Chapitre
Mon récit du cinéma français n’est pas un récit d’historien ou de professeur, il n’enseigne pas la chronologie du cinéma, ni ne range les films et les auteurs dans des courants arbitraires qui souvent empêchent de comprendre la sensibilité distincte d’un cinéaste. Je me suis attaché, notamment dans mon documentaire Voyages à travers le cinéma français, à faire un récit du cinéma français à partir des cinéastes oubliés, ou méconnus, pour restaurer une mémoire cinématographique perdue. Tous les cinémas sont cependant concernés par cette perte de mémoire, le cinéma américain comme le cinéma russe. Il y a ainsi les éclopés du cinéma, les victimes du temps ou des mauvaises critiques, qui réintègrent un récit duquel ils étaient occultés. Nous avons par exemple récemment redécouvert un film de Marcel Bluwal, Le Monte-Charge, grâce aux Américains. Mentionné nulle part, et à présent disponible, ce polar fantasmagorique de 1962 se passe à Courbevoie, et montre la banlieue industrielle telle qu’elle a été très peu montrée dans le cinéma français jusque-là, une nuit de Noël, dans des entrepôts vides, accompagné d’une très belle musique de Georges Legrue. Le Monte-Charge, exclu du récit dans un premier temps, le réintègre ensuite, et nous indique à quel point il est difficile de s’arrêter sur un récit définitif du cinéma français. Son identité, comme toutes les identités, est mouvante et plurielle. Aussi, tout comme pour entrer dans l’œuvre d’un metteur en scène, il me faut des clés spécifiques pour raconter le cinéma français…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0221
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