré en 2008, année au cours de laquelle se sont tenues les dernières élections sociales, indiquent qu’un scrutin n’était pas organisé dans leur entreprise. Il peut s’agir de personnes actives dans une entreprise de moins de 50 travailleurs, dans une entreprise où le nombre de candidats était égal ou inférieur au nombre de sièges à pourvoir au CPPT ou au CE, ou de personnes actives dans une branche du secteur public où ne sont pas organisées d’élections sociales. Pour le CPPT, 53,1 % des répondants disent avoir voté pour la CGSLB ; ce nombre augmente à 54,8 % pour l’élection du CE. Quelque 10,3 % ont voté blanc ou nul pour l’élection du CPPT et 9,4 % pour celle du CE. Dans le cas de membres du syndicat libéral, l’absence de liste CGSLB peut sans doute expliquer partiellement ce taux. Enfin, 6,3 % des répondants ont voté pour une autre liste (FGTB, CSC ou autre ; chacun de ces trois choix dans des proportions semblables) pour l’élection du CPPT et 5,4 % pour celle du CE. Globalement, on peut donc conclure que les répondants qui ont eu la possibilité de voter pour une liste présentée par leur syndicat ont très largement fait ce choix.

4.1.3. Buts et moyens de l’action syndicale

61 Nous avons examiné plus haut les raisons ayant conduit les personnes interrogées à s’affilier à la CGSLB. En tant que membres du syndicat libéral, quelles sont les principales revendications qu’elles souhaitent voir leur organisation mettre en avant ? Par ailleurs, quels moyens admettent-elles pour arriver à ces fins et lesquels ont-elles déjà elles-mêmes mis en œuvre ?

62 Nous avons listé une série de 16 objectifs d’ordre syndical et avons demandé aux répondants s’ils sont en accord ou non avec chacun d’entre eux, en utilisant une échelle de 1 à 5 identique à celle évoquée plus haut. Nous leur avons également demandé de choisir l’objectif qui revêt le plus d’importance à leurs yeux.

63 Les revendications avec lesquelles les répondants s’estiment le plus en accord sont, dans l’ordre décroissant : « Rechercher davantage de sécurité d’emploi » (4,24), « Diminuer les impôts » (4,20), « Améliorer les conditions de travail » (4,15), « Augmenter la pension légale des travailleurs (premier pilier) » (4,13), et « Faciliter la combinaison vie privée-travail » (4,09).

64 Sommées de choisir la revendication la plus importante à leurs yeux, les personnes qui ont répondu à cette question mettent en avant le trio de tête suivant, totalisant près de la moitié des réponses : la sécurité d’emploi (26,5 %), l’augmentation des salaires (14,7 %) et l’amélioration des conditions de travail (8,3 %). Autrement dit, les priorités relevées sont celles incarnant les objectifs fondamentaux du syndicalisme : avoir un emploi correctement rémunéré et exercé dans de bonnes conditions.

Graphique 3

Revendication la plus importante aux yeux des affiliés de la CGSLB

figure im10

Revendication la plus importante aux yeux des affiliés de la CGSLB

65 L’observation du graphique 3 fait notamment apparaître une préférence plus marquée des répondants pour le renforcement de la pension légale plutôt que pour le développement des pensions complémentaires de groupe ou de l’épargne pension individuelle. Par ailleurs, pour accroître le pouvoir d’achat des travailleurs, la revendication d’augmentation des salaires devance celle de la diminution des impôts et celle de la lutte contre les hausses de prix. En revanche, la revendication de diminution des impôts précède légèrement celle de renforcement de la sécurité sociale.

66 Le croisement statistique de plusieurs données fait apparaître des différences entre les répondants selon leur sexe. Ainsi, la revendication d’augmentation des salaires, la promotion d’une meilleure combinaison entre la vie privée et le travail, ainsi que la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire sont moins soutenues par les hommes que par les femmes. Cela est sans doute à mettre en rapport avec d’une part les inégalités salariales dont souffrent les femmes salariées par rapport à leurs collègues masculins et d’autre part avec l’inégale répartition des tâches ménagères entre hommes et femmes dans la sphère privée.

67 Nous avons interrogé les affiliés de la CGSLB sur les moyens que les syndicats peuvent mettre en œuvre pour faire aboutir leurs revendications. Nous leur avons soumis une série de modes d’action collective et leur avons demandé d’une part s’ils ont déjà participé à chacun de ces types d’action et d’autre part dans quelle mesure ils jugent acceptables ces formes de protestation, en utilisant une échelle graduée de 1 à 5, où la valeur 5 est utilisée pour signifier qu’une forme d’action est parfaitement acceptable.

68 Tant en ce qui concerne la participation qu’en ce qui concerne l’acceptation, on peut observer une ligne de démarcation entre deux groupes de formes d’action. D’un côté, une majorité de répondants désapprouvent les formes d’action se trouvant à la limite de la légalité ou en rupture avec les pratiques généralement admises dans le cadre des relations collectives de travail. La moyenne d’acceptation est ainsi inférieure à 3, soit la valeur neutre, pour l’occupation d’une entreprise (2,78), pour la grève sans préavis (2,45), pour la séquestration des employeurs ou dirigeants d’entreprise (1,64) et pour le fait de causer des dégâts dans l’entreprise (1,50). On relèvera que 86,7 % des répondants ne jugent pas ou pas du tout acceptables les dégâts matériels, ce qui est supérieur aux 81,2 % de répondants qui rejettent la séquestration de personnes. Cette hiérarchie peut traduire un certain attachement à la propriété privée, à mettre en relation avec les valeurs libérales partagées par un certain nombre de membres de la CGSLB. De manière plus pragmatique, cela peut aussi refléter la volonté traditionnellement dominante au sein du mouvement ouvrier de préserver l’outil de production, afin notamment de permettre la reprise rapide du travail une fois le conflit social réglé. Enfin, cela peut également indiquer que les répondants identifient les dirigeants à la politique menée par leur entreprise, raison pour laquelle ils seraient un peu moins nombreux à juger inacceptable la séquestration de ces dirigeants que les dégâts matériels.

69 Parallèlement, on relève également que ces quatre modes d’action sont ceux auxquels les répondants ont le moins souvent pris part, moins de 10% d’entre eux (voire moins de 1 % pour certaines formes d’action) déclarant avoir un jour participé à de telles actions.

Graphique 4

Participation des affiliés de la CGSLB aux différents modes d’action collective

figure im11

Participation des affiliés de la CGSLB aux différents modes d’action collective

70 De l’autre côté se trouvent les cinq formes d’action auxquelles entre un septième et un quart des répondants ont déjà pris part. Ces formes de protestation, qui se situent moins en rupture avec la légalité ou avec les pratiques communément admises dans le cadre des relations collectives de travail, sont considérées comme globalement acceptables, dans l’absolu, par les répondants. La forme la plus admise est l’organisation d’une pétition (3,91), suivie de l’action ludique (3,63), de la grève avec préavis (3,51), de la grève du zèle (3,41) et de la manifestation (3,40). On relèvera que 14,5 % des répondants jugent la manifestation pas ou pas du tout acceptable, ce qui peut paraître élevé s’agissant d’un droit généralement tenu pour fondamental, qui plus est dans le cadre d’une enquête réalisée auprès de membres d’un syndicat. L’absence d’étude semblable menée auprès de la CSC ou de la FGTB empêche cependant une comparaison avec les affiliés de ces autres organisations syndicales.

4.2. UTILISATION ET APPRÉCIATION DES SERVICES DE LA CGSLB

71 Commanditaire de l’enquête dont nous livrons ici les principaux résultats, la CGSLB souhaitait notamment évaluer la fréquence des contacts que ses membres ont avec ses services et ses représentants, ainsi que le degré de satisfaction des membres par rapport à ces services.

4.2.1. Fréquence des contacts

72 Le tableau 8 fait apparaître une fréquence de contacts assez différente selon le type de service. Pour une majorité de répondants, les contacts avec un délégué syndical de la CGSLB, avec un permanent syndical ou avec les services centraux du syndicat libéral sont inexistants. Rappelons que l’échantillon inclut une proportion non négligeable de personnes inactives, ce qui peut expliquer en partie ce constat pour les délégués et les permanents syndicaux. C’est sans doute aussi ce qui explique que le contact avec les secrétariats locaux de la CGSLB soit plus fréquent, les chômeurs et les prépensionnés ayant par exemple des contacts plus ou moins fréquents avec le bureau local de leur organisme de paiement.

Tableau 8

Fréquence des contacts avec la CGSLB (en %)

Délégué Permanent Secrétariat local Services centraux
Jamais
Une fois par an
Quelques fois par an
Une fois par mois
Presque chaque semaine
63,9
8,1
11,5
7,4
9,1
76,8
8,1
9,2
4,8
1,1
35,9
21,1
26,2
15,7
1,1
62,3
15,5
14,4
6,9
0,9
Total 100,0 100,0 100,0 100,0
figure im12

Fréquence des contacts avec la CGSLB (en %)

73 Si on exclut les réponses « Jamais » et « Une fois par an », soit les contacts très occasionnels ou inexistants, on remarque également que les contacts avec un délégué sont quasiment deux fois plus fréquents que ceux avec un permanent (respectivement 28 % et 15,1 % de contacts fréquents ou occasionnels), tout comme sont presque deux fois plus fréquents ceux avec un secrétariat local que ceux avec les services centraux (43 % et 22,2 %). D’une certaine manière, on peut estimer que cela reflète la nature et le rôle différents que chacun de ces services doit jouer. Les permanents et les services centraux viennent pour partie en soutien des délégués et des secrétariats locaux respectivement. Les premiers sont donc moins appelés que les seconds à entrer en contact fréquent avec les membres. Enfin, on peut relever que si le contact avec les délégués est inexistant pour un nombre de répondants nettement supérieur à ce qu’on observe pour les secrétariats locaux (63,9 % contre 35,9 %), on constate en revanche que la fréquence des contacts est la plus élevée avec les délégués (9,1 %), des contacts hebdomadaires avec le secrétariat local étant rarissimes (1,1 %).

