CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Dans ce difficile exercice qui consiste à nommer l’autre, la dénomination le Sud, qui s’est imposée de manière consensuelle dans la majorité des discours depuis les années 90, était apparue satisfaisante, par comparaison aux autres appellatifs en usage, notamment les plus anciens tiers monde ou pays en (ou en voie de) développement. Les interrogations que soulève la revue Autrepart montrent que le temps semble venu de se retourner sur ce choix et de le questionner.

2 Que recouvre cette dénomination qui prévaut pour nommer collectivement une partie de la planète ? Que nous apprend-elle sur nos relations avec l’entité nommée ?

3 L’observation d’une fréquente redéfinition, dans de nombreux discours de chercheurs, alerte sur le fait que la notion qu’elle recouvre ne va peut-être pas de soi.

4 Notre démarche d’analyste du discours consiste à questionner, non pas le contenu des textes, mais le mode de fonctionnement des discours. Ainsi nous placerons le questionnement sur le terrain de l’acte de nomination comme découpage du monde qu’il réalise et comme point de vue qu’il induit sur la partie du monde nommée. Cet acte s’inscrit dans une histoire des pratiques discursives, dont témoignent notamment les articles de dictionnaires.

5 La mise en relation des discours lexicographiques avec un corpus de textes sur les relations franco-africaines, de la période coloniale à celle du développement  [1], nous permet de pointer les effets de mémoire, que la nomination le Sud peut susciter et qui peuvent expliquer un certain malaise lors de son emploi dans les discours contemporains des chercheurs.

Des questions de nomination

Le Sud, une notion qui ne va peut-être pas de soi

6 L’appellatif le Sud, qui désigne un « ensemble qui accueille plus des trois quarts de la population mondiale » [Tronquoy, 2002, p. 2], ne correspond pas à un strict positionnement géographique. La bi-partition de la planète réalisée à partir des références directionnelles des points cardinaux – nord, sud – ne répond pas aux besoins de regroupement de pays ou de régions partageant une même situation sur le globe, mais plutôt des problématiques semblables.

7 La Mongolie, à la même latitude que la France, se situe géographiquement au nord et pourtant, d’un autre point de vue, a plus de points communs avec le Zimbabwe ou le Paraguay qui se trouvent à la même latitude que l’Australie située dans l’hémisphère sud.

8 Force est de constater que dans un énoncé comme : « Nord-Sud : les écarts de développement » [Le Monde, 19 mars 2002], il ne viendra à personne l’idée de ranger l’Australie sous l’étiquette Sud.

9 Sur la carte « États du Nord, états du Sud dans la mondialisation », réalisée à partir du « Rapport mondial sur le développement humain 2003 » [La Documentation française], l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont extraites du Sud par un détourage pointillé. Le tracé de « la limite Nord-Sud » suit la frontière mexicaine, traverse la Méditerranée pour remonter jusqu’à la limite méridionale de la Russie, puis se prolonger sur la frontière sino-mongole et s’infléchir pour extraire le Japon du Sud.

10 À partir du sens prototypical de sud enregistré en langue : « Partie méridionale (du monde, d’un ensemble géographique, d’un pays) » [TLFi], la nomination  [2]le Sud, avec la majuscule, produit un sens additionnel dit « moderne », que personne n’ignore, celui d’une situation similaire des pays rangés sous cette appellation à l’égard d’une norme de développement :

11

Ensemble des pays en voie de développement situés au sud par rapport aux pays industrialisés [TLFi].

12 Et pourtant, ce sens reste problématique pour les énonciateurs qui s’interrogent :

13

Mais qu’entend-on réellement par pays du Nord et du Sud ? [Di Maio et alii]

14 Les chercheurs éprouvent fréquemment le besoin de faire précéder leurs textes de définitions, comme l’attestent les exemples suivants :

15

Définissons d’abord les termes : Nord : les pays les plus riches […]. Sud : les pays les plus pauvres […] [Moussa, 1995].
Par « pays du Sud », nous ferons références aux pays « en développement » (en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud) ainsi qu’aux pays de l’Est. Ces conventions, certes simplistes, épousent cependant assez fidèlement les tendances de l’économie mondiale. Par « pays du Nord », nous désignerons les pays occidentaux industrialisés (Amérique du Nord et Europe des 15) [Les renseignements généreux, 2005].

