CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 – AVANT-PROPOS

1Dans un précédent numéro du Courrier Hebdomadaire [1] consacré aux partis politiques non traditionnels, à la veille des élections législatives du 26 mars 1961, nous avions notamment affirmé :

2

"Le Parti (il s’agissait de la Volksunie) dispose d’un appareil bien structuré qui, s’il n’est pas comparable à celui des grands partis traditionnels, ne peut cependant être confondu avec les états-majors plus ou moins improvisés des nouveaux partis.
"Il dispose également de militants dévoués et aguerris parmi lesquels on notera un groupe assez important d’étudiants et de jeunes diplômés des Universités de Louvain et de Gand. Tous ceux qui ont été amenés à voyager dans le Nord du pays au cours de ces dernières semaines se seront rendus compte à suffisance du résultat pratique de ces campagnes de chaulage."

3Et nous ajoutions :

4

"C’est surtout du côté catholique flamand que la campagne contre la Volksunie se fait jour et la chose est assez compréhensible car ce parti présente incontestablement un danger potentiel pour le P.S.C. flamand."

5Les résultats des élections du 26 mars furent particulièrement favorables pour la Volksunie et, depuis lors, la percée de ce parti dans le monde politique flamand et partant dans le monde politique belge n’a cessé de s’affirmer.

6Nous croyons le moment opportun d’y consacrer deux numéros du Courrier Hebdomadaire [2].

7Aux récentes élections, ce parti a obtenu 182.407 voix, soit 3,46 % du corps électoral.

8Il convient cependant de noter qu’il ne se présentait que dans les cantons flamands et bruxellois à l’exclusion donc des cantons wallons et allemands d’Eupen-St-Vith.

9Les résultats obtenus dans les cantons électoraux où la V.U. se présentait sont les suivants :

  • 171.383 voix, soit 5,95 % dans les cantons flamands (le maximum ayant été atteint dans le canton de Nevele entre Thielt et Gand : 16,62 %),
  • et 11.024 voix, soit 1,65 % dans les cantons Bruxellois.

10Voici quels sont les meilleurs résultats obtenus :

tableau im1
1. Alost 9,51 % 2. Anvers 8,28 % 3. Gand 8,24 % 4. St-Nicolas 7,71 % 5. Malines 7,12 % 6. Termonde 6,30 % 7. Hasselt 5,51 % 8. Roulers 5,24 % 9. Tongres 5,09 %

11Voici par ailleurs les progressions en % enregistrées dans les différents arrondissements électoraux :

tableau im2
1. St-Nicolas + 4,73 % 2. Anvers + 3,81 % 3. Termonde + 3,78 % 4. Malines + 3,31 % 5. Hasselt + 2,87 % 6. Gand + 2,71 % 7. Bruges + 2,34 % 8. Roulers + 2,15 % 9. Turnhout + 2,01 %

2 – BREVE INTRODUCTION HISTORIQUE

12La plupart des observateurs de la vie politique belge voient dans la Volksunie le successeur des nationalistes flamands d’avant-guerre et, en particulier, du V.N.V. qui jusqu’en 1940 constitua une force non négligeable sur l’échiquier politique belge. Ce n’est que partiellement exact et la Volksunie est à la fois cela et autre chose.

13En 1940, le slogan des nationalistes flamands avait été "pas de second activisme", l’expérience de l’activisme pendant la première guerre mondiale ayant été jugée malheureuse et ayant laissé trop d’amers souvenirs dans les esprits flamands.

14Cependant, malgré cette volonté de ne pas retomber dans le travers de la collaboration avec l’ennemi, une partie du mouvement flamand glissa assez rapidement sur la pente de la collaboration et un acte en entraînant un autre, le mouvement de collaboration se précipita bientôt, les positions devenant rapidement irréversibles, surtout à partir du moment où, en vertu du mythe de la campagne anti-communiste, les éléments nationalistes flamands les plus radicaux crurent trouver dans cet anticommunisme un alibi valable pour toutes leurs prises de position pro-allemandes. A l’heure actuelle encore, près de vingt ans après les faits, c’est au nom de l’anticommunisme que l’on prétend expliquer la plupart des prises de position pro-allemandes et pro-hitlériennes de 1940-1944.

15D’autre part, ceux qui, tout en n’approuvant pas ce qu’ils considèrent comme des errements, essayent cependant d’y trouver des explications valables, invoquent généralement le fait que l’Etat belge dans son incompréhension vis-à-vis des justes revendications du mouvement flamand devait fatalement pousser les éléments les plus radicaux de ce mouvement flamand dans les bras de l’occupant.

16Cette thèse avait déjà été défendue au lendemain de la première guerre mondiale par l’historien libéral flamand, Maurice Basse, qui, tout en n’étant pas tendre pour les excès de l’activisme, essayait cependant d’en comprendre le mécanisme en quelque sorte fatal. Plus près de nous, un historien néerlandais, d’opinion socialiste, M. Willemssen a adopté une position similaire dans sa remarquable étude sur le nationalisme flamand entre 1914 et 1940.