4.2.2. Mode de contact préféré

74 Pour chacun de ces quatre services ou représentants de la CGSLB, nous avons également voulu savoir quel est le moyen par lequel les membres préfèrent entrer en contact. Le tableau 9 présente les résultats à cette question.

Tableau 9

Voie préférée pour entrer en contact avec la CGSLB (en %)

Délégué Permanent Secrétariat local Services centraux
En face-à-face
Par téléphone
Par courrier
Par courrier électronique
68,3
10,8
8,4
12,5
48,1
19,3
12,9
19,8
68,2
13,5
7,3
11,0
44,3
21,9
13,7
20,1
Total 100,0 100,0 100,0 100,0
figure im13

Voie préférée pour entrer en contact avec la CGSLB (en %)

75 Le contact personnel, en face-à-face, est le moyen privilégié par les répondants pour chaque cas de figure. Cela est particulièrement vrai pour les contacts avec les délégués syndicaux et pour ceux avec les secrétariats locaux. Un cinquième à un tiers des répondants favorisent plutôt le contact par courrier, postal ou électronique. Notons que le courrier électronique est systématiquement préféré au courrier postal.

76 Nous avons également demandé aux participants à l’enquête d’indiquer par quel canal ils préfèrent recevoir de l’information de leur syndicat. Le mensuel Librement (ou son équivalent en néerlandais, Vrijuit) et le secrétariat local arrivent en tête (environ 21 % chacun), suivis d’un courrier postal (18,8 %), d’un courrier électronique (14,3 % – on remarque donc ici une inversion de la hiérarchie entre voie postale et voie électronique) ou d’une information donnée par un délégué syndical (13,9 %). Les autres canaux d’information (brochure, téléphone, site internet, etc.) recueillent peu de suffrages.

77 En matière d’information et de communication de la CGSLB vers ses membres, nous avons également voulu évaluer le rayonnement des mensuels Librement et Vrijuit, ainsi que celui du site internet du syndicat. Le journal syndical est lu entièrement par 16,4 % des répondants. Un peu moins d’un tiers des répondants (31,6 %) en lisent plusieurs articles et une proportion légèrement supérieure (34,1 %) se limite à la lecture d’un ou deux articles. Seuls 17,9 % des répondants déclarent ne pas le lire du tout. Une analyse plus détaillée fait apparaître que les prépensionnés et les pensionnés lisent davantage le mensuel syndical que les actifs et les chômeurs. La presse syndicale semble nettement plus consultée par les répondants que le site internet. Seuls 3,1 % d’entre eux le consultent régulièrement, et 30,9 % le visitent parfois. Deux tiers environ des répondants n’ont pas d’accès à internet (26 %) ou ne consultent pas le site de la CGSLB (40 %).

4.2.3. Satisfaction par rapport aux services

78 Pour mesurer le degré de satisfaction des affiliés par rapport aux services que la CGSLB leur propose, nous avons procédé de différentes manières. Nous avons d’abord demandé aux répondants s’ils avaient été bien aidés lors de leurs contacts avec les services et les représentants syndicaux évoqués plus haut. Si on tient uniquement compte des répondants qui ont eu effectivement un contact avec un délégué, avec un permanent, avec un secrétariat local ou avec les services centraux, la réponse « Oui, la plupart du temps » recueille trois quarts des avis. Cette proportion monte même à 82,1 % pour les secrétariats locaux, qui sont en outre, comme on l’a vu ci-dessus, le canal par lequel les affiliés sont le plus souvent en contact avec leur syndicat. La réponse « Non, en général pas » n’atteint 10 % pour aucun des quatre canaux évoqués dans cette question.

79 Nous avons ensuite demandé aux répondants d’évaluer différents aspects des services proposés par la CGSLB en indiquant leur degré de satisfaction sur une échelle graduée de 0 à 10, 0 indiquant qu’ils sont très mécontents et 10 qu’ils sont très satisfaits ; 5 est une valeur neutre.

Tableau 10

Satisfaction par rapport à l’offre de service de la CGSLB (échelle de 0 à 10, score moyen)

Services du point de vue général
Amabilité du personnel
Qualité des services
Clarté des informations reçues
Offre de services et d’avantages
Localisation des bureaux
Mensuel Librement/Vrijuit
Heures d’ouverture des bureaux
Site internet
Coût de la cotisation
7,68
8,14
7,79
7,64
7,35
7,34
7,13
6,77
6,68
6,62
figure im14

Satisfaction par rapport à l’offre de service de la CGSLB (échelle de 0 à 10, score moyen)

80 Comme l’indique le tableau 10, aucun aspect ne reçoit une note moyenne inférieure à 6, ce qui signifie que la satisfaction est bonne à très bonne pour chaque point. À la question portant sur les services en général, la moyenne est de 7,68, ce qui est appréciable. Les répondants soulignent tout particulièrement l’amabilité du personnel de la CGSLB. La qualité des services, la clarté des informations, l’offre de services et d’avantages, ainsi que la localisation des bureaux sont les autres points forts mis en avant par les répondants. Sans grande surprise, le coût de la cotisation est ce qui réjouit le moins les répondants, mais il faut souligner que la note moyenne est supérieure à 6, ce qui indique probablement que les répondants sont conscients de l’utilité de payer une cotisation. Enfin, le degré de satisfaction à l’égard du mensuel Librement (ou de Vrijuit) est supérieur à celui observé par rapport au site internet, ce qui confirme les constats posés plus haut à propos de ces médias. Au vu de ces notes, on peut suggérer qu’une amélioration des horaires d’ouverture des bureaux permettrait au syndicat libéral d’accroître encore davantage un taux de satisfaction déjà assez élevé.

81 Nous avons enfin demandé aux répondants d’évaluer le fonctionnement de différents services spécifiques mis en place par la CGSLB. Ces services sont destinés à l’ensemble des affiliés ou à certains types de membres en particulier (femmes, jeunes, seniors, etc.). Par conséquent, la réponse la plus fréquente pour chacun de ces services spécifiques est « Je ne connais pas/je n’ai pas accès à ce service », exception faite du paiement des allocations de chômage pour lequel cette réponse revient moins souvent. L’échelle graduée utilisée ici s’étend de 1 à 5, 1 représentant un avis très mauvais du service évalué et 5 un avis très bon ; 3 est une valeur neutre.

Tableau 11

Satisfaction par rapport aux services spécifiques de la CGSLB (échelle de 1 à 5, score moyen)

Paiement des allocations de chômage
Prime syndicale
Primes CGSLB (naissance, mariage, etc.)
Accompagnement et conseil pour les chômeurs
Assistance juridique
Maisons de vacances
Formation
Accompagnement de carrière (service uniquement développé en Flandre)
CGSLB-seniors
Femme et syndicat
Action diversité
Shop CGSLB
Jeunes CGSLB
Soutien à l’action syndicale (de l’entreprise au niveau interprofessionnel)
Action environnement
4,34
4,02
3,99
3,98
3,91
3,87
3,82
3,80
3,75
3,73
3,70
3,70
3,69
3,67
3,67
figure im15

Satisfaction par rapport aux services spécifiques de la CGSLB (échelle de 1 à 5, score moyen)

82 Les services qui se distinguent le plus dans le tableau 11 sont ceux liés aux tâches de gestion effectuées par le syndicat : paiement des allocations de chômage, des primes syndicales ou des primes développées par la CGSLB elle-même. On relèvera tout particulièrement le taux très élevé de satisfaction à l’égard de la caisse de paiement des allocations de chômage, qui va à l’encontre de l’idée généralement répandue que les chômeurs seraient globalement mécontents des services syndicaux. Les services davantage liés à l’action syndicale, interprofessionnelle ou limitée à une catégorie particulière de membres, obtiennent en revanche un taux de satisfaction plus faible, même s’il demeure globalement positif.

83 Globalement, à travers ces trois types de questions, on observe un degré de satisfaction assez important des membres de la CGSLB à l’égard de leur syndicat. Certaines nuances apparaissent néanmoins, susceptibles d’orienter à l’avenir l’évolution des différentes facettes de l’action de la CGSLB. Par ailleurs, il faut noter que les différents services, s’ils sont évalués positivement par les membres qui les utilisent, sont utilisés par une proportion parfois très limitée des membres, y compris dans les catégories de membres auxquels ils sont censés s’adresser. Ainsi, 65,5 % des répondants âgés de moins de 30 ans déclarent ne pas connaître le service Jeunes CGSLB ou ne pas y avoir accès ; quelque 43 % des actifs choisissent cette réponse par rapport à l’item « Soutien à l’action syndicale ». On peut dès lors penser qu’il serait utile pour la CGSLB de mieux faire connaître ses services par ses membres.

84 Tout comme nous avons demandé aux personnes interrogées si elles avaient été membres auparavant d’un autre syndicat ou de la CAPAC, nous leur avons demandé également si elles avaient déjà envisagé de quitter la CGSLB, soit pour un autre syndicat ou pour s’inscrire à la CAPAC, soit sans plus vouloir être syndiquées. Près de neuf affiliés sur dix (89,6 %) répondent par la négative, ce qui confirme un taux de satisfaction assez important à l’égard du syndicat libéral. Quelque 5,6 % des répondants ont déjà songé à cesser d’être syndiqué. Les autres réponses sont assez marginales.

