CAIRN.INFO : Matières à réflexion

I – INTRODUCTION

1Sous le titre générique de "Dialogues entre Flamands et Wallons", nous entamons aujourd’hui la publication d’une série de "Courriers Hebdomadaires".

2Ce premier numéro est consacré à une brève étude de deux fondations culturelles : une flamande, la "Lodewijk de Raet Stichting" et une wallonne, "La Fondation Charles Plisnier".

3De part et d’autre, en Flandre et en Wallonie, il existe d’autres fondations et d’autres institutions poursuivant des buts plus ou moins similaires mais si notre choix s’est arrêté d’abord sur les deux institutions que nous venons de citer, c’est parce que, d’une part, l’une et l’autre se réclament de la mémoire de grands disparus et que, d’autre part, comme nous le verrons dans la partie finale de la présente étude, les deux fondations ont éprouvé le besoin de se rencontrer et de joindre leurs efforts dans certains cas bien précis.

4Ce sont ces deux considérations qui ont déterminé notre choix.

5Notre intention cependant est d’aborder au cours des prochains mois l’étude d’autres institutions similaires.

6* * *

7Charles Plisnier est généralement connu comme écrivain, romancier et poête. Hennuyer, il fut consacré à Paris par le Prix Goncourt.

8Son activité politique est moins connue. Etudiant à l’Université de Bruxelles, il participa aux débuts du mouvement communiste en Belgique mais s’en sépara assez rapidement. "Faux-Passeports" est un souvenir tangible de cette aventure de jeunesse. Sa conversion au catholicisme ne passa pas inaperçue.

9Après la libération, il joua un rôle important au premier Congrès National Wallon à Liège et fut considéré à partir de ce moment comme une des figures de proue du nationalisme wallon naissant.

10* * *

11Lodewijk De Raet, dont la vie se situe assez curieusement entre deux guerres (1870-1914) est considéré par beaucoup comme un des principaux éveilleurs de la conscience flamande.

12Il est considéré comme le précurseur de l’enseignement supérieur en langue néerlandaise en Belgique et de l’orientation économique dans le mouvement flamand jusqu’alors essentiellement romantique dans son expression. Lodewijk De Raet est également considéré comme le pionnier de l’éducation populaire en Flandre.

13Il fut en effet la cheville ouvrière de la "Vlaamse Hogeschool comissie" de 1907 à 1914, dont les travaux contribuèrent à la création des premiers cours en langue néerlandaise à l’Université de Louvain dès 1912 et à la large adhésion au principe de la flamandisation de l’Université de Gand acquis dans les milieux parlementaires à la veille de la première guerre mondiale.

14Auteur d’un "Programme économique pour le mouvement flamand", il est à l’origine de la création du "Vlaamse Handelsverbond" en 1909, préfiguration de la confédération économique flamande "Vlaams Economisch Verbond" (V.E.B.), qui verra le jour par après.

15Mais c’est au titre de pionnier de l’éducation populaire que De Raet, collaborateur du nouvel Institut de Sociologie Solvay, doit d’avoir vu son nom consacré par la Fondation dont nous étudions aujourd’hui quelques aspects.

II – STICHTING LODEWIJK DE RAET

1 – Constitution

16Dans une certaine mesure, on peut dire que les débuts de la Fondation Lodewijk De Raet se confondent avec le développement de l’Université populaire en Flandre.

17Le mouvement des Universités populaires s’est développé dans beaucoup de pays parfois sous un nom différent (par exemple "Residential Adult Education" aux U.S.A.).

18Le berceau de ce mouvement est le Danemark et les pionniers en furent Grudvig et K. Kold. Le mouvement y a prospéré et on estime qu’actuellement, un peu moins d’un tiers de jeunes gens âgés de plus de 18 ans, bénéficient, surtout à la campagne, de cet enseignement spécialisé.

19Le mouvement s’est également développé dans tous les autres pays Scandinaves : Norvège, Suède, Finlande.

20Il s’est introduit de manière plus ou moins large en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne, au Canada et aux U.S.A.

21Aux Pays-Bas, peu avant-guerre, le mouvement prit naissance à Bakkeveen-en Frise dans la ferme "Allardsoog". Après s’être "occulté" pendant l’occupation, il reprit un départ foudroyant après la libération et l’expérience flamande s’est évidemment largement inspirée de cet exemple proche.

22En Flandre, les quelques tentatives élaborées avant-guerre ne débouchèrent pratiquement qu’en 1950.

23En 1952, la Fondation Lodewijk De Raet vit le jour sous la forme juridique d’une institution d’utilité publique (qui ne peut donc pas recruter de membres).