17Quoi qu’il en soit, dans les années qui suivirent la libération du territoire belge en 1944, le nationalisme flamand fut détruit de fond en comble et il fallut attendre plusieurs années avant que des germes de résurrection voient le jour. La répression fut impitoyable et aujourd’hui encore elle a laissé des séquelles très lourdes au sein de la communauté flamande. D’une manière générale, tout ce qui avait touché de près ou de loin au nationalisme flamand d’avant-guerre fut touché par la répression et le mouvement fut littéralement décapité, tant en ce qui concerne ses leaders qu’en ce qui concerne ses cadres.

18Il est vrai que la découverte des atrocités commises par les hitlériens dans les camps de concentration à l’égard des patriotes belges exacerba le sentiment de vengeance. Tous ceux qui n’avaient pas participé à la résistance étaient d’emblée considérés comme collaborateurs s’ils avaient appartenu aux formations nationalistes flamandes d’avant-guerre, le préjugé défavorable pesant même contre certains d’entre eux qui s’étaient montrés irréprochables à cet égard pendant les dures années de l’occupation.

19Seuls semblent avoir été épargnés dans cette répression les flamingants œuvrant ou ayant rallié les rangs des partis politiques belges traditionnels et quelques indépendants.

20C’est du moins la thèse défendue actuellement par les néo-nationalistes flamands. A cet égard, il convient de signaler cependant les statistiques publiées par le professeur John Gilissen, Substitut général de l’Auditeur militaire, statistiques qui semblent infirmer certaines de ces déclarations dans ce qu’elles peuvent avoir d’excessif.

21Cependant, le nationalisme flamand n’était pas mort et faute de pouvoir s’extérioriser dans une formation politique, c’est dans les multiples associations culturelles, dans des groupements de danses populaires et de jeunesse qu’il couva et se développa dans les premières années qui suivirent 1944.

22A cet égard, on n’insistera jamais assez sur le rôle joué par la Fondation Lodewijk De Raet et par son animateur M. Maurice Van Haegendoren du mouvement scout catholique, imprégné d’esprit nationaliste flamand en même temps que d’esprit européen et partisan avoué d’un néo-travaillisme. Bon nombre de dirigeants actuels de la Volksunie et de la V.V.B. (Mouvement populaire flamand) firent leurs premières armes dans les multiples travaux et colloques organisés par la Fondation Lodewijk De Raet dont devaient d’ailleurs s’inspirer dans une certaine mesure les fondateurs et animateurs de la Fondation Charles Plisnier, sur le plan wallon, quelques années plus tard [3].

23Le professeur Max Lamberty, sociologue flamand, d’opinion socialiste, décrit fort bien cette évolution dans son ouvrage "De Vlaamse Beweging Nu" (Le Mouvement flamand actuel), paru en 1951. On retrouve également des échos pittoresques de cette situation dans certains journaux satiriques de l’époque et notamment dans "Rommelpot" d’Anvers qui eut son heure de célébrité dans l’immédiat après-guerre.

24Le Vermeylenfonds, quoique d’obédience socialiste, apporta également sa contribution à ce mouvement de reconstitution du mouvement flamand et l’on peut dire que, dans une certaine mesure, ses publications de 1947 sonnèrent le renouveau du mouvement flamand.

25Mais toutes ces initiatives n’auraient sans doute pas abouti si un assez fort courant de nationalisme flamand n’était resté vivant, quoique clandestin, dans de larges couches flamandes, traumatisées par la répression dont nous venons de parler.

26Et cependant le parti social-chrétien, héritier du Parti catholique d’avant-guerre, avait accompli le maximum d’effort pour profiter de la disparition apparente du courant nationaliste flamand. C’est ainsi que, par la voie de la cooptation, il avait recueilli dans ses rangs, en qualité de sénateurs cooptés, plusieurs personnalités qui, pendant la période d’entre deux guerres, avaient milité à des titres divers dans les rangs du V.N.V., notamment MM. Victor Leemans, De Winter et Custers (ce dernier étant actuellement Ministre de la Santé publique dans le Gouvernement Lefèvre-Spaak).

27Cette tentative qui s’avéra finalement vaine, puisqu’elle n’empêcha pas la renaissance du Mouvement nationaliste flamand, est connue sous le nom de Veruiming (élargissement).

28Il est vrai qu’elle ne pouvait être poussée dans sa logique extrême qu’au prix d’une radicalisation, - jugée excessive par d’aucuns et notamment par certains leaders P.S.C. wallons et bruxellois, - de la politique flamande du P.S.C. En d’autres termes, ce que le P.S.C. pouvait tenter de gagner sur son aile flamande, déjà largement prédominante, il risquait de le perdre sur son aile wallonne et sur son aile bruxelloise. Il se trouva donc contraint d’attiédir sa position proflamande et cela se traduisit notamment par sa politique hésitante dans ce domaine à l’époque où détenant la majorité absolue (entre 1950 et 1954), il eût pu marquer de son emprise totale la politique belge. Cette hésitation fut d’ailleurs largement exploitée par les leaders nationalistes flamands qui, en 1958 et davantage encore en 1961, revinrent en force sur le plan de l’actualité politique belge.