4.3. OPINION SUR LES SYNDICATS

85 Le questionnaire qui a été envoyé à un échantillon de membres de la CGSLB contenait plusieurs rubriques dans lesquelles il était demandé aux répondants d’exprimer leur opinion par rapport à une série de propositions. Un certain nombre d’entre elles touchaient aux syndicats – en général ou au syndicat libéral en particulier. Les répondants étaient invités à utiliser une échelle graduée de 1 à 5, 1 correspondant à la réponse « Pas du tout d’accord » et 5 à la réponse « Tout à fait d’accord » ; 3 est une valeur neutre.

4.3.1. Utilité, efficacité et conception du syndicalisme

86 Interrogés sur la crédibilité et sur l’utilité des syndicats à l’heure actuelle, les répondants marquent clairement leur attachement à ces organisations. Ainsi, moins de 10 % d’entre eux jugent que les syndicats ne sont plus nécessaires aujourd’hui (réponse moyenne : 2,12). Ils sont à peine plus nombreux à penser que les syndicats défendent leurs propres intérêts et non ceux des travailleurs (2,58) ou à penser que les syndicats ont trop de pouvoir en Belgique (2,59). La proposition « Les syndicats ont perdu leur crédibilité » est également récusée par une majorité de répondants (2,83). En revanche, une large majorité d’entre eux estime que « Les syndicats sont nécessaires pour faire contrepoids au pouvoir des chefs d’entreprise » (3,92) et plus encore qu’il faut « Des syndicats forts pour protéger les conditions de travail et de salaire des travailleurs » (4,07).

87 Les syndicats sont jugés efficaces par la plupart des répondants. Ainsi, ils se montrent globalement d’accord avec l’idée que « Les améliorations en faveur des travailleurs sont principalement le résultat de l’action des syndicats » (3,74). Sur le plan politique, une majorité approuve l’idée que « Les syndicats parviennent à influencer les décisions du gouvernement en faveur des travailleurs » (3,49).

88 Les propositions soumises au jugement des répondants permettent également de cerner le modèle de syndicalisme qu’une majorité d’entre eux privilégie. L’existence de plusieurs syndicats n’est pas jugée comme un handicap dans la défense des travailleurs (moyenne de 2,73, soit sous la valeur neutre), mais au contraire comme une condition de l’expression d’opinions différentes parmi les travailleurs (3,63). Globalement, les syndicats doivent être ouverts et s’occuper des problèmes de société (3,43) ; ils ne doivent pas « S’occuper uniquement des problèmes des gens qui travaillent » (2,85). Dans les faits, une majorité de répondants considère d’ailleurs que « Les syndicats continuent encore à défendre les intérêts de la majorité des travailleurs » (3,77). Enfin, l’indépendance par rapport aux partis politiques est clairement défendue puisque la proposition « Les syndicats doivent donner des consignes de vote pour des partis politiques spécifiques » (2,45) est réfutée par la majorité des personnes interrogées.

4.3.2. Enjeux et modalités de l’action collective

89 Nous avons présenté plus haut l’attitude que les répondants adoptent à l’égard de différents types d’action collective et leur expérience personnelle par rapport aux différentes formes de protestation. Un certain nombre de propositions soumises aux répondants ont trait à l’utilité de l’action collective et à sa place dans la société. L’analyse du degré d’approbation ou non de ces propositions permet de préciser l’opinion que les répondants ont sur le rôle de l’action syndicale.

90 L’utilité de l’action collective est admise par une majorité de répondants, tandis que le fatalisme et le repli sur soi sont désapprouvés. Ainsi, on constate un désaccord global avec les propositions « Cela ne sert à rien de s’occuper des problèmes sociaux ou de société car on ne peut quand même rien y changer » (2,46) et « Mes problèmes au travail, je préfère les résoudre tout seul sans intervention des autres » (2,81). En outre, les répondants sont majoritairement d’accord d’assumer les risques inhérents à l’action collective : « En cas de conflit au travail, nous devons tous être solidaires, même si nous risquons des sanctions » (3,50).

91 Sur le type de mode d’action qui doit être privilégié par les syndicats, on discerne une certaine hésitation parmi les répondants. Ceux-ci sont plutôt d’accord avec l’idée que « Les syndicats doivent mener une politique plus dure s’ils veulent réellement défendre les intérêts des travailleurs » (3,32). Au sein même des entreprises, « Les syndicats doivent mener des actions plus dures afin d’avoir réellement leur mot à dire » (3,09). L’idée que « C’est grâce aux grèves que la situation des travailleurs s’est améliorée » (3,21) est elle aussi globalement admise. Cependant, une majorité de répondants récusent l’idée que « Les syndicats doivent organiser plus souvent des grèves s’ils veulent vraiment agir en faveur des travailleurs » (2,53). En réalité, la place de la grève dans l’arsenal syndical est relativisée. Dans leur ensemble, les répondants récusent l’idée que la grève soit « La seule arme que les travailleurs ont à leur disposition » (2,78). Ils estiment au contraire qu’« Il existe de meilleurs moyens que la grève pour obtenir satisfaction » (3,55). Une majorité d’entre eux approuve par exemple l’idée que « Plutôt que de faire grève, les syndicats devraient expliquer aux gens quels sont les problèmes des travailleurs » (3,83). Globalement, les répondants sont également plutôt d’accord avec l’idée qu’« Il faudrait interdire les grèves qui gênent le public » (3,31). En revanche, une proportion semblable d’entre eux estime que « Les travailleurs doivent pouvoir occuper leur entreprise afin d’en empêcher la fermeture » (3,38). Couplées à celles relatives au degré d’acceptation des différentes formes d’action collective par les répondants, ces observations brossent un tableau tout en nuances.

4.3.3. Place des syndicats dans les entreprises

92 Nous avons également interrogé les affiliés de la CGSLB sur la place que les syndicats doivent tenir dans les entreprises et, plus largement, sur leur conception de la démocratie économique et sociale. Les répondants se démarquent d’une conception de l’entreprise faisant des managers ou des actionnaires les seuls maîtres à bord. Ainsi, ils sont globalement en désaccord avec la proposition « Dans une entreprise, il est normal que ce soit le patron qui décide de tout » (2,46). La proportion de personnes en accord avec cette affirmation n’atteint pas 15 %. Par contre, une majorité d’entre eux approuve l’idée que « L’entreprise n’appartient pas uniquement aux actionnaires » (3,66).

93 Les membres du syndicat libéral interrogés affirment également la nécessité d’une présence syndicale forte dans les entreprises, y compris dans les PME. Ainsi, une majorité approuve la proposition suivante : « Les syndicats devraient avoir plus à dire dans les entreprises » (3,43). Une majorité exprime par contre son désaccord avec l’affirmation : « Les syndicats n’ont rien à faire dans les petites entreprises » (2,16 ; moins de 10 % de réponses positives).

94 Sur le rôle des syndicats dans l’entreprise, les affiliés de la CGSLB interrogés partagent donc majoritairement la conception syndicale plutôt que la vision de certains courants de pensée libérale, notamment ceux réticents ou hostiles à la présence de syndicats dans les entreprises.

95 L’histoire du syndicalisme belge a été marquée à certaines périodes par un débat entre différentes options sur la participation des travailleurs à la gestion des entreprises. Schématiquement, on peut dire que l’opposition entre contrôle ouvrier et cogestion a animé certains débats à la FGTB [35]. L’autogestion a été observée avec intérêt par la CSC ou par certains courants de la FGTB, en particulier dans les années 1960 et 1970 [36]. Les positions adoptées par la CGSLB en 1945 relèvent, comme on l’a indiqué dans la première partie, de la cogestion. Dans une certaine mesure, les répondants de l’enquête menée auprès des affiliés de la CGSLB valorisent plutôt l’option soutenue par leur syndicat, voire admettent une certaine autogestion. Une majorité de répondants se déclare en effet en accord avec les deux propositions suivantes : « Les travailleurs et travailleuses devraient avoir leur mot à dire dans les grandes décisions de leur entreprise » (3,63) et « Les travailleurs et travailleuses devraient être représentés au conseil d’administration de leur entreprise » (3,68).

4.3.4. Comparaison entre les syndicats

96 Nous avons cherché à savoir quel regard les affiliés de la CGSLB portent sur leur organisation syndicale en comparaison avec les autres syndicats. Dans un premier temps, nous leur avons demandé quel syndicat ils jugent le plus à même de défendre une série de revendications (la liste utilisée est identique à celle présentée dans le graphique 3). Entre 60 et 70 % des répondants n’ont pas apporté de réponse ou ont choisi de cocher la case « Je ne sais pas ». Parmi les réponses restantes (entre 1 505 et 1 897 réponses restantes, selon la revendication considérée), la CGSLB arrive largement en tête, son nom étant coché par deux tiers à neuf dixièmes des répondants environ. Ces derniers considèrent en particulier la CGSLB comme étant l’organisation syndicale la plus à même de défendre les revendications suivantes, dans l’ordre décroissant : l’encouragement du 3e et du 2e piliers de pension (respectivement 89,4 % et 86,3 % des répondants qui ont coché le nom d’un des trois syndicats), l’accroissement de l’offre de formations (85,3 %), la diminution des impôts (83,9 %) ou encore le renforcement de la pension légale (82,6 %). En revanche, bien qu’elle reste largement en tête, la CGSLB semble moins convaincre ses affiliés de sa capacité à donner plus de pouvoir aux travailleurs dans les entreprises (67,5 %), à réduire le temps de travail avec maintien du salaire (68 %) ou à renforcer la sécurité sociale (68,7 %). Notons que sur les trois revendications jugées prioritaires par les répondants (cf. supra graphique 3), la CGSLB est considérée comme le syndicat le plus efficace par au moins trois quarts de ses affiliés qui ont répondu à cette question : rechercher davantage de sécurité d’emploi (81,6 %), augmenter les salaires (77,4 %), améliorer les conditions de travail (80,4 %).

