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Présentant en 1958 son recueil d’essais
« Entre passé et avenir », Hannah Arendt
a indiqué que ce type d’exercice était le
plus propice à l’approfondissement de la
pensée. C’est dans cet esprit que Sophie
Bessis écrit cette Lettre à Hannah Arendt
à partir du caractère ouvert et souvent dense de la pensée de la philosophe
politique allemande. Il faut d’abord noter une chose : exercer la pensée politique en partant d’Hannah Arendt peut vouloir signifier actualiser, corriger,
en intégrer quelques thèmes. C’est une opération qui caractérise les apports
de certaines recherches contemporaines mais qui semble n’avoir guère produit de fruits pour ce qui concerne les problèmes ouverts, posés, par Hannah Arendt.
La pensée d’Hannah Arendt s’expose alors souvent à être un peu forcée
et parfois brutalisée, mais les résultats ont en tout cas le souffle de la grande
aventure intellectuelle de la philosophe à travers sa méditation ininterrompue sur la question juive. La lettre de Sophie Bessis se situe très précisément
dans ce sillage. Quarante ans après la disparition de la philosophe, alors que
le monde a beaucoup changé en particulier au Proche-Orient et que « le
nationalisme gangrène ici comme de l’autre rive l’action et la pensée.
Juive mais non pratiquante et non sioniste comme Hannah Arendt, Sophie Bessis s’interroge comme elle sur l’avenir du peuple juif, tout en refusant de s’y enfermer comme l’exige le nationalisme juif dévoyé. Et malgré
son admiration pour la philosophe, Sophie Bessis ne peut accepter que la
langue allemande, celle du sol où est née Hannah Arendt, soit la seule patrie
revendiquée par elle…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/04/2022
- https://doi.org/10.3917/come.120.0210
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