24Les buts des promoteurs de cette Fondation étaient les suivants :

  1. l’augmentation de la puissance populaire flamande, menacée par une maturité politique insuffisante et par le nihilisme politique qui se constatait dans de large couches flamandes au lendemain de la guerre ;
  2. le renouvellement de la culture populaire également menacée par le cosmopolitisme et l’américanisme et par un provincialisme étriqué ;
  3. la solidarité et la cohésion de tous les flamands, quelle que soit leur opinion.

25L’insigne de la Fondation, dont le siège est fixé à Bruxelles, Coudenberg, 72 (Tél. : 13.04.38), est la cloche dans triangle - symbole de toutes les Universités populaires en Flandre.

26Le Conseil d’Administration de la Stichting Lodewijk De Raet [1] comporte des personnalités appartenant à toutes les facettes de l’opinion publique en Flandre avec une prédominance, compréhensible, de l’élément catholique.

27La cheville ouvrière de l’institution est M. Maurice Van Haegendoren, historien de profession (aux archives du Royaume), M. Van Haegendoren, qui s’est illustré jadis dans le mouvent scout est un élément extrêmement dynamique qui adopte fréquemment des attitudes radicales sur le plan flamand (dans le Standaard ou dans le cadre du Mouvement Populaire flamand par exemple) en dehors de la Fondation mais qui, sur le plan proprement dit de la "Stichting Lodewijk De Raet" observe une stricte objectivité à laquelle tous ceux qui furent témoins ou acteurs des activités de la Fondation ont tenu à rendre hommage.

28Certains observateurs prétendent mène que le déclin relatif de la Fondation est dû en grande partie à l’application stricte de ces principes de neutralité et d’objectivité, les éléments les plus actifs du mouvement flamand s’étant engagés dans des formations plus militantes (Mouvement Populaire Flamand, Volksunie, etc…).

29* * *

30Parmi les bailleurs de fonds pour l’année 1960, nous relevons notamment :

  • le Ministère de l’Instruction Publique,
  • le Ministère des Affaires Economiques,
  • le Ministère des Travaux Publics,
  • les 4 provinces flamandes et la province de Brabant,
  • le Fonds pour les relations culturelles belgo-néerlandaises, belgo-anglaises, belgo-danoises et belgo-allemandes,
  • quelques villes et communes :
    • Borgerhout, Deurne, Hemiksem, Merksem et Wilrijk dans la banlieue anversoise,
    • Malines, Hasselt, Diest, Lokeren, Ninove, Furnes, Gentbrugge, Tessenderloo, Wezembeek-Oppen dans la banlieue bruxelloise, etc…,
  • quelques institutions bancaires :
    • Kredietbank, Banque Nationale, Société Générale, Banque de Bruxelles, etc…,
  • quelques grandes entreprises :
    • Gevaert, Ebes, Bell Telephone, Fabelta, Philips, Brepols, etc…

31Toutes ces entreprises sont évidemment situées soit en Flandre, soit à Bruxelles. Cependant, la liste des donateurs telle qu’elle est publiée en pages 42 à 44 du rapport de 1960 comporte au moins deux entreprises dont le siège est situé dans la partie wallonne du pays : Les Papeteries de Genval et Englebert à Liège.

2 – Activités

32En dix années d’activité, la Fondation a pratiquement abordé la plupart des problèmes qui intéressent le développement de toutes les parties du pays flamand.

33Les Cours consacrés au "Mouvement flamand" furent particulièrement importants et l’on peut affirmer qu’ils ont contribué pour une très large mesure au réveil de la conscience flamande après la période d’hibernation qui suivit la libération.

34Bon nombre de personnalités qui figurent actuellement en premier rang du mouvement flamand actuel y prirent une part plus ou moins actives.

35Cependant, cette activité spécifique ne doit pas faire perdre de vue toutes les autres activités de la Fondation.

36a) Cours :

tableau im1
1950-1957 1958 1959 1960 1950-1960 Mouvement flamand 8 1 - 1 10 Education populaire 25 15 23 24 87 Sociaux économiques 34 5 4 2 45 Agraires 3 - - - 3

37b) Week-ends et journées d’études :

tableau im2
Mouvement flamand 17 3 1 - 21 Education populaire 37 28 16 21 102 Sociaux économiques 22 7 2 13 44 Agraires 21 2 - 1 24 Coloniaux 15 2 - - 17

38c) L’université populaire organise également des voyages d’études, d’abord principalement aux Pays-Bas mais également en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France.