97 Les deux autres confédérations syndicales se distinguent sur quelques revendications, sans toutefois jamais pouvoir rivaliser, aux yeux des affiliés de la CGSLB, avec le syndicat dont ceux-ci sont membres. La FGTB est davantage mentionnée que la CSC. Ainsi, pour l’attention accrue à l’environnement, la CSC est mentionnée par 17 % des personnes qui ont répondu à cette question en cochant le nom d’un syndicat. La FGTB est mentionnée par 15,6 % de ces répondants pour l’augmentation des salaires, par 16,9 % d’entre eux pour le maintien de la prépension, par 17,1 % pour la lutte contre la hausse des prix, par une personne sur cinq (20 %) pour le renforcement de la sécurité sociale et par environ une personne sur quatre pour la réduction du temps de travail avec maintien du salaire (24,7 %) et pour la capacité à donner plus de pouvoir aux travailleurs dans les entreprises (25,2 %).

98 Dans un second temps, nous avons demandé aux personnes interrogées de qualifier les trois syndicats. Pour ce faire, nous leur avons demandé à laquelle des trois organisations syndicales s’applique le mieux chacune des caractéristiques que nous leur avons soumises. Les réponses aucune d’entre elles et « Je ne sais pas » étaient également possibles. Comme à propos des revendications, l’absence de réponse et la réponse « Je ne sais pas » sont fréquentes (57,3 à 80,7 % du nombre total de répondants).

99 Parmi les réponses restantes (entre 920 et 2 030 réponses restantes, selon la caractérisation considérée), la CGSLB est plébiscitée pour la qualité de ses services (87,6 % de ces personnes). Le syndicat libéral est également considéré comme étant le plus constructif (79,4 %), celui ayant les meilleures relations avec les employeurs (68,7, %), celui défendant le mieux la sécurité d’emploi (67,8 % ; rappelons que cette revendication est la première priorité des répondants, cf. supra), celui qui est le plus à l’écoute de la base (67,1 %), le plus combatif pour défendre les intérêts des travailleurs (56 %), le plus à même de réaliser ses revendications (54,3 %) et le plus attaché à l’existence du front commun syndical (52,1 %).

100 Sans être pointée par la majorité absolue des personnes qui ont répondu à cette question, la CSC arrive très légèrement en tête lorsqu’il s’agit de désigner le syndicat le plus puissant du pays (38,7 % des répondants qui ont coché le nom d’un syndicat ou la case « Aucun », contre 37,4 % pour la FGTB et 17,2 % pour la CGSLB) et celui qui exerce le plus d’influence sur la politique (34,5 %, contre 31,1 % pour la FGTB et 26,8 % pour la CGSLB). Sans doute est-ce lié à son statut de plus grande organisation syndicale du pays, au vu du nombre d’affiliés.

101 La FGTB pour sa part se distingue comme le syndicat le plus lié à un parti politique spécifique (40,1 %, contre 33,5 % pour la CGSLB et 22,6 % pour la CSC), comme s’occupant trop de politique (39,9 %, contre 31,2 % pour la CSC et 14,6 % pour la CGSLB) et ayant des revendications peu réalistes (47,8 %, contre 14,9 % pour la CGSLB et 13,9 % pour la CSC). La caractérisation de la FGTB, manifestement assez négative, est à analyser à l’aune de la conception du syndicalisme privilégiée par les répondants, comme on l’a indiqué supra, soit celle d’un attachement à l’indépendance syndicale par rapport aux partis politiques, voire d’une conception moins politique du syndicalisme.

102 Notons enfin que, de manière assez rassurante pour les trois organisations syndicales, c’est la réponse « Aucun syndicat » qui est le plus fréquemment avancée en regard des propositions « Ne s’occupe pas des intérêts des chômeurs » (55,3 %, contre 20,7 % pour la CGSLB, ce qui ne peut être complètement négligé – la CSC et la FGTB se partagent les répondants restants), « N’informe pas bien ses affiliés » (39 %, contre une vingtaine de pourcents pour chaque syndicat) et « Ses délégués ne sont pas compétents » (35,3 %, contre 28,8 % pour la FGTB et quelque 18 % pour la CGSLB et pour la CSC).

103 La CGSLB apparaît donc, aux yeux de ses affiliés qui ont répondu à cette partie de l’enquête, comme le syndicat qui, comparativement aux deux autres, est le plus à même de faire aboutir ses revendications, qui offre les meilleurs services, qui est le plus combatif tout en étant le plus constructif, ou encore celui qui a les meilleures relations avec les employeurs tout en étant le plus à l’écoute de la base. Ce n’est pas le syndicat le plus puissant. L’image donnée est plutôt celle d’une organisation modérée et discrète mais efficace. Si l’absence d’étude comparative menée auprès des membres de la CSC ou de la FGTB nous empêche de tirer des conclusions plus poussées, il faut évidemment souligner que cette image est donnée par les affiliés de la CGSLB elle-même.

104 Enfin, nous avons demandé aux répondants quel est leur degré de confiance dans les syndicats en général et dans la CGSLB en particulier, en utilisant dans les deux cas une échelle graduée de 1 à 5, 1 signifiant qu’ils ont très peu confiance et 5 que leur confiance est très forte. La confiance placée dans la CGSLB (3,70) est supérieure à celle exprimée pour les syndicats en général (3,32). Tandis que la majorité des répondants (56,4%) déclarent avoir moyennement confiance dans les syndicats en général, 58,8 % d’entre ont fortement ou très fortement confiance dans la CGSLB, soit l’organisation dont ils sont membres.

4.4. CONCLUSION

105 La CGSLB et ses membres sont parfois considérés par certains militants des autres organisations syndicales comme un groupement correspondant peu ou pas à l’idée qu’il se font du syndicalisme, et en particulier de sa dimension militante. Les aspects de l’enquête décortiqués dans cette partie amènent à relativiser ce jugement.

106 Dans l’ensemble, les membres du syndicat libéral semblent satisfaits de l’organisation dont ils sont membres. Ils valorisent la qualité des services proposés et jugent que leur syndicat est le plus à même de porter toute une série de revendications. La proportion d’entre eux qui sont devenus membres de la CGSLB après avoir quitté la CSC ou la FGTB est limitée, et la part de ceux qui ont changé de syndicat suite à un réel désaccord avec leur précédent syndicat est réduite, sans pour autant être inexistante.

107 Par ailleurs, nous avons indiqué que les préoccupations principales des répondants reflètent globalement les caractéristiques du syndicalisme à la belge, soit un mélange d’assurance et de lutte, au niveau individuel et collectif. Les opinions des personnes interrogées à propos de l’économie et de la place des syndicats dans la société indiquent également la présence chez une part significative de ces personnes d’un certain attachement à la solidarité entre travailleurs et à la nécessité de défendre collectivement les intérêts de ceux-ci.

108 Cependant, l’analyse des réponses portant sur les modes d’action collective qui peuvent légitimement être mis en œuvre pour assurer cette défense montre que la majorité des répondants défend une conception assez modérée et légaliste de l’action syndicale. Cet aspect des réponses permet sans doute en partie de comprendre le regard porté sur le syndicalisme libéral par certains militants d’autres organisations syndicales.

5. ATTITUDES POLITIQUES

109 Dans cette dernière partie, nous aborderons différents aspects d’ordre philosophique ou politique du profil des membres de la CGSLB. La partie précédente a indiqué que ceux-ci conçoivent bel et bien leur organisation comme un syndicat de travailleurs. Voyons à présent si la spécificité libérale se marque ou non chez ces personnes.

5.1. PROFIL SOCIOPOLITIQUE

110 On a souligné dans la première partie l’importance de la pilarisation, caractéristique de la société belge, dans l’apparition du syndicat libéral. Celui-ci s’est maintenu, malgré le mouvement de dépilarisation qui a marqué les dernières décennies. Par conséquent, on peut se demander s’il y a, ou s’il reste encore une trace de la pilarisation au niveau des membres de la CGSLB. Plusieurs indicateurs seraient nécessaires pour pouvoir répondre de manière assurée à cette question. Dans notre enquête, nous disposons essentiellement d’un indicateur en ce qui concerne l’organisation de la société civile : l’appartenance à une mutualité. En Belgique, la quasi-totalité de la population est affiliée à une mutualité. Le choix de l’organisme dont elle est membre appartient cependant à la personne assurée (pour autant qu’elle soit elle-même titulaire de cette affiliation et ne le soit pas par le biais de l’un des membres de sa famille) et les trois piliers disposent chacun de leur union mutualiste, à côté d’autres organismes à caractère neutre. Interroger les répondants d’une enquête sur leur mutualité est par conséquent une question classique pour tester à quel pilier les personnes interrogées ressortissent. Les résultats obtenus de ce point de vue par l’enquête menée auprès des membres de la CGSLB sont assez frappants. Au niveau national, l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) indique qu’en 2009, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, 5,3 % des assurés dans le régime général étaient membres de l’Union nationale des mutualités libérales [37]. Parmi les personnes qui ont répondu à notre enquête, 41,8 % se déclarent affiliées à la mutualité libérale, une surreprésentation pour le moins spectaculaire qui doit s’interpréter dans le cadre de la pilarisation. Néanmoins, il faut constater qu’une minorité seulement, fût-elle importante, des membres de la CGSLB interrogés est affiliée à la mutualité libérale.

