Le vendredi 23 septembre 1814, en début de soirée, Talleyrand fit son entrée à Vienne où l’avaient précédé plusieurs membres de sa délégation. Après le retour de Louis XVIII, il avait été écarté de la direction du gouvernement mais avait conservé le portefeuille des Affaires étrangères. Dès ce moment, il avait arrêté de se rendre en personne au congrès, ce que le roi ne lui avait pas refusé, trop content qu’il était d’éloigner de Paris « son inquiétante présence […] dont le seul aspect déplaisait ».
Compte tenu de la signature du traité de Paris et des contacts pris avec les gouvernements alliés pendant l’été, il ne rejoignait pas la capitale autrichienne en vaincu. Ses informations comme son instinct d’homme d’État l’avaient persuadé qu’il avait une belle carte à jouer pour tenter de conjurer l’isolement de la France dans le futur concert européen. Ses marges de manœuvre étaient certes faibles, le pays vaincu pouvant toujours être considéré comme un paria, mais il entendait exploiter habilement les divergences entre les vainqueurs, et notamment la « fissure entre les deux couples Angleterre-Autriche, Prusse-Russie ». Pour approfondir et tirer parti de ces divergences, il allait se poser en défenseur des « principes », avec comme seule force un désintéressement revendiqué… que la défaite du printemps justifiait amplement. Il le déclara dès son arrivée au Néerlandais Gagern : « La volonté de paix est la seule occasion de force pour la France. Elle doit donner de bons exemples après tant de mauvais…