39d) M. Hemmerechts, collaborateur de la Radio-Télévision flamande et membre du Conseil Général de la Stichting Lodewijk De Raet, chargé des contacts avec les universités populaires allemandes en Allemagne et en Suisse allemanique, a donné fin 1960 au studio de Bâle un programme d’une durée de 45 minutes sur le combat linguistique en Belgique.

40e) Outre ces diverses activités, le secrétariat de la Stichting fonctionne également en qualité de Centre de documentation flamande, plus particulièrement en ce qui concerne le Mouvement flamand au sens large de l’expression.

41* * *

42En ce qui concerne les projets de la Stichting pour les années à venir, on peut les résumer ainsi selon une information émanant de M. Van Haegendoren :

  1. Dans le domaine de la formation des cadres, les efforts seront poursuivis mais en plaçant l’accent sur la formation des cadres dans les entreprises.
  2. En tant que centre de rencontre, les sujets idéologiques et de politique générale seront abordés.
  3. L’activité de l’Université populaire sera multipliée et décentralisée grâce à la mise sur pied d’une dizaine de comités régionaux qui recouvrent pratiquement toute l’étendue du pays flamand.

3 – Publications

43Les publications de la Stichting sont pratiquement inexistantes à l’exclusion d’un petit bulletin interne qui donne le programme des activités diverses et des syllabus des cours, conférences et week-ends d’études, généralement publiés sous la forme stencilée, ce qui implique une diffusion restreinte.

44Toutefois, pour ceux qui s’intéressent à la question flamande, la lecture des différents syllabus consacres à ce problème constitue un point de passage quasi indispensable pour la période de la libération à 1958.

III – FONDATION CHARLES PLISNIER

a – Constitution

45La Fondation Charles Plisnier a vu le jour le 24 septembre 1954 sous l’impulsion majeure de M. Charles Becquet, Professeur d’Athénée et militant de la plupart des mouvements d’action wallonne d’avant-garde : Wallonie Libre, Congrès National Wallon, etc…, lequel en est d’ailleurs resté la cheville ouvrière jusqu’à ce jour.

46Les Annexes du Moniteur Belge du 27 novembre 1954 publient les statuts et la liste des 18 membres fondateurs [2].

47Le siège de l’association est fixé à Bruxelles 18, rue Beekman, 118.

48Le Conseil d’administration est composé de personnalités de toutes tendances et opinions, de professeurs des trois Universités de langue française, d’essayistes, d’économistes, de professeurs, de journalistes et de fonctionnaires [3].

49Il est bien évident que les promoteurs de la Fondation Charles Plisnier s’inspirèrent très largement de l’exemple de la "Stichting Lodewijk De Raet" qui se trouvait à ce moment en pleine expansion.

50Cependant, très rapidement, il apparut que l’orientation des activités des deux fondations allait diverger.

51Alors que la Stichting apparaît au premier chef comme une université populaire, publiant peu, la Fondation apparaît davantage comme un groupe de pression mettant l’accent sur les publications.

b – Activités

52Elles se sont manifestées sur divers plans depuis 1954 :

