Article
Longtemps épargnée, au cœur de son activité, par la montée en puissance des technologies de l’information et de la communication, la justice a été progressivement rattrapée par les promesses du numérique et des big data. L’emphase portée aujourd’hui sur les potentialités d’outils technologiques combinant de nouvelles capacités computationnelles venant des data sciences, d’une part, et la disponibilité de données venant domaine juridico-judiciaire, d’autre part, est à cet égard une nouveauté. L’intérêt même que de nombreux acteurs de la justice expriment pour les algorithmes justifie un exercice critique d’analyse des décalages entre les discours fabriqués à leur sujet et les dimensions réelles des possibilités qu’ils ouvrent. Les promoteurs de cette justice augmentée n’hésitent pas, en effet, à déployer des discours spectaculaires sur l’émancipation des professionnels du droit et vont jusqu’à prédire, à terme, une évolution de la justice via un remplacement des formes de rationalité intrinsèques du procès par des procédés computationnels. Leurs discours suscitent autant d’espoirs que d’inquiétudes chez les justiciables et les professionnels du droit.
Ces sentiments mitigés trouvent tout particulièrement à s’exprimer dans le champ étroit des outils algorithmiques d’aide à la décision, que l’on regroupe généralement sous la dénomination de « justice prédictive ». En France, plusieurs entreprises se sont positionnées sur ce créneau, dont les sociétés Prédictice, Juri Predis…
Plan
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/12/2019
- https://doi.org/10.3917/cite.080.0047
Veuillez patienter...