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Pour le sens commun le malaise des jeunes de banlieue est en grande partie économique (l’exclusion) et une fois qu’un individu d’origine immigrée accède aux classes moyennes, le problème est en grande partie résolu. Les enquêtes menées dans le cadre de notre recherche révèlent le caractère réducteur de cette vision. Il est vrai que ceux qui accèdent aux classes moyennes parmi les Français de culte musulman (FCM) ont pour souci majeur de préserver leur statut et de ne pas tomber dans la prolétarisation, comme une grande partie des classes moyennes. Mais ils sont loin d’être « heureux » ou d’avoir le sentiment de la neutralité de la population globale à leur égard ou de se sentir des citoyens à part entière, dans leur grande majorité. La société leur fait payer l’héritage colonial, l’image déplorable de l’islam fondamentaliste et radical ainsi que celle des jeunes de banlieues. Cette tare multiple grève leur vie quotidienne avec le lot des reproches coutumiers qu’on formule à leur égard : ils ne seraient pas assez laïcs, pas assez français, pas assez visibles dans la condamnation de l’islam radical…
Dans le cas des FCM, le sentiment d’être incompris voire méprisés et rejetés par la société globale est un fait que nous avons rencontré très largement dans les entretiens avec une partie significative des personnes de confession musulmane, pratiquantes ou non, des classes moyennes ou populaires. L’aliénation est elle-même multiple et les raisons invoquées à son sujet sont diverses et souvent contradictoires selon les personnes interrogées…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0557
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