Graphique 5

Affiliation des affiliés de la CGSLB à une mutualité

figure im16

Affiliation des affiliés de la CGSLB à une mutualité

5.1.1. Profil convictionnel

111 Sur le plan convictionnel, l’enquête fait apparaître que la majorité des membres de la CGSLB interrogés se déclarent croyants. La proportion de répondants qui se disent libres-penseurs est limitée, voire faible (10,6 %). Elle est cependant plus forte parmi les mandataires (17,1 %).

Graphique 6

Convictions religieuses ou philosophiques des affiliés de la CGSLB

figure im17

Convictions religieuses ou philosophiques des affiliés de la CGSLB

112 Cependant, une majorité de répondants déclare également ne jamais participer à une fête ou à une cérémonie à caractère religieux ou philosophique (messe, fête laïque, prière dans un lieu de culte, etc.). Moins de 8 % d’entre eux participent assidûment à une telle cérémonie.

Graphique 7

Pratique religieuse des affiliés de la CGSLB

figure im18

Pratique religieuse des affiliés de la CGSLB

113 Il paraît difficile de tirer de ces observations des conclusions à propos de la survivance ou non de la pilarisation et de la manière dont celle-ci affecterait les membres de la CGSLB. Ces chiffres cadrent en effet relativement bien avec l’influence traditionnelle du christianisme en Belgique, mais également avec le mouvement de sécularisation de la société observé depuis deux siècles. Par ailleurs, le caractère anticlérical que le libéralisme revêtait originellement en Belgique ne signifiait pas, au moins au XIXe siècle, que les libéraux étaient majoritairement non croyants ou même agnostiques. Et depuis le début des années 1960, le parti libéral a abandonné l’anticléricalisme. Par conséquent, l’histoire du pilier libéral pourrait expliquer les résultats décrits ci-dessus, mais ceux-ci pourraient être simplement liés à l’évolution de la société belge. Une comparaison avec les autres syndicats serait particulièrement opportune. Mais ici comme sur d’autres sujets évoqués plus haut, l’absence d’enquête similaire réalisée auprès des membres de la CSC ou de la FGTB limite l’analyse qui peut être faite des résultats recueillis. Les membres de la CSC sont-ils plus pratiquants ? Ceux de la FGTB se déclarent-ils davantage non croyants ? Ces questions restent actuellement sans réponse.

5.1.2. Affinités politiques

114 Nous avons également interrogé les affiliés de la CGSLB sur leurs affinités politiques. Trois questions leur ont été soumises à cet égard, relatives à l’appartenance à un parti politique, au comportement électoral et au positionnement politique plus général.

115 À l’instar de la grande majorité de la population belge, 87,1 % des affiliés de la CGSLB interrogés ne sont pas membres d’un parti politique. Cette proportion est plus élevée parmi les personnes qui ont répondu au questionnaire en français (91,1 %, contre 85,3 % parmi les répondants néerlandophones). On relèvera cependant que ces chiffres indiquent que les répondants sont proportionnellement plus nombreux à être membres d’un parti que la population dans son ensemble, au vu des chiffres dont on dispose. Ainsi, si on compare le nombre d’adhérents des partis représentés au Parlement fédéral en 2006 (derniers chiffres complets disponibles) au nombre de votes valables par collège électoral pour l’élection du Sénat de 2007, on constate qu’environ 6,3 % des électeurs qui se sont exprimés valablement sont membres d’un parti [38]. La proportion est très légèrement supérieure du côté néerlandophone (6,4 %, contre 6,2 % quand on compare les électeurs du collège français du Sénat aux affiliés du CDH, d’Écolo, du MR et du PS). Les affiliés restants de la CGSLB qui ont répondu à notre enquête sont membres d’un parti politique. Parmi eux, les partis libéraux surclassent tous leurs rivaux : 10 % des répondants sont membres de l’Open VLD ou du MR. De ce point de vue, aucune autre famille politique n’atteint un pourcent des répondants. On notera que la hiérarchie des partis est différente parmi les questionnaires en français, où Écolo devance le CDH et le PS dans cet ordre, et ceux remplis par les affiliés néerlandophones, où le VB devance nettement la N-VA, la LDD, le SP.A et le CD&V. Les membres de Groen !, du FN ou d’autres formations ne sont présents dans l’échantillon que de manière marginale. On ne relève pas de différence statistiquement significative entre les affiliés néerlandophones selon leur statut syndical : membre ordinaire, candidat non élu ou mandataire sont aussi susceptibles les uns que les autres d’être membres de l’Open VLD. Par contre, les mandataires francophones de la CGSLB ont significativement plus de chances que les membres ordinaires et les candidats non élus francophones d’être membres du MR.

Tableau 12

Appartenance des affiliés de la CGSLB à un parti politique (en %)

Questionnaires en français Questionnaires en néerlandais
Aucune
MR
Écolo
CDH
PS
FN
Autres
Total
91,0
6,4
0,8
0,6
0,5
0,1
0,6
100,0
Aucune
Open VLD
Vlaams Belang
N-VA
LDD
SP. A
CD&V
Groen !
85,3
11,6
1,1
0,5
0,4
0,3
0,3
0,1
Autres
Total
0,4
100,0
figure im19

Appartenance des affiliés de la CGSLB à un parti politique (en %)

116 Nous avons interrogé les affiliés de la CGSLB sur le vote qu’ils avaient exprimé lors du dernier scrutin en date au moment de l’enquête (soit les élections européennes, régionales et communautaires du 7 juin 2009). Le questionnaire laissait la possibilité aux répondants d’indiquer qu’ils avaient voté blanc ou nul, mais pas celle de déclarer qu’ils n’avaient pas voté. Nous faisons l’hypothèse que les membres de la CGSLB qui n’ont pas voté ont choisi de ne pas répondre à cette question ou ont coché la case vote blanc ou nul. Pour tenir compte de l’abstentionnisme et de l’absentéisme de l’électorat, nous avons comparé les résultats obtenus dans l’enquête aux résultats des différents partis politiques exprimés en proportion des électeurs inscrits, et non en pourcentage des votes valables. En outre, nous avons recalculé des résultats francophones d’une part et néerlandophones d’autre part à partir des résultats observés lors de l’élection du Parlement wallon, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du Parlement flamand dans les cantons flamands. De la sorte, nous pouvons effectuer la comparaison la plus adéquate possible entre l’échantillon de notre enquête et les résultats électoraux de 2009 [39]. Parmi les affiliés de la CGSLB qui ont répondu au questionnaire en néerlandais, près de la moitié ont voté pour l’Open VLD. Cette proportion monte à 58,1 % parmi les mandataires de la CGSLB interrogés. Du côté francophone, la domination du MR est moindre, même si elle est également nette. Ici également, les mandataires de la CGSLB votent majoritairement (53,8 %) pour le MR. On relèvera la proportion élevée de répondants qui ont coché la case vote blanc ou nul. On peut cependant craindre que certaines personnes réticentes à dévoiler leur préférence électorale aient choisi de cocher cette case plutôt que de répondre sincèrement à la question. Toutefois, la surreprésentation des votes blancs et nuls est nette dans les questionnaires en français et mince dans ceux en néerlandais, ce qui laisse penser qu’une telle explication d’ordre méthodologique est incomplète.

Tableau 13

Choix électoral des affiliés de la CGSLB en 2009 (en %)1

Questionnaires en français Questionnaires en néerlandais
Élections
2009
Enquête
CGSLB
Élections
2009
Enquête
CGSLB
MR
Blancs/nuls
Écolo
CDH
PS
FN
Autres
Total
20,0
18,2
15,4
13,0
25,9
2,2
5,3
100,0
38,1
23,1
13,9
6,2
9,7
2,4
6,6
100,0
Open VLD
Blancs/nuls
Vlaams Belang
N-VA
LDD
SP. A
CD&V
Groen !
13,0
13,2
13,3
11,3
6,6
13,3
19,8
5,8
48,7
14,2
11,3
6,1
5,4
4,2
4,5
2,5
Autres
Total
3,7
100,0
3,1
100,0
figure im20

Choix électoral des affiliés de la CGSLB en 2009 (en %)1

1 Les résultats électoraux ont été recalculés à partir du nombre d’inscrits (et non de votes valables) et du résultat des élections régionales.

117 En troisième lieu, nous avons demandé aux participants à l’enquête de positionner leurs convictions politiques personnelles sur une échelle gauche-droite allant de 0 (extrême gauche) à 10 (extrême droite). Traditionnellement, les syndicats sont considérés comme des organisations de gauche, étant donné qu’ils sont favorables à une plus grande égalité entre les citoyens. Cependant, on sait également que le contenu accordé aux notions de gauche et de droite est variable, sinon flou [40]. Un peu plus d’un quart (27,9 %) des répondants n’ont pas apporté de réponse à cette question. Parmi les autres, 46,2 % ont choisi la position centrale, soit 5. Quelque 13,1 % se sont situés sur les valeurs 0 à 4, soit à gauche, de l’extrême gauche au centre-gauche. Les 40,7 % restants se positionnent à droite, du centre-droit à l’extrême droite. En moyenne, les répondants se situent par conséquent au centre-droit, à 5,6. La moyenne ne diffère pas significativement selon le statut syndical des répondants (membres ordinaires, candidats non élus et mandataires).

Graphique 8

Autopositionnement gauche-droite des affiliés de la CGSLB

figure im21

Autopositionnement gauche-droite des affiliés de la CGSLB

118 À travers les différents indicateurs qui viennent d’être passés en revue, on constate que les affiliés de la CGSLB qui ont participé à l’enquête ont un profil sociopolitique les rattachant, pour un nombre important d’entre eux, au libéralisme tel qu’il existe en Belgique. Qu’il s’agisse de leur affiliation mutuelliste, de leur préférence partisane ou électorale ou de leur autopositionnement gauche-droite, les affinités avec différents aspects du libéralisme sont manifestes.