16 Ces mises au point liminaires alertent sur le fait que les notions que recouvrent les étiquettes géographiques Nord et Sud ne s’imposent pas d’elles-mêmes. N’outrepassent-elles pas les missions qui leur avaient été assignées ? Ne disent-elles pas plus que ce qu’on leur demande ? Quel est ce surplus de sens qui semble faire déborder la coupe ?

Dire la fracture du monde

17 L’acte de nomination le Sud s’opère par sélection dans une liste de noms disponibles et fonctionnant comme des reformulants  [3] d’un même « paradigme désignationnel » [Mortureux, 1993, p. 124] : tiers monde, pays sous-développés, pays en développement, pays en voie de développement, pays en retard, pays pauvres, pays non industrialisés, etc.

18 Les champs sémantiques de ces différents reformulants ne se recouvrent pas, certains noms ne correspondent plus à la réalité du monde contemporain et sont tombés en désuétude. C’est le cas de la dénomination tiers monde qui préfigure celle de Sud et qui renvoie à d’autres clivages que celui, horizontal, entre l’Est et l’Ouest [Henry, 1995, p. 18].

19 Le néologisme tiers monde créé par A. Sauvy en 1952 a fait florès : en face des deux mondes en présence, capitaliste (à l’ouest) et socialiste (à l’est), le démographe postulait l’existence d’un troisième monde qui, « ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers État, veut, lui aussi, être quelque chose » [Sauvy  [4] cité par Cordelier, Doutaut, 1996, p. 145-147].

20 Était ainsi exprimée la position de tiers de certains pays en marge des forces géopolitiques à l’est et à l’ouest. La dénomination tiers monde apparaît dans la conjoncture de la conférence de Bandoeng (1955) durant laquelle un certain nombre de pays d’Asie et d’Afrique, pour la première fois, expriment la solidarité qui les lie face aux pays industrialisés des deux grands blocs et qui leur donnent le sentiment de former « une communauté de destins » [Rousselet, 1994, p. 20].

21 Ces éléments qui président à la création de tiers monde accréditent l’idée que « le terme est résiduel et circonstanciel » [Berque, 1992], d’autant qu’il est quasi-ment inusité depuis la chute du Mur de Berlin et la disparition d’une force géopolitique à l’est : « Le tiers monde n’est plus de mode. On passe pour un “ringard” du seul fait d’évoquer son existence » [Ben Jelloun, 1993].

22 La dénomination le Sud occupe le territoire laissé vacant par l’obsolescence de la référence à l’antagonisme est-ouest, qui se voit supplantée par l’axe nord-sud.

23 Pourtant ces premières remarques restent insuffisantes pour expliquer les effets de sens de ces nominations.

24 La nomination tiers monde avait une valeur d’acte de baptême qui signalait la naissance d’un troisième monde avec lequel il faudrait désormais compter. Formée par calque sur tiers état, elle fait résonner les voix de 1789. La relation dialogique établie entre des situations éloignées dans le temps construit un pont entre les inégalités d’hier et d’aujourd’hui. Elle est historiquement datée et a un sens politique.

25 Avec le Sud, l’acte est sensiblement différent. La dénomination ne renvoie à aucune antériorité historique. En revanche, elle fait écho à sa moitié qui fait figure d’antonyme (le Nord versus le Sud) et souligne l’existence d’une « fracture » entre deux entités inégales, aussi différentes que le sont les pôles auxquels elles référent, mais qui sont liées, le destin de l’une ne pouvant pas se déjouer de celui de l’autre : « […] je veux parler de la fracture Nord-Sud. Cette fracture est mondiale [5] […] » [Juppé, 2003].

26 Ce découpage bi-partite se décline en un monde de sub-divisions auxquelles le Sud sert d’hyperonyme, qui permet d’englober différentes sous-catégories :

27

À l’opposé du Nord, le Sud regroupe l’ensemble des pays émergents (Brésil, Argentine, Malaisie), des pays à revenus intermédiaires (comme le Maroc) et les pays les moins avancés au nombre de 48, essentiellement africains [Di Maio et alii.].

28 Ce statut hyperonymique explique que le Sud soit prioritairement actualisé dans les titres des textes :

29

Le Nord a perdu le Sud [Ben Jelloun, 1993] ;
Les relations entre les pays du Nord et les pays du Sud [Di Maio et alii] ;
Changements climatiques et développement des pays du Sud [CIRAD, 2005  [6]].

