CAIRN.INFO : Matières à réflexion

INTRODUCTION

1 À l’est de la Belgique se situe une région où l’allemand est la langue officielle, et sur laquelle la Communauté germanophone, institution politique autonome, exerce ses compétences. Cette région s’étend sur des territoires qui ont été octroyés à la Belgique après la Première Guerre mondiale, en guise de dédommagement pour les destructions infligées par l’armée allemande. On les désignait autrefois sous l’appellation de « cantons rédimés », aujourd’hui encore on parle volontiers de « cantons de l’Est ». Cette dernière expression, toutefois, incluait les communes de Malmedy et Waimes qui ne font pas partie de la région de langue allemande ni du territoire sur lequel la Communauté germanophone exerce ses compétences, mais bien de la région de langue française, et du territoire sur lequel la Communauté française exerce ses compétences.

2La région de langue allemande comprend neuf communes :

tableau im1
Amblève (Amel) Bullange (Büllingen) Burg Reuland Butgenbach (Bütgenbach) Eupen La Calamine (Kelmis) Lontzen Raeren Saint-Vith (Sankt Vith)

3Ensemble, ces neuf communes couvrent une superficie d’approximativement 850 km², soit un peu moins de 3 % du territoire national.

4 Ces neuf communes font partie de la province de Liège, qui elle-même constitue l’une des cinq provinces de la Région wallonne. La frontière linguistique, qui sépare ces neuf communes où l’allemand est la langue officielle de la région de langue française a été établie en 1963. Ces communes sont des communes germanophones avec un régime de facilités pour les francophones.

5 La région de langue allemande constitue le territoire sur lequel la Communauté germanophone exerce son autorité. Cette communauté exerce les mêmes compétences que celles qui sont dévolues aux Communautés française et flamande (enseignement, matières culturelles et personnalisables, à l’exception de l’emploi des langues, sauf en matière d’enseignement) mais aussi un certain nombre de compétences régionales, que lui a transférées la Région wallonne (monuments et sites, politique de l’emploi, tutelle sur les communes). Le siège des institutions de la Communauté germanophone se trouve à Eupen.

6 La Communauté germanophone, entité fédérée à part entière, est un acteur parfois marginalisé dans le jeu politique lors des réformes institutionnelles. La loi ordinaire du 31 décembre 1983 qui organise les pouvoirs en Communauté germanophone est adaptée trois ans après la grande réforme de 1980 qui crée les Communauté française et flamandes. Les mécanismes organisant l’équilibre linguistique entre francophones et néerlandophones ignorent l’existence des germanophones ; il en est ainsi de la parité obligatoire au sein du gouvernement fédéral entre francophones et néerlandophones : cette disposition interdirait-elle à un germanophone de devenir ministre fédéral ?

7 Région à l’histoire différente de celle des autres parties du pays, entité fédérée dont les pouvoirs sont issus d’un processus de réforme de l’État né d’un conflit linguistique auquel elles n’étaient pas partie prenante, la région de langue allemande et la Communauté germanophone sont des acteurs atypiques du fédéralisme belge. Si la Communauté germanophone a reçu des compétences presque identiques à celles des autres communautés, elle ne dispose cependant pas, contrairement à elles, de l’autonomie constitutive. En revanche, via les mécanismes de transfert de compétences de la Région wallonne, elle exerce des compétences régionales, telle que la politique de l’emploi. Les Belges germanophones ont-ils reçu une très large autonomie (on parle parfois d’eux comme de la minorité la mieux protégée d’Europe, avec un Parlement élu et un gouvernement pour seulement 75 000 personnes, et un député européen) en quelque sorte fortuitement, parce qu’elle était réclamée et obtenue par les Flamands et les Wallons ? Sont-ils, comme on le lit parfois, les Belges les plus attachés au maintien de l’État fédéral ? Les responsables politiques germanophones ont aujourd’hui développé un cahier de revendications qui aboutirait à faire de leur communauté une communauté-région, concentrant dans les mêmes mains les deux types de compétences. Cette vision anticiperait-elle sur l’évolution du paysage institutionnel du pays, à l’heure où les francophones réfléchissent à de nouvelles solutions institutionnelles et où des mouvements bruxellois revendiquent plus d’autonomie pour leur région et l’octroi de compétences communautaires ? Sans chercher à apporter de réponses à ces questions, le présent Courrier hebdomadaire propose une introduction tant à l’histoire qu’à la réalité politique, économique et sociale de la région de langue allemande aujourd’hui.

1. BREF PARCOURS HISTORIQUE

8Avant la Révolution française, les territoires qui constituent actuellement la région de langue allemande faisaient partie soit du duché de Limbourg (Eupen), soit du duché de Luxembourg (Saint-Vith), soit de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. Après la conquête française, en 1795, ils furent englobés dans le département de l’Ourthe. Suite à la défaite napoléonienne, le Congrès de Vienne (1815) décida de l’attribution de ces terres à la Prusse. La possession du territoire de Moresnet, où se trouve La Calamine (mines de la Vieille Montagne) est alors disputée à la Prusse par les Pays-Bas. En 1816 intervint un partage entre les deux États, la Calamine (Kelmis) devenant un territoire neutre. À la fin du XIXe siècle, le développement du nationalisme allemand entraînera l’imposition forcée de l’usage de l’allemand dans la région de Malmedy, demeurée jusqu’alors essentiellement francophone.

1.1. LES BELGES DE LANGUE ALLEMANDE : DES « CANTONS RÉDIMÉS » À L’APRÈS-1945

9Après la Première Guerre mondiale, la Belgique obtiendra à la conférence de Versailles des réparations de l’Allemagne pour les dommages infligés, mais aussi la souveraineté sur les arrondissements (Kreise) d’Eupen et de Malmedy ainsi que sur le territoire de Moresnet neutre et de Moresnet prussien. Cette revendication de la Belgique à Versailles s’appuyait sur des justifications historiques (l’unicité du territoire sous le régime français), linguistiques (pour Malmedy), mais surtout économiques. Pleine et entière en ce qui concerne Moresnet, la souveraineté belge sur Eupen et Malmedy fut conditionnée à l’approbation via une consultation populaire (article 34 du Traité de Versailles). Cette consultation sera organisée au début de l’année 1920 : le 26 janvier 1920, des registres sont ouverts à Eupen et à Malmedy afin que ceux qui s’opposent au rattachement à la Belgique y expriment leur refus. Sur 33 726 personnes susceptibles de s’exprimer, seules 271 useront de ce droit et consigneront leur refus dans les registres. La légitimité de ce résultat, eu égard aux modalités d’organisation de la consultation, était pour le moins discutable. Néanmoins, le 20 septembre 1920, la Société des nations proclama le rattachement d’Eupen-Malmedy à la Belgique. Une loi du 6 mars 1925 intégra définitivement ces régions dans le Royaume de Belgique, et la Constitution belge y entrera en vigueur le 1er janvier 1926. En application de cette loi, l’arrêté royal du 4 octobre 1925 réglant, au point de vue de la législation, le statut des cantons d’Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith, établit des dispositions spéciales sur l’emploi des langues dans ces cantons. Il stipulait notamment que dans ces cantons, « les avis et communications que les services locaux de l’Etat, de la province ou des autorités publiques qui leurs sont subordonnées, ainsi que les communes, adressent au public, seront rédigés en langue allemande et en langue française et, s’il y a lieu, également en langue néerlandaise ». Ce statut sera préservé par la loi du 28 juin 1932 relative à l’emploi des langues en matière administrative, dont l’article 12 stipule qu’elle ne s’applique pas aux cantons d’Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith.

10Durant cette année 1926, des négociations secrètes visant à rétrocéder les territoires à l’Allemagne contre compensation financière échouèrent [1]. Des indices montrent que l’opposition à l’intégration au sein du Royaume de Belgique grandit durant l’entre-deux-guerres. Entre 1920 et 1925, divers journaux publiés dans la région revendiquent une révision du Traité de Versailles. Pour contrecarrer leur action, les autorités belges favorisent alors la naissance d’un organe de presse pro-belge en langue allemande : le Grenz Echo. Ce titre est aujourd’hui le seul quotidien belge de langue allemande. En 1929, le Christliche Volkspartei Eupen-Malmedy-Saint-Vith est créé avec à son programme l’obtention d’une vraie consultation populaire. Ce parti obtient d’emblée 52,1 % des voix contre 19,4 % au parti catholique et 23,3 % au parti ouvrier aux élections législatives d’avril 1929. Durant les années 1930, le Christliche Volkspartei se radicalisera, et renoncera en 1936 à présenter des candidats, au profit du parti pronazi Heimattreue Front, qui recueillera près de la moitié des suffrages en 1939.

11Après le 18 mai 1940, l’occupant allemand décrète l’intégration d’Eupen-Malmedy dans le Troisième Reich. Les habitants reçoivent la nationalité allemande le 23 septembre 1941. Exilé à Londres, ce n’est qu’en juillet 1943 que le gouvernement belge proteste. Environ 8 000 hommes issus de cette région seront enrôlés de force dans la Wehrmacht ; envoyés pour la plupart au front de l’Est, ils seront près de 3 000 tués ou portés disparus. En 1962, un accord avec l’Allemagne (traité belgo-allemand du 21 septembre 1962) prévoira le versement de 30 millions de DM en faveur des victimes de la guerre dans les régions belges annexées.

12Après la Libération, l’auditorat militaire spécial ne tiendra pas compte de la contrainte à laquelle étaient soumis les habitants d’Eupen Malmedy [2]. Deux conseils de guerre siègent à Eupen et à Malmedy de février 1946 à juin-juillet 1947. Les magistrats vont ouvrir 15 623 dossiers d’instruction, touchant ainsi près de 25 % de la population, chiffre loin au-dessus de la moyenne nationale, laquelle se situait à 4,15 %.

13Le 15 janvier 1945, un commissaire d’arrondissement adjoint est nommé pour les trois cantons de l’Est. Résidant à Malmedy, il est chargé de faire la liaison entre les administrations locales, la province et le gouvernement national. Les années d’après-guerre sont celles de la mise en œuvre d’une politique de francisation de cette région, à laquelle la loi du 30 juillet 1963 concernant le régime linguistique dans l'enseignement viendra mettre un terme.

1.2. LES GERMANOPHONES ET LA RÉFORME DE L’ÉTAT

1.2.1. La délimitation de la région linguistique de langue allemande

14La loi du 2 août 1963 sur l’emploi des langues en matière administrative crée quatre régions linguistiques : la région de langue néerlandaise, la région de langue française, la région de langue allemande et Bruxelles-Capitale (art. 2). L’article 5 de cette loi dresse la liste des communes qui font partie de la région de langue allemande. La frontière linguistique ainsi fixée répartit les communes qui avaient été annexées par la Belgique en 1919 entre la région de langue allemande (les neuf communes du canton d’Eupen, les onze communes de celui de Saint-Vith, quatre communes sur dix du canton de Malmedy et La Calamine) et la région de langue française (six communes sur dix du canton de Malmedy) [3].

15Le régime linguistique en vigueur dans les services locaux de l’Etat et les communes, tel qu’établi par l’arrêté royal du 4 octobre 1925, est supprimé (art. 58,1°). Dans la région de langue allemande, la langue officielle est l’allemand et un régime de facilités est prévu dans les communes pour les francophones.

1.2.2. La révision de la Constitution

16L’idée de créer des institutions spécifiques pour les Belges de langue allemande, qu’on allait bientôt appeler germanophones, est née au sein de la commission tripartite pour la Réforme des institutions constituée en 1964 à l’initiative du gouvernement de Théo Lefèvre. Cependant, les conclusions de cette commission ne préconisaient pas la mise sur le même pied des institutions à créer pour les Belges de langue allemande avec celles qui allaient gérer des compétences culturelles pour les « grandes » communautés, de langue néerlandaise et de langue française : si les conseils culturels des communautés de langue française et de langue néerlandaise devaient être créés par une loi, une institution culturelle pour les Belges de langue allemande, dont l’appellation n’était pas précisée, serait créée par simple arrêté royal [4].

17Cinq ans plus tard, le « Groupe des 28 », un groupe de parlementaires réunis à l’initiative du gouvernement Eyskens IV, préconisait de reconnaître dans la Constitution l’existence de trois communautés culturelles : française, néerlandaise et allemande. C’est cette proposition qui l’emporta, et un article 3ter reconnaissant l’existence de ces trois communautés fut introduit dans la Constitution. Un article 59ter prévoyait la mise en place des institutions propres à la Communauté germanophone. Dans le projet initial du gouvernement, le soin de régler la compétence et la composition du conseil de la communauté culturelle allemande était laissé à une future loi. Cependant, le Sénat adopta (à l’unanimité) une version modifiée qui prévoyait l’élection des membres du conseil :

18

« Article 59ter :
Il y a un conseil culturel pour la communauté culturelle allemande.
La loi détermine la composition du conseil, les modalités de présentation et d’élection de ses membres et le mode suivant lequel il exerce ses attributions.
Elle lui confère la compétence de régler les matières culturelles qu’elle désigne et arrête les formes de coopération avec les autres communautés culturelles. »

19La Chambre des représentants, cependant, amenda le texte adopté par le Sénat, et revint à la proposition initiale du gouvernement :

20

« Article 59ter :
Il y a un conseil de la communauté culturelle allemande.
La loi détermine sa composition et sa compétence. »

21C’est ce texte qui fut sanctionné et publié au Moniteur belge.

1.2.3. La loi du 10 juillet 1973

22L’article 59ter fut mis en œuvre par la loi du 10 juillet 1973 [5], qui institua un conseil composé de 28 membres élus par les électeurs de la région de langue allemande. Se joignaient à eux avec voix consultative, les députés et sénateurs de l’arrondissement de Verviers et les conseillers provinciaux qui étaient domiciliés dans une commune de la région de langue allemande et avaient prêté serment en allemand. Contrairement aux deux autres conseils culturels, le Conseil culturel de la Communauté culturelle allemande ne disposait pas du pouvoir décrétal. Le Conseil culturel était chargé d’émettre, d’initiative ou à la demande du président de la Chambre ou du Sénat, un avis sur les projets touchant aux matières culturelles, à l’enseignement et à l’emploi des langues. Le Conseil disposait en outre de pouvoirs spécifiques : il pouvait prendre des arrêtés réglementaires concernant le financement des activités culturelles, et l’application de la législation en matière culturelle et d’enseignement à condition que la loi le prévoie expressément (cela ne fut le cas que d’une seule loi, la loi du 18 février 1977 portant certaines dispositions relatives au service public de radiodiffusion). Le Conseil pouvait également fixer par arrêté réglementaire le nombre d’heures de cours d’allemand dans les écoles de langue française et de français dans les écoles de langue allemande après avis des chefs d’établissements et des associations de parents concernés. Sa décision en la matière devait toutefois être ratifiée par le Parlement. Le Conseil disposait également du pouvoir de régler les modalités de nomination et de fonctionnement de la Commission pour la traduction officielle allemande des lois et règlements.

