CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Première Partie : Introduction et Définition du Fait Bruxellois

1Depuis quelques décennies, il est chaque jours plus évident pour les observateurs les plus perspicaces de la vie politique belge, que Bruxelles constitue la principale (certains disent l’unique) pierre d’achoppement dans la recherche d’un règlement du différend wallo-flamand.

2Les tumultueuses marches (flamandes) sur Bruxelles de 1961 et de 1962 sont encore présentes dans toutes les mémoires [2].

3Mais cette notion de Bruxelles, il convient tout d’abord d’essayer de la définir avec le plus de précision possible. Une certaine confusion règne à cet égard.

4Stricto sensu, il s’agit de la ville de Bruxelles qui, selon la Constitution (art. 126, Titre VI, Dispositions générales) est la capitale de la Belgique et le siège du Gouvernement. Selon le recensement général de la population du 31 décembre 1961, la ville de Bruxelles comptait 170.489 habitants.

5Cependant, pour la plupart des observateurs, tant belges qu’étrangers, et même pour le législateur belge comme nous le verrons plus, loin, l’expression Bruxelles recouvre en réalité l’agglomération bruxelloise, composée actuellement de 19 communes [3].

6Cette entité que l’on appelle également parfois le Grand-Bruxelles comporte à l’heure actuelle plus d’un million d’habitants.

7L’arrondissement de Bruxelles comptait, toujours selon le recensement général du 31 décembre 1961, 1.439.536 habitants. En bordure de l’agglomération bruxelloise se trouvent les communes dites périphériques essentiellement résidentielles et puis, plus loin, des communes ayant davantage conservé le caractère agricole.

8Le Bureau d’Architecture et d’Urbanisme, connu sous le nom de Groupe Alpha, qui avait été chargé par l’Administration de l’Urbanisme du Ministère des Travaux Publics de dresser une étude régionale de Bruxelles et dont les travaux constituent un point de passage obligé pour tous ceux qui doivent se pencher sur le problème bruxellois, a fait porter son étude sur 135 communes du Brabant, faisant ainsi déborder la région bruxelloise du cadre de l’arrondissement de Bruxelles. Il est bien évident que, du point de vue urbanistique ou sociologique, certaines communes faisant partie administrativement des arrondissements de Nivelles (Waterloo) et de Louvain (Tervueren) se rattachent au fait bruxellois. Selon ces données, la région bruxelloise compte plus d’un million et demi d’habitants [4].

9Les deux cartes qui figurent en annexe à la présente étude reflètent l’état de chose que nous venons de décrire très brièvement.

10La première carte, établie par le "Bloc de la Liberté Linguistique", montre, du point de vue de cette association, l’évolution de la situation linguistique dans les 19 communes de l’agglomération et dans la périphérie. Nous reviendrons plus en détail sur ce point dans la 3ème partie de l’étude.

11La deuxième carte, établie par M. Braun de ter Meeren, donne une répartition fonctionnelle de l’arrondissement de Bruxelles en 3 régions concentriques qui répondent assez bien à la réalité sociologique. Autour de l’agglomération légale constituée par les 19 communes, la zone périphérique à caractère essentiellement résidentiel, puis une zone verte à caractère agricole encore prédominant quoique dans certaines de ces communes, un certain caractère résidentiel apparaisse.

Deuxième Partie : Bref Historique [5]

12Bruxelles est situé à environ 15 km au Nord de la frontière linguistique qui sépare la Flandre, d’expression néerlandaise, de la Wallonie, d’expression française, et cependant, le dernier recensement linguistique indique que plus de 70 % de sa population est d’expression française, ce qui indique suffisamment que la capitale et ses faubourgs constituent actuellement une enclave d’expression française en pays flamand. Certains sociologues affirment d’ailleurs que cette évolution se poursuit et que Bruxelles constitue d’ores et déjà une presqu’île d’expression française, la jonction avec la première commune d’expression française, Waterloo, ayant été accomplie sur le territoire de la commune d’expression flamande Rhode-St-Genèse, le long de la chaussée de Waterloo, grande voie d’accès bordée de nouveaux quartiers résidentiels (Les Espinettes). Cette situation de fait constitue l’une des composantes essentielles du problème des rapports entre Flamands et Wallons tel qu’il se pose actuellement et elle est susceptible d’influencer également l’avenir de l’agglomération bruxelloise.

13Historiquement, Bruxelles est la dernière venue parmi les villes belges importantes : Anvers, Bruges, Gand, Liège, Louvain, Malines, Tournai, etc…

14Elle ne prend vraiment une certaine importance qu’à partir du XIe siècle, au moment où d’autres cités se sont déjà acquis une réputation enviable. A ce moment, elle n’est ni un centre culturel ni un centre industriel, ni un centre commercial. Le processus historique, qui l’a d’abord amenée au niveau de cités belges anciennes pour arriver à la situation actuelle qui se caractérise par une nette prédominance, ne manque pas d’intérêt. Nous allons essayer d’en retracer succinctement les principales étapes.

15Suivant la tradition, l’origine de la ville se situerait vers le début du Vile siècle, au moment où Saint-Géry, évêque de Cambrai et d’Arras, aurait élevé une chapelle sur une île de la Senne, petite rivière brabançonne entourée de marécages. L’origine étymologique est fort contestée et nous ne nous y arrêterons pas (Brosella, Brusola, Brussella, Brucsellia, Brucsella, Bruolisela, etc…).