30 Dans le corps du texte, les auteurs se voient le plus souvent dans l’obligation de spécifier leur propos.

Un langage « poli »

31 Les enjeux sont géopolitiques à l’échelle mondiale ; la prudence verbale est de mise et au fil du temps, on assiste à un « toilettage » dénominatif.

32 Les dénominations co-occurrentes de tiers monde, puis de Sud, caractérisent les pays en termes d’évaluation de niveau de vie sur des critères essentiellement économiques  [7].

33 La formulation sous-développés, qui traduit l’anglo-américain under-developped [8], ainsi que celle de pays insuffisamment développés [9] ont été délaissées, en raison de leur caractère péjoratif, au profit des reformulations pays en voie de développement et pays en développement. Entrées en discours à partir de la CNUCED I (1964) pour pays en voie de développement (PVD) et dans la charte d’Alger (1967) pour pays en développement, elles traduisent l’anglo-américain developing countries. Alors que sous-développés faisait part d’un état insuffisant de développement, elles produisent un effet processuel, que rend le suffixe – ing en anglais : le passage de l’être au faire. Ce passage est signifiant, qui correspond à l’instauration d’un consensus mondial autour de la nécessité d’un certain niveau de vie, pour l’ensemble de la planète, et par conséquent de l’engagement collectif dans un processus pour l’atteindre : « La coopération internationale en vue du développement représente l’objectif et le devoir communs de tous les pays » [Résolution 3201 (S-VI), NOEI, 1974].

34 Les formes en faire traduisent mieux l’objectif et permettent d’atténuer l’effet dévalorisant des termes évaluatifs, qui peuvent paraître désobligeants et blesser la face  [10] des pays concernés.

35 La langue française dispose de moyens pour résoudre ce type d’embarras avec la production d’euphémismes qui ont pour objet de « polir » et de « policer » le langage : non-voyant est substitué à aveugle, demandeur d’emploi à chômeur, technicien de surface à personnel de ménage. Ces « adoucisseurs  [11] » permettent d’éviter des désignations malvenues et de dégager autant que faire se peut des valeurs positives.

36 Pays en voie de développement indique que le pays est engagé sur la voie du développement. Pays les moins avancés [ONU, 1971] reformule les pays en retard et de façon plus lointaine, les attardés, et arriérés des discours coloniaux [Dufour, à paraître] : elle fait des entités nommées, non plus des pays « retardataires » [De Gaulle, 1964], mais des pays qui avancent – moins que les autres, mais le processus est considéré comme engagé.

37 Même « adoucies », ces formulations n’en restent pas moins porteuses d’évaluations et d’une injonction à faire et elles sont souvent mises à distance. Les mises à distance auxquelles les locuteurs procèdent se réalisent à l’aide de marqueurs métalinguistiques du type : « ce qu’on appelle X », « X, comme on dit » ou « dits X », ou par des guillemets à l’écrit, qui modalisent le dire en actualisant les formulations « en mention » [Authier-Revuz, 1995]. Comme l’illustrent les discours suivants :

38

[…] je veux parler de la fracture Nord-Sud. Cette fracture est mondiale […]. Mais c’est bien l’Afrique qui souffre le plus de ce différentiel de développement puisque, sur les 40 pays dits « les moins avancés », 34 se situent sur le continent [Juppé, 2003].
Cependant, quelles que soient leurs différences, la césure entre pays du Nord et pays du Sud reste bien réelle […]. Car, si on assiste à une réduction globale de l’écart de revenus entre pays développés et l’ensemble des pays dits « en développement », le rapport du revenu par habitant des quinze pays les plus riches et celui des quinze pays les plus pauvres de la planète est passé, lui, de 11,6 en 1960 à 46,2 en 2001 [La Documentation française].

39 Les mises à distance des formulations pays les moins avancés et pays en développement sont doublement marquées par le verbe « dits » et par les guillemets, qui délimitent le territoire d’un dire rapporté que le locuteur préfère ne pas faire sien, mais dont il fait néanmoins usage. On peut encore observer que les autres formulations, tels que pays du Nord, pays du Sud, pays les plus pauvres ne sont pas modalisées, ce qui indique qu’elles ne posent pas problème. Pourquoi cette différence de traitement ?

