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Ce livre, issu d’une thèse de doctorat dont la soutenance a bénéficié d’un certain écho, suscite la curiosité. Il entend en effet corriger la pente dominante d’une historiographie jugée trop critique sur le rôle de la hiérarchie catholique devant la persécution des Juifs. Le défi à relever n’est pas mince, car le sujet est loin d’être vierge. Sylvie Bernay peine d’ailleurs à maîtriser, outre sa documentation inédite, les multiples travaux qui lui ont été consacrés. C’est surtout vrai du « trop rapide parcours » (p. 60) sur les rapports entre catholiques et Juifs de 1933 à 1939, première partie de l’ouvrage. Vient ensuite la trilogie repli-rafles-sauvetages qui constitue le cœur de celui-ci. Grâce à l’exploitation de sources nouvelles d’origine juive (archives du Consistoire central) ou catholique (fonds de Mgr Henri Chappoulie, représentant de l’Assemblée des cardinaux et archevêque auprès du gouvernement de Vichy à partir de l’automne 1941), l’auteur entend prouver combien ses prédécesseurs ont sous-estimé l’aide morale et matérielle apportée aux Juifs exclus et proscrits par l’Église, en son sommet comme en sa base. Sa méthode s’apparente à un positivisme qui juxtapose et accumule une foule de faits, de dates et de références estimés probants. Cette méthode a son efficacité. Elle manifeste notamment les divergences entre les prélats de la zone dite libre, d’autant plus enclins à réagir qu’ils n’ont pas les Allemands sur le dos, et le cardinal archevêque de Paris, Emmanuel Suhard, harcelé par ceux-ci et plus porté naturellement à la négociation…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.25172