23La loi de 1973 ne prévoyait pas d’exécutif propre à la Communauté culturelle allemande. Le pouvoir exécutif était exercé par un ou plusieurs ministres du gouvernement national disposant de cette attribution. À partir de 1982, ce fut le Premier ministre, en application de l’arrêté du 24 décembre 1981.

24Le 21 novembre 1977, le Conseil culturel adopta, à l’unanimité, une résolution réclamant l’octroi du pouvoir décrétal dans les matières culturelles et personnalisables, et la mise en place d’un collège exécutif responsable devant lui. Des propositions de loi allant dans ce sens furent déposées à la Chambre par des parlementaires germanophones sans être discutées. Lorsqu’en février 1981 le Conseil fut appelé à rendre un avis sur la proposition de révision de l’article 59ter, il redit sa volonté d’obtenir le pouvoir décrétal, mais souhaitait le voir étendu à d’autres matières, notamment régionales, comme la protection de la nature ou la tutelle sur les communes, considérant que l’on ne pouvait appliquer à la Communauté culturelle allemande des structures institutionnelles créées pour les deux grandes Communautés linguistiques et eu égard à leur compétence conjointe sur le territoire bruxellois [6]. Le projet de modification de l’article 59ter déposé par le gouvernement Eyskens en mai 1981 à la Chambre ne retint pas l’octroi de compétences régionales mais laissait à la loi le soin de régler les relations entre les organes de la Communauté germanophone et ceux de la Région wallonne. Le paragraphe premier de l’article 59ter proposé prévoyait en effet [7] :

25

« Il y a un Conseil et un exécutif de la Communauté germanophone dont la composition et le fonctionnement sont fixés par la loi.
Le Conseil est composé de mandataires élus.
La loi règle les relations entre les organes de la Communauté germanophone et ceux de la Région wallonne. »

26Le député F. Evers déposa des amendements reprenant les revendications du Conseil de la Communauté culturelle allemande en matière de compétences ; il fut soutenu par les députés de la Volksunie, des groupes FDF-RW et PRL-PVV. Ces députés quittèrent la séance au moment du vote le 9 juillet 1981, ce qui empêcha le projet de révision de l’article 59ter d’être voté, le quorum des deux tiers n’étant pas atteint.

1.2.4. La révision de l’article 59ter

27La révision de l’article 59ter était à nouveau au programme du gouvernement Martens-Gol (sociaux-chrétiens libéraux) formé en décembre 1981, qui déposa un projet en mai 1982. La nouvelle version de l’article 59ter prévoyait un conseil composé de mandataires élus et un exécutif, dont la composition et le fonctionnement seraient fixés par la loi.

28

« Article 59ter.
§ 1er. Il y a un conseil et un exécutif de la Communauté germanophone dont la composition et le fonctionnement sont fixés par la loi.
Le Conseil est composé de mandataires élus.
L’article 45 est applicable aux membres du Conseil.
§ 2. Le Conseil règle par décret :
1° les matières culturelles ;
2° les matières personnalisables ;
3° l’enseignement, dans les limites fixées par l’article 59bis, § 2,2° ;
4° la coopération entre les communautés, la coopération culturelle internationale ainsi que la coopération internationale dans les matières visées au 2°.
Ces décrets ont force de loi dans la région de langue allemande. La loi arrête les matières culturelles et personnalisables visées aux 1° et 2°, ainsi que les formes de coopération visées au 4°.
§ 3. Sur proposition de leur exécutif respectif, le Conseil de la Communauté germanophone et le Conseil régional wallon peuvent, par décrets, décider de commun accord que le Conseil et l’exécutif de la Communauté germanophone exercent, dans la région de langue allemande, en tout ou en partie, des compétences de la Région wallonne.
Ces compétences sont exercées, suivant le cas, par voie de décrets, d’arrêtés ou de règlements.
(…) »

29 Une disposition transitoire indiquait que la loi du 10 juillet 1973 resterait en vigueur jusqu’à l’entrée en vigueur des lois fixant la composition et le fonctionnement des organes de la Communauté germanophone.

30 Le troisième paragraphe du nouvel article 59ter fit l’objet d’une discussion approfondie tant à la Chambre qu’au Sénat : était-il possible de prévoir le transfert de compétences régionales à une communauté ? L’accord se fit autour de la notion d’exercice des compétences et non de transfert de ces compétences elles-mêmes. Le même mécanisme sera retenu plus tard pour les transferts de compétence de la Communauté française à la Région wallonne et à la COCOF.

31La Communauté germanophone disposait donc désormais d’une assemblée législative composée d’élus, et était dotée des mêmes compétences que les deux autres communautés. Potentiellement, ses compétences pourraient même être plus larges, puisqu’elle pourrait exercer des compétences régionales transférées par la Région wallonne.

1.2.5. La loi du 31 décembre 1983

32Le gouvernement Martens-Gol déposa un projet de loi spéciale relative à la Communauté germanophone à la Chambre le 2 juillet 1981.

33Le Conseil de la Communauté culturelle allemande, appelé à rendre son avis conformément à la loi du 10 juillet 1973, formula une série de demandes de modifications. En ce qui concerne la composition du futur Conseil, il réclama le maintien des parlementaires et conseillers germanophones comme membres avec voix consultative. En ce qui concerne ses compétences, il suggéra que le conseil puisse régler par arrêté le nombre d’heures de cours données en français et en allemand dans les écoles primaires. Le conseil réclama également l’octroi de nouveaux moyens financiers. Plusieurs autres remarques tendaient à assurer une meilleure prise en considération de l’allemand, langue officielle : le conseil estimait que les services de l’exécutif devaient utiliser exclusivement la langue allemande. Il réclamait la modification du cadre du Conseil d’État pour y adjoindre deux membres, deux auditeurs et deux greffiers qui auraient une connaissance approfondie de l’allemand ; il réclamait que l’on tienne également compte de l’existence de la Communauté germanophone dans l’organisation et le fonctionnement de la Cour d’arbitrage. Il souhaitait également que le président de l’exécutif de la Communauté germanophone soit membre permanent du Comité de concertation. Le conseil suggérait également que la commission pour la traduction officielle allemande des lois, arrêtés et règlements soit transférée auprès du Commissariat d’arrondissement compétent pour la langue allemande. Le gouvernement tint compte de cette dernière suggestion, ainsi que d’une autre demande, à savoir de repousser la tenue des premières élections à octobre 1986.

34Les suggestions du conseil non retenues par le gouvernement seront réintroduites sous forme d’amendements durant les discussions parlementaires.

35Parmi les amendements déposés lors des travaux à la Chambre, celui de F. Baert, prévoyant que les membres de l’exécutif seraient obligatoirement élus par le conseil en son sein, une idée également défendue par le Conseil de la Communauté culturelle allemande, fit l’objet d’une intéressante discussion. Les partisans de cet amendement estimaient qu’il était plus démocratique que les membres de l’exécutif appartiennent au Conseil, et préférable que la loi prévoit le même mécanisme pour les institutions germanophones que pour les Communautés française et flamande. La volonté démocratique s’exprimait à travers le souci de la légitimité que constituait l’élection, et la mise en place d’un contrepoids au glissement de pouvoir observé du pouvoir législatif vers le pouvoir exécutif. Quant à l’égalité réclamée avec les deux autres communautés, elle s’expliquait par le fait que les membres des exécutifs prévus par la loi du 8 août 1980 étaient tous élus au sein de leurs Conseils. L’amendement fut rejeté. En revanche le texte fut modifié sur amendement en ce qui concerne la composition du Conseil d’État : celui-ci devrait comprendre au moins un membre, un assesseur, un greffier et deux auditeurs ayant une connaissance approfondie de l’allemand. Concernant l’emploi des langues, si le projet de loi prévoyait que la communication de la Communauté culturelle allemande destinée au public se fasse en allemand et en français, il fut amendé sur ce point pour faire de l’allemand l’unique langue de communication : les documents n’en seraient fournis en français qu’à la demande des intéressés. La Commission parlementaire rejeta un amendement prévoyant que tous les textes légaux et réglementaires soient désormais publiés au Moniteur belge avec une traduction en allemand, et que tous les projets de loi déposés au Parlement soient accompagnés, eux aussi, d’une traduction.

36Lors de l’examen du projet en séance plénière, la Chambre adopta un amendement qui avait été rejeté en commission, permettant aux sénateurs, députés et conseillers provinciaux germanophones de siéger avec voix consultative au conseil.

37Lors de l’examen du projet de loi par le Sénat, seules des corrections techniques y furent apportées et la loi de réformes institutionnelles pour la Communauté germanophone fut promulguée le 31 décembre 1983 [8].

38L’élection des membres du Conseil fut organisée pour la première fois le 26 octobre 1986. La Communauté germanophone était alors la seule institution politique issue de la réforme de l’État à avoir une assemblée législative composée de membres directement élus.

1.2.6. L’élargissement des compétences

39En 1988 et 1989 s’est déroulée une phase cruciale de la réforme de l’État. La loi du 8 août 1980 qui définit les compétences des régions a été modifiée par la loi spéciale de réformes institutionnelles du 8 août 1988. Les compétences des régions et des communautés ont été élargies. Par ailleurs les institutions de la Région de Bruxelles-Capitale ont été créées par la loi spéciale du 12 janvier 1989.

40En ce qui concerne les communautés, le transfert important est celui de la quasi-totalité de l’enseignement, les seules exceptions étant la fixation du début et de la fin de l’obligation scolaire, les conditions minimales pour la délivrance des diplômes et le régime des pensions, compétences qui restaient fédérales.

41Pour la Communauté germanophone, l’octroi de cette compétence, dont les responsables politiques germanophones n’étaient pas unanimement demandeurs en raison du coût important de l’enseignement, va augmenter dans une proportion très importante tant son budget que son administration. La même réforme accorda aux communautés le droit de conclure des traités internationaux dans les matières culturelles, personnalisables et d’enseignement ; elle présente donc une étape importante, y compris sur le plan symbolique, dans l’autonomie des entités fédérées.

42Par ailleurs, l’octroi de nouvelles compétences aux régions ouvrit la perspective de transfert de leur exercice de la Région wallonne à la Communauté germanophone.

43La loi du 31 décembre 1983 fut modifiée suite à l’adoption de la loi spéciale du 8 août 1988.

44Après la création des institutions bruxelloises, la composition du Comité de concertation fut modifiée pour y inclure des représentants de l’exécutif de la Région de Bruxelles-Capitale ; on n’y prévit cependant pas de représentant de la Communauté germanophone. Il faudra attendre 2006 pour qu’une loi prévoie la présence du président du gouvernement de la Communauté germanophone [9].

1.2.7. La Communauté germanophone au sein de l’État fédéral

45Bien que les réformes antérieures aient déjà donné à l’État belge certaines caractéristiques d’un État fédéral, c’est la réforme de 1993 qui entérina cette évolution : la Constitution proclamant alors que « la Belgique est un État fédéral qui se compose des régions et des communautés » (article premier).

46Depuis la renumérotation de la Constitution opérée à cette occasion, les compétences de la Communauté germanophone sont désormais définies à l’article 130 :

47

« § 1er. Le Parlement de la Communauté germanophone règle par décret :
1° les matières culturelles;
2° les matières personnalisables;
3° l’enseignement dans les limites fixées par l’article 127, § 1er, alinéa 1er, 2° ;
4° la coopération entre les communautés, ainsi que la coopération internationale, y compris la conclusion de traités, pour les matières visées aux 1°, 2° et 3°.
La loi arrête les matières culturelles et personnalisables visées aux 1° et 2°, ainsi que les formes de coopération visées au 4° et le mode selon lequel les traités sont conclus.
§ 2. Ces décrets ont force de loi dans la région de langue allemande. »

48Les compétences des Communautés française et flamande sont, elles, définies conjointement aux articles 127 à 129.

49La Communauté germanophone, qui apparaissait initialement comme « la troisième communauté », moins importante que la Communauté française et la Communauté flamande, et dont les institutions ont été organisées plus tard également, est devenue au fil de la réforme de l’État une entité fédérée à part entière ; subsiste aujourd’hui encore une différence au niveau des compétences : son territoire étant composé de communes à statut linguistique spécial, la Communauté germanophone n’exerce pas de compétences en matière d’emploi des langues (sauf en matière d’enseignement, cf. infra). En revanche, la Communauté germanophone allait recevoir de nouvelles compétences de la Région wallonne.

1.2.8. Les transferts de compétence

50L’article 139 de la Constitution prévoit que la Région wallonne peut transférer à la Communauté germanophone, avec l’accord de cette dernière, l’exercice de certaines compétences :

51

« Sur proposition de leurs gouvernements respectifs, le Conseil de la Communauté germanophone et le Conseil de la Région wallonne peuvent, chacun par décret, décider d’un commun accord que le conseil et le gouvernement de la Communauté germanophone exercent, dans la région de langue allemande, en tout ou en partie, des compétences de la Région wallonne (…). »

52Trois transferts de compétence ont été organisés jusqu’à présent.

53Au 1er janvier 1994, les monuments et les sites ont été transférés [10]. Il s’agissait jusqu’alors d’une exception, réservée aux régions, au sein des matières culturelles transférées aux communautés.

54Au 1er janvier 2000, les compétences régionales en matière de politique de l’emploi et, accessoirement, de fouilles (une exception avait été prévue lors du transfert de la compétence sur les Monuments et les sites) ont été transférées [11]. Une dotation permettant de rencontrer les dépenses occasionnées par l’exercice de ces compétences est octroyée par la Région wallonne. Lors du transfert de la politique de l’emploi, la propriété de certains immeubles appartenant à l’Office communautaire et régional de la formation professionnelle et de l’emploi situés sur le territoire de la région de langue allemande a été transférée à la Communauté germanophone. Un transfert de personnel s’est également opéré [12].

55Au 1er janvier 2005, la tutelle sur les communes et les zones de police, la mise en œuvre des travaux subsidiés, le financement des communes, les fabriques d’église et établissements assimilés, les funérailles et les sépultures ont été transférées [13]. Il s’agit de compétences qui avaient été octroyées aux régions par la loi spéciale du 11 juillet 2001 [14].

1.2.9. L’emploi des langues

56Toutes les communes de la région de langue allemande étant des communes à statut spécial, l’emploi des langues y est régi par l’Autorité fédérale, sauf en ce qui concerne l’enseignement, où cette compétence a été octroyée à la Communauté germanophone en 1997, suite à une modification de l’article 130 de la Constitution qui a ajouté un cinquième paragraphe à la liste des compétences de la Communauté germanophone :

57

« § 1er. Le Parlement de la Communauté germanophone règle par décret : (…)
5° l’emploi des langues pour l’enseignement dans les établissements créés, subventionnés ou reconnus par les pouvoirs publics. »

58Il s’agissait de répondre à une revendication ancienne de la Communauté germanophone.