  1. D’abord, par des séances d’hommage à Charles Plisnier (à Mons en 1955 et à Schaerbeek en 1956) et à Charles Rogier (1955).
  2. Ensuite, par toute une série de conférences parmi lesquelles nous retiendrons :
    • les conférences de M. Charles Becquet à la Faculté des Lettres de l’Université de Nancy,
    • les conférences de M. André Wautier à Lokeren, à la tribune de l’Erasmus Genootschaap,
    • les conférences de M. Charles Thomas à l’Amicale socialiste des Wallons de Bruxelles,
    • les conférences de M. René Capitant à Bruxelles, le 10 mars 1960,
    • les conférences consacrées au logement à Huy, Wavre et St-Ghislain (en collaboration avec l’Institut National du Logement).
  3. des colloques sur des sujets divers parmi lesquels nous pointons :
    • la journée régionaliste wallonne à Liège 1955,
    • la journée régionaliste picarde à Mons en 1956,
    • le congrès des écrivains wallons à Nivelles en 1956,
    • le colloque sur les composantes de l’ethnie française en Belgique à l’I.N.R. (1956),
    • le colloque culturel Wallons et Bruxellois de langue française (octobre 1959 - Bruxelles).
  4. des voyages d’études :
    • en Picardie (1957),
    • à Nancy (1957),
    • au Languedoc (1960),
    • en Picardie - Champagne et Lorraine (1961).
  5. l’octroi d’un prix triennal d’un montant de 10.000 frs octroyé successivement aux Arts et Lettres, à l’Histoire et au Folklore.
  6. l’organisation d’un sondage (culturel) portant sur différents points :
    • division du Ministère de l’Instruction Publique,
    • les conseils culturels,
    • la représentation des deux ethnies,
    • les limites ethniques (frontière linguistique) Flandre-Wallonie,
    • l’agglomération bruxelloise :
      1. du point de vue scolaire,
      2. du point de vue administratif,
      3. du point de vue géographique.
  7. les activités de trois commissions :
    1. La Commission de démographie qui, sous le slogan : "un enfant de plus dans Chaque foyer wallon" a fait de multiples efforts pour promouvoir un renouveau démographique de la Wallonie :
      • du 3 au 7 avril 1956, voyage d’étude à Paris à l’Institut national d’Etudes démographiques :
        M. Joseph Mineur, administrateur-délégué du Conseil Economique Wallon, y prit la parole du côté wallon.
      • Novembre 1956 :
        Le projet d’action de la Commission d’Action démographique aboutit à la publication d’une plaquette de vulgarisation qui en est actuellement à sa quatrième édition et qui recueillit successivement les messages de M. Cornez, Gouverneur du Hainaut, M. Meyers, Ministre de la Santé Publique, M. Clerdent, Gouverneur de Liège.
        L’Office d’Action Démographique de la Fondation que préside M. Charles Becquet, est actuellement composé de : MM. Jean Charpentier, directeur du Conseil Economique Wallon ; André Devyver, professeur ; Norbert Gadenne, secrétaire du Groupement Hennuyer du C.E.W. ; Paul Goldsmidt-Clermont, vice-président du Comité d’étude des problèmes de la dénatalité en Belgique ; Jean Hesbois, administrateur-délégué du Centre d’Action sociale ; D. Lamine, conseiller au Service National de la Jeunesse ; Louis Lhôte, Directeur de l’Institut de Recherches Economiques du Hainaut ; V. Michel, Secrétaire Général du Mouvement Ouvrier Chrétien ; O. Tulippe, professeur ; Jacques Zwick, Secrétaire général adjoint de la Ligue des Familles Nombreuses et des jeunes foyers, M. P. De Bie, président du Conseil supérieur de la Famille, assiste aux réunions de l’Office comme invité.
    2. L’Office du bon langage, présidé par le professeur Hanse de l’Université de Couvain, 19.1.1962 - Cours de perfectionnement de 30 leçons à l’Institut des Carrières commerciales, 30, rue des Riches Claires, à Bruxelles, et qui publie régulièrement une chronique dans le Bulletin d’information de la Fondation.
      Cet office réunit des représentants de la Société des professeurs de français, de la radio, de la presse, ainsi que des spécialistes du langage.
      Il envisage une action technique et une action populaire :
      La première étudiera les fautes les plus courantes, quant à la seconde, elle visera à sensibiliser l’opinion et surtout à faire comprendre au public tout l’intérêt qu’il y a à parler une langue correcte.
    3. Histoire wallonne présidée par le professeur Arnould de l’U.L.B.
  8. une action sur le plan international qui s’est notamment traduite par la création de l’"Association de l’Ethnie française d’Europe", qui tint un premier Congrès en 1958 à Charleroi et dont le deuxième congrès est envisagé au Val d’Aoste en 1963.

53Dans un éditorial du Bulletin d’information de la Fondation (septembre 1961), l’action de la Fondation sur le plan européen est défini de la manière suivante :

54

"Sur le plan européen, la Fondation, en collaboration avec les autres sections de l’Association Européenne de l’Ethnie Française, s’efforce de promouvoir un rapprochement et une collaboration entre les peuples de culture française qui vivent dans des Etats différents".

55Le 26 mai 1960, le Bureau provisoire de cette association se réunit à Paris.

56Des 27 et 28 mai, une session de l’Ethnie française à Paris réunit 35 français, 18 wallons, 10 Romands et 2 Valdotains.

57Les 10-11 novembre 1960 se tient à Lille le deuxième Colloque sur les différents modes d’appartenance française. - Colloque historique, philologique et juridique.

c – Publications

58Ainsi que nous l’avons déjà dit plus haut, l’activité de la Fondation dans ce domaine est beaucoup plus importante que celle de la Stichting.