29Doivent également être considérées comme des tentatives de dominer le mouvement flamand les démarches répétées du P.S.C. pour s’emparer de l’organisation et de la direction de deux manifestations typiquement flamandes : le fameux pélerinage de la Tour de l’Yser d’une part, la fête populaire du Chant flamand d’autre part. Ces deux manifestations et tout particulièrement la première étaient parvenues à rassembler un grand concours de foule dans les années précédant immédiatement 1940 (plusieurs dizaines de milliers de manifestants dont un grand nombre de jeunes).

30Le Mouvement nationaliste flamand d’avant-guerre s’était surtout cantonné, depuis la constitution du V.N.V. en 1933, dans la politique de flamandisation de la Flandre et l’on peut dire que les lois linguistiques de 1932 (administration et enseignement) à 1938 (armée) en passant par 1935 (justice) avaient été influencées par la force percutante du mouvement nationaliste flamand qui s’était du reste uni d’une part au Parti Catholique flamand, d’autre part au mouvement rexiste qui s’était installé sur l’aire politique de l’époque.

31A la veille de la guerre, les leaders du mouvement nationaliste flamand considéraient généralement que leurs efforts au cours des années à venir devraient porter principalement sur les trois points suivants :

  • la lutte contre la francisation envahissante de la capitale, Bruxelles ;
  • la lutte contre la francisation permanente de l’Administration centrale, fixée à Bruxelles ;
  • la lutte contre le chômage structurel en Flandre.

32On remarquera que ces trois sphères d’activité constituent précisément le point d’impact de toute la stratégie nationaliste flamande à l’heure présente, les leaders de cette tendance affirmant que de leur point de vue la situation n’a cessé de s’aggraver depuis 1940.

33* * *

34Le réveil de la tendance nationaliste flamande, après 1944, se divise en plusieurs périodes.

35La période 1944-1949 doit être considérée comme une période de regroupement des forces s’effectuant le plus souvent dans une semi-clandestinité au plus fort de la période dite de répression.

36De 1949 à 1954, des efforts organisés, mais encore fort dispersés, se développent dans un sens à la fois doctrinal et organisationnel. Le leitmotiv de l’époque est la lutte en faveur de l’amnistie pour les nombreux condamnés à des titres divers de collaboration.

37En 1949, on enregistre une des premières prises de position en faveur du fédéralisme. Elle émane d’une association d’étudiants, le K.V.H.V., où bon nombre de leaders actuels de la Volksunie firent leurs premières armes.

38Cependant, à cette même époque, les leaders orthodoxes du P.S.C. commencent à défendre la thèse de l’inéluctabilité du triomphe flamand par le simple jeu parlementaire, compte tenu de la majorité sans cesse croissante de la fraction flamande de la population. A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler qu’à aucun moment de l’histoire de Belgique, les Flamands, qui se sont pratiquement toujours comportés comme une minorité de fait, n’ont constitué une véritable minorité au sein de la Belgique. Les chiffres en font foi.

39Les nationalistes flamands n’ont cessé de prétendre que cette affirmation constituait une illusion que les évènements ne cessaient de mettre en échec. L’issue de la question royale, dans laquelle les Flamands majoritaires qui avaient largement contribué à obtenir le pourcentage de 57 % en faveur du roi Léopold III, durent finalement s’incliner devant les Wallons (et dans une certaine mesure devant les Bruxellois) minoritaires, vint étayer la thèse nationaliste flamande.

40Toutefois, pendant cette période héroïque de la reconstitution des structures nationalistes flamandes, on enregistre, tout comme avant 1933, des luttes de tendances où dominent les questions personnelles, ce qui entraîne et des prises de positions diverses et des excommunications. L’histoire de cette période confuse reste à faire, Willemsen ayant arrêté son analyse à 1940. Cette confusion se traduit notamment par la publication de différents périodiques dont "Opstanding".

41Mais dès le départ de leur œuvre de réorganisation, les dirigeants nationalistes flamands enregistrent la perte considérée à la fois comme importante et comme irrécupérable de deux catégories d’ex-nationalistes flamands :

  1. ceux qui se sont incorporés dans l’appareil du P.S.C. et qui, à des titres divers, y ont trouvé des situations et des avantages ;
  2. ceux qui, ne pouvant se détacher d’une certaine idéologie, - les nostalgiques du nationalisme flamand d’avant-guerre, - n’approuvent pas la formule nouvelle défendue par les néo-nationalistes notamment mais pas uniquement en matière de ralliement à la formule européenne dont nous aurons l’occasion de reparler plus loin.

42Quelques semaines avant les élections législatives de 1949, un parti est constitué sous le nom de Vlaamse Concentratie. Pratiquement sans moyens et sans préparation, ce parti obtient néanmoins 104.000 voix, les candidats étant pour la plupart des hommes nouveaux, peu ou pas du tout connus du corps électoral.

43Ce premier résultat est d’ailleurs diversément interprété. D’une part, ceux qui espéraient récupérer d’emblée le chiffre électoral obtenu par le V.N.V. à la veille de la guerre furent cruellement déçus [4]. D’autre part, ceux qui croyaient le nationalisme flamand liquidé une fois pour toutes furent également déçus car il apparaissait clairement que le mouvement avait conservé un noyau de fidèles, base opérative sur laquelle il était possible, - et l’avenir démontra que cette idée était exacte, - de reconstruire un mouvement suffisamment fort pour ne pas être ignoré sur le plan de la politique belge.