59Par ailleurs, si la Belgique compte trois langues officielles, l’allemand ne bénéficie cependant pas du même statut que le néerlandais et le français.

60La publication des lois en langue allemande est régie par la loi du 31 mai 1961 réglant l’emploi des langues en matière administrative, et celle des arrêtés royaux par un arrêté royal du 18 juillet 1966. Les lois et arrêtés en vigueur n’ont cependant pas tous été traduits en langue allemande. Un arrêt de la Cour d’arbitrage l’impose pour les documents postérieurs au 1er janvier 1989 [15].

61Les textes de 1961 et 1966 ont été modifiés par deux lois : la loi du 21 avril 2007 réglant la publication en langue allemande des lois et arrêtés royaux ainsi que des arrêtés ministériels d’origine fédérale, dont la date d’entrée en vigueur n’est pas encore fixée (mais, à défaut d’une décision du Conseil des ministres, au plus tard le 1er janvier 2009), prévoit l’obligation de publier au Moniteur belge la traduction en langue allemande de toutes les lois « dans un délai raisonnable [16] ». La loi ci-joint prévoit que les communications à destination du public de langue allemande se fassent dans cette langue [17].

62La loi du 21 avril 2007 a pour origine une proposition de loi déposée au Sénat par Berni Collas, sénateur de la Communauté germanophone, et consorts [18]. Elle prévoit que le service central de traduction allemande du SPF Intérieur assure la traduction des lois en langue allemande, et que chaque ministre du gouvernement fédéral assure la traduction des arrêtés royaux et ministériels qui relèvent de ses attributions et présentent un intérêt pour les habitants de la région de langue allemande. L’article 76 de la loi du 31 décembre 1983, qui prévoyait que le commissaire d’arrondissement pour la région de langue allemande était compétent pour la diffusion de la traduction en langue allemande, est abrogé.

63En ce qui concerne les normes de la Région wallonne, la traduction en allemand et en néerlandais des décrets du Parlement wallon, et celle, en allemand uniquement, des arrêtés du gouvernement wallon, sont imposées par la loi spéciale du 8 août 1980 [19].

64Quant aux documents parlementaires de la Chambre, du Sénat et du Parlement wallon, ils ne sont traduits en langue allemande que lorsqu’ils concernent la région de langue allemande. Par ailleurs, ce n’est qu’en 1991 que le texte officiel de la Constitution a été établi en allemand.

1.2.10. La loi du 7 janvier 2002

65La loi du 7 janvier 2002 a modifié la loi du 31 décembre 1983, principalement pour mettre la loi en concordance avec les modifications intervenues dans la loi de financement, mais elle a également fait passer le nombre le nombre maximal de ministres du gouvernement de la Communauté germanophone de trois à cinq [20]. Il sera fait usage de cette possibilité après les élections de 2004, le nombre de ministres passant alors de trois à quatre.

2. LA COMMUNAUTÉ GERMANOPHONE

66La Communauté germanophone est l’une des huit entités fédérées [21] qui composent l’État fédéral belge. Elle exerce des compétences larges sur un territoire restreint : elle exerce l’ensemble des compétences communautaires – donc les mêmes compétences que celles qui étaient celles de la Communauté française avant qu’elle ne transfère l’exercice de certaines d’entre elles à la Région wallonne et à la COCOF – mais aussi des compétences régionales, dont l’exercice lui a été transféré par la Région wallonne. Son territoire est cependant limité aux neuf communes de la région de langue allemande.

2.1. INSTITUTIONS

67Les organes politiques de la Communauté germanophone sont le Parlement de la Communauté germanophone (Parlament der Deutschprachigen Gemeinschaft) et le gouvernement de la Communauté germanophone (Regierung der Deutschprachigen Gemeinschaft).

68Le Parlement de la Communauté germanophone se compose de 25 membres élus directs. Ils sont élus par les électeurs de la région de langue allemande pour un mandat de cinq ans.

69Le Parlement élabore et vote les décrets qui sont les normes législatives de la Communauté germanophone dans les matières qui lui sont dévolues. Comme les autres assemblées comparables, il dispose du droit d’enquête. Ce dernier a été mis en œuvre à propos de fraudes touchant le subventionnement d’infrastructures sportives et culturelles (commission qui a été déchargée de la poursuite de ses travaux en avril 1995), ainsi qu’à propos des agissements de la Fondation (allemande) Hermann-Niermann (d’extrême droite).

70Le gouvernement de la Communauté germanophone est composé de trois à cinq ministres, élus par le Parlement devant lequel ils sont responsables. Comme le Parlement, il a l’initiative des décrets. Le gouvernement sanctionne et promulgue les décrets votés par le Parlement.

71Le Ministère de la Communauté germanophone, qui se trouve à Eupen, emploie environ 160 personnes, et est structuré en quatre directions :

  • Services généraux ;
  • Affaires culturelles ;
  • Enseignement et formation ;
  • Emploi, affaires sociales et formation.

2.2. COMPÉTENCES

72La Communauté germanophone est compétente pour les mêmes matières que les Communautés française et flamande, à l’exception de l’emploi des langues en dehors de l’enseignement : ses neuf communes étant des communes à statut linguistique spécial, l’emploi des langues y est réglé par l’Autorité fédérale. La Communauté germanophone est donc compétente pour les matières culturelles, l’enseignement et la recherche, ainsi que les matières personnalisables.

2.2.1. Les matières culturelles

73Les matières culturelles comprennent :

  • la défense de la langue ;
  • les beaux-arts ;
  • le patrimoine culturel et les musées ;
  • la formation artistique ;
  • les médias : la radio et la télévision ainsi que les bibliothèques et les médiathèques ;
  • la politique de la jeunesse et la formation permanente ;
  • les sports ;
  • les loisirs et l’animation culturelle ;
  • le tourisme et le tourisme social ;
  • la promotion sociale ;
  • la reconversion et le recyclage professionnel ;
  • l’encouragement à la formation des chercheurs.

74La politique muséale est régie par le décret relatif à la promotion des musées et des publications dans le domaine du patrimoine culturel du 7 mai 2007, qui fixe notamment les conditions d’agrément et de subsidiation des institutions muséales [22]. Les principaux musées sont le musée de la poterie et de la céramique (Töpfereimuseum) à Raeren [23], le musée de la vallée de la Gueule (Göhltalmuseum) à La Calamine, qui est un musée d’histoire et d’industrie, le musée de la ville d’Eupen (Eupener Stadtmuseum) [24] consacré à l’histoire et au folklore de la région.

75Le théâtre de la Communauté germanophone, Agora, est basé à Saint-Vith.

76L’Office de tourisme des cantons de l’Est, dont le siège se trouve à Saint-Vith, est chargé de la promotion des neuf communes de la région de langue allemande, mais aussi de Malmedy et de Waimes [25].

77Huit organisations de jeunesse sont reconnues par la Communauté germanophone, ainsi que neuf centres de jeunes et deux centres d’information. Les critères de reconnaissance sont définis dans le décret du 14 décembre 1998 portant agréation et subventionnement d’organisations de jeunesse, de centres de jeunesse et de services pour jeunes [26]. Le Conseil de la jeunesse germanophone (Rat der Deutschsprachigen Jugend) rassemble les représentants des organisations de jeunesse agréées depuis au moins trois ans par le gouvernement de la Communauté germanophone [27].

78Le Bureau de la jeunesse (Jugendbuero) assure le soutien logistique du conseil tout en étant un centre d’information à destination de la jeunesse germanophone [28].

79La politique du sport est régie par un décret du 19 avril 2004, qui définit les conditions de reconnaissance des clubs sportifs, associations sportives et centres de compétition [29]. Il institue en outre un Conseil du Sport, chargé de la promotion du sport, de conseiller le gouvernement de la Communauté germanophone en la matière et des relations avec les organisations sportives belges et étrangères. Il réunit des représentants des différentes fédérations sportives, du gouvernement et de l’administration de la communauté, ainsi qu’un représentant du Comité olympique et interfédéral belge.

80La politique des médias de la Communauté germanophone est définie par le décret sur la radiodiffusion et les représentations cinématographiques du 27 juin 2005 [30]. Le décret définit les règles déontologiques applicables tant à la BRF qu’aux émetteurs privés, notamment en matière de protection des mineurs et de contenu de la publicité. Il fixe également les règles relatives à l’agrément des opérateurs privés en Communauté germanophone, les règles de répartition des fréquences et de fourniture de réseau.

81Le décret instaure un Conseil des médias, qui comprend une chambre décisionnelle et une Chambre consultative, dont les membres sont nommés par le gouvernement de la Communauté germanophone. La chambre décisionnelle veille à l’application du décret dans le respect des objectifs généraux suivants :

  • veiller aux intérêts des utilisateurs, notamment les utilisateurs handicapés ;
  • garantir une égalité des chances au niveau de la concurrence et la viabilité de celle-ci ;
  • promouvoir le développement du marché intérieur de l’Union européenne ;
  • promouvoir la diversité d’opinions, de langues et de cultures.

82La chambre consultative a pour mission d’émettre un avis notamment quant à l’agrément d’un organisme de radiodiffusion, concernant l’opposition ou l’interdiction de diffusion d’un programme, concernant le contenu des programmes de la BRF ; elle peut émettre un avis d’initiative lorsqu’elle constate une infraction aux dispositions du décret. Elle a également pour mission d’élaborer les règles déontologiques types pour les médias en Communauté germanophone.

83Le Centre des médias de la Communauté germanophone (Medienzentrum) a été créé en 2002. Il gère la Bibliothèque centrale de la Communauté germanophone et la Médiathèque. Il met également du matériel audio-visuel à disposition des différents acteurs du secteur socio-culturel. Il s’occupe également de la production de programmes télévisés. Une bibliothèque communale est organisée dans chacune des communes de la communauté.

84La Belgische Rundfunk (BRF), probablement l’un des plus petits émetteurs officiels du monde, existe depuis 1945. À l’époque, des émissions produites à Bruxelles devaient favoriser l’intégration de la population de langue allemande. Depuis 1975, suite à la création de la Communauté culturelle allemande (1973), un studio est installé à Eupen. La BRF est devenue autonome en 1977 [31] : jusque-là, elle était dirigée alternativement par la RTB et la BRT. Elle comprend deux chaînes de radio et une chaîne de télévision. Depuis 2001, la BRF a constitué un partenariat avec la radio allemande (Deutschlandfunk) pour émettre à partir de Bruxelles une information conjointe à partir de la capitale de l’Europe. Son site internet offre une information en continu en langue allemande sur l’actualité des cantons de l’Est [32]. La BRF emploie environ 65 personnes à Eupen, Saint-Vith et Bruxelles.

85Son conseil d’administration se compose d’un commissaire du gouvernement de la Communauté germanophone, d’un représentant du ministre des Finances, et de neuf membres désignés suivant le rapport des forces politiques en Communauté germanophone. La BRF est régie par le décret du 27 juin 1986 relatif au Centre belge pour la Radiodiffusion-Télévision de la Communauté germanophone, modifié par le décret du 8 novembre 2004 [33].

2.2.2. L’enseignement et la recherche

86La Communauté germanophone est le pouvoir organisateur d’écoles gardiennes, d’écoles primaires, d’écoles secondaires, et d’une école de formation professionnelle. Elle gère également une école supérieure, la Haute école autonome de la Communauté germanophone, organisée par un décret du 27 juin 2005 [34]. Il n’y a pas d’enseignement universitaire organisé en Communauté germanophone. De ce fait, un certain nombre de jeunes désireux de suivre un cursus universitaire choisissent de faire leurs études en Allemagne. Avant la communautarisation de l’enseignement, la plupart des jeunes qui faisaient leurs études secondaires en français optaient pour des études universitaires en Belgique.

87L’emploi des langues dans l’enseignement est régi par le décret du 19 avril 2004 relatif à la transmission des connaissances linguistiques et à l’emploi des langues dans l’enseignement [35]. Le décret établit l’allemand comme langue officielle à tous les niveaux d’enseignement, mais instaure également des cours obligatoires de français, première langue étrangère, tant au niveau de l’école primaire (toutes années) que de l’école secondaire. Le décret fait obligation aux communes qui rencontrent une demande d’au moins 15 élèves de maternel ou 30 élèves de primaire dont le français ou le néerlandais serait la langue maternelle d’organiser un enseignement dans cette langue.

2.2.3. Les matières personnalisables

88Les matières personnalisables comprennent :

  • la politique familiale ;
  • la politique sociale ;
  • l’éducation et la prévention sanitaires ;
  • la politique de soins dans et au dehors des institutions de soins (principalement les hôpitaux, les maisons de repos et de soins) ;
  • l’aide et l’encadrement de certaines catégories de personnes : protection de la jeunesse, accueil et intégration des immigrés, l’aide aux personnes handicapées, l’aide sociale aux (anciens) détenus.

89La politique de santé publique de la Communauté germanophone est encadrée par le décret du 1er juin 2004 relatif à la promotion de la santé [36], qui met en place un Conseil consultatif pour la promotion de la Santé, auquel sont soumis pour avis les avant-projets de décrets et d’arrêtés en la matière. Le conseil se compose de représentants du secteur de la promotion de la santé, de la protection des consommateurs, des mutualités, centres PMS et centres de santé et d’un représentant de l’administration.

90Les maisons de repos et de soin pour les personnes âgées ainsi que les centres d’accueil de jour situés dans la région de langue allemande sont agréés par le gouvernement de la Communauté germanophone en fonction de critères définis dans un décret du 4 juin 2007 [37]. Il existe une commission consultative pour les structures d’accueil des seniors (Beirat für Aufnahmestrukturen für Senioren) et un conseil aux missions plus générales, le Conseil des personnes âgées de la Communauté germanophone (Rat der Seniorinnen und Senioren der deutschsprachigen Gemeinschaft).

91Les services aux personnes handicapées sont coordonnés par l’Office de la Communauté germanophone pour les personnes handicapées [38] (Dienststelle der Deutschsprachigen Gemeinschaft für Personen mit einer Behinderung) qui a été créé par décret le 19 juin 1990 [39].

2.2.4. Les matières régionales

92La Communauté germanophone exerce les compétences régionales suivantes :

  • la protection des monuments et des sites ;
  • la politique de l’emploi ;
  • la tutelle et le financement des neuf communes germanophones.

93La Commission royale de la Communauté germanophone pour la protection des monuments et des sites (Königliche Denkmal- und Landschaftsschutzkommission) a été créée par décret le 14 mars 1994 et se compose de neuf membres nommés par le gouvernement de la Communauté germanophone.