16Au début du XIIe siècle, Bruxelles entourée par une ceinture de remparts d’un périmètre de 4 km, est considérée nomme un gîte d’étape, sur la route joignant la Flandre à la Rhénanie. A ce moment déjà, on constate une différenciation fonctionnelle assez nette entre différents quartiers de la cité. Tandis que le bas de la ville, à proximité de la rivière, sur les marais asséchés, constitue le centre commercial et artisanal qu’il est d’ailleurs resté jusqu’à nos jours, le haut de la ville (les environs actuels du Palais Royal) est choisi par le prince pour y établir sa résidence, le château ducal de Coudenberg, la Collégiale des St. Michel et Ste Gudule étant érigée à mi chemin entre ces deux parties de la ville.

17Dès 1154, la cité est administrée par 7 échevins appartenant aux lignages ou classes supérieures de la bourgeoisie gouvernant de concert avec l’amman, officier du duc de Brabant. En 1200, le sceau communal apparaît et en 1229, Bruxelles reçoit du Duc de Brabant, Henri 1er, sa première charte.

18Au Moyen-Age, l’industrie artisanale s’y développe très fort, notamment l’industrie drapière qui acquiert au XIVème siècle une renommée internationale, la ville connaît évidemment le sort de toutes les communes occidentales de cette époque. Elle subit des sièges et les périodes plus ou moins fastes alternent avec les périodes moins favorables.

19Une deuxième enceinte est achevée vers la fin du XIVe siècle. Elle développe un périmètre double de la première, soit 8 km. ; elle correspond, grosso-modo, au tracé des boulevards extérieurs que nous connaissons actuellement. La superficie est d’environ 450 Ha de terre.

20La période bourguignonne est favorable pour le développement de Bruxelles, qui devient une ville de cour (considérée depuis 1507 comme étant le siège ordinaire du gouvernement des Pays-Bas), de résidence et de diffusion intellectuelle (création de la célèbre bibliothèque de Bourgogne).

21Le creusement du canal de Willebroek est commencé vers le milieu du XVIe siècle ; il vise à joindre Bruxelles à Anvers et à la mer et est l’ébauche de la création du port intérieur de Bruxelles qui existe aujourd’hui. Un recensement établi en 1460 donna une population un peu inférieure à 35.000 habitants.

22Plusieurs fois assiégée et subissant les avanies communes à la plupart des cités occidentales, Bruxelles souffre particulièrement du bombardement du Maréchal de Villeroi à la mi-août 1695 qui atteint durement le joyau que constitue la Grand Place de Bruxelles. Trois ans plus tard cependant, les plaies sont pansées et Bruxelles connaîtra encore au cours du XVIIe siècle de grandes heures. Ses tapisseries et ses dentelles, ses fêtes sont alors célèbres à travers toute l’Europe.

23Au XVIIIe siècle, la transformation se poursuit et voit la création du Quartier du Parc, merveilleux ensemble architectural, la Révolution française en fait une ville départementale, désarticulant sa traditionnelle armature administrative et créant une situation qui se perpétue aujourd’hui.

24Après Waterloo, c’est la période hollandaise qui se termine par les journées de septembre 1830, aurore de la création du Royaume de Belgique. C’est de cette époque que date réellement l’épanouissement de Bruxelles. Le Roi Léopold II (1865-1909) notamment contribue par ses initiatives à changer profondément le caractère urbain de Bruxelles qui prend dès lors l’allure d’une gronde ville européenne.

25Les deux guerres mondiales se déroulent heureusement sans trop de dégâts pour la capitale belge, mis à part quelques bombardements aériens au cours de la seconde guerre et quelques bombes volantes pendant l’hiver 1944-1945. Dès la fin des hostilités, le développement urbain reprend sa voie ascentionnelle.

26L’Exposition Universelle de 1958 nécessita la poursuite de grands travaux qui précipitent le rythme du changement urbanistique de Bruxelles, d’ailleurs apprécié de manière différente par les observateurs.

27Depuis la création de la Belgique, à huit reprises, le législateur a été amené à proposer l’annexion de territoires à celui de la ville de Bruxelles proprement dite dont la superficie est passée de ± 450 Ha à ± 3.500 Ha.

  1. Loi du 23 août 1851 annexant une partie du territoire de Saint-Josse-ten-Noode.
  2. Loi du 7 avril 1853 annexant une partie des communes de Saint-Josse-ten-Noode, de Schaerbeek, d’Etterbeek et de Jette en vue de favoriser le développement du Quartier Léopold, à ce moment centre de l’aristocratie bruxelloise, actuellement en voie de transformation au centre administratif et commercial.
  3. Loi du 27 octobre 1877 annexant une partie du territoire de Saint-Gilles, l’Avenue Louise joignant le Bois de la Cambre et la Forêt de Soignes à Bruxelles-ville étant presqu’entièrement territoire de la ville de Bruxelles.
  4. Loi du 19 août 1897 annexant une partie des territoires de Laeken et de Molenbeek-St-Jean, première emprise pour la réalisation des installations maritimes devant amener la création de Bruxelles Port de mer.
  5. Loi du 23 mars 1907 annexant une partie du territoire de la commune d’Ixelles, le quartier du Solbesch sur lequel fut érigée trois ans plus tard l’Exposition Universelle de 1910, et où se trouvent actuellement les principaux bâtiments de l’Université Libre de Bruxelles.
  6. Loi du 30 mars 1921 annexant totalement les communes de Laeken (qui constituent actuellement l’entité connue sous le nom de Bruxelles 2ème District), de Neder-over-Heembeek et de Haren ainsi qu’une partie des territoires des communes de Schaerbeek et de Molenbeek. Comme en 1897, c’est en vue d’une réalisation plus efficace des installations maritimes que cette importante annexion fut réalisée au lendemain même de la fin des hostilités de la première guerre mondiale.
  7. Loi du 20 avril 1925 annexant une partie des territoires des communes de Jette (Hôpital), de St-Josse-ten-Noode et de Schaerbeek (bords de la Senne).
  8. Loi du 9 juin 1937 annexant une partie des territoires des communes de Wemmel et de Strombeek-Bever.