5.2. OPINIONS SOCIOPOLITIQUES

119 Comme on l’a vu dans la partie précédente, le questionnaire qui a été envoyé à un échantillon de membres de la CGSLB contenait plusieurs rubriques dans lesquelles il était demandé aux répondants d’exprimer leur opinion par rapport à une série de propositions. Un certain nombre d’entre elles touchaient à la vie en société et au rôle des pouvoirs publics. Les répondants étaient invités à utiliser une échelle graduée de 1 à 5, 1 correspondant à la réponse « Pas du tout d’accord » et 5 à la réponse « Tout à fait d’accord » ; 3 est une valeur neutre.

120 Dans l’ensemble, on peut considérer que la majorité des répondants est favorable à une intervention des pouvoirs publics pour réduire les inégalités constatées dans la société. Cela relativise, voire cela entre en contradiction avec le constat posé ci-dessus à propos de l’autopositionnement gauche-droite puisqu’un des critères généralement admis pour distinguer la gauche de la droite est la volonté manifestée par la première de rendre les citoyens plus égaux entre eux [41].

121 Ce souci de justice sociale est perceptible à travers différentes questions. Moins de 10 % des répondants s’estiment d’accord ou tout à fait d’accord avec la proposition « Les différences entre revenus élevés et bas doivent rester telles quelles ». La toute grande majorité d’entre eux réfute cette idée. De manière très marquée, la moyenne des réponses se situe à 2,16. L’intervention de l’État est majoritairement admise pour corriger les inégalités. Quelque 15 % seulement des répondants désapprouve la proposition « Les pouvoirs publics doivent intervenir pour atténuer les différences entre les revenus » (moyenne : 3,63). Sur cet aspect, les répondants se situent donc davantage dans une lignée syndicale qu’en accord avec le libéralisme classique. Cette sensibilité ne s’arrête toutefois pas aux frontières du salariat puisque les répondants approuvent globalement la proposition « Les politiques doivent œuvrer à améliorer les droits des indépendants » (moyenne : 3,59). Ce résultat concorde avec le discours traditionnellement tenu par les partis libéraux et avec l’action qu’ils mènent actuellement au niveau gouvernemental.

122 Autre thématique portée par les partis libéraux, nous avons demandé aux répondants de se prononcer sur la proposition « Les impôts sont trop élevés ». Un tiers des affiliés de la CGSLB interrogés s’estime d’accord avec cette idée et plus de la moitié des répondants s’estime même tout à fait d’accord avec cette proposition. La proportion de personnes en désaccord est marginale (moins de 5 % ; moyenne : 4,33). Cependant, la majorité des répondants approuve la proposition « Il est nécessaire de payer des impôts pour financer des services collectifs » (moyenne : 3,27). Si elles indiquent fort probablement que les affiliés de la CGSLB sont sensibles aux thèses développées en matière de fiscalité par l’Open VLD et par le MR, ces tendances sont également compatibles avec le point de vue soutenu par les organisations syndicales qui valorisent l’impôt comme fondement de la société et des capacités d’action des pouvoirs publics, mais qui plaident dans le même temps pour une modification de la fiscalité afin de la rendre plus favorable aux travailleurs et plus efficace contre la fraude.

123 À l’opposé du discours porté par les partis libéraux, nous avons également soumis aux répondants la proposition « Les entreprises qui font des bénéfices ne devraient pas avoir le droit de licencier des travailleurs ». Près de deux tiers des répondants approuvent cette idée et à peine 10 % la rejettent (moyenne : 3,88), ce qui traduit une volonté assez large de voir les pouvoirs publics intervenir pour limiter ce qui est ressenti comme une injustice sociale.

124 Le système de sécurité sociale est généralement considéré comme une conquête du mouvement syndical, et plus largement du mouvement ouvrier. Sa défense est l’une des préoccupations majeures des trois organisations syndicales. Nous avons par conséquent voulu connaître l’avis des membres de la CGSLB sur plusieurs aspects de la sécurité sociale belge. Une très large majorité de répondants approuve l’idée que « La sécurité sociale est un fondement de notre société » (moyenne : 3,81). Une part importante des personnes interrogées considère que « Notre système de sécurité sociale est le meilleur système pour garantir le bien-être de tout un chacun » (3,43). La part des répondants cochant la case 3, soit la réponse neutre, est cependant élevée, ce qui traduit une certaine hésitation, voire un doute quant à la justesse de cette proposition. Le système est surtout considéré comme perfectible. D’une part, les affiliés approuvent globalement la proposition « Il faut rendre la sécurité sociale plus accessible » (3,45). D’autre part, ils partagent en général l’idée que « Notre système de sécurité sociale coûte trop cher par rapport à ce qu’il procure » (3,42). À nouveau, une double lecture de ce résultat est possible. On peut en effet y percevoir l’écho des discours syndicaux considérant que des menaces importantes et constantes planent sur la sécurité sociale, ou au contraire y déceler l’empreinte de critiques davantage portées par les partis libéraux sur l’inefficacité et le coût jugé démesuré de la protection sociale (à travers notamment la dénonciation de « charges sociales » élevées à propos des cotisations de sécurité sociale). Il est d’ailleurs probable que les deux influences se retrouvent chez les affiliés interrogés. Enfin, les membres de la CGSLB qui ont répondu à l’enquête sont partagés, voire indifférents à l’égard de deux propositions, l’une posant que « Par le passé, le système de sécurité sociale offrait une meilleure protection » (3,01) et l’autre suggérant que « Notre système de sécurité sociale rend les individus irresponsables et fainéants » (2,98). On notera cependant que les opinions à propos de cette seconde proposition sont davantage polarisées. Tandis qu’à propos de la première, plus de 55 % des répondants choisissent la position neutre (3), ils ne sont qu’un tiers dans ce cas à propos de la seconde phrase.

125 Enfin, nous avons interrogé les affiliés de la CGSLB sur une branche particulière de la sécurité sociale, dont l’évolution fait actuellement débat, notamment à l’intérieur du mouvement syndical : les pensions de retraite. Plus de 85 % des répondants partagent la proposition « Je m’inquiète du financement des pensions de mes enfants ou de la prochaine génération », et ils sont légèrement plus nombreux encore à approuver la proposition « Je m’inquiète du financement de ma propre pension » (moyennes : respectivement 4,34 et 4,37). S’ils partagent donc l’inquiétude ambiante au sujet du financement futur des pensions, ces répondants désapprouvent cependant la recette présentée le plus souvent par certains organismes ou dans les médias comme indispensable, et adoptée par plusieurs États voisins récemment, consistant à allonger la durée de la carrière. En effet, quelque 60 % des répondants rejettent la proposition « Je pense qu’il est normal de travailler plus longtemps, puisque nous vivons plus longtemps » (moyenne : 2,39).

5.3. CONCLUSION

126 Au terme de cette partie, force est de constater qu’un attachement au libéralisme à la belge, à la fois à ses structures traditionnelles (partis et mutualité) et à certaines de ses revendications contemporaines (baisse de la fiscalité ou amélioration du statut des indépendants), est perceptible chez bon nombre d’affiliés de la CGSLB qui ont participé à l’enquête. Néanmoins, on a également souligné que sur certaines thématiques, c’est davantage une conception proche des revendications syndicales traditionnelles qui domine (intervention des pouvoirs publics ou lutte contre les inégalités). L’oscillation entre ces deux tendances traduit probablement la spécificité des membres d’une organisation se posant tout à la fois comme syndicale et comme libérale. L’absence d’étude comparative auprès des affiliés de la CSC et de la FGTB empêche cependant de pousser plus avant cette hypothèse.

CONCLUSION

127 La Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique est assurément l’organisation syndicale belge la moins bien connue et celle qui a le moins retenu l’attention des chercheurs. Sa taille réduite par rapport à la CSC et à la FGTB, sa position discrète, voire parfois effacée dans le champ des relations collectives de travail, et sa reconnaissance plus tardive et plus limitée dans ce champ expliquent probablement quelque peu cette situation. Sa dimension tout à la fois syndicale et libérale intrigue cependant souvent, tant en Belgique qu’à l’étranger, syndicalisme et libéralisme (au moins entendu dans le sens contemporain et belge du terme) paraissant par essence antithétiques.

128 La présente livraison du Courrier hebdomadaire permet d’apporter quelques éléments nouveaux à la connaissance de la CGSLB. Plus largement, en présentant ici les résultats de l’enquête réalisée par le GhIPS de l’Université de Gand et par le CRISP à la demande du syndicat libéral, nous espérons améliorer la connaissance du monde syndical belge, acteur majeur du système de relations collectives de travail et plus largement d’élaboration de la décision dans ce pays.

129 Après avoir rappelé les principales caractéristiques de la CGSLB dans une première partie, nous avons présenté l’enquête menée auprès d’un large échantillon d’affiliés du syndicat libéral (exception faite des membres du SLFP), puis ses résultats. La description du profil des membres dans la troisième partie a mis en évidence la diversité de ceux-ci. Nous avons également relevé la distorsion qui existe dans une certaine mesure entre d’une part les affiliés ordinaires et d’autre part les mandataires de la CGSLB. Les deux dernières parties ont examiné dans le détail les réponses apportées par les affiliés interrogés aux questions portant d’une part sur la vie syndicale et d’autre part sur leurs attitudes politiques.

130 Ces deux dernières parties font clairement apparaître la coexistence, dans le chef des adhérents, de caractéristiques, de valeurs et d’opinions syndicales d’un côté, associées au libéralisme d’un autre. Sans chercher à expliquer cette coexistence ni à réfléchir à la cohérence que peut ou non traduire pareille association d’idées, notre étude étaye le constat de cette coexistence. Ce que d’aucuns jugent être un oxymore, le syndicat libéral semble bien l’incarner, non pas seulement dans sa doctrine mais également à sa base, parmi ses affiliés eux-mêmes.