« Le Sud », un néologisme de sens masqué

40 Les formulations modalisées sont des néologismes datés, qui sont ancrés dans des postures de politique internationale et, à ce titre, elles prêtent le flanc à la contestation. L’appellatif le Sud présente un cas de figure différent. En surface, il ne se présente pas comme un néologisme : la forme nominale appartient au stock lexical français depuis la nuit des temps. Et pourtant, l’emploi moderne enregistré par le dictionnaire relève de la néologie de sens, puisque le sens produit diffère du sens prototypical.

41 Alors que les locuteurs sont conscients de la néologie de sens, ils ne semblent pas ressentir de malaise à son endroit. Le Sud, en parfaite symétrie avec le Nord, avance masqué. Dans sa forme, il ne dit rien d’autre qu’une catégorie toponymique existante dans le lexique et capitalisée dans la mémoire discursive de tout locuteur francophone. Il réfère à un état de fait d’ordre « naturel » : une différence indéniable entre deux parties du monde, le nord et le sud. Ainsi, dans la nécessité de respecter un langage « poli », la dénomination le Sud semble à même de résoudre le malaise des locuteurs :

42

Quand j’ai commencé ma carrière je disais « pays sous-développés », puis j’ai parlé, comme tout le monde, des « pays en développement » et j’ai aussi employé le mot « tiers-monde », avec toute son ambiguïté. Je dis maintenant « pays du Sud » sans y mettre de connotation idéologique. J’exprime simplement qu’il y a une différence globale par rapport au Nord […] [Rochefort, 2001].

43 En rangeant derrière une simple étiquette de localisation spatialisée un ensemble de pays partageant une problématique commune, les énonciateurs, qui ne se cachent pas l’existence d’une « différence » voire d’une iniquité, se sentent à l’abri d’une éventuelle « connotation idéologique ». Sont ainsi gommés, à la surface du dire, les aspects péjoratifs et injonctifs des autres dénominations.

44 En surface seulement. Nous allons voir que l’appellatif le Sud, dans sa version moderne, apparaît dans des contextes bien spécifiques dans lesquels il est l’expression d’un point de vue qui est loin d’être neutre.

Une question de points de vue

45 Nommer c’est exprimer un point de vue sur l’objet nommé. Ce point de vue n’est pas de nature objective, ce sont les connaissances que l’expérience a permis d’acquérir et surtout la nature de l’intérêt qu’on lui accorde, qui permettent de le catégoriser en lui associant un nom [Siblot, 2001, p. 255]. Quelle est la motivation du point de vue dans les discours du Sud ?

Le Sud et ses représentations discursives

46 Les paroles de la chanson de Nino Ferrer « on dirait le Sud… » donnent à entendre le Sud comme un univers chaleureux, authentique, épargné des vicissitudes du climat et de la vie trépidante des villes, un univers de rêve pour les habitants du Nord. Cette représentation est consubstantielle à l’héliotropisme des sociétés occidentales, qui se manifeste par l’explosion du tourisme vers et dans les pays du Sud. Tous les Suds sont alors concernés : le sud de la France, le sud de l’Europe ainsi que les paradis ensoleillés, synonymes d’évasion pour les habitants des pays « riches » dans un bassin de chalandise situé majoritairement au nord.

47 Ces imaginaires sont largement exploités dans les argumentaires des agences de voyage ou immobilières. Dans ces discours vantant le bonheur que peuvent procurer ces paradis, le terme pays du Sud n’est jamais actualisé ; le sud n’est évoqué que dans sa localisation spatiale.

48 Dans le contexte touristique, qui est un contexte marchand, les pays, envisagés sous l’angle des pratiques touristiques qu’ils suscitent, sont nommés des « destinations » :

49

Pour qui veut s’offrir une vie exotique, les destinations de rêve ne manquent pas. […] Le soleil, une mer d’azur ou d’émeraude, de longues plages de sable blond… […] Parmi les destinations qui font rêver, les Antilles bien sûr, mais aussi le pourtour méditerranéen, Maroc et Tunisie en tête  [12].

50 En revanche, lorsqu’il n’est plus question de tourisme, les images de destinations touristiques de rêve sont recouvertes par celles des catastrophes, des famines et de la misère des « pays du Sud » :

51

Une misère et une pauvreté insupportables. Tous les pays du sud, notamment en Afrique, ont vu leur PIB chuter de façon vertigineuse […] Plongeant des milliards d’êtres humains dans une misère de plus en plus insupportable, faite d’épidémies, de famines et de conflits terrifiants et insoutenables [Goumeziane, 2003].