28Toutefois, il convient de constater que ces différentes annexions, pour importantes qu’elles soient, n’ont pas résolu le problème posé, ni arrêté l’hémorragie de la population de la ville de Bruxelles qui perd près de 2,000 habitants par année.

29* * *

30Le caractère original flamand de Bruxelles n’est plus nié par personne.

31La francisation a débuté vers la fin du 18e siècle et s’est poursuivie depuis lors jusqu’à nos jours. Certains auteurs n’ont pas manqué de mettre l’accent sur l’influence de l’enseignement dans ce processus, influence qui devait aller s’accentuant avec le développement même de l’instruction, rendue obligatoire au début du XXe siècle.

32Une des revendications essentielles du mouvement flamand est de mettre un point final à cette évolution jugée désastreuse pour et par le monde flamand. Selon certains porte-parole du mouvement flamand, l’objectif à atteindre serait la reconquête de Bruxelles, c’est-à-dire la reflamandisation. La plupart des représentants autorisés du mouvement flamand ne vont pas aussi loin dans leurs revendications à l’égard du devenir de Bruxelles et réclament l’égalité complète entre le français et le néerlandais dans la capitale du pays.

33A quoi certains francophones, adversaires du mouvement flamand, répliquent qu’une telle attitude apparemment modérée et raisonnable, n’est qu’une pure hypocrisie et que si, par hypothèse, les flamingants obtenaient l’égalité qu’ils revendiquent, ils ne s’arrêteraient pas là et continueraient leur chemin jusqu’à la réalisation intégrale de leur but suprême : la reconquête flamande de Bruxelles.

Troisième Partie : Quelques données chiffrées du Fait bruxellois

34L’éclairage particulier dans lequel s’est trouvée placée la réalité bruxelloise au cours des dernières années a attiré l’attention quasi exclusive sur les caractéristiques linguistiques de la capitale.

35Sans vouloir en rien nier leur existence, nous estimons cependant que d’autres caractéristiques de Bruxelles nécessitent d’être mises en lumière et les quelques données chiffrées qui suivent et qui n’ont nullement la prétention d’être exhaustives contribueront, à notre avis, à donner une image plus exacte du pluralisme du fait bruxellois.

A – Aspect démographique

36Dans une remarquable étude [6], le Groupe "??C?NE", chargé par la ville de Bruxelles d’établir l’étude urbanistique de la ville donne en une série de plans accompagnés de judicieux commentaires une image saisissante du dépérissement du centre de la ville. Il convient de noter immédiatement que cette photographie de la situation actuelle, qui ne laisse dans l’ombre aucune des données qui constituent la trame de la cité d’aujourd’hui, est suivie d’une série tout aussi impressionnante de mesures destinées non seulement à enrayer le mal mais mieux encore à fournir au centre de Bruxelles les éléments d’un renouveau.

37L’étude commence par la comparaison de trois séries de chiffres (arrondis) empruntés aux recensements généraux de 1910, de 1920, de 1930, de 1947 et au relevé de la population du Royaume pour l’année 1959, le groupe TECKEE ne disposant pas, au moment, où il effectuait son enquête, des résultats du recensement du 31 décembre 1961 (Les chiffres recensés et calculés sont pratiquement équivalents du moins en ce qui concerne l’agglomération bruxelloise).

38La première série de chiffres est relative à l’ensemble de l’agglomération bruxelloise :

tableau im1
1910 755.000 habitants 1920 798.000 habitants 1930 892.000 habitants 1947 955.000 habitants 1959 1.003.000 habitants

39soit une augmentation de 248.000 habitants en cinquante ans.

40La seconde série de chiffres est relative à l’agglomération bruxelloise, déduction faite de la population du Pentagone (Centre de la ville délimité par la première ceinture de boulevards) :

tableau im2
1910 604.000 habitants 1920 729.000 habitants 1930 719.000 habitants 1947 957.000 habitants

41soit une augmentation de 335.000 habitants en cinquante ans.

42La troisième série de chiffres est relative à l’évolution de la population du Pentagone :

tableau im3
1910 142.000 habitants 1920 119.000 habitants 1930 105.000 habitants 1947 84.000 habitants 1959 67.000 habitants,

43en cinquante ans, la population du Pentagone a donc diminué de 75.000 habitants.

44La comparaison de ces trois séries de chiffres entraîne les constatations suivantes :

45En un demi-siècle, la population de l’agglomération bruxelloise – à l’exclusion du Pentagone – marque un progrès de plus de 50 tandis que la population du Pentagone s’amenuise de plus de 50 %.

46L’élan centripède de nombreuses activités a pour conséquences un repli centrifuge d’un grand nombre d’habitants.

47C’est l’explication classique qui est fournie par tous les observateurs de ce phénomène à travers le monde. Les dirigeants du groupe ‘"TECKNE" pensent cependant que cette explication ne suffit pas. D’autres facteurs doivent être pris en considération et notamment le vieillissement de la plupart des immeubles du centre de la ville de Bruxelles et le retard d’adaptation aux critères d’habitabilité qui accentuent l’immigration de la population du centre vers la périphérie.

