Chapitre
Peuple frondeur, querelleur, rebelle, rétif à la discipline, enclin au mécontentement permanent. Porté à mettre en cause, continûment, les autorités, les dogmes, les hiérarchies. Donnant donc naissance, au fil des siècles, à des générations d’auteurs ironiques et persifleurs, dont les œuvres ne cessent de bousculer les pseudo-certitudes, de faire vaciller les ordres établis. Ce peuple qui incarnerait, plus que tout autre, l’esprit critique, ses facettes et sa grandeur, est-il le peuple français ?
C’est en tout cas une des représentations imaginaires qu’il s’est forgées de lui-même. Cette image, l’une des plus régulièrement et des mieux attestées de la France, conduit à en faire le lieu où se serait illustré, avec plus d’intensité et de constance qu’ailleurs, la tournure critique qui caractérise l’esprit de l’Occident.
Depuis les Grecs, retourner la réflexion sur elle-même, s’interroger sur soi, sur ce qu’on est, sur ce qu’on sait, questionner sans relâche ses propres évidences constitue la marque de l’esprit occidental. Chez les Modernes, les auteurs français auraient permis à cet esprit critique de franchir de nouvelles étapes, introuvables chez d’autres, et l’auraient porté à un point d’incandescence inconnu auparavant.
Sans doute cette représentation n’est-elle pas dépourvue d’ancrages dans la réalité d’une longue histoire littéraire et philosophique. De Rabelais à Montaigne, de Descartes à Pascal, de Voltaire à Rousseau, de Balzac à Flaubert, de Proust à Cioran…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0232
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