Populations etpeuplement sont au cœur des représentations de l’Afrique et de ses dynamiques, au cœur des questions que soulèvent le mal-développement et la pauvreté du continent dans un rapport dialectique complexe et difficile à comprendre tant il est emprunt de présupposés hérités, pour beaucoup, d’une vision (néo)coloniale. Parmi ces représentations, qui ne sont pas toutes nécessairement fausses, dominent la supposée faiblesse du peuplement, la vigueur de la croissance démographique, la persistance d’une forte mortalité et la variété de ses causes (dont les grandes maladies)… et l’extension des flux migratoires. Peuplée d’environ 863 millions d’habitants en 2010, l’Afrique subsaharienne a connu depuis les années 1950 des évolutions démographiques rapides, qu’il faut resituer dans une histoire complexe et souvent douloureuse. Les questions, les enjeux et les dynamiques qu’elles suscitent, notamment en termes de problématiques développementalistes et spatiales, sont ici abordées.
Pendant longtemps, l’Afrique subsaharienne a été associée à l’image d’un continent peu peuplé et une étude rapide de la littérature montre combien la question des densités, qu’elles soient fortes ou faibles, associées ou non aux notions, discutables et discutées, de surpeuplement et de sous-peuplement, a pu sembler essentielle à de nombreux chercheurs [à propos de Pierre Gourou, voir l’analyse qu’en proposent Bart et Dufaux in Nicolaïet alii, 2000].
De fait, en 1950, le continent ne comptait que 177 millions d’habitants pour une densité moyenne de 7 habitants au k…