48En passant de la ville de Bruxelles à l’agglomération bruxelloise composée comme nous l’avons vu de 19 communes, on constate une évolution démographique assez différente, exprimée par les chiffres ci-après qui reflètent la situation en 1961 par rapport à la situation de 1939 (1939 = 100). Pendant cette période, l’agglomération proprement dite est passée au coëfficient 108,6.

tableau im4
Anderlecht 107,3 Auderghem 150,5 Berchem 147,3 Bruxelles 90,2 Etterbeek 108,5 Evere 145,3 Forest 112,8
tableau im5
Ganshoren 184,4 Ixelles 105,6 Jette 125,4 Koekelberg 110,6 Molenbeek 101,7 St-Gilles 92,2 St-Josse 87,1 Schaerbeek 96,4 Uccle 134,1 Watermael-Boitsfort 126 Woluwe-St-Lambert 152,4 Woluwe-St-Pierre 202,4

49Si ces chiffres décèlent un véritable éclatement démographique de certaines communes (les Woluwe, Ganshoren, Auderghem, Evere, etc..), ils démontrent également le recul démographique de la ville de Bruxelles et des communes de la première ceinture (St-Josse, St-Gilles, Schaerbeek).

50* * *

51En 1961, la densité de la population était de 303 habitants au km2 pour le Royaume, mais, comme l’indique l’énumération suivante, elle variait beaucoup d’une région à l’autre :

  • 50 pour la province de Luxembourg,
  • 192 pour l’arrondissement de Nivelles,
  • 607 pour la province de Brabant,
  • 1.300 pour l’arrondissement de Bruxelles,
  • 6.303 pour·l’agglomération de Bruxelles,
  • 15.000 pour les communes "anciennes" d’Etterbeek, Ixelles, Koekelberg, Schaerbeek,
  • 22.000 pour les premiers faubourgs urbanisés : St-Josse et St-Gilles.

52En ce qui concerne la ville de Bruxelles, stricto sensu, la situation au point de vue densité y varie beaucoup également passant de 690 habitants au km2 pour Haren à 20.881 dans le quartier populeux de la Place de la Chapelle.

53* * *

54On sait qu’en termes de démographie, le mouvement d’une population résulte essentiellement de deux composantes :

  • D’une part, le mouvement dit naturel qui s’obtient en faisant la balance des naissances et des décès ;
  • D’autre part, le mouvement dit migratoire qui s’obtient en faisant la balance des arrivées et des départs.

55Le mouvement naturel se traduit pour l’agglomération bruxelloise par une situation quasi étale.

56La comparaison des séries de chiffres suivants ne manque pas d’intérêt :

tableau im6
Naissances(‰) Décès (‰) Bruxelles (arrondissement) 14,42 12,09 Wallonie 15,80 13,32 Flandre 18,85 10,16 Pays 17,14 11,51

57Les chiffres relatifs à l’arrondissement de Bruxelles ne se répartissent pas uniformément sur toute l’étendue de l’agglomération bruxelloise, dont le pourcentage est moins élevé que celui de l’arrondissement (13,75 contre 14,42) en ce qui concerne les naissances, tandis que le pourcentage des décès est plus élevé (12,98 contre 12,09). On constate d’ailleurs que les zones de forte mortalité coïncident généralement avec les zones de faible natalité.

58Au total, le solde pour l’agglomération de Bruxelles est de 775 unités et est pratiquement négligeable.

59Par contre, le mouvement migratoire est plus important que le mouvement naturel en ce qui concerne Bruxelles, puisqu’il se solde par 4.736 unités, résultat de la différence entre l’immigration (120.234 unités) et l’émigration (115.498 unités).

60On peut donc affirmer et les observateurs tant wallons que flamands ne se font pas faute de le faire remarquer, que le développement démographique de Bruxelles se fait essentiellement au détriment de la province. Jadis, en partie principale, au détriment de la Flandre. Depuis quelques années, au détriment de la Wallonie et de la Flandre, pratiquement en parts égales.

61* * *

62On sait que le taux d’activité d’une population est le rapport entre la population active et la population totale.

63Il s’établit comme suit pour les différentes parties du pays :

tableau im7
Bruxelles (arrondissement) 44,70 Wallonie 38,44 Royaume 40,56 Flandre 40,76

64D’autre part, la prédominance du secteur tertiaire dans, l’agglomération bruxelloise est mise en évidence par les chiffres suivants :

tableau im8
1947. 1959. Patrons 20,40 % 17,65 % Employés 32,61 % 37,05 % Ouvriers 42,97 % 41,85 % Aidants 4,02 % 3,85 %

65Selon des statistiques publiées récemment par le Conseil Economique de l’arrondissement de Bruxelles [7], l’arrondissement de Bruxelles posséderait :

  • 22 % du nombre total des entreprises du pays,
  • 43 % du nombre des employés à l’exclusion des fonctionnaires qui, pour la plupart, sont également occupés à Bruxelles,
  • 21 % du nombre des voitures automobiles et 25 % des voitures âgées de moins d’un an et considérées comme neuves,
  • 31 % des abonnés au téléphone et 36 % des appels téléphoniques,
  • 25 % du nombre total des médecins,
  • 37 % du nombre total des avocats,
  • 18 % du nombre total des appareils de T.V.,
  • 17 % du nombre total des appareils de radio,
  • 21 % du total des appointements et salaires.

66Tous ces chiffres sont supérieurs au pourcentage de la population de l’arrondissement de Bruxelles qui représente 15,4 % de la population totale du Royaume. Ils sont le reflet de la position relativement privilégiée de la capitale. Et ces chiffres sont interprétés en sens divers, favorablement par les Bruxellois qui y voient un indice de l’épanouissement de leur cité, défavorablement pour bon nombre de provinciaux, tant wallons que flamands, qui voient, au contraire, dans ces mêmes chiffres l’indice de la boulimie centralisatrice de la capitale, au détriment de la province.

67Dans la "Vérité Immobilière", M. Declerfayt cite des chiffres assez comparables, relatifs à l’agglomération bruxelloise :

  • 52 % des personnes travaillant dans les entreprises hôtelières,
  • 58 % des personnes travaillant dans les banques,
  • 66 % des personnes travaillant dans les assurances,
  • 70 % des personnes travaillant dans les bureaux de direction.