44En 1952, pour la première fois, des nationalistes flamands se présentent aux élections municipales et enlèvent des sièges à Anvers, notamment en faveur de M. Herman Wagemans, ex-président du groupement estudiantin flamand (Leuvens Studenten Verbond) en 1939-1940. Ce même M. Wagemans devait être élu député de la Christelijke Vlaamse Volksunie (Union populaire chrétienne flamande) aux élections de 1954 pour être évincé en 1958 par M. Vander Elst, l’actuel président de la Volksunie.

45Le renouveau nationaliste flamand se fait surtout sentir dans la jeunesse, cette fraction de la population qui ne peut en principe être taxée de collaboration pendant l’occupation à une époque où elle venait à peine de naître et où en toute hypothèse son jeune âge la mettait automatiquement à l’abri de toute participation quelconque à la politique de collaboration.

46Parmi les causes extérieures qui, selon les observateurs, amenèrent le plus d’appui au renouveau du mouvement nationaliste flamand, il convient de mentionner l’issue de la question royale, la non-application des lois linguistiques, la politique plus qu’hésitante du point de vue flamand des gouvernemets catholiques homogènes qui se succédèrent au pouvoir de 1950 à 1954, la publication dans les premières semaines du gouvernement Van Acker des résultats contestés du recensement linguistique de 1947, résultats qui n’ont jamais été acceptés par les leaders du Mouvement nationaliste flamand et qui ont d’ailleurs fait l’objet de mises au point émanant de personnalités flamandes moins radicales appartenant à l’opinion des partis traditionnels.

47Aux élections de 1958, le mouvement plafonna. Sous son titre actuel de Volksunie, il ne parvint en effet pas à faire mieux qu’en 1954 et dut se contenter d’un seul siège à Anvers.

48Ce n’est qu’aux récentes élections de 1961 que la Volksunie fit une réelle percée en acquérant 5 députés et 2 sénateurs.

49Cependant, la Volksunie est loin d’avoir égalé le succès du V.N.V. d’avant-guerre et cela permet à certains observateurs politiques d’affirmer que la montée de ce parti nationaliste est loin d’être terminée [5].

3 – ORGANISATION

50Le siège de la V.U. est situé à Bruxelles, Boulevard Maurice Lemonnier, 82 (Tél. 11.82.16).

51Le parti possède déjà un appareil bien structuré qui se renforce de jour en jour, depuis le succès électoral de mars 1961. Il dispose notamment du concours de nombreux jeunes gens très enthousiastes. Les étudiants sont relativement nombreux.

52La direction centrale du parti [6] comporte les parlementaires des représentants de pratiquement toutes les régions du pays flamand. On y trouve quelques noms connus, relativement peu nombreux. La plupart de ces personnes sont des nouveaux venus dans l’arène politique.

53Il existe un comité arrondissemental dans chaque arrondissement électoral.

54En principe, il existe des sections locales dans les communes mais en 1961, lors des élections, une telle structuration était loin d’être réalisée dans tous les arrondissements.

55Les statuts originaux de la V.U. sont actuellement à l’étude en vue de leur modification. Les initiés prétendent que cette modification serait à la fois profonde et importante.

56C’est ainsi que les nouveaux statuts donneraient à la V.U. une structure plus démocratique que celle des partis traditionnels, dans lesquels l’appareil du parti joue un rôle prédominant, sinon exclusif.

57La modification de ces statuts, dont un avant-projet aurait été approuvé par la direction centrale (Moofdbestuur) le 6 janvier dernier porterait notamment sur une réorganisation fondamentale des sections locales, les sections d’arrondissement apparaissant comme l’émanation de ces cellules de base alors que c’était l’inverse qui se présentait jusqu’à présent.

58Le nombre des membres de la V.U. n’a pas été publié à ce jour. Il semble être relativement peu élevé et la proportion entre le corps électoral (165.000 électeurs) et le nombre de membres de la V.U. ne doit pas être fort différente de celle existant dans les partis traditionnels.

59Par contre, la proportion des militants par rapport au nombre des membres du parti est certainement beaucoup plus élevée dans la V.U. que dans les partis traditionnels et sans vouloir affirmer comme d’aucuns l’ont fait que chaque membre de la V.U. est un militant plus ou moins dévoué de cette organisation et non un simple porteur de carte d’affiliation comme c’est le cas de la grande majorité des membres des partis traditionnels, il convient cependant de tenir compte de la différence d’intensité dans l’appartenance.

60Le recrutement est actuellement en pleine expansion. Toutes les semaines, l’hebdomadaire de la Volksunie donne des renseignements à ce propos et les nouvelles sections prolifèrent à travers tout le pays flamand. C’est ainsi que la section groupant les trois communes importantes de St-Gilles, Forest et Uccle n’a été constituée que fin avril 1962.