52 Le caractère « insoutenable » et « insupportable » de la misère au Sud prend des dimensions fantasmatiques de « menace » pour la « sécurité » mondiale :

53

Mais ce débat qui ne saurait faire oublier un autre impératif dont dépend aussi la sécurité du monde, un impératif de justice, je veux parler de la fracture Nord-Sud [Juppé, 2003].
Nous ne pourrons pas indéfiniment laisser en marge du mouvement du monde cette partie de l’humanité aujourd’hui reléguée derrière les murs de notre indifférence. Il y a dans cette situation une menace grandissante et aussi un effroyable et inacceptable gâchis. Car ces centaines de millions de femmes et d’hommes qui épuisent aujourd’hui leur énergie et leur talent dans le combat quotidien de la survie peuvent être, si nous leur en donnons l’opportunité, l’avenir même de la croissance mondiale. Mais si nous les abandonnons à la misère, la violence, la maladie et l’ignorance, nous manquerons à nos devoirs et à nos valeurs et nous en paierons tôt ou tard le prix. Un prix fort. Vous, chefs d’entreprises, avez la possibilité d’abattre ce mur d’indifférence en élargissant l’horizon de vos activités et de vos investissements au-delà des franges de quelques pays du Sud où ils se concentrent pour l’essentiel aujourd’hui [Chirac, 2005].

54 L’exposition de l’état alarmant dans lequel se trouve une « partie de l’humanité » produit un retour sur soi et la notion de « menace » est logiquement brandie. Cette association n’est pas nouvelle, on la trouve dans les discours sur la coopération au développement des années 70 :

55

L’écart entre notre niveau de vie et celui des pays sous-développés constitue le ferment le plus grave des troubles qui nous menacent et la coopération constitue encore le meilleur moyen d’éviter les grandes catastrophes. L’aide peut nous éviter le recours à la bombe [Mialet, 1970, p. 15].

56 et bien antérieurement dans les discours coloniaux :

57

Espérons que les débats provoqués par une question aussi importante auront pour résultat l’adoption d’une administration franche et profitable aux civilisateurs comme aux civilisés. L’Afrique est trop près de l’Europe pour retomber dans une barbarie dont sont même délivrés les peuples les plus éloignés. Surtout si l’on songe qu’au-delà de ces monts qui bornent notre conquête règne une barbarie plus affreuse encore. Au reste, la question est grave ; ce n’est pas seulement de civiliser qu’il s’agit, mais de se défendre même, car à plusieurs reprises l’Europe a été menacée d’une ruine totale par les Arabes [Fontaine de Resbecq, 1837].

58 Le choix nominatif le Sud est loin d’être neutre, il émane d’un point de vue sur une situation qui affecte les entités nommées, mais aussi les instances nommantes. Actualisée dans le contexte énonciatif de la « fracture mondiale », l’unité discursive le Sud entre en interaction avec les autres unités de la chaîne parlée, notamment avec la notion normative de développement, qui ne figure pas dans les discours promotionnels qui ont en charge de « vendre » les destinations et n’en montrent que les « bons » côtés.

Un point de vue réglé socialement

59 La notion de développement est l’héritière du système de dominance coloniale fondé sur l’idéologie du progrès civilisateur. Les stéréotypes coloniaux à valeur moralisatrice et discriminatoire, qui opposaient les « civilisés » aux « sauvages » et autres « primitifs », ont été remplacés par les évaluatifs discriminants du paradigme du développement [Dufour, 2005].

60 C’est le simple constat d’une distinction que Rochefort revendique comme un état de fait dans sa remarque liminaire :

61

Je dis maintenant « pays du Sud » sans y mettre de connotation idéologique. J’exprime simplement qu’il y a une différence globale par rapport au Nord […] [Rochefort, 2001].

62 Ce marquage d’une « différence » s’accompagne de l’usage du lexique propre à la formation discursive du développement, les « mots du pouvoir » [Rist, 2002] qui véhiculent l’idéologie dominante, qu’elle soit revendiquée ou dénoncée. Les contre-discours, qui s’emploient à construire une représentation inversée, dans laquelle « le Nord a besoin du Sud », ne font que confirmer la situation de dominance induite par la mondialisation de l’idéologie du développement, fondée sur une « croyance occidentale » [Rist, 1996].