94L’Office de l’emploi de la Communauté germanophone (Arbeitsamt der Deutschsprachigen Gemeinschaft) a été créé au 1er janvier 2000, pour s’occuper tant du placement des chômeurs que de la formation professionnelle [40]. Son siège est à Saint-Vith.

95

« En ce qui concerne l’emploi, l’Office a pour mission :
1° d’organiser et de promouvoir le recrutement et le placement des travailleurs ;
2° d’intervenir dans la rémunération des chômeurs involontaires d’âge avancé, handicapés ou considérés comme difficiles à placer pour d’autres motifs et qui sont recrutés à son intervention ;
3° d’intervenir dans les dépenses inhérentes à la sélection, la formation professionnelle ou la réinstallation du personnel recruté par les employeurs en vue de la création, de l’extension ou de la reconversion d’entreprises ;
4° d’intervenir dans les frais de réinstallation des travailleurs en chômage ;
5° d’intervenir dans la rémunération des travailleurs touchés par la reconversion de leur entreprise ;
6° d’intervenir en tant qu’employeur de travailleurs intérimaires ;
7° de participer à la réalisation de programmes de remise au travail des chômeurs complets indemnisés ou des personnes assimilées ;
8° de réaliser des mesures de replacement en faveur de travailleurs licenciés ou menacés de licenciement.
§ 2. En ce qui concerne la formation professionnelle, l’Office a pour mission de promouvoir et d’organiser la formation et la formation continue ainsi que la réadaptation professionnelle des demandeurs d’emploi et des travailleurs, à l’exception de la formation permanente des Classes moyennes et de la formation professionnelle des personnes travaillant dans l’agriculture.
§ 3. En ce qui concerne l’emploi et la formation professionnelle, l’Office a aussi pour mission :
1° d’assurer l’orientation professionnelle, l’information sur les professions et la détermination des aptitudes professionnelles ;
2° de participer à l’information sur la situation du marché de l’emploi ;
3° de participer à l’étude du marché de l’emploi et des professions. Les représentants des organisations représentatives des travailleurs et des employeurs siègent à son conseil d’administration [41]. »

96Le Conseil économique et social de la Communauté germanophone (Der Wirtschaftsund Sozialrat (WSR) der Deutschsprachigen Gemeinschaft) a été mis sur pied par un décret du Parlement de la Communauté germanophone le 1er juillet 2000, suite au transfert de l’exercice des compétences régionales en matière de politique de l’emploi [42]. Il a succédé au Comité subrégional de l’emploi et de la formation de Saint-Vith, dont il a repris les employés. Il se compose de sept membres représentant les organisations représentatives des employeurs, dont un est vice-président, de sept membres représentant les organisations représentatives des travailleurs, dont un est vice-président, et d’un président, qui n’a qu’une voix consultative. Les membres du conseil sont nommés par le gouvernement de la Communauté germanophone, pour un mandat de cinq ans, sur proposition des organisations représentatives des travailleurs et des employeurs. Les membres du conseil ainsi constitué proposent au gouvernement un président, à la majorité simple.

97En 2008, le président du conseil est Werner Zimmermann, secrétaire fédéral du Mouvement ouvrier chrétien de la Communauté germanophone. Parmi les représentants des travailleurs, trois sièges sont occupés par la CSC et dont un par la CNE ; deux sont occupés par la FGTB, dont un par la CGSP ; le dernier siège revient à la CGSLB. Du côté des employeurs, cinq d’entre eux sont présentés par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et la Fédération générale des employeurs Eupen – Malmedy – Saint-Vith (Allgemeiner Arbeitgeberverband – AAV), qui ont créé un secrétariat commun [43]. L’AAV est membre adhérent de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB). À noter que la CCI et l’AAV sont organisés non pas à l’échelle du territoire de la Communauté germanophone, mais bien pour l’ensemble des cantons de l’Est, le canton de Malmedy inclus. Un membre représente les classes moyennes (Mittelstandsvereinigungen der Deutschsprachigen Gemeinschaft) et un membre le secteur socio-culturel et sportif (association patronale de la commission paritaire n° 329).

98Le Conseil a pour mission :

  • d’examiner l’évolution en matière de formation et d’emploi en Communauté germanophone ;
  • d’émettre, de sa propre initiative ou à la demande du gouvernement de la Communauté germanophone, des avis en matière de formation ou d’emploi ;
  • d’émettre, de sa propre initiative ou à la demande du gouvernement, des avis quant à des projets d’arrêtés et des projets et propositions de décrets de la Communauté germanophone relatifs à l’emploi et à la formation ;
  • de formuler des recommandations en se basant sur les examens et avis susmentionnés.

99Le Conseil n’a donc qu’un rôle consultatif, et son avis n’est pas obligatoire. Cependant, il constitue un lieu de rencontre entre travailleurs et employeurs de la région où peuvent être discutés les problèmes spécifiques à celle-ci. Au sein du conseil est organisé un groupe de travail « concertation », où se rencontrent des représentants du conseil, du gouvernement de la Communauté germanophone et de l’administration.

100En 2007, le Conseil a rendu cinq avis, sur demande du gouvernement de la Communauté germanophone. Ils étaient tous unanimes, ce qui semble indiquer un degré élevé de cohésion en son sein [44].

101La cellule administrative du conseil assure également le secrétariat de l’Observatoire local du marché de l’emploi (Arbeitsbeobachtungsstelle Ostbelgien-ABEO).

102Deux délégués du conseil participent à l’assemblée de l’Eurégio Meuse-Rhin (cf. infra). La Communauté germanophone y dispose de sept représentants, cinq politiques et deux représentants des organisations sociales.

103Il est à noter que, par ailleurs, trois membres de l’assemblée du Conseil économique et social de la Région wallonne sont obligatoirement originaires de la région de langue allemande. L’une des commissions permanentes du CESRW est consacrée aux questions économiques et sociales de cette région.

104La présence équilibrée d’hommes et de femmes dans les organes consultatifs est assurée par un décret du 3 mai 2004 [45].

105La formation professionnelle en langue allemande est assurée notamment par l’Institut de formation des classes moyennes et des PME (Institut für Aus- und Weiterbildung im Mittelstand und in KMU), organisme d’intérêt public créé par le décret du 16 décembre 1991 [46].

106La tutelle administrative ordinaire sur les communes est organisée par un décret du 20 décembre 2004 [47]. L’organisation des fabriques d’église et établissements assimilés, autre compétence transférée au 1er janvier 2005, est désormais régie par un décret adopté le 19 mai 2008 [48].

2.3. PERSPECTIVES

107Devant la perspective de la nouvelle réforme de l’État projetée à la suite des élections législatives de juin 2007, le Parlement de la Communauté germanophone a débattu de l’avenir de la Communauté en séance plénière le 29 octobre 2007 . Un document énumérant les revendications des parlementaires a été adopté par l’ensemble des six partis représentés (PFF, SP, PJU-PDB pour la majorité, CSP, Écolo et Vivant pour l’opposition) [49]. Cette résolution affirme d’emblée la préférence de la Communauté germanophone pour le maintien de la Belgique, en temps qu’État fédéral au sein de l’Union européenne, et pour l’affirmation de l’entité de langue allemande comme une Communauté/Région autonome en son sein. « La Communauté germanophone, comme communauté également dotée de compétences régionales (Communauté/Région), doit rester une partie constitutive autonome, définitive et jouissant des mêmes droits au sein de l’État fédéral belge [50]. »

108Elle demande également que le point de vue de la Communauté germanophone soit entendu dans le cadre des réformes institutionnelles.

109Parmi celles qui font l’objet d’une discussion au niveau fédéral, la Communauté germanophone réclame l’octroi de l’autonomie constitutive, c’est-à-dire la possibilité de fixer elle-même la composition et les règles de fonctionnement de ses institutions, une compétence que possèdent les Communautés française et flamande ainsi que la Région wallonne, mais que ne possèdent ni la Région de Bruxelles-Capitale ni la Communauté germanophone. Le sénateur Berni Collas a déposé à cet effet une proposition de révision des articles 118, § 2 et 123, § 2 de la Constitution, le 18 juillet 2007 [51], qui reprend la proposition similaire déposée par lui-même le 9 juin 2004.

110La Communauté germanophone demande également de bénéficier d’une représentation garantie au Parlement fédéral : actuellement cette représentation n’est garantie que par la présence d’un sénateur de communauté désigné par la Communauté germanophone. Les élus germanophones à la Chambre, ou les élus germanophones directs au Sénat, sont considérés comme faisant partie du groupe linguistique français.

111La Communauté souhaite, à l’instar de Bruxelles, exercer les compétences provinciales sur son territoire et ne plus faire partie de la province de Liège.

112Les revendications de la Communauté germanophone ne dépendent pas seulement d’une éventuelle réforme au niveau fédéral. Elles concernent également le transfert de l’exercice de compétences de la Région wallonne. La Communauté germanophone réclame le transfert de l’exercice des compétences régionales concernant l’aménagement du territoire et le logement. À ce sujet, un groupe de travail comprenant des élus, des membres de l’administration et des représentants du monde du travail a été constitué par le gouvernement de la Communauté germanophone du 13 mars 2008, pour étudier les modalités et l’impact, notamment budgétaire, de tels transferts. Son rapport est attendu pour avril 2009 [52].

113Le 25 janvier 2008, le ministre-président Karl-Heinz Lambertz (SP) et le sénateur de Communauté Berni Collas ont présenté la position de la Communauté germanophone au groupe Octopus [53] chargé de la préparation de la réforme de l’État et présidé par Yves Leterme (CD&V), devenu depuis lors le Premier ministre. Aucun germanophone n’y était représenté. Karl-Heinz Lambertz et Berni Collas ont relayé les demandes formulées en décembre par le Parlement de la Communauté germanophone, insistant sur le fait que le transfert de nouvelles compétences aux communautés ne pouvait se concevoir sans transferts de moyens financiers [54]. Lors du débat du Parlement germanophone qui a suivi le rapport sur cette visite, Charles Servaty (SP) a souligné son opposition à un fédéralisme de type 2+2, où la Flandre et la Wallonie jouiraient de davantage de compétences et d’autonomie que la Région de Bruxelles-Capitale et la Communauté germanophone.

114En février 2008, un accord politique s’est dégagé au sein du groupe Octopus sur l’octroi de nouvelles compétences fédérales aux communautés et aux régions. Pour la Communauté germanophone, cela signifierait le transfert du Fonds d’équipement et de services collectifs (accueil extrascolaire) et de nouvelles compétences en matière d’économie sociale [55].

115Il est prévu qu’un « second paquet » de réformes soit décidé à l’été 2008. Au sein de ce dernier, la composition et le rôle du Sénat, ainsi que les mécanismes de coopération entre entités fédérées pourraient être modifiés. Cette réforme est débattue dans le contexte de la crise politique ouverte au lendemain des élections du 10 juin 2007 et des tensions exacerbées entre les deux principales communautés du pays, notamment autour de la scission de la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Dans ce cadre, il est particulièrement hasardeux de faire des pronostics à propos de l’aboutissement de la réforme en cours.

3. LE PAYSAGE POLITIQUE

116Après avoir décrit les principaux partis présents dans la Communauté germanophone et éclairé leurs liens avec les partis francophones, on abordera l’évolution sur le long terme de ces forces politiques d’abord au Conseil culturel de la Communauté de langue allemande, ensuite au Conseil de la Communauté germanophone qui lui a succédé. La composition politique des exécutifs, puis des gouvernements est ensuite abordée. Enfin un approche plus locale est effectuée avec l’examen des forces politiques au pouvoir dans les communes.

3.1. LES PRINCIPAUX PARTIS DANS LA COMMUNAUTÉ GERMANOPHONE

117Traditionnellement, le parti social-chrétien est le premier parti en Communauté germanophone. Entre 1946 et 1961, il oscillait entre 70 % et 80 % des suffrages. Depuis lors sa position dominante s’est érodée. En 1968, le parti connaît un revers électoral important, et, en 1971, se présente pour la première fois un parti régional, le Christlich-Unabhängige Wählergemeinschaft, qui obtient 29,9 % des voix dans le canton d’Eupen, 16 % à Saint-Vith et 11,3 % à Malmedy. Durant les années 1980 et 1990, on assiste encore à une baisse du score du Christlich Soziale Partei, mais beaucoup moins marquée que la baisse des scores des partis « frères », le CVP et le PSC. Le CSP est demeuré un parti indépendant, qui travaille en collaboration avec le CDH, dont il soutient les candidats aux élections, régionales et fédérales. L’identité chrétienne de son programme reste affirmée. Son président est le député européen Mathieu Grosch [56].

118En 1972 a été créé le Parti der Deutschprachigen Belgien (PDB), qui sera, pendant ses premières années, regardé avec suspicion en dehors de la région, comme partisan d’un retour à l’Allemagne Suite à la mise en place des institutions propres à la Communauté germanophone, le Parti des Belges de langue allemande, le PDB, a perdu lui aussi du terrain, que ce soit seul ou depuis 1999 avec le Partei Juropa Unabhänig (PJU). Le PDB défend l’idée d’une Belgique fédérale à quatre régions, dotée des mêmes compétences [57]. Son président est Guido Breuer [58].

119Une autre caractéristique du paysage politique germanophone est le score élevé d’Écolo, qui explique aussi que ce parti n’ait pas réalisé en 1999 de percée aussi importante que dans les autres cantons de Wallonie et de Bruxelles aux scrutins du 13 juin 1999 : il a, au contraire, reculé.

120Le Partei für Freiheit und Fortschritt (PFF) est le parti libéral de la Communauté germanophone. Il fait partie du Mouvement réformateur. Son président est Ferdel Schröder, vice-président du Parlement de la Communauté germanophone [59].

121Le SP fait partie intégrante du Parti socialiste, dont il constitue l’une des quatorze fédérations [60].

122Le tableau suivant présente la répartition des voix aux élections au Conseil de la Communauté germanophone de 1986 à 2004.

Tableau 1

Conseil de la Communauté germanophone Répartition des voix par parti de 1986 à 2004 (en %)

Tableau 1
Tableau 1 : Conseil de la Communauté germanophone Répartition des voix par parti de 1986 à 2004 (en %) 1986 1990 1995 1999 2004 CSP 37,0 33,6 35,9 34,8 32,8 PDB 20,4 15,3 - - - PJU-PDB - - - 12,9 11,7 PJU - - 13,6 - - PFF-MR 18,8 18,8 19,8 21,3 21,0 SP 12,7 15,8 16,1 15,0 19,0 Écolo 6,5 15,1 13,8 12,7 8,2 Vivant - - - 3,3 7,3 SEP 4,1 - - - -

Conseil de la Communauté germanophone Répartition des voix par parti de 1986 à 2004 (en %)

123Les communes de la région de langue allemande sont réparties en deux cantons, le canton d’Eupen et de Saint-Vith, qui font partie de la circonscription électorale de Liège pour l’élection de la Chambre. L’examen des résultats obtenus par les principaux partis dans ces cantons aux trois derniers scrutins, en parallèle avec les scores réalisés par ces partis dans l’ensemble de la circonscription de Liège permet de dégager les observations suivantes.