61Il convient de remarquer que la percée réussie par la V.U. dans les grandes villes d’Anvers, de Bruxelles et de Gand donne à ce parti une teinte beaucoup plus citadine que ce n’était le cas pour le nationalisme flamand d’avant-guerre encore que pour Bruxelles par exemple, le gros des forces de la V.U. provienne des communes flamandes rurales et semi-rurales de l’arrondissement électoral de Bruxelles bien plus que des 19 communes constituant l’agglomération bruxelloise proprement dite. (1)

62* * *

63Les observateurs de la vie politique belge ont généralement mis l’accent sur l’importance prise par les activités annexes des partis politiques traditionnels, qu’ils s’agissent de syndicats, de mutuelles, de coopératives, etc…

64Cette remarque n’a pas échappé à l’attention des dirigeants de la V.U. qui s’évertuent à creer autour du parti proprement dit tout un réseau d’œuvres annexes.

65En matière syndicale, les dirigeants de la V.U. visent à se distancer des syndicats inféodés aux grands partis, tant la F.G.T.B. socialiste que la C.S.C. sociale-chrétienne, pour ne pas parler des syndicats libéraux.

66Les membres de la V.U. sont invités à s’affilier à l’Algemeen Vlaams Vakverbond (A.V.V.), dont le siège est au 38 de la Rue Pletinckx à Bruxelles dans le même immeuble que la Brasserie Uylenspiegel, local nationaliste flamand bien connu des habitués des manifestations et centre-manifestations bruxelloises.

67Ce syndicat, dont les effectifs n’ont pas été rendus publics, ce qui laisse supposer qu’ils ne doivent pas être très élevés, existe cependant depuis bon nombre d’années, son journal mensuel Recht en Plicht (Droit et Devoir) étant édité depuis 25 ans.

68Ses principales chroniques sont consacrées aux services publics (Vlaams Sindikaat der Openbare Diensten) où il semble recruter jusqu’à présent l’essentiel de ses adhérents, aux employés (Vlaamse Bedienden-Centrale) et à la défense du fédéralisme sous la plume de M. Vanderspiegel, l’éditeur responsable du journal.

69En matière mutuelliste également, les membres de la V.U. sont invités à s’affilier à des mutuelles indépendantes des Mutuelles satellites des partis politiques traditionnels (Verbond der Onafhankelijke Mutualiteiten). Il existe à l’heure actuelle au moins trois mutuelles se réclamant de la doctrine nationaliste flamande :

  • Broederliefde à Bruges,
  • Flandria à Gand,
  • Vlaamse Ziekenkas à Anvers.

70Toutes trois recueillent tant les assurés obligatoires que les assurés libres.

71En matière d’assurances, les membres de la V.U. sont invités à s’adresser à des firmes entièrement flamandes ou supposées telles ("Mercator" à Anvers ou "De Noordstar en Boerhave" à Gand).

72La V.U. dispose d’un organe de presse intitulé "Volksunie" qui, primitivement mensuel, est devenu hebdomadaire depuis le 1er janvier 1961 [7].

73Cette publication de 16 pages comporte des rubriques diverses et des informations assez précises sur la vie interne du mouvement.

74* * *

75(La suite de cette étude sera publiée dans un prochain numéro de notre Courrier Hebdomadaire)

ANNEXES

DIRECTION DE LA VOLKSUNIE

tableau im3
Ballet H. Dr Anvers (national) Belmans Jo Geel (Turnhout) Cololemont Cl. Nieuwerkerken (Hasselt-St-Trond) Cool Jef Lede (Alost) Bosmans Herman Ekeren (Anvers) Cosijns Gies Kwaremont (Audernaerde) Bouckaert Roulers Couvreur Walter Anvers (national) De Bondt Jan Dixmude (Furnes-Ostende) De Coninck Daniel Uccle (député, président provincial) De Groote Gaspard Oostrozebeke De Moor Merelbeke (Gand) De Roo Guido Gand (président provincial) De Voldere Westkerke (président provincial) De Witte Renaix (Audenaerde) Diependaele Erwetegem (Sénateur) Hendriks Genck (Tongres-Maaseyk) Jorissen W. Anderlecht (Secrétaire général Comité Directeur) Lecompte H. St-Idesbald (Furnes) Maes R. Zaventem (président V.?.O.) Mattheyssens R. Mortsel (Député, Comité Directeur) Pauwels G. Lombeke Waesmuster (Termonde) Pelgrims Louvain (Louvain) Renard Malines (Malines) Rens Louvain (Louvain) Rolus Ward Anvers (Anvers, conseiller provincial) Roosens Rob Anvers (Sénateur) Ludo Duffel (Malines) Steegmans J. Dilbeek (Bruxelles) Van Boxelaere Wichelen (Termonde)
tableau im4
Vanbruggen Turnhout (Turnhout) Van de Kerkhove Omer Aaltert (Gand) Van den Berghe Jan Alost (Alost) Van der Elst F. Neder Over- Heembeek (Député, Président général, Comité Directeur) Van der Paal Rudi Berchem-Anvers (leader de l’organisation Comité Directeur) Van In G. Bruges (Bruges) Van Heemputten R. Velzeke-Ruddershove (Député, national) Van Malderen A. Anderlecht (Bruxelles) Van Maldergem A. Courtrai (Courtrai) Van Overstraeten T. Erembodegem (chef de la propagande) Verbeke Leo St-Nicolas (St-Nicolas) Van Tulden Bruges (Bruges) Wauters Gand (Député, Comité de Direction)

