Chapitre
L’activité de base d’une mafia est l’offre de protection contre rémunération. L’industrie mafieuse offre en apparence une protection contre la violence ordinaire (sous-entendu, celle de la criminalité classique). On perçoit immédiatement qu’une mafia peut à la fois s’imposer ou être invitée sur ce marché lucratif de la sécurité. Sur ce terrain en principe monopolisé par l’État, une mafia propose et le plus souvent impose un service relevant de la sécurité globale (physique, matérielle, économique) contre un risque réel, imaginaire ou créé de toutes pièces par elle. La mafia se présente alors comme une industrie de la protection privée ou plus exactement comme une industrie qui produit et vend de la protection privée. Une mafia semble alors combler les vides d’un État absent, faible ou décrédibilisé dans une mission en principe fondatrice. D’où une interrogation immédiate : comment discriminer la cause et la conséquence ? Dans une perspective économiste : est-ce l’offre (des mafieux) qui crée la demande (des particuliers) ou au contraire est-ce la demande (de sécurité) qui crée l’offre (mafieuse) ? La première perspective sous-tend que la mafia impose par la violence un service fictif et non désiré, donc parasitaire. La seconde perspective sous-tend que la mafia répond à un besoin réel et non assumé par l’État. Un juriste dirait que le contrat de protection est soit léonin – il y a extorsion –, soit équitable. Comme le fit remarquer une fois un juge du tribunal de Catane (Sicile), c’est une sorte de contrat d’assurance : sauf qu’ici le risque est constitué par l’assureur lui-même …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/10/2021
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