124Le tableau suivant présente les résultats obtenus par les principales listes dans la région de langue allemande lors des trois dernières élections à la Chambre. Le PDB est absent du scrutin, le CFF soutient la liste CDH, tout comme le PFF soutient la liste du MR dont il fait partie.

Tableau 2

Résultats obtenus par les principales listes dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans la circonscription de Liège aux trois dernières élections à la Chambre (en %)

Tableau 2
Tableau 2 : Résultats obtenus par les principales listes dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans la circonscription de Liège aux trois dernières élections à la Chambre (en %) 1999 2003 2007 Eupen/Saint- Liège Eupen/Saint- Liège Eupen/Saint- Liège Vith Vith Vith CDH 1 33,94 14,05 30,06 15,06 28,98 14,23 MR 2 22,85 23,29 31,60 30,73 27,49 30,54 PS 10,93 30,87 14,93 35,62 18,24 32,10 Écolo 17,04 20,19 8,70 7,58 14,25 13,55 FN 1,67 3,79 3,04 4,80 05,22 4,51 Vivant 3,35 2,38 6,96 1,81 2,79 0,51 1 PSC en 1999. 2 PRL-FDF en 1999.

Résultats obtenus par les principales listes dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith et dans la circonscription de Liège aux trois dernières élections à la Chambre (en %)

3.2. PARLEMENT ET GOUVERNEMENT DE LA COMMUNAUTÉ GERMANOPHONE

125Les deux tableaux suivants présentent la composition du Conseil de la Communauté culturelle allemande puis du Conseil de la Communauté germanophone.

Tableau 3

Composition du Conseil de la Communauté culturelle allemande (élus / nombre de sièges)

Tableau 3
Tableau 3 : Composition du Conseil de la Communauté culturelle allemande (élus / nombre de sièges) 1973 1974 1977 1978 1981 CSP 13 12 10 11 9 PDB 3 6 7 7 7 PFF 6 4 5 4 6 SPB 3 3 3 3 3

Composition du Conseil de la Communauté culturelle allemande (élus / nombre de sièges)

Tableau 4

Composition du Conseil de la Communauté germanophone (élus/ nombre de sièges)

Tableau 4
Tableau 4 : Composition du Conseil de la Communauté germanophone (élus/ nombre de sièges) 1986 1990 1995 1999 2004 CSP 10 8 10 9 8 PDB 5 4 - - - PJU-PDB - - - 3 3 PJU - - 3 - - PFF-MR 5 5 5 6 5 SP 3 4 4 4 5 Ecolo 1 4 3 3 2 Vivant - - - - 2 SEP 1 - - - -

Composition du Conseil de la Communauté germanophone (élus/ nombre de sièges)

126Rappelons que les membres germanophones (c’est-à-dire domiciliés dans la région de langue allemande et qui prêtent serment dans cette langue) du Parlement européen (un député), de la Chambre (pas de représentation garantie), du Sénat (au moins un sénateur de Communauté), du Conseil régional wallon (pas de représentation garantie) et du Conseil provincial de Liège siègent au Conseil de la Communauté germanophone avec voix consultative.

Tableau 5

Les exécutifs et gouvernements successifs

Tableau 5
Tableau 5 : Les exécutifs et gouvernements successifs 1984-86 1986-1990 1990-1995 1995-1999 1999-2004 2004-2009 Bruno Joseph Joseph Maraite Joseph Maraite Karl-Heinz Karl-Heinz Fagnoul (PFF) Maraite (CSP) (CSP) Lambertz (SP) Lambertz (SP) (CSP) Joseph Bruno Bernd Gentges Karl-Heinz Bernd Gentges Bernd Gentges Maraite (CSP) Fagnoul (PFF) Lambertz (SP) (PFF) (PFF) (PFF) Marcel Lejoly Mathieu Karl-Heinz Wilfried Hans Niessen Oliver Paasch (SP) Grosch (CSP) Lambertz (SP) Schröder (CSP) (Écolo) (PDB) Isabelle Weykmans (PFF)

Les exécutifs et gouvernements successifs

127En 1999, à l’instar de ce qui se déroulait aux autres niveaux de pouvoir (sauf dans la Région de Bruxelles-Capitale), une coalition de type arc-en-ciel a rejeté les sociaux-chrétiens, la première formation politique, dans l’opposition.

128En 2004, contrairement à ce qui se passait aux autres niveaux de pouvoir qui voyaient le retour des sociaux-chrétiens ou l’arrivée du CDH au pouvoir, le CSP a été maintenu dans l’opposition en Communauté germanophone. Le cartel PJU-PDB a remplacé Écolo au sein de la coalition gouvernementale. Se faisant, pour la première fois, le parti régionaliste germanophone participe à l’exercice du pouvoir. En application de la possibilité offerte par la loi du 7 janvier 2002, le nombre de ministres est passé de trois à quatre et, pour la première fois, une femme a fait son entrée au sein de l’exécutif germanophone.

3.3. LES ÉLUS GERMANOPHONES

3.3.1. Parlement wallon

129Lors des élections régionales, les cantons d’Eupen et de Saint-Vith font partie de la circonscription électorale de Verviers. Il n’y a donc pas de listes distinctes pour la région de langue allemande, ni de représentation garantie de celle-ci au Parlement wallon.

130Les députés wallons qui prêtent serment en allemand ne siègent pas au Parlement de la Communauté française : ils y sont remplacés par leur suppléant. Par ailleurs, ils ne participent pas au vote lorsque des matières transférées par la Communauté française sont concernées : en effet, la décision ne s’applique alors qu’à la région de langue française [61]. Il serait logique qu’ils s’abstiennent également lors du vote portant sur des matières dont l’exercice a été transféré par la Région wallonne à la Communauté germanophone pour la région de langue allemande : il ne semble pas qu’une disposition le prévoie.

131Aux élections régionales du 13 juin 2004, la tête de liste Écolo pour la circonscription électorale de Verviers était une germanophone : Monika Dethier-Neumann, conseillère communale à Eupen. Les trois autres grands partis avaient choisi de faire figurer un germanophone en deuxième position : Herbert Grommes pour le CDH, Edmund Stoffels pour le PS et Ferdel Schröder pour le MR. Monika Dethier-Neumann, Herbert Grommes et Edmund Stoffels ont été élus et ont prêté serment en allemand. Le Parlement wallon compte ainsi 3 députés germanophones sur 75 membres.

132Le cartel PJU-PDB avait déposé une liste aux élections régionales du 13 juin 2004 dans la circonscription électorale de Verviers, mais celle-ci n’a pas dépassé le seuil de 5 % qui était nécessaire pour participer à l’attribution des sièges.

3.3.2. Parlement fédéral

133Lors des élections fédérales pour la Chambre des représentants, les cantons d’Eupen et de Saint-Vith font partie de la circonscription électorale de Liège. Il n’y a donc pas de listes distinctes pour la région de langue allemande, ni de représentation garantie de celle-ci.

134Kattrin Jadin (PFF-MR), conseillère communale à Eupen, a été élué députée le 10 juin 2007. Cependant, elle est considérée comme faisant partie du groupe linguistique français.

135Lors des élections fédérales pour le Sénat, les électeurs de la région de langue allemande fait partie du collège électoral français. Il n’y a donc pas de listes distinctes pour la région de langue allemande, ni de représentation garantie de celle-ci parmi les 40 élus directs, dont aucun n’était germanophone suite aux élections du 10 juin 2007. La Communauté germanophone désigne cependant un sénateur de communauté (contre 10 pour chacune des deux autres communautés). Berni Collas (PFF-MR) est, depuis le 22 janvier 2004, le sénateur désigné par la Communauté germanophone.

3.3.3. Parlement européen

136Les élections européennes sont organisées dans trois collèges électoraux : le collège électoral français, le collège électoral néerlandais et le collège électoral germanophone. Un siège est attribué au collège germanophone. Le nombre de sièges attribués à la Belgique diminue suite à l’élargissement de l’Union : le nombre de députés est passé de 25 en 1999 (14 néerlandophones, 10 francophones et 1 germanophone), à 24 en 2004 (respectivement 14,9 et 1) ; il passera à 22 aux élections de juin 2009. Dans ce contexte, le siège dévolu à la Communauté germanophone a été remis en cause. Avant les élections de 2004, le gouvernement fédéral avait prévu d’élire un germanophone au sein du collège électoral français, l’obligation étant faite aux partis francophones de présenter au moins un germanophone sur leurs listes. En cas de non-élection d’au moins un germanophone, aurait été désigné député européen le candidat germanophone de la liste à laquelle revenait le 10e siège. Ce mécanisme a été rejeté par le Conseil d’État dans son avis sur l’avant-projet de loi électorale. Il a suscité l’opposition des germanophones. Aussi la loi du 5 mars 2004 organisant la répartition des députés européens a-t-elle maintenu le siège attribué au collège germanophone [62]. Il n’est pas exclu qu’une nouvelle répartition des sièges remettant en cause le siège attribué à la Communauté germanophone voit le jour.

137Lors des élections européennes du 13 juin 2004, le député Mathieu Grosch, par ailleurs bourgmestre de La Calamine et président du CSP, a conservé le siège qu’il occupe depuis 1994.

3.4. LES COMMUNES

138À l’issue des élections communales de 2006, sur les neuf communes germanophones, sept sont dirigées par un collège composé de mandataires présentés par une seule liste, celle-ci ayant obtenu la majorité absolue en voix et en sièges. Mis à part le cas de La Calamine, où la liste majoritaire, menée par Mathieu Grosch, redevenu bourgmestre, est déposée par le Christlich-Soziale-Partei (CSP), dans les six autres communes il s’agit de listes à dénomination locale : à Amblève, la liste GI (Intérêt communal) a mené au maïorat Nikolaus Schumacher ; à Bullange, c’est la liste du bourgmestre Friedhelm Wirtz (liste Wirtz) qui obtient la majorité absolue, à Burg-Reuland le collège est dirigé par Joseph Maraite, élu sur la liste GI et par ailleurs membre du groupe CSP du Parlement germanophone ; à Butgenbach le bourgmestre Emil Dannemark, élu sur la liste FBL (Freie Bürgerliste) , est également membre du groupe PFF du Parlement germanophone ; à Lontzen, la liste Union a mis au pouvoir Alfred Lecerf ; enfin à Saint-Vith, Christian Krings a été désigné bourgmestre après avoir mené la Freie Bürgerliste à la majorité absolue.

139Deux communes sont dirigées par des coalitions : à Eupen, la majorité est composée du CSP (dont est issu le bourgmestre Elmar Keutgen, par ailleurs membre du Parlement germanophone) et du PDB, dont un échevin, Dieter Pankert, est également membre du Parlement germanophone (groupe PJU-PDB). À Raeren, la coalition au pouvoir réunit des élus de la liste Mit Uns (dont est issu le bourgmestre Hans-Dieter Laschet, membre PFF du Parlement germanophone) et de la liste CSL (Liste sociale-chrétienne).

4. ASPECTS ÉCONOMIQUES

140L’économie de la région située à l’est de la Belgique présente plusieurs particularités. L’une des plus importantes est sa très grande ouverture sur l’extérieur. Frontalière avec le Grand-duché de Luxembourg, les Pays-Bas et l’Allemagne, la région se situe à une place charnière. Ainsi Eupen a-t-elle été désignée pour accueillir le siège de l’Euregio Meuse-Rhin.

141Cette situation géographique, combinée à son histoire, a sans doute favorisé le fait que bon nombre des germanophones belges pratiquent au moins deux langues. En plus de l’allemand et du français, l’anglais, mais aussi le néerlandais, sont régulièrement pratiqués. Ce polyglottisme, talent si recherché sur le marché du travail, et tout particulièrement en Wallonie, s’allie à une flexibilité particulière des travailleurs et des étudiants en termes de mobilité, d’horaires de travail et de formation. Ainsi, nombre d’habitants des communes germanophones font quotidiennement la navette vers la partie francophone de la Wallonie, la Flandre et Bruxelles, mais aussi vers le Grand-duché de Luxembourg, l’Allemagne voire les Pays-Bas. Ils permettent aussi aux entreprises de la région d’être plus performantes au niveau des exportations.

142On trouve là une des explications à une autre particularité de l’économie de la région de langue allemande : son taux de chômage extrêmement faible, surtout si on le compare aux taux d’autres communes en Wallonie.

143Autre caractéristique de l’économie de la région, la prédominance des petites entreprises. Plus de 90 % des entreprises emploient moins de 100 travailleurs alors que pour toute la Belgique, les entreprises de cette taille représentent à peine plus de la moitié des sociétés. En conséquence, certains secteurs comme l’industrie lourde par exemple sont peu représentés.

144La structure du tissu économique de la région penche historiquement vers les secteurs primaire et secondaire. La région dispose de ressources naturelles comme le bois, qui a favorisé le développement d’activités telles que les scieries, les menuiseries, la fabrication de meuble, le commerce de bois, etc.

145L’agro-alimentaire est lui aussi un secteur d’activité moteur avec plusieurs laiteries et chocolatiers. D’autres secteurs importants sont celui du métal (fabrication, mécanique de précision…), le transport-logistique, le commerce, les services.

4.1. DÉMOGRAPHIE ET LOGEMENT

146Aux derniers chiffres disponibles (janvier 2007), la population de la région de langue allemande se compose de 73 675 habitants. 60 % se situent au Nord, dans le canton d’Eupen, et 40 % au Sud, dans le canton de Saint-Vith.

147Depuis 1980, la population de la région de langue allemande a crû de 14 % (18 % au Nord et 8,5 % au Sud).

148La part des non-Belges vivant dans les cantons d’Eupen et Saint-Vith est passée, au cours de la même période, de 21 à 29 % au Nord et de 3 à 6 % au Sud. On estime que 80 à 90 % de ces étrangers sont allemands. Ceux-ci recherchent des logements aux prix plus abordables que ceux des régions d’Aix-la-Chapelle ou de Cologne. Dans la commune de Raeren, les Allemands représentent environ 50 % de la population.

149La conséquence de ce phénomène est que les prix de l’immobilier ont fortement augmenté et que les populations jeunes de la région de langue allemande ont tendance à se déplacer vers les communes wallonnes limitrophes du Pays de Herve dont les prix immobiliers restent plus accessibles.