63 Les locuteurs rejettent l’idée que leurs discours puissent être empreints d’ « idéologie », qui est toujours celle de l’autre. L’idéologie est un système cohérent de valeurs, d’opinions, de représentations collectives qui conditionnent la vision du monde des individus et des groupes qui y adhèrent, consciemment ou inconsciemment. C’est un fonctionnement organisateur de tout discours [Achard, 1989] et il n’est pas de discours sans idéologie. L’énonciateur individuel peut bien se prémunir de toute adhésion à une quelconque idéologie, les mots qu’il emploie ne sont jamais neutres, ils circulent et pendant leur voyage, ils se chargent de sens.

64 L’ensemble de discours inter-reliés qui constitue une formation discursive est un « espace de dissensions multiples » [Foucault, 1969, p. 203] composé de discours et de contre-discours, dans lequel les mêmes formulations, reprises, modifiées, contestées, circulent. C’est dans cet espace de parole que le sens est « travaillé ».

65 Lorsque l’unité le Sud est actualisée en discours, c’est tout un ensemble de représentations partagées héritées des discours antérieurs qui affluent, et que les locuteurs de la communauté discursive négocient. Chaque actualisation est une « production de sens […] qui travaille les réglages sociaux (des représentations du réel unanimement partagées) sans lesquels elle ne pourrait se réaliser. Elle les reconduit tout en les déplaçant » [Siblot, 2001, p. 279].

66 Les représentations sociales sont des savoirs de sens commun, reliés à des systèmes de pensée idéologiques ou culturels, qui sont souvent simplificateurs et généralisants. Cette homogénéisation « est en partie opérée par le processus de stéréotypisation » [Leyens et alii, 1996, p. 9].

Un acte de dominance

Un processus de stéréotypisation

67 Les discours sur la civilisation, instrumentalisés par la rhétorique coloniale, apparaissent d’évidence, avec le recul, marqués du sceau de la stéréotypie. Les appellatifs des discours post-coloniaux tentent d’éviter les effets stigmatisants de la stéréotypie, qui nuiraient aux bonnes relations diplomatiques entre pays. Malgré ses apparences polies, le Sud n’échappe pas à la stéréotypie.

68 L’unité discursive garde la mémoire de son sens prototypical de localisation méridionale qui figure dans l’article de dictionnaire : « ensemble des pays en voie de développement situés au sud par rapport aux pays industrialisés » [TLFi], ou de localisation par rapport aux pays industrialisés, que l’on nomme « le Nord ».

69 Cette co-occurrence des deux propriétés – localisation méridionale et sous-développement – induit une relation de cause à effet qui fait écho à la « théorie du climat ». Avancée par Buffon au XVIIIe siècle, elle permettait de soutenir l’unicité de l’espèce humaine, la variété des « races » s’expliquant par les modifications dues au climat, à partir de la race blanche originelle [Curran, 2005].

70 La forme nominale le Sud se présente bien sous les atours d’un stéréotype. L’analyse des emplois du syntagme les Suds nous le confirme. D’une part, l’emploi du syntagme au pluriel ne permet de dénombrer que des sous-groupes de pays.

71 D’autre part, il est remarquable que « les Suds » n’apparaisse que dans des titres d’ouvrages, d’articles, de colloques ou encore dans des noms de festivals, de restaurants, etc.

72 Comme dans ces derniers emplois à valeur d’enseigne commerciale, l’actualisation de Suds au pluriel, précédé du déterminant défini, a un effet d’annonce : il entend signifier qu’il n’y a pas un Sud homogène mais bien des situations différentes au sud, parmi les pays rangés de façon abusive sous l’étiquette le Sud. À l’oral, l’aspect pluriel du déterminant serait mis en focus par une augmentation d’intensité (plus d’amplitude et d’énergie).

73 Il ne s’agit pas d’un emploi discursif ordinaire, mais d’un emploi métadiscursif : l’énonciateur introduit un commentaire à l’attention de son interlocuteur. Ce commentaire, qui cherche à nuancer la dénomination circulante, le Sud, signale le groupement collectif derrière une bannière unique comme un « stéréotype discursif » [Siblot, 1996, p. 121].

74 Le Nord ne soulève pas les mêmes embarras. Preuve en est que l’avertissement préventif à l’égard d’une éventuelle stéréotypie du Nord n’existe pas, car l’appellatif le Nord incarne le pôle de repère ou « type » dans le système Nord-Sud, régulé par le Nord.