59Cette activité se traduit dans plusieurs catégories de publications :

I – Cahiers

- n° 1 :Nos Ecrivains et la France (Congrès de Nivelles des 9 et 10 mai 1956).
- n° 2 :Diversités culturelles françaises (Rencontre de Nancy des 15, 16 et 17 novembre 1957).
- n° 3 :Les Wallons et les Flamands devant les problèmes culturels (Colloque des 6 et 7 avril à Bruxelles en collaboration avec la Stichting Lodewijk De Raet).
- n° 4 :Forces vives. Premier Congrès Européen de l’Ethnie Française - Charleroi, du 27 au 30 août 1958.
- n° 5 :Journée de l’Ethnie française, Bourges, le 22 juillet 1959. Colloque historique, philologique et juridique sur les modes d’appartenance française, Liège, 26 et 27 novembre 1959.
- n° 6 :Voyage au Languedoc :
- Session européenne de l’ethnie française.
- Deuxième Colloque historique, philologique et juridique sur les modes d’appartenance française.

II – Ecrits et Documents

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  1. Réactions wallonnes devant le Mouvement flamand, André Wautier. (2ème édition).
  2. Natalité wallonne et psyché collective, André Devyver.
  3. L’autonomie culturelle en Belgique, par Marion Coulon, Inspecteur général au Ministère de l’Education nationale et de la culture.
    La première édition de cette étude, qui comportait 2.000 exemplaires, a été épuisée en trois mois.

III – Plaquettes de vulgarisation

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  1. A la rencontre de la Wallonie et de la Flandre sous les auspices de l’Administration des Services Educatifs du Ministère de l’Instruction publique et en collaboration avec le Stichting Lodewijk de Raet.
  2. Le saviez-vous ? Pour un relèvement de la natalité wallonne - Message de M. le Gouverneur Cornez, Gouverneur du Hainaut (4ème édition de 10.000 exemplaires chacun).
  3. Cinq ans au service de l’Ethnie française d’Europe - Septembre 1954 - décembre 1959.

IV – Bulletin d’Information et de Presse

62Mensuel paraissant depuis septembre 1961 et comportant les chroniques suivantes :

  • Editorial.
  • Problèmes d’actualité (linguistiques principalement).
  • Nouvelles de l’association de l’Ethnie française d’Europe.
  • Revue de la presse belge et étrangère.
  • Office du Bon Langage.

63La lecture de ce bulletin démontre à suffisance le caractère de groupe de pression que la Fondation a acquis au cours de ces dernières années. Voici quelques extraits :

64

"La Fondation Charles Plisnier est un organisme qui groupe en son sein des personnes appartenant à toutes les disciplines, comme à toutes les opinions politiques, philosophiques et religieuses. Sa mission consiste essentiellement dans l’étude et la vulgarisation des problèmes culturels et sociaux qui se posent à l’Ethnie française en Belgique et en Europe. Elle s’est imposée la règle de ne jamais porter son action sur le plan politique".
(Editorial du 1er numéro de septembre 1961)

65Dans le même numéro, le Bulletin était présenté de la manière suivante :

66

"Après une activité multiple et diverse de six années, la Fondation décide de transformer son bulletin ….. en Bulletin de presse et d’information. Celui-ci sera mis à la disposition du public et, en premier lieu, de tous ceux qui ont des responsabilités dans l’Etat : Ministres, parlementaires, journalistes, syndicalistes, hauts fonctionnaires, dirigeants, patronaux, etc…".

67Ultérieurement, le Bulletin publia des textes qui s’écartent dans une mesure plus ou moins grande de la prise de position liminaire que nous venons de rappeler.

68En voici quelques exemples :

69

"La Marche sur Bruxelles.
"C’est qu’elle a surpris ceux qui ignoraient combien est puissant le complexe d’infériorité des Flamands devant la langue française.
"Car c’est bien de cela qu’il s’agit, sinon comment expliquer la haine (de la langue française) qui s’est manifestée tout au long du cortège."

70

"La R.T.B. a commis, pendant ce mois, deux erreurs assez choquantes :
"Tout d’abord, ses émissions flamandes ont sinistrement, le mot n’est pas trop fort, dénaturé le roman que Decoster consacra aux exploits de Thyl Uilenspiegel et de la douce Nele, l’esprit et le cœur de la Flandre. Elles n’ont rien trouvé de mieux que de transformer la lutte de Thyl contre la tyrannie, en combat contre la France… et ces méchants tyrans français toujours prêts à opprimer les braves Flamands … ".