150Ces citoyens allemands font partie des nombreux navetteurs qui passent la frontière tous les jours pour rejoindre leur lieu de travail. Une étude de l’Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone [63] nous livre les estimations suivantes à propos des navetteurs de la Communauté germanophone :

  • quotidiennement, 2 700 font le trajet vers les entreprises de la partie francophone de la Wallonie mais surtout 2 835 migrent chaque jour vers le Grand-duché de Luxembourg et plus de 4 700 vers l’Allemagne ;
  • parmi les navetteurs vers l’Allemagne, deux tiers sont des citoyens allemands ;
  • 5 300 Belges, wallons mais aussi flamands, se rendent chaque jour dans une des entreprises de la Communauté germanophone pour travailler, et 200 non-Belges, principalement des Allemands, font de même ;
  • enfin, une cinquantaine de navetteurs prennent la direction des Pays-Bas, 250 celle de la Flandre et 250 autres se rendent chaque jour à Bruxelles.

151En définitive, 20 % des travailleurs de la région de langue allemande sont des frontaliers, et payent leurs impôts dans le pays dans lequel ils travaillent. Pour le Grand-duché de Luxembourg un fonds de compensation a été créé. Celui-ci reverse des subsides aux communes où résident nombre de navetteurs [64].

152Selon l’Inspection générale de la sécurité sociale (Grand-duché de Luxembourg), cité par l’Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone, le nombre de navetteurs de la région de langue allemande allant quotidiennement vers le Luxembourg a augmenté de 177 % entre 1994 et 2007.

153Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le secteur de la finance qui représente le plus gros secteur des emplois frontaliers vers le Grand-duché (seulement 4 % en 2007) mais la construction (33 %), et le commerce (26 %).

154Parmi les frontaliers vers l’Allemagne, qui ont augmenté de 30 % en dix ans, l’industrie reste le principal employeur mais elle a vu sa part passer de 30 à 23 %. Viennent ensuite les secteurs de la santé et de l’aide sociale, des services aux entreprises et du commerce et réparations, 19 % chacun.

155Cette mobilité géographique, ajoutée au fait que la région se situe à la limite de plusieurs bassins d’emploi, a pour conséquence un faible taux de chômage.

4.2. EMPLOI

156Selon le graphique 1, la Communauté germanophone a un taux d’activité légèrement supérieur à la moyenne nationale.

Graphique 1

Taux d'activité de la population de 15 à 65 ans

Graphique 1
Graphique 1 : Taux d'activité de la population de 15 à 65 ans 70,40% 69,10% 68,90% 67,90% D 63,20% Comm. german. Wallonie Flandre Bruxelles Belgique Source : Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique, 2007.

Taux d'activité de la population de 15 à 65 ans

Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique, 2007.

157Le taux de chômage y était de 8,3 % en 2006, alors qu’il est de 13 % en Belgique, de 7,8 % en Flandre, de 18,6 % en Wallonie et de 24,2 % à Bruxelles.

158L’analyse par sexe révèle une évolution frappante de l’emploi des femmes. Celui-ci a augmenté de 86 % depuis 1980 alors que l’emploi des hommes stagnait (+0,1 %). La part des femmes dans l’emploi total est dès lors passée de 29 à 44 % de l’emploi total entre 1974 et 2004.

159Dans le tableau 5 ci-dessous, on retrouve les chiffres du chômage de la Communauté germanophone sur les dernières années. La tendance à la baisse jusqu’en 2001 s’inverse à partir de 2002 pour atteindre puis dépasser les chiffres de 1997 en seulement deux ans, ce qui est essentiellement dû à une modification statistique qui a vu une hausse de l’âge de l’inscription au chômage en Belgique (cf. infra). Malgré tout, on note une hausse du chômage après 2004.

Tableau 6

Taux de chômage en Communauté germanophone (moyenne annuelle 1997-2006) (en %)

Tableau 6
Tableau 6 : Taux de chômage en Communauté germanophone (moyenne annuelle 1997-2006) (en %) Année Taux de chômage 1997 6,1 1998 5,5 1999 5,1 2000 4,9 2001 4,8 2002 5,1 2003 6,0 2004 6,7 2005 7,2 2006 8,0 2007 7,7 Source : Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique et Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone.

Taux de chômage en Communauté germanophone (moyenne annuelle 1997-2006) (en %)

Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique et Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone.

160Si l’on décompose ces taux selon les deux cantons de la région, on observe des situations contrastées. Le Sud, avec un taux de 4,8 %, est dans une situation que l’on peut qualifier de plein emploi ou de chômage dit frictionnel. Le Nord présente en revanche un taux de chômage de 8,8 %. Il faut toutefois noter que les taux restent de loin plus bas que la moyenne régionale wallonne.

Tableau 7

Taux de chômage dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith (moyenne annuelle 2001-2006) (en %)

Tableau 7
Tableau 7 : Taux de chômage dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith (moyenne annuelle 2001-2006) (en %) Année Eupen Saint-Vith 2001 6,3 2,6 2002 6,7 3,0 2003 7,7 3,6 2004 8,7 4,0 2005 9,3 4,2 2006 10,4 4,7 2007 10,0 4,5 Source : Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique et Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone.

Taux de chômage dans les cantons d’Eupen et de Saint-Vith (moyenne annuelle 2001-2006) (en %)

Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique et Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone.

161Le contraste est encore plus frappant si l’on effectue un classement des taux de chômage par commune : les communes ayant le plus fort taux de chômage depuis 2001 sont les quatre du Nord : La Calamine, Eupen, Lontzen et Raeren. On trouve ensuite les cinq communes du Sud : Butgenbach, Saint-Vith, Bullange, Amblève et Burg-Reuland.

162On peut expliquer cette différence entre les deux cantons par la proximité du Grand-duché de Luxembourg qui constitue un bassin d’emploi dont profitent davantage les communes les plus au sud.

163Cependant, comme on l’a dit, le chômage a progressé ces dernières années dans toute la région. Sur une population aussi faible quantitativement, des variations, minimes par ailleurs, peuvent avoir des conséquences statistiques plus importantes. Ainsi, cette progression du chômage peut s’expliquer par une augmentation de la population active évoquée plus haut, avec entre autres une immigration en provenance de l’Europe de l’Est, que le marché du travail n’a pu absorber totalement mais aussi par une relative inadéquation entre la demande et l’offre d’emplois. D’autres facteurs ont joué un rôle non négligeable. La conjoncture, à partir de 2001, est apparue un peu moins favorable ; ensuite des modifications statistiques dans la comptabilisation des chômeurs ont gonflé le nombre de chômeurs (notamment le relèvement de 50 à 58 ans pour l’exemption de recherche active d’emploi) ; enfin il faut ajouter une augmentation de la population active, surtout âgée.

164Beaucoup d’emplois restent en effet vacants. Ainsi, les ouvriers du métal et de la construction, les boulangers et pâtissiers, le personnel du secteur horeca, les comptables, etc. sont des fonctions critiques dans la Communauté germanophone.

165Cette situation pourrait s’accentuer puisqu’on assiste à un vieillissement de la population qui risque d’augmenter les pénuries de main-d’œuvre et d’amener les entreprises de la région à favoriser l’immigration.

166La région a connu jusqu’en 2001 une hausse plus importante de l’emploi que les régions voisines. Depuis 2001, l’emploi y croît moins rapidement. Par rapport à 1980, seule la Flandre a eu une augmentation de l’emploi supérieure à la région de langue allemande (+ 25,6 %) : + 31,3 % pour la Flandre contre + 20,7 % pour la Belgique. En revanche depuis 2000, la Communauté germanophone a vu sa masse d’emplois progresser de 1,4 % alors que toutes les autres régions voyaient leur progression aller de 4,2 % pour Bruxelles à 6,4 % pour la Wallonie (5,8 % pour la Belgique).

4.3. APPROCHE SECTORIELLE

167L’approche sectorielle révèle une forte diversification d’activités.

168On retrouve parmi les plus grosses sociétés les secteurs d’activité historiques de la région comme le textile avec les fabricants de feutres Heimbach Specialities et Asten, le secteur agro-alimentaire avec la laiterie Walhorn et la chocolaterie Jacques, mais aussi l’industrie des transports qui tire avantage de la position géographique charnière de la région.

Tableau 7

Les principales entreprises ayant leur siège social dans la région de langue allemande

Tableau 7
Tableau 7 : Les principales entreprises ayant leur siège social dans la région de langue allemande Chiffre Sociétés d’affaires (milliers Effectif Groupe lié Secteur d’euros) Kabelwerk Eupen AG Cable 331 936 895 Bourseaux Câble, tuyaux, mousses Laiterie Walhorn 17 467 115 Lactalis / Besnier Produits laitiers St Nikolaus-Hospital Eupen 34.713 324 Hôpital Hydro Aluminium Raeren 10 216 320 Norsk Aluminium NMC 9 890 415 Ackermans & van Mousses synthétiques, Haaren isolations Noel Klinik St Joseph Sankt-Vith 20 984 207 Hôpital Jacques Chocolaterie 6 524 196 Barry Callebaut Agro-alimentaire Asten 2 301 170 Asten & Johnson Textile (feutres) Heimbach specialities (ex 1 024 140 Heimbach Specialities Textile (feutres) Bruch) Interkommunale für das 977 126 Maison de repos pour Sozial-und Gesundheitswesen personnes âgées Faymonville 3 065 108 Faymonville Construction de semi-remorques Grenz-Echo 1 869 100 Rossel Édition Gebeco Jean Heck Eupen 1 250 123 Transport & Logistique Transport und Spedition Reul 000 72 Transport JM Leufgen AG 1 686 96 Construction ORTIS 5 097 88 FIPARIM Compléments alimentaires Source : CRISP, Belfirst et Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone.

Les principales entreprises ayant leur siège social dans la région de langue allemande

CRISP, Belfirst et Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone.

169Les autres secteurs très importants concernent la fabrication de câbles avec les Câbleries d’Eupen, la fabrication de mousses et de profilés avec NMC, le secteur du métal avec Faymonville et celui de l’aluminium avec Hydro.

170Le secteur tertiaire est présent dans les services aux entreprises et les services aux particuliers. L’administration, les soins de santé et l’enseignement jouent également des rôles primordiaux.

171Notons aussi que les principales entreprises pourvoyeuses d’emploi de la région sont celles dont le siège social se situe dans la région.

172On l’a dit déjà dit, une des particularités de l’économie de la région est la prédominance des petites entreprises. Le tableau 8 ci-après révèle que 70,5 % des travailleurs sont occupés dans des entreprises de moins de 100 travailleurs, alors que pour l’ensemble de la Belgique, 52,5 % des travailleurs sont employés dans cette catégorie d’entreprises.

173Ainsi, les secteurs d’activité qui par leur nature impliquent de grosses unités de production sont absents de la région.

Tableau 8

Nombre de travailleurs selon la taille de l’entreprise (juin 2005):

Tableau 8
Tableau 8 : Nombre de travailleurs selon la taille de l’entreprise (juin 2005): Taille de l’entreprise Communauté germanophone % Belgique % Moins de 5 2 550 12,0 295 513 8,5 5 à 10 2 256 10,5 263 533 7,0 10 à 19 2 412 11,5 312 986 9,0 20 à 49 3 494 16,5 564 499 16,0 50 à 99 4 144 20,0 444 059 12,0 100 à 499 5 405 25,0 955 990 26,5 Plus de 500 877 4,5 752 328 21,0 Total 21 138 100,0 3 588 908 100,0 Source : ONSS

Nombre de travailleurs selon la taille de l’entreprise (juin 2005):

ONSS

174L’analyse de l’emploi par secteur révèle que l’industrie manufacturière avec 23 % des emplois occupés en 2005 (alors que ce secteur n’occupe que 16 % des emplois dans toute la Belgique) ou le commerce et l’horeca (17,7 %) sont les principaux pourvoyeurs d’emplois.

175Le gouvernement de la Communauté germanophone a décidé de valoriser les ressources locales et plus particulièrement la filière du bois via la Société de promotion économique pour l’Est de la Belgique (Wirtschaftsförderungsgesellschaft Ostbelgiens – WFG) et le tourisme via l’Office de tourisme des cantons de l’Est (Verkehrsamt der Ostkantone – VAO).

176La WFG est un organisme de développement économique soutenant les entreprises locales et étrangères, les créateurs d’entreprise, les communes et d’autres institutions. Elle soutient notamment le développement de l’espace rural et a pour objectif de faire de l’Est de la Belgique un espace économique attrayant. C’est une asbl qui regroupe tous les partenaires socio-économiques et politiques de l’Est de la Belgique. Outre le gouvernement de la Communauté germanophone et les communes de l’Est de la Belgique (c’est-à-dire les communes de la Communauté germanophone ainsi que Malmedy, Gouvy, Baelen et Welkenraedt), y participent les syndicats, les associations patronales, et de classes moyennes, de l’agriculture, l’Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone, etc.

177Les quatre porteurs principaux de la WFG sont le gouvernement de la Communauté germanophone, les communes de l’Est de la Belgique, ainsi que la société de capital à risque Ostbelgieninvest SA et la Chambre de commerce et d’industrie Eupen – Malmedy – Saint-Vith. Elle agit comme un relais important de la Région wallonne et de la Province de Liège vers les pays germanophones comme l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse et a entamé à ce titre une collaboration avec l’Agence wallonne à l’exportation (AWEX) et Services Promotion Initiatives en province de Liège (SPI+).

4.3.1. La filière du bois

178La WFG a créé un Centre de compétence bois destiné à stimuler les PME qui composent cette filière et le secteur du bois en général. Le bois est l’une des richesses naturelles principales de la région. La filière du bois s’est construite à travers ce matériau : des entreprises de sylviculture ou de transformations (scieries, menuiseries, producteurs de pellets…), la cogénération, la fabrication de meubles ou enfin la construction, en plein essor.

179Le Centre de compétence bois a pour vocation de promouvoir les possibilités d’utilisation du bois comme matériau de construction ou comme ressource énergétique, ainsi que le savoir-faire et les produits des entreprises germanophones, de stimuler l’innovation technologique dans le secteur et de soutenir les projets de coopération entre entreprises de la filière.

180Le Centre de compétence s’est aussi positionné sur la conception d’un centre d’impulsion dans le Sud de la Communauté germanophone et sur la réorganisation de la filière bois prévue en Région wallonne. L’Étude de la filière bois-énergie en Région wallonne, réalisée par l’UCL pour la Région wallonne préconisait notamment le bois-énergie comme solution pour des infrastructures locales et des particuliers.

4.3.2. Les exportations

181Grâce à l’usage commun de la langue allemande, les entreprises de la région développent des liens commerciaux avec les entreprises allemandes et bien sûr aussi celles d’autres pays germanophones.