Un héritage dialectique de type inégalitaire

75 La recension des différents appellatifs dessine un découpage du monde bipartite, quels que soient les points de vue convoqués :

Le Nord Le Sud
Pays développés Pays en (en voie de) développement
Pays riches Pays pauvres
Pays avancés Pays les moins avancés
Pays industrialisés Pays non industrialisés
figure im1

76 Un simple regard sur ces oppositions binaires montre qu’à l’exception du couple Nord-Sud, elles sont formées en référence à une norme, de développement, de richesse, de progrès. Les termes de la partie droite du tableau présentent les entités nommées comme déviantes par rapport à la norme, dont les termes de la partie gauche se trouvent être les meilleurs exemplaires, les instances représentatives, les « types » [Culioli, 1990, p. 86].

77 Le couple Nord-Sud paraît épargné de cette référence au type. Pourtant, il n’en est rien.

78 Tout d’abord, la dépendance du sud à l’égard du nord est inscrite dans la définition des points cardinaux, puisque le sud est défini en référence au nord :

79

Nord : « point cardinal qui se trouve dans la direction de l’étoile polaire »,
Sud : « point cardinal opposé au nord » [TLFi].

80 De cette dépendance astronomique découle une préséance, qui prédispose à une relation de dominance entre deux entités qui porteraient ces noms.

81 Ensuite et surtout parce que la catégorisation nominale le Sud sert d’hypéronyme à d’autres dénominations du paradigme, avec lesquelles elle est toujours en co-occurrence discursive, et qui, par ricochet, stigmatisent le Sud au regard d’une norme, incarnée par le Nord, parangon du développement. De la même façon que les pays les moins avancés représente le miroir inversé des pays avancés, le Sud « se distinguerait d’un non-Sud, sans doute le Nord, avec lequel il serait en relation » [Duclos, 1991, p. 79].

82 La dénomination le Sud, sous couvert d’une objectivité de surface, « laisse à lire dialectiquement ce qu’elle efface » [Lafont, 1978, p. 145] : la représentation d’une dialectique inégalitaire, à laquelle les discours n’échappent pas, dès lors qu’ils actualisent l’unité discursive. Même lorsqu’ils se donnent pour mission d’inverser le cours des événements en démontrant que « le Nord a besoin du Sud ». Dans la formation discursive, cette déclaration est dialogique : elle s’inscrit en écho à un autre dit, qu’elle dénonce, mais qu’elle donne par conséquent à entendre, celui de la vulgate du développement : « le Sud a besoin du Nord ».

83 La mise en spectacle linguistique de cette dialectique du Même et de l’Autre n’est pas sans antériorité. Les relations entre les entités nommées le Nord et le Sud supportent un héritage dialectique de type inégalitaire, que ces dénominations polies tentent d’effacer. La relation entre un Sud en voie de développement (en position basse) et un Nord prototypique (en position haute) est héritée d’un système de catégorisation inscrit dans une antériorité des relations de dominance.

84 Les antériorités dialectiques sont conservées dans la « mémoire interdiscursive » [Moirand, 1999], qui peut être convoquée sciemment dans le cadre d’une stratégie discursive mais qui, la plupart du temps, est en deçà des discours tenus ; alors que les termes ont changé, la mémoire de l’ordre de la dominance, bien qu’enfouie dans des couches archéologiques profondes, est potentiellement activable, dans des contextes discursif  [13] et situationnel qui la sollicitent.

Conclusion : Un acte de mise en ordre du monde

85 La désignation d’une partie de la planète par l’appellatif le Sud a les apparences d’un prototype lexical, puisque le nom appartient au lexique toponymique. Actualisé dans l’espace discursif du développement, cet hyperonyme, qui attribue à un groupe de pays disséminés sur la planète un nom singulier, se mue en stéréotype discursif. Cet acte de nomination, qui subsume les autres appellatifs du paradigme, produit la configuration d’un ensemble homogène (même si on peut s’en dédire en proclamant l’existence d’une pluralité de Suds). L’attribution d’un nom collectif donne un corps social à l’ensemble constitué et les unités discursives co-occurrentes lui confèrent des propriétés communes, en terme de développement, de richesse, de progrès.

86 L’actualisation du syntagme le Sud a pour effet d’institutionnaliser une bi-partition de la planète dans laquelle le Nord est en position haute. Que son énonciateur – au Nord comme au Sud – le veuille ou non, toute actualisation discursive participe à confirmer et donc à renforcer une relation de dominance, assumée ou subie, et in fine à contresigner un ordre du monde.

