Chapitre
Au début des années 1980, l’Afrique subsaharienne était considérée comme sinistrée par les institutions et les bailleurs de fonds internationaux. Les discours « afro-pessimistes », voire « afro-nihilistes », étaient exacerbés par la violence politique, les violations des Droits de l’homme, le déchaînement des haines et l’ascension des seigneurs de la guerre, la foudroyante expansion de la pandémie de Sida et les images misérabilistes propagées par les médias. Terrain privilégié d’une théorie des malheurs qui en faisait la victime d’on ne sait quelle obscure malédiction, au nom de laquelle on ravala jadis les hommes noirs au statut infrahumain d’êtres destinés à l’esclavage, le continent noir paraissait ainsi voué aux ténèbres, au mieux à la charité internationale et à la bienveillante attention des idéologues de l’ingérence humanitaire.
Dans les années 2000, le discours des mêmes institutions a changé et un vent d’optimisme souffle sur une Afrique subsaharienne désormais présentée comme une nouvelle frontière en décollage, sortant enfin d’un état de réserve de développement dans lequel elle semblait confinée. Le continent noir demeure néanmoins une périphérie marginale dans la mondialisation. Son produit intérieur brut (960 milliards de dollars en 2009), à peine supérieur à celui des Pays-Bas, est de l’ordre de celui du Mexique ou de la République de Corée et 34 des 50 pays classés par la Banque mondiale dans les économies à faible revenu sont africains. Même un classement intégrant des critères plus qualitatifs, tel que celui de l’indicateur de développement humain (IDH), n’est guère favorable, l’Afrique subsaharienne regroupant 36 des 45 États à plus faible IDH…
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/03/2016
- https://doi.org/10.3917/arco.dubre.2011.01.0003
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