182Au niveau des importations, une étude sur les flux commerciaux à l’intérieur de l’Eurégio Meuse-Rhin, réalisée à la demande de l’Eurégio par le bureau d’étude néerlandais Etil [65], montre que les entreprises de la province de Liège ne bénéficient pas du même regard de la part des entreprises des autres régions. La partie germanophone de la province de Liège est ainsi jugée bien plus positivement, ceci valant aussi bien pour les entreprises importatrices que pour les entreprises exportatrices du reste de l’Eurégio Meuse-Rhin.

183Selon le rapport d’Etil, la partie francophone de la province de Liège n’est pas ou peu considérée par les entreprises des régions d’Aachen ou du Limbourg néerlandais comme faisant partie de leur marché intérieur. La langue est un facteur important dans cette perception. C’est un atout indéniable pour les entreprises de la région de langue allemande que d’être capable de traiter en allemand, en français et souvent en néerlandais avec leurs interlocuteurs et c’est un élément de dynamisme important pour les entreprises de la région.

184Dans le même rapport, les entreprises sondées révélaient que la gestion des relations et l’absence de barrières linguistiques étaient des atouts majeurs dans le choix d’établir des liens commerciaux avec les entreprises germanophones de la province de Liège.

4.3.3. L’Eurégio Meuse-Rhin

185À l’origine lointaine de l’Eurégio Meuse Rhin, on trouve le bassin industriel Liège-Verviers-Aachen, cœur géographique et administratif de l’empire carolingien, qui a connu un âge d’or avec l’industrie houillère et sidérurgique au XIXe siècle, tandis que les Limbourg belge et hollandais sont restés principalement ruraux jusqu’au début du XXe siècle. Le déclin de l’extraction houillère, la crise mondiale du milieu des années 1970 et les déclins structurels feront perdre à ces bassins leur puissance industrielle et leur capacité à créer de l’emploi.

186C’est sur un tel arrière-plan économique que les responsables des régions du Sud de la province du Limbourg (Pays-Bas), de la province du Limbourg (Belgique), de la province de Liège (Belgique), de la Regio Aachen, formée des Kreise (arrondissements) d’Aix-la-Chapelle-Campagne, d’Aix-la-Chapelle-Ville, de Düren, d’Euskirchen et de Heinsberg (Allemagne) et de la Communauté germanophone (Belgique), à l’initiative des Pays-Bas, vont créer en 1976 l’Eurégio Meuse Rhin.

187Ce qui n’était alors qu’un groupe de travail va devenir une organisation dont l’objectif est de mettre en évidence et en valeur la communauté d’intérêt qui existe entre les régions la composant et de rendre les habitants davantage conscients de la nécessité d’une coopération sur le plan de l’administration, de l’économie, de la culture, de l’enseignement et de l’infrastructure.

188Les eurorégions sont particulièrement soutenues par l’Union européenne [66]. Certains y voient une préfiguration de l’Europe du futur avec une constellation de constructions interrégionales qui transcendent les particularismes nationaux et dans laquelle :

  • des coopérations transfrontalières dans les domaines culturels et linguistiques peuvent rapprocher les populations ;
  • les différents services publics peuvent travailler en synergie notamment sur le plan de la mobilité ;
  • une coordination politique peut répondre à des besoins fiscaux spécifiques ou coordonner l’aménagement régional et le développement urbain et rural.

189Aujourd’hui, l’Eurégio Meuse-Rhin regroupe une population de plus de 3,7 millions de personnes présentant une réelle diversité culturelle avec trois langues (français, allemand, néerlandais). Cinq grandes villes font partie de l’Euregio : Liège, Hasselt, Maastricht, Heerlen et Aix-la-Chapelle. En 1991, elle s’est dotée d’un statut juridique en devenant une fondation de droit néerlandais.

190L'organe de direction de l'Euregio Meuse-Rhin est le comité directeur, qui est chargé principalement des questions relatives aux finances et aux programmes. Il est composé de cinq membres. La Communauté germanophone y est représentée par son ministre-président, Karl-Heinz Lambertz, aux côtés du président du gouvernement de Cologne (et vice-président de la Regio Aachen) pour la Région d’Aix-la-Chapelle, Hans Peter Lindlar, du commissaire de la Reine pour le Sud de la province du Limbourg néerlandais, Léon Frissen, du gouverneur de la province du Limbourg belge, Steve Stevaert et du gouverneur de la province de Liège, Michel Foret. Le bureau de l'Euregio Meuse-Rhin ainsi que les commissions sont placés sous la responsabilité directe du comité directeur.

191Le principal organe consultatif chargé des orientations de la politique transfrontalière est le Conseil eurorégional qui a été constitué pour la première fois le 25 janvier 1995. Ses membres (81 délégués, soit 51 représentants politiques et 30 représentants des organisations économiques et sociales) ne sont toutefois pas élus au suffrage direct par la population, mais délégués par les instances politiques, économiques et sociales des différentes régions partenaires [67].

192L’Eurégio Meuse-Rhin prend actuellement des initiatives « eurégionales » dans quatre grands domaines thématiques :

  • économie, tourisme, classes moyennes, technologie, formation, qualification et marché du travail ;
  • nature, environnement et transport ;
  • jeunesse, culture, enseignement et identité « eurégionale » ;
  • santé, affaires sociales et sécurité.

193L’Eurégio est particulièrement soutenue dans la Communauté germanophone. Selon une enquête réalisée par le CLEO – Université de Liège, sous la direction de René Doutrelepont et Marc Jacquemain (département de sciences sociales) et de Jean Beaufays et Pierre Verjans (département de sciences politiques) en 2002, « la connaissance de l’institution Eurégio est encore limitée à une personne sur deux dans l’ensemble de la population concernée. Mais ce résultat cache des différences parfois importantes entre les différentes régions membres : plus de 70 % des germanophones de Belgique ont déjà entendu parler de l’Eurégio. Ils sont moins de 20 % dans le reste de la province de Liège. De la même façon, un peu plus de la moitié seulement des habitants de l’Eurégio connaît au moins une personne issue d’une autre région membre. Mais ce chiffre monte à 75 % en Communauté germanophone. »

194Il est à première vue compréhensible que pour la Communauté germanophone de Belgique, composée d’environ 73 000 personnes, la région frontière soit davantage ouverte. C’est sans doute une des raisons qui ont conduit les responsables de cet organisme à transférer le siège de Maastricht vers Eupen.

4.3.4. Synthèse

195Si la région de langue allemande est une région dynamique en termes d’emplois, elle est en revanche une région qui produit moins de richesse qu’ailleurs et, qui plus est, en produit de moins en moins, bien qu’elle soit toujours en situation de croissance.

196Ainsi selon Eurostat, quand on étudie la part des emplois dans les secteurs de haute technologie, on observe que 0,33 % de l’emploi total en région de langue allemande est généré par des industries de ce type contre 0,74 % à la Belgique, 1,9 % à l’Allemagne ou même 0,4 % à la Wallonie. À l’autre bout de l’échelle, 8,61 % des emplois sont générés par les industries à faible technologie contre 6,5 % en Belgique et en Allemagne et 2,15 % au Luxembourg.

197C’est la même chose dans les services où ceux nécessitant un haut niveau de savoir occupent plus de 30 % des emplois en région de langue allemande et ceux nécessitant un faible niveau de savoir, 38 %. La part est respectivement de 39 et 34 % en Belgique, également de 33 % en Allemagne et de 39 % au Luxembourg.

198La part du produit intérieur brut entre 2000 et 2004 n’a progressé que de 10,3 % dans la région de langue allemande contre 16,1 % à Bruxelles, 15 % en Flandre, 14,5 % en Wallonie et 15 % dans toute la Belgique.

CONCLUSION

199Les cantons de l’Est, dont une partie constitue la région de langue allemande, ont rejoint la Belgique après la Première Guerre mondiale, en application du Traité de Versailles. Différents indices montrent que durant l’Entre-deux-guerres, les habitants de cette région ne sont pas fortement attachés à l’État belge. En revanche, après la Deuxième Guerre mondiale, durant laquelle ces cantons ont été annexés par le Reich, le sentiment national belge se développe, et ce, malgré le traumatisme d’une lourde répression pour faits de collaboration.

200Alors que le dernier tiers du XXe siècle voit se développer les régionalismes flamand et wallon, ce n’est pas un phénomène du même type qui est à l’origine de la Communauté germanophone. On devrait plutôt parler d’un mécanisme de protection d’une minorité qui s’est amplifié dans le cadre d’une réforme de l’État dont les acteurs principaux sont, bien qu’avec des logiques différentes, les mouvements flamands et wallons. L’emploi de la langue allemande a été protégé dans les services publics locaux depuis 1925. La région de langue allemande est l’une des quatre régions linguistiques créées par la loi du 2 août 1963 sur l’emploi des langues en matière administrative. La région accédera à l’autonomie culturelle lors de la création des communautés culturelles en 1970. Un mouvement régionaliste local apparaîtra plus tard, avec la création en 1972 du Parti des Belges de langue allemande, qui deviendra entre 1974 et 1981 le deuxième parti de la communauté et qui va perdre du terrain après la création des institutions de la Communauté germanophone qui succède à la Communauté culturelle allemande en 1983. Davantage spectateurs qu’acteurs de la réforme de l’État, les germanophones ont assisté aux négociations qui se déroulaient entre Flamands et francophones, héritant d’un statut institutionnel pensé pour d’autres et adapté, à la marge, à leur situation particulière. Ce faisant, la Communauté germanophone est devenue une collectivité politique dont l’étendue des pouvoirs et des compétences contraste avec l’étroitesse du cadre géographique et démographique sur lequel ils sont exercés.

201La Communauté germanophone est la plus petite entité fédérée de l’État fédéral belge en termes de nombre d’habitants. Le territoire sur lequel elle exerce ses compétences appartient à la province de Liège et à la Région wallonne. Alors que les deux grandes Communautés du pays, à savoir la Communauté française et la Communauté flamande exercent leurs compétences sur un territoire non homogène du point de vue linguistique, la Communauté germanophone exerce ses compétences sur un territoire unilingue, même si des facilités pour les francophones sont prévues dans les communes de la région. La Communauté germanophone exerce l’ensemble des compétences communautaires ainsi que les compétences régionales dont l’exercice lui a été transféré par la Région wallonne.

202Revendiquant le transfert de nouvelles compétences régionales (aménagement du territoire et politique du logement), des compétences provinciales et l’octroi de l’autonomie constitutive, la Communauté germanophone souhaite s’acheminer vers un statut de « Communauté/Région », à l’heure où une nouvelle réforme de l’État est à l’agenda politique.

203La Communauté germanophone restera-t-elle un cas particulier au sein de l’État fédéral, ou bien son exemple contribuera-t-il à promouvoir l’idée d’un nouveau modèle fédéral basé sur les régions davantage que sur les communautés ? Pour les promoteurs de ce nouveau modèle, essentiellement francophones, l’avenir est souvent à un fédéralisme des régions. Pour de nombreux responsables politiques flamands, l’avenir se dessine plutôt selon un modèle 2+2, dans lequel la Flandre et la Wallonie jouiraient de plus d’autonomie et de compétences que les deux plus petites entités, à savoir la Région de Bruxelles-Capitale et la Communauté germanophone. Cette dernière parviendra-t-elle à faire entendre sa voix et aboutir ses revendications dans un processus de négociation qui se déroule essentiellement entre deux partenaires, Flamands et francophones ?

204L’adoption d’un profil plus régional pose notamment la question du périmètre pertinent d’un point de vue économique. En tant que communauté, la Communauté germanophone n’a pas de compétences directes en matière économique. Les leviers politiques permettant de stimuler l’activité économique sont du ressort de la Région wallonne, voire de l’Autorité fédérale pour d’autres aspects qui concernent les entreprises, par exemple la fiscalité ou la sécurité sociale. La Région wallonne inclut la région de langue allemande dans l’espace de ses décisions en matière économique.

205Mais si l’on aborde l’économie par le biais du marché du travail, on rencontre une compétence régionale exercée par la Communauté germanophone, à savoir l’emploi. Par ailleurs il faut rappeler que la formation professionnelle, autre compétence qui touche au marché du travail, était déjà une compétence de la communauté. Après le transfert de la compétence de l’emploi de la Région wallonne à la Communauté germanophone, celle-ci a confié l’exécution de sa politique en matière de placement des demandeurs d’emploi et en matière de formation professionnelle à l’Agence pour l’emploi de la Communauté germanophone (l’équivalent du FOREM dans la partie francophone de la Wallonie) et a créé un Conseil économique et social de la Communauté germanophone (l’équivalent du Conseil économique et social de la Région wallonne).

206On peut cependant noter que des acteurs préoccupés de la dynamisation économique de la région englobent un territoire plus vaste que celui de la Communauté germanophone. Ainsi, par exemple, la Fédération générale des employeurs Eupen – Malmedy – Saint-Vith (AAV) ou la Chambre de commerce et d’industrie couvrent aussi les communes de Waimes et de Malmedy. Il en va de même pour l’organisme de promotion touristique. La Société de promotion économique pour l’Est de la Belgique couvre un périmètre encore différent, englobant les communes de Malmedy, de Gouvy, de Baelen et de Welkenraedt. Quant à l’invest compétent pour l’Est de la Belgique (Ostbelgieninvest SA), son champ d’activité couvre, outre les neuf communes de la région de langue allemande, les communes de Plombières, de Welkenraedt, de Baelen, de Waimes, de Malmedy, de Stavelot et de Trois-Ponts.

207C’est dire que l’espace économique régional de l’Est de la Belgique ne se limite pas au territoire de la Communauté germanophone. Il ne peut faire l’objet de décisions éventuelles de la part du gouvernement de la Communauté que compte tenu des acteurs politiques et économiques extérieurs à la région de langue allemande. Il est certain que si l’on prend en compte une réalité socio-économique plus globale en termes d’exportation et de marché de l’emploi, sans doute se dessine-t-il une région plus vaste encore, qui englobe les régions frontalières de l’Allemagne et des Pays-Bas. C’est ce que met en évidence l’Euregio Meuse-Rhin, dont le siège est installé à Eupen.