68De plus, du point de vue fiscal, la situation s’établirait comme suit :

  • 19,8 % des revenus soumis à la taxe professionnelle,
  • 21 % des revenus soumis à l’impôt complémentaire personnel.

B – Aspect linguistique

69Du point de vue linguistique, la situation dans l’agglomération bruxelloise se présentait de la manière suivante lors du dernier recensement linguistique, en date du 31 décembre 1947 : 70,61 % de francophones contre 24,24 % de néerlandophones (voir tableau annexe donnant les pourcentages pour les 19 communes).

70Il n’est pas sans intérêt de rapprocher ces chiffres de ceux relatifs aux recensements précédents [8] :

tableau im9
Francophones. Néerlandophones. 1846 32,03 66,65 1910 48,73 46,25 1920 58,68 37,82 1930 62,73 33,69

71Le processus de la francisation de l’agglomération bruxelloise apparaît clairement de la comparaison de ces chiffres.

72Notons cependant que les chiffres du recensement de 1947 ont été contestés du côté flamand où l’on a tendance à considérer le recensement comme un referendum.

73Dans une curieuse étude [9], M. Léo Lindemans, qui devait devenir député de Bruxelles pendant quelques années, établit sur la base de sondages dans les listes électorales une statistique linguistique qui, selon lui, répondait davantage à la réalité que les chiffres officiels du recensement.

74La comparaison des deux séries de chiffres ne manque pas d’intérêt encore que les prétentions scientifiques de M. Lindemans n’aient pas trouvé beaucoup d’échos favorables du côté francophone :

Nombre de Néerlandophones (en pourcentage)

tableau im10
Chiffres du recensement. Chiffres de M. Lindemans. Evere 48,24 66,00 Ganshoren 42,61 66,64 Berchem 42,98 70,54 Anderlecht 40,80 63,41 Jette 39,93 64,97 Koekelberg 38,84 65,81 Woluwe-St-Pierre 29,80 53,78 Bruxelles 24,31 56,46 Woluwe-St-Lambert 25,29 52,97 Auderghem 28,12 51,48 Watermael-Boitsfort 21,77 47,20 Schaerbeek 20,27 51,20 Uccle 19,28 53,30 Saint-Josse 18,15 53,05 Forest 17,17 45,38 Etterbeek 14,15 44,33 Saint-Gilles 11,23 42,85 Ixelles 9,53 40,48

Nombre de Néerlandophones (en pourcentage)

75Alors que les chiffres du Recensement Officiel ne faisaient apparaître dans aucune des 19 communes de l’agglomération bruxelloise, une majorité de plus de 50 % de néerlandophones, M. Lindemans en dénombre dans toutes les communes à l’exception des communes d’Ixelles, de Saint-Gilles, d’Etterbeek, de Forest et de Watermael, et encore dans la commune réputée la plus francisée, Ixelles, la proportion de néerlandophones atteindrait, selon lui, plus de 40 %.

76Dans le même ordre d’idée, un dépliant quadrilingue (Néerlandais, Français, Allemand, Anglais) publié par le Mouvement Populaire Flamand (Vlaamse Volksbeweging) à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1958, mentionnait pour Bruxelles 900.000 habitants (alors que l’agglomération bruxelloise avait effectivement dépassé le million cette année) se répartissant de la manière suivante : 550.000 Flamands, 300.000 Wallons et 50.000 Etrangers.

77Du côté des francophones au contraire, on relève de nombreuses affirmations en sens opposé et beaucoup d’entre eux prétendent que, depuis 1947, le processus de francisation s’est poursuivi et même amplifié dans l’agglomération bruxelloise et qu’il convient de trouver dans ce phénomène, concommitant à la francisation des communes périphériques, une des raisons principales de l’opposition des flamands à tout nouveau recensement linguistique. L’on sait par ailleurs que le volet linguistique du recensement général du 31 décembre 1961 a effectivement été supprimé.

78Le Pays de Bruxelles, organe du Bloc de la Liberté Linguistique, publia, en juin 1963, an moment où les lois linguistiques étaient examinées par le Parlement, une carte donnant la répartition des francophones dans l’agglomération.

79Cette curieuse carte que nous avons reproduite en annexe à la présente étude, aurait été établie en tenant compte de différents critères ; nombre des élèves des écoles communales et libres dans chaque localité ; choix de régiments flamands ou francophones pour les miliciens, renseignements donnés par les sections locales du Bloc de la Liberté Linguistique, etc…

80Comparés aux chiffres de M. Lindemans, le divorce apparaît évident. Comparés aux chiffres du dernier recensement linguistique (31.12. 1947), ils indiquaient un processus de francisation, très poussée dans certains cas de la quasi totalité de la population non seulement de l’agglomération bruxelloise, mais également des communes périphériques.

tableau im11
80 % agglomération de Bruxelles ; 80 % Beauval et Koningslo (Faubourgs de Vilvorde) et Zuen (faubourg de Leeuw-St-Pierre) ; 70 % Crainem ; 65 % Drogenbos ; 60 % Wezembeek-Oppem, Linkebeek ; 55 % Wemmel ;
tableau im12
50 % Notre-Dame-au-Bois, Overyssche et Rhode-St-Genèse ; 45 % Leeuw-St-Pierre et Dilbeek ; 40 % Strombeek-Bever, Woluwe-St-Etienne, Tervueren, Alsemberg et Beersel ; 30 % Sterrebeek, Overyssche, Hœilaart, Grand-Bigard et Zellick ;25 % Vilvorde, Machelen et Dieghem ; 20 % Nosseghem, Loth, Ruisbroek et Vlezenbeek ; 15 % Dworp (Tourneppe) ; 10 % Melsbroek, Steennokkerzeel et Huizingen.