131 Cela se reflète notamment dans l’opinion des répondants à l’égard de la dénomination même de l’organisation dont ils sont membres. Interrogés à propos de l’importance de chacun des cinq éléments composant cette dénomination (Centrale ; générale ; des syndicats ; libéraux ; de Belgique), les répondants se disent tout particulièrement attachés aux termes « des syndicats » et « libéraux » et, dans une moindre mesure, « de Belgique » (respectivement 3,96, 3,77 et 3,48 de moyenne, sur une échelle graduée de 1 à 5, 1 signifiant que l’élément de la dénomination est totalement négligeable aux yeux du répondant, 5 qu’il est très important ; 3 est une valeur neutre. Les termes « centrale » et « générale » sont seulement notés à 3,04 et à 3,10 en moyenne). Aux yeux des affiliés de la CGSLB qui ont répondu à l’enquête, la dénomination usuelle « Syndicat libéral (de Belgique) » paraît donc importante. Par ailleurs, une large majorité d’entre eux juge la dénomination Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB) reconnaissable (76,7 %), claire (71,4 %), appropriée (65,8 %), constituant une valeur sûre (63,9 %) et importante (51,5 %). En revanche, ils ne la trouvent ni incompréhensible (réponse négative à 65,3 %), ni trop marquée politiquement (réponse positive à seulement 19,6 %), ni vieillie (réponse positive à seulement 25,9 %).

132 Force est donc de constater que les affiliés de la CGSLB, tels qu’ils apparaissent à travers notre enquête, semblent attachés à la double dimension, syndicale et libérale, dont se revendique la CGSLB. Par ailleurs, la dernière partie de cette étude a également montré que bon nombre des affiliés qui ont participé à l’enquête s’avèrent proches, sociologiquement ou politiquement, de ce qu’on pourrait qualifier de monde libéral, ou à tout le moins de ce qu’il en reste à l’époque actuelle [42]. Qu’on examine l’affiliation mutuelliste, l’affiliation partisane ou le comportement électoral, on est frappé de constater la forte présence des organisations libérales dans les réponses des affiliés de la CGSLB. Autrement dit, la pilarisation, qui a marqué la Belgique à partir du XIXe siècle et qui explique l’apparition même d’un syndicat libéral et probablement aussi sa survie jusqu’à aujourd’hui, semble demeurer palpable.

133 Cette proximité sociologique ou politique n’explique cependant pas à elle seule le maintien, et même la croissance de la CGSLB et du nombre de ses affiliés (sachant que le nombre total des syndiqués est en croissance constante). Comme nous l’avons souligné, l’enquête montre également que les membres interrogés ont globalement une opinion assez favorable de leur syndicat et qu’ils ont une confiance importante en lui. Les services auxquels ils peuvent s’adresser leur donnent dans l’ensemble satisfaction et semblent répondre assez largement à leurs attentes. Cette dimension qualitative n’est évidemment pas à négliger dans un contexte de pluralisme syndical où le syndicat libéral doit faire face à la concurrence de deux grandes organisations rivales.

134 Au terme de cette étude, il nous paraît important de saluer la démarche de la CGSLB. Le syndicat libéral a pris l’initiative de mener une vaste enquête auprès de ses membres, chose rare au sein du mouvement syndical, en particulier à l’échelle nationale. Il a choisi de la faire réaliser par des chercheurs issus d’institutions sans lien avec lui. Les moyens consentis pour donner une grande ampleur à l’enquête ont été conséquents et l’indépendance de l’équipe de recherche a été pleinement garantie. Plus remarquable encore, cette démarche a été menée dès le départ avec l’intention de rendre publiques et aisément accessibles toutes les informations collectées, sans réserver certains aspects de l’enquête ou certaines données à un usage interne à la CGSLB. Cette transparence, idéale pour garantir la qualité du travail des chercheurs, nous semble devoir être soulignée.

135 L’aspect le plus frustrant dans l’analyse des données présentée ici est l’impossibilité de comparer les résultats obtenus auprès des affiliés de la CGSLB à des données similaires recueillies auprès des affiliés de la CSC et de la FGTB. Conduire pareille enquête auprès de leurs membres permettrait aux deux principaux syndicats du pays d’améliorer la connaissance de leurs propres effectifs et, partant, de renforcer leur fonctionnement et de l’ajuster en fonction de la vision et des attentes de leurs adhérents et militants. Plus largement, ce type de démarche aurait pour effet d’améliorer considérablement la connaissance générale du syndicalisme belge et de combler une lacune importante dans le domaine des études sur le militantisme. Espérons dès lors que cette étude ne sera qu’une pièce d’un puzzle qui se complètera à l’avenir.

