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L’intelligence artificielle a-t-elle un genre ? À première vue, une telle question pourrait sembler complètement absurde. En effet, une réponse « logique », « évidente » à une telle question est que, puisque l’intelligence artificielle (qui se définit comme un ensemble de technologies liées aux sciences de l’information et de la communication qui ont comme point commun l’automation des fonctions intellectuelles) n’a pas de corps, elle ne peut donc pas avoir de genre – pas plus que les anges n’ont de sexe, pourrait-on ajouter, si l’on voulait verser dans l’ironie.
Pourtant, on pourrait rétorquer à cette pique que, justement, à la différence du sexe, le genre n’a pas besoin d’être incarné corporellement pour exister : il se caractérise précisément par des comportements socialement construits (et souvent hérités historiquement) qui définissent des fonctions binaires marquées comme féminines ou masculines tout en installant une inégalité et une dynamique de pouvoir. Or, l’une des raisons pour lesquelles on fait davantage confiance à l’intelligence artificielle (pour laquelle j’utiliserai dorénavant l’abréviation IA), c’est précisément parce qu’elle semble s’abstraire de nos biais humains, trop humains, ce qui lui permettrait peut-être, au moins à première vue, de s’abstraire des stéréotypes de genre.
Cet article propose de prendre au sérieux la question de savoir si l’IA a un genre, en envisageant l’IA comme un enjeu non seulement technologique mais aussi et surtout social, éthique et politique…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/12/2019
- https://doi.org/10.3917/cite.080.0061
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