CONGRES EXTRAORDINAIRE DE LA VOLKSUNIE. (10 décembre 1961)

I – Résolutions concernant Bruxelles et sa périphérie

76Le Congrès de la V.U., en réunion extraordinaire, constate que la dénationalisation et la désarticulation de la communauté autochtone flamande et de l’émigration flamande à Bruxelles sont les séquelles d’une politique consciente de francisation de l’Etat belge unitaire, menée pendant 159 ans, dont on ne veut pas encore reconnaître l’absurdité et l’injustice ni en faire cesser les effets, encore moins les réparer.

77Cette situation se traduit par la centralisation continuelle et la concentration de toute la vie nationale à Bruxelles, une lourde charge et une menace directe pour le présent et l’avenir de notre peuple aussi bien en plein cœur du pays flamand, où elle freine la flamandisation de la vie professionnelle, que dans le Brabant flamand qui est directement menacé de colonisation.

78La V.U. :

79Exige par conséquent un assainissement structurel urgent et profond pour sauvegarder la communauté flamande et l’avenir de notre jeunesse ;

80Souligne le caractère urgent de cette opération compte tenu de l’accroissement rapide des professions de service (aux U.S.A., il y a déjà plus d’employés que d’ouvriers), 47 % des nouveaux postes d’employés en Belgique sont monopolisés à Bruxelles qui ne représente que 1/10ème de la population.

81Demande d’urgence aux parents flamands et à la jeunesse flamande de prêter attention à cet aspect des choses.

821. La V.U. exige pour l’assainissement de la situation dans le cadre de l’actuelle Constitution :

  • l’ajustement des frontières administratives à la frontière linguistique sans facilités légales et sans second réseau d’enseignement dans l’autre langue que la langue régionale, l’enseignement de la seconde langue étant toutefois renforcé ;
  • la flamandisation totale de la vie professionnelle en Flandre, et une flamandisation proportionnelle de cette même vie professionnelle à Bruxelles ;
  • dans le cadre du plan Alpha, une orientation du courant migratoire de population flamande et wallonne vers la Flandre et la Wallonie en respectant le caractère flamand et wallon du Brabant flamand et du Brabant wallon ;
  • la création d’un arrondissement administratif, électoral et judiciaire de Bruxelles comportant les 19 communes de la capitale ;
  • l’octroi à Bruxelles de la moitié des fonctions aux porteurs des diplômes flamand et français, la création d’un cadre de promotion bilingue avec recrutement paritaire entre Flamands et Wallons, l’établissement d’un système alternatif pour l’emploi des langues en service interne ;
  • le bilinguisme des fonctionnaires en contact avec le public. Un contrôle effectif par la publication d’annuaires, de rapports annuels devant le Parlement et la possibilité légale pour les associations professionnelles dé fonctionnaires d’intervenir à ce propos devant le Conseil d’Etat ;
  • le développement et la diffusion suffisante de l’enseignement du néerlandais à Bruxelles par l’établissement d’écoles flamandes autonomes.

832. La V.U. affirme par ailleurs que, seul, le Fédéralisme à deux avec une large autonomie pour la Flandre et la Wallonie pourrait octroyer dans l’avenir au peuple flamand et à la jeunesse flamande la part qui leur revient dans cet état.

84Seul le Fédéralisme peut réaliser l’assainissement nécessaire à Bruxelles dans l’intérêt de tout le pays, notamment :

  • en créant des organes administratifs paritaires dans la capitale fédérale et des cadres parallèlement égaux, adaptés aux populations flamandes et wallonnes ;
  • en créant une représentation organique concluante de la communauté flamande à Bruxelles, par l’instauration d’une subnationalité flamande, maintenant le contact avec la communauté flamande et assurant chacun d’office d’une réception dans sa propre langue auprès des services de l’Etat civil et de la population par le personnel local et communal. Idem en matière d’enseignement et de recrutement.

85La V.U. insiste sur la nécessité pour Bruxelles de se comporter d’abord comme une capitale nationale décente, avant de poser sa candidature en qualité de capitale de l’Europe.

II – Résolutions concernant la frontière linguistique

86La V.U., réunie en congrès extraordinaire, constate qu’en ce moment, surtout sous la pression de la Flandre consciente, le Gouvernement et le Parlement entament le processus de la fixation de la frontière linguistique. Elle désire préalablement faire remarquer que, quoique donnant ainsi satisfaction aux désirs légitimes de la communauté flamande, la fixation, telle qu’elle risque de se réaliser actuellement dans la pratique, équivaut à un vol supplémentaire d’un sol indiscutablement flamand.

87A ce sujet, la V.U. estime inadmissible qu’une fixation, qui se veut scientifique, parte déjà des conclusions discutées du Centre Harmel, conclusions qui, dans le projet Gilson, sont modifiées en outre encore plus désavantageusement pour la Flandre.