71Rappelons qu’il y a quelque temps, la Fondation, sortant de sa réserve habituelle, a publié le communiqué suivant :

72

"Le Bureau de la Fondation Charles Plisnier a adressé une lettre au Ministre de l’Intérieur dans laquelle elle exprime l’opinion que le rattachement au Hainaut des dix communes de ce qu’on a appelé jusqu’ici la Flandre wallonne, répond à la fois aux intérêts culturels de la population ainsi qu’aux réalités ethniques et ne peut que contribuer à l’harmonisation des rapports entre les deux communautés nationales. Il souhaite que le Ministre persiste dans ses intentions de joindre les dix communes wallonnes de Flandre occidentale au Hainaut, même si certaines individualités s’y opposent".
(Bulletin de novembre 1961)

73

"Quelle que soit la solution politique qui interviendra - et ce n’est pas notre rôle d’en débattre ici - ils (les Wallons) réclameront de solides garanties culturelles car il y va d’une de ces libertés essentielles que l’humanité exalte sans cesse et que la force opprime sans vergogne".
(Editorial du Bulletin de décembre 1961)

IV – RELATIONS ENTRE LES DEUX FONDATIONS

74Ces relations sont excellentes.

75Rappelons que les chevilles ouvrières des deux organisations sont ralliées les unes et les autres au fédéralisme et que cette communauté de vue doit certainement se trouver à la base de l’entente réelle que l’on a pu constater à plusieurs reprises et qui s’est concrétisée dans quelques faits bien précis que nous allons évoquer ci-après.

761. Les 6 et 7 avril 1957, les deux fondations organisèrent en commun au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles un Colloque wallon-flamand sur les problèmes culturels.

77Ce colloque devait en principe être suivi par d’autres réunions du même genre mais jusqu’à présent, les efforts des dirigeants pour mettre sur pied d’autres réunions n’ont pas abouti, malgré le très vif désir des dirigeants d’aboutir. Le développement de mouvements plus activistes sous la forme de mouvements populaires flamand et wallon n’est sans doute pas étranger à ce phénomène.

78La réunion de 1957 rassembla cependant un grand nombre de participants et, d’une manière générale, sa tenue fut excellente, les thèses opposées étant exposées et écoutées dans une atmosphère courtoise.

79Passons rapidement en revue les sujets abordés :

80Au cours de la première journée, sous la présidence de M. Pee, professeur flamand à l’Université de Liège :

  • La prise de conscience ethnique au Nord et au Sud pose des problèmes culturels, par M. Arille Carlier, vieux militant hennuyer que l’on retrouve à la tête de plusieurs mouvements wallons (Wallonie Libre, etc…).
  • Les problèmes culturels en Belgique en relation avec la prise de conscience flamando-wallone, par M. Max Lamberty, président général de la Stichting Lodewijk De Raet.
  • La cohésion et la vitalité des communautés exigent-elles une autonomie culturelle et la création de conseils culturels, par M. Fernand Schreurs, secrétaire général du Congrès National Wallon.
  • Le problème de l’autonomie culturelle et des conseils culturels, par M. Renaat Van Elslande, député, actuellement Ministre-adjoint de l’Education Nationale.

81Au cours de la deuxième journée, sous la présidence du Chanoine Leclercq, professeur à l’Université de Louvain :

  • La non ingérence mutuelle exige-t-elle le dédoublement du Ministère de l’Instruction Publique, par M. Urbain Missaire, secrétaire général de l’A.W.P.S.P.
  • Le problème de la scission (splitsing) du Ministère de l’Instruction publique, par M. Merecy, directeur de l’Ecole normale de Lierre, dont la récente rupture avec le Mouvement Populaire Flamand a fait certain bruit dans la presse d’expression néerlandaise.
  • Les conséquences de l’autonomie en radio et en télévision, par M. Hector Masson, directeur des postes régionaux de Wallonie.
  • Les Bruxellois devant la dualité culturelle franco-néerlandaise, par M. Eugène Dubrulle, inspecteur linguistique.
  • Les Flamands dans les institutions nationales scientifiques et dans les académies, par M. Van Haegendoren, président de la Stichting Lodewijk De Raet.
  • Le problème de l’égalité des deux cultures à Bruxelles, par M. Schmook, archiviste, conservateur du Musée de la Culture flamande à Anvers, et M. Baeyens, secrétaire-trésorier de la Stichting Lodewijk De Raet.

82Plusieurs personnalités connues dans les mouvements flamand et wallon intervinrent dans le débat, dont un compte-rendu fut publié :

  • MM. Lode Craeybeckx, bourgmestre d’Anvers.
  • Custers, sénateur, (actuellement Ministre de la Santé Publique)
  • Jean Allard, sénateur de Liège, qui fut une des chevilles ouvrières du Centre Harmel.
  • Léopold Génicot, professeur à l’Université de Louvain, vice-président du Congrès Culturel Wallon.
  • De Vos, inspecteur pédagogique.

832. A l’initiative des dirigeants des deux fondations,

84– Une série culturelle de timbres-poste fut émise en 1957.