81Il convient de mentionner également une initiative officieuse, émanant de la commune d’Ixelles, dans le but d’obtenir, de manière indirecte, les renseignements que le recensement linguistique eut dû procurer par la voie directe.

82L’Administration communale d’Ixelles ayant fait placarder le 18 janvier 1962 des avis à la population l’invitant à lui faire connaître dans laquelle les deux langues nationales (les avis étaient rédigés dans ces deux langues), les administrés ixellois souhaitaient voir s’établir leurs relations avec l’administration communale, 22,173 Ixellois auraient fixé leur choix sur la langue française, tandis que 24 seulement auraient choisi le néerlandais.

83Ces chiffres, qui n’ont pas été rendus publics par l’administration communale d’Ixelles, sont reproduits dans le numéro de mars 1963 de L’Alliance Wallonne, périodique de la "Ligue Wallonne de l’Agglomération "bruxelloise".

84D’après les statistiques des P.T.T., 90 % de la population de l’agglomération bruxelloise feraient usage de la langue française.

85Tout comme les estimations de M. Leo Lindemans et du Mouvement Populaire Flamand ont été contestées du côté francophone, les affirmations en sens opposé sont contestées du côté flamand. Et l’absence de recensement linguistique rend malaisée toute appréciation équitable en la matière.

86Si l’observateur impartial constate effectivement une certaine flamandisation de vie bruxelloise, dans certaines circonstances et dans certains milieux (nous songeons ici à la politique inaugurée en matière de bilinguisme par les grands magasins ou au Théâtre de la Monnaie), il est toutefois fort difficile, en l’absence de toute étude scientifiquement irréfutable en la matière, de déterminer avec précision les raisons profondes de ce phénomène. N’est-ce pas la présence de nombreux employés et ouvriers flamands n’habitant pas l’agglomération bruxelloise mais venant y travailler quotidiennement, qui donne à certaines heures de la journée et dans certains endroits, une certaine coloration néerlandaise à la ville de Bruxelles, davantage que la néerlandisation de la population de l’agglomération bruxelloise proprement dite ?

87Les longues discussions qui, sur le plan parlementaire et politique, ont accompagné le projet du Ministre Gilson sur l’emploi des langues en matière administrative portaient principalement sur le statut linguistique de l’agglomération bruxelloise et des communes périphériques. Comme nous venons de nous en rendre compte, les choses sont loin d’être simples et les positions des francophones et des néerlandophones continuent, même au delà du vote des lois linguistiques, à s’opposer, voire même à s’affronter sans qu’un observateur impartial puisse toujours tracer avec précision les positions respectives.

88Dans un remarquable article publié il y a quelques mois par une revue flamande [10], la nécessité d’une étude sociologique approfondie du fait bruxellois était démontrée par un des plus lucides observateurs du phénomène examiné dans cette étude.

C – Aspect religieux

89Du point de vue religieux, la situation de l’agglomération de Bruxelles a été excellemment décrite par l’Abbé Houtart dans toute une série de publications [11] qui font autorité en la matière et qui démontrent d’ailleurs chez leur auteur une connaissance très approfondie des différents aspects de la vie bruxelloise.

90Les recherches de l’Abbé Houtart ont notamment porté sur le taux de pratique religieuse, lequel indique la proportion d’habitants présents à l’office du dimanche par rapport au nombre de personnes qui sont tenues à y assister. L’on sait par ailleurs que l’attitude religieuse profonde comporte en plus de la pratique les croyances et les attitudes morales mais ces deux derniers ordres de choses sont moins statistiquement repérables que la pratique religieuse proprement dite.

91Les chiffres qui suivent font apparaître la déchristianisation de l’agglomération bruxelloise, que l’Abbé Houtart attribue à plusieurs causes et notamment au manque de prêtres dans les quartiers ouvriers. Voici les chiffres du taux de pratique religieuse qui font apparaître la situation critique de l’agglomération bruxelloise et de la ville de Bruxelles à cet égard :

  • 60,2 % pour la partie flamande du pays,
  • 49,6 % pour l’ensemble du pays,
  • 40,7 % pour la partie wallonne du pays,
  • 34,9 % pour l’arrondissement de Bruxelles,
  • 27 % pour l’agglomération bruxelloise,
  • 24 % pour la ville de Bruxelles.

92Dans les quartiers ouvriers de l’agglomération bruxelloise, les taux varient entre 6 et 15 % de la population totale et dans certains quartiers bourgeois, ils dépassent 40 %.

93Certains commentateurs, flamands pour la plupart, affirment que la déchristianisation de la population progresse corrélativement avec la francisation de cette population.

D – Aspect politique

94L’examen de la situation politique dans l’agglomération bruxelloise a fait l’objet d’une étude assez détaillée dans un des numéros du Courrier Hebdomadaire du C.R.I.S.P. [12] auquel nous empruntons les données suivantes qui permettent d’avoir une vue assez claire de la situation en se référant aux résultats des deux dernières élections communales de 1952 et de 1958, les prochaines élections devant avoir lieu le second dimanche d’octobre 1964.

tableau im13
1952. 1958. Ville Agglom. Ville Agglom. Communistes 6,44 % 4,71 % 3,23 % 1,92 % Socialistes 33,79 % 38,39 % 30,07 % 39,00 % Libéraux 32,23 % 27,32 % 32,88 % 24,66 % Neutres 0,16 % 0,62 % - 0,16 % Catholiques 27,38 % 28,96 % 33,82 % 34,26 % Totaux 100,00 % 100,00 % 100,00 % 100,00 %