88La V.U. rejette d’avance tout arrangement qui blesse l’inviolabilité du territoire flamand. Elle s’oppose catégoriquement à toute "facilité" dans n’importe quel domaine.

89La V.U. reste convaincue, comme dans le passé, que la fixation de la frontière linguistique doit se faire exclusivement sur la base du principe que la forme cultivée de la langue régionale doit être la langue courante aussi bien dans l’enseignement que dans l’administration. Cet arrangement, d’autre part, est d’intérêt public et la décision ne peut, en aucun cas, être laissée aux politiciens locaux.

90La V.U. signale que les conclusions de la Commission de la frontière linguistique de l’Intérieur en la matière doivent être modifiées comme suit :

  1. dans la région de Comines :
    Les régions du Nord des communes de Ploegsteert, Warneton et Bas-Warneton doivent être annexées aux communes flamandes limitrophes. La commune de Houtem est indiscutablement flamande et doit, comme commune flamande, rester dans l’arrondissement d’Ypres, de même que les hameaux Ten Brielen et Godshuis de la commune de Comines.
  2. dans la région de Mouscron :
    Le quartier de la gare Aalbeke et le hameau Het Kompas (tous deux appartenant à Mouscron) doivent respectivement être rattachés à Aalbeke et Rollegem ; le hameau Tombroek (de Lowingen), pure terre flamande, doit également être rattaché à Rollegem, la bande au Nord de la rivière de Grote Spiere doit être rattachée aux communes flamandes limitrophes. La commune d’Espierres (Spiere), entièrement flamande, doit demeurer dans l’arrondissement de Courtrai en tant que commune flamande.
  3. dans la région de Renaix :
    La partie Nord des communes d’Orroir et d’Amougie (Kluisbos) doit être rattachée à Ruien ; Rozenaken, presque exclusivement flamand, doit rester dans l’arrondissement d’Audenarde-Renaix ; le hameau wallon La Durenne doit être séparé de Renaix et annexé à Ellezelle ; le hameau d’Hoppe (Vloesberg), exclusivement flamand, doit aller à Schorisse, la partie nord-est de la commune de Vloesberg, située entre Opbrakel et Everbeek, doit être annexée à cette commune ; tout le territoire de Akrenbos-Haie, de Viane et Donkerstraat (Deux-Acren) doit être annexé à Overboelare, Moerbeke et Viane.
  4. dans la région d’Enghien :
    La commune de Marke, à l’exception des hameaux de Labliau et de Hembecq, doit être annexée à la région du Brabant flamand de même que la petite ville flamande d’Enghien et la partie nord de Lettelingên (dont tout le hameau Kokiane). Le hameau Herbeek (St Renelde) doit être rattaché à Lembeek.
  5. dans la région sud de Bruxelles :
    Le hameau Curé-la-Flute (Braine-l’Alleud) doit aller à Rhode-St-Genèse ; le hameau’t Rot et tout Bakenbos doivent aller à Hœilaart et Overijse ; le quartier de la gare de La Hulpe sur le territoire d’Overijse doit demeurer à Overijse.
  6. dans la région de Tirlemont :
    Le centre du village de l’Ecluse (Brabant) doit rester dans l’arrondissement de Louvain comme terre flamande.
  7. dans la région sud de St-Trond :
    Le centre de Roost (Roost-Krenwick) doit aller au Limbourg.
  8. dans la région d’Outre-Meuse :
    Les communes d’Aubel (moins le hameau St-Jean Sart), Henri Chapelle (moins le quartier wallon), Membach, Baken-Wezer (moins le hameau wallon Forges), Welkenraet, Moresnet, Gemmenich, Sippenaken et Montzen et le hameau Vlamerie (sous Clermont) où l’on parle un dialecte limbourgeois, doivent être annexées au Limbourg.

III – Résolutions concernant le Fédéralisme

91En qualité de nationalistes flamands, nous confirmons notre point de vue que, pour le peuple flamand, la question flamande est une question nationale ; comme telle, elle englobe tous les secteurs de la vie sociale, elle n’est pas seulement une question linguistique, culturelle, sociale ou économique, mais l’ensemble de tout cela.

92Nous sommes par conséquent d’avis que la question flamande ne peut être résolue par des solutions partielles, par la solution satisfaisante ou non de l’un ou de l’autre problème, mais exige une solution globale.

93En qualité de nationalistes flamands, nous confirmons notre foi dans la valeur durable d’une communauté ethnique en tant que communauté naturelle de personnes qui, par la langue, la culture, le caractère national et l’origine, constituent un tout.

94Nous sommes convaincus que de nos jours, avec l’extension de la tâche, de l’influence et du pouvoir de l’Etat, aucun peuple ne peut vivre normalement et mettre à profit toutes ses possibilités dans un état étranger ; qu’une collaboration étroite et confiante entre l’Etat et les citoyens n’est possible qu’à la condition qu’on sente l’Etat comme l’émanation du peuple ; qu’en Belgique, comme le disait M. Coppé, ancien Ministre, au Ve Congrès économique scientifique à Gand, par la structure unitaire de l’Etat, la centralisation à Bruxelles, le rôle prépondérant joué par des étrangers au peuple, les circonstances historiques, "l’Etat est l’ennemi" ; que cette situation est un lourd obstacle sur le chemin d’un plus grand épanouissement économique, social et culturel.

