Chapitre
Le temps des orages est passé. La période qui s’ouvre par le retour de Françoise est un temps de compréhension mutuelle. Mère et fille ont décidé de faire des efforts. Mme de Sévigné, vantant son propre caractère, un mois avant l’arrivée de sa fille, lui donne la recette de la bonne entente : « Ah ! mon enfant, qu’il est aisé de vivre avec moi ! Qu’un peu de douceur, d’espèce de société, de confiance même superficielle, que tout cela me mène loin ! Je crois, en vérité, que personne n’a plus de facilité que moi dans le commerce de la vie » (6 novembre 1680). On ignore à peu près tout du séjour de Mme de Grignan à Paris, pendant ces huit années. Il faut attendre le départ de Françoise, en 1688, pour percer le secret de leurs tendresses quotidiennes, comme dans cette lettre du 18 octobre :
Nos matinées n’étaient-elles point trop aimables ? Nous avions été deux heures ensemble avant que les autres femmes soient éveillées. Je n’ai rien à me reprocher là-dessus, ni d’avoir perdu le temps et l’occasion d’être avec vous ; j’en étais avare, et jamais je ne suis sortie qu’avec l’envie de revenir, ni jamais approchée de cette maison sans avoir une joie sensible de vous retrouver et de passer la soirée avec vous. Je demande pardon à Dieu de tant de faiblesses ; c’est pour lui qu’il faudrait être ainsi.
Mme de Sévigné, dans les premiers temps du séjour de sa fille, ne sait pas qu’elle va rester aussi longtemps auprès d’elle. Elle ne veut rien perdre de sa présence. Mais ce n’est plus cet amour étouffant qui exige la réciproque, c’est une relation apaisée, rassurée…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/07/2021
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