Le syndrome confusionnel est un phénomène alarmant chez les patients âgés ou chez les patients en fin de vie confrontés à une mort qui paraît inéluctable. Sur fond de désorientation temporo-spatiale, les propos et les comportements qui émergent lors de l’épisode confusionnel apparaissent très souvent incohérents, décousus, s’inscrivant dans un hors temps et un hors lieu qui échappent à l’entourage. C’est ainsi qu’il constitue aussi un épisode d’une grande complexité et une expérience angoissante pour l’entourage familial, spectateur souvent impuissant qui tente en vain de ramener le proche âgé à « la raison ». La prise en charge doit d’abord rechercher un dysfonctionnement somatique ou une cause iatrogène. Mais quelle que soit son étiologie, sa particularité est d’être avant tout la production singulière et subjective d’un sujet en mal d’être qui parle, à travers un discours ou un comportement aussi désorganisés soient-ils, de lui et de sa réalité psychique. Il est toutefois difficile de comprendre les enjeux psychiques qui l’animent sans l’apport précieux de l’entourage pour replacer la séquence confusionnelle dans une évolution temporelle qui soit historisante.
C’est vers sa fille que je me tourne car les proches sont souvent les plus à mêmes de nous aider à comprendre la séquence confusionnelle qui paraît décalée, voire éclatée. J’apprends ainsi dans un premier temps par sa fille qui l’accompagne, que madame Anna R. a été victime d’un accident de la route un mois plus tôt, alors qu’elle était au volant de sa propre voiture…