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La dernière décennie a vu se multiplier des discours se voulant dépourvus de toute référence à la catégorie de « race », en Europe comme aux États-Unis. La tolérance et la diversité sont désormais les registres dominants employés pour parler de questions qui ont pu, à des époques antérieures, être formulées en des termes plus explicitement racialisés. Aux États-Unis, l’élection de Barack Obama a donné un puissant élan au « grand récit de la réconciliation raciale », bien que ce pays reste marqué par une forte racialisation des inégalités sociales, comme le confirment de nombreux indices : taux d’emploi et de chômage, revenus et richesse des ménages, niveaux d’instruction, accès aux services de santé, inégalités flagrantes dans les jugements prononcés par des tribunaux. L’approche résolument indifférente à la couleur de peau (color-blind) défendue par le président Obama n’a rendu possible aucun progrès face à ces inégalités, qui se sont plutôt creusées depuis son entrée en fonction en 2009.
En Europe comme aux États-Unis, la notion de color-blindness gagne en influence, en grande partie pour dissimuler une forme de racisme culturel (ou racisme différentialiste) qui se diffuse dans la sphère publique et est même, parfois, revendiquée par certains responsables politiques. Cette évolution intervient dans un contexte de remise en cause des « modèles » nationaux d’intégration : en 2010, la chancelière Angela Merkel a déclaré que « le multiculturalisme a complètement échoué » et, l’année suivante, David Cameron, Premier ministre britannique, a tenu des propos similaires, confirmant une tendance déjà inaugurée au début de la décennie par le gouvernement de Tony Blair…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/06/2016
- https://doi.org/10.3917/kart.cohen.2012.01.0007
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