Notes

  • [1]
    Selon ses propres chiffres, la Confédération des syndicats chrétiens de Belgique (CSC) revendiquait 1 658 188 affiliés en 2009, la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) comptait alors 1 481 614 membres et la Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB) dénombrait la même année 268 455 adhérents. Sur le taux de syndicalisation, cf. É. ARCQ, M. AUSSEMS, « Implantation syndicale et taux de syndicalisation (1992-2000) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1781, 2002. Pour une synthèse récente sur le paysage syndical belge, cf. J. FANIEL, « Caractéristiques et spécificités des syndicats belges », in É. ARCQ et al., Dynamiques de la concertation sociale, CRISP, Bruxelles, 2010, p. 93-119.
  • [2]
    K. VANDAELE, « Een vreemde eend in de bijt ? De ACLVB in West-Europees en historisch perspectief », à paraître.
  • [3]
    On relèvera en particulier A. MIROIR, « Le syndicalisme libéral (1894-1961). Contribution à l’étude des familles politiques », Revue belge d’histoire contemporaine, volume 13, n° 1, 1982, p. 59-81 ; Liberaal Archief, Histoire du libéralisme social, annexe dans le cadre du congrès de la CGSLB du 15 février 2008 consacré au thème « Notre libéralisme social », Gand, 2008.
  • [4]
    P. PASTURE, J. MAMPUYS, In de ban van het getal. Ledenanalyse van het ACV 1900-1990, HIVA, Louvain, 1990 ; INUSOP, Les attitudes à l’égard des organisations syndicales, enquête réalisée à la demande de la FGTB, 1989. Des études internes ont été menées ponctuellement par certaines centrales professionnelles ou par certaines sections régionales ou locales interprofessionnelles. Elles n’ont généralement pas fait l’objet d’une publication publique à caractère scientifique.
  • [5]
    Un rapport de recherche approfondi (359 pages) a été transmis à la CGSLB en novembre 2010.
  • [6]
    Soit quelque 70 000 affiliés sur les 268 000 que compte la CGSLB au total.
  • [7]
    L’ouvrage de P. DE WITTE, De Geschiedenis van Vooruit. Gentsche socialistische werkersbeweging sedert 1870, paru en 1898, mentionne 1891 comme année de fondation de la Liberale Werkersverdediging, raison pour laquelle la CGSLB a commémoré son centenaire en 1991. Les sources plus récentes considèrent la date de 1893 comme plus vraisemblable.
  • [8]
    Liberaal Archief, Histoire du libéralisme social, op. cit., p. 22, évoque 1938, tandis que T. HAECK, « Algemene Centrale der Liberale Vakbonden van België/Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (1920-heden) », ODIS – Intermediaire Structuren in Vlaanderen XIXe-XXe eeuw, <http://www.odis.be>, mentionne 1937.
  • [9]
    É. ARCQ, P. BLAISE, Les organisations syndicales et patronales, Dossier n° 68, CRISP, Bruxelles, 2007, p. 25-30.
  • [10]
    Liberaal Archief, Histoire du libéralisme social, op. cit., p. 14.
  • [11]
    É. ARCQ, P. BLAISE, Les organisations syndicales et patronales, op. cit., p. 31.
  • [12]
    Liberaal Archief, Histoire du libéralisme social, op. cit., p. 23-25.
  • [13]
    Cité par É. ARCQ, P. BLAISE, Les organisations syndicales et patronales, op. cit., p. 31.
  • [14]
    CGSLB, Notre libéralisme social, résolutions, congrès de la CGSLB, 15 février 2008.
  • [15]
    A. Van Glabbeke détint le portefeuille de l’Intérieur au sein des gouvernements Van Acker I (coalition entre les socialistes, les sociaux-chrétiens, les libéraux et les communistes du 12 février au 15 juin 1945) et Van Acker II (coalition entre les socialistes, les libéraux, les communistes et l’Union démocratique belge du 2 août 1945 au 12 février 1946), celui de la Justice au sein du gouvernement Van Acker III (coalition entre les socialistes, les libéraux et les communistes du 31 mars au 9 juillet 1946), celui de la Santé publique et de la Famille au sein du gouvernement Eyskens I (coalition entre les sociaux-chrétiens et les libéraux du 11 août 1949 au 6 juin 1950) et fut ministre des Travaux publics et de la Reconstruction du 23 avril 1954 au 14 janvier 1955 au sein du gouvernement Van Acker IV (coalition entre les socialistes et les libéraux du 23 avril 1954 au 2 juin 1958).
  • [16]
    A. MIROIR, « Le syndicalisme libéral (1894-1961). Contribution à l’étude des familles politiques », op. cit., p. 74-75.
  • [17]
    Moniteur belge, 24 octobre 1954.
  • [18]
    G. DE BROECK, « De erkenning der liberale syndicaten », Tijdschrift voor politiek, volume 4, n° 6, 31 décembre 1954, p. 625-626 ; A. MIROIR, « Le syndicalisme libéral (1894-1961). Contribution à l’étude des familles politiques », op. cit., p. 70-71.
  • [19]
    Au total, 104 commissions paritaires et 70 sous-commissions paritaires sont actuellement prévues, mais toutes n’ont pas été composées et installées.
  • [20]
    La réforme des statuts opérée en 1989 a créé les régionales flamande et wallonne et a reconnu une place spécifique à Bruxelles. Celle opérée en 2007 a officiellement créé la régionale bruxelloise.
  • [21]
    Loi du 30 décembre 2009 portant des dispositions diverses, Moniteur belge, 31 décembre 2009. Les critères imposés sont les suivants : être une organisation nationale, avoir un fonctionnement interprofessionnel, représenter la majorité des secteurs et des catégories de personnel dans les secteurs privé et public, compter au minimum une moyenne de 125 000 membres cotisants durant les quatre années précédant la reconnaissance et avoir pour objet statutaire la défense des intérêts des travailleurs.
  • [22]
    La méthodologie retenue s’inspire en particulier de la Total Design Method présentée dans D. A. DILLMAN, Mail and internet surveys. The tailered design method, John Wiley & Sons, Hoboken, 2000.
  • [23]
    Quelques membres du SLFP, tels par exemple des enseignants temporaires ou intérimaires, peuvent se trouver momentanément dans le fichier de la CGSLB s’ils reçoivent une indemnité de chômage. De ce fait, notre échantillon peut inclure quelques affiliés en principe membres du SLFP.
  • [24]
    En 2010, la population active (personnes occupées et chômeurs âgés de 15 à 64 ans) comprenait 54,6 % d'hommes. Cf. SPF Économie – Statbel, Indicateurs du marché du travail selon l'âge et le sexe – chiffres absolus et relatifs (1999 – 2010), <http://economie.fgov.be>.
  • [25]
    SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, direction générale Relations individuelles du travail, cellule Organes de participation, Résultats des élections sociales 2008, Bruxelles, janvier 2009, p. 45 et 180.
  • [26]
    SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, Pourcentage de salariés à temps partiel par rapport à l’ensemble des salariés, <http://www.statbel.fgov.be>.
  • [27]
    Rappelons que les membres du SLFP, actifs dans la fonction publique, n’étaient pas concernés par l’enquête, ce qui explique la faible présence des agents des services publics parmi les répondants.
  • [28]
    SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, Salariés : type de contrat (durée indéterminée ou temporaire), sexe, âge et région de résidence, <http://www.statbel.fgov.be>.
  • [29]
    É. ARCQ, M. AUSSEMS, « Implantation syndicale et taux de syndicalisation (1992-2000) », op. cit., p. 18-21.
  • [30]
    Ce constat sur la proportion de membres néerlandophones au sein des organisations syndicales belges vaut également pour la CSC et, dans une moindre mesure, pour la FGTB. Il est loin d’être neuf, comme en atteste J. Neuville (cf. J. NEUVILLE, « Recherches sur quelques caractéristiques du syndicalisme belge », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 10, 1959, p. 3).
  • [31]
    Cf. par exemple R. HYMAN, Understanding European Trade Unionism. Between Market, Class and Society, Sage, Londres, 2001, p. 30-31.
  • [32]
    Cf. notamment D. MEMMI, « L’engagement politique », in M. GRAWITZ, J. LECA, Traité de Science Politique. Tome III. L’action politique, Presses Universitaires de France, Paris, 1985, p. 310-366 ; P. PERRINEAU (dir.), L’engagement politique. Déclin ou mutation ?, Presses de la Fondation nationale de sciences politiques, Paris, 1994.
  • [33]
    La prime syndicale est une somme d’argent versée une fois par an aux travailleurs d’un secteur déterminé lorsqu’ils sont en ordre de cotisation syndicale pour l’année écoulée. Cette somme est versée par les organisations représentatives des travailleurs, à partir d’un fonds constitué au sein du secteur, créé sur la base d’une convention collective de travail (CCT) sectorielle et alimenté par une cotisation patronale calculée le plus souvent sur la base des travailleurs occupés. N’en bénéficient cependant que les travailleurs syndiqués. Les bénéfices de l’action syndicale en termes d’amélioration de la rémunération ou des conditions de travail concernent l’ensemble des salariés auxquels s’applique une CCT, y compris donc les travailleurs non syndiqués. Le mécanisme de la prime syndicale permet donc d’avantager néanmoins quelque peu les travailleurs syndiqués et de limiter le phénomène du free-riding ou passager clandestin tel que décrit par M. Olson (cf. M. OLSON, Logique de l’action collective, Presses Universitaires de France, Paris, 1978). Cf. également J. NEUVILLE, La sécurité syndicale, La Pensée catholique/Office général du Livre, Bruxelles/Paris, 1957 ; « Le problème des avantages réservés aux syndiqués », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 117, 1962 ; « La réservation d’avantages aux syndiqués », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 218-219, 1963.
  • [34]
    É. ARCQ, M. AUSSEMS, « Implantation syndicale et taux de syndicalisation (1992-2000) », op. cit.
  • [35]
    G. DESOLRE, 50 ans de débats sur le contrôle ouvrier, Éditions La Taupe, Bruxelles, 1970 ; G. DESOLRE, « Les réformes de structures mises en perspective », in M. ALALUF (dir.), Changer la société sans prendre le pouvoir. Syndicalisme d’action directe et renardisme en Belgique, Labor, Bruxelles, 2005, p. 44-45 ; É. ARCQ, P. BLAISE, Les organisations syndicales et patronales, op. cit., p. 26-27.
  • [36]
    É. ARCQ, P. BLAISE, Les organisations syndicales et patronales, op. cit., p. 28-29.
  • [37]
    INAMI, Statistiques des assurés sociaux, <http://www.inami.fgov.be>. En 1998, cette proportion était de 5,8 %. Quoique lente, l’érosion est constante sur la dernière décennie.
  • [38]
    Ces données sont celles présentées dans la base du projet « Members and Activists of Political Parties » (MAPP), consultables à l’adresse <http://www.projectmapp.eu>. Les partis non représentés au Parlement fédéral ne figurent pas, sauf exception, dans cette base de données. Cependant, on peut penser que la faiblesse de leurs effectifs ne modifierait pas fondamentalement les proportions évoquées ci-dessus si ces chiffres avaient pu être intégrés au calcul.
  • [39]
    Vu cette méthodologie, le lecteur ne s’étonnera pas que les résultats ici présentés divergent de ceux repris dans P. BLAISE, V. DE COOREBYTER, J. FANIEL, C. SÄGESSER, « Les résultats des élections régionales, communautaires et européennes du 7 juin 2009 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2043-2044, 2009.
  • [40]
    N. BOBBIO, Droite et gauche, Seuil, Paris, 1996.
  • [41]
    Ibidem, p. 27.
  • [42]
    Les travaux d’historiens consacrés au XIXe siècle ou au début du XXe siècle attestent en effet d’une vitalité associative en lien avec les trois piliers qui semble aujourd’hui s’être significativement atténuée.
Français

L’existence d’une organisation syndicale libérale est une originalité belge. La Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB) a pourtant suscité peu d’intérêt scientifique. Le Courrier hebdomadaire entend combler cette lacune en livrant les résultats d’une enquête sur le profil de ses membres, réalisée par l’Université de Gand et le CRISP à la demande du syndicat libéral. La publication de ces résultats apporte de nouveaux éléments à la connaissance de la CGSLB et, plus largement, du monde syndical belge, acteur majeur dans l’élaboration de la décision en Belgique.
Après avoir présenté les caractéristiques du syndicat libéral et la méthodologie de l’enquête, les auteurs dressent le portrait des affiliés de la CGSLB. Il s’avère que ceux-ci sont majoritairement des ouvriers, contrairement aux idées reçues, et qu’ils sont attachés à sa double dimension, syndicale et libérale, a priori contradictoire. L’enquête confirme cette proximité sociologique et politique avec le monde libéral, à travers l’examen du comportement électoral et de l’affiliation à une mutuelle et à un parti. Autrement dit, la pilarisation, qui fut à l’origine même de l’apparition d’un syndicat libéral en Belgique et qui explique probablement aussi sa survie, demeure palpable.

Jean Faniel
Carl Devos
Steven Lannoo
Manu Mus
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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L’existence d’une organisation syndicale libérale est une originalité belge. La Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB) a pourtant suscité peu d’intérêt scientifique. Le Courrier hebdomadaire entend combler cette lacune en livrant les résultats d’une enquête sur le profil de ses membres. Cette enquête a été réalisée par le Ghent Institute for Political Studies (GhIPS) de l’Université de Gand et le CRISP à la demande de la CGSLB. Elle avait pour but de répondre à des questionnements internes, mais la direction du syndicat a manifesté d’emblée de l’intérêt pour la publication des résultats.
Après avoir présenté les structures de la CGSLB et la méthodologie de l’enquête, les auteurs dressent le profil des membres du syndicat. Contrairement aux idées reçues, il s’avère que la CGSLB affilie majoritairement des ouvriers. L’enquête montre aussi que les affiliés de la CGSLB sont attachés à la double dimension, syndicale et libérale, dont se revendique la CGSLB et qui peut paraître contradictoire. D’autres dimensions mises à jour confirment cette proximité sociologique et politique avec le monde libéral. Qu’on examine l’affiliation mutuelliste, l’affiliation partisane ou le comportement électoral, on est frappé de constater la forte présence des organisations libérales dans les réponses des affiliés de la CGSLB. Autrement dit, la pilarisation, qui a marqué la Belgique à partir du XIXe siècle et qui explique l’apparition même d’un syndicat libéral et probablement aussi sa survie jusqu’à aujourd’hui, demeure palpable.
Mis en ligne sur Cairn.info le 23/06/2011
https://doi.org/10.3917/cris.2097.0005
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