85Cette série comprenait six valeurs :

20 c + 5 cC. Plisnier - A. Rodenbach, écrivains.
80 c + 20 cE. Vliebergh - M. Wilmotte, enseignement supérieur.
1,20 F + 30 cP. Pastur - J. Hoste, publicistes.
2,-- F + 50 cL. De Raet - J. Destrée, émancipation populaire.
3,-- F + 1 FC. Meunier - C. Permeke, sculpture et peinture.
4,-- F + 2 FL. Gevaert - E. Empain, industriels.

86– Une brochure publiée à l’initiative de l’Administration des services éducatifs du Ministère de l’Instruction Publique (actuellement l’Education nationale), sous le titre : "A la rencontre de la Wallonie et de la Flandre" et contenant des notes biographiques relatives aux six personnalités flamandes et aux six personnalités wallonnes a été largement diffusée dans les milieux scolaires.

87– Une seconde série culturelle de timbres-poste fut émise en 1961.

88Elle comprenait également six valeurs :

40 c + 10 cN. Pietkin et J. Kats, éveilleurs sociaux.
1,-- F + 50 cA. Mockel et J.F. Willems, écrivains.
2,-- F + 50 cX. Neujean et J. Van Rijswijk, bourgmestres.
2,50 F + 1 FJ. Demarteau et A. Van de Perre, journalistes.
3,-- F + 1 FA. du Bois et Ch. David, poêtes et auteurs.
C,-- F + 2 FH. Vieuxtemps et W. de Mol, musiciens.

893. La Fondation Lodewijk De Raet invite fréquemment à sa tribune un membre de la Fondation Plisnier.

90Ce fut encore le cas le 12 novembre 1961 à l’occasion du colloque organisé par la Stichting sur le thème de Bruxelles.

Annexe 1

LA FONDATION LODEWIJK DE RAET

91La Fondation Lodewijk de Raet a été fondée le 9 juillet 1952 et les statuts ont été publiés au Moniteur du 19 octobre 1952.

Membres du Comité directeur

Lamberty MaxProfesseur de sociologie à l’école Militaire.
Van Haegendoren M.Conservateur aux Archives du Royaume.
Baeyens H.Commission bancaire.
Van Waterschoot J.Bureau de Programmation.

Membres du Conseil d’administration

De Cock P.Ecole Européenne de Luxembourg.
Van Hove L.Agronome, Louvain.
Van Isacker K.Professeur à St-Ignace, Anvers.
Jorissen W.Professeur Athénée de Hal,
Secrétaire général de la Volksunie.
Melis W.Avocat, St-Nicolas.
Merecy R.Directeur de l’Ecole Normale de Lierre.
Potargent P.Institut National du Logement.
Rock P.Chef de Cabinet du Ministre Van Elslande.
De Vos H.Inspecteur général à l’Instruction publique.

92Parmi les autres membres de la direction, citons les personnalités suivantes :

Couvreur W.Professeur à l’Université de Gand et co-fondateur de la Volksunie.
Lambrechts P.Ancien Recteur de l’Université de Gand.
Van Mechelen F.Président de la Ligue des Familles Nombreuses.
Neirynck M.Ancien Secrétaire du Centre Harmel.
Pee W.Professeur à l’Université de Gand.
Schmoock G.Directeur de la Bibliothèque d’Anvers.

93qui, avec d’autres personnalités, représentent toutes les facettes de l’opinion publique flamande.

Annexe 2

LISTE DES MEMBRES FONDATEURS DE LA FONDATION CHARLES PLISNIER

94André, Alexandre, député permanent, 2, avenue Rêve d’Or à La Louvière.

95Barbier, Gustave, professeur, 126, avenue Molière à Ixelles.

96Bay, Paul, homme de lettres, 40, rue Van Campenhout à Bruxelles.

97Bequet, Charles, professeur, 118, rue Beeckman, à Uccle.

98Bertin, Charles, homme de lettres, 13, avenue des Sylphes à Boitsfort.

99Bohy, Georges, avocat, "Les Bois de Sapin", à Arquennes.

100Bovyn, Edmond, conseiller provincial, 19, boulevard des Etats-Unis à Mons.

101Carlier, Ernest, professeur, 44, rue des Canadiens, à Nimy.

102De Falleur, Richard, étudiant, 11, rue du Conseil à Ixelles.

103Deneubourg, Alphonse, secrétaire, 66, rue du Marteau à Bruxelles.

104Dupriez, René-Octave, journaliste, 384, avenue Paul Pastur à Mont-sur-Marchienne.

105Elan, Jacques, éditeur, rue du Petit Hollaye à Celles-lez-Tournai.

106Foucart, Emile, expert-comptable, 5, avenue de la Gare, à Baulers.