87 Contre toute attente, sous couvert d’une apparente neutralité au regard des positionnements idéologiques suggérés par les autres dénominations dans ce champ, choisir de nommer une partie de l’humanité le Sud, ce n’est pas seulement refléter un état naturel ou social, « une différence », mais c’est accomplir un acte effectif dans le champ social en donnant réalité à l’entité nommée.

88 Au terme de ce parcours, la question de la dénomination adéquate reste posée, si on se refuse à admettre la fracture du monde comme allant de soi. Changer les noms se révélerait insuffisant à modifier l’ordre mondial, qui relève de pratiques sociales et géopolitiques mais à l’inverse, il serait illusoire de vouloir modifier les pratiques sans nommer différemment les entités en interaction, car les discours sont aussi « des pratiques qui forment systématiquement les objets dont ils parlent » [Foucault, 1969, p. 67].

Notes

  • [*]
    ATER Sciences du langage, PRAXILING UMR 5267 CNRS-Montpellier 3, 17 rue de l’Abbé de l’Épée, 34090 Montpellier – francoise.dufour@univ-montp3.fr.
  • [1]
    Corpus de thèse de doctorat en linguistique Des rhétoriques coloniales à celles du développement. Archéologie discursive d’une dominance (sous la direction du Pr. P. Siblot), qui rassemble des projets de colonisation et des programmes de développement de l’Afrique occidentale, dans la perspective de l’analyse des processus de reformulation de la nomination de l’autre dans la recomposition discursive du paradigme colonial des progrès de la civilisation à celui du développement.
  • [2]
    La nomination, comme acte, est distinguée de la dénomination qui en est le résultat.
  • [3]
    « Listes de syntagmes fonctionnant en co-référence avec un vocable initial dans un discours donné » [Mortureux, 1993].
  • [4]
    [1952], « Trois Mondes, une planète », L’Observateur politique, économique et littéraire, Paris, 14 août.
  • [5]
    Dans cette citation comme dans les suivantes, nous soulignons.
  • [6]
    < www.cirad.fr/fr/actualite/communique.php ?id=329>.
  • [7]
    Même si dans l’indicateur du développement humain (IDH) composite élaboré par le PNUD, le PIB ne représente plus que 1/3 des données prises en compte dans le calcul.
  • [8]
    Énoncé par le président Truman au point IV de son discours de 1949 sur l’état de l’Union.
  • [9]
    Résolution 198 (III), Développement économique des pays insuffisamment développés, adoptée sur les rapports de la deuxième commission (177e séance plénière) [4 décembre 1948].
  • [10]
    Actes menaçants pour la face ou Face Threatening Act (FTA) dans la « théorie de la politesse », Brown et Levinson [1978].
  • [11]
    [Brown et Levinson, ibid.]
  • [12]
    explorimmo.com.
  • [13]
    Le co-texte linguistique, c’est-à-dire l’environnement des mots co-occurrents.
Français

Malgré les apparences d’un simple repérage géographique, le regroupement d’une pluralité de pays sous une dénomination singulière, le Sud, procède à un découpage du monde à partir d’un point de vue qui n’est pas neutre. Les discours « polis » du développement mettent en spectacle linguistique deux groupes humains, dont l’un, le Nord, en position haute (développé) représente le prototype de la catégorie, alors que l’autre, le Sud, en position basse (en développement) est stéréotypé au regard de la norme. Cette dialectique inégalitaire qui n’est pas sans antériorité laisse à lire ce qu’elle efface : une relation de dominance qu’elle contribue, sous de nouveaux atours, à perpétuer. Dans l’espace de circulation des discours du développement, cette catégorisation n’est pas seulement la représentation d’un état de fait, mais donne une réalité géopolitique et une place sociale à l’entité nommée. Cette nomination a une valeur d’acte effectif dans la mise en ordre du monde.

Mots-clés

  • nomination
  • catégorisation
  • fracture Nord-Sud
  • dialectique inégalitaire
  • dominance coloniale
  • stéréotype discursif
  • idéologie du développement
  • ordre mondial

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Françoise Dufour [*]
  • [*]
    ATER Sciences du langage, PRAXILING UMR 5267 CNRS-Montpellier 3, 17 rue de l’Abbé de l’Épée, 34090 Montpellier – francoise.dufour@univ-montp3.fr.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2010
https://doi.org/10.3917/autr.041.0027
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