1 Le 21 décembre 2004, notre amie et co directrice de publication, Olfa Lamloum, se rend à la préfecture de la Seine-Saint-Denis pour recevoir son décret de naturalisation. Enceinte de neuf mois, elle entre parmi les premières dans le salon d’honneur de la préfecture. Elle constate alors que certaines femmes voilées venues chercher leur certificat de naturalisation, qui refusent d’enlever leur voile, se voient refuser l’entrée de la salle. Elle proteste avec les intéressées contre cette exclusion et précise que la loi sur le voile ne s’applique que dans le cadre de l’école. Les deux sous-préfets qui président la cérémonie, interpellés, répondent que : « Cette cérémonie se veut à la fois solennelle et conviviale. Il y a des drapeaux, une Marianne ; la Marseillaise est entonnée ». Michel Theuil, Directeur de cabinet du préfet ajoutera plus tard : « Le respect du principe de neutralité est une nécessité pour éviter toute interprétation communautariste, surtout dans ce département sensible où cohabitent harmonieusement de nombreuses communautés ».
2 Olfa, choquée par le comportement des responsables de la préfecture, qu’elle estime contraire à la loi, fait une déclaration à la presse. L’information est reprise par Libération et Le Monde.
3 Le 11 janvier 2005, elle reçoit une première lettre de menaces à son domicile, ainsi libellée : « Corses et Alsaciens nous ouvrent la voie de l’éradication du cancer musulman quant à Olfa, je lui déconseille de sortir ». Cette lettre sera la première d’une série de huit, toutes crapuleuses, racistes, menaçantes pour sa famille. Elles sont parfois signées : « Au nom du Christ-Roi ».
4 Olfa a porté plainte. Pour le moment l’enquête n’a rien donné.
5 Nous avons créé cette revue en 1991, comme un outil de dialogue, de compréhension entre différentes positions politiques et sensibilités, sur des problèmes aussi difficiles que le conflit israélo-palestinien, la guerre civile en Algérie, l’Irak, etc…
6 Certains parmi nous sont pour la loi sur le voile, d’autres sont contre. Certains sont plus pro-palestiniens que d’autres, mais jamais la volonté de coexistence et de confluence ne s’est démentie au cours de ces quatorze années.
7 Ces lettres sont insupportables pour Olfa et sa famille. Nous voulons lui dire notre entière solidarité.
8 Nous demandons que la police et la justice, auprès de laquelle elle a porté plainte dès la première lettre reçue, fassent diligence pour essayer de mettre la main sur l’(es) auteur(s) de ces missives lâches et obscènes.