95En comparant ces pourcentages, nous constatons :

A – Que de 1952 à 1958

96

  • Les communistes reculent de moitié, et même davantage sur l’ensemble de l’agglomération.
  • Les socialistes reculent de 3,72 % des suffrages exprimés dans la ville et progressent de 0,61 % dans l’agglomération.
  • Les libéraux avancent de 0,65 % des suffrages exprimés pour la ville et reculent de 2,66 % pour l’ensemble de l’agglomération. A noter l’importance des dissidences libérales : 2,88 % provenant de l’Union Ixelloise de M. Janssens, rentrée depuis lors dans les rangs du P.L.P.
  • Les listes neutres disparaissent à peu près complètement.
  • Les nationalistes flamands ne sont pas représentés.
    – Le ?.S.C. avance de 6,95 % du total des suffrages exprimés pour la ville et de 5,14 % pour l’agglomération.
  • Les catholiques dissidents progressent quelque peu. Cette avance est due à la liste de M. Evrard à Woluwe-St-Pierre, qui s’est présentée sous le nom de "Groupe social chrétien d’intérêts communaux" (M. Evrard a été élu député en 1961 sous l’étiquette "Rassemblement national").
  • L’ensemble des listes de tendance catholique avance de 6,42 % pour la ville et de 5,30 % pour l’agglomération.

B – Qu’en passant de la ville à l’agglomération, les constatations diffèrent, sinon toujours fondamentalement, du moins en amplitude

97

  • Les communistes reculent d’un peu plus de 1,5 % des voix aussi bien en 1952 qu’en 1958.
  • Les socialistes progressent de 4,60 % des suffrages exprimés en 1952 et de 8,93 % en 1958. Dans l’agglomération, ils rassemblent près de 40 % des suffrages en 1958.
  • Les libéraux reculent de 4,91 % en 1952 et de 8,22 en 1958. En 1958, ils tombent légèrement en-dessous du quart des suffrages exprimés dans l’agglomération.
  • Les listes neutres augmentent quelque peu leur influence sans atteindre cependant une importance quelconque.
  • Le P.S.C. enregistre une avance infime en 1952 et un recul semblable en 1958. En 1958, ce parti représente dans l’ensemble de l’agglomération près d’un tiers des suffrages. Avec ses dissidences, il dépasse quelque peu cette quotité.
  • Les dissidences catholiques surgissent avec une force limitée si l’on considère l’ensemble de l’agglomération. Mais il vaut la peine d’observer qu’il n’en existe plus qu’à Woluwe-St-Pierre.

98Compte tenu de ces résultats, les collèges échevinaux de l’agglomération bruxelloise ont été formés de la façon suivante :

En 1952

99P.S.C.-Libéraux : 3 communes : Bruxelles, Berchem-Ste-Agathe et Schaerbeek.

100P.S.B. homogène : 7 communes : Anderlecht, Evere, Forest, Ganshoren, Molenbeek-St-Jean, Saint-Gilles et Watermael-Boitsfort.

101P.S.B.-Libéraux : 7 communes : Auderghem, Etterbeek, Ixelles, Jette, Koekelberg, Saint-Josse-ten-Noode, Uccle.

102P.S.C. homogène : 1 commune : Woluwe-St-Lambert.

103P.S.C. Evrard : 1 commune : Woluwe-St-Pierre.

104Les élections communales d’octobre 1958 marquèrent, comme de coutume, un renforcement du glissement à droite, constaté lors des élections législatives du 1er juin 1958, dont les résultats mirent un terme au gouvernement Van Acker-Liebaert. La formation des collèges échevinaux dans l’agglomération bruxelloise fut influencée par cette évolution.

105Les socialistes perdirent deux majorités absolues (Watermael-Boitsfort et Ganshoren) à la suite de ce verdict électoral. Ils devaient peu après perdre la majorité absolue de Forest à la suite de la désaffection de quelques socialistes [13].

106Les libéraux qui, sur le plan des résultats chiffrés, représentaient 24,66 % pour toute l’agglomération contre 34,26 % aux P.S.C. et 39 % aux socialistes, étaient cependant représentés dans tous les collèges, à l’exception bien entendu des 6 collèges homogènes (4 socialistes, 1 P.S.C. orthodoxe et 1 P.S.C. dissident).

107L’agglomération bruxelloise constitue un des derniers bastions des forces libérales et l’attitude généralement prise par les mandataires communaux libéraux à l’égard des problèmes linguistiques est une des données essentielles du problème examiné.

En 1958

108P.S.C.-Libéraux : 7 communes : Bruxelles, Auderghem, Etterbeek, Ganshoren, Jette, Schaerbeek, Watermael-Boitsfort.

109P.S.B. homogène : 4 communes : Anderlecht, Evere, Molenbeek-St-Jean, St-Gilles.

110P.S.B.-Libéraux : 4 communes : Koekelberg, St-Josse-ten-Noode, Uccle, Ixelles.

111P.S.C. homogène s 1 commune : Woluwe-St-Lambert.

112Dissidence P.S.C. : 1 commune : Woluwe-St-Pierre.

113P.S.B.-P.S.C.-Lib. : 1 commune : Berchem-Ste-Agathe.

114Libéraux-P.S.C. + 2 P.S.B. détachés de leur groupe : 1 commune : Forest.

