Article
Clément Reversé : Peux-tu nous parler de tes recherches sur la
ruralité ?Benoît Coquard : J’ai commencé à travailler sur la ruralité en
Master 2, sur l’embourgeoisement des sociétés de chasse dans le Grand
Est. J’ai travaillé sur les rapports de classe entre les hommes de classes
populaires et ceux de la bourgeoisie locale, voire extra-locale, et j’ai
questionné la manière dont les hommes de classes populaires locales
étaient dépossédés peu à peu de l’usage de la forêt, via la pratique
cynégétique.
Mon mémoire principal de M2 portait sur les jeunes de cité, puis j’ai
décidé de faire une thèse sur la jeunesse rurale et comme mon terrain
premier était dans deux départements du Grand Est, la jeunesse que je
rencontrais était très majoritairement composée de membres des classes
populaires. La question qui animait ma thèse au début, avant de me
lancer dans une ethnographie en immersion, était celle du déclin
démographique, j’avais donc ciblé des cantons qui étaient en fort déclin
et essayé de suivre des cohortes de jeunes. C’étaient surtout des
étudiants et étudiantes originaires de classes populaires et qui partaient
faire des études à Reims, Nancy, Dijon, dans les grandes villes
universitaires du Grand Est. Il s’agissait ensuite d’expliquer leur
rapport au retour. Je voulais expliquer comment ces jeunes femmes, que
l’on présentait beaucoup dans la lignée du bal des célibataires comme
attirées par une autre forme de vie urbaine et ne souhaitant plus revenir
en rural après avoir décroché des diplômes et travaillé dans le tertiaire,
avaient en fait des stratégies de retour…
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/01/2022
- https://doi.org/10.3917/clcd.014.0021
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