107Fillée, Jean, journaliste, 8, rue de la Réunion à Mons.

108Godfroid, Raoul, directeur d’Académie, rue Cronque, 3, à Mons.

109Janson-Dubrau, Louise, écrivain, 34, rue de l’Ermitage à Ixelles.

110Lambilliotte, Maurice, homme de lettres, 230, rue J. Debecker, à Woluve-St-Lambert.

111Linze, Georges, homme de lettres, 98, rue Xholémont, à Liège.

112Moulin, Amédée, industriel, 70, rue Rodenbach à Forest.

113Philippart, Louis, professeur, 65, rue de la Faisanderie à Morlanwelz.

114Philippot, A., professeur, 119, chaussée de Louvain, à Wavre.

115Pirson, Irène, historienne, 67, Quai Mativa à Liège.

116Sauvage, Jacques, étudiant, 10, rue de la Loi à Liège.

117Thiry, Paul, professeur, 106, avenue Charles Thielemans à Woluwe-St-Pierre.

118Thiry, Marcel, homme de lettres, 1, Quai Joseph Wauters à Angleur.

119Thomas, Charles, conseiller provincial, 13, rue Van Schoor à Schaerbeek.

120Van Crombrugge, Jean, professeur, 46, rue Reynier à Liège.

121Wautier, André, homme de lettres, 127, avenue Dailly à Schaerbeek.

122Willam, Maurice, journaliste, 15, rue Joseph Wauters à Frameries.

123Willame, Georges, professeur, 35, rue de l’Aurore à Ixelles,

124tous de citoyenneté belge et de nationalité wallonne, ajoute le texte des statuts reprenant ainsi une des idées forces de M. Charles Becquet.

Annexe 3

LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FONDATION CHARLES PLISNIER

125Président : Charles Becquet, professeur d’Athénée.

126Vice-Présidents :

  • Charles Thomas, ancien Député permanent du Brabant.
  • Jean Van Crombrugge, directeur de l’Ecole normale de Liège,
  • Ernest Degrange, du Conseil Economique Wallon.

127Secrétaire général : Maurice Willam.

128Trésorier général : Mierge (fonctionnaire).

129Conseiller juridique : André Wautier, fonctionnaire.

130Membres :

  • Maurice Arnould, professeur à l’U.L.B.
  • Max Drechsel, président du Conseil d’administration de la Caisse d’Epargne.
  • Jean Geerts, fonctionnaire.
  • Joseph Hanse, professeur à l’Université de Louvain.
  • Chevalier Désiré Lamalle, Gouverneur de la province de Luxembourg.
  • Marcel Philippart de Foy, ancien vice-président de la Chambre.
  • Joseph Ruwet, professeur à l’Université de Louvain.

Annexe 4

BUTS de la FONDATION CHARLES PLISNIER. Association sans but lucratif

131La "Fondation Charles Plisnier", constituée le 24 septembre 1954 et dont les Statuts ont paru aux Annexes du "Moniteur belge" le 27 novembre 1954, a pour objet la défense et l’illustration de l’ethnie française de Belgique.

132En Belgique, illustrer notre passé

  1. par la vulgarisation de notre passé historique wallon :
    • réforme de l’histoire officielle - manifestations d’hommage aux grandes figures wallonnes.
  2. par l’étude de la contribution wallonne à l’évolution de la langue et de la littérature françaises :
    • étude des œuvres marquantes originaires de nos pays romans depuis le Xème siècle - contribution wallonne aux grands courants littéraires - vulgarisation des œuvres de nos littérateurs des XIXème et XXème siècles.

133et défendre notre patrimoines.

  1. par la prise de conscience collective de notre communauté ethnique :
    • évolution du vocable "wallon" depuis 1830 - les composantes de notre ethnie - le fait sociologique bruxellois - l’enseignement du français - renforcement de l’unité spirituelle de notre ethnie.
  2. par l’étude de toutes les questions relevant directement de la cohésion et de la vitalité de notre ethnie :
    • annexion aux cantons wallons des communes de langue française égarées dans une province flamande - création de Conseils culturels - soutien et initiative sur les plans littéraire, ethnique et politique favorisant le libre développement de la personnalité de notre ethnie.

134A l’étranger, faire acte de présence française.

  1. par une entente culturelle avec les peuples et populations de langue française d’Europe, d’Amérique et des autres continents :
    • les contacts à prendre et les initiatives à promouvoir - même attitude envers les peuples latins.
  2. par notre participation aux organismes culturels internationaux.

Notes

Mis en ligne sur Cairn.info le 22/12/2014
https://doi.org/10.3917/cris.146.0001
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