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Consacré à un prélat qui ne fut pas le plus illustre de son temps, moins charismatique qu’un Mgr Dupanloup, moins inflexible qu’un Mgr Pie, cet ouvrage montre néanmoins que sa nomination à la plus haute charge ecclésiastique est bien loin d’être imméritée.
Les neuf chapitres du livre scandent les principaux moments de sa vie. Né à la fin du Premier Empire dans un petit bourg de Haute-Marne où ses parents possédaient une petite épicerie-mercerie, le jeune Georges Darboy, entré au petit séminaire puis au grand séminaire de Langres, fut ordonné en 1836. Chargé du second vicariat de Saint-Dizier, il n’exerce que deux ans son ministère pastoral pour lequel il n’éprouve guère d’attrait. Devenu professeur de philosophie, puis de dogme au grand séminaire de Langres, cet esprit curieux de tout peut ainsi à son grand contentement se consacrer à ses premiers travaux. Son admiration pour le p. Lacordaire n’est pas pour plaire à son évêque, Mgr Parisis, adversaire opiniâtre du catholicisme libéral, d’autant que Darboy ne fait pas mystère de son gallicanisme, autre point de désaccord avec son supérieur qui demeure un partisan convaincu de l’autorité absolue du pape. Suite à la détérioration de leurs rapports, Darboy fera part à Mgr Parisis de son intention de partir pour Paris où les études ecclésiastiques sont en plein essor et où les catholiques mènent bataille pour mettre fin au monopole de l’université. Gallican, comme lui, l’archevêque de Paris, Mgr Affre, ne pouvait qu’accueillir favorablement un homme de cette valeur, ayant un tel goût de l’étude et dont l’austérité du mode de vie fait dire à Jacques-Olivier Boudon, après Jacques Gadille, qu’il s’agit là de l’un des « derniers jansénistes »…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.25180