Notes

  • [1]
    A. MINKE, « Des ‘frères retrouvés’ aux ‘germanophones de Belgique’ », Cahiers de Clio, 1992, n° 109, pp. 69-80.
  • [2]
    Cf. P. MAXENCE, Les atouts gaspillés ou le drame des Cantons de l’Est, Saint Nicolas, 1951 ; J. GILISSEN, « Étude statistique sur la répression de l’incivisme », Revue de droit pénal et de criminologie, 1951, n° 5, pp. 513-528.
  • [3]
    Il s’agit des communes avant les fusions intervenues en application de la loi du 23 juillet 1971 concernant la fusion des communes et la modification de leurs limites, entrée en vigueur au 1er janvier 1977. La région linguistique de langue allemande comprenait 25 communes avant la fusion : Amblève, Heppenbach, Meyerode ; Bullange, Manderfeld, Rocherath ; Burg-Reuland, Thommen ; Butgenbach, Elsenborn ; Eupen, Kettenis ; La Calamine, Hergenrath, Neu-Moresneth ; Lontzen, Walhorn ; Raeren, Hauset ; Saint-Vith, Crombach, Lommersweiler, Recht, Schoenberg. (En souligné : la commune ayant absorbé la ou les suivantes non soulignées.) Cf. « Les fusions de communes : vers l’application de la loi du 23 juillet 1971 (IV) », Courrier hebdomadaire, n° 714, CRISP, 1976.
  • [4]
    Sur ce point et l’ensemble des événements de 1970 à 1983, cf. J. BRASSINNE et Y. KREINS, « La Réforme de l’État et la Communauté germanophone », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1028-1029,1984.
  • [5]
    Moniteur belge, 14 juillet 1973.
  • [6]
    Documents du Conseil de la Communauté culturelle allemande, CRI, 2 février 1981.
  • [7]
    Chambre, Doc. parl. 10-16/1 (1980-1981).
  • [8]
    Moniteur belge, 18 janvier 1984.
  • [9]
    Loi spéciale du 20 mars 2007 complétant l’article 31 de la loi ordinaire du 9 août 1980 de réformes institutionnelles, prévoyant la présence du président du gouvernement de la Communauté germanophone au sein du Comité de concertation, et abrogeant l’article 67 de la loi du 31 décembre 1983 de réformes institutionnelles pour la Communauté germanophone, Moniteur belge, 13 juin 2007.
  • [10]
    Décrets de la Région wallonne du 23 décembre 1993 et de la Communauté germanophone du 17 janvier 1994, relatifs à l’exercice, par la Communauté germanophone, des compétences de la Région wallonne en matière de monuments et sites, Moniteur belge.
  • [11]
    Décrets de la Région wallonne du 6 mai 1999 et de la Communauté germanophone du 10 mai 1999, relatifs à l’exercice, par la Communauté germanophone, des compétences de la Région wallonne en matière d’emploi et de fouilles, Moniteur belge, 3 juillet 1999 et 29 septembre 1999.
  • [12]
    À propos des dotations versées par la Région wallonne à la Communauté germanophone en conséquence de ces transferts d’exercice de compétence, cf. B. BAYENET et S. VEIDERS, « Le financement de la Communauté germanophone », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1983-1984, 2007.
  • [13]
    Décrets de la Région wallonne du 27 mai 2004 et de la Communauté germanophone du 1er juin 2004 relatifs à l’exercice, par la Communauté germanophone, de certaines compétences de la Région wallonne en matière de pouvoirs subordonnés, Moniteur Belge, 16 juin 2004 et 19 octobre 2004.
  • [14]
    Loi spéciale du 13 juillet 2001 portant transfert de diverses compétences aux régions et communautés, Moniteur belge, 3 août 2001.
  • [15]
    Arrêt de la Cour d’arbitrage n° 59/94,14 juillet 1994.
  • [16]
    Article premier de la loi du 31 mai 1961, tel que modifié par la loi relative à l'emploi des langues en matière législative, à la présentation, à la publication et à l'entrée en vigueur des textes légaux et réglementaires, tel que modifié par la loi du 21 avril 2007 réglant la publication en langue allemande des lois et arrêtés royaux et ministériels d'origine fédérale et modifiant la loi du 31 mai 1961 relative à l'emploi des langues en matière législative, à la présentation, à la publication et à l'entrée en vigueur des textes légaux et réglementaires, les lois sur l'emploi des langues en matière administrative, coordonnées le 18 juillet 1966, ainsi que la loi du 31 décembre 1983 de réformes institutionnelles pour la Communauté germanophone.
  • [17]
    Loi du 21 avril 2007 modifiant l’article 40 des lois sur l’emploi des langues en matière administrative, coordonnées le 18 juillet 1966, Moniteur belge, 13 juin 2007.
  • [18]
    Proposition de loi réglant la publication en langue allemande des lois et arrêtés royaux et ministériels d’origine fédérale, Sénat, Doc. parl. 3-1495/1,21 décembre 2005.
  • [19]
    Articles 55 et 84 de la loi spéciale de réformes institutionnelles du 8 août 1980.
  • [20]
    Loi du 7 janvier 2002 modifiant la loi du 31 décembre 1983 de réformes institutionnelles pour la Communauté germanophone, Moniteur belge, 1er février 2002.
  • [21]
    L’État fédéral belge se compose en effet de trois communautés et de trois régions, auxquelles ils convient d’ajouter la Commission communautaire française (COCOF) et la Commission communautaire commune (COCOM), toutes deux dotées du pouvoir législatif dans certaines matières.
  • [22]
    Dekret über die Förderung der Museen sowie der Veröffentlichungen im Bereich des Kulturerbes, 7 mai 2007, Moniteur belge, 10 juillet 2007.
  • [23]
    <http :// www. toepfereimuseum. org/ >.
  • [24]
    <http :// www. eupener-stadtmuseum. org/ >.
  • [25]
    <www. eastbelgium. be>.
  • [26]
    Dekret zur Anerkennung und Bezuschussung von Jugendorganisationen, Jugendzentren und Jugenddiensten, 14 décembre 1998, Moniteur belge, 23 juin 1999.
  • [27]
    <http :// www. rdj. be>.
  • [28]
    <http :// www. jugendbuero. be>.
  • [29]
    Dekret über die Vermittlung und den Gebrauch der Sprachen im Unterrichtswesen, 19 avril 2004, Moniteur belge, 9 novembre 2004.
  • [30]
    Dekret über den Rundfunk und die Kinovorstellungen, 27 juin 2005, Moniteur belge, 6 septembre 2005.
  • [31]
    Loi du 18 février 1977 portant certaines dispositions relatives au service public de la Radiodiffusion et de la Télévision, art. 7 à 11 (Moniteur belge, 2 mars 1977).
  • [32]
    <www. brf. be>.
  • [33]
    Dekret zur Abänderung des Dekrets vom 27 Juni 1986 über das Belgische Rundfunk- und Fernsehzentrum der Deutschsprachigen Gemeinschaft, 8 novembre 2004, Moniteur belge, 31 décembre 2004.
  • [34]
    Dekret zur Schaffung einer Autonomen Hochschule, 27 Juni 2005, Moniteur belge, 25 octobre 2005.
  • [35]
    Dekret über die Vermittlung und den Gebrauch der Sprachen im Unterrichtswesen, 19 avril 2004, Moniteur belge, 9 novembre 2004.
  • [36]
    Dekret zur Gesundheitsförderung, 1er juin 2004, Moniteur belge, 20 décembre 2004.
  • [37]
    Dekret über die Wohn-, Begleit- und Pflegestrukturen für Senioren und über die psychiatrischen Pflegewohnheime, 4 juin 2007, Moniteur belge, 11 septembre 2007.
  • [38]
    <http :// www. dpb. be>.
  • [39]
    Dekret zur Schaffung einer Dienststelle der Deutschsprachigen Gemeinschaft für Personen mit einer Behinderung, modifié par le Dekret zur Abänderung des Dekrets vom 19. Juni 1990 zur Schaffung einer Dienststelle der Deutschsprachigen Gemeinschaft für Personen mit einer Behinderung, 16 décembre 2003, Moniteur belge, 19 octobre 2004.
  • [40]
    <www. adg. be>.
  • [41]
    Dekret zur Schaffung eines Arbeitsamtes in der Deutschsprachigen Gemeinschaft, 17 janvier 2000, Moniteur belge, 24 mars 2000.
  • [42]
    Dekret zur Schaffung eines Wirtschafts-und Sozialrates der deutschsprachigen Gemeinschaft, 26 juin 2000, Moniteur belge, 11 octobre 2000.
  • [43]
    <http :// www. ihk-eupen. be>.
  • [44]
    Wirtschafts-und Sozialrat der Deutschsprachigen Gemeinschaft, Tätigkeitsbericht 2007, pp. 21-22.
  • [45]
    Dekret zur Förderung der ausgewogenen Vertretung von Männern und Frauen in beratenden Gremien, 3 mai 2004, Moniteur belge, 20 septembre 2004.
  • [46]
    Dekret über die Aus- und Weiterbildung im Mittelstand und in kleinen und mittleren Unternehmen, 16 décembre 1991, Moniteur belge. Le texte a été modifié plusieurs fois, dont le 25 juin 2001. <http :// www. iawm. be>.
  • [47]
    Dekret zur Regelung der gewöhnlichen Verwaltungsaufsicht über die Gemeinden des Deutschen Sprachgebiets, 20 décembre 2004, Moniteur belge, 18 mars 2005.
  • [48]
    Dekret über die materielle Organisation und die Funktionsweise der anerkannten Kulte, 19 mai 2008.
  • [49]
    Neue Staatsreform für Belgien – Gemeinsamer Standpunkt der DG-Parlementarier, document disponible sur <http :// www. dgparlament. be/ desktopdefault. aspx/ tabid-557/ 850_read-29948/ >.
  • [50]
    « dass (…) die DG als eine auch mit regionalen Zuständigkeiten ausgestattete Gemeinschaft (Gemeinschaft/Region) ein definitiver und gleichberechtigter autonomer Bestandteil des belgischen Bundesstaates bleiben muss ».
  • [51]
    Propositions de révision de la Constitution, Sénat, Doc. parl., 4-80/1 et 4-81/1,18 juillet 2007.
  • [52]
    Kompetenzübertragung, « Raumordnung und Wohnungsbau » an die Deutschsprachige Gemeinschaft – document disponible sur <http :// www. dglive. be/ Desktopdefault. aspx/ tabid-255/ 620_read-30390/ >.
  • [53]
    Ainsi dénommé parce qu’il rassemblait les représentants de huit partis démocratiques.
  • [54]
    Cf. le compte rendu au Parlement de la Communauté germanophone : DG-Vertreter in Octopus-Gruppe, disponible sur <http :// www. dgparlament. be/ desktopdefault. aspx/ tabid-557/ 850_read-30063/ >.
  • [55]
    Proposition de loi spéciale portant des mesures institutionnelles, Sénat, Doc. parl. 4-602/1,5 mars 2008. Pour une analyse du financement de ces nouvelles compétences, cf. B. BAYENET et S. VEIDERS, « Le financement de la Communauté germanophone », Courrier hebdomadaire, CRISP, n °1983-1984, 2007, pp. 47-48.
  • [56]
    Site du CSP : <http :// www. csp-dg. be>.
  • [57]
    Communiqué de presse du 17 avril 2008 : PDB fordert die 4. Region !
  • [58]
    Site du PDB-PJU : <http :// www. pju-pdb. be>.
  • [59]
    Site du PFF : <http :// www. pff. be>.
  • [60]
    Site de la fédération socialiste de la Communauté germanophone : <http :// www. sp-dg. be>.
  • [61]
    Articles 24bis et 50 de la loi spéciale de réformes institutionnelles du 8 août 1980, tels que modifiés par la loi spéciale du 29 avril 2002 (Moniteur belge, 14 juin 2002).
  • [62]
    Loi du 5 mars 2004 organisant la répartition entre les collèges électoraux du nombre de membres belges à élire au Parlement européen, Moniteur belge, 26 mars 2004.
  • [63]
    Étude en date du 21 janvier 2008 compilant des statistiques de sources diverses (ONSS, IGSS, BA, INS).
  • [64]
    « A partir de l’année 2002, la ‘compensation Martelange’ telle que déterminée par la décision du Comité de ministres du 9 mars 1981 et modifiée par le Conseil des douanes du 26 août 1993 sur demande dudit Comité de ministres est supprimée », Décision du Comité de ministres de l’Union économique belgo-luxembourgeoise publié au Journal officiel du Grand-duché de Luxembourg, le 31 décembre 2007, modifiant la décision du 24 octobre 1975 concernant l’application de l’article 8 de la convention coordonnée instituant l’Union économique belgo-luxembourgeoise.
  • [65]
    Euregional Trade Flows – Part 1 : Euregio Meuse-Rhine (main report), Étude pour les chambres de commerce de l’Eurorégion Meuse-Rhin, mars 2005.
  • [66]
    Notamment via le programme INTERREG, financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER) qui a pour but de « renforcer la cohésion économique et sociale dans l’Union européenne grâce à la coopération transfrontalière, transnationale et interrégionale ».
  • [67]
    Cf. <www. euregio-mr. org>.
Français

La Communauté germanophone, l’une des entités fédérées de l’État belge, est un acteur parfois marginalisé dans le jeu politique lors des réformes institutionnelles. En même temps, les germanophones belges sont vus comme la minorité la mieux protégée d’Europe, avec un Parlement élu et un gouvernement voués aux intérêts spécifiques de 75 000 personnes, et un député européen.
Les compétences de la Communauté germanophone sont, à quelques différences près, les mêmes que celles des deux grandes communautés. Mais elle a demandé, et obtenu, l’exercice de plusieurs compétences que lui a transférées la Région wallonne. Son territoire, la région de langue allemande, a une histoire différente de celle des autres régions du pays. Son économie, vu notamment le multilinguisme de ses habitants, est nettement orientée vers les pays germaniques et s’insère dans l’Euroregio Meuse-Rhin, dont Eupen est devenu le siège.
À l’heure où les débats institutionnels reviennent sur la question de la primauté à donner à la Communauté ou à la Région, il est intéressant de revenir sur cette entité fédérée qui réclame le statut de « Communauté/Région » en rappelant son histoire, son cadre institutionnel, ses revendications, son paysage politique, et en brossant à grands traits le profil de son économie.

Caroline Sägesser
David Germani
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
La Communauté germanophone, l’une des entités fédérées de l’État belge, est un acteur parfois marginalisé dans le jeu politique lors des réformes institutionnelles. En même temps, les germanophones belges sont vus comme la minorité la mieux protégée d’Europe, avec un Parlement élu et un gouvernement voués aux intérêts spécifiques de 75 000 personnes, et un député européen. Les compétences de la Communauté germanophone sont, à quelques différences près, les mêmes que celles des deux grandes communautés. Mais elle a demandé, et obtenu, l’exercice de plusieurs compétences que lui a transférées la Région wallonne. Son territoire, la région de langue allemande, a une histoire différente de celle des autres régions du pays. Son économie, vu notamment le multilinguisme de ses habitants, est nettement orientée vers les pays germaniques et s’insère dans l’Euroregio Meuse-Rhin, dont Eupen est devenu le siège. À l’heure où les débats institutionnels reviennent sur la question de la primauté à donner à la Communauté ou à la Région, il est intéressant de revenir sur cette entité fédérée qui réclame le statut de « Communauté/Région » en rappelant son histoire, son cadre institutionnel, ses revendications, son paysage politique, et en brossant à grands traits le profil de son économie.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/08/2008
https://doi.org/10.3917/cris.1986.0007
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