Annexe 1

Proportion de francophones dans l’agglomération bruxelloise et dans les communes de la périphérie

tableau im14

Proportion de francophones dans l’agglomération bruxelloise et dans les communes de la périphérie

(Carte établie par le BLOC de la LIBERTE LINGUISTIQUE, publiée par "LE PAYS DE BRUXELLES" de juin 1963)
Annexe 2

Répartition fonctionnelle dans l’arrondissement de Bruxelles(1)

tableau im15

Répartition fonctionnelle dans l’arrondissement de Bruxelles(1)

(1) Note du C.R.I.S.P.(déc. 1963) : Etablie avant le vote des lois linguistiques, cette carte ne tient pas compte des changements apportés par le tracé de la frontière linguistique. Par contre, nous y mentionnons les six communes périphériques à facilités.
(SOURCE : D’APRES CARTE EN COULEURS ETABLIE PAR M. BRAUN de ter MEEREN, ET DIFFUSEE SOUS FORME DE TRACT EN SEPTEMBRE 1961.)
Annexe 3

Langues parlées dans l’Agglomération Bruxelloise

tableau im16
Communes. Français. % Néerlandais. % Allemand. % Bilingues. % Bruxelles 71,95 24,31 0,35 45,04 Schaerbeek 74,75 20,27 0,60 44,93 Ixelles 87,37 9,53 0,44 28,51 Anderlecht 53,94 39,26 0,29 53,85 Uccle 72,99 19,28 0,38 41,46 Molenbeek 51,77 40,80 0,18 56,45 St-Gilles 81,91 11,23 0,51 38,18 Etterbeek 78,42 14,15 0,14 38,58 Forest 78,57 17,17 0,27 40,92 Woluwe-St-Lambert 70,71 25,29 0,23 37,60 Jette 56,54 39,93 0,15 52,05 Woluwe-St-Pierre 66,66 29,80 0,17 41,01 St-Josse 73,97 18,15 0,89 41,92 Auderghem 67,55 28,12 0,12 45,92 Watermael-Boitsfort 74,28 21,77 0,12 42,12 Evere 48,48 48,24 0,14 50,09 Koekelberg 58,13 38,84 0,27 55,29 Berchem-Ste-Agathe 54,31 42,98 0,08 50,70 Ganshoren 54,41 42,61 0,22 13,19

Langues parlées dans l’Agglomération Bruxelloise

Source : Recensement général de 1947. [14]

Notes

  • [1]
    C’est le titre d’un chapitre de l’ouvrage “La Question Flamande”, publié en 1948 par M.P. HERREMANS.
  • [2]
    Au cours de ces dernières semaines, la très active et très représentative association culturelle flamande "Stichting Lodewijk De Raet", dont nous avons mentionné le rôle important dans l’éveil de l’opinion flamande d’après guerre, n’a pas consacré moins de trois réunions importantes au problème évoqué :
    Du 23 au 28 septembre, une semaine d’étude à Hofstade sur le thème "Vlaanderen te Brussel" (La Flandre à Bruxelles).
    Les 5 et 6 octobre, un week-end d’étude à Bruxelles sur le thème "Nederlandst lig Onderwijs te Brussel" (Enseignement néerlandais à Bruxelles).
    Les 7 et 8 décembre, un nouveau week-end d’étude à Boitsfort sur le thème "Vlaanderen te Brussel" (La Flandre à Bruxelles).
  • [3]
    Anderlecht, Auderghem, Berchem-Ste-Agathe, Bruxelles, Etterbeek, Evere, Forest, Ganshoren, Ixelles, Jette, Koekelberg, Molenbeek St-Jean, St-Gilles, St-Josse-ten-Noode, Schaerbeek, Uccle, Watermael-Boitsfort, Woluwe-St-Lambert, Woluwe-St-Pierre.
  • [4]
    Les diversités dimensionnelles du fait bruxellois que nous venons d’évoquer ne sont pas propres à Bruxelles. C’est ainsi par exemple que la Documentation Générale du District de la Région de Paris distingue :
    • la Ville de Paris : 2.800.000 habitants,
    • l’Agglomération Parisienne ; 7.400.000 habitants (214 communes)
    • et la Région Parisienne : 8.550.000 habitants (1.388 communes).
  • [5]
    D’après "Bruxelles", rapport présenté au Congrès de l’Association Internationale de Science Politique de Stockholm, en août 1955.
  • [6]
    "Prolégomènes pour un Plan Directeur". Cette étude n’est pas destinée à la publication mais la Revue Présence de Bruxelles en a donné les lignes principales.
  • [7]
    Cfr. C.H. N° 172 du 2.11.1962.
  • [8]
    Aelvoet. Hondert vijfentwintig jaar verfransing in het agglomeratie en het arrondissement Brussel (1830-1955). Uitg. Simon Stevin, Brussel, 1957.
  • [9]
    Léo Lindemans : "Proeve van een objectieve talentelling in het Brussel”, N.V. De Standaard Antwerpen, 1951.
  • [10]
    Telemachus : De Spanning tussen de taalgroepen : een sociologische benadering dans De Maand, n° 6, 1963.
  • [11]
    Notamment : Etude de l’équipement paroissial dans la région bruxelloise, deux volumes édités par le Centre Interdiocésain, 5, rue Guimard, Bruxelles, et l’Evolution démographique et écologique des paroisses de Bruxelles et de Chicago dans "Paroisses Urbaines et Paroisses rurales", Editeur Casterman, Tournai, 1958.
  • [12]
    C.H. N°s 65-64 des 13 et 20.5.1960.
  • [13]
    Pour le moment, à la suite du décès d’un des mandataires ayant été élu sur la liste socialiste et ayant fait alliance avec les libéraux et les P.S.C., les socialistes forestois ont retrouvé leur majorité, sinon en droit, du moins de fait.
  • [14]
    Il s’agit en fait du dernier Recensement linguistique officiel, le gouvernement ayant décidé de supprimer le volet linguistique du recensement officiel effectué le 31 décembre 1961.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2014
https://doi.org/10.3917/cris.224.0001
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