95Nous sommes convaincus que le fédéralisme est nécessaire afin de pouvoir prendre en Flandre les initiatives qui s’imposent sur le plan socio-économique et de pouvoir mener la politique adéquate pour la solution des problèmes propres aux régions flamandes et rattraper ainsi, dans un délai raisonnable, l’indiscutable retard économique et social.

96Nous sommes également convaincus que l’opposition entre Flamands et Wallons est l’une des raisons principales du raidissement et de l’immobilisme dans la vie politique de notre pays et son impuissance à résoudre les vieux problèmes ; les problèmes flamands et wallons non résolus constituent une lourde hypothèque pour la vie de l’Etat.

97Nous constatons, à la lumière d’une longue expérience, que les partis politiques traditionnels, divisés sur le plan interne et surtout soucieux de leur unité, maintiennent et font durer l’anomalie, sont impuissants à mettre fin au retardement et au déclassement intolérables des Flamands, ne sont pas en mesure de donner, dans un délai raisonnable, une solution acceptable aux multiples problèmes flamands. Nous constatons également la contradiction entre certains points de leur programme, comme l’autonomie culturelle et la décentralisation et la politique menée par eux chaque fois qu’ils accèdent au pouvoir.

98Nous rejetons catégoriquement un nationalisme d’Etat, désuet et néfaste, qui se cramponne obstinément à la structure de l’état unitaire à cause d’une idée étatique et place la soi-disante raison d’Etat au-dessus de l’intérêt du peuple ; nous voyons en cela l’expression d’un conservatisme mesquin et d’une attitude réactionnaire inspirée par le souci de stabiliser les positions acquises et établies.

99Nous nous prononçons avec conviction pour la réorganisation de l’Etat belge sur une base fédéraliste ; seul, le fédéralisme offre une solution décisive et globale à la question flamande ; c’est la seule solution pour donner à la communauté flamande un statut de droit public au sein de l’Etat belge qui assure aux Flamands d’être "maîtres chez eux".

100Nous sommes convaincus que, par le fédéralisme, l’Etat se rapprochera des peuples flamand et wallon dans un véritable esprit démocratique ; que de nombreux problèmes trouveront une solution ; que l’immobilisme sera vaincu par l’énergie nationale renouvelée en Flandre et en Wallonie.

101Nous sommes également convaincus qu’en Flandre, aussi bien sur le plan culturel que socio-économique, le fédéralisme permettra un grand progrès et un épanouissement.

102Nous rejetons toutefois avec énergie toute forme de fédéralisme tronqué ou faussé comme un sénat paritaire ou la règle de la majorité des deux tiers, formules inventées pour assurer aux Wallons les avantages du régime unitaire en même temps que les avantages du fédéralisme, et imposer aux Flamands les désavantages des deux formes d’Etat.

103Nous rejetons aussi toute forme de fédéralisme provincial, par lequel l’entité nationale du peuple flamand est méconnue et qui nous ferait retomber dans un régionalisme désuet et injustifié de nos jours ; nous voulons la Flandre et la communauté flamande, reconnues et traitées comme une entité et non divisées et morcelées en provinces.

104Nous rejetons finalement toute formule de fédéralisme à trois, dans laquelle Bruxelles, comme tierce partie, continuerait à jouer le rôle décisif dans toutes les affaires fédéralistes et garderait une position d’hégémonie.

105Nous ne pouvons nous satisfaire qu’avec une forme de fédéralisme complet partant de l’idée fondamentale de l’existence de deux communautés ethniques en Belgique ; le fédéralisme doit assurer à ces deux communautés la plus grande autonomie possible dans le cadre d’un Etat fédéral.

106Nous estimons aussi que la réorganisation de la Belgique sur la base ethno-fédéraliste est une condition nécessaire pour la promotion de la collaboration et de l’unification européennes, parce que, seul, le fédéralisme garantit aux communautés ethniques la survie dans une communauté supra-nationale.

107Nous considérons comme notre têche et notre mission de gagner le peuple flamand au fédéralisme et organiserons à cet effet une grande action d’information et de propagande.

Notes

  • [1]
    C.H. N° 101 du 24 mars 1961.
  • [2]
    Le second C.H. consacré à la Voksunie paraîtra en juin, après le Landdag, qui se tiendra à Asse le dimanche 3 juin 1962.
  • [3]
    Voir C.H. N° 146 du 30 mars 1962.
  • [4]
    Voir les statistiques électorales figurant en fin de cette étude. (N.B. : La fin de cette étude sera publiée dans un prochain Courrier).
  • [5]
    Voir les statistiques électorales figurant en fin de cette étude. (N.B. : La fin de cette étude sera publiée dans un prochain Courrier).
  • [6]
    Voir annexe n° 1.
  • [7]
    Dans un prochain C.H., nous publierons une analyse plus poussée du contenu de ce Moniteur depuis le 1er janvier 1961.
Mis en ligne sur Cairn.info le 20/12/2014
https://doi.org/10.3917/cris.148.0001
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